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3.juin.20243.6.2024 // Les Crises

La grève générale interrompt le programme d’austérité de Milei en Argentine

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Les syndicats ont dénoncé les attaques du président Javier Milei contre les droits des travailleurs, la sécurité sociale, la santé publique et l’éducation.

Source : Truthout, Jessica Corbett
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Vue générale d’une conférence de presse de plusieurs syndicats argentins lors d’une grève générale le 9 mai 2024 à Buenos Aires, Argentine. LUCAS AGUAYO / GETTY IMAGES

La principale fédération syndicale d’Argentine a organisé jeudi une nouvelle grève générale dans tout le pays, la deuxième depuis que le président Javier Milei, un économiste d’extrême droite, a pris ses fonctions en décembre et a commencé à appliquer des mesures d’austérité et de déréglementation radicales.

Les syndicats de la nation sud-américaine ont organisé la grève « pour défendre la démocratie, les droits du travail et le salaire vital minimum », selon une déclaration de la Confédération générale du travail (CGT), de la Centrale des travailleurs argentins (CTA) et de la CTA autonome.

« C’est un jour de résistance et de revendication », ont déclaré les groupes, dénonçant les attaques « brutales » du gouvernement Milei contre les droits du travail, la sécurité sociale, la santé publique, l’éducation, la science et « notre identité culturelle ». Selon les opposants, les politiques d’austérité ont eu un impact disproportionné sur les travailleurs et les retraités.

Les organisations syndicales ont reproché au gouvernement de promouvoir « des politiques dangereuses de privatisation des entreprises publiques » et de favoriser « un transfert phénoménal de ressources vers les secteurs les plus concentrés et les plus privilégiés de l’économie ».

La CGT a célébré le succès de la grève de 24 heures vendredi, déclarant que « l’Argentine s’est arrêtée » et partageant des photos de routes peu peuplées, de centres de transport en commun et d’autres espaces publics.

Comme le rapporte le Buenos Aires Times :

Dans la capitale du pays, les rues étaient pratiquement vides et les transports publics très peu nombreux. De nombreuses écoles et banques ont fermé leurs portes et la plupart des magasins ont été fermés. Les ordures n’ont pas été ramassées.

Les terminaux ferroviaires et portuaires étaient fermés, tandis que l’action syndicale a entraîné l’annulation de centaines de vols, laissant les aéroports semi-déserts. Certains autobus, provenant d’entreprises qui n’ont pas participé à la grève, ont circulé dans la matinée, mais avec peu de passagers. Les voitures circulaient, mais le niveau de trafic était similaire à celui des week-ends.

Le port de Rosario, qui exporte 80 % de la production agro-industrielle du pays, était pratiquement paralysé au milieu de sa saison la plus active.

Un porte-parole de Milei, Manuel Adorni, a déclaré que l’action nationale était « une attaque contre le porte-monnaie et contre la volonté du peuple » de la part de ceux « qui ont freiné le progrès des Argentins au cours des 25 dernières années », selon le journal.

De leur côté, les dirigeants syndicaux ont souligné que la grève était le résultat d’un « gouvernement qui ne profite qu’aux riches aux dépens du peuple, qui donne les ressources naturelles et qui cherche à éliminer les droits des travailleurs », comme l’a déclaré le secrétaire général de la CTA, Hugo Yasky.

Alors que l’action se terminait jeudi, Yasky l’a décrite comme une « manifestation de dignité du peuple argentin » qui a envoyé « un message fort » au gouvernement de Milei ainsi qu’au Fonds monétaire international « qui a l’intention de nous gouverner » et aux sénateurs du pays.

Le Sénat argentin débat actuellement d’un projet de loi « omnibus » qui contient certaines des politiques économiques néolibérales de Milei – y compris la facilitation des privatisations – après que le paquet a été approuvé la semaine dernière par la Chambre des députés, l’organe inférieur du Congrès.

Rubén Sobrero, secrétaire général du syndicat des chemins de fer, a indiqué que d’autres grèves pourraient avoir lieu si les législateurs continuent à faire avancer les politiques du président, déclarant à l’Associated Press que « s’il n’y a pas de réponse dans ces 24 heures, nous en ferons 36 autres ».

De l’Europe à l’Amérique du Nord, les associations professionnelles du monde entier ont exprimé leur solidarité avec la grève de jeudi.

« Les politiques de Milei ne se sont pas attaquées à la décadence des élites qu’il dénonce, mais ont plutôt apporté la misère quotidienne à des millions de travailleurs. La chute du niveau de vie, la contraction de la production et l’effondrement du pouvoir d’achat font que certaines personnes ne peuvent même pas se permettre de manger, » a déclaré Luc Triangle, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale, dans un communiqué.

Triangle a noté : « Le gouvernement s’en prend aux droits des secteurs les plus vulnérables de la population et aux principaux droits syndicaux, tels que la négociation collective, qui favorisent une plus grande équité et une plus grande égalité dans la société, tout en menaçant ceux qui protestent de répression policière et de criminalisation. »

« Dans ce contexte, le travail des syndicats en Argentine est extraordinaire. Ils se sont imposés comme la principale opposition à l’agenda dystopique du gouvernement, unissant la résistance et construisant une coalition pour la défense des droits des travailleurs et des principes démocratiques plus larges, a-t-il ajouté. Les revendications des syndicats argentins en faveur de la justice sociale, de la démocratie et de l’égalité sont celles des travailleurs du monde entier. Leur combat est le nôtre et c’est la raison pour laquelle le mouvement syndical mondial se tient à leurs côtés. »

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Jessica Corbett est rédactrice pour Common Dreams.

Source : Truthout, Jessica Corbett, 11-05-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Sylphe // 03.06.2024 à 09h31

La politique de Milei c’est celle de Macron : prendre aux pauvres pour donner aux riches.
Sauf qu’en Argentine, ils ont encore des syndicats, tandis que chez nous, ils se sont vendus et ne font plus rien.

10 réactions et commentaires

  • Sylphe // 03.06.2024 à 09h31

    La politique de Milei c’est celle de Macron : prendre aux pauvres pour donner aux riches.
    Sauf qu’en Argentine, ils ont encore des syndicats, tandis que chez nous, ils se sont vendus et ne font plus rien.

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    • Castor // 05.06.2024 à 01h53

      euh non… d’ailleurs ils n’ont pas la même sociologie électorale… Macron est un social-démocrate keynésien… Milei est un libéral à prétentions libertariennes… A part ça, quand on voit le bilan de quelques décennies d’économie mixte en Argentine, on est en droit de se poser quelques questions. En Occident, grâce à l’industrie financière (qui monétise le placement des excédents du tiers-monde sur nos places boursières), on peut se payer le luxe d’une économie fortement redistributive… l’Argentine ne peut pas forcément se le payer et son économie a décroché… Il faut donc prendre en compte les spécificités de la situation argentine dans notre analyse, à mon avis.

        +4

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      • Ives // 05.06.2024 à 07h10

        Euh, je n’ai jamais perçu Macron comme un social-démocrate keynésien. Ni dans le discours, ni vraiment dans les actes. Après, j’avoue que pour moi c’est plutôt un Objet Politiquement Non Identifié que je n’arrive toujours pas à classer d’un point de vue « idéologique » tellement il ne me semble pas avoir de ligne directrice claire. Ce qui à priori n’est pas le cas de Milei.

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        • Patrick // 05.06.2024 à 15h16

          Macron a été créé sur mesure par l’oligarchie financière et il travaille pour elle.
          Keynésien ? oui , en partie , il injecte du pognon public pour que ce qu’il est en train de détruire continue à fonctionner tant bien que mal , avec des secteurs totalement subventionnés comme les véhicules électriques.
          Social-démocrate ? oui et non , tant le terme englobe tout l’extrême-centre. Enfin , pas trop démocrate quand même.

          Pour Milei , il a le bon diagnostic. Vu la situation de l’Argentine , à part une purge complète du système et de ses finances je ne vois pas d’issue

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      • Micmac // 05.06.2024 à 10h04

        Ça fait 40 ans qu’aucune politique keynésienne n’a été appliquée sur le continent européen. A moins de considérer la « théorie du ruissellement » comme un keynésianisme pour les riches. Le keynésianisme est considéré comme extrémiste dans l’ambiance néolibérale dans laquelle nous baignons : du bolchévisme nous menant tout droit vers le « chemin de la servitude » décrit par Hayek.

        Quant à la social démocratie, les mots ont un sens. Social et démocrate, Macron ne l’est manifestement pas. Pas plus que le parti qui se dit toujours « socialiste ». Les étiquettes collées par les médias sur les différents partis politiques sont très étranges. Ainsi, qu’on l’apprécie ou pas, il y a un parti qui a un programme social démocrate et keynésien, c’est LFI,et donc, ce parti nous est tout naturellement décrit comme extrémiste.

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  • Savonarole // 03.06.2024 à 15h05

    Faut comprendre Millei ; on lui a dit que les USA avaient des besoins démographiques , lui il a juste voulu rendre service … il a même subventionné les Flixbus locaux (Ils apellent ça « cartels », comme charter mais en patois local). C’est un bon gars en fait, il fait du social l’air de rien.
    C’est pas si facile de faire passer la population vivant sous le seuil de pauvreté de 30 à 50% , Macron ça fait des années qu’il essaye avec Bruno et même pour le Mozart de la Finance et le gestionnaire de l’Année c’est dur. Pour dilater de la dette , ça y a du monde , mais y sont ou les volontaires pour le STO en Allemagne ?? Hein ? Il a fallut faire appel et payer grassement des spécialistes des déplacements de populations en Lybie et en Syrie pour remplire les quotas !
    Milei , un peu de coke et hop ! Charters à gogo ! On sous-éstime gravement les dons des Libertariens !

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    • DVA // 05.06.2024 à 11h52

      Millei est juste un peu en avance sur certains de nos gouvernements aux ordres de Washington…Je dis ça…

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  • Josy // 04.06.2024 à 19h25

    Il se trouve que lorsque le peuple arrête de travailler parce qu’on lui ache la vie , le chef devient un parasite inutile dont il faut vite se débarrasser .
    Les argentins connaissent la chanson et réagissent vite ; nous sommes sous propagande et absurdités constantes et le réveil va être très difficile.

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  • Grd-mère Michelle // 05.06.2024 à 13h42

    « De l’Europe à l’Amérique du Nord, les associations professionnelles du monde entier(?) ont exprimé leur solidarité avec la grève de jeudi. »
    « Les revendications des syndicats argentins en faveur de la justice sociale, de la démocratie et de l’égalité sont celles des travailleurs du monde entier(?). Leur combat est le nôtre et c’est la raison pour laquelle le mouvement syndical mondial se tient à leurs côtés. (L.Triangle, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale) ».

    Heu… j’ai quelques doutes sur le caractère « mondial » de cette Confédération…
    Tout qui s’intéresse aux déséquilibres environnementaux qui menacent la subsistance de l’humanité, et qui requièrent une relative sobriété de production et de consommation de « biens »(tout comme le ralentissement de leur commerce et de leurs transports inter-continentaux hyper-polluants) ont entendu les objections qui disent que « les pays en cours de développement ne sont pas disposés à renoncer aux « bienfaits de la civilisation »…Ceux-ci, me semble-t-il, ne favorisent guère la création ou le maintien de syndicats… Alors même que leurs « investisseurs » et autres « acquisiteurs de parts de Marché » y misent toutes leurs billes…

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  • Patrick // 05.06.2024 à 15h09

    Milei a été élu trop tôt.
    Le pays était ruiné depuis des années mais il continuait à vivre sur l’inertie , un peu comme la France actuelle.

    Donc les gens pensent qu’ils pourront continuer indéfiniment à vivre dans un pays ruiné , cela ne fera qu’empirer la situation avant le vrai effondrement total qui fera les réformes nécessaires. Comme en France.

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