Petit rappel utile sur le drame de la guerre civile en Syrie, et des exactions commises par les deux camps. Espérons qu’elles pourront être punies un jour…
Source : Amnesty International, 2016
65 000 personnes portées disparues après avoir été arrêtées par les forces gouvernementales selon le SNHR
250 000 personnes ont été tuées, selon l’ONU.
4 millions de personnes désormais réfugiées à l’étranger, principalement en Turquie, au Liban et en Jordanie.
Chiffres mars 2016.
CRIMES DE GUERRE ET CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ
Les forces gouvernementales continuent d’attaquer délibérément et aveuglément les zones civiles, y compris des objectifs indispensables à la survie de la population civile tels que des centrales électriques et les infrastructures d’approvisionnement en eau. Elles ont pilonné et bombardé à maintes reprises des zones civiles en utilisant des armes non discriminantes, notamment des bombes à sous-munitions.
Les forces gouvernementales ont également continué à imposer des sièges, bloquant l’accès des populations assiégées à la nourriture, à l’eau et aux transferts d’ordre médical depuis l’extérieur. Ces mesures, considérées dans leur globalité, constituent un châtiment collectif à l’encontre de la population civile des zones assiégées, et dans certains cas, reviennent à affamer des civils en les privant d’éléments indispensables à leur survie : ces deux élément constituent des crimes de guerre.
D’après Physicians for Human Rights, l’année 2015 a été marquée par le plus grand nombre d’attaques contre des hôpitaux (rien qu’en 2015, 112 établissements médicaux ont été attaqués), perpétrées, dans près de 90 % des cas, par les autorités syriennes ou par leurs alliés.
Des dizaines de milliers de personnes ont été victimes de disparition forcée depuis 2011 et des milliers de civils ont été tués aux mains des forces de sécurité syriennes à la suite d’actes de torture et d’autres mauvais traitements.
On nous torturait tous les jours. Nous étions une trentaine dans la cellule. Lorsque des personnes mouraient, elles étaient remplacées. Au cours de mes trois ans d’emprisonnement, je n’ai pas quitté ma cellule une seule fois. Je n’ai pas vu la lumière du soleil pendant trois ans. » Un avocat d’Alep Ancien détenu libéré en mai 2014
Le groupe armé se désignant sous le nom d’État Islamique (EI) et d’autres groupes armés non étatiques continuent de mener des attaques aveugles et de cibler délibérément les civils et les zones civiles, notamment par le biais d’attentats suicide. Ils ont également procédé à l’enlèvement, la torture et l’exécution sommaire de journalistes étrangers, de travailleurs humanitaires, de membres de l’armée et de forces pro-gouvernementales et de militants locaux. En outre, certains groupes armés ont assiégé des zones majoritairement civiles.
Les frappes aériennes de la coalition des États-Unis se sont poursuivies au cours de l’année 2015, causant des pertes civiles. En septembre, la Fédération de Russie a entamé une campagne aérienne en collaboration avec les forces armées du gouvernement syrien au prétexte de combattre le terrorisme.
Les frappes du gouvernement russe, dont beaucoup semblent être des attaques indiscriminées ou des attaques directes contre des biens de caractère civil, ont causé la mort de centaines de civils et la destruction d’infrastructures civiles, notamment des hôpitaux.
Il y avait l’homme qui tenait la boutique de glaces, l’homme qui tenait la boutique de sandwichs, l’homme qui tenait la boutique de jouets… Tous ont été tués. » Témoin d’Alep
En 2014, une attaque au baril d’explosifs a été menée dans un marché très fréquenté du quartier de Sukkari. Tout près de là, 150 personnes faisaient la queue à un point de distribution d’aide humanitaire pour obtenir un colis de nourriture.
RÉFUGIÉS
En 2016, le conflit en Syrie entre dans sa sixième année. Sans aucune solution à l’horizon et face à l’internationalisation croissante de ce conflit, les syriens continuent de fuir leurs foyers en quête de sécurité, aussi bien en Syrie que dans les pays voisins. Au mois de février 2016, plus de 11 millions de personnes avaient fui leur foyer. Les pays voisins accueillent 4,6 millions de réfugiés syriens et ont atteint la limite de leurs capacités. Tout cela fait peser un lourd fardeau sur leur économie et sur leurs infrastructures, sans pour autant recevoir de soutien suffisant de la part de la communauté internationale, ce qui a conduit certains États de la région à réduire l’espace de protection accordé aux réfugiés de Syrie.
La conséquence a été une fermeture des frontières, l’augmentation des détentions, des expulsions et le refus de délivrer des papiers aux réfugiés.
Entre 80 et 90 % des syriens résidant au Liban et en Jordanie vivent désormais dans la pauvreté. Il leur est interdit de travailler, et ils ne reçoivent aucune aide, ou bien elle est insuffisante. Les réfugiés sont à court d’options viables pour leur permettre de survivre. De plus en plus de réfugiés syriens quittent le Liban, la Turquie et la Jordanie pour emprunter les itinéraires dangereux et clandestins qui mènent à l’Europe. En 2015, environ 50 % des réfugiés arrivés en Europe venaient de Syrie.
Les gouvernements se sont engagés à fournir environ 160 000 places de réinstallation pour les réfugiés syriens depuis 2013.
Cependant, ces engagements restent peu ambitieux et bien en deçà de ce qui est nécessaire pour contribuer véritablement à un partage des responsabilités avec les pays d’accueil. Beaucoup de ces programmes sont lents et bien souvent font preuve d’exclusion, en ignorant les critères de vulnérabilité du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Même si elles sont extrêmement vulnérables à l’exploitation et à la violence sexuelle et liée au genre, il est presque impossible pour les femmes chefs de famille dont le mari a disparu d’être acceptées pour une procédure de réinstallation.
Au cours de cette cinquième année de conflit en Syrie, l’ensemble des parties au conflit, le Conseil de sécurité de l’ONU et la communauté internationale n’ont, une fois encore, pas pris de mesures significatives pour protéger les civils en Syrie.
ENQUÊTER, DÉNONCER, AGIR
Amnesty International enquête sur la Syrie depuis 1979, concernant principalement l’usage massif de la torture et des disparitions forcées, et ne cesse de publier des actions urgentes. Depuis le début du conflit, le nombre de cas n’a cessé d’augmenter, de nombreuses enquêtes sur le terrain ont eu lieus, et une trentaine de rapports dénonçant les violations et les crimes commis ont été rendus publics.
La section française d’Amnesty International est fortement mobilisée face à cette crise à travers de nombreuses actions depuis 2011, notamment des campagnes pour l’accueil des réfugiés syriens et les disparitions forcées. Le soutien aux films comme «Eau Argentée» permet de d’échanger et de comprendre les violations des droits humains dont les civils sont victimes.
Source : Amnesty International, 2016
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