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1.septembre.20171.9.2017 // Les Crises

La transition lycée-enseignement supérieur

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Très intéressante analyse – j’ai été surpris du taux d’inscription des bacheliers dans le supérieur et des taux de passage en L2….

Source : France Stratégie, 2017

Pour élever le niveau de compétences de sa population active, pour lutter contre l’échec et la fréquence des réorientations en début de parcours dans le supérieur, ainsi que contre les inégalités sociales d’accès aux diplômes, la France doit prêter une attention particulière à la transition qui intervient au moment du baccalauréat, de l’enseignement secondaire à l’enseignement supérieur. Face aux difficultés que rencontrent de nombreux étudiants pour s’orienter vers une formation dans laquelle ils ont de réelles chances de réussir, il importe de renforcer la continuité des enseignements de part et d’autre de cette frontière.

Pour y parvenir, deux options peuvent être envisagées :

  • la création, dans le cadre actuel, de plusieurs filières intégrées à cheval entre le lycée et le supérieur, visant notamment à favoriser la réussite des bacheliers professionnels ;
  • la mise en place d’enseignements modulaires aussi bien avant qu’après le baccalauréat, permettant aux élèves et aux étudiants de construire à la carte leur parcours de formation, en fonction de leurs aspirations et des compétences qu’ils acquièrent et certifient au fil des modules suivis.

Les flux de bacheliers 2015 dans l’enseignement supérieur (2015-2016) – Télécharger le graphique

DIAGNOSTIC

AMÉLIORER LA RÉUSSITE DANS ÉTUDES SUPÉRIEURES : UN ENJEU FONDAMENTAL POUR LA DÉCENNIE À VENIR

Les travaux conduits par France Stratégie sur les questions de travail, d’emploi, de compétitivité et de numérique ont tous mis en évidence un déficit français en matière de compétences. Ce handicap est manifeste au vu des enquêtes internationales : résultats moyens au test PISA qui mesure les acquis des élèves du secondaire, résultats médiocres au test PIAAC qui mesure les compétences des adultes. L’accès à l’enseignement supérieur et la capacité à y obtenir des diplômes sont en outre marqués par de profondes inégalités.

Au-delà des efforts à accomplir en matière d’enseignement scolaire pour les plus jeunes et de formation pour les adultes déjà entrés sur le marché du travail, notre pays doit impérativement améliorer la capacité des élèves à poursuivre des études supérieures[1]. En effet, si les taux d’échec dans le supérieur sont inférieurs à la moyenne de l’OCDE (32 % en 2011), ils demeurent toutefois à des niveaux élevés : 20 % des étudiants ayant commencé des études supérieures en sortent sans avoir obtenu de diplôme, soit 75 000 jeunes par an[2]. De plus, la proportion de diplômés y progresse peu depuis dix ans. Or les conditions d’insertion sur le marché du travail sont directement liées au niveau de formation atteint par les jeunes, avec une situation plus favorable pour les diplômés du supérieur mais variable selon le diplôme et la spécialité.

Les difficultés se manifestent dès l’entrée dans le supérieur et elles se concentrent à l’université, où à peine plus de quatre étudiants sur dix (40 %) poursuivent, après une première année d’études en licence, dans la deuxième année de la même formation.

Le coût collectif de ces accidents de parcours peut être estimé à plus de 500 millions d’euros[3] par an, soit le budget de fonctionnement de deux universités de taille moyenne. Alors que dans d’autres pays, notamment au nord de l’Europe, on valorise davantage les parcours variés, même s’ils retardent l’obtention des diplômes[4], on a tendance, en France, à valoriser avant tout les parcours linéaires et rapides, faisant apparaître les réorientations comme des échecs.

Cela plaide pour repenser la transition entre le lycée et l’enseignement supérieur. Le défi est d’autant plus important que les dix prochaines années vont être marquées par une augmentation mécanique des effectifs du supérieur, avec l’afflux des générations nombreuses nées au début des années 2000[5].

DES LYCÉENS MAL PRÉPARÉS

Les bacheliers qui poursuivent leurs études dans l’enseignement supérieur sont-ils pourvus des compétences nécessaires pour y réussir et y acquérir un diplôme ? Trois évolutions conduisent à en douter :

  • dans un contexte de relative stabilité de la démographie scolaire dans le secondaire, la croissance passée du nombre de bacheliers s’explique par la hausse du taux de réussite à l’examen dans les trois filières du baccalauréat ;

  • la proportion des étudiants abandonnant leur formation après une ou deux années d’études est forte[6]. Les difficultés se concentrent à l’université : seul un bachelier sur quatre s’inscrivant en licence réussit son diplôme en trois ans, et un sur cinq en quatre ans ;
  • ces difficultés concernent les bacheliers de toutes les filières, mais elles sont particulièrement importantes chez ceux qui, titulaires d’un baccalauréat technologique ou professionnel, s’engagent dans une poursuite d’études.

Par exemple, alors que 34 % des bacheliers généraux qui s’inscrivent à l’université obtiennent leur diplôme de licence en trois ans, ceux issus de baccalauréats technologiques ou professionnels n’y parviennent que très rarement (respectivement 7 % et 2 %)[7]. Or le poids de la filière professionnelle dans les effectifs de bacheliers a doublé en vingt ans (de 14 % en 1995 à 29 % en 2015) et le taux de poursuite dans le supérieur des étudiants issus de cette filière a également doublé (de 16 % en 1995 à 34 % en 2014)[8].

PLUSIEURS CAUSES QUI SE CUMULENT

Les défaillances de l’orientation et de la sélection. Les taux d’échec et de réorientation suggèrent qu’un grand nombre d’étudiants n’ont pas été bien informés ou n’ont peut-être pas pris le chemin le plus approprié. Par ailleurs, la sélection conduit dans certains cas à exclure les bacheliers de parcours qui leur conviendraient davantage. Par exemple, dans les filières d’enseignement supérieur court, la sélection telle qu’elle a été pratiquée jusqu’en 2013 a privilégié les bacheliers généraux au détriment des bacheliers professionnels.

Une préparation inadaptée du côté du lycée. Les programmes d’enseignement secondaire sont indexés uniquement sur les épreuves terminales du baccalauréat. Compte tenu des indicateurs utilisés pour évaluer leur performance (taux de réussite à l’examen, « valeur ajoutée » par rapport au taux de réussite attendu en fonction de la sociologie de l’établissement), les lycées se concentrent sur la préparation des élèves à cet examen, et non pas sur l’anticipation de l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Une rupture dans les méthodes pédagogiques. Quitter le cadre du lycée (avec ses disciplines et ses enseignants uniquement dédiés au second degré, attachés à un groupe-classe pour une année entière) pour celui du supérieur (avec notamment amphithéâtres, cours magistraux, travaux pratiques, travaux dirigés, MOOCs, disciplines nouvelles, enseignants-chercheurs dont la mission pédagogique n’est pas très valorisée…) entraîne un risque de décrochage pour les étudiants les moins autonomes dans leur travail et pour ceux dont les bases méthodologiques sont les moins assurées.

Une transition sans gouvernance. Le passage du lycée au supérieur, bien que périlleux pour les étudiants, n’est, pour autant, pris en charge en tant que tel par aucun acteur institutionnel : trop souvent, l’amont et l’aval se renvoient la responsabilité de l’échec, sans que soit construite à ce jour de solution structurelle pour assurer l’engagement de l’un et de l’autre[9].

Ces difficultés traduisent aussi le caractère très hiérarchisé de notre système éducatif. Dès le début du lycée, l’enseignement est segmenté en plusieurs filières, entre lesquelles les mobilités sont limitées. Cette hiérarchisation se retrouve ensuite dans l’enseignement supérieur – notamment entre les filières sélectives et non sélectives – et elle continue de limiter les passerelles permettant aux étudiants de se réorienter d’un parcours à l’autre. La sélection étant réservée à certaines filières, les difficultés se concentrent davantage dans les filières non sélectives des universités, qui ont pour obligation d’accueillir tous les bacheliers qui le souhaitent (voir le graphique des inscriptions des bacheliers dans l’enseignement supérieur).

Schéma des filières de lycée

Source : France Stratégie, 2017 (des propositions se trouvent sur le site)

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Toff de Aix // 01.09.2017 à 10h56

Il faut lire et relire Bourdieu, notamment « les héritiers », qui parlait déjà très clairement de ce phénomène il y a 40 ans… La reproduction sociale est une réalité dans ce pays, car le système scolaire favorise évidemment ceux qui sont issus des classes sociales déjà plus favorisées. Là où Bourdieu fit fort, c’est qu’il le démontra de façon irréfutable, même si c’était un quasi tabou à l’époque.

40 ans plus tard, rien n’a changé, si ce n’est que la crise perpétuelle a legitimé le chômage de masse dans l’esprit des français, et aussi le chômage de masse des jeunes, la galère, les petits boulots, stages et autres arnaques sous payées, y compris et surtout pour des gens diplômés. Le fait que les études supérieures ne soient, au fond et dans leur grande majorité, qu’un parking à chômeurs de plus (tout comme les stages et autres pseudo reclassements qui, même pour un jour d’activité par mois, vous sortent des statistiques), tout ceci prouve par A+B que le chômage est structurel, adossé à ce système à bout de souffle, et que les politiques en sont conscients. Leur seule réponse ? Bidouiller les statistiques, détruire les droits existants et danser autour du totem de la croissance en espérant qu’elle revienne miraculeusement. .. Bravo pour la vision à long terme !

C’est non seulement anormal, mais aussi amoral. La soi disant « réforme qui apportera ses effets positifs sur le front de l’emploi d’ici un à deux ans » (air connu) va encore plus plonger le pays dans une spirale négative sans fin.. Je ne le souhaite pas, mais c’est certain : nous allons droit vers l’abîme, et nous y allons en chantant.

58 réactions et commentaires

  • Kazhim // 01.09.2017 à 06h52

    Je peux parler pour moi car en effet à 28 ans je suis en passe de faire une année spécial en DUT gestion logistique et transport, un bac + 2, bac que j’ai eu en 2016. A la base je voulais faire des études de langue, mais étant autonome, et la bourse pour un autonome est de 100 euros, même avec un temps partiel, si vous avez loyer, facture, dette voiture, etc à payer, c’est très difficile.

    Alors j’ai arrêté, puis j’ai découvert le fongecif qui rémunère la formation pour une reconversion professionnelle, j’ai donc choisi un secteur d’activité qui serait p^lus intéressant que la grande distribution et obtenant un diplome qualifiant afin de vivre mieux et de faire un métier moins barbant. Du reste je souhaite toujours apprendre les langues, mais je le ferais par des chemins non conventionnel, internet cned etc.

    Bref j’aurai pu m’épargner tout cela si à mes 18 ans l’école avait été foutu de mieux m’orienter et de me faire comprendre la dureté du monde du travail. Au demeurant mon année scolaire en terminal à 26 ans m’a permit de voir tous les problème liée aux programme d’histoire notamment.Concernant le moyen orient etc. Et cela explique bien des choses sur l’ignorance général des gens pour les sujets internationaux. Toutefois la philo reste primordial même si on y étudie pas la Boètie.

    J’ajoute que des gens passent aussi un équivalent de bac pour entrer à l’université.

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    • Alfred // 01.09.2017 à 08h53

      Vous avez bien fait et vous avez du mérite. Reprendre des études est plus difficile que de passer un examen difficile dans la foulée des études secondaires. Les allers retours travail-etudes sont compliqués matériellement et psychologiquement (sans parler des capacités réduites par l’âge). Je ne parle pas des « formations » superficielles si nombreuses mais de reprendre à zéro un nouveau métier bien sur.

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      • Kazhim // 01.09.2017 à 09h41

        Oui, il y a des moyens qui existent même si cela nécessite un sacrifice de stabilité et matérielle. Mais après 10 ans en grande distribution, je suis prêt à le faire, plutôt que de rester cloîtrer au même métier abrutissant.

        Si cette reconversion n’est pas le but ultime (qui reste les langue, la géopolitique, et la philosophie pour moi) elle me permettra d’exercer un métier plus qualifiant, peut être mieux rémunérer et dans un autre secteur que les grandes surface.

        Merci de vos encouragement.

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    • bats0 // 01.09.2017 à 08h55

      Bravo Kazhim pour ton initiative.
      Tout est dans la tête; ce n’est qu’une question de motivation, et d’objectif :
      https://www.youtube.com/watch?v=emilPlRHtn8

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      • Kazhim // 01.09.2017 à 09h38

        Merci c’est fort aimable.

        Ce qui me motive c’est le désire de faire quelque chose de ma vie et de ne pas être condamner à exercer le même métier usant et peu épanouissant, j’en ai trop vue en grande distribution qui ont l’amer sentiment d’avoir raté leur vie et qui n’ose pas se réorienté.

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      • Paquereau Alain // 01.09.2017 à 11h45

        La tête, en effet cela compte…mais si le porte monnaie est vide, les « trésors » d’intelligence seront le plus souvent découragés.

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    • brigitte // 01.09.2017 à 21h00

      Il faudrait penser à revoir l’orthographe aussi….

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  • olivier // 01.09.2017 à 07h16

    Question : Cette étude prend-elle en compte la question des 300 000 étudiants étrangers dont la plupart sont Marocain et Chinois, Algérien et Tunisiens ?

    Question : Cette étude prend-elle en compte la question des 73 000 étudiants Français partis étudier a l’étranger ?

    Question : Cette étude prend-elle en compte la mutation de la population Française ?

    Peut-on parler des lycéens et des étudiant sans savoir qui ils sont ?
    Les défis que nous avons à relever pour l’avenir sont titanesques, et ce n’est pas en les évitant qu’ils vont se régler tout seul. Et je ne parle pas de l’université comme filière d’immigration.

    http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/la-france-troisieme-pays-le-plus-attractif-pour-les-etudiants-etrangers-5728/
    http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/03/23/un-etudiant-francais-sur-trois-a-etudie-en-partie-a-l-etranger_4888327_4401467.html
    http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2016/01/28/ecole-pourquoi-les-garcons-issus-de-l-immigration-ont-autant-de-mal_4855509_1654200.html
    http://www.lexpress.fr/actualite/societe/bac-2013-les-professeurs-de-l-academie-d-orleans-invites-a-gonfler-les-notes-de-l-oral-de-francais_1258757.html#Q14smJLCHh6hkBC3.99
    http://www.leparisien.fr/orleans-45000/les-propos-de-la-rectrice-d-orleans-tours-ne-sont-pas-racistes-parquet-05-11-2012-2293787.php

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    • Manuel // 01.09.2017 à 18h34

      Cette pseudo-analyse, c’est surtout pour aider le gouvernement Macron à faire des sélections pour rentrer à l’université, ce qui est contraire aux principes français du droit à l’étude.

      J’imagine que les enfants de bourgeois trouvent injuste le tirage au sort pour rentrer en faculté de médecine.

      Et bien d’autres trouvent injustes d’être nés de parent ouvrier : 10% d’entre eux font des études supérieurs, 5% font un Bac S.

      Je le clame très fort. Cette analyse est bidon !

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  • Patate Mystere // 01.09.2017 à 08h38

    On s’imagine trop que l’école est là pour former à un métier. Ce n’est pas le cas et il ne faut surtout pas que ce le soit. L’ecole et l’université transmettent des savoirs. Ce savoir peut certes poser les bases d’une formation professionnelle mais sont surtout utiles au citoyen.
    Le patronat ne veux pas d’école qui donne du savoir. Il veut des informations qui donnent des compétences. C’est à dire la capacité a s’adapter et à bien faire ce que l’on vous demande.

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    • Narm // 01.09.2017 à 23h29

      bah oui. ca n aide pas

      et le probleme est bien la

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  • Bruno // 01.09.2017 à 09h42

    J’ai autour de moi une foule de parents de bacheliers dont le commentaire est qu’ils n’ont jamais vu travailler leur gamin durant toute l’année de terminale !

    C’est une bombe à retardement pour la première année d’études supérieures ou le facteur « travail » est prépondérant. Quand on n’est « pas trop bête », que l’on a eu un bac général et que l’on est sérieux, on réussit à l’université.
    Le problème c’est que les étudiants n’imaginent même pas ce qu’il faut fournir et sacrifier pour apprendre des classeurs entiers de cours. Ils se pointent face à l’Everest, en basquette/T-Shirt et ils se font exploser.

    Il faut revenir à un bac relativement difficile à obtenir et à un enseignement du secondaire qui exige une quantité d’apprentissage suffisante, conséquente, afin de préparer correctement les élèves à ce qui les attend par la suite.

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    • Kesse // 01.09.2017 à 10h24

      Vous avez dit le mot: exigence! Il faut retrouver de l’exigence pour atténuer les effets de la compétition.

      Il y a un besoin de sélection des profils et compétences. Ce besoin est pour l’instant satisfait par un système de compétitions inégalitaire et plus ou moins caché.
      Les parents les plus informés adoucissent se système compétitifs pour leur enfant en leur transmettant des valeurs d’exigence et de rapport au savoir (accessibilité directe). Ces valeurs transcendent l’apreté de la compétition en définissant des buts et des attitudes (habitudes) qui vont au-dela.
      Les enfants qui n’ont pas la chance d’avoir ce soutien découvre la dureté du système de compétition au tournant des orientations. Les professeurs ne peuvent pas les y préparer car ont leur a retiré la capacuté d’être exigeants.

      L’exigence est d’abord un moyen d’atténuer la compétition; elle pourrait la remplacer complétement dans un second temps. Dans tous les cas, cela demande une complète réorganisation et des moyens accrus.

        +5

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    • Kiwixar // 01.09.2017 à 11h21

      « ils n’ont jamais vu travailler leur gamin durant toute l’année de terminale ! »

      Personnellement, je ne leur jette pas la pierre. L’horizon est complètement flou, opaque. De quelles connaissances/compétences auront-ils besoin dans 10 ans, 20 ans? Savoir coder? Souder un tuyau en cuivre? Rembobiner un moteur? Ou simplement d’interagir confortablement avec les autres humains, en confiance? Aujourd’hui, vaut-il mieux bachoter en asocial pour devenir lawyer ou eurocrate, ou au contraire se tisser un réseau d’amis locaux proches?

      Par contre, il faut arrêter la mondialisation tout de suite, parce que les Asiatiques travaillent comme des fous dès l’école.

        +18

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      • Alfred // 01.09.2017 à 13h03

        « Savoir coder? Souder un tuyau en cuivre? Rembobiner un moteur? Ou simplement d’interagir confortablement avec les autres humains, en confiance? »
        Toutes ces compétences peuvent être acquises par une seule et même personne (quand on est pas trop faignant), c’est ce qui assez génial avec le cerveau humain. Les études c’est un cadeau c’est ce qu’on oublie de dire. Qu’est ce que c’est que cette peur de trop en faire? Qu’importe si seulement 0,001% sert dans la vie? On aura brulé des calories pour rien?
        Il y a au moins une chose sur laquelle je vous rejoins: les jeunes ont bien raison de ne rien b…..ler puisque ça marche (et parceque si ado on est capable de se projeter dans la vie professionnelle c’est qu’on est plus ado mais déjà jeune adulte, cela arrive aussi): Ils auront leur bac quand même pour la plupart. Ce sont les lâches adultes les responsables.

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        • Manuel // 01.09.2017 à 18h11

          « Toutes ces compétences peuvent être acquises par une seule et même personne  »

          Non, ce n’est pas parce que vous connaissez une personne autodidacte que ce soit aussi simple que cela.

          La plupart des personnes ont besoin d’un professeur.

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      • Bruno // 01.09.2017 à 14h21

        C’est un peu de l’envolée lyrique.

        L’horizon a beau être flou, à un moment donné, si vous voulez être médecin, il faut vous avalez de l’anatomie à apprendre par cœur. Si vous n’acceptez pas/refuser de comprendre, en tant qu’étudiant, que cela va vous prendre tout votre samedi et tout votre dimanche et que vous vous êtes couché à 4 heures du mat. pour végéter comme une faignasse adolescente toute le week-end, vous allez échouer à votre première année de médecine.

        Et votre petite soeur, « petit robo studieuse », « idiote formatée de l’école Jules Ferry », elle va réussir et elle va être médecin « de l’odieux monde capitaliste » houlala mon dieu… Et l’asitique du coin aussi, pour reprendre votre cliché.

        C’est aussi simple que cela.

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        • Manuel // 01.09.2017 à 18h12

          vous oubliez le plombier polonais, le fameux plombier polonais

            +0

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        • Kiwixar // 01.09.2017 à 21h13

          J’ai habité 15 ans en Asie, dans 4 pays. A l’école (et après) ils travaillent « beaucoup ». Ici en NZ, de nombreux parents chinois repartent en Chine pendant quelques années pour les études de leurs enfants parce qu’ils trouvent l’enseignement ici trop relax (euphémisme).

          Quant à devenir docteur, bien sûr qu’il faut bosser, ce n’est pas mon propos. Mon propos est vaut-il mieux devenir docteur, ou plombier, ou codeur? Impossible à dire dans ce monde changeant rapidement. Codeur/programmeur, vous êtes demandé dans le monde entier, bien payé, et vous pouvez vous installer légalement dans de nombreux pays dans le monde. Plombier, vous gagnez bien votre vie avec peu d’études. Docteur, vous bossez comme un fou pour votre diplôme… et pareil après.

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  • J // 01.09.2017 à 09h55

    Le principal problème est qu’on a voulu le bac pour tout le monde, et que pour le coup le bac ne vaut plus rien. Il y a eu une époque pas si ancienne (des gens vivant aujourd’hui l’ont connue) où même le certificat d’études primaires avait un certain prestige, et à juste titre, dans les classes populaires.

    Et donc on a produit un enseignement secondaire de moins en moins stressant, pour préparer à un monde du travail qui l’est de plus en plus.

      +16

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    • Fred79 // 01.09.2017 à 11h21

      Ce n’est pas le bac qui ne vaut plus rien, c’est son attribution qui est faussée par le biais de la notation des épreuves, la supercherie se dévoile peu à peu et la France dévisse dans les classements mondiaux.
      Il a semblé plus facile à notre système d’Education Nationale de piper les résultats de l’examen pour rester dans le classement des pays les plus développés en matière d’instruction, que d’offrir une réelle instruction à l’ensemble des classes sociales du pays et ce n’est pas le subterfuge de la discrimination positive pour l’entrée dans les grandes écoles qui va améliorer la situation.
      C’est en amont que se réglera le problème, les internats d’excellence de Sarkozy étaient une très bonne idée, je ne comprends pas qu’elle n’ait pas été mieux exploitée.

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    • Manuel // 01.09.2017 à 18h19

      Oui, complètement !!!!

      C’est vrai. Vous avez tout à fait raison dans les années 60, le bac était beaucoup plus dur et il y avait beaucoup moins de chômage.

      D’ailleurs « avant », on lisait beaucoup mieux que maintenant et les gens savaient mieux faire que maintenant.
      Sans parler de ce qu’on voit à la télé. Alors maintenant avec les téléphones portables, l’attention des jeunes chutent dramatiquement. Cela doit sûrement expliquer pourquoi le QI en Europe a chuté de 5 points dans les dernières années.

      Vous avez raison : il faut revenir aux fondamentaux !!!

        +1

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      • Hegemon // 01.09.2017 à 19h20

        vous faites une corrélation entre le niveau d’instruction collectif et le taux de chômage (forcément collectif)… c’est une erreur qu’explique très bien Franck Lepage dans cette petite vidéo qui à titre personnel , m’a convaincue.
        https://www.youtube.com/watch?v=Pr4NlZxztqs

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  • willkane // 01.09.2017 à 10h24

    Les chiffres sont interessants, mais il serait utile de rappeler d’ou ils viennent:
    France Stratégie, un centre de réflexion rattaché à Matignon, et dont le « commissaire général » a quitté début 2017 ses fonctions pour rejoindre l’équipe de campagne de Macron …
    https://www.lesechos.fr/11/01/2017/lesechos.fr/0211680774199_macron-marque-un-point-avec-le-renfort-de-pisani-ferry.htm#bDoyovRzLaluWFJU.99

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  • Toff de Aix // 01.09.2017 à 10h56

    Il faut lire et relire Bourdieu, notamment « les héritiers », qui parlait déjà très clairement de ce phénomène il y a 40 ans… La reproduction sociale est une réalité dans ce pays, car le système scolaire favorise évidemment ceux qui sont issus des classes sociales déjà plus favorisées. Là où Bourdieu fit fort, c’est qu’il le démontra de façon irréfutable, même si c’était un quasi tabou à l’époque.

    40 ans plus tard, rien n’a changé, si ce n’est que la crise perpétuelle a legitimé le chômage de masse dans l’esprit des français, et aussi le chômage de masse des jeunes, la galère, les petits boulots, stages et autres arnaques sous payées, y compris et surtout pour des gens diplômés. Le fait que les études supérieures ne soient, au fond et dans leur grande majorité, qu’un parking à chômeurs de plus (tout comme les stages et autres pseudo reclassements qui, même pour un jour d’activité par mois, vous sortent des statistiques), tout ceci prouve par A+B que le chômage est structurel, adossé à ce système à bout de souffle, et que les politiques en sont conscients. Leur seule réponse ? Bidouiller les statistiques, détruire les droits existants et danser autour du totem de la croissance en espérant qu’elle revienne miraculeusement. .. Bravo pour la vision à long terme !

    C’est non seulement anormal, mais aussi amoral. La soi disant « réforme qui apportera ses effets positifs sur le front de l’emploi d’ici un à deux ans » (air connu) va encore plus plonger le pays dans une spirale négative sans fin.. Je ne le souhaite pas, mais c’est certain : nous allons droit vers l’abîme, et nous y allons en chantant.

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    • Kiwixar // 01.09.2017 à 11h55

      « Bidouiller les statistiques »

      Nous vivons à l’ère du mensonge et de la fraude générale. Stats du pib (croissance), de l’inflation, du chômage : bidonnées. Infos via les medias : mensonges et propagande partout, ouvertement, à part la météo. Vos maigres économies à la banque : discutables. Résultats du bac : enflés. Effets des médicaments : enflés. Effets secondaires : sous-estimés. Dans le mur : en klaxonnant.

      Ça me fait l’effet d’une culture de l’avérité tellement généralisée que même les décideurs, oligarques, Marionnettistes sont infantilisés au point qu’ils finissent par croire à leurs propres mensonges.

        +18

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      • RGT // 01.09.2017 à 15h16

        Bidouiller les stats, je l’ai fait il y a quelques années pour des raisons « alimentaires », j’étais payé pour ça (il faut bien nourrir sa famille).

        En fait, on peut réellement faire dire ce qu’on veut aux stats, mais quand la réalité reprend le dessus ça fait encore plus mal.

        Heureusement, j’ai pu trouver un « vrai boulot » dans une autre entreprise (en gardant des dossiers pour préserver mes arrières au cas où) et peu de temps après mon départ le demandeur de stats bidon était rattrapé par sa créature.

        Un gros boum et ses « bonus » lui ont pété à la gueule.

        Par contre, je plains tous les « gueux » qu’il a entraîné dans sa chute.
        Ils n’y étaient pour rien et ce sont eux qui ont payé le prix fort pour ses magouilles.

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      • Narm // 01.09.2017 à 23h45

        Kiwixar juste une remarque

        pour la meteo , meme pas un chti peu ?

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    • olivier // 01.09.2017 à 15h23

      Il est vrais que Bourdieu est totalement étranger à la situation actuelle.
      (anti-phrase)

      Vous adossez étude et travail (croissance chômage, petits boulots, stages…) et ce faisant vous acréditez la vision utilitariste de l’école faite pour former des travailleurs et non pas des esprits libres, éduqués et critiques. J’ai pourtant l’impression que vous voulez dire l’inverse.

      Nous n’allons pas vers l’abîme, nous sommes comme le coyote du dessin animé, qui pédale dans le vide sans se rendre compte du vide déjà présent sous ses pieds. Ce moment hors du temps où la gravité n’a pas encore repris ses droits mais où l’impact n’est pas loin.

        +6

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    • Cent quatre vingt et trois // 01.09.2017 à 22h28

      Peu de choses à ajouter à ce constat accablant et tant et tant en réalité… Mais en guise de synthèse, il me revient cette phrase de Paul Sheridan : « Un bon Indien est un Indien mort »

      En viendra-t-il un jour des politiques comme des Indiens ?! Là où les innocents ont jadis payé, à quand le tour des coupables ?! Avant qu’en effet il ne soit trop tard ?

      Le mal doit être brisé dans l’œuf. Alors qu’il n’en finit pas de grandir, jusqu’à éclore finalement sur le fumier putride de nos complices attermoiements…

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  • ybus // 01.09.2017 à 11h54

    Tout à fait ! et même bien antérieurement à Bourdieu : il fat remonter à Jules Ferry qui voulait que les instits soient des  » prêtres laÏcs » (sic) qui enseignent la morale aux petits français afin qu’ils deviennent bien soumis, surtout les enfants de paysans et ouvriers (qui pouvaient échapper au catéchisme mais dont la république devait faire des citoyens- obeÏssants qui ne se soulèvent pas contre la caste dominante !)
    Et qui parmi les candidats aux présidentielles a proposé de s’attaquer réellement au problème en suggérant de REDEFINIR LA MISSION DES ENSEIGNANTS ??????? personne : même pas le mien !

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    • Toff de Aix // 01.09.2017 à 12h47

      Vous faites bien de citer Jules Ferry, il faut dire que la Commune de 1871 lui avait donné bien des sueurs froides…. Avant qu’il n’en cautionne avec le plus grand des zèles l’extermination totale bien sûr, femmes et enfants compris (les estimations varient de 8000 à 30000 morts, oui oui vous ne rêvez pas, ça n’est pas dans une lointaine soi disant dictature en Afrique mais à Paris, à l’aube du 20eme siècle !).

      Lui et tous les « grands republicains », Adolphe Thiers en tête, qui se rejouirent de ce massacre, mirent en place l’école républicaine telle qu’on la connaît : une école destinée à mater les récalcitrants AVANT qu’ils ne pensent à le devenir, principalement en les formatant spécifiquement pour la société de consommation qui a vu le jour en ces temps d’industrialisation.

      Et nous sommes passés de citoyens à consommateurs..

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      • Vincent // 01.09.2017 à 14h32

        Vous faites un anachronisme complet.

        Les objectifs de l’école étaient (y compris en s’appuyant sur le clergé) d’apprendre la morale, la bonne éducation, l’obéissance, la patriotisme, etc.
        Et ce effectivement, entre autres, dans un but de paix sociale :
        – d’une part, afin de récupérer ce qui, à l’époque, fédérait les mouvements populaires, à savoir la défense de la Nation,
        – d’autre part, afin que le respect de l’autorité soit inné.

        Parler de société de consommation est ici totalement hors de propos. Il s’agit d’une évolution de l’école post 1968.

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        • RGT // 01.09.2017 à 15h31

          Toff de Aix a tout à fait raison.

          « la morale, la bonne éducation, l’obéissance, la patriotisme, etc. »

          Pour quoi faire, si ce n’est pour faire des enfants de « bons petits soldats » qui ne se rebelleraient jamais contre leurs maîtres ?

          Et les instits qui enseignaient ces « valeurs » étaient convaincus qu’ils enseignaient la « vérité » car ils avaient déjà subi eux-mêmes ce lavage de cerveau avant de le faire subir aux « petites têtes blondes ».

          C’était aussi ça la perversion de ce système : Seuls les plus « motivés » pouvaient prétendre accéder à ce poste « prestigieux ».
          D’un autre côté, ils s’impliquaient aussi dans l’apprentissage de la l’écriture et du calcul, ce qui n’était pas un mal.

          Désormais, les enseignants « naviguent à vue » et doivent respecter à la lettre les consignes des « grands pédagogues » s’ils ne veulent pas se retrouver mutés dans une cité « apaisée » d’une périphérie urbaine « accueillante ».

          Les « pédagogues » qui les « conseillent » sont les fonctionnaires qui ne supportent pas les enfants et qui ont réussi à se faire muter dans les académies pour pantoufler dans des bureaux climatisés et insonorisés.

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          • olivier // 01.09.2017 à 23h59

            Non, Vincent à raison de pointer l’anachronisme de Toff de Aix ainsi que le regard biasé qu’il porte.

            La societé de masse, la culture de masse, la consomation de masse ne sont réellement apparue qu’apres guerre quand la France c’est retrouvée inondée par les produits américains, culture comprise au point d’en dénaturer le pere noel.

            Vos tableaux sont incomplets. Les Français savaient lire et écrire bien avant Ferry. Imaginer que l’école commence avec lui et sauter d’un coup aux années 80 c’est oublier moultes choses. C’est oublier Rome, C’est oublier les congrégations, c’est oublier Jean-Baptiste de La Salle, c’est oublier Guizot, c’est oublier Alain, c’est oublier le plan langevin-wallon et la stupidité du collège unique. C’est oublier les idéologues comme Merieu qui sont loin d’être des pantouflars.

            Parler de la morale à l’école en le résumant à un lavage de cerveaux me semble être un raccourcis qui n’honnore pas votre reflexion. «  Pourquoi faire ? » dites-vous. Pour comprendre comment vous avez tord, il vous faudrais lire Peguy (L’argent). Il semble que vous regardez hier avec les valeurs d’aujourd’hui en oubliant le role que joue « l’école » dans la structuration de la société, a toutes les époques. « O tempora, o mores ».

            Je préciserais que les guillemets à « têtes blondes » sont inutiles. Dans leur grandes majorités, elles étaient en effet blondes.

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            • RGT // 02.09.2017 à 11h23

              Je tiens à vous rappeler que « l’école publique pour tous » avançait sous le faux-nez de « l’égalité pour tous » et les seuls qui étaient convaincus de la justesse de ce système étaient les enseignants qui étaient au contact de la population et qui « éclairaient » les plus démunis contre « l’obscurantisme » de l’Église tant honnie.

              La lutte de la laïcité contre « l’obscurantisme » qui faisait de l’instituteur et du curé deux ennemis totalement irréconciliables.

              Et de plus, « l’éducation pour tous » au XIXè , en dehors du fait de bien formater les cerveaux permettait, en enseignant juste le strict nécessaire (un peu lire et compter mais sans réfléchir), de créer une meute d’ouvriers capables de lire des instructions écrites afin d’éviter de perdre le temps de leur expliquer leur mission.

              N’oubliez pas que les « vacances scolaires » ont été le passage obligé pour que les enfants des campagnes aillent à l’école tout en continuant à travailler dans les champs à aider leurs parents (qui sont bien sûr restés dans la misère).

              L’école de la République a été conçue à la base pour être « élitiste » afin que les « frontières sociales » ne bougent surtout pas.

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            • Olivier // 09.09.2017 à 16h09

              Ah, je n’avais pas vu votre réponse.

              Interessante. Mais aucune ecole n’a pour vocation de faire bouger la structure de la société. Bien au contraire il s’agit de la pérenniser et de la stabiliser. Des Romains a la charte de la laïcité, ce n’est que la continuité, pas la révolution. En revanche, faire de l’entrisme a l’ecole pour en faire le vecteur de changement est une forme de manipulation – parfois légitime (systeme totalitaire).

              « le strict nécessaire (un peu lire et compter mais sans réfléchir) »

              Je suis tres gené. Il faut lire le rédactions des années 20 30 ou 50 pour comprendre que la capacité a construire un raisonnement articulé etais de loin superieur a celle d’aujoud’hui. Les mouvements ouvriers etait bien plus vivant à cette époque et les débats dans les cafés etaient plus courant. Et la cause est simple : (pour faire simple mais il n’y avais pas que ca évidement) on a cru qu’eclairer l’esprit des enfants au rationalisme les couperais de la religion. Nos enfants aujourd’hui en revanche ne savent plus comprendre un texte écris : c’est inquiétant.

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        • olivier // 01.09.2017 à 15h37

          J’ajouterais également que l’école était encore la plupart du temps assurée par les religieux et autres congrégationnistes. Le 19e siècle fut chaotique à plus d’un titre pour la république, il lui fallait donc « combattre » la religion et son pouvoir d’enseignement pour le remplacer par celui de la république (d’ou les notions de « morale patriotique » qui donnèrent le corpus idéologique nécéssaire à la boucherie de la 1er guerre mondiale). Il y avait une part de haine chez Ferry. Plus que Ferry on oubli souvent Guizot, véritable artisant de la généralisation de l’instruction primaire sous Louis-Philippe 1er.

          https://www.herodote.net/29_mars_1880-evenement-18800329.php

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    • Vincent // 01.09.2017 à 14h35

      L’école que vous décrivez est celle qui a été mise en place au début de la 3ème République, et qui a été effectivement critiquée par Bourdieu.

      Mais l’école que l’on connait aujourd’hui est celle qui, depuis les années 1970, s’est progressivement transformée notamment sous l’effet de la critique bourdieusienne. Celle ci était à la base intelligente, mais comme souvent, la mise en œuvre par des idéologues a conduit à une catastrophe.

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  • fanfan // 01.09.2017 à 12h33

    Un article intéressant d’Yves Besançon : Une école élitiste au service de la reproduction sociale
    http://www.humanite.fr/une-ecole-elitiste-au-service-de-la-reproduction-sociale-612094

    Pierre Bourdieu : https://www.youtube.com/watch?v=w8AFX1VZJS8
    Osons causer – Bourdieu, Passeron – les Héritiers (1964), La Reproduction (1970) : https://www.youtube.com/watch?v=Z8KIGWTYLqM

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    • Vincent // 01.09.2017 à 14h49

      Ces articles sont hors sujet.

      L’école des années 1950 / 1960 a constituée un formidable ascenseur social. Pas assez selon Bourdieu, mais tout de même mieux que n’importe quel autre pays.
      Bourdieu analyse bien pourquoi l’école républicaine n’est pas totalement égalitaire, en raison de l’héritage culturel des parents. Mais la destruction de l’école qui a suivi, loin d’être plus égalitaire, a au contraire éloigné les classes populaires de l’accès à la culture…
      Je vous conseille la lecture, même si le sujet est légèrement différent, de :
      http://descartes.over-blog.fr/2017/08/apb-mission-impossible.html
      et des fils de discussion en dessous

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  • Martin // 01.09.2017 à 12h45

    Le taux d’echec ne reflète pas que le niveau des étudiants, une de mes prof nous avait dit en amphi qu’ils limitaient le nombre d’étudiants qui pouvaient passer, qu’ils se fixaient une sorte de numerus clausus. J’ai raté ma 2eme année de licence de physique après un redoublement en 1ere année, c’était il y a à peu près 10 ans. Après mon redoublement en 2eme année, après les premiers exams en janvier, sur 35 étudiants seuls 3 avaient la moyenne (d’autres étaient juste en dessous). Une des profs a commencé son cours sans que personne ne vienne lui en parler en disant qu’ils limitaient le nombre d’étudiants en licence qui pouvaient passer, en fonction du taux d’emploi en sortie d’école d’ingénieur. À l’époque on pouvait passer de la 2e année de licence à une école d’ingénieur même si c’était rare, je ne sais pas si c’est toujours le cas en L2. Elle a dit que comme le taux d’emploi au bout de 6 mois après une école d’ingénieur diminuait, les écoles acceptaient moins d’étudiants après la L2, et qu’ils étaient obligés de diminuer le nombre de reçus. Je ne sais pas s’ils limitaient aussi en L1, le taux de réussite était d’environ 1/3 en L1.

    Ce qu’on peut avoir en tête, c’est que la totalité des profs des matières scientifiques sont issus d’écoles d’ingénieur et pas de la fac. Pour beaucoup d’étudiants, la fac est faite pour apprendre des choses alors que les écoles d’ingénieur forment à un métier. Les profs voyaient la fac comme une prépa au rabais, selon moi parce qu’ils ont un biais par rapport aux écoles d’ingénieur. Je crois qu’il n’y avait pas encore de stage en fin de license, mais il y avait déjà l’objectif de professionnaliser la licence.

      +2

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    • Jsword // 01.09.2017 à 14h45

      Idem pour moi j’étais en licence de physique de 2005 à 2007. L’université ajuste la notation pour que le nombre voulu d’étudiants passent à l’année supérieure pour limiter le nombre d’élèves en entrée de master. Les nombres de place en master étant définis en fonction des débouchés (si le taux d’insertion après le master est trop faible, ils baissent le nombre de places).

      Au dire de mes anciens enseignants cela n’a pas changé, ce qui a changé par contre c’est que dans le tiers qui arrivent à passer en L2, ils y a moins de bon élèves qu’il y a dix ans, les étudiants ne fournissant plus aucun travail chez eux en dehors des cours et travaux dirigés. Les TD doivent à la base être en grande partie consacrés à la correction/explication des exercices à faire chez soi, mais seulement 2 ou 3 élèves sur 30 les prépares…

        +3

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  • Jeanpaulmichel // 01.09.2017 à 13h49

    Bonjour,
    S’il est indéniable que le niveau moyen à baissé, la valeur du baccalauréat est en réalité fonction de la mention obtenue ou pas.
    Je vais sûrement faire hurler mais un bac S avec une mention TB ou B représente de bonnes chances de réussite dans les études supérieures scientifiques alors qu’avec un 10 de moyenne obtenu de surcroît au rattrapage, entamer des études longues est quasiment voué à l’échec quand bien même il y ait des exceptions.
    Voir ce qu’il se passe en médecine par exemple. Études très sélectives certes mais plus de 50% des étudiants ont un niveau scolaire fragile et devraient à minima se remettre à niveau.

      +2

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    • willkane // 01.09.2017 à 15h15

      Je suis donc un contre exemple: étude de médecine avec passage en PACES du premier coup alors que je n’ai pas eu de mention au Bac …

        +2

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      • Idomar Yasagof // 01.09.2017 à 17h58

        Probablement parce que vous êtes un fainéant doté d’un bon cerveau qui s’est activé lorsqu’il a trouvé un intérêt !
        Ceci dit après vous avez du bosser et beaucoup !

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      • Guepe // 05.09.2017 à 22h58

        Ca s’appelle une anomalie statistique. La quasi totalité des sans mentions foire, avec 1 ou 2 années.

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  • Jeanpaulmichel // 01.09.2017 à 14h03

    En complément de mon précédent commentaire, les classes préparatoires aux grandes écoles ne s’y trompent pas en exigeant un niveau d’entrée très élevé afin d’éviter des taux d’échecs catastrophiques.
    Et quand bien même un étudiant échoue, son niveau est tel que très souvent l’équivalence en L1 ou L2 est accordée.
    Le travail paie toujours dans les études supérieures et notre jeunesse n’a que très rarement été confrontée à un tel niveau d’exigences.

      +3

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    • Alfred // 01.09.2017 à 14h19

      Vous avez tout à fait raison. En fait le système n’a changé en rien.. ce qui a changé c’est qu’on ment à 80%de la population. Avant c’était clair. Le bac général c’était pour les Bourges ou les très brillants et gros bosseurs. Maintenant c’est soit disant démocratisé. En fait c’est dissimulé. On ne rend pas service aux classes populaires par ce moyen. On les confine.

        +7

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      • Haricophile // 01.09.2017 à 22h01

        Voir et revoir « Incultures » et quand il explique simplement avec les bras que plus d’égalité des chances c’est ouvrir le goulot d’étranglement en haut de la pyramide, et qu’en fait on a élargit la base de la pyramide… donc exacerbé la violence de la concurrence en haut.

        Ce n’est pas parce qu’on a augmenté la quantité d’élèves au bac (et encore on sous estime totalement le nombre d’élèves mis hors-circuit avant) qu’on a amélioré l’égalité des chances de qui que ce soit, bien au contraire.

        Nous avons un société ou les 0,1% ont fait des profits colossaux, les 1% se sont enrichis comme des porcs, 10% on un peu progressé, et 90% trinquent. S’il y a un échec de l’éducation, il est bien là, et ça demande une sacrée remise en question qui va bien au delà du pouvoir des pédagogues.

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        • Alfred // 01.09.2017 à 23h49

          Vous parlez de Franck Lepage je suppose ? Effectivement il est très bon.

            +0

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  • Vincent // 01.09.2017 à 14h16

    Le problème est la massification du BAC général, S en particulier, qui est allée avec une perte de compétence, très inégale selon les territoires.
    Pour beaucoup d’élèves de terminale S, un « cosinus » ou une « dérivée », c’est un peu du chinois, même s’il arrivent, plus ou moins, à répondre à certaines questions posées par imitation d’une question déjà vue.
    Les élèves qui ont réellement le niveau d’une classe de terminale, et qui ont assimilé les notions, sont en principe correctement armés pour le supérieur.

    Il faudrait revenir à un bac exigeant, ce serait le meilleur service à rendre au pays, et notamment aux enfants des classes les moins favorisées, dont la famille n’aura pas pallier aux défaillances du système scolaire.

      +4

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    • Manuel // 01.09.2017 à 18h28

      J’ai vu beaucoup d’élèves pour faire une école de commerce ou HEC ou Essec qui passent par le Bac S.

      Qu’on renvoie ceux qui veulent faire des études de sciences en scientifique, et l’économie en ES? Notamment en relevant le niveau de mathématiques en ES. C’est trop demandé ?

        +1

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  • Raoul // 01.09.2017 à 15h58

    Le passage du lycée à la fac a toujours été une rupture et a pu conduire à nombre d’échecs. Ce n’est pas nouveau, mais, si je remonte de 40 ans, le facteur clé de la réussite restait tout de même la motivation car le niveau à la sortie du bac était tout à fait suffisant pour entreprendre des études supérieures (mais il est vrai que certains domaines, comme la médecine, appliquaient une sélection très forte).

    Aurait-ce changé ? Si c’est le cas, alors il faut cesser de croire qu’on résoudra le problème par un coup de baguette magique en travaillant sur la transition. Il faut appeler un chat un chat et reconnaître que le problème se situe en amont, dans le secondaire, voire dans le primaire puisqu’il semble que certains bacheliers auraient des difficultés pour lire et écrire.

    Il est impossible de construire quelque chose de solide sur du sable. Les bases doivent être bien maîtrisées et aucun processus de transition n’y pourra rien changer.

      +2

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  • willkane // 01.09.2017 à 16h13

    Avec l’instauration de l’ubuesque « droit à la poursuite d’études en master » http://www.letudiant.fr/etudes/3es-cycles-et-masters/selection-en-master-mode-d-emploi-du-droit-a-la-poursuite-d-etudes.html
    on va se retrouver avec 50% d’une classe d’age au niveau du master … mais sans garantie d’emploi.
    (je caricature a peine …)

      +2

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  • brigitte // 01.09.2017 à 21h30

    je vous conseille la lecture de « le capitalisme a t-il une fin? » d’un collectif de socio-économistes anglo-saxons. Parmi les échappatoires que le capitalisme utilise pour survivre il y a l’inflation des diplômes, considéré comme du keynésianisme masqué. Cela permet de faire reculer le chômage de masse en retardant l’âge d’entrée dans la vie active et de donner l’illusion à une large partie de la population qu’elle va bénéficier d’un avenir meilleur. Résultat comme pour la monnaie, la valeur des diplômes se déprécie et il en faut toujours plus pour trouver un emploi. De plus, l’intervention massive de l’état dans l’éducation permet de sauver la face d’un point de vue idéologique en faisant croire que la société se donne les moyens de lutter contre les inégalités, le graal de toute politique sociale….Dans les faits, en tout cas en France, on a des générations de bacheliers qui ne savent ni lire ni écrire correctement et qui connaissent juste quelques bonnes recettes de culture générale, prêtes à être débitées en tranche, comme le salami.

      +3

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    • Guepe // 05.09.2017 à 23h34

      Des bacheliers qui ne savant ni lire et écrire ? Mais vous vivez où sérieusement ? O_o

        +1

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  • Guepe // 05.09.2017 à 23h17

    Toujours marrant d’entendre ces socialistes qui fréquentent assidument ce site et qui pratiquent, en quelques sorte, eux memes une reproduction sociale.

    L’enseignement supérieur , pas démocratisé pour les classes aux bas revenus. Lol, on n’en parle des logements Crous à 200/300 euros par mois à Paris, à destination des boursiers ? On en parle des exemptions des frais de scolarité pour les boursiers ? Des bourses qui peuvent monter jusqu’ à 5000 euros / an ? Des restos U, qui offrent des repas complets à 3,25, avec entrée , plat, dessert ? Il est indéniable qu’il est maintenant plus facile pour les ménages aux bas revenus de scolariser leurs enfants dans le supérieur

    Mais quand est ce qu’on va se pencher sur la raison de ce  » trop plein » d’étudiants, si ce n’est une politique qui privilégier les résultats ( le pourcentage de réussite au Bac) sans se soucier du niveau. et c’est ainsi qu’on note certaines matières au BAc sur 24, que le programme de maths devient compatible avec le mannequinat, qu’on organise des TPE ( la Touche de Points Etatiques )…. Nivellement qu’on exporte meme au collège, Egalitarisme oblige , avec suppression des classes bilingues , arret de l’enseignement du latin et du grec, redoublement aussi exceptionnel que l’alarme incendie?… La preuve de ce nivellement , les élèves marocains qui débarquant en prépas font très souvent partis du haut panier de la classe. Evidemment vu que leur programme n’a pas beaucoup changé depuis le bac C.

    Je passe aussi sur la dévalorisation constante des filières non général ( je dirais meme non S) , qui ne sont vus par les enseignants que comme la collecte des « Inférieur à 10 « .
    Le système de Tutorat en médecine à efficacement permis aux classes populaires qui ne pouvaient pas se payer de prépas d’avoir les memes chances que les aisés sans faire une année MacDo avant. Et tout cela , sans la délicate touchette étatique que les uns et les autres réclament sur ce site mais financer grace à des partenariats avec des entreprises privées [modéré]

    Et d’ailleurs, oui ,les fils d’ouvriers et d’employés doivent plus se bouger le cul que les autres. ET donc ? En quoi ils ne devraient pas le faire ? Parce que  » C’est vraiment trop injuste » comme le disait Caliméro ?

    Tiens ,d’ailleurs, le gouv. recherche des volontaires civiques pour aider à faire les devoirs après l’école. Pourquoi pas vous ? 🙂

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