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10.avril.201410.4.2014 // Les Crises

La fabrication du consentement – par Noam Chomsky

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Les plus fidèles du blog savent l’intérêt que je porte à l’oeuvre de Noam Chomsky, en particulier sur le domaine de la « fabrication de l’opinion publique » par les médias. C’est tellement d’actualité !

Je reprends donc sur ce thème ce billet de l’excellent blog www.noam-chomsky.fr.

Extrait du livre La fabrication du consentement, par Noam Chomsky et Edward Herman, Editions Agone.

La fabrication du consentement, 2002

L’ouvrage de Noam Chomsky et Edward Herman, Manufacturing consent, vient de reparaître dans sa version intégrale sous le titre La fabrication du consentement : une nouvelle édition revue et actualisée, une nouvelle traduction [1] aux Editions Agone.

On lira ci-dessous, précédé d’une rapide présentation du livre, de très larges extraits de l’analyse de l’un des filtres du « modèle de propagande » proposé par les auteurs : le filtre constitué par les sources d’information.

Présentation de l’éditeur

« Dans cet ouvrage, désormais un classique outre-Atlantique (1988, rééd. 2002), les auteurs présentent leur « modèle de propagande », véritable outil d’analyse et de compréhension de la manière dont fonctionnent les médias dominants. Ils font la lumière sur la tendance lourde à ne travailler que dans le cadre de limites définies et à relayer, pour l’essentiel, les informations fournies par les élites économiques et politiques, les amenant ainsi à participer plus ou moins consciemment à la mise en place d’une propagande idéologique destinée à servir les intérêts des mêmes élites.

En disséquant les traitements médiatiques réservés à divers événements ou phénomènes historiques et politiques (communisme et anticommunisme, conflits et révolutions en Amérique Latine, guerres du Vietnam et du Cambodge, entre autres), ils mettent à jour des facteurs structurels qu’ils considèrent comme seuls susceptibles de rendre compte des comportements systématiques des principaux médias et des modes de traitement qu’ils réservent à l’information. Ces facteurs structurels dessinent une grille qui révèle presque à coup sûr comment l’inscription des entreprises médiatiques dans le cadre de l’économie de marché en fait la propriété d’individus ou d’entreprises dont l’intérêt est exclusivement de faire du profit ; et comment elles dépendent, d’un point de vue financier, de leurs clients annonceurs publicitaires et, du point de vue des sources d’information, des administrations publiques et des grands groupes industriels. »

En attendant de proposer ici même une présentation plus détaillée, on se bornera à ajouter que La fabrique du consentement propose une modélisation de la propagande – ce que les auteurs appellent « Le modèle de propagande » – qui repose sur l’identification de cinq filtres : 1. Tailles, actionnariat, orientation lucrative – 2. La régulation par la publicité – 3. Les sources d’information – 4. Contrefeux et autres moyens de pressions 5. L’anticommunisme.

Extrait

(sous-titres d’Acrimed)

Chapitre I. Un modèle de propagande
3. Troisième filtre : Les sources d’information

Les médias sont en symbiose avec de puissantes sources d’information pour des raisons économiques et du fait d’intérêts partagés. Ils ont impérativement besoin d’un flux continu et stable d’information brute. Ils sont confrontés à une demande d’information quotidienne et à une grille horaire qu’ils doivent remplir. Pour autant, ils ne peuvent se payer le luxe de maintenir en permanence reporters et caméras partout où un événement important peut se produire. Les limites de leurs budgets leur imposent donc de concentrer leurs moyens là où les événements significatifs sont les plus fréquents, où abondent fuites et rumeurs, et où se tiennent régulièrement des conférences de presse.

Des sources officielles

La Maison-Blanche, le Pentagone, et le département d’État à Washington sont des épicentres de ce type d’activités. Au niveau local, la mairie et le siège de la police jouent le même rôle. Les grandes entreprises et sociétés commerciales sont également des producteurs réguliers et crédibles d’informations jugées dignes d’être publiées. Ces bureaucraties produisent en masse un matériel idéal pour alimenter la demande d’un flux régulier et planifié d’information, qui est celle des salles de rédaction : selon ce« principe d’affinité bureaucratique, seules d’autres bureaucraties peuvent satisfaire aux besoins d’une bureaucratie de l’information [2] ».

Les sources proches du gouvernement ou des milieux d’affaires ont aussi le grand avantage d’être reconnues et crédibles sur la seule base de leurs statut et prestige – ce qui est très important pour les médias. Mark Fishman observe que « les travailleurs de l’info sont prédisposés à prendre les déclarations des bureaucrates pour argent comptant car ils participent au renforcement d’un ordre normatif accréditant les experts officiels de la société. Les journalistes se comportent comme si les personnes autorisées savaient ce qu’il est de leur responsabilité professionnelle de savoir.[…] En particulier, un journaliste tiendra les allégations d’un responsable, non pour de simples allégations, mais pour des faits crédibles et établis. Cela revient à une division morale du travail : les responsables connaissent et communiquent les faits, les journalistes les relaient pour l’essentiel [3] ».

Autre raison du poids considérable accordé aux sources officielles : les médias prétendent dispenser « objectivement » l’information. Afin de préserver cette image d’objectivité, mais surtout pour se mettre à l’abri de toute accusation de partialité et d’éventuelles poursuites pour diffamation, ils ont besoin de sources qui puissent être données comme a priori au-dessus de tout soupçon [4]. C’est aussi une question de coût : tirer des informations de sources tenues pour crédibles réduit d’autant les frais d’enquêtes ; tandis que les autres informations impliquent de minutieux recoupements et des recherches coûteuses.

La taille des services de communication des bureaucraties gouvernementales comme privées qui sont les sources primaires d’information est immense ; et elle assure un accès privilégié aux médias. Le service de presse du Pentagone, par exemple, emploie plusieurs dizaines de milliers de personnes et dépense annuellement des centaines de millions de dollars. En comparaison, les groupes ou individus dissidents sont des nains – pris individuellement mais également si on additionne les capacités de communication de toutes les organisations de ce type. Pour 1979-1980, au cours d’une très éphémère période d’ouverture (bien révolue), l’US Air Force (USAF) détailla l’ensemble de sa communication, soit :

  • 140 journaux, tirant à 690 000 exemplaires par semaine ;
  • Airman Magazine, mensuel tirant à 125 000 exemplaires ;
  • 34 radios et 17 chaînes de télévision émettant principalement à l’étranger ;
  • 45 000 communiqués de QG et d’unités ;
  • 615 000 communiqués concernant des personnels [5] ;
  • 6 600 interviews avec des médias d’information ;
  • 3 200 conférences de presse ;
  • 500 vols de repérage pour des journalistes ;
  • 50 rencontres avec des rédactions ;
  • 11 000 discours [6] .

Mais cela exclut encore de vastes domaines où s’exercent aussi les efforts d’information du public de l’USAF. En 1970, le sénateur J. W. Fulbright écrivait qu’en 1968 les services d’information de l’USAF employaient à plein temps 1 305 personnes, auxquels s’ajoutaient plusieurs milliers d’autres ayant « des fonctions de représentation parallèlement à d’autres responsabilités [7] ». À l’époque, l’USAF proposait aux télévisions une séquence filmée par semaine et enregistrait un programme destiné à être diffusé trois fois par semaine par 1 139 stations de radio. Elle produisit en outre cent quarante-huit films de cinéma, dont vingt-quatre furent distribués pour le grand public [8]. Selon des données plus récentes, l’USAF publiait deux cent soixante-dix-sept journaux en 1987 contre cent quarante en 1979 [9].

Encore ne s’agit-il là que de l’armée de l’air. Les trois autres armes sont dotées de moyens tout aussi énormes, auxquels s’ajoute un programme global d’information tous publics sous la responsabilité d’un secrétaire-adjoint à la Défense pour les relations publiques au Pentagone. En 1971, une enquête de l’Armed Forces Journal révéla que le Pentagone éditait au total trois cent soixante et onze magazines, dont le coût de publication se chiffrait à quelque cinquante-sept millions de dollars, soit un budget représentant seize fois celui du plus grand éditeur américain. Lors d’une remise à jour, en 1982, le même journal des forces armées indiquait que le Pentagone publiait 1 203 périodiques [10].

Pour donner une meilleure idée, comparons avec les moyens de l’American Friends Service Committee (AFSC) et du National Council of the Churches of Christ (NCC), soit deux des plus grandes ONG qui font entendre un point de vue défiant celui du Pentagone. Le secrétariat central des services d’information de l’AFSC disposait pour l’année 1984-1985 d’un budget inférieur à cinq cent mille dollars, pour une équipe de onze personnes. Annuellement, il publiait environ deux cents communiqués de presse, organisait environ trente conférences de presse et produisait un film et deux ou trois montages audiovisuels. Il ne proposait aucune séquence filmée ni programme radio préenregistrés aux médias. Le bureau d’information du NCC dispose, lui, d’un budget de quelque trois cent cinquante mille dollars, produit une centaine de communiqués et quatre conférences de presse par an [11]. Le ratio des communiqués de presse pour les deux ONG par rapport à l’USAF est de un pour cinquante (ou, si l’on compte aussi les communiqués sur les personnels de l’USAF, de un pour deux mille deux cents) ; celui des conférences de presse est de un pour quatre-vingt-quatorze – mais si on pouvait tenir compte de l’ensemble des services de communication du Pentagone, le différentiel se creuserait encore considérablement.

En matière de relations publiques et de propagande, seul le monde des affaires dispose des moyens de rivaliser avec le Pentagone et les autres services gouvernementaux. Ainsi, à la différence de l’AFSC et du NCC, Mobil Oil peut-il se permettre de dépenser des dizaines de millions de dollars pour acheter de l’espace dans différents médias et imposer ses vues [12].

En 1980, le budget relations publiques de Mobil Oil s’élevait à vingt et un millions de dollars et employait soixante-treize personnes. Entre 1973 et 1981, ce service produisit plus d’une douzaine de documentaires télévisés sur des sujets comme les fluctuations du prix de l’essence, allant jusqu’à payer des journalistes vedettes de la télévision pour interviewer les responsables de Mobil entre autres experts. Fréquemment diffusés à la télévision, ces documentaires l’étaient généralement sans aucune mention de leur financement par Mobil.

Le nombre d’entreprises qui disposent de budgets de communication et de lobbying excédant ceux de l’AFSC et du NCC se chiffre en centaines voire en milliers. Un regroupement d’entreprises comme la Chambre de commerce des États-Unis se prévalait d’un budget de recherche, communication et activités politiques d’environ soixante-cinq millions de dollars [13] . À partir de 1980, la Chambre publia leNation’s Business, tirant à 1,3 million d’exemplaires, et un hebdomadaire comptant 740 000 abonnés. Elle produisait en outre une émission hebdomadaire dont quatre cents stations de radio assuraient la diffusion et sa propre émission de débats télévisés, retransmise par cent vingt-huit chaînes commerciales [14].

Mis à part ce célèbre organisme, des milliers d’autres chambres de commerce, régionales ou fédérales, et d’associations commerciales se sont engagées dans des activités de promotion et de lobbying. Le réseau qu’elles ont tissé avec les industriels « compte bien plus de 150 000 professionnels [15] » et les moyens qu’il réunit sont proportionnels aux revenus et bénéfices de l’industrie et au retour sur investissement des campagnes promotionnelles et du lobbying. Les profits avant impôt de l’industrie pour 1985 étaient d’environ 295,5 milliards de dollars. Lorsque la situation politique inquiète les milieux d’affaires, comme ce fut le cas dans les années 1970, ils ne manquent assurément pas de moyens de faire face. Les seuls fonds consacrés à la promotion de l’industrie et de ses objectifs sont passés de 305 millions de dollars en 1975 à 650 millions en 1980 [16]. Les campagnes directes par courriers, sous forme de concours et autres prospectus, la distribution de films éducatifs, de brochures, de pamphlets, les dépenses dans le cadre d’initiatives populaires et de référendums et les investissements dans les sondages, le lobbying politique et les think tanks ont suivi la même progression. Additionnés, les investissements promotionnels des entreprises et de leurs associations commerciales dans la publicité politique et visant les citoyens de base étaient déjà estimés à un milliard de dollars par an en 1978, et avaient passé le cap des 1,6 milliard de dollars en 1984 [17].

Des médias subventionnés

Afin de renforcer leur prédominance comme sources d’information, les fabricants gouvernementaux et commerciaux d’information se donnent beaucoup de peine pour faciliter la vie des médias. Ils mettent à leur disposition des locaux, font parvenir à l’avance aux journalistes les textes des discours et des rapports, ajustent les horaires des conférences de presse en fonction des délais de bouclage [18] ; rédigent leurs communiqués dans un langage qui peut être facilement repris ; veillent à la mise en scène de leurs conférences de presse et de leurs séances photo [19]. C’est le travail des chargés de communication que de « répondre aux besoins et à la temporalité journalistique en leur livrant un matériel préparé clés en main par leurs services [20] ».

Dans les faits, les grandes bureaucraties des puissantssubventionnent les médias et s’y assurent un accès privilégié en réduisant les coûts des nouvelles brutes et de production de l’information. Elles deviennent ainsi des sources d’information « de routine » et ont libre accès aux médias tandis que les autres sources doivent se battre pour obtenir un accès et peuvent être ignorées pour cause d’arbitraire des gate-keepers [portiers de l’information].

S’agissant des largesses du Pentagone et du bureau de relations publiques du département d’État, ces subventions aux médias sortent de la poche du contribuable de telle sorte qu’en fin de compte ce dernier paye pour être endoctriné dans l’intérêt de puissants groupes d’intérêts comme ceux qui bénéficient de contrats d’armement et autres sponsors du terrorisme d’État.

Du fait des services qu’ils rendent, de contacts quotidiens et de leur dépendance réciproque, les puissants peuvent compter sur des relations personnelles, recourir à la carotte et au bâton pour influencer et contrôler un peu plus les médias. Ceux-ci se sentiront obligés de colporter les nouvelles les plus douteuses et de taire les critiques pour ne pas froisser leurs sources ou ternir des relations aussi privilégiées.

Le 16 janvier 1986, l’American Friends Service Committee publia une dépêche indiquant qu’on avait dénombré, entre 1965 et 1977, trois cent quatre-vingt-un accidents graves et « incidents » liés aux manipulations et fonctionnement d’armes nucléaires, un chiffre nettement supérieur à celui officiellement avancé jusque-là. Ces informations avaient été obtenues grâce à une requête s’appuyant sur le Freedom of Information Act. Les médias couvrirent ce sujet brûlant uniquement à travers la réponse des porte-parole de la marine américaine, qui firent de leur mieux pour minorer la portée significative de cette découverte et occulter ou noyer dans des généralités la majorité des faits mis à jour. Ainsi ce titre – particulièrement significatif – d’un article, « La Marine dresse la liste des dysfonctionnements nucléaires : selon ses services, aucun des six cent trente incidents ne mettait la population en danger » (Washington Post, 16.01.86).

Il est assez difficile, même lorsqu’elles soutiennent des énormités, de contredire les autorités dont on tire les mensonges quotidiens qui alimentent le journal du soir. Et les sources critiques peuvent être écartées non seulement parce qu’elles sont moins accessibles et plus difficilement vérifiables mais aussi parce qu’on pourrait froisser les sources primaires – qui pourraient même se faire menaçantes.

Ces sources puissantes peuvent aussi utiliser leur prestige et leur importance comme un levier pour interdire aux critiques l’accès aux médias. Le département de la Défense, par exemple, refusait de prendre part à des débats radiophoniques à propos de questions militaires si des experts du Center for Defense Information comptaient parmi les invités [21]. Elliott Abrams [22] refusait d’apparaître au programme d’une série de conférences sur les droits humains en Amérique centrale – à la Kennedy School of Government de l’université de Harvard – si l’ancien ambassadeur Robert White n’était pas exclu de la liste des intervenants. Enseignant à Harvard et superviseur l’émission, Harvey Mansfield déclara que, de toutes façons, inviter Robert White avait été une erreur car « c’était un représentant de la gauche ultra » tandis que le forum avait pour objet de lancer un débat « entre libéraux et conservateurs » [23]. La journaliste Claire Sterling refusait de participer à des débats télévisés au sujet de la « filière bulgare » où ses critiques auraient eu un droit de parole [24]. Dans ces deux derniers cas, les autorités et experts officiels parvinrent à monopoliser l’accès à l’espace public par la menace.

Plus essentiellement, ces sources puissantes tirent avantage des routines médiatiques (l’accoutumance et la dépendance à leur égard) pour pousser les médias à suivre un agenda et un angle prédéfini [25]– ainsi que nous pourrons le voir en détail dans les chapitres suivants. Ce mode de management consiste à inonder les médias de nouvelles qui peuvent servir à imposer une ligne particulière ou un angle spécifique (le Nicaragua supposé livrer illégalement des armes aux rebelles salvadoriens) ; ou, dans d’autres cas, pour concurrencer les nouvelles indésirables, voire les occulter purement et simplement (comme la prétendue livraison de Mig au Nicaragua la semaine des élections nicaraguayennes de 1984). On trouve trace de ce type de techniques au moins à partir du Committee on Public Information, chargé de coordonner la propagande durant la Première Guerre Mondiale : celui-ci « découvrit, en 1917-1918, que l’un des meilleurs moyens de contrôler l’information était de saturer les canaux de “faits” ou de tout ce qui pouvait ressembler à des informations officielles [26] ».

Des experts

La relation entre pouvoir et sources d’information dépasse le simple approvisionnement en nouvelles quotidiennes par les autorités et les entreprises incluant la livraison d’« experts ». La prédominance des sources officielles demeure vulnérable face à l’existence de sources non-officielles extrêmement respectables qui délivrent les points de vue dissidents avec une grande autorité. Le problème est contrôlé grâce à « la cooptation des experts [27 » – c’est-à-dire en les rémunérant comme consultants, en finançant leurs recherches, en organisant des think tanks qui les emploieront directement et aideront à diffuser leur message. De la sorte, on peut créer des biais structurels en orientant la mise à disposition d’experts dans la direction souhaitée par les autorités et « le marché » [28]. Comme le soulignait Henry Kissinger, dans cet « âge des experts » la « communauté » des experts est constituée par « ceux qui ont un intérêt particulier dans les opinions communément admises, élaborant et définissant ces consensus à un haut niveau ; c’est ce qui en fait, en dernière analyse, des experts » [29]. Une telle évolution est tout à fait logique pour permettre aux opinions les plus communément admises (à savoir celles qui servent au mieux les intérêts des élites) de continuer à prévaloir.

Cette technique de création d’une communauté d’experts a été mise en œuvre en toute connaissance de cause et à grande échelle. En 1972, le juge Lewis Powell (qui devait plus tard être nommé à la Cour suprême) écrivit un mémo à l’attention de la Chambre de commerce américaine, pressant les milieux d’affaires « d’acheter les universitaires les plus réputés du pays afin de crédibiliser les recherches des entreprises et de leur donner davantage de poids sur les campus universitaires [30] ». On les achète et on s’assure que – selon les propres termes d’Edwin Feulner, de la Heritage Foundation – le domaine des politiques publiques soit « inondé de solides études scientifiques » aux conclusions adéquates. Dressant le parallèle avec Procter & Gamble vendant du dentifrice, Feulner expliquait qu’on peut « le vendre et le revendre jour après jour, en gardant simplement le produit toujours présent à l’esprit du consommateur ». Par un effort commercial, notamment en disséminant les idées appropriées dans « des milliers de journaux différents », on peut limiter le débat « à des limites convenables » [31].

Conformément à cette formule, tout au long des années 1970 et au début des années 1980, on mit en place une série d’institutions, en réactivant de plus anciennes au passage, à seule fin d’imposer la propagande des industriels. Des milliers d’intellectuels furent attachés à ces institutions, qui financèrent leurs recherches et assurèrent la diffusion de leurs analyses dans les médias au travers d’un système de propagande très élaboré. Leur financement par les industriels et l’orientation clairement idéologique de la démarche d’ensemble ne nuisaient pas le moins du monde à la crédibilité de tels « experts » : bien au contraire, leurs soutiens financiers et la mise en exergue de leurs idées les catapultèrent dans les médias [32]. […]

Enfin, les médias produisent aussi leurs propres « experts », lesquels ne font en général que reprendre à leur compte la version officielle. John Barron [33] et Claire Sterling devinrent des références maison faisant autorité en matière de KGB et de terrorisme dès que leReader’s Digest eut financé, publié et vendu leurs ouvrages à grand renfort de publicité. De même le transfuge soviétique Arkady Shevchenko fut-il décrété expert en armement et services secrets soviétiques aussitôt que Time, ABC-TV et le New York Timeseurent décidé de le tenir pour tel (en dépit d’une crédibilité sévèrement ternie) [34]. En mettant massivement en avant ces prosélytes de la version officielle, les médias consacrent leur statut et les qualifient indiscutablement pour donner leur opinion et leurs analyses [35]

Autre catégorie d’experts dont l’omniprésence tient en grande part à leur servilité au pouvoir : les anciens radicaux pour qui, un beau jour, « tout est devenu clair »… Les raisons qui les ont fait basculer d’une divinité à l’autre, de Staline ou Mao à Reagan et à la « libre entreprise » sont diverses. Mais aux yeux de l’industrie de l’information, la raison de ce changement tient seulement à ce qu’ils ont finalement eu la révélation de leurs erreurs. Dans un pays où les citoyens accordent de la valeur aux notions de révélation et de repentance, ceux qui retournent leur veste y gagnent une auréole de pécheurs pénitents. Il est intéressant d’observer comment ces repentis, dont les engagements antérieurs étaient sans intérêt (sinon l’objet de railleries dans les médias) se trouvent subitement promus au titre d’authentiques experts. On pourra rappeler comment, à l’époque du maccarthysme, transfuges et ex-communistes rivalisaient, entre autres affabulations effrayantes, d’absurdités au sujet de l’imminence d’une invasion soviétique [36] . Ils trouvaient dans les médias un job sur mesure, brodant à la demande sur les mythes du moment. Le flux ininterrompu d’ex-radicaux propulsés de la marginalité aux feux de la rampe médiatique montre que nous sommes témoins d’une méthode durable de production d’experts, prêts à dire tout ce que l’establishment souhaitera. […]

© Noam Chomsky et Edward Herman

[1] La première traduction en français (souvent très fautive) sous le titre (inexact et trompeur) de La Fabrique de l’opinion publique. La politique économique des médias américains, était parue en 2003 aux éditions Le Serpent à plumes.
[2] Mark Fishman, Manufacturing the News, University of Texas Press, 1980, p. 143.
[3] Ibid., p. 144-5.
[4] Gaye Tuchman, « Objectivity as Strategic Ritual : An Examination of Newsmen’s Notions of Objectivity », American Journal of Sociology, 1972, 77/2, p. 662-4.
[5] Il s’agit de communiqués destinés à la presse locale concernant l’activité de personnels originaires de la région. [note de l’éditeur].
[6] United States Air Force, « Fact Sheet : The United States Air Force Information Program », mars 1979 ; « News Releases : 600000 in a Year », Air Force Times, 28 avril 1980.
[7] J. W. Fulbright, The Pentagon Propaganda Machine, H. Liveright, 1970, p. 88.
[8] Ibid., p. 90.
[9] « Newspapers Mustered as Air Force Defends BIB », Washington Post, 3 avril 1987.
[10] « DOD Kills 205 Periodicals ; Still Publishes 1,203 Others », Armed ForcesJournal International, août 1982, p. 16.
[11] Les neuf bureaux régionaux de l’USAF mènent aussi quelques opérations de communication ; mais à ce niveau, les moyens sont très inférieurs à ceux du secrétariat central. Il en est de même pour les niveaux locaux des ONG, comme ceux du NCC, qui produisent aussi quelques articles, des magazines, des documentaires vidéo ou cinématographiques.
[12] A. Kent MacDougall, Ninety Seconds To Tell It All, Dow Jones-Irwin, 1981, p. 117 20.
[13] John S. Saloma III, Ominous Politics. The New Conservative Labyrinth, Hill & Wang, 1984, p. 79.
[14] A. Kent MacDougall, Ninety Seconds…, op. cit., p. 116-7.
[15] Thomas B. Edsall, The New Politics of Inequality, Norton, 1984, p. 110.
[16] Peggy Dardenne, « Corporate Advertising », Public Relations Journal, novembre 1982, p. 36.
[17] S. Prakash Sethi, Handbook of Advocacy Advertising, Strategies andApplications, Ballinger, 1987, p. 22 ; lire aussi Thomas B. Edsall, New Politics…, « The Politicization of the Business Community », chap. III, op. cit. ; John S. Saloma III, Ominous Politics…, « The Corporations : Making Our Voices Heard », chap. IV, op. cit.
[18] Ainsi le bombardement de la Libye par l’aviation américaine le 14 avril 1986 fut-il la première intervention militaire américaine spécialement programmée pour pouvoir être retransmise en direct au journal du soir.
[19] Sur la manière remarquable dont l’administration Reagan utilisa ces dernières pour manipuler la presse, lire « Standups », The New Yorker, 2 décembre 1985, p. 8sq.
[20] Mark Fishman, Manufacturing the News, op. cit., p. 153.
[21] Fondé en 1972, le Centre pour l’information sur la défense (division du World Security Institute), est une organisation à but non lucratif composé d’universitaires et d’officiers supérieurs retraités qui produisent des analyses critiques sur les politiques de sécurité et de défense des États-Unis.
[22] Secrétaire aux affaires inter-américaines sous Ronald Reagan, Elliott Abrams était un farouche ennemi de tout plan de paix en Amérique centrale. Convaincu en 1991 d’avoir dissimulé des informations au Congrès dans le cadre de l’Irangate, il occupera toutefois, dans le premier gouvernement de George W. Bush (fils), le poste d’assistant spécial du Président et directeur senior du conseil national de sécurité au Proche Orient et en Afrique du Nord ; sous la seconde présidence, il fut nommé conseiller pour la sécurité nationale sur les stratégies de démocratie globale. [note de l’éditeur].
[23] Harvard Crimson, 14 mai 1986, p. 123-4.
[24] Lire Edward S. Herman et Frank Brodhead, The Rise and Fall of the Bulgarian Connection, op. cit., p. 123-4.
[25] Mark Hertsgaard, « How Reagan Seduced Us : Inside the President’s Propaganda Factory », Village Voice, 18 septembre 1984 ; lire aussi « Standups »,art. cit.
[26] Stephen L. Vaughn, Holding Fast the Inner Lines, University of North Carolina Press, 1980, p. 194.
[27] Bruce Owen et Ronald Braeutigam, The Regulation Game : Strategic Use of the Administrative Process, Ballinger, 1978, p. 7
[28] Lire Edward S. Herman, « The Institutionalization of Bias in Economics »,Media, Culture and Society, juillet 1982, p. 275-91.
[29] Henry Kissinger, American Foreign Policy, Norton, 1969, p. 28.
[30] Cité in Alex Carey, « Managing Public Opinion : The Corporate Offensive », University of New South Wales (document ronéotypé), 1986, p. 32.
[31] Citations tirées de communications données par Edwin Feulner en 1978 et 1985, ibid., p. 46-7.
[32] Pour une remarquable étude portant sur la plupart de ces organisations et sur leurs objectifs, financements, réseaux et autres programmes prospectifs, lire John S. Saloma III, Ominous Politics…, op. cit., chap. IV, VI et IX.
[33] Fondamentalement anticommuniste, journaliste au Reader’s Digest, John Barron fut notamment l’auteur du succès de librairie KGB : The Secret Work of Soviet Secret Agents, Reader’s Digest Press, 1974.
[34] Au sujet des qualifications d’expert de Claire Sterling, lire Edward S. Herman et Frank Brodhead, The Rise and Fall of the Bulgarian Connection, op. cit., p. 125-46 ; sur Arkady Shevchenko, lire Edward J. Epstein, « The Invention of Arkady Shevchenko, Supermole : The Spy Who Came In to Be Sold », New Republic, 15-22 juillet 1985.
[35] Au début de 2002 était lancé un « Programme des analystes militaires du Pentagone ». L’idée était de recruter des personnes-clés susceptibles d’influencer l’opinion en prévision d’une invasion de l’Irak. Huit mille pages de documents relatifs à ce programme ont été rendus publics à la suite d’une requête d’accès à l’information en mai 2008. Ces documents attestent que les analystes militaires recrutés pour la circonstance étaient considérés comme de potentiels « multiplicateurs » pour diffuser « les thèmes et messages » de l’administration à des millions d’Américains « en les faisant passer pour leur propre opinion ». Plus de soixante-quinze officiers à la retraite furent ainsi embauchés pour délivrer ces messages sur les plateaux de radio et de télévision, ainsi que sous forme de tribunes dans les journaux. Le succès du programme a conduit d’autres branches de l’administration à recourir au programme, notamment pour légitimer les écoutes téléphoniques illégales dans le cadre de la « lutte antiterroriste » ou donner une image positive de Guantanamo. Nombre de ces « experts » étaient aussi consultants pour des firmes sous contrat avec le Pentagone. Source : . [note de l’éditeur].
[36] Certains analystes ont mit l’accent sur le rôle crucial de l’« informateurmenteur » ; d’autres sur cette pathologie maccarthyste de l’« hégémonisme soviétique » – leitmotiv maoïste – qui faisait apparaître ex nihilo la stratégie soviétique de conquête du bloc de l’Ouest par l’entremise de Cuba, des sandinistes et de divers mouvements de guérilla en divers endroits du globe. Lire David Caute, The Great Fear : The Anti-Communist Purge under Truman and Eisenhower, Simon & Schuster, 1978, p. 114-38 ; Robert Leiken, Soviet Strategy in Latin America, Praeger, 1982.


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40 réactions et commentaires

  • Olivier KD // 10.04.2014 à 02h56

    Chomsky, que je trouve passionnant, ne pouvait pas penser la question de la présence d’Internet à l’époque. C’est pas un truc de sa génération, et le web n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui. S’il a probablement encore raison sur le fond, un modèle valable ne peut ignorer ce nouveau médium.

      +1

    Alerter
    • fc // 10.04.2014 à 11h46

      Certes, nous vivons un web qui disparaitra dans le temps pour devenir ce que nous avons maintenant à la téloche la radio et la presse écrite… Malheureusement !!!

        +0

      Alerter
      • yvan // 10.04.2014 à 12h11

        « un web qui disparaitra dans le temps pour devenir ce que nous avons maintenant à la téloche »

        Vous avez TOR. ( 🙂 très content de l’avoir placée, celle-là..)

        Les US (enfin, leurs dicta dirigeants) ont horreur de TOR et lui mette souvent des affaires de Mafia, terrrorrisme, pédophilie, racket, etc.. sur le dos.

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        • fc // 10.04.2014 à 12h29

          Avant d’avoir Tor nous avons le lait…

          Patrick Le Lay, ancien PDG de TF1,

           » Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (…).

          Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (…).

          Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise.  »

          Le web au final n’est qu’un support au consumérisme et a la propagande intellectuelle (light)

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          • yvan // 10.04.2014 à 14h00

            Ouaich… je sais. Malheureusement.

            Ainsi, sur le net, Adblock est franchement très sympathique.

            Et, j’ai communiqué le virus à ma femme : elle finit par couper aussi le son lors des pages de pub. Pas encore à ma fille, mais…

            Et sinon, vu ce qui est diffusé à la téloche… Ca laisse un sacré temps de cerveau disponible. 😉

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            • Pravda // 10.04.2014 à 18h30

               » HORS SUJET  »

              UN MERCENAIRE AMERICAIN AURAIT ETE ATTRAPE EN UKRAINE PAR DES PRO-RUSSES

              http://www.youtube.com/watch?v=eVxTqUVX5VU

              désolé pour les majuscules, mais l’info est si grosse que je me le suis permis.

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    • Globule rouge // 11.04.2014 à 03h45

      Internet est un autre media, mais au final il suit les memes « lois » que les autres.

      Le support ecrit argile papier livre, sous forme de tablette codex rouleaux,etc… nous ont montré que le potentiel de diversité est/etaient enorme… mais au final dans un « centre  » culturel tout le monde finit par regarder, lire, ecouter les memes informations, il n’ya que marginalement que la diversité apparait, et cette diversité est rarement suffisante pour changer le cours des chose (ca arrive…).

      Internet me semble pas tres different, il y’a au niveau de sa genese un bouillonnement qui est vite revenu aux lois classique :: quand il y’a regroupement, ca finit , bon gré mal gre, tous par regarder dans une meme direction

      La chance qu’on a encore en france, c’est que les acteurs majeurs n’ont pas encore completement compris comment rediriger le flux dans le sens souhaité, mais c’est aussi du au fait qu’une enorme part de la population ne passe pas par internet.

      Bref la demonstration de chomsky et Herman restera valide encore pas mal de temps…. pour que les choses changent il faudrait que tous les usagers d’internet ne ‘utilisent pas en tant que spectateurs mais acteur, et c’est loin d’etre gagné.

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  • Patrick Luder // 10.04.2014 à 07h58

    Olivier, si tu veux faire de l’actualité, il faut surtout traiter du point « 5. L’anticommunisme. » …

    Le problème du journalisme c’est que toute l’information est centralisée.
    Les journaux ne font plus que reprendre le fil de l’information officielle,
    ne laissant aux vrais journalistes, que les rubriques des chiens écrasés.
    C’est une question de budget surtout, un vrai reporter à besoin de plusieurs semaines (parfois sur plusieurs mois) pour faire un reportage reflétant tous les aspects d’un problème, et les reporters actuels ont tendance à s’adresser aux spécialistes pour obtenir des infos de points, mais ils n’obtiennent ainsi surtout des informations dirigées.

    Les reporters indépendants cherchant la qualité sont tellement rares,
    et leurs articles (trop cher) ne sont souvent pas repris.

    Il manque (ce serait un créneau à prendre ;o) un journalisme indépendant, financés directement par les lecteurs … mais alors un journalisme non dirigé ou l’on ne dit pas « tu vas faire un article sur tel sujet » mais ou on dirait plutôt « ne serait-il pas intéressant de traiter tel sujet ? » … et sans donner d’avance les réponses que l’on aimerait voir publiées !!!

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    • Patrick Luder // 10.04.2014 à 08h03

      Complément : je suis toujours scandalisé quand je participe à une activité et que j’en lis le résumé journalistique. A croire que les journalistes, sûrement pressés par la quantité d’articles à rendre, se sont informés dans le bistrot du coin ou sur les bords de route.

      Il ne reste malheureusement plus que professionnels, les journalistes régionaux (souvent laïcs) qui participent directement aux assemblées et autres activités de sociétés.

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  • BA // 10.04.2014 à 08h18

    La fabrique du consentement sert à faire voter « oui » aux référendums.

    Par exemple, pour le référendum sur le traité de Maastricht, la fabrique du consentement a tourné à plein régime.

    « Le 20 septembre 1992, le oui l’emportait, mais seulement par 50,81 % des suffrages exprimés en métropole, 417 000 voix d’avance ! Première constatation : il y avait une sorte de fracture entre les dirigeants politiques du pays, dont la très grande majorité avait appelé à voter oui (434 députés, 210 sénateurs, 19 présidents de région, les Eglises, les syndicats – sauf évidemment la CGT dont la position s’alignait sur celle du Parti communiste – la plupart des éditorialistes des grands journaux…) et, de l’autre côté, l’électorat, dont la moitié avait voté non ! »

    (Jean-Jacques Becker, Nouvelle histoire de la France contemporaine, édition Points Seuil Histoire, tome 19, page 600)

    Ce paragraphe de l’historien Jean-Jacques Becker résume tout.

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    • yvan // 10.04.2014 à 14h52

      [ Modérateur – Veuillez rester courtois. ]

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      • yvan // 10.04.2014 à 18h29

        [ Modérateur – Pour éviter toute ambiguïté, veuillez vous en tenir à la charte. ]

          +0

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  • perceval78 // 10.04.2014 à 10h56

    Entendu ce matin sur Good Morning Business :

    Jean-Claude Volot
    http://www.bfmtv.com/grille/bfmbusiness/podcast-radio/26925/

    7min :52 on arrive a le souhaiter , que la France soit mise sous tutelle comme la Grèce

    Ne serait ce pas du défaitisme ça ou de la prophétie auto réalisatrice ?
    N’y a t’il pas une analogie avec le général Gamelin en mai 40 … après tout , a quoi bon se battre , c’est foutu !!! les allemands sont plus fort …

    Il faudrait faire une analyse approfondie des messages négatifs envoyés jour après jour par ces pseudo entrepreneurs .

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    • toutouadi // 10.04.2014 à 11h29

       » on arrive a le souhaiter , que la France soit mise sous tutelle comme la Grèce »

      Il faut le reconnaître, cela serait particulièrement injuste, coté ânerie nous sommes largement aussi performants que la BCE ou le FMI et nous avons un gouvernement qui heureusement veille jalousement sur cette précieuse prérogative. 🙂

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    • Julian // 11.04.2014 à 08h04

      Précision pour Perceval.

      Plus de 100.000 morts en mai.

      Gamelin s’est battu. Mal. Avec un dispositif mal adapté, certes. Mais il s’est battu.

      C’est Weygand l’homme du « on est foutu, les allemands sont les plus forts ».

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  • cording // 10.04.2014 à 11h28

    La propagande médiatique formate-t-elle vraiment l’opinion? On peut vraiment en douter depuis au moins le 29 mai 2005 où le peuple français a rejeté un traité malgré la propagande médiatique de toutes les composantes de l’oligarchie. Comme dans l’URSS il y a une vérité officielle et celle des citoyens qui ne sont pas dupes parce qu’en plus d’autrefois ils ont internet qui permet une plus grande circulation d’une information non formatée par les médias officiels.
    Rien que l’existence de ton blog, Olivier, en est une preuve.
    Tout n’est qu’une question de temps pour que le système s’effondre sous le poids de ses contradictions: on ne sait ni d’où ni comment le grain de sable enrayera la machine infernale de la mondialisation néolibérale qui écrase les peuples.

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    • Erstam // 10.04.2014 à 11h50

      Oh oui, elle formate l’opinion, hélas, ne serait ce qu’en diffusant en masse, sans arrêt, des informations faussées.
      Le très bon « Neuro-esclave » explique comment la répétition finit par faire entrer « l’information » et « immunise » les cerveaux contre les idées allant à l’opposée. C’est comme ça qu’à force d’entendre que « UMPS » est un terme du FN, certaines personnes de ma connaissance refusent purement et simplement de réfléchir quand on pointe les ressemblance entre les deux partis. Parce que UMPS, je cite, « c’est un terme utilisé par les partis extrémistes et les complotistes ».
      Quand on voit le monde à travers une lentille déformante, on ne peut qu’avoir une pensée déformée. ^^’

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    • MJ // 10.04.2014 à 13h50

      c’est vrai que le traité a été rejeté mais parce que l’ensemble des forces politiques et médiatiques s’y sont particulièrement mal prise.
      il y avait un fond de méfiance depuis Maastrich
      et puis cette unanimité politico médiatique était franchement suspecte
      enfin quasiment tous les autres pays l’avaient adopté par scrutin indirect.
      ça a donné 50,8 % de pour au début et il a été facile pour les « contre » de ramener les français à la prudence et à voter non.

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  • fc // 10.04.2014 à 12h04

    « Au lieu de cela, nos deux contestataires de l’ordre établi vont adopter le même comportement que nombre de journalistes et nous expliquer à travers toute une série de lieux communs que somme toute, la thèse officielle bien que bancale n’est pas discutable, contribuant ainsi à entraver l’ouverture d’un débat contradictoire sur les nombreuses incohérences de cette dernière. »
    Merci pour ce rappel il y a aussi « Noam Chomsky and the Willful Ignorance of 9/11″Kevin Ryan November 29, 2013

    « En fait, peu importe le nombre de professionnels ou d’intellectuels qui sont disposés à l’admettre. Les faits démontrent que la version du gouvernement américain concernant la destruction du WTC le 9/11 est entièrement fausse. Il n’y a aucune science derrière l’explication du gouvernement concernant le WTC 7 ou les tours jumelles et tout le monde reconnaît, y compris le gouvernement, que le bâtiment 7 est tombé à la vitesse de la chute libre le 11/9. Or ceci ne peut être expliqué que par l’utilisation d’explosifs.

    La déclaration fallacieuse de Chomsky concernant le « nombre infime d’architectes et d’ingénieurs » n’est qu’une absurdité parmi les nombreuses autres que cet homme a proférées dans sa réponse à la question posée … « 

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  • marini // 10.04.2014 à 12h31

    Le doute est là, maintenant, autour de la parole officielle et médiatique, d’où les rubriques du genre « vérification des faits » qui ont surgi dans Libé et Le Monde, pour « vérifier » la parole politique… mais qui dit bien en creux que ce n’est pas là le travail normal, systématique du journaliste! (et avec là aussi beaucoup de biais) Du coup, il faut reconnaître que cela nourrit les rumeurs et les théories complotistes. Sinon, en lisant les commentaires des internautes au bas des articles des grands journaux, on se rend compte effectivement de ce qui a réussi à passer malgré la propagande: sur l’Ukraine, beaucoup de commentaires dubitatifs et critiques sous les articles du Monde. Par contre, sur la Grèce qui « revient sur les marchés c’est super », on en reste beaucoup au Grec fraudeur qui doit apprendre à vivre, en se serrant la ceinture…

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  • perceval78 // 10.04.2014 à 13h36

    Interview intéressante de P. Jorion par E. Chevrillon
    Un passage très intéressant vers 13 min jusqu’ à 15 min, Jorion parle de supprimer la spéculation
    et E. Chevrillon ( paraissant de bonne foi ) semble ne pas comprendre ce qu’est la spéculation .
    C’est un peu étonnant de la part d’une journaliste spécialisée .

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=63894

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    • Ardéchoix // 10.04.2014 à 15h54

      @ perceval78
      Moi aussi à l’époque ou l’on pouvait confronter les idées sur son blog , j’étais pas trop d’accord sur le terme spéculation . Car acheter une matière physique et attendre le meilleurs prix ,pour moi ce n’est pas de la spéculation (au sens dur du mot) , et sur ce sujet là je crois qu’il ne parle que de spéculation papier à la hausse ou à la baisse . Je trouve qu’il manque de clarté sur ce sujet et sur d’autre plus propre à la façon de gérer son blog .
      Ce qu’il m’a surpris c’est surtout la façon dont les internautes ont boycottés le jour qui à suivit l’annonce qu’il ne donnerait la parole qu’ aux gens désignés par lui-même.
      ps: j’adore les analyses de François Leclerc sur l’économie et le nucléaire .

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  • Macarel // 10.04.2014 à 14h40

    Apparemment, la fabrique du consentement n’est pas tout à fait au point…

    J’en veux pour preuve ce dernier billet de G.Filoche, et surtout les commentaires auquel il a donné lieu.

    http://www.filoche.net/2014/04/09/valls-rien-pour-les-salaries%E2%80%A6-tout-pour-les-banquiers/

    On dirait qu’après la défaite des champs municipaux, et l’intronisation du général Valls à la tête des légions néolibérales (camouflées sous un filet social-démocrate), et alors que les Goths augmentent leur pression sur les limes de l’Est, le PS brûle !

    Et notre Néron élyséen, regarde l’incendie, en jouant de la lyre, depuis son balcon.

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  • olivier69 // 10.04.2014 à 15h25

    Bonjour,
    Noam Chomsky nous rappelle les dangers de l’ingénierie sociale. C’est un lanceur d’alerte…
    Avec le temps (la conjoncture), il sera de plus en plus reconnu (il faisait figure d’anti conformiste et de révolutionnaire).
    Pour ce qui concerne la France sous tutelle ? Elle y est déjà aujourd’hui…
    Ceux qui veulent rendre davantage officielle cette forme de gouvernance, sont favorables à la construction d’un nouvel ordre mondial. C’est malheureusement un recul du pouvoir de décision des peuples au détriment d’une élite. Cela se manifeste par un éloignement des organes de décisions fondamentales, et seules, les décisions secondaires seront soumises à caution des peuples.
    Bref, cette volonté se fera par la ruse (la propagande) ou par la force. Le traité transatlantique est une condition de ce changement et il annonce une révolution politique, sociale, économique. La destruction des acquis permet l’alignement sur les normes US et la crise financière entraine la nécessité de changement dans la structure des financements. En somme, leur plan se déroule sans accros jusqu’à présent….
    Une planification digne d’un monopole d’état supranational : l’empire ! L’illusion de libéralisme n’est que de la poudre aux yeux et elle pique..

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  • samuel // 10.04.2014 à 16h12

    Je m’étais dis dernièrement que j’avais plus grand chose à dire sur la toile, et cela pour plusieurs raisons, et puis votre sujet du jour m’amène à penser la chose.

    Personnellement je pense que la fabrication du consentement provient des premières dérives de l’Américanisme mondial
    surtout depuis la bien vaine révolution française en réalité.

    Voyez à force leur si beau petit monde, et le malheur qui accable graduellement les peuples, les pays, et nous accable par conséquent. A ce propos, nos élites américanistes sont-elles réellement bien conscientes de la cause de tout cela ? Pourquoi les médias nous mentent-ils ? Pourquoi plus personne ne demande à couper d’autres têtes de nos jours ?

    Sans doute que les premiers élus démocrates ou républicains de l’Amérique accuseront encore principalement la Russie de tous les maux sociaux. Fort possible, vu que depuis la crise bancaire et avec Obama nous ne pouvons faire plus grande chose, déjà tant de servitude et de malheur.

    Mais ils ont tort, car la fabrique d’un plus grand conditionnement mondial se retournera tôt ou tard contre les premiers marchands des puissants, comme si les premiers prêcheurs de la rigueur à tous vents n’amenaient guère mieux les hommes à mieux faire l’économie des premières passions humaines. Peut-être pour cela que tout cela ne rime à rien, ou alors j’ai encore une vision trop déformée de la réalité, des chiffres, vu que nous préférons bien plus faire la leçon de dureté aux petites gens. Je dois d’abord alors me blamer comme autrui, et nos pensées évidemment plus incorrectes. J’aimerais bien plus voir le plus digne de l’Amérique trôner à sa tête et non le plus craneur de nos sociétés, mais bon faut plus trop rêver avant le prochain déclenchement de la prochaine, et encore ça va, nous avons encore mauvais climat sur terre.

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    • samuel // 10.04.2014 à 16h22

      Désolé, mais je me donne plus la peine d’écrire pour tous ces gens bien ingrats partout, oui comme ils en font bien tous plus de fric sur notre dos, mais bon faut consentir vu que la plupart des médias ne connaissent pas encore bien la crise.

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  • theuric // 10.04.2014 à 20h05

    Ah, Samuel, mais que sont les Amériques devenus?

    Il y a trois limites à la manipulation:
    1) la réalité des faits, demandez donc à un chômeur si l’Union-Européenne est un mieux pour l’économie de l’Europe;
    2) l’orgueil du manipulateur, l’hybris du pouvoir;
    3) l’élite intellectuelle réformatrice et/ou éclairée.
    J’en rajouterais bien un quatrième mais je n’en suis pas vraiment sûr:
    Toute manipulation génère, à la longue, une sorte de vaccination, en ce sens où un nombre de plus en plus important de personnes s’immunisent naturellement des manipulations divers.
    C’est pourquoi les publicitaires sont contraints de changer régulièrement de type de message.

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    • olivier69 // 11.04.2014 à 02h18

      Bonsoir theuric,
      je pense que vous avez raison : le 2 et le 4 symbolisent la dynamique du manipulé et du manipulateur (dominé/dominant). Le 1 résume l’environnement en évolution (le contexte). Ensuite, le 3 (la courroie de transmission) est la condition d’un passage ou d’une évolution en douceur (un tampon). La courroie de transmission (le potentiel libre arbitre) est primordial pour la stabilité ou encore dans le changement pour son rôle sociologique de meneur ou d’intermédiaire (selon…).
      L’art et la manière (le 5) qui sont choisis par le 2, sont peut-être les représentations de l’expression politique et idéologique qui sont utilisées dans un contexte donné (voir le post de crapaud rouge).
      Le contrat social est le résultat d’un consentement. Ce n’est pas nécessairement une fabrication mais parfois une condition. Le contexte est alors déterminant. C’est pourquoi la fabrique du consentement comme instrument de propagande rencontrera, sans doute à l’avenir, ses propres limites : les conditions….

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      • olivier69 // 11.04.2014 à 03h49

        Enfin, en 6, il y a peut-être le support utilisé (la technologie notamment), les moyens pratiques à disposition (la vitesse de circulation de l’information, son interactivité, etc… par exemple). En somme, le passage du théorique (le 5) à sa mise en oeuvre (la pratique)….

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    • samuel // 11.04.2014 à 10h17

      J’avais pensé pendant un temps que je pourrais toujours éviter le cours des événements, et puis avec le temps je me suis aperçu que le principal conditionnement de nos élites mondiales devenait trop alarmant, c’est sur il y a toujours eu du consentement dans l’histoire, et cela quel que soit la croyance de chacun. Mais à ce niveau là et selon les divers points énoncés par les uns et les autres nous devons bien reconnaître, qu’il devient de moins en moins évident de faire passer d’autres valeurs de vie moins funestes, aussi bien avec la toile. Je me souviens d’un temps ou j’étais plus productif que ça, et puis aujourd’hui j’en suis contraint à fonctionner comme la plupart de nos élites les mieux installés, le conditionnement de la masse devient si intense, et la pression que la société fait peser davantage sur chacun, finira sans doute par provoquer tôt ou tard l’explosion d’un autre volcan. J’aurais au moins essayer de les avertir le jour d’avant, mais c’est normal vu que la plupart dans les sociétés modernes sont bel et bien pris au piège, comme si le seul progrès de toutes ces choses en priorité nous menait tout droit à une plus servitude des corps comme du reste. Ce qui aggrave les choses, c’est que la politique ou la démocratie n’arrange guère mieux les gens à mon avis, c’est pourquoi je préfère moins m’en tenir le premier responsable de tout ce grand baratinage médiatique dans la vie. Et comme le changement n’est toujours point visible au présent il ne sera aucunement demain. Bref si tous ces jours n’étaient abrégés sur terre, personne n’en réchapperait à la longue, c’est évident à moins bien sur de pouvoir encore s’offrir les derniers jouets à la mode, tout le monde n’a pas non plus le même talent oratoire de faire de la politique, de ressembler à nos médias.

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  • yvan // 10.04.2014 à 20h14

    Berruyer.
    Encore un petit coup de propagande pro-US primaire :
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/04/10/ukraine-poutine-exige-que-l-europe-mette-la-main-a-la-poche_4399498_3214.html

    C’est franchement du TFànisme pour gosses.
    Le pire, c’est que c’est comme la droite et l’extrême, bien accroché à leur bas de laine : plus c’est gros, plus ça passe.
    Berlu-sarko réunis.

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  • Crapaud Rouge // 10.04.2014 à 21h43

    Les analyses de Chomsky sont remarquables, mais on peut se demander si une société peut exister sans sa « fabrique du consentement ». Aujourd’hui, ce sont les médias « mainstream », les institutions officielles ainsi que les entreprises qui pilotent la fabrication, hier c’était l’aristocratie et le clergé : il s’agissait alors de « consentir » que l’on n’était pas sur Terre pour plus de justice sociale, mais pour gagner son « salut ». Les moyens étaient donc très différents, mais c’était le même but : maintenir la stabilité de l’ordre établi.

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    • Christophe Vieren // 11.04.2014 à 11h42

      @Crapaud rouge : bien sûr, la fabrique du consentement est inévitable en « démocratie », voire souhaitable. Cela en est même la définition, l’obtention du consensus (= décision à l’unanimité) étant la forme la plus aboutie du consentement des peuples.

      La question se pose lorsque lorsque ceux qui fabriquent le consentement le font dans leurs intérêts et que ceux-ci sont en contradiction avec l’intérêt des peuples qu’ils sont pourtant censés défendre si il s’agit d’élus (les medias et les banquiers, qui dirige de fait, c’et une autre histoire).
      C’est pourquoi en système capitaliste « démocratique », la lutte des classe est inévitable dès lors que le consentement unanime ne peut être acquis de par l’existence de contrepouvoirs qui ont accés à l’information. C’esst le cas de ce blog, de syndicats, de nombreuses ONG, dont les intérêts sont plus proches de ceux du peuple que de ceux de nos dirigeants.
      C’était également le cas dans les pays dits « socialistes » dans la mesure ou le parti communiste unique était devenu un parti éloigné du peuple car ayant dérivé en un parti d’apparatchiks, capitalistes déguisés disposant, dans les faits, du capital socialisé des entreprises publiques.

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  • Spipou // 10.04.2014 à 23h43

    Je suis assez d’accord avec Crapaud Rouge sur le fait que la fabrique a toujours existé.

    D’autre part, je trouve que Chomsky manque de nuances. Tout d’abord, les journalistes ne sont pas tous des c… finis au point de gober n’importe quoi ! Le journalisme d’investigation, même s’il est trop rare, existe depuis longtemps et existera encore, j’imagine. La contestation aussi (voir le présent blog, qui a un certain succès, me semble-t-il, et il est loin d’être le seul blog contestant une chose ou une autre et qui a du succès).

    Le public non plus, n’est pas constitué que de c… finis ! La preuve en est que souvent, le consentement n’est pas au rendez-vous, même si les moyens de manifester son désaccord sont insuffisants.

    D’autre part, il examine ladite fabrique uniquement du point de vue des pouvoirs en place, et, en particulier, des pouvoirs financiers. Or c’est là qu’il commet, à mon avis, une erreur fondamentale – à moins qu’il n’en parle ailleurs, mais je n’ai lu que l’extrait ci-dessus.

    L’on consent à ce à quoi on a envie de consentir. C’est pour ça qu’il existe plusieurs fabriques concurrentes, et qui même parfois se font une concurrence féroce. Pour reprendre l’exemple de Crapaud Rouge, à la fin de l’Ancien Régime, il y avait le consentement au régime, concurremment au consentement révolutionnaire, et on peut même dire que c’était le cas bien avant la révolution ! Prenons le cas de l’affaire Calas : les consentants aux idées de Voltaire ont failli de peu faire acquitter, avec le soutien de Louis XV – consentant aux idées de Voltaire ! – un homme dont l’innocence était bien loin d’être établie ! (Attention, je ne milite absolument pas pour que Calas soit roué en place publique ! Je veux simplement dire que dans le cas présent, il y a eu un conflit majeur entre deux « blocs de consentement », et que le roi lui-même faisait partie du bloc contestataire de l’ordre établi : s’il avait pu, il aurait révoqué le Parlement de Toulouse, mais il n’en avait pas le pouvoir. C’est finalement le bloc de l’ordre établi qui a gagné, mais il s’en est fallu de très peu.)

    Une suite à cette affaire est que le petit-fils de l’officier de police qui avait enquêté sur la mort du fils Calas a été guillotiné sous la terreur pour la simple raison qu’il était le petit-fils de son grand-père, alors qu’en l’espèce, son grand-père avait mené une enquête de police scientifique et n’avait aucun lien avec les Pénitents Blancs, ni aucune préférence entre catholiques et réformés. Il avait simplement fait des constatations troublantes qui ont pesé très lourd dans la balance en faveur de la culpabilité du père Calas. L’action des ultra-catholiques des Pénitents Blancs n’est venu que se surajouter à un faisceau, sinon de preuves, au moins d’éléments troublants.

    Et dans toute cette affaire, on trouvera, dans chaque « bloc de consentement », des intérêts de pouvoir, des intérêts politiques, des intérêts psychologiques, mais pas le moindre intérêt financier ! Le pouvoir sur les âmes ou sur les esprits semble être l’unique objet d’importance.

    Il me semble que ça n’a guère changé jusqu’à présent. La fabrique du consentement envers l’ordre économique existe, bien sûr, mais elle a beaucoup de concurrentes, qui sont peut-être beaucoup plus efficaces qu’elle avec de bien moindres moyens financiers. Mais les moyens psychologiques (peur, culpabilité, bonne conscience, désir de paraître, etc.) sont là, et sont, à mon humble avis, des leviers qui peuvent être beaucoup plus puissants que l’argent… Bon… Ce n’est que mon opinion, mais de l’endroit où je me trouve pour observer le monde, elle n’a fait que se renforcer au fil des ans…

    Je donnerais bien d’autres exemples à l’appui de ce que je dis, j’en ai des milliers qui me viennent à l’esprit, mais je ne veux pas monopoliser la place… En tous cas, il me semble que quiconque veut regarder honnêtement le monde qui l’entoure pourra constater ce que je dis.

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  • Globule rouge // 11.04.2014 à 04h21

    Olivier berruyer :
    Il serait bien d’indiquer les deux auteurs de l’ouvrage sur un pied d’egalité. Le prestige de l’un ne doit pas occulter les merites de l’autre.

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  • nono // 13.04.2014 à 10h14

    Il y a quarante ans, en juillet 1973, les mêmes compères écrivaient « Counter-Revolutionary Violence – Bloodbaths in Fact and Propaganda ». La technique du bain de sang utilisée par les USA au Vietnam et ailleurs. Le livre fut censuré. Chomsky prévoyait la nomination de William Colby, artisan zélé de l’opération Phoenix au Vietnam du sud, au poste de directeur de la CIA. En septembre ce fut fait et Colby s’occupa du Chili. Constance des USA. Constance de Chomsky.
    « Il ne se passe rien. Et cependant tout arrive. Mais cela est indifférent » Nietzsche.

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  • melody vers // 13.04.2014 à 13h06

    En matière de propagande (ou d’occultation d’informations primordiales par les medias main stream), qu’en est-il du traité transatlantique en cours de « négociation » entre les lobbies à l’insu des peuples européens ? Olivier va-t-il s’intéresser à ce sujet après son remarquable travail sur l’Ukraine ? car ça urge vu que Hollande a déclaré vouloir accélérer les négociations.
    A part Marianne qui publie cette semaine un dossier sur le sujet (mais qui ne répond à aucune question de fond) c’est silence radio, y compris à Médiapart.

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  • olivier69 // 13.04.2014 à 19h30

    Je pense que ce n’est pas tellement la forme (le chemin) c’est à dire le consentement et sa fabrique que Chomsky dénonce mais plutôt les objectifs et leurs conséquences (la destination). Probablement que le vrai problème est de ne pas oublier le fond des enjeux !
    La question pourrait être : veut-on qu’un service se transforme toujours en produit ? Une fabrication ? Est-ce alors toujours une nécessité (notamment le contrat social) ? La marchandisation conduit à modeler une information toujours plus conventionnelle mais pas forcement consensuelle.
    C’est le conventionnel qui tente de paraitre consensuel malgré la différence de fond. Quel est le rôle des normes ? Les informations doivent-elles se matérialiser excessivement tel un produit ? Ne serait-ce pas la dérive marchande qui conduit à utiliser l’ingénierie sociale, la propagande et le marketing ? Jusqu’où peut-on aller dans ce sens ? Le packaging de l’information…
    Ccl : A la lecture de certains post, la banalisation faite à la technique utilisée conduit à penser malheureusement que ce n’est pas extraordinaire ! Alors, je rejoins Chomsky et je vous laisse imaginer que l’avenir, aussi, est banal…..
    Chacun sait que vendre de l’animalité ou de la banalité a des conséquences alors, fatalisme ?
    La violence dans les messages médiatiques se retournera sans doute contre ceux qui les utilisent pour mieux vendre.
    En fait, Chomsky nous suggère surtout sa vision d’un avenir en dénonçant les dangers de l’utilisation de la fabrication comme technique (le packaging).
    Apparemment c’est l’éternel féodalisme (veut-on nous faire croire, il ne manque plus que le chapelet sur la condition humaine).
    Mais même pas peur……Nous consentons !

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  • Les 10 stratégies de la manipulation | Être Toi Et Change Le Monde // 29.06.2015 à 10h16
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