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17.mars.202517.3.2025 // Les Crises

Le capitalisme mafieux conduit toujours à un État mafieux – Chris Hedges

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D’abord, nous avons eu une économie mafieuse. Et puis, nous avons un État mafieux. Nous devons nous débarrasser de la classe criminelle au pouvoir ou devenir ses victimes.

Source : Chris Hedges
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Kiss the Ring – par M. Fish (Baise l’anneau)

Baise l’anneau. Prosterne toi devant le Parrain. Donne-lui un tribut, une part du butin. Si lui et sa famille s’enrichissent, alors tu t’enrichis. Entre dans son cercle intime, avec les hommes et femmes qu’il a « faits », et tu n’auras plus à suivre les règles ni à obéir à la loi. Tu pourras étriper l’appareil gouvernemental. Tu pourras nous transformer, nous et le monde naturel, en biens marchands à exploiter jusqu’à épuisement ou effondrement. Tu pourras commettre des crimes en toute impunité. Tu pourras te moquer des normes démocratiques et de la responsabilité sociale. La perfidie est, dans un premier temps, très rentable. À long terme, c’est un suicide collectif.

L’Amérique est une kleptocratie de plein exercice. La démolition de la structure sociale et politique, commencée bien avant Trump, rend quelques uns très, très riches et appauvrit tous les autres. Le capitalisme mafieux conduit toujours à un État mafieux. Les deux partis au pouvoir nous ont donné le premier. Aujourd’hui, nous avons droit au second. Ce n’est pas seulement notre richesse qui nous est enlevée, mais aussi notre liberté.

Depuis l’élection de Donald Trump, Elon Musk, qui vaut actuellement 394 milliards de dollars, a vu sa fortune augmenter de 170 milliards de dollars. Mark Zuckerberg, qui vaut 254 milliards de dollars, a vu sa valeur nette augmenter de près de 41 milliards de dollars.

De belles sommes pour s’être agenouillés devant Moloch.

Au moins 11 agences fédérales qui ont été touchées par la campagne de coupes sombres de l’administration Trump sont sous le coup de plus de 32 enquêtes en cours, de plaintes en attente ou de mesures de sanction, cela concerne les six entreprises de Musk, selon une enquête du New York Times.

L’État mafieux ignore les contraintes légales et les réglementations. Il manque de contrôle externe et interne. Il cannibalise tout, y compris l’écosystème, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un terrain vague. Il ne sait pas faire la différence entre la réalité et l’illusion, ce qui occulte et exacerbe l’incompétence crasse. Enfin, l’édifice ainsi vidé de sa substance s’effondrera, laissant dans son sillage un pays qui n’est plus qu’une coquille vide dotée de l’arme nucléaire. Les empires romain et sumérien sont tombés de cette manière. Il en a été de même pour les Mayas et pour le règne sclérosé du monarque français Louis XVI.

Au stade final de la décadence de tous les empires, les dirigeants, axés exclusivement sur leur enrichissement personnel, installés dans leur version de Versailles ou de la Cité interdite, soutirent les dernières gouttes de profit d’une population de plus en plus opprimée et appauvrie et d’un environnement de plus en plus ravagé.

Une richesse sans précédent est inséparable d’une pauvreté sans précédent.

Plus la vie devient extrême, plus les idéologies le sont aussi. D’énormes segments de la population, incapables de faire face au désespoir et à la morosité, se coupent d’un univers fondé sur la réalité. Ils se confortent dans une pensée magique, un étrange millénarisme, qui s’incarne pour nous dans un fascisme chrétien, qui transforme les artistes conservateurs, les escrocs, les crétins, les charlatans, les gangsters et les arnaqueurs en prophètes tout en qualifiant de traîtres ceux qui dénoncent le pillage et la corruption. La course à cette auto-immolation accélère la paralysie intellectuelle et morale.

L’État mafieux ne prétend pas défendre le bien commun. Trump, Musk et leurs sbires abrogent rapidement les décrets relatifs aux réglementations en matière de santé, d’environnement et de sécurité, à l’aide alimentaire, ainsi qu’aux programmes à destination des enfants tels que Head Start [Head Start est un programme du Département de la Santé, de l’éducation et des services sociaux des États-Unis qui fournit une éducation complète, des services d’implication parentale, de santé, de nutrition, aux enfants à faibles revenus et à leurs familles, NdT]. Ils se battent contre une décision de justice visant à stopper leur démantèlement du Consumer Financial Protection Bureau, qui veillait à ce que les Américains soient remboursés de plus de 21 milliards de dollars pour annuler leurs dettes, leur attribuer des compensations financières et d’autres formes d’aide aux consommateurs. Ils suppriment l’Agence américaine pour le développement international. Ils ferment les bureaux des avocats fédéraux, qui permettent aux pauvres d’être représentés devant les tribunaux. Ils ont réduit de plusieurs milliards de dollars le budget de l’Institut national de la santé, mettant en péril la recherche biomédicale et les essais cliniques. Ils ont gelé les permis pour les projets solaires et éoliens, y compris lorsqu’il s’agissait des signatures nécessaires pour les projets sur des terrains privés. Ils ont licencié plus de 300 personnes à la National Nuclear Security Administration, l’agence qui gère notre stock nucléaire. Ils réduisent les effectifs du Forest Service, du Bureau of Land Management, du National Park Service, du Fish and Wildlife Service et du United States Geological Survey.

L’État mafieux, dont le projet 2025 est le schéma directeur, ignore les terribles leçons de l’histoire en matière d’inégalité sociale extrême, de désintégration politique, de pillage écologique effréné et d’éviscération de l’État de droit.

Certes, notre destin naturel n’est pas la liberté. Il a fallu attendre deux millénaires pour que la démocratie réapparaisse en Europe après son effondrement dans la Grèce antique, en grande partie parce qu’Athènes était devenue un empire. L’État mafieux, et non les démocraties, pourrait bien être la vague de l’avenir, qui verrait les 1 % les plus riches de la planète possèder quelque 43 % de tous les actifs financiers mondiaux – plus de 95 % de l’humanité – alors que 44 % de la population de la planète vit sous le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale, qui est de moins de 6,85 dollars par jour. Ces régimes calcifiés ne perdurent que grâce à des systèmes draconiens de contrôle interne, de surveillance généralisée et d’éviscération des libertés civiles.

Dans le même temps, nous avons fait disparaître 90 % des grands poissons tels que la morue, les requins, le flétan, le mérou, le thon, l’espadon et le marlin, et nous avons dégradé ou détruit les deux tiers des forêts tropicales matures, qui sont les poumons de la planète. Le manque d’accès à l’eau potable et la propagation des maladies infectieuses qui en résulte tuent au moins 1,4 million de personnes par an – 3 836 par jour – et contribuent également à 50 % de la malnutrition mondiale, selon la Banque mondiale. Entre 150 et 200 millions d’enfants souffrent de malnutrition. Le dioxyde de carbone dans l’atmosphère dépasse largement les 350 parties par million qui, selon la plupart des climatologues, constituent le niveau maximal pour maintenir la vie telle que nous la connaissons. D’ici le mois de mai de cette année, les niveaux de CO2 dans l’atmosphère devraient atteindre 429,6 ppm, soit la concentration la plus élevée depuis plus de deux millions d’années. Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat estime que la mesure pourrait atteindre 541 à 970 ppm d’ici à 2100. À ce niveau-là, de vastes régions de la planète, qui connaissent une forte densité de population, des sécheresses, l’érosion des sols, des tempêtes exceptionnelles, des récoltes déficitaires et la montée du niveau des mers, seront devenues impropres à l’existence de l’homme.

À la fin de la civilisation de l’île de Pâques, les clans rivalisaient pour honorer leurs ancêtres en taillant des statues de pierre de plus en plus grandes, ce qui nécessitait d’employer les derniers restes de bois, de cordes et de main-d’œuvre de l’île. En 1400, il n’y avait plus de bois. Le sol s’était érodé et avait été emporté par la mer. Les habitants de l’île ont alors commencer à se disputer les vieux bois et en ont été réduits à manger leurs chiens et bientôt tous les oiseaux nicheurs.

Les insulaires désespérés ont développé un système de croyance magique selon lequel les dieux de pierre érigés, les moai, prendraient vie et les sauveraient du désastre.

Il est tout aussi rocambolesque de voir les nationalistes chrétiens croire à l’enlèvement, qui n’existe pas dans la Bible [ L’enlèvement de l’Église est une doctrine eschatologique propre à la théologie évangélique, qui décrit un événement de la fin des temps où tous les chrétiens vivants seront enlevés sur des nuées en même temps que les croyants ressuscités pour aller à la rencontre du Seigneur dans les air, NdT]. Ces fascistes chrétiens – incarnés par les personnes nommées par Trump telles que Russell Vought, chef du Bureau du budget et de la gestion, le vice-président JD Vance, le secrétaire à la défense Pete Hegseth et Mike Huckabee, nommé ambassadeur en Israël – ont l’intention d’utiliser les écoles et les universités, les médias, le système judiciaire et le gouvernement fédéral comme plateformes pour mener à bien leur endoctrinement et imposer de se conformer à leur thèse.

Les adeptes de ce mouvement s’en remettent à un leader que Dieu a, selon eux, oint. Ils adhèrent à l’illusion que les justes seront sauvés, flottant nus vers le ciel, à la fin des temps et que les laïques qu’ils méprisent périront. Ce repli sur la pensée magique, qui est le fondement de tous les mouvements totalitaires, donne une justification à leur souffrance. Il les aide à faire face au désespoir et à l’angoisse. Il leur donne une illusion de sécurité. Il leur permet aussi de se venger d’une longue liste d’ennemis – libéraux, intellectuels, homosexuels, immigrés, État profond – rendus responsables de leur misère économique et sociale.

Notre millénarisme est une version actualisée de la foi dans les moai, de la révolte vouée à l’échec de Taki Onqoy contre les envahisseurs espagnols au Pérou, des prophéties aztèques des années 1530 et de la danse des fantômes, dont les Amérindiens croyaient qu’elle verrait le retour des troupeaux de bisons et que les guerriers tués sortiraient vivants de la terre pour vaincre les colonisateurs blancs.

Ce repli vers le fantasme est ce qui se produit lorsque la réalité devient trop sombre pour être acceptée. Voilà ce qui fait l’attrait de Trump. Bien sûr, cette fois-ci, ce sera différent. Lorsque nous tomberons, toute la planète partira avec nous. Il n’y aura pas de nouvelles terres à piller, pas de nouveaux peuples à exploiter. Nous serons exterminés dans un piège mortel mondial.

Karl Polanyi, dans « La grande transformation », écrit qu’une fois qu’une société se soumet aux diktats du marché, une fois que son économie mafieuse devient un État mafieux, une fois qu’elle succombe à ce qu’il appelle « les ravages de ce moulin satanique », cela conduit inévitablement à « la démolition de la société ».

L’État mafieux ne peut être réformé. Nous devons nous organiser pour briser nos chaînes, une par une, pour utiliser le pouvoir de la grève afin de paralyser l’appareil d’État. Nous devons nous engager dans un militantisme radical, qui offre une nouvelle vision et une nouvelle structure sociale. Nous devons nous accrocher à nos impératifs moraux. Nous devons effacer les dettes hypothécaires et étudiantes, instaurer un système de santé universel et démanteler les monopoles. Nous devons augmenter le salaire minimum et mettre fin au gaspillage des ressources et des fonds qui servent à soutenir l’empire et l’industrie de la guerre. Nous devons mettre en place un programme d’emploi à l’échelle nationale pour reconstruire les infrastructures du pays qui s’effondrent. Nous devons nationaliser les banques, les sociétés pharmaceutiques, les entreprises militaires et le secteur du transport, et adopter des sources d’énergie durables.

Rien de tout cela ne se produira tant que nous ne résisterons pas.

L’État mafieux sera brutal avec quiconque se révolte. Les capitalistes, comme l’écrit Eduardo Galeano, considèrent les cultures communautaires comme des « cultures ennemies ». La classe des milliardaires nous fera ce qu’elle a fait aux radicaux qui se sont levés pour former des syndicats militants dans le passé. Nous avons connu les guerres du travail les plus sanglantes du monde industrialisé. Des centaines de travailleurs américains ont été tués, des dizaines de milliers ont été tabassés, blessés, emprisonnés et mis sur liste noire. Les syndicats ont été infiltrés, fermés et mis hors la loi. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être naïfs. Ce sera difficile, coûteux et douloureux. Mais cette confrontation est notre seul espoir. Sinon, nous sommes condamnés, ainsi que la planète qui nous nourrit.

Source : Chris Hedges, 15-02-2025

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Grd-mère Michelle // 17.03.2025 à 11h01

« Nous ne pouvons pas nous permettre d’être naïfs », dit Chris Hedges
Et aussi: « Ce repli vers le fantasme est ce qui se produit lorsque la réalité devient trop sombre pour être acceptée ».

Mais la réalité actuelle n’est pas que sombre, et le problème auquel nous sommes confronté-e-s réside surtout dans la manière dont elle nous est présentée au travers des divers canaux de l’information, qui, par intérêt, favorisent le sensationnel et l’interpellant, le dramatique et l’angoissant.
Par ailleurs, au niveau des possibles solutions, les meilleures et nombreuses initiatives et tentatives bénéfiques sont systématiquement dévalorisées (quand elles ne sont pas tues, ou combattues juridiquement ou criminellement) par les tenants d’un système economique et financier de domination et d’exploitation abusive de tout ce qui bouge, à l’aide d’arguments démoralisants et démobilisants.

Donc, oui, ne soyons pas naïfs-ives, informons-nous correctement, mais aussi faisons-nous confiance et ne cessons pas une seconde d’imaginer et de réaliser, et surtout de mettre en lumière(immense responsabilité des « journalistes » et communicateurs/trices de tout poil qu’il ne faut pas oublier d’appeler à la rescousse) les multiples actions que notre instinct de survie et notre énergie « amoureuse »(celle qui attire et rassemble les êtres vivants interdépendants les un-e-s vers les autres) nous inspirent pour surmonter le phénomène de la prédation érigée en loi « fatale » et contraignante.
Pour faire « boule de neige » et grossir la masse des résistant-e-s.

4 réactions et commentaires

  • nulnestpropheteensonpays // 17.03.2025 à 08h57

    C’est dingue , on voit tous arriver la même chose ? Et on est impuissant …En france ils sont entrain de faire passer des lois les plus liberticides jamais imaginées .Elles sont soit disant prévues pour lutter contre le narco trafique .Mais ce sera surtout contre tous les opposants politiques au neolibéralisme .La gauche . La vraie gauche .Notre seul espoir , l’arrivée le plus rapidement possible du bouleversement climatique qui les empêchera d’utiliser leurs moyens de contrôle . Sinon , du rhum des femmes et de la bière nom de dieu …Jusqu’à en crever

    • Araok // 17.03.2025 à 17h41

      Oui, c’est désespérant. Il y a 5 ans nous avons accepté de rester confiner, de se faire à soi-même un bon de sortie, de porter un masque sur la plage, de laisser mourir nos parents en EHPAD sans même pouvoir leur dire une dernière fois que nous les aimions. On a accepté l’inacceptable. Que faudra-t-il donc pour rejeter cette classe dirigeante qui va sans aucun doute sauter sur l’occasion d’une guerre aux confins de l’ Europe pour assouvir leurs pulsions dégoûtantes? Je suis profondément pessimiste.

  • Grd-mère Michelle // 17.03.2025 à 11h01

    « Nous ne pouvons pas nous permettre d’être naïfs », dit Chris Hedges
    Et aussi: « Ce repli vers le fantasme est ce qui se produit lorsque la réalité devient trop sombre pour être acceptée ».

    Mais la réalité actuelle n’est pas que sombre, et le problème auquel nous sommes confronté-e-s réside surtout dans la manière dont elle nous est présentée au travers des divers canaux de l’information, qui, par intérêt, favorisent le sensationnel et l’interpellant, le dramatique et l’angoissant.
    Par ailleurs, au niveau des possibles solutions, les meilleures et nombreuses initiatives et tentatives bénéfiques sont systématiquement dévalorisées (quand elles ne sont pas tues, ou combattues juridiquement ou criminellement) par les tenants d’un système economique et financier de domination et d’exploitation abusive de tout ce qui bouge, à l’aide d’arguments démoralisants et démobilisants.

    Donc, oui, ne soyons pas naïfs-ives, informons-nous correctement, mais aussi faisons-nous confiance et ne cessons pas une seconde d’imaginer et de réaliser, et surtout de mettre en lumière(immense responsabilité des « journalistes » et communicateurs/trices de tout poil qu’il ne faut pas oublier d’appeler à la rescousse) les multiples actions que notre instinct de survie et notre énergie « amoureuse »(celle qui attire et rassemble les êtres vivants interdépendants les un-e-s vers les autres) nous inspirent pour surmonter le phénomène de la prédation érigée en loi « fatale » et contraignante.
    Pour faire « boule de neige » et grossir la masse des résistant-e-s.

  • La Mola // 17.03.2025 à 16h19

    merci pour cette anthologie de la « fabrique du consentement » qui ne sévit hélas pas qu »aux US ; il n’est que de voir la frénésie guerrière qui s’est déclenchée en Europe avec ses accents orwelliens (la guerre, c’est la paix) pour soutenir les banderistes ukrainiens déchaînés contre les « sous hommes » russes – ou la prolongation du génocide des Palestiniens !

    j’ajouterai volontiers à l’immense E. Galeano le radical B. Vian et sa Java des bombes atomiques : « la seule chose qui compte, c’est l’endroit ousqu’elle tombe ».
    https://www.youtube.com/watch?v=eryzp0Pklc8&ab_channel=zalapatax

    Ils ont les millions, nous sommes des millions….

    en attendant, on a l’occasion de se mobiliser en masses « militantes » contre racismes et fascismes samedi prochain 22 mars, un peu partout en France (je crois même que c’est une journée mondiale)

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