Selon le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont concertés pour détruire publiquement le fondateur de WikiLeaks – et dissuader les autres de dénoncer leurs crimes.
Source : Jonathan Cook
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
La ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, décidera ce mois-ci si Julian Assange doit être extradé vers les États-Unis, où il risque une peine pouvant aller jusqu’à 175 ans, probablement purgée en isolement strict, 24 heures sur 24, dans une prison haute sécurité américaine.
Il a déjà passé trois ans dans des conditions tout aussi difficiles dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres.
Les 18 chefs d’accusation retenus contre Assange aux États-Unis sont liés à la publication par WikiLeaks, en 2010, de documents officiels ayant fait l’objet de fuites, dont beaucoup montrent que les États-Unis et le Royaume-Uni sont responsables de crimes de guerre en Irak et en Afghanistan. Personne n’a été traduit en justice pour ces crimes.
Au lieu de cela, les États-Unis ont défini le journalisme d’Assange comme de l’espionnage – et, par voie de conséquence, ont affirmé leur droit de saisir tout journaliste dans le monde qui s’attaque à l’État de sécurité nationale américain – et les tribunaux britanniques ont donné leur bénédiction dans une série d’audiences d’extradition.
Les longues procédures contre Assange se sont déroulées dans des salles d’audience à l’accès très restreint et dans des circonstances qui ont empêché à plusieurs reprises les journalistes de couvrir correctement l’affaire.
Cependant, malgré les graves implications pour la liberté de la presse et la responsabilité démocratique, le sort d’Assange n’a suscité qu’un soupçon d’inquiétude dans la plupart des médias occidentaux.
Peu d’observateurs semblent douter que Patel signera l’ordre d’extradition américain, surtout pas Nils Melzer, professeur de droit et rapporteur spécial des Nations Unies.
En tant que Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Melzer s’est donné pour mission depuis 2019 d’examiner minutieusement non seulement le traitement d’Assange pendant ses 12 années de confinement croissant – supervisé par les tribunaux britanniques – mais aussi la mesure dans laquelle les procédures régulières et l’État de droit ont été respectés dans la poursuite du fondateur de WikiLeaks.
Melzer a rassemblé ses recherches détaillées dans un nouveau livre, The Trial of Julian Assange [Le procès de Julian Assange, NdT], qui fournit un compte rendu choquant de non-respect des lois rampant des principaux États impliqués – la Grande-Bretagne, la Suède, les États-Unis et l’Équateur. Il documente également une campagne sophistiquée de désinformation et de diffamation visant à dissimuler ces méfaits.
Le résultat, conclut Melzer, a été une attaque incessante non seulement contre les droits fondamentaux d’Assange, mais aussi contre son bien-être physique, mental et émotionnel, que Melzer qualifie de torture psychologique.
Le rapporteur des Nations Unies affirme que le Royaume-Uni a investi beaucoup trop d’argent et d’énergie pour obtenir la poursuite d’Assange au nom des États-Unis, et qu’il a lui-même un besoin trop pressant de dissuader d’autres personnes de suivre la voie tracée par Assange pour dénoncer les crimes occidentaux, pour risquer de laisser Assange en liberté.
Au lieu de cela, il a participé à une vaste mascarade juridique visant à occulter la nature politique de l’incarcération d’Assange. Et ce faisant, il a systématiquement fait fi de l’État de droit.
Melzer estime que le cas d’Assange est si important parce qu’il crée un précédent de sape des libertés les plus fondamentales que le reste d’entre nous tient pour acquises. Il ouvre son livre par une citation d’Otto Gritschneder, un avocat allemand qui a observé de près la montée du nazisme : « Ceux qui dorment dans une démocratie se réveilleront dans une dictature. »
Dos au mur
Melzer a haussé le ton parce qu’il estime que, dans l’affaire Assange, tous les freins et contrepoids institutionnels résiduels sur le pouvoir de l’État, en particulier celui des États-Unis, ont été réduits à néant.
Il souligne que même l’éminent groupe de défense des droits humains Amnesty International a évité de qualifier Assange de « prisonnier d’opinion », bien qu’il réponde à tous les critères, le groupe craignant apparemment un retour de bâton de la part des bailleurs de fonds (p. 81).
Il note également qu’à l’exception du groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, composé de professeurs de droit experts, les Nations Unies elles-mêmes ont largement ignoré les violations des droits d’Assange (p. 3). Cela s’explique en grande partie par le fait que même des États comme la Russie et la Chine hésitent à faire de la persécution politique d’Assange un bâton pour battre l’Occident – comme on aurait pu s’y attendre.
Selon Melzer, la raison en est que le modèle journalistique de WikiLeaks exige une plus grande responsabilité et une plus grande transparence de la part de tous les États. Avec l’abandon tardif d’Assange par l’Équateur, celui-ci semble être totalement à la merci de la principale superpuissance mondiale.
Au lieu de cela, selon Melzer, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont dégagé la voie pour vilipender Assange et le faire disparaître progressivement sous le couvert d’une série de procédures judiciaires. Cela n’a été possible que grâce à la complicité des procureurs et du pouvoir judiciaire, qui poursuivent la voie de la moindre résistance pour réduire au silence Assange et la cause qu’il représente.
C’est ce que Melzer appelle une « politique de petits compromis » officielle – avec des conséquences dramatiques (p. 250-1).
Son livre de 330 pages regorge d’exemples d’abus de procédure – au niveau du droit, des poursuites et de la justice – qu’il est impossible d’en résumer ne serait-ce qu’une infime partie.
Cependant, le rapporteur de l’ONU refuse de qualifier cette situation de conspiration– ne serait-ce que parce que le faire reviendrait à s’accuser d’en faire partie. Il admet que lorsque les avocats d’Assange l’ont contacté pour la première fois pour lui demander de l’aide en 2018, arguant que les conditions d’incarcération d’Assange s’apparentaient à de la torture, il a ignoré leurs supplications.
Comme il le reconnaît aujourd’hui, il avait lui aussi été influencé par la diabolisation d’Assange, malgré sa longue formation professionnelle et universitaire pour reconnaître les techniques de gestion de la perception et de persécution politique.
« Pour moi, comme pour la plupart des gens dans le monde, il n’était qu’un violeur, un pirate informatique, un espion et un narcissique », dit-il (p. 10).
Ce n’est que plus tard, lorsque Melzer a finalement accepté d’examiner les effets de l’enfermement prolongé d’Assange sur sa santé – et qu’il a constaté que les autorités britanniques entravaient son enquête à chaque instant et le trompaient ouvertement – qu’il a approfondi ses recherches. Lorsqu’il s’est attaqué aux récits juridiques entourant Assange, les fils se sont rapidement dénoués.
Il pointe du doigt les risques liés au fait de s’exprimer – un prix qu’il a expérimenté de première main – qui ont empêché d’autres personnes de parler.
« Avec ma position intransigeante, j’ai mis en danger non seulement ma crédibilité, mais aussi ma carrière et, potentiellement, ma sécurité personnelle… Maintenant, je me suis soudainement retrouvé dos au mur, à défendre les droits humains et l’État de droit contre les démocraties mêmes que j’avais toujours considéré comme mes plus proches alliées dans la lutte contre la torture. Ce fut une courbe d’apprentissage abrupte et douloureuse » (p. 97).
Il ajoute avec regret : « J’étais devenu par inadvertance un dissident au sein même du système » (p. 269).
La subversion du droit
L’écheveau d’affaires complexes qui a pris le fondateur de WikiLeaks au piège – et l’a maintenu en prison – comprend une enquête sur une agression sexuelle menée par la Suède pendant dix ans et qui s’est avérée totalement improductive ; une détention prolongée pour une infraction à la loi sur la liberté sous caution qui s’est produite après qu’Assange se soit vu accorder l’asile par l’Équateur pour éviter une extradition politique vers les États-Unis ; et la convocation secrète d’un grand jury aux États-Unis, suivie d’audiences et d’appels interminables au Royaume-Uni pour l’extrader dans le cadre de la persécution politique contre laquelle il a e.
Selon Melzer, l’objectif n’était pas d’accélérer les poursuites contre Assange – cela aurait risqué de révéler l’absence de preuves contre lui dans les affaires suédoises et américaines. Il s’agissait plutôt de piéger Assange dans un interminable processus de non-poursuite, alors qu’il était emprisonné dans des conditions de plus en plus draconiennes et que le public se retournait contre lui.
Ce qui semblait – du moins aux yeux des observateurs – être le respect de la loi en Suède, en Grande-Bretagne et aux États-Unis était l’exact inverse : sa subversion répétée. Le non-respect des procédures légales de base était si constant, selon Melzer, qu’il ne peut être considéré comme une simple série d’erreurs malheureuses.
Elle vise à « la persécution, la réduction au silence et la destruction systématiques d’un dissident politique gênant ». (p. 93).
Selon Melzer, Assange n’est pas seulement un prisonnier politique. C’est un prisonnier dont la vie est gravement menacée par des abus incessants qui correspondent à la définition de la torture psychologique.
Cette torture repose sur le fait que la victime est intimidée, isolée, humiliée et soumise à des décisions arbitraires (p. 74). Melzer précise que les conséquences d’une telle torture ne font pas que briser les mécanismes d’adaptation mentale et émotionnelle des victimes, mais qu’avec le temps, elles ont également des conséquences physiques très tangibles.
Melzer explique les « Règles Mandela » – du nom du leader de la résistance noire Nelson Mandela, longtemps emprisonné, qui a contribué à faire tomber l’apartheid en Afrique du Sud – qui limitent le recours à des formes extrêmes d’isolement.
Dans le cas d’Assange, cependant, « cette forme de mauvais traitements est très rapidement devenue le statu quo » à Belmarsh, même si Assange était un « détenu non violent ne représentant aucune menace pour quiconque ». À mesure que sa santé se détériorait, les autorités pénitentiaires l’ont isolé davantage, prétendument pour sa propre sécurité. En conséquence, conclut Melzer, « le silence et les mauvais traitements infligés à Assange ont pu se perpétuer indéfiniment, sous le couvert du souci de sa santé » (p. 88-9).
Le rapporteur observe qu’il ne remplirait pas son mandat de l’ONU s’il ne protestait pas non seulement contre la torture d’Assange, mais aussi contre le fait qu’il est torturé pour protéger ceux qui ont commis des actes de torture et d’autres crimes de guerre exposés dans les journaux de bord de l’Irak et de l’Afghanistan publiés par WikiLeaks. Ils continuent d’échapper à la justice avec la connivence active des mêmes autorités étatiques qui cherchent à détruire Assange (p. 95).
Fort de sa longue expérience dans le traitement des cas de torture dans le monde entier, Melzer suggère qu’Assange dispose de grandes réserves de force intérieure qui l’ont maintenu en vie, même s’il est de plus en plus fragile et physiquement malade. Assange a perdu beaucoup de poids, est régulièrement confus et désorienté, et a subi une attaque mineure à Belmarsh.
Le lecteur doit en déduire que beaucoup d’entre nous auraient déjà succombé à une crise cardiaque ou à une attaque mortelle, ou se seraient suicidés.
Une autre implication troublante plane sur le livre : c’est l’ambition ultime de ceux qui le persécutent. Les audiences d’extradition en cours peuvent être prolongées indéfiniment, avec des appels jusqu’à la Cour européenne des Droits de l’homme à Strasbourg, ce qui permet de garder Assange hors de vue pendant tout ce temps, de nuire davantage à sa santé et de renforcer l’effet dissuasif sur les dénonciateurs et autres journalistes.
C’est une situation gagnant-gagnant, note Melzer. Si la santé mentale d’Assange se dégrade complètement, il peut être enfermé dans un établissement psychiatrique. Et s’il meurt, cela résoudra enfin l’inconvénient de maintenir la mascarade juridique qui a été nécessaire pour le maintenir dans le silence et hors de vue pendant si longtemps (p. 322).
La mascarade de la Suède
Melzer consacre une grande partie de son livre à reconstituer les accusations d’agression sexuelle portées contre Assange en Suède en 2010. Il ne le fait pas pour discréditer les deux femmes concernées – en fait, il soutient que le système juridique suédois les a laissées tomber autant qu’Assange – mais parce que cette affaire a préparé le terrain pour la campagne visant à dépeindre Assange comme un violeur, un narcissique et un fugitif de la justice.
Les États-Unis n’auraient peut-être jamais été en mesure de lancer leur persécution ouvertement politique d’Assange s’il n’était pas déjà devenu une figure de haine populaire à la suite de l’affaire suédoise. Sa diabolisation était nécessaire – tout comme sa disparition – pour faciliter la redéfinition du journalisme de sécurité nationale en tant qu’espionnage.
L’examen méticuleux de l’affaire par Melzer – aidé par sa maîtrise du suédois – révèle quelque chose que la couverture médiatique dominante a ignoré : les procureurs suédois n’ont jamais eu l’apparence d’un dossier contre Assange, et apparemment pas la moindre intention de faire avancer l’enquête au-delà de la prise initiale de déclarations de témoins.
Néanmoins, comme l’observe Melzer, elle est devenue « la plus longue « enquête préliminaire » de l’histoire de la Suède » (p. 103).
Le premier procureur à examiner l’affaire, en 2010, a immédiatement abandonné l’enquête, déclarant « qu’il n’y avait aucun soupçon de crime » (p. 133).
Lorsque l’affaire a finalement été bouclée en 2019, plusieurs mois avant que le délai de prescription ne soit atteint, un troisième procureur a simplement observé « qu’on ne peut pas supposer que des enquêtes supplémentaires changeront la situation probante de manière significative » (p. 261).
En langage juridique, c’était une admission que l’entrevue d’Assange ne mènerait à aucune accusation. Les neuf années précédentes n’avaient été qu’une mascarade juridique.
Mais au cours de ces années, l’illusion d’une affaire crédible a été si bien entretenue que les grands journaux, y compris le journal britannique The Guardian, ont fait référence à plusieurs reprises à des « accusations de viol » contre Assange, même s’il n’avait jamais été accusé de quoi que ce soit.
Plus important encore, comme Melzer ne cesse de le souligner, les allégations contre Assange étaient si clairement insoutenables que les autorités suédoises n’ont jamais cherché à les examiner sérieusement. Cela aurait immédiatement révélé leur futilité.
Au lieu de cela, Assange a été piégé. Pendant les sept années où il a obtenu l’asile à l’ambassade de l’Équateur à Londres, les procureurs suédois ont refusé de suivre les procédures normales et de l’interroger là où il se trouvait, en personne ou par ordinateur, pour résoudre l’affaire. Mais ces mêmes procureurs ont également refusé de donner les assurances habituelles qu’il ne serait pas extradé vers les États-Unis, ce qui aurait rendu inutile son asile à l’ambassade.
De cette façon, selon Melzer, « le récit du suspect de viol pourrait être perpétué indéfiniment sans jamais être présenté devant un tribunal. Publiquement, ce résultat délibérément fabriqué pourrait être commodément imputé à Assange, en l’accusant d’avoir échappé à la justice » (p. 254).
Neutralité abandonnée
En fin de compte, le succès de l’affaire suédoise dans la diffamation d’Assange est dû au fait qu’elle était motivée par un récit qu’il était presque impossible de remettre en question sans sembler rabaisser les deux femmes qui en étaient le centre.
Mais le récit du viol n’était pas celui des femmes. Il a été effectivement imposé à l’affaire – et à elles – par des éléments de l’establishment suédois, relayés par les médias suédois. Melzer se hasarde à expliquer pourquoi l’occasion de discréditer Assange a été saisie de manière si agressive.
Après la chute de l’Union soviétique, les dirigeants suédois ont abandonné la position historique de neutralité du pays pour se ranger du côté des États-Unis et de la « guerre contre le terrorisme » mondiale. Stockholm a rapidement été intégré dans la communauté occidentale de la sécurité et du renseignement (p. 102).
Tout cela a été mis en péril lorsque Assange a commencé à considérer la Suède comme une nouvelle base pour WikiLeaks, attiré par les protections constitutionnelles dont bénéficient les éditeurs.
En fait, c’est précisément pour cette raison qu’il se trouvait en Suède à l’approche de la publication par WikiLeaks des journaux de guerre de l’Irak et de l’Afghanistan. Il ne devait être que trop évident pour l’establishment suédois que toute décision d’y installer le siège de WikiLeaks risquait de mettre Stockholm sur une trajectoire de collision avec Washington (p. 159).
Selon Melzer, c’est dans ce contexte que s’explique la décision étonnamment hâtive de la police d’informer le procureur d’une enquête sur le viol d’Assange, quelques minutes après qu’une femme, désignée sous le seul nom de « S », ait parlé pour la première fois à un policier dans un commissariat du centre de Stockholm.
En fait, « S » et une autre femme, « A », n’avaient pas l’intention de faire une quelconque accusation contre Assange. Après avoir appris qu’il avait eu des relations sexuelles avec elles en succession rapide, elles voulaient qu’il passe un test de dépistage du VIH. Elles pensaient qu’en approchant la police, elles lui forceraient la main (p. 115). La police a eu d’autres idées.
Les irrégularités dans le traitement de l’affaire sont si nombreuses que Melzer passe la majeure partie de 100 pages à les documenter. Les témoignages des femmes n’ont pas été enregistrés, transcrits mot à mot ou attestés par un second officier. Ils ont été résumés.
La même procédure, profondément défectueuse – qui ne permet pas de savoir si des questions suggestives ont influencé leur témoignage ou si des informations importantes ont été exclues – a été utilisée lors des entretiens avec des témoins amis des femmes. L’entretien d’Assange et ceux de ses alliés, en revanche, ont été enregistrés et transcrits mot pour mot (p. 132).
La raison pour laquelle les femmes ont fait leurs déclarations – le désir d’obtenir d’Assange un test de dépistage du VIH – n’est pas mentionnée dans les résumés de la police.
Dans le cas de S, son témoignage a été modifié ultérieurement à son insu, dans des circonstances très douteuses qui n’ont jamais été expliquées (p. 139-41). Le texte original est expurgé et il est impossible de savoir ce qui a été modifié.
Plus étrange encore, un rapport criminel de viol a été enregistré contre Assange dans le système informatique de la police à 16h11, soit 11 minutes après la rencontre initiale avec S et 10 minutes avant qu’un officier supérieur ne commence à interroger S – et deux heures et demie avant la fin de cet entretien (p. 119-20).
Autre signe de la rapidité stupéfiante de l’évolution de la situation, le procureur général de Suède avait reçu de la police, à 17 heures, deux rapports criminels contre Assange, bien avant la fin de l’entretien avec S. Le procureur a alors immédiatement émis un mandat d’arrêt contre Assange avant que le résumé de la police ne soit rédigé et sans tenir compte du fait que S n’avait pas accepté de le signer (p. 121).
Presque immédiatement, l’information a été divulguée aux médias suédois, et dans l’heure qui a suivi la réception des rapports criminels, le procureur a rompu le protocole en confirmant les détails aux médias suédois (p. 126).
Des modifications secrètes
Le manque constant de transparence dans le traitement d’Assange par les autorités suédoises, britanniques, américaines et équatoriennes devient un thème du livre de Melzer. Les preuves ne sont pas mises à disposition en vertu des lois sur la liberté d’information ou, si elles le sont, elles sont lourdement caviardées ou seules certaines parties sont divulguées – vraisemblablement celles qui ne risquent pas de saper le récit officiel.
Pendant quatre ans, les avocats d’Assange se sont vu refuser toute copie des messages textuels envoyés par les deux Suédoises, au motif qu’ils étaient « classifiés ». Les messages ont également été refusés aux tribunaux suédois, même lorsqu’ils délibéraient sur l’opportunité de prolonger un mandat d’arrêt contre Assange (p. 124).
Ce n’est que neuf ans plus tard que ces messages ont été rendus publics, bien que Melzer note que les numéros d’index montrent que de nombreux messages continuent d’être retenus. Plus particulièrement, 12 messages envoyés par S depuis le poste de police – alors qu’elle était mécontente du récit policier qui lui était imposé – sont manquants. Ils auraient probablement été cruciaux pour la défense d’Assange (p. 125).
De même, une grande partie de la correspondance ultérieure entre les procureurs britanniques et suédois, qui a maintenu Assange prisonnier de l’ambassade d’Équateur pendant des années, a été détruite, alors même que l’enquête préliminaire suédoise était censée se poursuivre (p. 106).
Les messages textuels des femmes qui ont été rendus publics suggèrent toutefois fortement qu’elles avaient le sentiment d’être entraînées dans une version des événements qu’elles n’avaient pas acceptée.
Les textes suggèrent qu’elles ont lentement cédé, alors que le poids du récit officiel s’abattait sur elles, avec la menace implicite que si elles le contestaient, elles risquaient d’être poursuivies pour avoir fourni un faux témoignage (p. 130).
Quelques instants après être entrée au poste de police, S a envoyé un message à un ami pour lui dire que « l’officier de police semble aimer l’idée de l’attraper [Assange] » (p. 117).
Dans un message ultérieur, elle écrit que c’est « la police qui a inventé les accusations » (p 129). Et lorsque l’État lui attribue un avocat de renom, elle se contente de dire qu’elle espère qu’il la sortira « de cette merde » (p. 136).
Dans un autre texte, elle déclare : « Je ne voulais pas en faire partie [de l’affaire Assange], mais maintenant je n’ai plus le choix » (p. 137).
C’est sur la base des modifications secrètes apportées au témoignage de S par la police que la décision du premier procureur d’abandonner les poursuites contre Assange a été annulée, et l’enquête rouverte (p. 141). Comme le note Melzer, le faible espoir de lancer des poursuites contre Assange reposait essentiellement sur un mot : si S était « endormie », « à moitié endormie » ou « somnolente » lorsqu’ils ont eu des rapports sexuels.
Melzer écrit que « tant que les autorités suédoises seront autorisées à se cacher derrière le voile commode du secret, la vérité sur cet épisode douteux ne sera peut-être jamais révélée » (p. 141).
Pas d’extradition ordinaire
Ces irrégularités flagrantes de l’enquête préliminaire suédoise, et bien d’autres encore, documentées par Melzer, sont essentielles pour décoder la suite des événements. Ou, comme le conclut Melzer, « les autorités ne poursuivaient pas la justice dans cette affaire, mais un agenda complètement différent, purement politique » (p. 147).
Avec l’enquête qui pendait au-dessus de sa tête, Assange s’est efforcé de poursuivre sur la lancée des journaux d’Irak et d’Afghanistan révélant les crimes de guerre systématiques commis par les États-Unis et le Royaume-Uni.
« Les gouvernements concernés avaient réussi à s’emparer des projecteurs dirigés vers eux par WikiLeaks, à les retourner et à les diriger vers Assange », observe Melzer.
Ils n’ont cessé d’agir de la sorte depuis.
Assange a reçu l’autorisation de quitter la Suède après que le nouveau procureur chargé de l’affaire a refusé à plusieurs reprises de l’interroger une seconde fois (p. 153-4).
Mais dès le départ d’Assange pour Londres, une note rouge d’Interpol est émise, un autre événement extraordinaire étant donné son utilisation pour des crimes internationaux graves, ouvrant la voie au récit du fugitif de la justice (p. 167).
Un mandat d’arrêt européen a été approuvé par les tribunaux britanniques peu de temps après – mais, encore une fois de manière exceptionnelle, après que les juges ont inversé la volonté expresse du parlement britannique selon laquelle de tels mandats ne pouvaient être émis que par une « autorité judiciaire » dans le pays demandant l’extradition, et non par la police ou un procureur (p. 177-9).
Une loi est adoptée peu après le jugement pour combler cette lacune et s’assurer que personne d’autre ne subira le sort d’Assange (p. 180).
Alors que l’étau se resserre autour du cou non seulement d’Assange mais aussi de WikiLeaks – le groupe se voit refuser la capacité de ses serveurs, ses comptes bancaires sont bloqués, les sociétés de crédit refusent de traiter les paiements (p. 172) – Assange n’a d’autre choix que d’accepter que les États-Unis soient la force motrice en coulisse.
Il se précipite à l’ambassade d’Équateur après s’être vu offrir l’asile politique. Un nouveau chapitre de la même histoire est sur le point de commencer.
Les fonctionnaires britanniques du ministère public, comme le montrent les quelques courriels conservés, étaient ceux qui intimidaient leurs homologues suédois pour qu’ils poursuivent l’affaire alors que l’intérêt de la Suède faiblissait. Le Royaume-Uni, censé être une partie désintéressée, a insisté en coulisse pour qu’Assange soit obligé de quitter l’ambassade – et son asile – pour être interrogé à Stockholm (p. 174).
Un avocat du CPS a dit à ses homologues suédois « Ne vous avisez pas de vous dégonfler ! » (p. 186).
A l’approche de Noël, le procureur suédois a plaisanté sur le fait qu’Assange était un cadeau, « Je m’en passerait bien… En fait, ce serait un choc de l’avoir ! » (p. 187).
Lorsqu’elle a discuté avec le CPS des doutes suédois sur la poursuite de l’affaire, elle s’est excusée de « ruiner votre week-end » (p. 188).
Dans un autre courriel encore, un avocat du CPS britannique a conseillé de « ne pas penser que l’affaire est traitée comme une simple demande d’extradition » (p. 176).
Opération d’espionnage de l’ambassade
Cela peut expliquer pourquoi William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères de l’époque, a risqué un incident diplomatique majeur en menaçant de violer la souveraineté de l’Équateur et d’envahir l’ambassade pour arrêter Assange (p. 184).
Et pourquoi Sir Alan Duncan, un ministre du gouvernement britannique, a régulièrement consigné dans son journal, publié plus tard sous forme de livre, comment il travaillait agressivement en coulisses pour faire sortir Assange de l’ambassade (p. 200, 209, 273, 313).
Et pourquoi la police britannique était-elle prête à dépenser 16 millions de livres Sterling de fonds publics pour assiéger l’ambassade pendant sept ans afin d’imposer une extradition que les procureurs suédois ne semblaient pas du tout intéressés à faire avancer (p. 188).
L’Équateur, le seul pays prêt à offrir un sanctuaire à Assange, a rapidement changé de cap une fois que son populaire président de gauche Rafael Correa a quitté le pouvoir en 2017. Son successeur, Lenin Moreno, a subi d’énormes pressions diplomatiques de la part de Washington et s’est vu offrir d’importantes incitations financières pour abandonner Assange (p. 212).
Dans un premier temps, il semble qu’il s’agissait principalement de priver Assange de presque tous les contacts avec le monde extérieur, y compris l’accès à Internet et au téléphone, et de lancer une campagne de diabolisation dans les médias, qui le dépeignait comme maltraitant son chat et barbouillant le mur d’excréments (p. 207-9).
Dans le même temps, la CIA a collaboré avec la société de sécurité de l’ambassade pour lancer une opération d’espionnage sophistiquée et secrète d’Assange et de tous ses visiteurs, y compris ses médecins et ses avocats (p. 200). Nous savons maintenant que la CIA envisageait également des plans pour kidnapper ou assassiner Assange (p. 218).
Finalement, en avril 2019, après avoir déchu Assange de sa citoyenneté et de son asile – en violation flagrante du droit international et équatorien – Quito a laissé la police britannique le saisir (p. 213).
Il a été traîné à la lumière du jour, sa première apparition publique depuis de nombreux mois, l’air mal rasé et négligé – un « gnome à l’air dément », comme l’a qualifié un chroniqueur de longue date du Guardian.
En fait, l’image d’Assange avait été soigneusement gérée pour aliéner le monde des observateurs. Le personnel de l’ambassade avait confisqué sa trousse de rasage et de soins des mois auparavant.
Entre-temps, les effets personnels d’Assange, son ordinateur et ses documents ont été saisis et transférés non pas à sa famille ou à ses avocats, ni même aux autorités britanniques, mais aux États-Unis – le véritable auteur de ce drame (p. 214).
Ce geste, et le fait que la CIA avait espionné les conversations d’Assange avec ses avocats à l’intérieur de l’ambassade, auraient dû suffisamment polluer toute procédure judiciaire contre Assange pour exiger qu’il soit libéré.
Mais les règles de droit, comme le fait remarquer Melzer, n’ont jamais semblé compter dans le cas d’Assange.
C’est plutôt le contraire, en fait. Assange a été immédiatement conduit à un poste de police de Londres où un nouveau mandat d’arrêt a été émis pour son extradition vers les États-Unis.
L’après-midi même, Assange a comparu devant un tribunal pendant une demi-heure, sans avoir le temps de préparer sa défense, pour être jugé pour une violation de sa liberté sous caution datant de sept ans et liée à l’octroi de l’asile à l’ambassade (p. 48).
Il a été condamné à 50 semaines – presque le maximum possible – dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, où il se trouve depuis lors.
Apparemment, ni les tribunaux britanniques ni les médias n’ont compris que si Assange avait violé les conditions de sa libération sous caution, c’était précisément pour éviter l’extradition politique vers les États-Unis à laquelle il était confronté dès qu’il avait été chassé de l’ambassade.
Vivre dans une tyrannie
Une grande partie du reste du livre de Melzer documente avec des détails troublants ce qu’il appelle l’actuel « procès spectacle anglo-américain » : les abus procéduraux sans fin auxquels Assange a été confronté au cours des trois dernières années, les juges britanniques n’ayant pas réussi à empêcher ce qui, selon Melzer, devrait être considéré non pas comme une seule mais comme une série d’erreurs judiciaires flagrantes.
L’extradition pour des motifs politiques est expressément interdite par le traité d’extradition conclu entre la Grande-Bretagne et les États-Unis (p. 178-80, 294-5). Mais une fois encore, la loi ne compte pour rien lorsqu’elle s’applique à Assange.
La décision d’extradition revient maintenant à Patel, la ministre de l’Intérieur belliciste qui a déjà dû démissionner du gouvernement pour des tractations secrètes avec une puissance étrangère, Israël, et qui est à l’origine du plan draconien actuel du gouvernement visant à expédier les demandeurs d’asile au Rwanda, presque certainement en violation de la Convention des Nations Unies sur les réfugiés.
Melzer s’est plaint à plusieurs reprises au Royaume-Uni, aux États-Unis, à la Suède et à l’Équateur des nombreux abus de procédure dans le cas d’Assange, ainsi que de la torture psychologique à laquelle il a été soumis. Tous les quatre, souligne le rapporteur de l’ONU, ont fait obstruction à ses demandes ou les ont traitées avec un mépris manifeste (p. 235-44).
Assange ne pourra jamais espérer obtenir un procès équitable aux États-Unis, note Melzer. D’abord, des politiciens de tous bords, y compris les deux derniers présidents américains, ont publiquement qualifié Assange d’espion, de terroriste ou de traître, et beaucoup ont suggéré qu’il méritait la mort (p. 216-7).
Ensuite, parce qu’il serait jugé dans le célèbre « tribunal d’espionnage » d’Alexandria, en Virginie, situé au cœur de l’establishment du renseignement et de la sécurité des États-Unis, sans accès au public ou à la presse (p220-2).
Aucun jury ne serait favorable à ce qu’Assange a fait en exposant les crimes de sa communauté. Ou, comme l’observe Melzer : « Assange obtiendrait un procès secret de sécurité d’État très semblable à ceux qui sont menés dans les dictatures » (p. 223).
Et une fois aux États-Unis, Assange ne serait probablement plus jamais revu, en vertu de « mesures administratives spéciales » (SAM ou Special Administrative Measures) qui le maintiendraient en isolement total 24 heures sur 24 (p. 227-9). Melzer qualifie les SAM de « nouvelle étiquette frauduleuse pour la torture. »
Le livre de Melzer n’est pas seulement une documentation sur la persécution d’un dissident. Il montre que Washington a infligé des sévices à tous les dissidents, y compris les plus célèbres lanceurs d’alerte, Chelsea Manning et Edward Snowden.
Le cas d’Assange est si important, affirme Melzer, parce qu’il marque le moment où les États occidentaux ne ciblent pas seulement ceux qui travaillent au sein du système et qui donnent l’alerte en rompant leur contrat de confidentialité, mais aussi ceux qui travaillent à l’extérieur, comme les journalistes et les éditeurs dont le rôle même dans une société démocratique est de surveiller le pouvoir.
Si nous ne faisons rien, prévient Melzer dans son livre, nous nous réveillerons pour trouver le monde transformé. Ou, comme il le conclut : « Lorsque dire la vérité sera devenu un crime, nous vivrons tous dans une tyrannie » (p. 331).
« The Trial of Julian Assange » [Le procès de Julian Assange, NdT] de Nils Melzer est publié par Verso.
La version française du livre de Nils Melzer sera publiée en septembre aux Éditions Critiques.
Source : Jonathan Cook, 04-05-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Le traitement de Assange est l’exacte mesure de la fausse démocratie que nous présentent nos dominants.
Nos dominants ne sont pas des representants d’une qcq volonté populaire, d’une forme démocratique mais exclusivement des salopards au pouvoir pour y rester.
Cette situation dure depuis plus de 200 ans, la Révolution bourgeoise est une dictature des riches qui n’a jamais hésité à détruire, exterminer massivement ses opposants : 1848 1870 1914 … et j’en laisse bcp.
Comme tout dominant servant une cause indicible, ils font tout pour détruire les opposants et les possibilités d’expression.
Aujourd’hui, la censure est devenue routinière (état de guerre donc), l’intimidation et la violence si besoin, pour faire cesser les gens qui prennent de l’influence …
bref Assange n’est qu’un symptôme de la fascisation d’un système totalitaire qui ne trouve plus le consentement des lobotomisés.
La fascisation de l’UE en marche maintenant est un acte de plus du Système dominant.
http://canempechepasnicolas.over-blog.com/2022/05/a-peine-le-debat-presidentielle-passe-macron-et-scholz-declenchent-un-euro-coup-d-etat-institutionnel.html
7 réactions et commentaires
Le traitement de Assange est l’exacte mesure de la fausse démocratie que nous présentent nos dominants.
Nos dominants ne sont pas des representants d’une qcq volonté populaire, d’une forme démocratique mais exclusivement des salopards au pouvoir pour y rester.
Cette situation dure depuis plus de 200 ans, la Révolution bourgeoise est une dictature des riches qui n’a jamais hésité à détruire, exterminer massivement ses opposants : 1848 1870 1914 … et j’en laisse bcp.
Comme tout dominant servant une cause indicible, ils font tout pour détruire les opposants et les possibilités d’expression.
Aujourd’hui, la censure est devenue routinière (état de guerre donc), l’intimidation et la violence si besoin, pour faire cesser les gens qui prennent de l’influence …
bref Assange n’est qu’un symptôme de la fascisation d’un système totalitaire qui ne trouve plus le consentement des lobotomisés.
La fascisation de l’UE en marche maintenant est un acte de plus du Système dominant.
http://canempechepasnicolas.over-blog.com/2022/05/a-peine-le-debat-presidentielle-passe-macron-et-scholz-declenchent-un-euro-coup-d-etat-institutionnel.html
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AlerterOn connait la chanson :
« Le premier qui dit la vérité , il doit être exécuté … »
https://fr-fr.facebook.com/Nostalgies607080/videos/guy-b%C3%A9art-la-v%C3%A9rit%C3%A9-1969/640225586582739/
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AlerterVous êtes mauvaises langues.
Julian Assange qui sera accueilli dans un hôtel de luxe sur une île tropicale de rêve et entouré de créatures sublimes qui lui feront comprendre qu’il s’est trompé en accusant injustement la nation la plus exemplaire que l’univers entier n’ait jamais connu des pires forfaits pour servir les intérêts de dictatures sanguinaires qui souhaitent détruire ce paradis sur terre.
Et une fois qu’il aura ouvert les yeux il pourra partir libre pour aller dénoncer les infâmes manipulateurs qui l’ont trompé pour parvenir à leurs fins.
De quoi vous plaignez vous ?
Dans le monde parfait que nous proposent les défenseurs de la liberté et de la justice tout finit dans le bonheur avec des bisounours et des petits cœurs roses tout partout.
Et Julian Assange sera bien sûr accueilli à bras ouverts dans ce paradis de joie infinie.
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AlerterUn jour il y aura un prix Assange et ce jouor là on trouvera de nouvelles méthodes pour faire taire les opposants.
L’abus des moyens d’état devrait être un crime lourdement punissable dans notre droit. Il ne l’es pas, pourquoi se priver?
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AlerterLe système sait parfaitement récupérer les déviances comme Assange. Un jour, Hollywood fera un biopic d’Assange et ça rapportera des millions à la Warner, à Disney ou la Paramount. Mais Assange sera mort depuis longtemps, ce jour-là.
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AlerterIl faut dire que dans ma jeunesse on était abreuvé de gentils cow-boys contre les méchants indiens. C’est quand même hallucinant cette méthode «démocratique» de couvrir un des pires génocides de l’histoire en glorifiant les génocidaires pour faire oublier l’histoire.
Avec le recul, ces séduisants films et acteurs comme John Wayne, mâles dominants virils représentant les héroïques ancêtres pioniers faisant la gloire du camp du bien et «de l’Amérique» (le reste de l’amérique compte pour du beurre), c’est a vomir !
A quand une industrie CIAesque du cinéma européen produisant des glorieux films défendant la veuve et l’orphelin contre les très méchants et sanguinaires Juifs au temps du 3e Reich ?
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AlerterIl y a déjà eu un « biopic » comme ils disent sur Snwoden…. 🙁
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