Source : James DiEugenio, Consortium News, 22-01-2018
Le nouveau film « The Post raconte l’histoire des Pentagon Papers dans une perspective curieuse qui ignore une grande partie du scénario de l’histoire réelle, comme l’explique James DiEugenio.
Imaginez un film sur un partisan d’une guerre américaine dans le Tiers-Monde qui, en tant que fonctionnaire du Département d’État, décide de visiter et observer cette guerre sur le terrain. Après plusieurs mois, il apprend que la plupart de ce que nos dirigeants ont dit au public au sujet de la guerre était faux. En réalité, notre camp ne gagnait pas, et la plupart des déclarations faites pour cet engagement étaient fausses. Par exemple, les patrouilles censées protéger certaines zones n’existaient même pas. Les rapports écrits décrivant ces patrouilles étaient simplement inventés. Par conséquent, les troupes américaines et les indigènes étrangers avec lesquels nous étions alliés mouraient par milliers pour des raisons frauduleuses.
Quand il revient de son déplacement à l’étranger, le fonctionnaire apprend l’existence d’une étude secrète du ministère de la Défense. Elle révèle une grande partie que ce qu’il avait pu observer. L’étude est supervisée par son ancien patron, qui lui en donne accès. Il rencontre ensuite un politicien qui est contre la guerre et ils commencent à partager certaines idées pour s’y opposer. Ce politicien décide de se présenter à la présidence pour mettre fin à la guerre. Mais il est assassiné alors qu’il est sur le point de remporter l’investiture de son parti. En conséquence, un nouveau président prend ses fonctions, mais il n’est pas très intéressé par la fin de ce qui est devenu un désastre permanent. En fait, le nouveau président étend en réalité les opérations de combat aux deux pays voisins.
L’ancien faucon est devenu une colombe qui se consacre à terminer la guerre. Il décide que sa seule option est de copier l’étude secrète car elle montre toutes les tromperies et les échecs de la guerre. Il se rend à Washington et propose à quatre politiciens anti-guerre de la lire au Congrès. Ils ont tous des raisons de refuser.
Il décide alors d’aller voir un vieil ami reporter qui, comme lui, est passé du soutien à la guerre à son opposition. Son journal décide de publier une longue série basée sur l’étude secrète. Mais le troisième jour de la publication, le nouveau président dépose une requête en justice pour arrêter la publication. Donc, notre protagoniste va voir une vieille connaissance dans un journal rival, et ce journal décide de publier. Ils sont également poursuivis en justice mais notre colombe convertie envoie des copies à beaucoup d’autres journaux, presque vingt en tout. Ils les publient tous. Et il trouve finalement un sénateur pour mentionner les documents dans les archives du Congrès. Le nouveau président l’accuse de vol et d’espionnage. Mais l’administration du président utilise plusieurs moyens contraires à l’éthique pour l’inculper – y compris d’influencer le juge avec une promotion professionnelle. Ces actes sont rendus publics et les accusations invalidées. Il devient célèbre et, à juste titre, un héros national.
Qui ne voudrait pas voir un film basé sur cette histoire ? Qui n’aimerait pas faire partie d’un film basé sur cette histoire ?
Eh bien, évidemment, Tom Hanks et Steven Spielberg ne le feraient pas. Au lieu de cela, ils ont produit un film, The Post, décrivant un ensemble d’événements très différents.
Ces premiers paragraphes décrivent l’épreuve qu’a traversée Daniel Ellsberg pour mettre au jour ce qui allait être connu sous le nom des Pentagon Papers. En copiant ces documents secrets et en les diffusant dans divers journaux, Ellsberg et son ami Anthony Russo risquaient d’aller en prison pour une peine cumulée de 150 ans.
Russo est allé en prison pour avoir refusé de témoigner contre Ellsberg. Leur procès dura plusieurs semaines à Los Angeles en 1973. Mais en cours de procédure, le procureur du Watergate révéla que le FBI avait illégalement mis Ellsberg sur écoute, que la Maison Blanche avait envoyé des cambrioleurs pénétrer dans le bureau de son psychiatre, et que le président Richard Nixon et son aide de camp John Ehrlichman avaient offert à leur juge, Matt Byrne, la direction du FBI pendant le procès. À la suite de ces abus, les accusations contre Ellsberg et Russo ont été rejetées.
Tout cela, et beaucoup plus encore, est abondamment détaillé dans le livre de 2002 d’Ellsberg, Secret : A Memoir of Vietnam and the Pentagon Papers. (Secrets : un mémoire sur le Vietnam et les Pentagon papers) Ce livre fournit l’échafaudage pour une histoire captivante pleine de drame épique et personnel. Dans les 457 pages du bon livre d’Ellsberg, Ben Bradlee, rédacteur en chef du Washington Post, est mentionné une seule fois, à la page 392. Katharine Graham, propriétaire et éditrice du Post, n’est pas mentionnée du tout. Mais c’est sur Bradlee et Graham que Hanks et Spielberg ont décidé de baser leur film sur les Pentagon Papers.
Ellsberg et le Times
Pourtant, en nommant le film The Post, Hanks et Spielberg falsifient même qui devrait être crédité pour avoir révélé les Pentagone Papers dans la presse. Comme indiqué ci-dessus, Ellsberg était allé voir quatre politiciens à Washington et leur avait demandé d’insérer la volumineuse étude des Pentagon Papers dans les archives du Congrès. Il a pensé que ce serait la façon légale la plus sûre pour lui de sortir l’étude puisque la clause de libre débat de la constitution protège les sénateurs et le membre du Congrès d’être interrogés pour ce qu’ils disent à la Chambre. (ibid, page 361) Mais, pour diverses raisons, les sénateurs George McGovern, William Fulbright, Charles Mathias et le représentant Pete McCloskey, ont tous refusé.
C’est à ce moment qu’Ellsberg a contacté un homme qu’il avait rencontré alors qu’il était au Vietnam, le journaliste du New York Times Neil Sheehan. Lors de sa première affectation au Vietnam, Sheehan – comme son ami et collègue David Halberstam – avait été un partisan de la guerre. Lui et Halberstam ont critiqué la politique du président Kennedy pour ne pas être assez agressive et pour ne pas avoir intégré de troupes de combat américaines. (David Halberstam, The Making of a Quagmire, pages 321-22). Mais une fois qu’ils ont vu que l’escalade du président Johnson n’avait pas fonctionné, ils ont commencé à avoir des doutes sur l’extension de l’implication américaine. En 1971, Sheehan remettait sérieusement en question ses anciennes croyances sur la guerre.
À cette époque, Ellsberg était professeur assistant au MIT, alors le reporter alla à Cambridge. Il lut certains de ces documents et prit des notes. Il en parla ensuite à ses éditeurs du Times. Ellsberg avait donné à Sheehan la clé de son appartement pour un week-end, il n’était pas là et Sheehan – à l’insu d’Ellsberg – copia les Pentagon Papers et les emporta à New York. (Ellsberg, page 375)
À ce stade, l’un des héros masqué de l’affaire des Pentagon Papers s’est manifesté. James Goodale était le conseiller juridique du Times. En mars 1971, il avait été averti que le journal pourrait se trouver en possession d’une grande quantité d’informations classifiées. Au cours des trois mois suivants, lui et son assistant ont étudié toutes les questions juridiques en jeu et ont prédit les moyens possibles par lesquels le président Nixon pourrait arrêter la publication par le biais de restrictions préalables.
Il a ensuite consulté les histoires que le Times voulait publier. Il y en avait une sur la façon dont Johnson avait utilisé de fausses informations sur l’incident du Golfe du Tonkin en 1964 pour adopter une résolution du Congrès visant à faire la guerre au Nord-Vietnam. Goodale a prédit que l’administration utiliserait les Pentagon Papers comme un moyen de continuer la guerre de Nixon et du vice-président Spiro Agnew contre la presse. Il a ensuite planifié les moyens de défense que le Times pourrait utiliser pour neutraliser l’attaque de l’administration.
L’analyse juridique de Goodale était remarquablement presciente : ce sont les questions qu’il a étudié en mars qui ont décidé du cas pour le Times en juin. (Goodale, Fighting for the Press, pages 41-43) Une fois que le Times a eu les documents, il y eut un débat aux niveaux supérieurs de la direction sur la publication ou non. Le rédacteur en chef Abe Rosenthal a menacé de démissionner si ce n’était pas le cas. Et c’est la menace de démissions massives qui a convaincu Punch Sulzberger, propriétaire du Times, de les publier. Mais une fois cette décision prise, le cabinet juridique conservateur républicain du Times les a abandonnés. Par conséquent, à la veille du procès, c’est Goodale qui a mis sur pied une équipe de défense ad hoc, littéralement du jour au lendemain. (ibid, page 71) C’est cette équipe – qui comprenait le professeur de Yale Alexander Bickel et Floyd Abrams au cabinet de Cahill Gordon – qui a plaidé durant les premières audiences sur l’affaire des Pentagon Papers à New York.
L’implication du Post
Contrairement à ce que montre le film de Hanks/Spielberg, dès le lendemain de la parution, le 13 juin 1971, Nixon ne s’est pas mis en colère. Après tout, les Pentagon Papers s’arrêtaient en 1968, avant l’élection de Nixon. Les histoires du New York Times avaient porté sur les intensifications pendant l’administration Johnson. Ce premier jour, l’avocat de la Maison-Blanche, Charles Colson, avait conseillé à Nixon de ne pas réagir de manière excessive, ce qu’il a fait. (Steve Sheinkin, Most Dangerous (le plus dangereux), page 217)
Il y a eu deux personnes qui ont inversé la position de Nixon. Le premier était Henry Kissinger, conseiller national en sécurité de Nixon. Kissinger connaissait Ellsberg depuis ses séjours à Harvard. Quand Nixon est entré en fonction, Ellsberg avait consulté Kissinger sur diverses options pour la guerre depuis son poste chez Rand Corporation. (Ellsberg, pages 231-34) Kissinger connaissait les documents du Pentagone et il soupçonna presque immédiatement qu’Ellsberg les avait donnés au Times. Le surlendemain de la parution, Kissinger parla à Bob Haldeman, chef d’état-major de Nixon. Il lui dit que le président devait maintenant agir, car il y avait une subversion totale du gouvernement. Il a ensuite dit à Nixon que ces histoires quelque part lui donnaient l’air d’une mauviette. (Sheinkin, page 221)
Nixon a demandé au procureur général John Mitchell son opinion sur la question. Mitchell, qui avait été un avocat d’affaires à New York, a donné à Nixon de mauvais conseils juridiques. Il a dit au président que le gouvernement avait intenté un procès pour empêcher un journal de publier auparavant. Et il était d’usage de fournir au journal un préavis écrit de cette action en justice. (Goodale, page 73) Cette information était complètement fausse. Un tel acte, légalement appelé restriction préalable, ne s’était jamais produit auparavant en Amérique. La raison en est qu’aux États-Unis, contrairement à la Grande-Bretagne, il n’y a pas de loi sur les secrets officiels pour justifier l’arrêt de la parution avant que l’information ne soit imprimée.
Goodale le savait grâce à ses recherches. Par conséquent, lorsque Mitchell a retransmis un télégramme au Times, Goodale leur a conseillé de ne pas obéir à la demande d’arrêter la parution. Mitchell s’est ensuite adressé au tribunal pour demander une ordonnance de restriction temporaire (TRO) au motif que la série causait un tort irréparable à la sécurité nationale. Cela a été accordé à New York par un juge nouvellement nommé du nom de Murray Gurfein. Pendant ce temps, Nixon embauchait quelques amis – Maxwell Taylor, John Tower, Averill Harriman – pour attaquer le New York Times. (ibid, page 85)
C’est seulement à ce moment-là, après un an de lutte d’Ellsberg pour rendre public les Pentagon Papers, que le Washington Post est entré en scène. Et ça ne s’est pas passé comme le film le montre. Par exemple, Ben Bradlee n’a jamais envoyé d’espion pour infiltrer le bureau du New York Times ; par conséquent cet espion fictif n’a jamais vu une maquette d’une première page avec le nom de Sheehan dessus.
Comme l’écrit Ellsberg dans Secrets, il n’avait jamais prévu d’aller au Washington Post. Dunn Gifford, un ami de Sheehan, qui est totalement absent du film, lui a d’abord suggéré d’aller au Post. Ellsberg a écrit que, seul, il n’aurait jamais pensé au Post de lui-même. (Nous allons spéculer sur la raison pour laquelle il en était ainsi plus tard, voir les pages 388-89 d’Ellsberg.) Mais à ce moment-là, avec le TRO de la Justice en marche, le Times restant une journée sans parution, avec Gifford le pressant d’aller voir n’importe où ailleurs afin de conserver la dynamique en cours, Ellsberg, par l’intermédiaire d’un ami, a appelé le journaliste Ben Bagdikian, qui travaillait pour le Washington Post. (ibid, page 391)
Libertés prises pour le scénario
Les problèmes du film avec sa dramaturgie, qui, comme nous le verrons, va s’aggraver, est due à trois faits intimement liés. Le premier réside dans la décision des scénaristes – Liz Hannah et Josh Singer – de raconter l’histoire au travers du Washington Post. Du coup, cette décision leur a fourni une piètre source de documents. Et cela est dû au fait que le Post n’a figuré dans l’histoire que pendant deux semaines. Pourtant, comme nous le verrons, la saga des Pentagon Papers s’est étendue sur plus de deux ans.
Les sources principales du scénario sont le livre de Katharine Graham, Personal History, l’autobiographie de Ben Bradlee, A Good Life, et la biographie autorisée de Bradlee écrite par Jeff Himmelman, Yours in Truth. Ces trois récits ne diffèrent pas beaucoup dans l’information. Et le plus long des trois est celui de Graham, qui totalise seulement 12 pages. Un problème dramatique est que Graham et Bradlee n’ont jamais vraiment agi pour atteindre un objectif. Ils ont été investis d’un rôle dans cette affaire en réagissant donc à des événements extérieurs : l’histoire du Times, les discussions de Mitchell, TRO, Ellsberg et Gifford. Pour échapper à ce problème dramatique, les auteurs ont créé l’espion ersatz de Bradlee et, comme nous le verrons, d’autres fabrications.
Mais il y a aussi une utilisation différente de la dramaturgie qui s’insinue dans l’histoire. Celle-ci traite des raisons pour lesquelles le Post voulait l’histoire en premier lieu. Tout au long du film, Bradlee est dépeint comme une sorte de croisé à la fois pour la vérité et le droit à la liberté d’expression pour la presse. Plus tard dans le film, pour faire avancer cet angle, le script fabrique une autre scène. Vers la fin, lorsque Graham décide d’imprimer ou non les documents – ses avocats lui ont conseillé de ne pas le faire –, elle se présente pour parler à Robert McNamara, l’ancien secrétaire à la Défense. Cette scène a été fabriquée – il n’y a aucune preuve dans un livre sur l’affaire. Et elle est fabriquée pour deux raisons apparentes. Premièrement, d’une façon ou d’une autre, on pouvait dire que Graham était surprise de ce qui s’était passé au Vietnam sous la direction de McNamara et, deuxièmement, montrer que McNamara essayait de convaincre Graham de ne pas imprimer les documents du Pentagone.
Pour quiconque connaît l’affaire des Pentagon Papers et l’histoire du Washington Post, il n’y a pas d’autre façon de le dire : cette scène est un conte de fées insultant. Robert McNamara a effectivement commandé un compte rendu sur les Pentagon Papers en 1967. Afin de s’assurer qu’il était objectif et détaillé, il n’a délibérément exercé aucune influence sur lui pendant les 18 mois qu’il a fallu pour le terminer. La chaîne de commandement dans la rédaction et l’édition de cette précieuse encyclopédie provenait de l’adjoint de McNamara, John McNaughton, et de l’assistant de McNaughton, Morton Halperin.
Halperin a nommé Leslie Gelb, analyste de recherche, pour superviser diverses équipes afin d’écrire les différents chapitres. Selon Gelb, il n’a jamais eu de difficulté à obtenir des documents une fois qu’il a invoqué le nom de McNamara. L’une des raisons pour lesquelles McNamara voulait que l’étude soit classée Top Secret était que son patron, Lyndon Johnson, ne l’apprenne pas. McNamara savait que LBJ le supprimerait. (Sheinkin, page 125) En d’autres termes, sans McNamara, il n’y aurait pas eu de Pentagon Papers. Et il n’y a aucune preuve qu’il ait jamais essayé d’empêcher la publication de ce compte rendu.
En second, l’idée que Kay Graham a été surprise par les révélations dans les Pentagon Papers ne concorde pas non plus avec le dossier. Lorsque Graham a pris le contrôle du Washington Post en 1964, le président Johnson a immédiatement déployé l’artillerie lourde pour gagner sa confiance et ses faveurs. Une des raisons pour cela était qu’il voulait l’avoir elle et le Post de son côté alors qu’il commençait à intensifier la guerre.
Quiconque a été témoin de la course présidentielle de 1964 entre les candidats du GOP, Barry Goldwater et Johnson, se souvient que Johnson a qualifié Goldwater de faucon extrémiste du Vietnam en disant qu’il n’enverrait pas de garçons américains pour faire ce que les soldats asiatiques devraient faire. (Joseph Goulden, Truth is the First Casualty, pages 38, 164) Comme Frédéric Logevall l’a montré dans son livre Choosing War, c’était une tromperie délibérée. À tout le moins, à l’été 1964, Johnson avait commencé à planifier une intervention américaine directe dans la guerre. (Voir Logevall, p. 128-30). Cela se ferait par l’intensification des bombardements du nord et, plus tard, par l’intervention de troupes de combat au sol. La date cible était février de 1965. Johnson l’a manquée d’un mois : les deux ont commencé en mars.
Devons-nous croire que Graham n’a pas entendu Johnson faire les promesses qu’il a faites en 1964 ? Était-elle alors aveugle à l’intensification aérienne à travers l’opération Rolling Thunder, et les 540 000 troupes de combat ultérieures sur le terrain en 1968 ? Et d’une façon ou d’une autre, elle n’a pas remarqué la différence ? Il n’y avait ni troupes de combat sur le terrain, ni aucune opération Rolling Thunder [Tonnerre Roulant] sur le Vietnam le jour où John F. Kennedy a été tué.
La vérité est que, comme l’ont montré plus d’un biographe de Kay Graham, l’offensive de charme de Johnson a porté ses fruits. En fait, en avril 1964, LBJ invita Graham et les dirigeants du Post à déjeuner à la Maison Blanche. Dans la salle à manger familiale, il a demandé leur soutien pour son intensification prévue de la guerre en Indochine. (Carol Felsenthal, Power, Privilege and the Post, page 234) En d’autres termes, Graham savait que Johnson mentait alors qu’il entamait la campagne électorale. Malgré cela, le Post a approuvé ses attaques contre le Nord-Vietnam après l’incident du Golfe du Tonkin en août 1964. (ibid.) En fait, le Post est allé plus loin. Ils ont fustigé les deux sénateurs qui avaient voté contre la résolution du Golfe du Tonkin. Le journal écrivait qu’il était faux d’assimiler la résolution à une déclaration de guerre. En fait, c’est ce que Johnson a fait, il l’a utilisée. (ibid, page 304)
Il n’y a jamais eu une quelconque hésitation de la part du Post dans la gradation des étapes d’escalade en 1965. Comme l’a dit un observateur au sujet de Graham : « Elle aimait être respectable et était très inquiète d’être différente de la norme ». (Ibid., P.239). Ceci permit de laisser Johnson faire appel à des assistants pour lui demander des modifications à des articles sur la guerre. Parfois, Graham invitait tout le niveau supérieur du Département d’État à dîner, sachant que Dean Rusk était un pur faucon. (ibid, page 240) LBJ l’a envoyée faire un voyage au Vietnam où elle a rencontré le Général Westmoreland. À son retour, elle a demandé à son comité de rédaction si quelqu’un pensait qu’ils devraient soulever la question du retrait. Quand un rédacteur a dit qu’il l’avait fait, elle a répondu: « Vous êtes tellement stupide ». (Ibid, p.241)
Comme les escalades de Johnson ont continué en 1966, le Times a commencé à être au moins un peu critique de certains éléments. Par exemple, ils ont déploré les victimes civiles dans le bombardement de Hanoï. Le Post a défendu le bombardement et critiqué le Times, en comparant leur histoire à « celles dans des tracts de propagande communiste ». (Ibid, page 255) Puis le Post a critiqué Martin Luther King quand il s’est prononcé contre la guerre en 1967. (ibid, p. 256)
Le Post rejoint la « Big League »
Mais peut-être l’indication la plus forte de la mesure dans laquelle le Post continuerait à appuyer l’escalade massive de la guerre de Johnson a eu lieu en 1968. Ward Just avait été le principal reporter du Post au Vietnam. Il n’a jamais remis en question les causes de la guerre, ou si l’Amérique devrait être là. Mais c’était un journaliste honnête et précis qui essayait de représenter les choses telles qu’elles étaient sans les contourner.
Le problème était qu’après l’offensive du Têt, toute forme de réalisme donnait à Johnson et à l’effort de guerre une réputation plutôt mauvaise. La lumière de Johnson et Westmoreland au bout du tunnel était devenue sombre. Alors Bradlee à cet instant a évincé Just et l’a remplacé par Peter Braestrup. Comme Johnson, Braestrup a fait valoir que l’offensive du Têt était vraiment un échec pour Hanoï et une victoire militaire pour l’Amérique. En fait, il a écrit un très long livre pour défendre cette thèse bizarre. (Daniel Hallin, The Uncensored War, page 173) Ce compte rendu peut expliquer pourquoi Ellsberg n’a jamais pensé à donner les documents au Washington Post.
Ce récit m’a fait grincer des dents à cause d’une autre scène vers la fin. À l’audience de la Cour suprême à Washington, Graham entre seule dans le bâtiment. Une jeune assistante juridique hispanique lui montre une porte latérale pour entrer dans la salle d’audience. En marchant dans le couloir, elle remercie Graham car qu’elle avait un frère parti au Vietnam. Comprendre Graham et le Post – ce que le scénario ne veut pas que nous fassions – que c’était le soutien de Graham à cette guerre qui avait aidé au départ de son frère pour le Vietnam. Si l’on avait besoin de plus pour nous convaincre de la façon dont cette image détourne les faits, tout ce qu’il faut savoir, c’est que Graham a soutenu la réélection de Nixon. Ce n’est pas seulement après l’affaire des Pentagon Papers, mais après la couverture initiale du naufrage du Watergate. (Robin Lerber, Katharine Graham, page 134)
Par conséquent, quelle était la raison pour laquelle le Post était si désireux de publier les Pentagon Papers ? C’était tout simplement une question d’ambition démesurée de Bradlee. Graham a même admis cela. Elle a rappelé plus tard que Bradlee « a été rendu fou par le Times possédant cet énorme et important matériel ». (Felsenthal, P. 299) Le but primordial de Bradlee une fois qu’il est entré dans un poste de rédacteur au Post était de faire jeu égal avec le New York Times. En d’autres termes, quand ceux qui étaient au pouvoir parlaient du « journal de référence », il voulait changer cette discussion en « journaux de référence » pour que le Post ait le même genre d’imprimatur que la Grey Lady [surnom du New York Times, NdT]. Bradlee lui-même a admis que c’était le cas.
Il a déclaré plus tard que les Papiers du Pentagone étaient un moment clé pour le Post. Pas pour ce qu’il y avait dans les documents, ni pour l’impact que cela aurait sur la guerre. Mais parce que cela signifiait que le Post avait grimpé dans ce qui, pour lui, était les plus hauts gradés du journalisme américain. Se référant à lui-même et Graham, il a déclaré : « Un de nos objectifs tacites était d’amener le monde à se référer au Post et au NYT dans le même mouchoir de poche, ce qu’ils n’avaient pas réussi à faire auparavant. Après les Pentagon Papers, ils l’ont fait ». (Graham, Personal History, p.458) Ou pour le dire en termes de football, comme Bradlee avait coutume de le faire : « Le score était de 36-0 et nous essayions d’égaliser ». (Sanford Ungar, The Papers and the Papers, page 131)
Probablement la pire scène dans le film vient après que le procureur général Mitchell a obtenu un TRO contre le Washington Post. Par conséquent, après deux jours, le Post a dû arrêter la publication et attendre l’issue de la décision de la Cour suprême. Le journaliste Ben Bagdikian entre dans le bureau de Bradlee et place un grand sac d’épicerie sur son bureau. Il dit alors quelque chose comme : j’ai toujours voulu faire partie d’une rébellion. Bradlee regarde dans le sac et le porte ensuite au bureau de Graham. Là, il commence à sortir les autres journaux qui ont maintenant publié les Pentagon Papers. Éditeurs et journalistes célèbrent avec jubilation.
Encore une fois, il n’y a aucune preuve que cette scène s’est produite. Ce qui s’est réellement passé, c’est qu’après sa conversation avec Dunn Gifford, Ellsberg a décidé qu’il ferait mieux de commencer par faire plusieurs copies des documents. Par conséquent, sur une base échelonnée, il les distribuait ensuite à d’autres journaux intéressés. Une fois qu’ils avaient été interdits, il les donnerait à un autre journal. Tout compte fait, il y avait quatre journaux que Mitchell a décidé de poursuivre en justice. En plus du Times et du Post, le St. Louis Post Dispatch et le Boston Globe ont également eu une injonction. Mais les documents, à travers le groupe de soutien d’Ellsberg, ont continué à sortir, jusqu’à et même après la décision de la Cour suprême. (Ungar, P. 190) L’idée que ces journaux ont été inspirés par Graham, ou habilités par elle, est simplement faux. C’était Ellsberg qui les autorisait à ses risques et périls. Tout comme il a donné l’autorisation originellement au Times et au Post. La version de Hanks / Spielberg excise ce fait clé.
Un conte de fée très convenu
Parce que le film a été réalisé par Spielberg, il est assez habilement fait. Il a presque toujours été un réalisateur visuellement pointu. Mais il a aussi dit à son sujet que – contrairement à Alfred Hitchcock ou à Michelangelo Antonioni – il n’avait vraiment pas de style visuel. Il a ajouté qu’il voyait sa fonction comme étant au service de l’intention de l’écrivain, adaptant ainsi son style à la matière. Ici il fait un bon travail sur ce point.
La séquence de montage où le Post sort son histoire à la une basée sur les Pentagon Papers est un moment d’action très bien cadré : qui va du bureau de copie aux camions de livraison. La scène avec Graham dans sa tanière décidant de publier les documents entourés d’opinions divergentes par ses conseillers en affaires et éditoriaux est filmée d’en haut, véhiculant l’idée que des forces puissantes la poussent à prendre une décision fatidique. La pénultième scène avec Graham et Bradlee dans la salle d’imprimerie après que le tribunal a décidé en leur faveur, et qu’ils peuvent maintenant publier à nouveau, est joliment composée : la caméra se rétracte jusqu’à ce que les deux personnages soient éclipsés par l’image et le son de la presse imprimant l’édition des Pentagone Papers.
Meryl Streep est Kay Graham. Elle livre sa performance habituellement étudiée, techniquement solide, préparée avec précision. Mon seul problème avec son jeu, c’est que le personnage est écrit comme si c’était le premier jour de travail de Graham. À ce stade, Graham était responsable du journal depuis huit ans. L’idée qu’elle se frayait un chemin dans sa position est difficile à avaler. Dire que Tom Hanks joue Bradlee serait une déclaration trompeuse. Streep fait ce que Hanks ne fait pas : elle utilise ses pouvoirs mentaux et émotionnels pour créer quelqu’un d’autre. Hanks est – à tous égards – Hanks, pas Bradlee. A une exception près, le reste des personnages semble choisi pour l’apparence : ils ressemblent à des membres du conseil d’administration ou à des apprentis-journalistes. Cette exception est Bob Odenkirk de Breaking Bad qui montre une véritable gamme de jeu dans son interprétation de Ben Bagdikian.
Comme mentionné, en 1967-68 Ellsberg s’était rapproché d’un candidat présidentiel qui était d’accord avec lui sur la guerre, mais qui a été assassiné avant les élections de novembre 1968. Ce candidat était, bien sûr, Robert Kennedy. Kennedy voulait qu’Ellsberg soit son principal conseiller sur le Vietnam. En fait, dans son livre, Ellsberg laisse entendre que c’était Kennedy qui a donné quelques documents au New York Times qui ont aidé à empêcher une autre escalade par Johnson après l’offensive du Têt. Et pendant sa campagne présidentielle, Ellsberg a travaillé sur un discours pour RFK sur le Vietnam. (Ellsberg, pages 203, 218) Quand il a appris que Kennedy avait été tué, Ellsberg s’est effondré et a pleuré pendant une demi-heure. Il a ensuite écrit : « J’ai aimé Bobby. Il a été le seul homme politique en qui j’aie jamais cru » (Ibid, p.220) Mais comme le film marginalise Ellsberg, cet aspect important et émouvant de l’histoire n’apparaît nulle part à l’écran.
Et n’apparaît pas non plus le sénateur qui a effectivement lu les documents du Pentagone à la tribune du Sénat, ce qui a rendu la décision de la Cour suprême pratiquement sans conséquence pour ce qui est de leur publication. Ce sénateur était Mike Gravel de l’Alaska. Il a commencé à lire les documents tard dans la nuit avant l’annonce de la décision de la Cour suprême. Après environ quatre heures, il s’est presque effondré et les a transportés pour les placer dans le compte-rendu. (Ungar, page 262) Il l’avait chronométré de sorte que son sous-comité serait absent et par conséquent il ne pourrait y avoir aucune objection à sa motion. C’est ce compte rendu sténographique qui a produit la première version privée des Pentagon Papers, du nom de Gravel, de Beacon Press dans le Massachusetts.
Après que la Cour suprême eut statué au sujet du Times et du Post, Nixon et Mitchell n’ont pas abandonné. Ils ont ouvert une procédure de grand jury dans le Massachusetts pour s’en prendre à Ellsberg, Gravel et Beacon Press. Cela a échoué en raison du privilège de débat dont jouissent tous les sénateurs qui prennent la parole. (ibid, page 284) Mais ils ont inculpé Ellsberg et Anthony Russo en Californie, où Rand était localisé. Russo est allé en prison pendant sept semaines au motif d’accusations pour outrage pour avoir refusé de témoigner contre Ellsberg. Il l’a fait alors même qu’on lui accordait l’immunité en échange de son témoignage. (ibid, page 273) Mitchell a accusé Ellsberg avec onze chefs d’accusation, qui ont mené à la peine d’emprisonnement maximale de 115 ans, ou prison à vie. Russo a été accusé de trois chefs d’accusation, qui ont porté un maximum de 35 ans de prison.
Contrairement à ce que le film essaie de transmettre, c’est ce procès qui a été directement impacté par le Watergate. Parce que les poursuites judiciaires du Watergate ont démasqué la surveillance électronique illégale d’Ellsberg, le cambriolage chez son psychiatre, et la tentative de Nixon d’influencer le juge Matt Byrne en lui offrant la direction du FBI pendant le procès. À cause de ces actes, les accusations ont été rejetées. (Ellsberg, pages 444-449)
The Post tente de laisser entendre que la publication des Pentagon Papers a causé le Watergate. Comme l’ont montré de nouvelles recherches d’auteurs comme Robert Parry et Ken Hughes, ce ne fut pas le cas. Ce qui a provoqué la création de l’Unité des plombiers à la Maison-Blanche, c’est la crainte de Nixon que des documents cachés n’exposent son ingérence dans les élections de 1968 par l’entremise d’Anna Chennault et des fonctionnaires à Saïgon. Cette action a entravé les efforts de paix de Johnson en 1968 et a aidé Nixon à vaincre Hubert Humphrey.
Comme le lecteur peut le voir, The Post n’est pas près de raconter l’histoire complète sur les Pentagon Papers, ou la perfidie de l’administration Nixon en essayant d’empêcher leur publication. Et ce qu’il présente est – de l’avis du critique – sérieusement biaisé. Si Hanks et Spielberg s’intéressaient vraiment à l’histoire, la seule façon de rendre justice à cette histoire aurait été une mini-série en quatre parties. Cela aurait permis de réaliser une histoire à la fois honnête et authentique, mais aussi de produire des optiques plus dramatiques.
Cinématographiquement parlant, les meilleures parties de The Post sont les premières scènes au Vietnam et le vol et la copie des Pentagon Papers. Mais en outre, cette approche aurait permis l’introduction de personnages légendaires comme le général Ed Lansdale et le colonel Jean Paul Vann, puisque Ellsberg les avait rencontrés et servis tous les deux au Vietnam. Nous aurions alors pu rencontrer plus tard d’autres personnages qu’Ellsberg a rencontrés comme Kissinger, McGovern et RFK. Mais ce genre de présentation – avec Ellsberg demandant à Kissinger en public combien de civils lui-même et Nixon envisageaient de tuer en Indochine en un an, ne sachant pas que Nixon avait déjà dit à Kissinger qu’il se fichait des morts civils – cela aurait produit un film beaucoup plus dur et tranchant que celui-ci. (Ellsberg, pages 353-54, 419)
Au lieu de cela, Hanks et Spielberg nous ont fourni un conte de fées Washington/Hollywood. Un film « feel good » qui ne fonctionne que pour ceux qui ne sont pas au courant des faits sous-jacents, que leurs scénaristes et eux-mêmes ont tronqués et modifiés pour produire l’effet désiré. La meilleure chose que je peux dire à propos de ce film est qu’il pourrait inciter le spectateur à acquérir la vraie histoire en lisant le livre d’Ellsberg Secrets : A Memoir of Vietnam and the Pentagon Papers.
James DiEugenio est un chercheur et un écrivain sur l’assassinat du président John F. Kennedy et d’autres mystères de cette époque. Son livre le plus récent est Reclaiming Parkland.
Source : James DiEugenio, Consortium News, 22-01-2018
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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Commentaire recommandé
Bonjour Brigitte.
Elle se trouve où la promotion svp ? J’y vois une critique assez forte du film personnellement.
45 réactions et commentaires
Hollywood utilise souvent en prologue « Ceci est tiré d’une histoire vraie ».
C’est un argument de vente qui devrait faire fuir les vrais amateurs de cinéma. Si le scénariste est incapable de créer une fiction, qu’il aille faire des documentaires. Oliver Stone ou Michael Moore sont bien plus utiles à la vérité : ils n’en font pas un produit pré-digéré / prêt-à-consommer.
Merci en tous cas pour cet article bien éclairant.
+17
AlerterLa conclusion résume tout :
« Au lieu de cela, Hanks et Spielberg nous ont fourni un conte de fées Washington/Hollywood »
C’est le boulot d’Hollywood supervisée par le Pentagone/CIA : perpétuer le « rêve américain » par tous les moyens, non ?
+5
Alerter@Chris
Les liens entre le ministère de la Défense et l’industrie du divertissement sont assez bien documentés je crois. Dans un documentaire de Michael Moore (désolé j’ai oublié lequel, je crois que c’est Bowling for Columbine), il est par exemple question d’une Commission du ministère de la Défense chargée de délivrer des financements et autorisations diverses. Comme par exemple celle d’utiliser du matériel militaire et d’y tourner.
L’exemple fameux est celui du film Top Gun, massivement financé par le Pentagone afin de recruter des bidasses (on est encore dans le trauma du Viet Nam, les vétérans font un peu tâche dans le décor).
Avec un succès certain, même si évidemment le seul manche que les recrues (souvent des afro-américains) aient piloté est celui d’un balais-chiotte.
+1
AlerterHollywood s’intéresse aux célébrités et aux séries, et à plutôt vocation d’officine de propagande que de révolutionnaire. Bradlee, Graham, et le Washington Post sont célèbres à Hollywood grace au Watergate, et au film qui en a été tiré ( All the president’s men) .
« The Post » est donc un « prequel » ou on reprend des personnages connus. On voit d’ici comment le projet a été vendu. L’idée de raconter l’histoire d’Ellsberg, surtout à une époque où des sujets comme Snowden et Assange sont des sujets sensibles n’a pas du leur traverser l’esprit une seconde.
+6
AlerterTiens, Les Crises font de la promotion cinématographique hollywoodienne maintenant?
Ne pas oublier la formule « il n’y a pas de mauvaise publicité » et dans le domaine du cinéma ça s’applique à la lettre.
Le site a t-il passé un accord commercial avec « consortium news » pour diffuser régulièrement leurs articles?
A quand une pluralité culturelle sur ce site?
Parler de francophonie un jour et nous replonger dans l’anglophonie le lendemain, c’est cruel….
Laissez-nous rêver un peu quand même….
+5
AlerterBonjour Brigitte.
Elle se trouve où la promotion svp ? J’y vois une critique assez forte du film personnellement.
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AlerterJérôme, je l’explique pourtant il me semble « il n’y a pas de mauvaise publicité ». Pour le cinéma, on parle d’ailleurs toujours de critiques et non de commentaires…Parler d’un film, c’est déjà en faire la promotion et ce genre de film ne le mérite pas, mais ça c’est mon opinion et je la donne. Merci au site de me le permettre au passage….
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AlerterPerso, j’en conclus plutôt qu’il vaut mieux lire le bouquin, mille fois plus intéressant et factuel.
Ce que je vais m’empresser de faire…
+3
AlerterL’un n’empeche pas l’autre vous savez. On peut très bien regarder un film pour l’histoire qu’il raconte (car le cinéma c’est raconter une histoire) et pour ses evidentes’ qualités cinématographiques (scénographie, mise en scene, rythme, tension, jeu d’acteurs, etc…) et se documenter en même temps pour creuser réellement le sujet.
C’est un film et non pas un documentaire.
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AlerterVous l’avez vu, ou vous vous basez uniquement sur le fait que c’est un fil américain pour justifier votre propos ?
Personnellement, je n’ai pas envie de voir ce film, mais je ne le commenterai ni ne le jugerai.
Je déclare par contre que cet article m’a donné envie de lire le livre … sur lequel j’émettrai (peut-être) un jugement ou un commentaire UNE FOIS que je l’aurai lu.
+2
AlerterNon : en cinéma certains se passerait bien d’une critique, surtout telle que celle là.
Perso je sors du ciné et cette critique me rassure en comparaison d’autres critiques qui relèvent de la promotion en jugeant ce film comme un bijou.
Pour le coup cette critique n’est pas bonne à prendre. En fait quand le nombre de critique est limité, l’habitude est de ne publier que les critiques positives d’où votre réaction. Mais en réalité j’ai lu des critiques qui étaient tellement négative qu’elles avaient aussi leur valeur mais n’étaient pas diffusées.
Vu le nombre de critiques dithyrambiques sur ce film, cette contre critique est salutaire.
En plus elle est très bonne : non seulement elle rappelle l’histoire réelle, mais cinématographiquement elle tient la route ( le rôle de Hanks qui joue du Hanks, Streep qui joue bien mais passe pour une godiche qui ne sait jamais ce qu’elle veut et demande toujours conseil etc …)
Une chose surprenante est de voir ce monde machiste composé d’homme blanc de + de 40 ans. Et cette femme au milieu (parfois ça dégouline d’une sorte de féminisme totalement absent du film quand par Streep descend du tribunal avec une haie d’honneur composée exclusivement de femmes), qui semble prendre une décision un peu au pifomètre motivée soit par une recherche de ses valeurs fondamentales ou (on ne sait pas), soit par une volonté d’émancipation.
En tout cas voici une critique salutaire.
+3
AlerterIl faudrait donc cesser de parler de ce qui se passe dans la première puissance militaire et financière du monde, alors qu’elle menace explicitement la moitié de la planète et que notre pays en est un servile vassal ?
Au contraire, il faut suivre ce qui s’y passe et essayer de comprendre les dynamiques à l’oeuvre. Ce qui se passe là-bas aujourd’hui arrivera probablement chez nous demain, assujettissement oblige.
Si vous préférez les beaux paysages du tas de sable vu de l’intérieur il y a d’autres sites qui le font très bien.
+21
AlerterMadudu, croyez-vous vraiment qu’un film de Spielberg (le roi du divertissement hollywoodien) soit indispensable pour comprendre les dynamiques à l’oeuvre? Vous allez probablement me trouver sectaire et je veux bien endosser cette critique.
Les millions de spectateurs qui iront voir ce film ne vont pas se transformer en rebelles et il n’y aura pas d’effet papillon non plus. je pense justement le contraire.
+8
AlerterLe jour où Spielberg fera tomber l’Empire… E.T. reviendra parmi nous.
Je n’ai rien contre ce réalisateur, mais son cinéma est un vecteur de la propagande américaine (cf. « Il faut sauver le soldat Ryan »).
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AlerterLes millions de téléspectateurs seront renforcés dans leur fausses opinions après avoir vu un film faussement « lanceur d’alerte ». Ca ne fait que discréditer encore plus ceux qui voulaient faire connaître la vraie histoire. Ce procédé a un nom (que je n’arrive pas à retrouver). C’est très employé aussi dans la propagande de guerre des USA.
+8
Alerterun enfumage ? en bon français, cela va de soi.
+7
AlerterComment pouvez-vous affirmer que l’article fait la promotion du cinéma hollywoodien alors qu’au contraire il s’attache à démontrer le caractère superficiel et historiquement faux du film ? Avons nous bien lu le même article ?
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AlerterAlain, Brigitte part du principe que « mauvaise pub ou bonne pub, c’est toujours de la pub »
+9
AlerterDonc, vous prenez les autres lecteurs du blog pour des idiots. Quant à la promotion du film, elle n’a certes pas besoin du blog Les-Crises
+2
AlerterTotalement d accord avec vous, il n y a pas de mauvaise publicite lorsque l’on parle d un produit de maniere breve et en jouant sur les emotions. Cependant c’est totalement different lorsque la reflexion prend le pas sur la breve emotion car le cerveau associera non plus le produit a quelque chose de rassurant, car deja vu, mais plutot a l emotion que la reflexion nous a inspire. Je comptais voir ce film (surtout a cause de ses critiques excellentes, que je comprends mieux desormais) mais je vais finalement m’abstenir et partager cet article autour de moi. Je pense que les gens qui ont lu l’article jusqu au bout en feront autant.
Un grand merci aux traducteurs.
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Alerter@Madudu
« essayer de comprendre les dynamiques à l’œuvre »
Le pouvoir, l’argent et la postérité. Je leur conseil 5 à 6 pages par jour, du livre « La sobriété heureuse » de Pierre Rabhi.
Extrait: Seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d’une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé « mondialisation ».
https://www.dailymotion.com/video/xa0elk
+8
AlerterFranchement. Qu’on me cite UN SEUL film, surtout US où la vérité est respectée.
Toute ma vie je me souviendrai de la colossale surprise que j’ai eu en lisant « Les Raisins de la Colère » de Steinbeck après avoir vu plusieurs fois, dans mes enfances et adolescence, la version cinéma de ce vieux facho de John Ford. Surprise, effarement puis colère, énorme colère devant cette escroquerie qu’avait constitué ce film « contre-feu » de ce brulot révolutionnaire comme je crois n’en n’avoir jamais lu, à part peut-être, « Les Misérables », et encore.
Hollywood, c’est le joueur de pipeau de Hammeln, et on finira tous comme les enfants du conte.
+17
AlerterIl ne faut pas généraliser, et en outre un film est par définition une fiction, c’est à dire un récit qui n’a pas vocation à tendre vers la vérité.
Il serait peut-être plus pertinent d’essayer de comprendre les différences entre le cinéma d’Hollywood et le cinéma français. Il y a deux « idéaux-types » :
• aux Etats-Unis, un film se veut avant tout un divertissement
• en France, il y a une prétention artistique forte, la volonté de réaliser une « œuvre d’art »
Cela se voit d’ailleurs très nettement dans les comportements des spectateurs. Si on caricature : bruyants et réactifs dans les salles américaines / silencieux et attentifs dans les salles françaises.
Je crois que cette différence US / France a de nombreuses explications, qui tiennent à la fois à la culture, sa place dans la société, et aux modèles économiques de ces deux industries.
+1
AlerterEn l’occurence le film est ennuyeux et est totalement centré à côté du sujet en travestissant la réalité pour en faire un combat des médias solidaires se battant pour que la vérité soit apportée à la connaissance du public.
Honnêtement presque 2h c’est long quand ça n’avance pas …
+1
AlerterÇa me semble tout de même plus complexe que ça.
Je ne vois pas en quoi un divertissement ne peut pas être artistique. Spielberg est un monstre du divertissement mais aussi un monstre artistiquement (lui parmi bien d’autres).
D’un autre côté le cinéma français se fourvoie dans un idée qu’il est artistique parce qu’il parle de sujets de société mais n’a (majoritairement) strictement rien d´artistique.
+0
Alerter@duracuir
Oliver Stone, une autre histoire de l’amérique ?
https://www.youtube.com/watch?v=eukfrzsHRbU
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AlerterHollywood et la CIA couchent ensemble… https://twitter.com/jpcdelorme/status/965354313517273094
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AlerterCIA et médias…
Voila une histoire qui mérite un billet, si, si, ça parle de fausses informations destinées à tromper le public.
» L’affaire découle d’un procès contre la CIA par Adam Johnson, qui avait utilisé la FOIA, pour obtenir des courriels entre le bureau d’information publique de l’agence et des journalistes sélectionnés du Wall Street Journal, du Washington Post et du New York Times. Les courriels que la CIA a fournis à Johnson ont été expurgés, ce qui l’amène à se demander pourquoi il n’a pas été autorisé à voir la même information que celle qui avait été donnée aux journalistes non nettoyés. »
Et oui, pourquoi ?
Pourquoi la CIA qui délivre une info à ces trois médias, pour être diffusé au public, refuse de transmettre les documents qui appuient l’information ?
Comme il n’y a aucune logique à cette flagrante contradiction, il en suffisait peu, pour que certains y voit là une preuve que la CIA cache une op de désinformation du public par le biais de ces trois médias.
https://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&rurl=translate.google.com&sl=auto&sp=nmt4&tl=fr&u=https://www.zerohedge.com/news/2018-02-17/cia-argues-public-cant-see-classified-information-it-has-already-leaked-favored&xid=17259,15700022,15700105,15700124,15700149,15700168,15700173,15700201&usg=ALkJrhjo_FrebrXwu2d093upI7J-xqPDgA
+0
AlerterJe suis ce que vous appelez un « rebelle » et je tiens Spielberg pour un très grand réalisateur. Votre critique d’Hollywood manque de nuances, on se croirait dans la critique stalinienne de l’Huma des années 50. John Ford est certes un réac (facho ???) mais c’est aussi un grand réalisateur. Céline est un antisémite détestable et « le voyage au bout de la nuit » un très grand livre. Vous saisissez la différence ? Le problème commence précisément là où vous vous arrêtez.
+0
AlerterSpielberg et Ford sont effectivement d’immenses réalisateurs 🙂
Je crois que les critiques portent non pas sur leurs compétences mais sur le message véhiculé par certaines de leurs œuvres.
La critique est légitime mais comme vous l’indiquez doit être nuancée car il s’agit d’une production hollywoodienne (= prime donnée au spectacle et à une intrigue à rebondissements), abordant un sujet qui concerne avant tous les Etats-Unis.
Le premier souci à mon avis c’est que ce genre de film soit diffusé si massivement sur nos écrans français.
+2
AlerterLe parti pris (tranquille) de Spielberg: « Le Post » plutôt qu’ D Ellsberg.
Lanceur d’alerte, Ellsberg, s’efface peu à peu tout au long du film au profit de M Streep ( Kay Graham ).Le rôle prépondérant est ainsi donné aux journalistes de la presse papier, situant ce film dans une banale lignée.
D Ellsberg fait parti,âgé de plus de 80 ans, de la Freedom of the Press Foundation qui a soutenu Wikileaks et Bradley Manning. Si Spielberg avait réalisé un grand film ,il aurait choisit un meilleur équilibre entre les différents protagonistes de l’affaire.
Çà aurait « eu de la gueule » de terminer ce film par un clin d’oeil à la Freedom of the Press Foundation plutôt qu’à l’attendue référence aux « Hommes du Président » d’ Alan J. Pakula.
.
+7
AlerterMême quand ils portent des écrits à l’écran (romans, ou même la Bible par exemple), nombreux sont les réalisateurs de « block busters » (ou ceux visant ce but) qui aiment distordre complètement l’histoire originale tout en prétendant « l’adapter ». Et même si aux USA ça sert souvent pour cadrer avec la droite ligne, ça sert un peu partout pour rendre l’histoire plus sulfureuse, plus conflictuelle, plus « dans l’air du temps ». J’ai moi même été trompé plusieurs fois.
+3
AlerterLa critique négative de ce film la plus utile, selon le site allociné :
http://www.allocine.fr/membre-Z20151010231400780377932/movie/254356/
Pour être honnête, je n’ai pas vu ce film. Je remarque au passage que son titre anglais a été remplacé par un autre titre anglais, sauf au Québec (« Le Post ») : une absurdité qui montre le peu de cas que l’hexagone fait de la francophonie. On se souvient de « La guerre des étoiles », devenu « Star wars » en 1999.
+2
AlerterAllez, j’en remets une couche : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-254356/critiques/spectateurs/star-1/
« l’intention pachydermique de nous montrer que si Nixon=Trump alors on sera sauvé par les femmes politiques (suivez mon regard vers Oprah) »
Notez bien que le titre original (The Post) a été traduit dans l’hexagone par… un autre titre anglais (Pentagone Papers). Au moins, pour le navet de Roland Emmerich, l’hexagone s’était contenté de reprendre le titre original (Independence Day)… titre que le Québec avait traduit en français.
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AlerterCette traduction pour la version française n’est ni surprenante ni incongrue, puisqu’à l’époque la presse française avait appelé cette affaire « l’affaire des dossiers du pentagone ».
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AlerterMerci. La bonne traduction du titre de ce film aurait donc été « Les dossiers du Pentagone ». Mais « Pentagone papers », c’est plus frimeur…
+0
AlerterApres avoir vu le film, 2 choses :
C’ est un film sur une femme qui s’impose dans un monde d’homme, alors qu’elle n’aurait jamais du se trouver à ce poste.
Ce n’est pas du tout l’histoire d’un lanceur d’alerte ou tout autre héros de la démocratie.
Votre article est très intéressent mais hors sujet.Ce n’est que du cinéma … Et du bon. Enfin à mon avis.
+1
AlerterJe n’ai pas vu ce film.
Mais d’après ce que vous en dites il y a tromperie sur la marchandise avec un tel titre.
Ceci dit l’article est factuel et donne envie de lire le bouquin.
+1
Alerter« Ce n’est que du cinéma »
… nan, c’est aussi la relation de faits qui ont eu lieu.
Si vous me dites « Les tontons flingueurs » c’est que du cinéma, là d’accord. Mais un film qui commence par « Cette histoire est tirée de faits réels » n’est pas qu’un simple divertissement. Il a la prétention d’informer en même temps que distraire.
+4
Alerter@Lacoste
Vous avez au moins deux manières de commenter un film:
-soit vous l’analysez d’un point de vue strictement technique (plans, jeu des acteurs,lumière,etc.) .On peut alors considérer comme vous qu’il s’agit d’un bon film.
-soit vous discutez le parti pris de l’auteur.C’est ce que fait j DiEugenio dans ce billet en soulignant les insuffisances historiques(cf son dernier paragraphe).
Mais on peut aller plus loin :une femme et des journalistes de la presse papiers sauvent la démocratie d’un méchant président et d’actionnaires.Là on commence à se rapprocher du « story telling » voire de la propagande.Ce n’est pas que du cinéma.
Vous vous souvenez du premier King Kong (1933) et de l’actrice (Fay Wray) dans la main du « monstre » ? Cherchez sur internet qui elle épousa et quelle fût la carrière de son second mari. Vous comprendrez comment dés la fin de la » WW II » a été promu en Europe « l’american way of life ».
+2
AlerterPour valider l’article, qui est James DiEugenio ? Quel est son crédit ?
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Alerterhttps://consortiumnews.com/tag/james-dieugenio/ 🙂
Visiblement il s’est fait une spécialité de mettre la réalité en face des blockbusters hollywoodiens (https://consortiumnews.com/2017/11/15/the-charmed-doomed-life-of-barry-seal/)
+1
AlerterC’est malheureusement la grande habitude d’Hollywood : à partir d’une histoire vraie (déjà passionnante à la base), se sentir obligé de rajouter des personnages et intrigues imaginaires, car ces gens s’imaginent que la réalité crue n’est pas assez intéressante / divertissante (=rentable). On se souvient de The Imitation Game, où la version cinéma a ajouté une taupe soviétique dans la base secrète britannique (??), a inventé cette histoire de complot des matheux contre l’Etat Major, et globalement surjoue totalement le rôle de Turing dans le projet Enigma. Même dans les films de guerre « réalistes » (du genre : Lone Survivor) ils se permettent de modifier les faits pour ajouter de l’effet dramatique…
On ne changera pas Hollywood…
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AlerterJe comprends mal le procès que vous et d’autres ici font à ce film et à Hollywood en général. D’innombrables films sont construits autour d’une histoire réelle, et je ne vois pas en quoi cela devrait empêcher leurs réalisateurs de romancer leur œuvre comme ils l’entendent. Je ne connais aucun film basé sur un évènement ou un personnage historique qui puisse prétendre à l’exactitude. L’article reproche finalement à ce film de n’être qu’ un film…je ne sais pas si c’est plus ridicule qu’inquiétant .
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Alerteroui, film pas documentaire. mais le titre et le contenu restent trompeurs.
le titre « français » est je suppose choisi par chez nous pour être racoleur
un film, c’est du business et holliwood le miracle du mirage ou le mirage du miracle de l’enfumage.
Sinon, c’est très interressant d’aborder ce sujet. pour ceux qui n’ont pas connu. Merci aux traducteurs
@duracuir
Oliver Stone, une autre histoire de l’amérique ?
https://www.youtube.com/watch?v=eukfrzsHRbU
fini l’enfance , si on ne s’interoge pas un tout petit peu sur les gentils cowboys et les méchants indiens, et que l’on comprend le monde par le decodex, on mérite juste de mourir idiot. 😉
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