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Le grand braquage britannique du Brexit : comment notre démocratie a été piratée

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Source : The Guardian, Carole Cadwalladr, 07-05-2017

Une opération globale ténébreuse impliquant de gros volumes de données, des amis milliardaires de Trump et les forces disparates de la campagne Leave ont influencé le résultat du référendum sur le sujet européen. Alors que la Grande-Bretagne se rend à nouveau aux urnes, notre processus électoral est-il toujours adapté à son objectif ?

Par Carole Cadwalladr

Dimanche 7 mai 2017

Cet article fait l’objet de plaintes de la part de Cambridge Analytica LLC et de SCL Elections Limited.

« L’interconnexion qui est le centre de la mondialisation peut être exploitée par des États ayant une intention hostile de poursuivre leurs objectifs. […] Les risques en jeu sont profonds et représentent une menace fondamentale pour notre souveraineté ».

Alex Younger, directeur du MI6, décembre 2016.

« Ce n’est pas le travail du MI6 d’alerter sur des menaces internes. C’était un discours très étrange. Était-ce un coup de semonce d’une des branche des services de renseignement vers une autre ? Ou était-ce dirigé contre au gouvernement de Theresa May ? Est-ce qu’elle sait quelque chose qu’elle ne nous dit pas ? »

Analyste en chef du renseignement, avril 2017.

En janvier 2013, une jeune étudiante américaine passait par Londres lorsqu’elle a été appelée par le patron d’une entreprise où elle avait précédemment fait un stage. La société, SCL Elections, avait ensuite été rachetée par Robert Mercer, un milliardaire de fonds spéculatifs secrets, rebaptisé Cambridge Analytica, et avait acquis une certaine notoriété en tant que société d’analyse de données ayant joué un rôle dans les campagnes de Trump et du Brexit. Mais tout cela était encore à venir. Londres en 2013 était encore en train de profiter de la retombée des Jeux olympiques. La Grande-Bretagne n’avait pas encore brexité. Le monde n’était pas encore chamboulé.

« C’était avant que nous devenions cette sombre société de données dystopiques qui a donné au monde Trump », m’a dit un ancien employé de Cambridge Analytica que j’appellerai Paul. « C’était revenu alors que nous étions encore juste une entreprise de guerre psychologique. »

Était-ce vraiment ce que vous appelez, lui demandai-je, guerre psychologique ? « Totalement. C’est ça. Psyops Les opérations psychologiques – les mêmes méthodes que les militaires utilisent pour effectuer un changement de sentiment de masse. C’est ce qu’ils veulent dire en gagnant des ‘cœurs et des esprits’. Nous le faisions juste pour gagner des élections dans le genre de pays en développement qui n’ont pas beaucoup de réglementations. »

Pourquoi quelqu’un voudrait-il faire un stage dans une entreprise de guerre psychologique, je lui demande. Et il me regarde comme si j’étais fou. « C’était comme travailler pour le MI6. A condition que le MI6 embauche. C’était très chic, très anglais, tenu par un vieux Étonien et il fallait faire des choses vraiment cool. Prendre l’avion pour n’importe où dans le monde. Vous travailliez avec le président du Kenya ou du Ghana ou ailleurs. Ce n’est pas comme les campagnes électorales occidentales. Tu dois faire toutes sortes de conneries dingues. »

Ce jour-là, en janvier 2013, la stagiaire avait rencontré le directeur général de SCL, Alexander Nix, et lui a donné une idée. Elle a dit : « Vous avez vraiment besoin de pénétrer les données ». Elle a vraiment impressionné Alexander. Et elle lui a mentionné une société qui appartenait à quelqu’un qu’elle connaissait par son père.

Je parlais aux anciens employés de Cambridge Analytica depuis des mois et j’ai entendu des douzaines d’histoires à vous faire dresser les cheveux sur la tête, mais c’était toujours un moment bouleversant. Pour tous ceux qui se soucient de la surveillance, Palantir est pratiquement devenu un déclencheur. L’entreprise d’extraction de données a conclu des contrats avec des gouvernements du monde entier, y compris le GCHQ et la NSA. Il appartient à Peter Thiel, milliardaire co-fondateur de PayPal et grand investisseur dans Facebook, qui est devenu le premier soutien de Trump de la Silicon Valley.

D’une certaine manière, une stagiaire qui se présente et se réfère à Palantir est juste un autre détail étrange dans l’histoire la plus étrange que j’ai jamais étudiée.

Un détail étrange mais révélateur. Parce que cela révèle la raison pour laquelle l’histoire de Cambridge Analytica est l’une des plus profondément troublantes de notre temps. Ce qui est clair, c’est que le pouvoir et la domination de la Silicon Valley – Google et Facebook et une poignée d’autres – sont au centre du glissement tectonique mondial auquel nous assistons actuellement.

L’homme de l’argent : Robert Mercer, supporter de Trump et propriétaire de Cambridge Analytica. Photographie : Rex

Il révèle également un vide béant crucial dans le débat politique en Grande-Bretagne. Parce que ce qui se passe en Amérique et ce qui se passe en Grande-Bretagne sont étroitement liés. Brexit et Trump sont liés. Les liens de l’administration Trump avec la Russie et la Grande-Bretagne sont étroitement liés. Et Cambridge Analytica est un point de focalisation à travers lequel nous pouvons voir toutes ces relations à l’œuvre ; il révèle aussi ce dont personne n’ose parler, alors que nous nous dirigeons vers une élection générale : la Grande-Bretagne lie son avenir à une Amérique qui est en train d’être refaite – de manière radicale et alarmante – par Trump.

Il y a trois volets à cette histoire. Comment les bases d’un état de surveillance autoritaire sont posées aux États-Unis. Comment la démocratie britannique a été subvertie à travers un plan de coordination à grande échelle, dissimulé par un milliardaire américain. Et comment nous sommes au milieu d’un accaparement massif de pays par les milliardaires avides de pouvoir, via nos données. Données qui sont en train d’être amassées, récoltées et stockées en silence. Quiconque possède ces données possède l’avenir.

Mon point de départ dans cette histoire a commencé, comme tant de choses, avec Google tard dans la nuit. En décembre dernier, je suis tombé dans un dédale troublant de Google suggérant une saisie automatique qui se terminait par « l’holocauste s’est-il produit ». Et une page entière de résultats qui prétendait que non.

L’algorithme de Google avait été utilisé par des sites extrémistes et c’est Jonathan Albright, professeur de communication à l’université d’Elon en Caroline du Nord, qui m’a aidé à comprendre ce que je voyais. Il a été le premier à cartographier et à découvrir tout un écosystème de nouvelles et d’informations « droite alternative » et c’est lui qui m’a présenté à Cambridge Analytica.

Il a qualifié l’entreprise de « machine à propagande » de droite, que j’ai cité en référence à son travail pour la campagne électorale de Trump et la campagne du référendum sur le brexit. Cela a mené au deuxième article mettant en vedette Cambridge Analytica – en tant que nœud central du réseau de nouvelles et d’information alternatif que je croyais créé par Robert Mercer et Steve Bannon, l’assistant principal de Trump qui est maintenant son principal stratège. J’ai trouvé des preuves suggérant qu’ils étaient sur une mission stratégique pour écraser les médias traditionnels et les remplacer par un autre comprenant des faits alternatifs, de fausses histoires et de la propagande de droite.

Mercer est un brillant informaticien, un précurseur de l’intelligence artificielle et copropriétaire de l’un des hedge funds les plus performants de la planète (avec un rendement annuel défiant l’imaginable de 71,8%). Et il est aussi, j’ai découvert, de bon ami de Nigel Farage. Andy Wigmore, le directeur des communications de Leave EU, m’a dit que c’était Mercer qui avait demandé à sa société, Cambridge Analytica, « d’aider » la campagne Leave.

Le deuxième article a déclenché deux enquêtes, qui se poursuivent toutes deux : une par le Commissaire à l’Information sur l’utilisation possible illégale de données. Et une seconde par la commission électorale qui est « concentrée sur la question de savoir si une ou plusieurs donations – y compris des services – acceptées par Leave EU étaient ‘inadmissibles’ ».

Ce que j’ai alors découvert, c’est que le rôle de Mercer dans le référendum est allé bien au-delà. Bien au-delà de la juridiction de toute loi britannique. La clé pour comprendre comment un milliardaire motivé et déterminé pourrait contourner nos lois électorales repose sur AggregateIQ, une obscure société d’analyse du Web basée dans un bureau au-dessus d’un magasin à Victoria, en Colombie Britannique.

C’est avec AggregateIQ que Vote Leave (la campagne officielle du brexit) a choisi de dépenser 3,9 millions de livres, soit plus de la moitié de son budget officiel de campagne de 7 millions de livres. De même que trois autres campagnes du brexit affiliées: BeLeave, Veterans for Britain et le parti Democratic Unionist, dépensant 757.750 livres supplémentaires. La écoordinationé entre les campagnes est interdite par la loi électorale britannique, à moins que les dépenses de campagne ne soient déclarées conjointement. Ce n’était pas le cas. Vote Leave déclare que la Commission électorale a « examiné ce dossier » et lui a délivré un « certificat de bonne santé ».

Comment une obscure compagnie canadienne est-elle venue jouer un rôle aussi important dans le Brexit ? C’est une question que Martin Moore, directeur du centre pour l’étude de la communication, des médias et du pouvoir au King’s College de Londres, a également posée. « J’ai parcouru toutes les factures de la campagne de Leave lorsque la commission électorale les a téléchargées sur son site en février. Et j’ai continué à découvrir tous ces énormes montants allant à une société dont non seulement je n’avais jamais entendu parler, mais dont il n’y avait pratiquement aucune trace sur Internet. Plus d’argent a été dépensé avec AggregateIQ qu’avec toute autre société dans toute autre campagne durant tout le référendum. Tout ce que j’ai trouvé, à l’époque, était un site d’une page et c’était tout. C’était un mystère absolu. »

Moore a contribué à un rapport du LSE publié en avril qui concluait que les lois électorales britanniques étaient « faibles et inutiles » face aux nouvelles formes de campagnes numériques. Les sociétés offshore, l’argent versé dans les bases de données, les tiers sans entraves… les plafonds sur les dépenses avaient disparu. Les lois qui ont toujours été à la base du code électoral britannique n’étaient plus adaptées à leur objectif. Les lois, a indiqué le rapport, ont besoin d’une « révision urgente par le parlement ».

AggregateIQ détient la clé pour déterrer un autre réseau d’influence compliqué créé par Mercer. Une source m’a envoyé un e-mail pour me dire qu’il avait trouvé que l’adresse et le numéro de téléphone d’AggregateIQ correspondaient à une société inscrite sur le site Web de Cambridge Analytica comme étant son agence à l’étranger : « SCL Canada ». Un jour plus tard, cette référence en ligne a disparu.

Il devait y avoir un lien entre les deux sociétés. Entre les différentes campagnes Leave. Entre le référendum et Mercer. C’était une coïncidence trop grande. Mais tout le monde – AggregateIQ, Cambridge Analytica, Leave.EU, Vote Leave – l’a nié. AggregateIQ venait d’être un « sous-traitant » à court terme de Cambridge Analytica. Il n’y avait rien pour réfuter cela. Nous avons publié les faits connus. Le 29 mars, l’article 50 a été déclenché.

J’ai par la suite rencontré Paul, la première des deux sources anciennement salariées par Cambridge Analytica. La vingtaine, il porte les « cicatrices mentales » de son passage dans l’entreprise. « Il s’agirait presque de stress post-traumatique. J’étais tellement… déboussolé. Ça c’est passé si vite. Je me suis réveillé un matin et j’ai réalisé qu’on était devenu le parti fasciste républicain. Je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée. »

Il éclata de rire quand j’évoquai le frustrant mystère Aggregate IQ. « Allez voir Chris Wylie », m’a-t-il dit.

Qui est Chris Wylie?

« C’est celui qui a introduit les données et le micro-ciblage (messages politiques individualisés) chez Cambridge Analytica. De plus, il est originaire de l’ouest du Canada. C’est uniquement grâce à lui qu’AggregateIQ existe. Ce sont ses amis. C’est lui qui les a amenés là où ils sont. »

Ce n’était pas une simple relation entre Cambridge Analytica et AggregateIQ, m’a dit Paul. Ils étaient intimement liés, des pivots dans l’empire étendu de Robert Mercer. « Les Canadiens étaient notre base arrière. Ils ont construits des logiciels pour nous. Ils maintenaient notre base de données. Si AggregateIQ est impliqué, alors Cambridge Analytica l’est aussi. Et si Cambridge Analytica est impliqué, alors Robert Mercer et Steve Bannon le sont aussi. Vous devez trouver Chris Wylie. »

J’ai trouvé Chris Wylie. Il a refusé de commenter.

La clé pour comprendre comment des données peuvent transformer l’entreprise, c’est de savoir d’où elles viennent. Et c’est une lettre du « Directeur des opérations de la défense, groupe SLC », qui m’a aidé à m’en rendre compte. C’est tiré du « Commandant Steve Tatham, Phd,MPhil, Royal Navy », qui se plaint de l’usage du mot « désinformation » dans mon article sur Mercer.

Je lui ai répondu en lui rappelant qu’il a utilisé les mots « trahison » et « propagande » dans ses articles, qui peuvent être considérés comme « quasi synonymes de désinformation ». C’est seulement plus tard que j’ai été frappé par l’étrangeté de correspondre avec un commandant retraité de la Navy sur des stratégies militaires qui auraient pu être utilisées durant les élections aux États-Unis et en Grande Bretagne.

Ce qui a été perdu dans la couverture américaine de cette entreprise « d’analyses de données » est la compréhension de l’origine de cette société : elle est intimement liée au complexe militaro-industriel. Une enclave britannique étrange, peuplée comme l’est l’establishment militaire en Grande-Bretagne, par les conservateurs de la vieille école. Geoffrey Pattie, ancien sous-secrétaire d’État à la Défense au parlement et directeur de Marconi Defence Systems, faisait partie du conseil d’administration, et Lord Marland, ancien délégué commercial de David Cameron, pro-Brexit, en était actionnaire.

Steve Tatham était le chef des opérations psychologiques des forces britanniques en Afghanistan. L’Observer avait vu des lettres approuvées par lui du ministère de la Défense, des Affaires étrangères et de l’OTAN.

SCL/Cambridge Analytica n’était pas une quelconque start-up créée par deux gars avec des Mac PowerBook. C’était une part effective importante de l’establishment de la défense britannique. Et à présent aussi, de l’establishment de la défense américaine. Un ancien officier supérieur du Centre des opérations du corps des Marines, Chris Naler, a récemment rejoint Iota Global, partenaire du groupe SCL.

Ce n’est pas juste une histoire de psychologie sociale et d’analyses des données. Cela doit être compris comme un contrat avec les militaires, utilisant des stratégies militaires, sur une population civile. Nous. David Miller, professeur de sociologie à l’Université de Bath et une autorité en matière de psy-ops et propagande, déclare : « c’est un extraordinaire scandale qui ne devrait en aucune façon arriver en démocratie. cela doit être clair pour les électeurs de savoir d’où vient l’information, et si il n’y a pas de transparence, ni de garantie sur son origine, cela doit poser la question de savoir si nous vivons ou non vraiment en démocratie. »

Paul et David, d’autres anciens employés de Cambridge Analytica, travaillaient dans cette société quand elle a introduit la collecte massive de données dans ses techniques de guerre psychologique. « Cela a réuni la psychologie, la propagande et la technologie dans une puissante voie nouvelle », m’a dit David.

Steve Bannon, ancien vice-président de Cambridge Analytica, maintenant conseiller clé de Donald Trump. Photographie : Jonathan Ernst / Reuters

Et c’est Facebook qui l’a rendu possible. C’est à partir de Facebook que Cambridge Analytica a obtenu son vaste ensemble de données en premier lieu. Plus tôt, les psychologues de l’Université de Cambridge ont collecté des données Facebook (légalement) à des fins de recherche et publié des études pionnières sur la détermination des traits de personnalité, la tendance politique, la sexualité et bien d’autres choses à partir des « like » des gens sur Facebook. Et SCL/Cambridge Analytica a engagé un chercheur à l’université, le Dr Aleksandr Kogan, pour récolter de nouvelles données sur Facebook. Et il l’a fait en payant des gens pour faire un questionnaire de personnalité qui permettait non seulement de récolter leurs propres profils Facebook, mais aussi ceux de leurs amis – un processus alors autorisé par le réseau social.

Facebook était la source des connaissances psychologiques qui ont permis à Cambridge Analytica de cibler des individus. C’est également le mécanisme qui leur a permis d’en obtenir à grande échelle.

La société a aussi (parfaitement légalement) acheté des ensembles de données sur les consommateurs – sur tous les sujets, des abonnements aux magazines en passant par les voyages en avion – et incroyablement, a couplé ces données psychologiques avec les fichiers électoraux. Toutes ces informations correspondaient aux adresses des personnes, leurs numéros de téléphone et souvent leurs adresses e-mail. « L’objectif est de capturer chaque aspect de l’environnement de l’information de chaque électeur », a déclaré David. « Et les données de personnalité ont permis à Cambridge Analytica d’élaborer des messages individuels. »

Trouver des électeurs « influençables » est la clé de toute campagne et, avec son trésor de données, Cambridge Analytica pourrait cibler les gens enclins au névroses, par exemple, avec des images d’immigrants « submergeant » le pays. La clé est de trouver des déclencheurs émotionnels pour chaque électeur.

Cambridge Analytica a travaillé pour le comité d’action politique du parti républicain dans plusieurs états clés. Son objectif, si l’on en croit un mémo auquel l’Observer a pu accéder, était de susciter un « désengagement des électeurs » et de « pousser à l’abstention au sein de l’électorat démocrate », une tactique pour le moins inquiétante. Il avait auparavant été suggéré que des stratégies de suppression était utilisées durant la campagne, mais ce document en constitue la première preuve tangible.

Mais cela fonctionne t-il réellement ? Une des critiques formulée à l’encontre de plusieurs de mes articles est que la « sauce spéciale » Cambridge Analytica a été sur-vendue. Ses agissements sont-ils si différents de ceux de n’importe quelle autre société de conseil en politique ?

« Ce n’est pas une société de conseil en politique », dit David. « Vous devez comprendre qu’il ne s’agit en aucun cas d’une entreprise ordinaire. Je ne suis même pas certain que Mercer se soucie qu’elle soit rentable ou pas. C’est la production d’un milliardaire dépensant des sommes astronomiques pour construire son propre laboratoire de sciences expérimentales, pour tester ce qui marche ou pas, pour trouver d’infimes petites parcelles d’influence qui peuvent faire basculer une élection. Robert Mercer n’a rien investi dans cette compagnie avant qu’elle ne contrôle une série de projets pilotes et préliminaires. Il est l’un des plus brillants ingénieurs en informatique au monde. Il ne va pas claquer 15 millions de dollars sur du vent. »

Tamsin Shaw, professeur agrégée de philosophie à l’université de New York, m’aide à comprendre le contexte. Elle a étudié le financement de l’armée américaine et l’usage de la recherche en psychologie appliqué à la torture. « La capacité de cette science à être utilisée pour manipuler les émotions est parfaitement établie. Il s’agit là de technologies d’origine militaire qui ont été maîtrisées par la ploutocratie mondiale et ensuite utilisées pour influencer des scrutins de manière à ce que le public ne le voit pas, ne réalise même pas ce qui leur arrive », dit-elle. « Cela consiste en l’exploitation de phénomènes déjà existants tel que le nationalisme pour ensuite manipuler les gens à la marge. Savoir qu’autant d’informations sont entre les main de ploutocrates internationaux et qu’ils peuvent en faire ce qu’il veulent est absolument terrifiant. »

« Nous sommes entrés dans une guerre de l’information et des milliardaires sont en train de mettre la main sur ces entreprises, qui sont ensuite utilisées pour agir au cœur des gouvernements. C’est une situation très inquiétante. »

Un projet mené à bien par Cambridge Analytica en 2013 à Trinidad rassemble tous les éléments de cette histoire. Au moment où Robert Mercer débutait les négociations avec Alexandre Nix, patron de SCL, en vue d’une acquisition, la firme de ce dernier a été retenue par plusieurs ministres à Trinidad et Tobago. Il s’agissait de développer un programme de micro-ciblage au profit du parti alors au pouvoir. Et AggregateIQ, la même entreprise chargée de préparer le Brexit pour la campagne Leave, fut choisie pour mettre sur pied la plateforme de ciblage.

David déclara : « La méthode standard de la SCL/CA est de vous obtenir un contrat gouvernemental du parti au pouvoir. Et ça paie le travail politique. C’est donc souvent un projet bidon qui n’est qu’une couverture pour faire réélire le ministre. Mais dans ce cas, nos contacts gouvernementaux étaient avec le Conseil de sécurité nationale de Trinidad. »

Le travail de sécurité devait être le prix du travail politique. Les documents vus par l’Observer montrent qu’il s’agissait d’une proposition visant à saisir en masse [En français dans le texte, NdT] l’historique de navigation des citoyens, à enregistrer les conversations téléphoniques et à appliquer le traitement du langage naturel aux données vocales enregistrées pour constituer une base de données policières nationales, avec des scores pour chaque citoyen sur leur propension à commettre des crimes.

« Le plan présenté au ministre était un rapport préliminaire. C’était avant le crime. Et le fait que Cambridge Analytica travaille maintenant au sein du Pentagone est, je pense, absolument terrifiant », a déclaré David.

Ces documents jettent la lumière sur un aspect important et sous-évalué par l’administration Trump. L’entreprise qui a aidé Trump à conquérir le pouvoir a maintenant obtenu des contrats au Pentagone et au département d’État américain. Son ancien vice-président Steve Bannon siège maintenant à la Maison-Blanche. Il serait également en discussion pour « un travail militaire et de sécurité intérieure ».

Aux États-Unis, le gouvernement est lié par des lois strictes sur les données personnelles qu’il peut collecter. Mais pour les entreprises privées, tout est permis. Est-il déraisonnable d’y voir le début possible d’un État de surveillance autoritaire ?

Un État qui place les intérêts des entreprises au cœur de l’administration. Des documents détaillent l’implication de Cambridge Analytica avec beaucoup d’autres milliardaires de droite, y compris Rupert Murdoch. Une note de service fait référence à Cambridge Analytica essayant de placer un article avec un journaliste dans le Wall Street Journal de Murdoch : « Murdoch est réorienté et connecté à Jamie McCauley de Robert Thomson News Corp bureau », dit-il.

Cela me fait repenser à l’histoire impliquant le stagiaire, Cambridge Analytica et Palantir. Est-ce un détail révélateur ou un indice d’autre chose ? Cambridge Analytica et Palantir ont tous deux refusé de commenter cet article et ont nié tout partenariat. Mais des témoins et des courriels confirment que des réunions entre Cambridge Analytica et Palantir ont eu lieu en 2013. La possibilité d’une relation de travail a été au moins discutée.

D’autres documents consultés par l’Observer confirment qu’au moins un haut fonctionnaire de Palantir a consulté Cambridge Analytica au sujet du projet de Trinidad et un travail politique aux États-Unis plus tard. Mais à ce moment-là, m’a-t-on dit, Palantir a décidé que c’était trop risqué pour sa réputation d’avoir un arrangement plus formel. Il n’y avait pas de bon côté. Palantir est une société de confiance qui traite de vastes ensembles de données sur les citoyens britanniques et américains pour le GCHQ et la NSA, ainsi que de nombreux autres pays.

Mais aujourd’hui, ils appartiennent tous deux à des milliardaires alignés idéologiquement : Robert Mercer et Peter Thiel. On dit que les données de Thiel on aidé la campagne de Trump. Une campagne qui a été menée par Steve Bannon, qui était alors à Cambridge Analytica.

Un chef de file du CQ qui consacre beaucoup de temps au tribunal d’enquête des pouvoirs a dit que le problème avec cette technologie était que tout dépendait des mains dans lesquelles elle se retrouverait.

« D’un côté, c’est fait par des sociétés et les gouvernements qui disent : ’’Vous pouvez nous faire confiance, nous sommes bons et démocratiques et nous faisons des gâteaux le week-end’’. Mais en même temps la même expertise peut aussi être vendue à n’importe quel régime répressif. »

En Grande-Bretagne, nous faisons toujours confiance à notre gouvernement. Nous respectons nos autorités pour observer nos lois. Nous faisons confiance aux règles du droit. Nous croyons que nous vivons dans une démocratie libre et juste. Ce qui, je crois, rend la dernière partie de cette histoire si profondément troublante.

Donald Trump avec Peter Thiel, l’un de ses principaux partisans de la Silicon Valley. Photographie : Drew Angerer / Getty Images

Les détails du projet de Trinidad ont finalement déverrouillé le mystère qui était AggregateIQ. Trinidad a été le premier projet de SCL à utiliser le Big Data pour le micro-ciblage avant l’acquisition de l’entreprise par Mercer. C’était le modèle que Mercer achetait. Et il a acheté avec tout les acteurs : le psychologue de Cambridge Aleksandr Kogan, AggregateIQ, Chris Wylie, et deux autres individus qui joueraient un rôle dans cette histoire : Mark Gettleson, un expert du groupe d’intérêt qui avait déjà travaillé pour les Lib Dems. Et Thomas Borwick, le fils de Victoria Borwick, la députée conservatrice de Kensington.

Lorsque mon article reliant Mercer et Leave.EU a été publié en février, personne n’en était plus bouleversé que l’ancien conseiller conservateur Dominic Cummings, le stratège de la campagne pour Vote Leave. Il a publié une tirade furieuse sur Twitter. L’article était « plein d’erreurs et propage la désinformation ». « CA avait un rôle de 0% dans le référendum sur le Brexit. »

Une semaine plus tard, l’Observer révélait les probables liens entre AggregateIQ et Cambridge Analytica. Le fil Twitter de Cummings se taisait. Il n’a retourné aucun de mes appels et répondu à aucun de mes messages.

On se posait déjà la question de savoir si oui ou non il y avait eu une quelconque coordination entre les campagnes Leave. La semaine précédant le referendum, Vote Leave a effectué des dons à deux autres groupes Leave – 625 000 livres à BeLeave, dirigé par l’étudiant (dans le domaine de la mode) Darren Grimes et 100 000 livres pour Veterans for Britain, tous deux ayant dépensé cet argent auprès d’AggregateIQ.

La Commission électorale a écrit à AggregateIQ. Une source proche de l’enquête a affirmé qu’AggregateIQ a répondu en déclarant qu’elle avait signé un accord de non-divulgation. Se situant en dehors de la juridiction britannique, il n’y eu pas de suite. Vote Leave y fait référence alors que la Commission électorale lui décerne un « certificat de bonne santé ».

Dominic Cummings a écrit sur son blog des milliers de mots à propos de la campagne référendaire. Ce qui manque, ce sont les détails concernant ses spécialistes des données. Il se contente de dire qu’il a « engagé » des physiciens. Dans les livres traitant du Brexit, d’autres membres de l’équipe évoquent les « astrophysiciens de Dom », qu’il gardait sous un secret hermétique. Ils bâtissaient des modèles, utilisant des données « récupérées » sur Facebook.

Finalement, après des semaines de messages, il m’a envoyé un e-mail. Il s’avéra que nous étions d’accord sur une chose. Il a écrit : « La loi et les agences de régulation sont une blague, la réalité est que quiconque veut tromper la loi peut le faire facilement sans que personne s’en rende compte ». Mais, dit-il, « en encourageant les gens à se concentrer sur des non-histoires, comme le rôle non-existant de Mercer dans le référendum, vous occultez ces questions importantes. »

Et pour répondre enfin à la question de savoir comment Vote Leave a trouvé cette obscure entreprise canadienne de l’autre côté de la planète, il a écrit : « Quelqu’un a trouvé AIQ [AggregateIQ] sur Internet et les a interviewés au téléphone puis m’a dit – allons-y avec ces les gars. Ils étaient clairement plus compétents que tous ceux à qui nous avions parlé à Londres. »

L’aspect le plus malheureux de ceci – pour Dominic Cummings – est que ce n’est pas crédible. Il ne prend que quelques moments pour mettre un filtrage de données Google search et de découvrir que fin 2015 ou début 2016, il n’y a pas de résultats Google pour « AggregateIQ ». Il n’y a pas de couverture médiatique. Aucune mention aléatoire. Il ne balance même pas son site web. J’ai surpris Dominic Cummings dans ce qui semble être une vérité alternative.

Mais ce qui est un fait réel, c’est que Gettleson et Borwick, tous deux anciens consultants pour SCL et Cambridge Analytica, étaient tous les deux membres principaux de l’équipe Vote Leave. Ils sont tous les deux dans les documents officiels de vote déposés auprès de la Commission électorale, bien qu’ils décrivent pudiquement leur travail antérieur pour SCL/Cambridge Analytica comme « micro-ciblage à Antigua et Trinidad » et « communications directes pour plusieurs campagnes PAC, Sénat et Gouverneur. »

Et Borwick n’était pas juste un membre quelconque de l’équipe. Il était le chef technologique de Vote Leave.

Cette histoire peut impliquer un réseau complexe de connexions, mais tout ramène à Cambridge Analytica. Tout ramène à Mercer. Parce que les connexions ont dû être évidentes. « AggregateIQ n’a peut-être pas appartenu aux Mercer, mais existe dans son monde », m’a dit David. « Presque tous leurs contrats venaient de Cambridge Analytica ou de Mercer. Ils n’existeraient pas sans eux. Pendant tout le temps du référendum, ils travaillaient tous les jours sur la campagne [Ted] Cruz avec Mercer et Cambridge Analytica. AggregateIQ a construit et exploité les plates-formes de base de données de Cambridge Analytica. »

Illustration : James Melaugh

Cummings ne dira pas qui a fait sa modélisation. Mais les factures déposées auprès de la Commission électorale montrent les paiements à une société appelée Advanced Skills Institute. Cela prend des semaines pour en discerner l’importance, car la société est généralement appelée ASI Data Science, une société qui a une équipe renouvelable de spécialistes des données qui sont allés travailler avec Cambridge Analytica et vice versa. Il y a des vidéos de spécialistes de données ASI présentant des modèles de personalité de Cambridge Analytica et des pages d’événements que les deux sociétés avaient menés conjointement. ASI a dit à l’Observer qu’elle n’avait aucune relation formelle avec Cambridge Analytica.

Voici le fait crucial : lors des élections primaires américaines, AggregateIQ a signé sa propriété intellectuelle (IP). Elle ne possédait pas son IP : Robert Mercer l’a fait. Pour qu’AggregateIQ puisse travailler sur une autre campagne en Grande-Bretagne, l’entreprise aurait dû avoir la permission expresse de Mercer. Interrogé sur la volonté de commenter à propos des liens financiers ou commerciaux entre « Cambridge Analytica, Robert Mercer, Steve Bannon, AggregateIQ, Leave.EU et Vote Leave », un porte-parole de Cambridge Analytica a déclaré : « Cambridge Analytica n’a effectué aucun travail rémunéré ou non pour Leave.EU. »

Cette histoire ne concerne pas le rusé Dominic Cummings trouvant quelques failles dans les règles de la Commission électorale. Trouver un moyen de dépenser un million de livres supplémentaires ici. Ou (comme l’a également découvert l’Observer) sous-déclarant les coûts de ses physiciens sur les ristournes de dépenses de 43 000 livres. Cette histoire n’est même pas sur ce qui semble être une coordination secrète entre Vote Leave et Leave.EU dans leur utilisation d’AggregateIQ et Cambridge Analytica. Il s’agit de comment un milliardaire américain motivé – Mercer et son idéologue en chef, Bannon – a contribué à apporter le plus grand changement constitutionnel de la Grande-Bretagne du siècle.

Parce que pour comprendre où et comment le Brexit est connecté à Trump, c’est ici-même. Ces relations, qui se tissent à travers Cambridge Analytica, sont le résultat d’un partenariat transatlantique qui remonte à plusieurs années. Nigel Farage et Bannon sont de proches associés depuis au moins 2012. Bannon a ouvert la branche londonienne de son site d’information Breitbart en 2014 pour soutenir Ukip – le dernier front « de notre guerre culturelle et politique actuelle », a-t-il déclaré au New York Times.

La Grande-Bretagne avait toujours été la clé des plans de Bannon, m’a confié un autre ancien employé de Cambridge Analytica sous le couvert de l’anonymat. C’était une partie cruciale de sa stratégie pour changer entièrement l’ordre mondial.

« Il croit que pour changer de politique, il faut d’abord changer la culture. Et la Grande-Bretagne en était la clé. Il pensait que là où la Grande-Bretagne irait, l’Amérique suivrait. L’idée du Brexit était extrêmement symbolique pour lui. »

Le 29 mars, le jour où l’article 50 a été activé, j’ai appelé l’une des plus petites campagnes, Veterans for Britain. La stratégie de Cummings était de cibler les gens dans les derniers jours de la campagne et Vote Leave a donné au plus petit groupe 100 000 livres la semaine dernière. Un petit nombre de personnes identifiées comme « influençables » ont été bombardées avec plus d’un milliard de publicités, la grande majorité au cours des derniers jours.

J’ai demandé à David Banks, chef de la communication des Veterans for Britain, pourquoi ils ont dépensé l’argent avec AggregateIQ.

« Je n’ai pas trouvé AggegrateIQ. Ils nous ont trouvés. Ils nous ont téléphoné et nous ont accrochés. Il n’y a pas de conspiration ici. Ils étaient cette entreprise canadienne qui ouvrait un bureau à Londres pour travailler dans la politique britannique et ils faisaient des choses qu’aucune entreprise britannique ne pouvait offrir. Leur ciblage était basé sur un ensemble de technologies qui n’avaient pas encore atteint le Royaume-Uni. Ils avaient les droits de propriété sur beaucoup d’entre elles, ils avaient trouvé un moyen de cibler les gens en fonction des connaissances comportementales. Ils nous ont approchés. »

Il me semble clair que David Banks ne savait pas qu’il y avait quelque chose de malencontreux à ce sujet. C’est un patriote qui croit à la souveraineté britannique, aux valeurs britanniques et aux lois britanniques. Je ne pense pas qu’il savait qu’il y avait un chevauchement avec ces autres campagnes. Je peux seulement penser qu’il a été joué.

Et que nous, les Britanniques, avons été joués. Dans son blog, Dominic Cummings écrit que le Brexit est tombé à « environ 600 000 personnes – un peu plus de 1% des électeurs inscrits ». Il n’est pas exagéré de croire qu’un membre du 1% mondial a trouvé un moyen d’influencer ce 1% crucial des électeurs britanniques. Le référendum était une cible ouverte trop tentante pour que les milliardaires américains soient tentés de tirer dedans. Ou je devrais dire les milliardaires américains et d’autres parties intéressées, parce qu’en reconnaissant les liens transatlantiques qui lient la Grande-Bretagne et l’Amérique, le Brexit et Trump, si étroitement, nous devons également reconnaître que la Russie est incluse quelque part dans cette étreinte serrée.

Depuis un mois, j’écris sur les liens entre la droite britannique, l’administration Trump et la droite européenne. Et ces liens mènent à la Russie depuis de multiples directions. Entre Nigel Farage et Donald Trump et Cambridge Analytica.

Une carte montrée à l’Observer montrant les nombreux endroits dans le monde où SCL et Cambridge Analytica ont travaillé inclut la Russie, la Lituanie, la Lettonie, l’Ukraine, l’Iran et la Moldavie. Plusieurs sources de Cambridge Analytica ont révélé d’autres liens avec la Russie, notamment des voyages dans le pays, des rencontres avec des dirigeants d’entreprises publiques russes et des références faites par des employés de SCL pour travailler pour des entités russes.

L’article 50 a été déclenché. AggregateIQ est hors de la juridiction britannique. La Commission électorale est impuissante. Et une autre élection, avec ces mêmes règles, n’est qu’à un mois. Ce n’est pas que les autorités ne sachent pas qu’il y a motif à préoccupation. L’Observer a appris que le Service de procuration de la Couronne (CPS) avait nommé un procureur spécial chargé d’évaluer s’il y avait lieu d’ouvrir une enquête pénale pour déterminer si les lois sur le financement des campagnes avaient été enfreintes. La CPS l’a renvoyé à la Commission électorale. Quelqu’un proche du comité de sélection des renseignements me dit que « le travail est en train d’être fait » sur l’ingérence russe potentielle dans le référendum.

Gavin Millar, un QC et expert en droit électoral, a qualifié la situation de « très troublante ». Il croit que la seule façon de trouver la vérité serait de mener une enquête publique. Mais c’est à un gouvernement de la demander. Un gouvernement qui vient de déclencher une élection pour renforcer sa base de pouvoir. Une élection conçue pour nous mettre en alignement permanent avec l’Amérique de Trump.

Martin Moore du King’s College, à Londres, a souligné que les élections étaient un outil à la mode pour les États autoritaires potentiels. « Regardez Erdoğan en Turquie. Ce que fait Theresa May est en quelque sorte antidémocratique. Il s’agit d’améliorer son pouvoir très délibérément. Il ne s’agit pas d’une bataille de politique entre deux partis. »

C’est la Grande-Bretagne en 2017. Une Grande-Bretagne qui ressemble de plus en plus à une démocratie « gérée ». Payée par un milliardaire américain. En utilisant la technologie de style militaire. Livrée par Facebook. Et activée par nous. Si nous maintenons le résultat de ce référendum, nous lui donnons notre consentement implicite. Rester ou partir n’est pas le propos. Cela va bien au-delà de la politique de parti. Il s’agit du premier pas vers le meilleur des mondes de moins en moins démocratique.

Des noms clés

Groupe SCL

Société britannique avec 25 ans d’expérience dans les « opérations psychologiques » militaires et la « gestion des élections ».

Cambridge Analytica

Société d’analyse de données créée en 2014. Robert Mercer en détient 90%. SCL en possède 10%. Réalisation de grandes campagnes de ciblage numérique pour Donald Trump, la campagne d’investiture de Ted Cruz et plusieurs autres campagnes républicaines américaines – principalement financées par Mercer. A donné « un coup de main » à Leave.EU de Nigel Farage pendant le référendum.

Robert Mercer

Propriétaire de fonds spéculatifs milliardaire américain qui était le plus grand donateur de Trump. Possède Cambridge Analytica et l’IP [propriété intellectuelle] de AggregateIQ. Ami de Farage. Associé proche de Steve Bannon.

Steve Bannon

Le stratège en chef de Trump. Vice-président de Cambridge Analytica pendant la période référendaire. Ami de Farage.

Alexandre Nix

Directeur de Cambridge Analytica et SCL Group.

Christopher Wylie

Canadien qui a d’abord apporté l’expertise en données et le microtargeting à Cambridge Analytica ; recruté AggregateIQ.

AggregateIQ

Société d’analyse de données basée à Victoria, Colombie-Britannique, Canada. A travaillé pour Pacs financé par Mercer qui a soutenu la campagne de Trump. Robert Mercer possède l’IP d’AggregateIQ. Payé 3,9 millions de livres par Vote Leave à des électeurs « micro-cibles » sur les réseaux sociaux lors de la campagne référendaire. Hors de la juridiction britannique.

Veterans for Britain

A reçu 100 000 livres de Vote Leave. Les a dépensées chez AggregateIQ.

BeLeave

Campagne de Youth Leave mise en place par un étudiant de 23 ans. Reçu 625 000 livres de Vote leave et 50 000 livres d’un autre donateur. Dépensé chez AggregateIQ.

DUP

Parti unioniste démocratique d’Irlande du Nord. Dépensé 32 750 livres chez AggregrateIQ.

Thomas Borwick

Chef de la technologie de Vote Leave. A travaillé auparavant avec SCL/Cambridge Analytica et AggregateIQ.

ASI Data Science

Spécialistes de la science des données. Liens avec Cambridge Analytica, y compris des déplacements de personnel entre les deux et l’organisation d’événements conjoints. Payé 114 000 livres par Vote Leave. Vote Leave a déclaré 71 000 livres à la commission électorale.

Donald Trump

Le président américain. Campagne financée par Mercer et dirigée par Bannon. Services de données fournis par Cambridge Analytica et AggregrateIQ.

Nigel Farage

Ancien leader d’Ukip. Leader de Leave.EU. Ami de Trump, Mercer et Bannon.

Arron Banks

Homme d’affaires de Bristol. Cofondateur de Leave.EU. Possède une société de données et une compagnie d’assurance. Le plus gros donateur de Leave – 7,5 M de livres.

Certains noms, âges et autres détails d’identification des sources de cet article ont été modifiés.

Cet article a été modifié le 20 mai 2017 pour supprimer une référence à eBay et à nouveau le 15 juin 2017 pour supprimer certains éléments suite à une menace juridique.

Source : The Guardian, Carole Cadwalladr, 07-05-2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

BrunO // 06.04.2018 à 07h19

Si j’ai bien compris tout ce verbiage, en résumé, les partis du Leave ont dépensé quelques millions de pounds pour du marketing ciblé sur internet. Ah oui, et il y aussi des gens riches qui soutenaient le Leave.
Sot ouate ?
Et du côté Remain, on n’a rien fait de tel ? Et pas de puissances financières pour soutenir le Remain ?

75 réactions et commentaires

  • Homère d’Allore // 06.04.2018 à 07h08

    C’est original et courageux pour ce blog de présenter une version « à rebrousse-poil » de la ligne habituelle des articles…

    Et pourquoi pas ? Il serait tout aussi illusoire de croire que « l’axe de la résistance » ne serait composé que de gentils chevaliers blancs sans peur et sans reproche !

    Il y a aussi des manipulateurs rusés et connaissant les techniques de psy-op.

    Bien sûr qu’une guerre de propagande est en cours. Etre dans celui des camps qui possède moins de moyens ne signifie pas qu’il n’en possède pas du tout !

      +39

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    • Bordron Georges // 06.04.2018 à 09h57

      Ben oui! Aucune campagne ne se fait sans moyens financiers. Et l’Oligarchie a elle aussi ses divisions et ses dissidents. C’est ce qui laisse un petit espoir aux peuples extrêmement divisés et influençables de pouvoir mener certaines batailles électorales contre le monopole des puissants.
      Je me souviens très bien de l’aide apportée à Philippe de Villiers par Jimmy Goldsmith; qui lui a permis de créer la surprise. En France les hommes de partis (ou de réseaux), qui n’ont pas de gros moyens utilisent des moyens détournés que nous connaissons si bien.
      Quant à l’utilisation d’internet, il n’y a là aucune surprise;

        +6

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    • Madudu // 06.04.2018 à 10h34

      Ce ne sont pas les moyens qui opposent « l’axe de la résistance » à l’axe impérialiste, bien que le rapport de force de ce point de vue soit très asymétrique.

      Ce qui oppose ces deux visions du monde, respectivement les valeurs de la charte de l’ONU et celles de la loi du plus fort, ce n’est pas la forme du discours mais son fond.

      Ce qui légitime la propagande de l’axe de la résistance c’est qu’elle n’a pas besoin de mentir pour convaincre, alors que l’axe impérialiste ne peut convaincre qu’avec beaucoup de mensonges et de faux-semblants.

      Ce qui indique qu’en fait la plupart de ceux qui soutiennent l’impérialisme sont d’accord avec ceux qui soutiennent la résistance, mais que la propagande impérialiste les a persuadé du contraire.

      Car ce sont nos valeurs que les impérialistes revendiquent pendant qu’ils font le contraire, ce sont nos raisons qu’ils brandissent contre elles-mêmes : personne ne revendique leurs raisons et leurs valeurs et surtout pas ceux sur qui ils s’appuient, les peuples occidentaux.

        +16

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      • Sandrine // 06.04.2018 à 11h35

        J’ajoute un plus à votre commentaire.
        Le problème de fond réside dans le sens que l’on donne à la démocratie.
        La démocratie bourgeoise conçoit le peuple comme un mode de légitimation du pouvoir sensée se substituer à la légitimation de la souveraineté dynastique ou de droit divin. L’idée n’est pas du tout que les individus s’auto-gouvernent via la désignation de représentants portant sincèrement et « servilement » leur voies à l’assemblée…
        Meme si le principe du mandat impératif est contenu dans l’idée de souveraineté populaire définie par Rousseau, la plupart des régimes dits démocratique actuels conçoivent le « demos » -le peuple au pouvoir- comme une entité abstraite, presque métaphysique… Mais il n’est pas du tout question de laisser individus se gouverner comme bon leur semble indépendamment des élites qui les dominent…
        En ce sens le principe aristocratique de l’ancien régime n’a pas vraiment été bouleversé par les révolutions bourgeoises du XIXe siècle.

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    • christian gedeon // 07.04.2018 à 10h05

      Oui,elle est à rebrousse poil,en effet,et c’est bien. Mais plus généralement,qu’est ce que c’est que cette nouvelle lubie de vouloir que les élections ne soient pas « influencées »?Comme si c’était une nouveauté que les élections soient « influencées ». les élections sont influencées par nature,si j’ose dire.çà tombe sous le sens,quoi! A quoi sert une campagne électorale sinon à influencer…les coups bas,les rumeurs,les présentations biaisées des deux côtés,les scandales,tout cet environnement des elections est aussi vieux que les élections. Mais nous vivons une époque de M. Propre,de Transparence,et d’éructations morales permanentes…qui ne sont rien d’autre que d’autres moyens d’influencer les élections. Elections?influences? les deux faces d’une même monnaie!

        +5

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  • Fritz // 06.04.2018 à 07h12

    « Quelqu’un proche du comité de sélection des renseignements me dit que « le travail est en train d’être fait » sur l’ingérence russe potentielle dans le référendum. »

    Merci pour cet article hautement déontologique. Mon système digestif a été bien purgé, je serai plus léger pour affronter cette journée de travail.

      +16

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    • Frédéric // 06.04.2018 à 15h58

      Primo: S’il faut une ingérence russe pour que le peuple américain vote contre l’opinion qu’on lui assène à coup de medias dominants, c’est qu’il n’est pas mûr pour la démocratie.

      Deuxio: S’il faut un imbroglio informatico-conspirationniste pour que le peuple britannique vote contre une autre opinion assénée par d’autres medias dominants, c’est qu’il n’est pas non plus mûr pour la démocratie.

      Conclusion: Il faut supprimer la démocratie aux USA et en Grande Bretagne

        +8

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      • Moussars // 09.04.2018 à 11h36

        Parce que ce sont des régimes démocratiques !?
        Alors si les peuples anglo-saxons sont libres, ce sont bien des criminels, des voleurs sur la planète entière et depuis très longtemps…

          +0

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  • caliban // 06.04.2018 à 07h18

    Cet article est intéressant mais sa première lecture me laisse une impression de sensationnalisme.

    Si j’ai bien compris :
    • ce qui peut s’apparenter à une « faille de sécurité » de Facebook a permis à une société de récolter les données personnelles de ses abonnés
    • et a ainsi permis de cibler les électeurs indécis afin de les faire basculer dans le camp du Brexit

    Plusieurs questions me viennent à l’esprit :
    • quitte à dénoncer à juste titre ces magouilleurs, pourquoi ne pas s’en prendre à Facebook, complice du délit ?
    • est-ce que le vrai problème n’est pas le financement des campagnes électorales, qui permet à ces mêmes magouilleurs, ou d’autre encore plus riches, de directement acheter – et à moindre frais – le personnel politique (Goldman Sachs, Facebook, etc.) ?
    • au final, le résultat de ce piratage de Facebook a-t-il réellement eu un impact (52% des Britanniques ont voté pour le Brexit, il aurait donc fallu influencer 2% des votants, soit 64 000 électeurs) ? Ou bien le Brexit s’explique par le fait que les Britanniques en avaient marre du Chômistan ?
    • et pour finir, quel rapport avec le Président russe ?

      +45

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    • sassy2 // 06.04.2018 à 13h33

      ce n’est pas une faille de FB mais son coeur de métier

        +12

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    • caliban // 06.04.2018 à 14h58

      @sassy2

      L’exploitation des données personnelles est effectivement la raison d’être de Facebook (selon la formule, « si c’est gratuit, c’est vous le produit »).

      Toutefois, le fait qu’une société tierce puisse tracer un utilisateur et l’ensemble de ses « amis » à l’insu de Facebook ne semblait pas prévu, ni par la société Facebook ni par les utilisateurs (qui d’ailleurs jamais ne lisent les Conditions d’utilisation).

      C’est du moins ce que j’ai compris. Et qui expliquerait que Facebook n’ait pas porté plainte pour vol de données … car il est responsable d’une « faille » de sécurité.

        +0

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      • Chris // 06.04.2018 à 15h36

        Responsable, ou complice d’une faille de sécurité ?

          +3

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      • caliban // 06.04.2018 à 16h39

        @Chris

        La question se pose pour les développeurs d’application de smartphone (une vraie jungle, n’importe quel apprenti développeur peut prendre et revendre toutes vos informations personnelles, y compris coordonnées bancaires). Mais pour Facebook ce n’est pas très crédible : cela signifierait que Facebook laisse volontairement n’importe quels développeurs d’applications pister l’ensemble de son « vivier » d’abonnés et le revendre.

          +0

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  • BrunO // 06.04.2018 à 07h19

    Si j’ai bien compris tout ce verbiage, en résumé, les partis du Leave ont dépensé quelques millions de pounds pour du marketing ciblé sur internet. Ah oui, et il y aussi des gens riches qui soutenaient le Leave.
    Sot ouate ?
    Et du côté Remain, on n’a rien fait de tel ? Et pas de puissances financières pour soutenir le Remain ?

      +96

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    • Eric // 06.04.2018 à 13h52

      Bien dit. Cet article est assez ridicule. Il fait tout un foin sur un prétendu danger pour la démocratie, alors que la guerre pro-Brexit / anti-Brexit s’est jouée aussi dans les médias britanniques traditionnels (http://www.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2016/06/15/brexit-la-position-des-journaux-britanniques_4950638_4872498.html). A la moitié de la lecture de cet article, je me suis dit: bientôt les russes vont débarquer. Et ça n’a pas loupé.

        +23

      Alerter
      • Manuel // 06.04.2018 à 19h20

        Les russes débarquent: nouveau point Goodwin

        Moi ce qui me fait rire dans cette histoire, c’est que finalement des institutions (institutions, universités, financement publique) pro-remain ont développé des outils qui ont aidé les pro-brexit !!

          +6

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        • Emmanuel // 08.04.2018 à 09h43

          La question posée par cet article, ne s’arrête pas sur pro-russe, pro-brexit, pro-Trump, ou le contraire, mais à partir d’un exemple particulier, de donner à penser sur l’ampleur d’une forme inédite de propagande, rendu possible par le Big Data et l’IA. Big Brother a franchi une nouvelle étape, et la thèse suivant laquelle certains bords politiques ont pu se saisir plus rapidement que d’autres de ce nouvel outil, est plausible. La question cruciale qui se pose aujourd’hui et demain, c’est quel pare-feu peut on mettre en place ? Car il s’agit là de tirer la sonnette d’alarme.

            +3

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          • Tunkasina // 10.04.2018 à 12h18

            Une pare-feu ? Au hasard : Education et esprit critique.
            Ah oui je sais, c’est pas facile, et c’est le truc que personne veut voir développer, car au final, on est toujours la première cible de ce pare-feu là.

            Comment on éduque nos gosses.
            Comment on leur apprend à nous critiquer.

            Les premiers manipulable sont ceux qui répondent « Parce que c’est comme ça » à tout bout de champ.

              +0

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      • Madake // 06.04.2018 à 20h35

        Bien qu’on aie pu croire que les anglais allaient débarquer… finalement ce serait grâce aux américains qu’ils ont débarqué de l’UE?
        Mais que s’est-il passé côté « Remain »?
        Sans doute que dans l’episode Retour découvrira-t-on la serre sanglante et innervante du sinistre Vlad l’empaleur, sans qui tout cela est un peu plat, voire soporifique…

        Soporifique!!!
        Damned trop tard! Je suis gazé rghhh…

          +2

        Alerter
  • Patrique // 06.04.2018 à 07h54

    Ne pas oublier qu’un chef d’état étranger, un certain B.O., propriétaire d’un camp de concentration et de torture à Guantanamo, est venu en Grande Bretagne pour appeler à voter contre l’indépendance nationale.
    Cela a tellement plus aux britanniques que les sondages ont montré une hausse de 2 points en faveur du oui au Brexit. Les britanniques n’aiment qu’un étranger leur donne des ordres.

      +60

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    • Haricophile // 06.04.2018 à 10h17

      C’est là ou ce dont on parle devient intéressant. Parce que ce certain B.O. voulait-il vraiment éviter le Brexit ou voulait-il au contraire le favoriser en ayant au préalable une idée très précise de la réaction marginale des Grands-Bretons indécis ? N’avait-il pas toutes les analyses et n’a-t-il pas été briefé avant ? J’en doute fort, il n’est pas réputé pour laisser la part belle a l’improvisation.

      Marginale, mais les marges sont ce qu’il y a de plus important dans une élection « démocratique », les indécis qui peuvent changer d’avis. C’est ce qui fait tout l’intérêt de ce genre de société et qui explique aussi l’immense pouvoir du lobby israélien qui a compris et exploite ça depuis fort longtemps aux U.S.A. ; pouvoir sans commune mesure avec leur représentation numérique.

      De plus l’élection de Macron montre bien que ça fonctionne bien mieux que de la com classique (qui est déjà de la manipulation en soi). On a clairement changé d’échelle. Renseignez-vous sur son staff de campagne et du monsieur X qui a justement un lien étroit avec la société P suscitée. Toute sa campagne organisée en « discours pour des segments de marchés » (sic. d’après un enregistrement d’un membre de « En Marche » se faisant remonter les bretelles pour ne pas avoir compris ça) ne serait que de la com classique ? Quand j’étais jeune j’étais terriblement naïf mais ça m’est passé.

        +14

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    • caliban // 06.04.2018 à 15h07

      « N’avait-il pas toutes les analyses et n’a-t-il pas été briefé avant ? »

      A force de voir des stratégies « billard à trois bandes » je pense que vous ne voyez plus clairement la réalité. L’intervention d’Obama révèle 2 choses à mon sens :
      • une mentalité, celle des Yankees persuadés que c’est leur rôle de prêcher la bonne parole du « monde libre »
      • un vent de panique, suite aux sondages successifs défavorables au Remain et qui montraient que la convocation (purement politicienne) du référendum tournait au fiasco complet pour Cameron

      L’ennuyeux avec votre raisonnement c’est que vous auriez aussi certainement trouvé une explication alambiquée sur les intention d’Obama s’il n’était pas intervenu.

        +10

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    • Moussars // 09.04.2018 à 11h40

      Par contre, ils aiment en donner partout, et le plus souvent de manière perfide, sur toute la planète…

        +1

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  • Toutatis // 06.04.2018 à 08h23

    le plus important c’est la fin : « Martin Moore du King’s College, à Londres, a souligné que les élections étaient un outil à la mode pour les États autoritaires potentiels. « Regardez Erdoğan en Turquie. Ce que fait Theresa May est en quelque sorte antidémocratique.  »

    A rapprocher du précédent article à propos de la disparition du référendum aux Pays-Bas.

    Autrement dit, on est en train d’accumuler des trucs pour délégitimer tous les votes qui n’iraient pas dans le bon sens.

      +32

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    • Tunkasina // 10.04.2018 à 12h21

       » Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.  »
      – Alexis de Tocqueville

        +0

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  • calal // 06.04.2018 à 08h41

    Je suis partage sur ces histoires de big data.
    D’un cote, je ne suis pas convaincu que le fait de faire un ciblage fin d’un segment marketing ( d’electeur ou de consommateur) grace a des donnees big data soit un risque pour la democratie car apres tout etre influence par une annonce sur son profil facebook ou par un spot a la tele c’est pareil. Ne se laisse influencer que celui qui le veut bien.

    D’un autre cote,ces techniques d’influence issues des neurosciences sont peut etre tres efficaces et je ne me rends pas compte a quel point j’y suis deja soumis et influence par elles.La lecture d’un article anxiogene (peur d’une guerre nucleaire avec les russes,peur du rechauffement climatique, peur d’un krach financier) va t elle reellement me faire accepter plus docilement une annonce gouvernementale lu par apres sous pretexte que mon cerveau trouvera ca moins dangereux que celui d’avant?

    Je reste convaincu qu’obama et macron ont ete elu grace a ces techniques. Que trump et le brexit ont ete permis par ces memes techniques me semblent etre equitables et gage d’un equilibre democratique.

      +16

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    • Sandrine // 06.04.2018 à 10h01

      C’est certain que tout le battage médiatique qui est fait autour de l’intelligence artificielle n’incite pas les gens à descendre dans la rue pour défendre leur modèle social….

        +4

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      • Calal // 06.04.2018 à 13h30

        Vous pensez que toute cette debauche de baratin sur la « future et possible  » AI pousserait des gens a penser que vaut mieux faire profil bas et ne rien reclamer plutot parce qu’ils ont dans la tete « la peur d’etre remplacer par un robot »? Et eventuellement cela serait intentionnel pour calmer des veilleites d’inflation salariale?
        J’y avais pas pense mais c’est possible. La question reste posee: quelle difference avec la « peur de l’etranger qui vient manger le pain des francais » d’avant? La precision et la possibilite de quantifier « scientifiquement  » les resultats alors qu’avant ca se faisait au doigt mouille?

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        • Sandrine // 06.04.2018 à 13h54

          La peur de l’étranger peut se surajouter à la peur du robot (vu qu’on nous abreuve également d’info sur la future explosion démographique de l’Afrique par exemple, ce qui génère de facto un sentiment d’impuissance liée à la faiblesse numérique relative de nos sociétés).

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    • manuel // 07.04.2018 à 00h17

      « Que Trump et le brexit ont été permis par ces mêmes techniques me semblent être équitables et gage d’un équilibre démocratique. » Je ne comprends pas en quoi le Brexit est quelque chose de particulièrement démocratique ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir, en quoi le peuple britannique est plus libre aujourd’hui qu’hier, il ne dépend plus de l’UE (peu-être) mai les maîtres n’ont pas changé.
      Encore pire en quoi Trump (ou Clinton) représente quelque chose de démocratique (dans les deux cas c’est l’oligarchie qui gagne).

      C’est assez constant dans les commentaires du blog il y a une admiration pour Trump que je ne comprends pas.

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      • Manuel // 07.04.2018 à 05h47

        Tiens alors, J’aurais pu écrire ce message dont je partage l’intention

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      • Tunkasina // 10.04.2018 à 12h24

        (dans les deux cas c’est l’oligarchie qui gagne).
        Et tant qu’on aura besoin d’argent pour désigner le garant de l’intérêt commun, ça sera toujours le cas.

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  • Jean // 06.04.2018 à 08h46

    Il semblerait que l’oligarchie tente de récupérer l’affaire Cambridge Analytica pour expliquer l’inefficacité croissante de la propagande de leurs journaux, TV et radios. C’est quand même un peu gros mais ça pourra toujours servir de prétexte pour censurer ces nouveaux vecteurs de communication qu’Obama fut le premier à utiliser pour se faire élire.
    Ceux qui s’inquiètent réellement pour la santé des démocraties occidentales s’intéressent plutôt au manque de pluralisme des médias traditionnels.

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    • Manuel // 06.04.2018 à 19h27

      Pour rappel par rapport aux médias anglais, Murdoch et les frères barclay qui possèdent pratiquement la totalité des médias anglais étaient pro-brexit

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      • Manuel // 06.04.2018 à 19h42
        • Jean // 06.04.2018 à 21h06

          Dans les faits, il me semble quand même que la majorité des injonctions à destination des électeurs étaient largement pro UE. Il faudrait connaitre l opinion de ceux qui ont subis cette campagne plutôt que d avaler sans broncher les couleuvres d un quotidien de la presse mainstream. Désolé mais je ne peux plus les croire sur parole…

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          • Manuel // 07.04.2018 à 05h52

            J’étais au RU à cette époque là et je peux vous dire que la propagande était aussi bien du côté du remain (fin de la civilisation, 3ème guerre mondiale blabla) que du Brexit ( Boris Johnson – le même qui accuse la Russie, nigel farage, leur bus rouge disant  » les 350 millions de pounds donnés à L’UE finirait dans la NHS ». Au vu de la cure d’austérité, au delà du chiffre farfelu des 350 millions de pounds, aucun pound ne finira à la NHS avec les tories).

            J’avais lu plusieurs études qui montraient que 45% des articles de journaux étaient pro-brexit et 27% pro-remain.

            Que ce soit du côté Brexit ou remain, ce débat était ridicule, j’en avais honte pour les britanniques

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            • Jean // 07.04.2018 à 10h08

              Vu d’ici j’ai l’impression que c’est la crainte d’une immigration incontrôlée imposée par l’UE, avec les risques d’attentats que cela comporterai, qui a été déterminante. J’ai aussi l’impression que la presse est plus libre de l’autre coté de la manche, ce qui expliquerai le maintient d’un équilibre dont nous ne pouvons que nous souvenir ici.

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            • Manuel // 07.04.2018 à 11h33

              Oui cette vision est tellement évidente que je ne voulais pas en parler.

              En fait, le mouvement dont vous parlez à été soutenu par Nigel Farage, leader de ukip.

              Ce qui est difficile à comprendre, c’est que le camps remain est homogène.
              Ce qui n’est pas le cas du mouvement Brexit qui est partagée entre plusieurs voix: une nationaliste britannique, une autre impérialiste anglais, une autre xénophobe et une dernière sociale.

              Bien entendu ces différentes voix peuvent être produites par la même personne

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  • Perret // 06.04.2018 à 09h12

    A ce train là, il va falloir vite fait enquêter sur la société qui a géré la campagne « digitale » d’Emmanuel Macron, Liegey, Muller, Pons https://www.liegeymullerpons.fr/fr/?gclid=EAIaIQobChMI4fq_h4yl2gIVxKQYCh2bWww6EAAYASAAEgLB0_D_BwE
    à qui, me semble-t-il, on peut juste reprocher de très bien travailler 🙂

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    • Ben // 06.04.2018 à 09h38

      Du reste, la campagne victorieuse de Macron et son machin En Marche ont inspiré les plus hargneux des pro-UE: un nouveau parti nommé RENEW a été lancé sur le modèle de LREM dans le but d’annuler le Brexit. Soros y a été de sa poche. On va voir ce que ça donnera. Pas sûr que ça marche, mais on peut être sûr qu’ils ne lâcheront jamais l’affaire. Blair a refait surface pour demander un second référendum.
      Il y a quelques jours, c’est un député du « shadow cabinet » qui a été lourdé par Corbyn pour avoir réclamé un autre référendum lui aussi.
      Corbyn, qui a de tout temps été eurosceptique, subit tous les jours des attaques ignobles (notamment d’antisémitisme). Il a en plus eu le tort de demander à May des preuves pour l’affaire Skripal.
      L’actualité politique britannique est d’une violence inouïe.

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  • Brigitte // 06.04.2018 à 09h12

    Visiblement, chez les socio-libéraux il y en a qui ne se sont pas encore remis du Brexit. ça sent le ragot complotiste. Qu’il y ait du vrai, c’est possible, car cet évènement n’a laissé personne indifférent outre atlantique, pour preuve le déplacement d’Obama, venu soutenir le « remain ». Que les partisans de Trump aient soutenu le camp du ‘leave » n’a rien de surprenant non plus. Je ne dis pas que c’est normal et sain politiquement mais les USA ont l’art de l’ingérence politique n’est-ce pas, si bien qu’ils en arrivent à fantasmer sur l’existence d’un rival dans le même art, les russes.
    Dire que l’opinion est manipulée à chaque élection, c’est devenu une ritournelle pour le camp des perdants. Ce n’est pas faux non plus et ça le deviendra de moins en moins avec l’exploitation des données numériques personnelles.
    L’opinion est influençable donc pas crédible. L’intelligence politique joue habilement sur son double sens: l’art d’influencer et de gouverner. On en revient toujours au même point, les élites contre le peuple.
    La démocratie ne serait plus le moindre mal?

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    • manuel // 07.04.2018 à 00h21

      je ne comprends pas en quoi le Brexit est anti « socio-libéraux », ça n’a rien changé sur le fond, où voyez-vous du changement au Royaume-Uni. Le libéralisme a baissé, les traders ont été pendus?
      En quoi les élites sont tombées?

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      • Manuel // 07.04.2018 à 06h01

        Je suis un peu perdu sur les mots sociaux-liberaux, libéraux, socialiste et conservateurs.. En France, les libéraux sont vu à droite et centre droit, en Angleterre, gauche, centre-gauche.

        Je ne parle pas de réalité politique, mais comment les britanniques perçoivent les couleurs politiques.

        Pour l’instant le hard Brexit est en train de prendre le dessus et les tories installent leur vision.

        Mais si Corbyn récupère le pouvoir, bien des choses pourraient changer… Enfin espoir !

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        • Brigitte // 07.04.2018 à 18h50

          Manuel, les socio-libéraux c’est la gauche libérale anglaise, qui a voté majoritairement « remain ». Le même réflexe réformiste, progressiste et moderniste que nos vaillants socialistes…reconvertis en marcheurs!

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    • Tunkasina // 10.04.2018 à 12h26

      Parce que vous voyez de la démocratie là dedans vous ?

      On demande à point nommé un avis aux gens, pour mieux les dé-saisir de la question.
      Ce n’est pas démocratique, c’est juste une façon de leur faire croire qu’ils ont voulu ce qui arrive.

      En management, ça s’appelle « La soumission librement consentie ».

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  • SanKuKai // 06.04.2018 à 09h20

    Merci pour ce plebiscite implicite du tirage au sort. Le système des élections nous est vendu depuis l’enfance comme un idéal indépassable. Il est intéressant de voir nos élites enfin admettre publiquement ce que Tocqueville a stipulé il y a plus d’un siècle: “Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira”.
    Avec ces histoires de Cambridge Analytica, ils admettent implicitement qu’il suffit de mettre suffisamment de moyens pour gagner une élection, ce qui n’a rien de démocratique puisque ceux qui n’ont pas pas de gros moyens ne gagnent jamais.
    Bon, pour le Brexit et Trump, il semble que les gens n’aient pas voté comme on leur a dit, mais il leur semble inconcevable que les gens aient pu le faire sciemment. Un second référendum sur le Brexit pourrait être très amusant.

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  • Le Marsouin // 06.04.2018 à 09h26

    Ils dénoncent les techniques limite-limites des partisans du Leave ou de Trump, aucun problème. Mais qui est assez idiot pour croire que le camp d’en face ne le fait pas aussi ? Même si quelques milliardaires et spécialistes de l’informatique soutiennent la droite, la majorité de la Silicon Valley, c’est-à-dire les mieux placés pour faire ce genre d’opérations, soutiennent plutôt le camp d’en face. Le marketing électoral sur internet est un truc dont on entend parler depuis des années et cette affaire de Cambridge Analytica donne vraiment l’impression que les journaleux découvrent l’eau chaude.

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  • outis // 06.04.2018 à 09h51

    S’il y a eu de la manipulation psychologique avant le référendum brtannique n’implique pas qu’il n’y en ait pas maintenant.

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  • Sandrine // 06.04.2018 à 09h56

    Le plus grave dans tout ça, c’est que l’on sait qu’aux USA par exemple, le candidat qui gagne est celui qui investit le plus d’argent dans la campagne et que l’on a toujours trouvé ça TOUT A FAIT NORMAL. Et que dans cette affaire de publicité ciblée, on pousse des cris d’orfraie alors qu’au fond, il s’agit exactement du même processus que précédemment mais simplement avec des moyens un peu plus sophistiqués.

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    • Dominique // 06.04.2018 à 13h00

      « on sait qu’aux USA par exemple, le candidat qui gagne est celui qui investit le plus d’argent dans la campagne »
      On sait aussi que la Campagne de la Clinton a coûté bien plus cher que celle de Trump.

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      • Jean // 06.04.2018 à 19h03

        C’est vrai et c’est une exception notable à la règle. Cela explique les mines déconfites des journalistes et des politiciens, des deux cotes de l’atlantique, que nous avons pu observer lors de la victoire du candidat des déplorables. La suggestion à ses limites lorsque la situation du pays devient critique pour un pourcentage important de la population.

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    • Catalina // 06.04.2018 à 21h37

      « Le plus grave dans tout ça, c’est que l’on sait qu’aux USA par exemple, le candidat qui gagne est celui qui investit le plus d’argent dans la campagne »
      C’est exactement la m^me chose en France.

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    • Tunkasina // 10.04.2018 à 12h29

      Ce qui est anormal c’est d’espérer que, dans un système qui consiste à désigner parmi un panel de candidat celui qui sera sont maître, surgira une personne d’une plus grande moralité que les autres pour sauver l’intérêt commun.

      C’est absurde.
      L’intérêt commun d’un groupe donné ne peut être défendu, animé, géré que par ce même groupe.

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  • Yann // 06.04.2018 à 09h59

    tout cela est complexe ; le brexit est aussi le désavoeu de l’Europe

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    • manuel // 07.04.2018 à 00h24

      désaveu de l’Europe oui mais pas du cœur libéral, rien n’a changé. Le problème ce n’est pas l’Europe c’est son cœur idéologique. Il suffit de voir comment les politiques pro Brexit ont réagi.

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  • Koui // 06.04.2018 à 10h30

    Obama a utilisé ce genre de pratiques pour son élection, et s’en est vanté. Je ne serais pas étonné que les « Remain » aient fait la même chose. D’une manière plus générale, les partis de l’argent font appel à des pro de la propagande commerciale pour leur propagande politique. Et c’est seulement quand ils se battent entre eux qu’on apprend le dessous des cartes.

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  • Phil_A // 06.04.2018 à 10h32

    la difference avec la campagne d’Obama c’est qu’il s’agit de Trump et du Brexit…..
    avec un ratissage bien plus large.

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  • Yenmarre // 06.04.2018 à 10h43

    Dommage que cette rédaction soit tellement soporifique. Je n’ai pas pu terminer la lecture et donc ne suis pas certain d’avoir compris.

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  • Phil_A // 06.04.2018 à 10h44

    … ratissage plus large pour Obama , et avec l’aide spontanée de FB:
    https://ijr.com/2018/03/1077083-ex-obama-campaign-director-fb/

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  • Chokk // 06.04.2018 à 10h46

    Le mérite de ces résultats électoraux « inattendus », c’est que certains que l’on croyait perdu pour la reflexion sont en train de se poser des questions de fond sur la démocratie. Bon, ils cherchent surtout des coupables pour ne pas remettre en cause leur conception de la réalité, mais c’est quand même un début !

    Cependant il manque toujours le dernier maillon, caché par tout derrière toutes ces interconnexions d’hommes d’influence et de gros sous : quelle a été l’influence réelle de ce ciblage ? Par rapport aux opérations de propagande classique ? Question très difficile à étudier, c’est donc les pulsions et les émotions qui servent à évaluer…

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  • laurent colas // 06.04.2018 à 11h11

    c’est comme « webmarketeur » d’un niveau correct que j’interviens sur ce fil. Pour mes activités pro, j’ai utilisé tout les systèmes de publicité payante des GAFA (en poussant même jusqu’à linkedin) pour le marketing de mon activité. Et ce que j’en retire c’est que facebook, est de loin le moins cher et le plus efficace. Il suffit de définir un profil type du client cible et ensuite de choisir ces critères sur l’outil (y compris jusqu’à la ville ciblée !!!) , puis de définir un coût par clic et un budget, et c’est parti. Bien sur pour que cela match il faut une pub avec un visuel qui accroche . Et le tout sans être hors la loi ou dans le sensationnalisme ou le complot par une boite tierce. Pour 150 € par mois vous pouvez toucher et montrer votre produit (y compris une campagne politique ) à 20000 personnes et en ciblant le profil (age, sexe , centres d’intérêts, lieux, heure de diffusion etc…) . Il est évident pour moi qu’un parti politique ou un lobbye avec une personne compétente a ce poste, peu faire mouche et a moindre coût. Un truc important, facebook permet de toucher un public populaire, twitter une élite (journaliste etc) et likedin la même chose un cran au dessus et plutôt dans le monde de l’entreprise. Quand a la publicité sur google, très efficace, mais ruineux. Donc en résumé, un Etude en amont sur le profil sociologique à toucher, le choix du bon diffuseur en fonction du niveau social, la pub qui va bien, les critères qui vont bien avec la sociologie du « client », puis un budget et c’est parti pour taper dans le mille

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    • Calal // 06.04.2018 à 13h22

      c’est parti pour taper dans le mille

      enfin, en 2018, faut quand meme etre un peu con pour se laisser influencer par une pub « en image » avant de passer a un acte d’achat ou un vote….
      Si plein de mecs achetent une pilule miracle pour faire pousser les cheveux ou pour retrouver leur fougue apres avoir vu une pub sur facebook, ca confirme que certaines categories de personne ont encore bien trop de pognon en france …et la qualite de l’instruction qu’ils ont recu…

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      • Chokk // 06.04.2018 à 13h38

        Il ne s’agit pas de viser votre conscience raisonnable mais d’alimenter une pulsion, c’est cela l’objectif du marketing aujourd’hui. On ne vend plus de la lessive qui lave mieux que les autres, on vend de la lessive qui amène du bonheur et des petits oiseaux sur une terrasse ensoleillé. Notre cerveau, même préparé, est inconsciemment touché et associera le produit au bonheur. La publicité, c’est un hacking mental, il n’est plus question d’intelligence.

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        • calal // 06.04.2018 à 20h10

          le hacking mental fonctionne quand le budget suit…Quand les fins de mois commence le 15, je pense que ces techniques marketing sont moins efficaces… Enfin dans la vie il y aura toujours 3 sortes de gens: ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas compter.
          Je me demande si les bac+5 chers a todd se font avoir par ces techniques…C’est peut etre pour ca qu’on entend des salaries a 2000 euros par mois se plaindre d’avoir du mal a boucler leur budget…

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      • Tunkasina // 10.04.2018 à 12h35

        « enfin, en 2018, faut quand même être un peu con pour se laisser influencer par une pub “en image” avant de passer a un acte d’achat ou un vote…. »

        Le propre d’une manipulation, c’est qu’elle est inconsciente, et peut être parsemée d’acte préparatoire parfaitement anodins.

        C’est exactement l’idée du ciblage : Trouver des gens qui sont enclins à CETTE manipulation, pour CE produit

        TOUT LE MONDE a son point faible, sa passion, sa ficelle. Il suffit de la trouver pour la tirer à soi.

        C’est comme de dire « c’est con de cliquer sur un lien dans un mail ». Oui en soi c’est con. Mais si c’est votre petite amie qui l’envoie après vous l’avoir dit par SMS, vous avez plus de chance de le faire. Et pourtant, ça ne prouve rien, puisqu’on peut faire croire à une provenance tierce pour un SMS comme pour un mail.

        Franchement, faut se sortir de la tête qu’il faut être « con » pour tomber dans une manipulation bien ficelée, parce que justement, c’est grâce à cet à priori qu’il y a autant de manipulateurs qui ont du succès !

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  • st3fc10 // 06.04.2018 à 15h14

    Arrêtez de chouiner ! L’important c’est « on fait quoi maintennant ? » On fait des concurrents peer-to-peer à FB, Yt et Gg grâce à la blockchain. Il existent déjà. Une fois qu’on les aura bouffé çà sera plié, les info perso seront plus accessibles, l’info plus censurable, et les producteurs de contenu enfin payés et indémonétisables.

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    • Tunkasina // 10.04.2018 à 12h36

      Y’en a déjà depuis longtemps, mais comme tout les choses « honnêtes » elles peinent à s’imposer face aux adversaires qui eux utilisent des techniques malhonnêtes pour se rendre populaire.

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  • Krystyna Hawrot // 06.04.2018 à 15h37

    Article bof. Tout ca pour dire que des boites à la solde du complexe militaro industriel américain ont envoyé des messages de propagande ciblée sur internet à des électeurs potentiel du Brexit. Et qu’ils ont pompé des données sur Facebook et fait du tracage sur Google, on sait plein de choses pire depuis Snowden. Et alors? Si les gens veulent être influencés, c’est qu’ils sont influençables. Ca veut dire que cette Union Européenne n’est pas si rose si de simple messages sur internet font basculer l’opinion politique d’un Britannique. Et puis est ce que tous les Britanniques passent leurs vie sur internet, et écoutent ce qui est dit sur Internet, surtout l’électorat le plus âgé? Quid des traditions familales, des livres, du vécu personnel et historique, de la jugeotte, enfin? On a l’impression que ce sont des services secrets qui s’attribuent une superpuissance qu’ils n’ont pas en réalité. La aussi rien de nouveau depuis Fouchet et Ohrana.

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  • Mr K. // 06.04.2018 à 18h25

    Article qui a été écrit il y a bientôt un an, le 07 mai 2017.

    Le référendum sur le brexit ayant eu lieu le 23 juin 2016.

    Comme il a été rappelé dans les commentaires ci-dessus, pendant sa campagne pour la présidentielle de 2012 Barack Obama avait au sein de son équipe de campagne des employés détachés de Facebook (cas différent cependant : américains et entreprise américaine, élection américaine) .

    Est-ce que cet article et la campagne récente contre Facebook (justifiée ou non, peu importe ici) auraient eu lieu d’être si c’est Hillary Clinton qui avait été élue?

    Il faut peut-être replacer cet article dans le cadre plus large des actions entreprises suite à l’élection de M. Trump.

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  • Roger Brunet // 06.04.2018 à 19h39

    Toutes ces technologies visant à manipuler les masses seraient totalement impuissantes si elles ne disposaient des milliards d’informations concernant les citoyens, informations recueillies au travers des réseaux sociaux, des systèmes de recherches, des sites commerciaux… qui nous sont devenus globalement indispensables dans notre vie quotidienne.

    Question aux lecteurs, avertis:

    Ne serait-il pas efficace et relativement peu couteux de développer un brouilleur de navigation, application que l’on installerait sur nos ordis et smartphones, qui en tâche de fond simuleraient le comportement d’un internaute, mais sur des sites aléatoires, rendant notre réel « contour comportemental » totalement flou?

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    • Manuel // 06.04.2018 à 19h44

      Ah, c’est à dire non pas supprimer les cookies, mais créer des faux cookies ? Pour contre leurs modèles psychologiques…

      J’y avais pensé aussi 😉

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      • Roger Brunet // 06.04.2018 à 22h07

        Oui: Si vous essayez de vous cacher (suppression de cookies, VPN,… vos comportement deviennent suspects, ce que le citoyen lambda ne veut pas (pas trop téméraire quand même). L’idée est donc de noyer les systèmes de tracking sous une avalanche de données incohérentes et de rendre tout le monde plus ou moins Jhon Doe.

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    • Tunkasina // 10.04.2018 à 12h39

      ça existe – je ne me souviens plus le nom, mais il existe un plug-in pour navigateur qui en effet, réalise toute une série de fausse visite de partout sur le net.

      Ah ben je crois que j’ai retrouvé :

      Noiszy (ici pour Chrome, mais il doit bien en exister d’autre versions)

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  • Jo // 08.04.2018 à 12h35

    Les « algo » de Google ne me fournissent que ce qui va dans mon sens, mais je n’utilise plus ce moteur depuis pas mal de temps, j’utilise « Qwant » donc …. Par contre sur Youtube je ne peux y échapper mais cela m’est égal car personne ne me fera changer d’avis.
    On attribue à ces boîtes une puissance qu’ils n’ont pas du tout, mais c’est tellement pratique de trouver un coupable, Trump, Brexit, mais bizarrement Macron n’est pas dans la liste ??, toutes les accusations sur la Russie, la Syrie non plus etc etc etc

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