Source : Le Figaro, François-Xavier Bourmaud, Vincent Bordenave, 24-03-2020
Le chef de l’État s’entoure d’un nouveau comité de spécialistes pour renforcer la lutte contre l’épidémie de coronavirus.
Le confinement se prolonge, le président de la République s’entoure d’un nouveau comité d’experts. Attendu depuis samedi dernier et les annonces du ministre de la Santé, Olivier Véran, le Conseil scientifique vient d’ailleurs de rendre un quatrième avis daté du 23 mars, mais publié le 24 à 18h (en catimini) sur le site internet du ministère de la Santé. Pour la première fois le conseil se positionne clairement sur l’allongement du confinement d’au moins 4 semaines, portant la durée minimale totale à 6 semaines. Ce qui nous amènerait au 28 avril prochain. Tout en rappelant qu’il est encore impossible de juger l’impact de la mesure après seulement une semaine d’application.
«Les effets épidémiologiques du confinement ne peuvent être observés qu’à partir d’une durée de deux à trois semaines à partir de sa mise en œuvre. Trois semaines après le démarrage du confinement sont donc nécessaires pour obtenir une première estimation de son impact», est-il écrit dans le rapport. Attendu également sur les conditions du confinement, le conseil préconise les mesures annoncées par le premier ministre, Édouard Philippe hier soir sur TF1. Cependant, les scientifiques ne ferment pas la porte au durcissement des conditions (fin des transports en ville, du travail en entreprise, etc.) si l’application stricte des modalités confinement telles qu’elles sont définies n’étaient pas respectées.
Emmanuel Macron sera désormais entouré du « comité analyse recherche et expertise » pour conseiller le gouvernement sur les traitements et les tests contre le coronavirus
C’est dans ce contexte que l’Élysée a annoncé mardi matin la création d’un nouveau comité de conseil au chef de l’État pour affronter la crise du coronavirus. Emmanuel Macron s’appuyait déjà sur le comité scientifique pour ses prises de décisions politiques, le voilà qui sera désormais entouré du «comité analyse recherche et expertise» pour conseiller le gouvernement sur les traitements et les tests contre le coronavirus. Composée de douze chercheurs et médecins, cette instance vise à conseiller le gouvernement sur les traitements et les tests contre le coronavirus. Elle permet surtout à Emmanuel Macron de boucher un angle mort. Celui laissé par le Conseil scientifique sur le volet pratique de la lutte contre le coronavirus.
À trop se concentrer sur la stratégie globale à adopter, l’exécutif s’est retrouvé empêtré dans plusieurs polémiques collatérales: le déploiement ou non d’une politique de tests de la population d’une part, le recours ou non à la chloroquine pour traiter les malades d’autre part. «Cela permet surtout de court-circuiter l’Agence du médicament et d’aller plus vite», observe un connaisseur averti du milieu médical.
Je réunis aujourd’hui nos meilleurs chercheurs pour progresser sur les diagnostics et les traitements. Notre effort de recherche est totalement mobilisé dans la lutte contre le Covid-19
Emmanuel Macron sur son compte Twitter
Autre polémique en puissance à venir, celle qui s’annonce avec la possibilité de suivre les déplacements des porteurs du virus à partir de leur téléphone portable pour vérifier qu’ils restent bien confinés à leur domicile ou pour identifier les potentiels foyers épidémiques. Une solution que le gouvernement étudie actuellement mais qui soulève une gigantesque question sur les libertés publiques. Mis en place à Singapour, le système a permis de ralentir considérablement la propagation du virus. En France, où la vidéosurveillance provoque des débats réguliers, l’avis d’un comité d’experts reconnus est nécessaire pour mettre en place la surveillance des malades par smartphones.
Selon l’Élysée, l’objectif du nouveau comité sera ainsi de «conseiller le gouvernement pour ce qui concerne les programmes et la doctrine relatifs aux traitements, aux tests et aux pratiques de “backtracking” qui permettent d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le virus du Covid-19». Installé en présence du premier ministre Edouard Philippe, du ministre de la Santé Olivier Véran et de la ministre de Recherche Frédérique Vidal, le Care sera présidé par Françoise Barré-Sinoussi, virologiste à l’Institut Pasteur/Inserm, Prix Nobel 2008 pour la découverte du virus du sida. «C’est grâce à la science et à la médecine que nous vaincrons le virus. Je réunis aujourd’hui nos meilleurs chercheurs pour progresser sur les diagnostics et les traitements. Notre effort de recherche est totalement mobilisé dans la lutte contre le Covid-19», a expliqué Emmanuel Macron sur son compte Twitter.
Avec ces deux instances, le président de la République se retrouve donc bordé tant sur le volet stratégique qu’opérationnel face à la crise du coronavirus. Ceintures et bretelles en quelque sorte. «Dans cette crise, le président décide et agit en fonction des informations qui lui sont apportées. Cela ne veut pas dire que nous sommes entrés dans le gouvernement des experts, les Français n’ont pas élu un comité scientifique, souligne un proche du président. Mais il faut leur montrer le terreau de rationalité dans lequel il puise de l’expertise».
Source : Le Figaro, François-Xavier Bourmaud, Vincent Bordenave, 24-03-2020
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« Cependant, les scientifiques ne ferment pas la porte au durcissement des conditions (fin des transports en ville, du travail en entreprise, etc.) si l’application stricte des modalités confinement telles qu’elles sont définies n’étaient pas respectées. »
Sur le plan sanitaire, ça se comprend. Le problème c’est que l’économie, c’est le truc qui remplit les magasins, fabrique les fournitures médicales, fournit l’énergie, ramasse les trucs qui se bouffent dans le champs, effectue les livraisons, les réparations, etc. Bref, le souhait de prolonger et durcir le confinement va se heurter à des contraintes extra-médicales tout aussi impérieuses. On n’est pas sorti de l’auberge…
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