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16.avril.201816.4.2018 // Les Crises

L’accord avec la Corée du Nord est-il un cheval de Troie pour la transformation du Moyen-Orient ? Par Alaistair Crooke

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Source : Strategic Culture Foundation, Alastair Crooke, 22-03-2018

Il est clair que la présidence de Donald Trump entre dans une nouvelle phase. Il a le vent en poupe : il a maintenant des succès à son actif, et semble enhardi, et prêt à poursuivre son style personnel impulsif et instinctif qui, selon lui, l’a conduit à la Présidence. Les choses sont sur le point de devenir « intéressantes » (au sens chinois). Il se défait de ses entraves (Tillerson sur le JCPOA [accord de Vienne sur le nucléaire iranien ou plan d’action conjoint, NdT] ; et Cohn sur les droits de douane). Et d’autres « impedimenta » conventionnels (c’est-à-dire McMaster) pourraient aussi disparaître dans les jours à venir. Le général Mattis se sentira peut-être un peu seul à l’avenir.

Tillerson a déclaré en octobre dernier : « Le président est une personne très peu conventionnelle, comme nous le savons tous, pour ce qui est de la façon dont il communique, de la façon dont il aime créer des événements qui forcent à l’action. Ainsi, le Président prend souvent des mesures pour faire « bouger » les choses lorsqu’il a l’impression que les choses ne bougent pas ». Ainsi, il semble que Trump fait « bouger » les choses maintenant. Mais dans quel but ? Et, plus important encore, ce but est-il réaliste ou nous mènera-t-il à la catastrophe, voire à la guerre ?

Trump adore prendre des risques et augmenter la mise. Et ses choix de remplaçants pour les licenciements de cette semaine reflètent cela : David Stockman décrit Larry Kudlow comme étant « (très, très) à l’ouest depuis des années, sur les questions plus importantes des déficits, des réductions fiscales, de l’impression de l’argent de la Fed, des taux de croissance économique et, par-dessus tout, ses encouragements incorrigibles pour les bulles financières en série de Wall Street ». En bref, Trump met de côté la prudence du banquier conventionnel de Cohn, afin de doubler la mise sur l’économie de l’offre (un risque important lorsque la dette publique représente déjà 105 % du PIB nominal et que les États-Unis ont déjà un besoin d’emprunt de trois billions [un billion, échelle longue : mille milliards, NdT] de dollars de plus déjà prévu pour les trois prochaines années).

Et il vient de jeter par-dessus bord la diplomatie à l’ancienne, courtoise et conventionnelle, de Tillerson, pour celle d’un « faucon » clivant – Mike Pompeo. Pas n’importe quel vieux faucon, mais un faucon anti-Corée du Nord, ainsi qu’un faucon anti-Iran ; et un faucon contre la Russie aussi. Et, pour compléter l’image, c’est un islamophobe (comme le démontre longuement Jim Lobe), et – comme Trump – un fidèle partisan d’Israël.

« Deux jours seulement avant d’être nommé successeur de Rex Tillerson au poste de secrétaire d’État », Uri Friedman a déclaré dans The Atlantic : « Le directeur de la CIA, Mike Pompeo… un critique impitoyable de l’accord nucléaire avec l’Iran, s’est juré de ne pas répéter les erreurs de Barack Obama. Ce qu’il a promis était stupéfiant : que le président Trump obtiendrait un meilleur accord avec la Corée du Nord… que son prédécesseur l’avait fait avec l’Iran, qui n’avait pas encore acquis d’armes nucléaires ». Friedman poursuit : « L’administration précédente négociait dans une position de faiblesse. Cette administration négociera à partir d’une position de force énorme »… Le plan de l’administration pour les pourparlers,a expliqué [Pompeo], est de maintenir et d’augmenter la pression économique sur la Corée du Nord tout en visant la « dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible du pays… [contrairement à Obama, qui a laissé] « les Iraniens avec une capacité émergente » pour produire des armes nucléaires, a observé Pompeo. Le « capital humain et la capacité d’enrichissement » derrière le programme d’armes nucléaires de l’Iran « restent toujours en place » malgré l’arrêt des essais, a-t-il averti – et « le président Trump est déterminé à empêcher que cela ne se produise en Corée du Nord ».

Friedman commente : « Ce qui a rendu remarquables les commentaires de Pompeo n’est pas seulement son affirmation selon laquelle les États-Unis pourraient contraindre la Corée du Nord à faire ce que la plupart des experts pensent que la Corée du Nord ne fera jamais : abandonner complètement ses armes nucléaires. C’est aussi le degré de confiance qu’il a fait valoir, compte tenu de ce qu’il a dit dans le passé avec la Corée du Nord ».

Il n’est pas surprenant que la presse américaine et européenne se demande si Trump, en nommant Pompeo secrétaire d’État a finalement succombé aux néo-conservateurs (d’autant plus que John Bolton semble être envisagé pour un poste élevé dans l’administration de Trump). Cela a incité des commentateurs sérieux et réfléchis à prédire que la nomination de Pompeo, plus Bolton attendant dans les coulisses, suggèrent que nous nous dirigeons vers une guerre avec l’Iran et la Russie.

Cela est peut être vrai, mais peut-être devrions-nous essayer de décortiquer cela un peu plus. « L’État américain anti-Trump secret », et ses collaborateurs parmi les Européens et les services de renseignement européens « mondialistes », augmente de toute évidence la pression sur la Russie – espérant pousser le président Poutine à une réaction excessive mal évaluée, qui obligerait Trump à prendre des mesures irréversibles et de rupture à l’encontre de la Russie. Ils espèrent coincer Trump pour qu’il coupe les ponts avec Poutine, pour de bon. Mais Trump plie un peu sous la force extrême de ces vents, mais reste à flot – et le président russe fait de même, malgré la violence des provocations graves.

Trump cherche-t-il la guerre avec la Russie ? Non. Mais l’état secret oui ; et fera tout ce qu’il faut pour l’obtenir. Trump veut vraiment la guerre avec la Russie. En fait, il veut que le président Poutine l’aide à faire la paix au Moyen-Orient.

Tillerson est mis de côté non pas parce que Trump veut la guerre nucléaire, mais en raison de l’inadéquation entre le mode de négociation de Trump – tel qu’exprimé dans The Art of the Deal [traduit en français sous le titre Trump par Trump, NdT] – et la diplomatie conventionnelle de construction de bonnes relations et d’un rapport avec ses homologues, telle qu’elle est menée par Tillerson. Trump ne croit tout simplement pas que la méthode de Tillerson fonctionne. Cette dernière n’est clairement pas la voie de Trump. Il n’y croit pas. Il exige un effet de levier. Il insiste pour montrer sa force. Il multiplie les menaces à des niveaux apocalyptiques ; il pousse les enjeux à la hausse et, au moment où il semble que les tensions vont inexorablement exploser, il tente de conclure un accord.

Je suggère que c’est le message de Pompeo : c’est lui qui permet de pousser les enjeux jusqu’à l’extrême limite ; le faucon qui fait craindre – et croire – à chacun que le conflit est inévitable ; mais qui – une minute avant minuit – propose un marché. Il s’agit d’un processus totalement différent de l’approche laborieuse, progressive et par étapes de la diplomatie conventionnelle. Tillerson aurait-il vraiment pu rendre crédible un tel bluff – de guerre imminente, de « feu et de fureur » ? Il est peut-être trop gentil.

Alors, qu’est-ce qui se passe ? Trump, semble-t-il, est suffisamment enhardi pour essayer de déployer son « plan » pour la paix au Moyen-Orient. Il ne s’agit pas tant d’un « plan » au sens conceptuel, mais plutôt d’une série d’étapes transactionnelles qu’il semble avoir à l’esprit. Mais la clé de cet enchaînement est la « graine » plantée par Mark Dubowitz et la Fondation pour la défense des démocraties (FDD), qui est financée principalement par des partisans de droite d’Israël, dont le milliardaire Sheldon Adelson, un proche allié du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. C’est un partisan de longue date de la guerre contre l’Iran.

Politico décrit Dubowitz comme « un conseiller extérieur clé de l’administration Trump sur l’Iran ». Et le point sur lequel Dubowitz a insisté avec Trump, c’est que tout accord nucléaire nord-coréen est intimement lié au JCPOA iranien – et que les deux sont en fin de compte liés à l’établissement de la paix au Moyen-Orient.

La thèse de la FDD est que « l’axe Iran-Corée du Nord remonte à plus de 30 ans. Les deux régimes ont échangé leur expertise nucléaire, ont largement coopéré dans le domaine des technologies des missiles et se livrent à des manœuvres similaires contre les négociateurs occidentaux. La crainte : Téhéran utilise Pyongyang pour des travaux qui ne sont plus autorisés dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015 [c’est-à-dire sur les têtes nucléaires] tandis que [l’Iran] met au point des systèmes de lancement de missiles dérivés de la Corée du Nord, importés à domicile [qui ne sont pas couverts par la JCPOA] ». Ou, en d’autres termes, que Pyongyang a sous-traité à elle-même le développement d’une ogive nucléaire compatible avec un ICBM [missile balistique à longue portée (plus de 5 600 km), NdT], tandis que Téhéran – d’autre part – se concentre sur le développement de la capacité des missiles. Et cette présomption d’une division du travail entre la Corée du Nord et l’Iran est essentiellement à l’origine de la demande de Trump selon laquelle les Européens doivent amener l’Iran à renoncer aux clauses dites « sunset clauses » [clauses crépusculaires, qui prévoient de lever certaines contraintes après 2025, NdT] et au programme de missiles iranien – de peur que l’Iran ne permette à la Corée du Nord de se doter de la capacité de lancer une bombe sur les États Unis.

Y a-t-il vraiment cette conspiration ? Il y a peut-être eu une certaine coopération il y a quelques années, à l’époque de A. Q. Khan au Pakistan, mais la thèse du FDD est plus spéculative que substantielle. Les objectifs de la Corée du Nord et de l’Iran diffèrent : la Corée du Nord veut des missiles intercontinentaux qui peuvent atteindre l’Amérique. L’Iran ne le veut pas. Il veut des missiles à courte et moyenne portée pour l’autodéfense.

Quoi qu’il en soit, il y a des raisons de croire que l’hypothèse de travail de Trump est basée sur la théorie de la FDD. De plus, le fait de mettre fin à cette supposée interaction entre l’Iran et la Corée du Nord constitue le pilier sur lequel repose « l’accord du siècle » de Trump pour le Moyen-Orient.

Le travail de Pompeo est donc de convaincre Kim Jong-un qu’il risque la destruction totale s’il ne se dessaisit pas de son programme nucléaire ; et de faire quelque chose de semblable à l’Iran en ce qui concerne son (hypothétique capacité nucléaire émergente) et son programme de missiles : c-a-d Pompeo doit parvenir à une double dénucléarisation en faisant monter les enjeux jusqu’au point où tout le monde craint la guerre – dans l’espoir que la Corée du Nord et l’Iran seront ceux qui reculeront les premiers (Trump par Trump).

Et cette « double dénucléarisation » – selon ce raisonnement – renforcera la sécurité d’Israël et de l’Arabie saoudite : l’Arabie saoudite peut normaliser ses relations avec Israël, et ce dernier peut alors faire quelque chose pour les Palestiniens (selon l’optique de la Maison-Blanche). La dernière partie de cette construction étant un accord tacite que la Russie retiendra l’Iran, la Syrie et le Hezbollah ; et Trump s’engagera à retenir Israël… La paix à notre époque ?

Peut-être. Mais juste pour être bien clair, il s’agit d’un projet très risqué, qui pourrait bien conduire à la guerre. La Corée du Nord peut considérer le « feu et fureur » de Trump et Pompeo comme du bluff (laissant Washington sans autre « porte de sortie », que cette même action militaire que le bluff était censé éviter). L’Iran peut également décider d’ignorer Pompeo ; il a appris à se méfier de la parole de l’Amérique. Israël peut craindre les armes conventionnelles de l’Iran autant – ou plus – que les armes nucléaires inexistantes de l’Iran.

Et puis, il y a la question de savoir si l’Amérique est actuellement « capable de conclure des accords » ? L’État fédérateur des États-Unis est divisé. Pour qui ou quoi parle Trump ? Trump peut-il donner à la Corée du Nord ou à l’Iran des garanties de sécurité crédibles en cas d’accord ? Le Congrès coopérerait-il ? L’État clandestin coopérerait-il ? Le super-faucon Pompeo restera-t-il fidèle à la vision de Trump ? Les néo-cons manipuleront-ils ce processus vers les conflits qu’ils cherchent à déclencher ?

Eliot Cohen dans L’Atlantique a écrit au sujet de Pompeo :

« Il est parfois décrit comme loyal envers Trump, mais cela n’a pas de sens : personne n’est loyal envers Trump – c’est un être humain trop grossier pour attirer de tels attachements personnels normaux. L’administration n’est pas divisée entre ceux qui sont loyaux envers Trump et ceux qui ne le sont pas. Elle est plutôt divisée entre ceux qui savent manipuler sa vanité, ses haines, ses sensibilités, et ceux qui ne le savent pas. »

Trump peut découvrir que l’intransigeance de ses adversaires présumés n’est pas son plus gros problème, mais entraîner Washington – et toutes ses haines ardentes – avec lui, représente le plus grand défi.

Source : Strategic Culture Foundation, Alastair Crooke, 22-03-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Fabrice // 16.04.2018 à 06h53

Le gros problème dans la politique américaine c’est que les USA pensent que personne ne cherchera réellement à les affronter miltairement directement pour le moment, vu que sur les autres points ils sont contestés.

Donc ils font un coup de poker pour faire plier la Russie, l’Iran – Syrie, la Chine, le problème c’est combien de temps ça marchera, car leur pétard mouillé en Syrie à prouvé que leur force était vacillante.

Un jour un plus gros morceau fera tapis et là les USA seront dans les cordes avec le choix de se coucher (se dont je doute) ou de balancer l’artillerie lourde pour le plus grand malheur de la planète et nous.

Car je suis convaincu qu’ils refuseront de voir leur primauté disparaître, plutôt voir le monde disparaître que ça.

22 réactions et commentaires

  • Fabrice // 16.04.2018 à 06h53

    Le gros problème dans la politique américaine c’est que les USA pensent que personne ne cherchera réellement à les affronter miltairement directement pour le moment, vu que sur les autres points ils sont contestés.

    Donc ils font un coup de poker pour faire plier la Russie, l’Iran – Syrie, la Chine, le problème c’est combien de temps ça marchera, car leur pétard mouillé en Syrie à prouvé que leur force était vacillante.

    Un jour un plus gros morceau fera tapis et là les USA seront dans les cordes avec le choix de se coucher (se dont je doute) ou de balancer l’artillerie lourde pour le plus grand malheur de la planète et nous.

    Car je suis convaincu qu’ils refuseront de voir leur primauté disparaître, plutôt voir le monde disparaître que ça.

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  • Bellot // 16.04.2018 à 07h59

    Le système politique us est l’un des problèmes, un parmi tant d’autres.
    En occident, nos « élites » politiques ressemblent de plus en plus à une écurie de poulains où le plus pugnace, retors, intransigeant et infiniment servile l’emporte.
    Seule la volonté populaire est à même de nettoyer les écuries d’Augias et mettre un terme à la Ferme des animaux.

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    • Wissenmeyer // 16.04.2018 à 17h35

      Nos élites ? Mais ça fait des siècles , voir des des millénaires que les élites se comportent ainsi . Assurbanipal , Alexandre le grand , César , Louis XIV , Napoléon , Hitler , Staline pour ne citer qu’eux .

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    • RGT // 17.04.2018 à 11h56

      « Seule la volonté populaire est à même de nettoyer les écuries d’Augias et mettre un terme à la Ferme des animaux. »

      Vous êtes un doux rêveur.

      La volonté populaire est insignifiante, et l’évolution de la société a même permis de la museler de plus en plus fermement.

      En dehors des 10% les plus mal lotis, les 89,9% des « moins bien lotis » son pris à la gorge par des crédits à la con-sommation qui leur permet d’acquérir des « produits de luxe » jetables (automobiles, écrans géants plasma, etc…) et ils réfléchiront à 10 fois avant de bouger et de risquer de tout perdre.

      C’est bien là que se situe le nœud du problème : La dette.

      Quand il s’agit de survie les humains sont prêts à bouger, mais quand ils risquent de perdre les quelques miettes qui leurs sont concédées ils font comme les autruches mettent la tête dans le sable pour ne pas voir leur fin proche et surtout pour ne pas voir ceux qui aujourd’hui sont dans la situation que sera la leur dans quelques années.

      Je prédis que les crédits ne se tariront pas car ils sont à la base de l’asservissement des peuples.
      Plus de crédits, plus de chantage sur les gueux.

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  • max // 16.04.2018 à 08h12

    Les USA pensent que leur domination prendra fin dans quelques années, pour empêcher cette situation en devenir, ils doivent mater la Russie/Chine.
    Quand la Russie dit : on ne tombera pas dans le piège d’une nouvelle guerre froide.
    D Trump lui réponds : nos relations sont pires que du temps de la guerre froide.
    Maintenant aux niveaux sanctions, il met de plus en plus la Russie sur le même plan que la Corée du Nord.
    Pourquoi pour les USA l’usage du militaire remplace-t-il les autres moyens ?
    Simplement que sur de nombreux plans :
    Industriel
    Commercial,
    Brevets,
    IA, 5G
    D’autres compétiteurs font aussi bien et même mieux que les USA et la guerre des normes avec la Chine s’engage mal.
    Le militaire est pour l’instant la ou ils pensent être en supériorité sans partage.
    Il faut un rapprochement militaire Russie/Chine et les limites doivent être tracées.
    La Russie et la Chine ne veulent pas de la guerre militaire, celle-ci ira à eux.

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  • eric // 16.04.2018 à 08h35

    « dans l’espoir que la Corée du Nord et l’Iran seront ceux qui reculeront les premiers »

    => article intéressant peut etre pour analyser comment Trump fonctionne, mais a coté de la plaque si il croit vraiment que la Corée du Nord va « reculer le premier ». Je reviens a peine de ce pays, et je peut vous assurer a 100% que se faire bombarder par les US, ou capituler devant eux, revient au meme pour un coréen (à tord ou a raison, mais ca s’explique pour des raisons historique, cf la Guerre de Corée)

    Par ailleurs, je vous rapelle que Kim est allé en Chine il y a deux semaines, son premier voyage officiel hors de Corée, et c’etait pas pour cueillir des champignons. A mon avis, il prépare lui aussi le rapport de force lors de la négo, et je pense qu’il jouera la carte « m’attaquer, c’est attaquer la Chine », chose que les US ne peuvent se permettrent.

    Voici je pense un meilleur facon d’aborder le problème : les Nord Corréens, parce qu’ils ont la bombe, ont forcé les US a venir a la table de négo. Eux sont prés a mettre sur la table la carte de la dénucléarisation totale EN ECHANGE (et ca sera pas négociable) de la dénucléarisation du Sud, et du départ de la totalité des troupes US.

    Comme les US clairement partiront jamais du Sud, il faut juste se dire que cette négo permettra juste de montrer au monde l’hypocrisie de la position US, a savoir qu’il ne sont pas la à cause de la menace du Nord envers le Sud, mais juste en raison de la position géostratégique de la peninsule coréenne, dans le containment Chinois et Russe. Avec la Nord qui mets sur la table la dénucléarisation, soit les US dégagent, soit ils devoilent leur véritable jeu (le meme depuis 1945)

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    • Chris // 16.04.2018 à 17h45

      « je peux vous assurer à 100% que se faire bombarder par les US, ou capituler devant eux, revient au même pour un Coréen »
      J’ajouterai même que le récent épisode de frappes occidentales indues sur la Syrie ne ferai que renforcer l’aversion féroce des Nords-Coréens pour le bloc atlantiste.
      Et je leur donne raison…
      Ils sont tellement imbus et arrogants qu’ils ignorent superbement la mentalité asiatique qui elle, fonctionne quasi en mode « fourmilière » : ils firent la même erreur au Vietnam et la répéteront. Les Asiatiques ne sont pas les Amérindiens…
      Todd a raison quand il dit que le niveau intellectuel de nos élites est bas, voire très bas : ils sont incapables d’imaginer un autre monde, d’extrapoler dans une autre culture : le complexe colonialiste ?

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  • relc // 16.04.2018 à 10h54

    A propos du paragraphe « Trump adore prendre des risques »

    « afin de doubler la mise sur l’économie de l’offre »

    C’est plus méchant. Le texte dit ‘supply-side’ economics, qui désigne la théorie macro-économique arguant que la façon la plus efficace de créer la croissance est de baisser les taxes et impôts et de diminuer les contraintes règlementaires.

    Et justement Larry Kudlow défend cette théorie, et d’une façon plutôt dingue (« off the deep-end »). C’est pourquoi David Stockman, qui présente son blog comme le seul endroit où les idées fausses et les discours hypocrites qui dominent, sur l’Etat Providence, l’Etat Sauveteur des faillis, la Bulle Financière et le Banditisme Washingtonien sont tordus et réfutés, voit dans la nomination de Kudlow au poste de directeur du Conseil économique national une quasi-certitude de catastrophe, (« soigner les déficits par la super croissance et obtenir la super-croissance par l’argent facile de la Fed »), malgré la « qualité » qu’il lui reconnaît d’avoir été un défenseur constant du libre échange.

    Il faut corriger
    « ont déjà un besoin d’emprunt de trois billions de dollars de plus »
    en
    ont un besoin d’emprunt de plus de trois billions de dollars
    « has a three trillion plus borrowing requirement « 

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    • Michel B. // 16.04.2018 à 16h38

      En attendant, le mois dernier, 588.000 personnes se sont désinscrites des « coupons-repas ».

      https://twitter.com/foxandfriends/status/985864132653006851

      Il faut aussi voir ce que va devenir le système financier, on sent bien qu’on est au bout de quelque chose : fin du dollar roi, peut-être aussi le dernier schéma de Ponzi ? et si jamais Trump vient à bout du Deep State, quid de la FED ?

      Il semble que Trump ne déroule pas une politique au fil de l’eau mais un schéma mûrement réfléchi. Sa stratégie commerciale et sa politique de relance de l’investissement d’infra structures créent des emplois de production, ce que les USA perdaient depuis longtemps.

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      • Mr K. // 16.04.2018 à 20h15

        La diminution importante du nombre d’américains bénéficiant des coupons alimentaires a peut-être à voir avec de plus en plus d’états américains voulant y associer des tests de dépistage de drogues plutôt qu’une forte création d’emplois?

        Fox, une source fiable?

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        • Michel B. // 16.04.2018 à 21h19

          Je ne sais pas, je n’ai pas vérifié.

          Trump revendique la création de 3.000.000 d’emplois depuis son élection ; en tout cas l’orientation des chiffres des sans emplois est à la baisse depuis plusieurs mois, toutes catégories confondues (https://www.bls.gov/web/empsit/cpsee_e16.htm)

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          • Mr K. // 16.04.2018 à 22h31

            Le gros problème de ces statistiques, 4,3% de chômage pour Q1 2018, est qu’elle ne tiennent pas du tout compte des personnes nombreuses qui ont renoncé à chercher un emploi. Parce qu’elles n’arrivent pas à en trouver.

            Une statistique officielle du BLS est U-6 qui tient compte partiellement de ce phénomène. Ainsi le taux de chômage CHIFFRE OFFICIEL AUX USA passe à plus de 8%… On retrouve sur cette page aussi U-3 taux de chômage, mais cette fois, par mois et non pas la moyenne du trimestre 1 2018 que vous avez fourni.

            https://www.bls.gov/news.release/empsit.t15.htm

            Sur ce site on retrouve U- 3 et U-6, ainsi qu’une estimation d’un réel qui serait bien plus élevé :

            http://www.shadowstats.com/alternate_data/unemployment-charts

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  • fanfan // 16.04.2018 à 13h41

    Résumé de la « National Defense Strategy » 2018 par John Mattis : “The central challenge to U.S. prosperity and security is the reemergence of long-term, strategic competition by by what the National Security Strategy classifies as revisionist powers. It is increasingly clear that China and Russia want to shape a world consistent with their authoritarian model — gaining veto authority over other nations’ economic, diplomatic, and security decisions »…
    https://www.defense.gov/Portals/1/Documents/pubs/2018-National-Defense-Strategy-Summary.pdf

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  • Michel B. // 16.04.2018 à 14h48

    Mon intuition est que Trump est en train de laisser les clés de la région à MbS (et au Conseil de Coopération du Golfe), qui a une vision du sujet israélo-palestinien (favorable à 2 Etats) très différente de celle de son prédécesseur.

    C’est très curieux ce qui se passe : d’un côté un déploiement de l’Ouest en fanfare, quelques frappes ciblées, et l’espace médiatique saturé par la question de la légitimité propre à mobiliser nos émotions. De l’autre il y a des frappes, dont on ne parle pas, qui visent les position du Hezbollah et de l’Iran sur le territoire syrien. Et puis le régime des Mollahs en difficulté face une contestation qui gonfle.

    Trump et ses alliés pour occuper la galerie face aux Russes, Israel et l’Arabe Saoudite pour remettre de l’ordre dans une certaine discrétion, en visant le changement de régime en Iran.

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  • max // 16.04.2018 à 17h56

    A terme la Russie peut vouloir se sortir de ces affrontements sans fin avec les USA, surtout que les frictions que les USA ont sont principalement avec la Chine.
    Il en va de même avec l’Iran, en 2016 la levée des sanctions sur les hydrocarbures iraniens a fait plonger le rouble (Lire RT de ce 16 avril 2018) et cet article de RT montre bien que les choses ne sont pas si simples, la Russie n’est pas forcément un allié de l’Iran et aussi de la Corée du Nord.
    Y compris pour la Syrie, ca devient plus une affaire entre l’Iran et Israël.
    La Russie ne voulant pas entrer dans des conflits sans fin, ce qui peut expliquer la non-réaction de la Russie.

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  • Chris // 16.04.2018 à 18h07

    Oui, il y a les mouvements que vous décrivez.
    Mais les Mollahs sont presque aussi tenaces et teigneux qu’un Kim Jong Un. Les protestations des Iraniens proviennent des sanctions occidentales qui durent depuis plus d’une décennie et que le JCPOA n’a que très partiellement levées, immédiatement suivies par d’autres au prétexte du programme balistique iranien.
    Comme pour le Vénézuéla, le Yémen, la Syrie, etc… il s’agit d’étouffer une économie pour que les populations excédées éjectent d’elles-mêmes leur gouvernement.
    Je doute que le Hezbollah ne tombe dans le panneau israélien, surtout si la Russie décide d’équiper la Syrie et le Liban de S400, dans le genre « assez rigolé, à poil maintenant ! »
    Israël se pose des questions sur la prochaine politique russe au M-O :
    https://www.haaretz.com/middle-east-news/putin-may-limit-israel-s-operations-in-syria-in-retaliation-for-strike-1.5995793
    https://www.haaretz.com/middle-east-news/syria-strike-live-updates-trump-vows-to-keep-pressure-on-assad-1.5995417

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  • Mr K. // 16.04.2018 à 19h17

    Avec John Bolton confirmé depuis la rédaction de cet article comme « conseiller à la sécurité nationale » de Trump, se complète une équipe de « furieux » dans son entourage.

    Le général Mattis, secrétaire à la défense semble avoir eu un rôle important pour limiter l’ampleur des récentes frappes sur la Syrie.

    Dès 2008 les néoconservateurs ont failli obtenir une attaque de l’Iran, évitée par l’opposition de l’US Navy.

    John Mc Cain en 2007 lui aussi obsédé par l’Iran faisant publiquement une blague sinistre sur un air célèbre des Beach Boys : Bomb bomb bomb, bomb bomb Iran

    https://www.youtube.com/watch?v=o-zoPgv_nYg

    Quand à John Bolton il est membre conseil de l’association bipartisane fondée en 2008 répondant au nom sans équivoque de « Unis contre un Iran nucléaire » (United Against Nuclear Iran). Association ayant comme membres notamment des anciens dirigeants des services secrets israéliens et américains. Et financée en particulier par Sheldon Adelson dont il est question dans le texte.

    Discours de John Bolton devant l’UANI le 19 septembre 2017. Il reprend notamment la rhétorique dont il est question dans l’article ci-dessus :

    https://www.youtube.com/watch?v=twB-8RASk4A

    Euh, on va où??

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    • Michel B. // 16.04.2018 à 22h04

      J’ai une théorie toute personnelle sur la nomination de Bolton : c’est une carte supplémentaire de dissuasion massive dans le jeu de Trump. Avec lui tout le monde se dit qu’une guerre néo-coloniale est possible, voire probable si la tension monte.

      Mais aussi critiquable soit-il, Trump a le mérite de dire ce qu’il veut faire et de faire ce qu’il a dit : je le crois sincère quand il revendique un monde multi-polaire où la paix remplace le chaos. Quelque soit son implication dans ses dossiers, depuis son arrivée des sujets de tensions se sont apaisés. Peut-être qu’un des hommes clés en sera Mike Pompeo, dont on peut observer lors de son passage à la CIA, que la menace ISIS a reculé et que les relation avec « RocketMan » se sont détendues. Il est normalement le prochain Secrétaire d’Etat.

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      • Mr K. // 16.04.2018 à 22h45

        Malheureusement force est de constater que très rapidement l’entourage initial de Trump correspondant (possiblement) à ce qu’il avait annoncé pendant la campagne a été purgé. Où sont :

        Détente et coopération avec la Russie ?

        L’OTAN structure obsolète ?

        réduction de l’interventionnisme militaire à l’étranger au profit des infrastructures?

        abandon du TPP (Trans-Pacific Partnership de retour)?

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        • Michel B. // 16.04.2018 à 22h55

          Ma lecture est qu’il casse délibérément tous les outils construits ou accaparés par les globalistes : ONU, OMC, OTAN, COP.

          Et il traite un à un tous les bâtons merdeux que son prédécesseur lui a laissé : ISIS, la Corée du Nord, peut-être l’Iran désormais. Toujours avec l’idée d’intégrer des locaux à l’élaboration de la solution .

          Pour ce qui est de son entourage, son premier besoin est de purger sa propre administration à la Maison Blanche, et il semble que ce soit une mission assignée à Bolton (https://thepoliticalinsider.com/ricky-waddell-announces-resignation/).

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  • AYIN // 17.04.2018 à 09h41

    J’ai trouve l’ensemble de l’article intéressant, mais a la fin le portrait de Trump par Eliot Cohen m’a fait sursauter :
    quand la campagne présidentielle américaine en était a ses débuts, j’avais cherche des infos sur Youtube.
    J’avais trouve une interview de Trump par un journaliste américain de plus d’une heure, avec sous-titres.
    Le rythme des questions-réponses était trop rapide pour rendre les mensonges faciles.
    Les questions-clé ne manquaient pas.
    J’en ai conclu que Trump est un homme de coeur.
    Je ne doute pas de faire rigoler la majeure part de vos lecteurs.
    Moi ce sont les prétentions d’Eliot Cohen et autres qui me font rigoler.

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  • Kapimo // 21.04.2018 à 22h57

    Nous ne pouvons à priori envisager que le chaos dans les temps qui viennent, avec Trump qui est pret à prendre tous les risques pour forcer certains pays à abandonner leurs systèmes de défense en échange d’accords à la solidité très hypothétique quand on voit a quel point les hommes de l’ombre derrière la façade Trump sont habités par une volonté hégémonique démente.
    La confiance n’existe plus du tout, et il faudrait retourner à des négociations plus sérieuses (user de diplomatie) pour que des débuts d’accords puissent etre trouvés.
    La solution à la crise mondiale que nous vivons se trouve probablement en Israel, qui doit laisser tomber ses chimères et brider Trump et l’état profond US. Le dernier article de Crooke donne un peu d’espoir.
    https://www.strategic-culture.org/pview/2018/04/10/as-west-and-russia-china-axis-lock-horns-israel-will-have-make-its-choice.html

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