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8.décembre.20168.12.2016 // Les Crises

Le point de bascule : analyse de la victoire de François Fillon, par Philippe Leroy

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Source : Philippe Leroy, 01-12-2016

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Les primaires de la droite ont mis en évidence un phénomène électoral jusqu’ici rarement perçu lors des précédentes consultations politiques : celui du basculement très rapide d’une masse conséquente d’électeurs vers un candidat au détriment du ou des favoris.

Nous allons analyser ce mouvement à l’aune de la théorie du point de bascule énoncée par Malcom Gladwell (The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference).

Cette élection présente un caractère très particulier qui a contribué à accroître l’intensité et la rapidité de ce phénomène. Nous verrons ensuite combien la position dominante acquise à ce jour par François Fillon est nettement plus fragile que ne le laisse transparaître la série triomphante des sondages qui ont suivi sa victoire.

Le point de bascule est une théorie d’analyse de la dynamique d’influence au sein d’un groupe d’individus. Elle analyse l’intensité de diffusion d’une idée ou d’un message en fonction de trois composantes :

  1. Les déclencheurs. Ce sont des personnes d’influence qui vont accélérer la diffusion de l’idée. Ces influenceurs se divisent en trois catégories, les « connecteurs » (ceux qui maîtrisent les bons réseaux), les « mavens » (ceux qui maîtrisent l’information), « les vendeurs » (ceux qui savent convaincre).

    Les deux premiers sont nécessaires pour produire un contenu cohérent support de l’adhésion. Les derniers, les vendeurs, sont fondamentaux pour assurer la propagation d’une idée. Nous verrons que François Fillon a bénéficié, presque malgré lui, de redoutables vendeurs d’une idée qui n’était pas celle portées par les connecteurs et mavens …

  2. Le contexte. La profondeur et la rapidité de diffusion d’une idée dépend de l’évolution de l’humeur et de l’opinion des personnes concernées par celle-ci. Il suffit d’un retournement ou d’une inflexion de cette humeur, pour que l’adhérence à une idée, un concept ou une image s’effectue. Cette adhérence peut être très rapide si un ou des événements déclencheurs marquants cristallisent cette évolution.

  3. L’adhérence. Pour emporter l’adhésion, l’idée ne doit pas nécessairement être bonne, elle doit marquer les esprits, s’installer peu à peu comme une évidence, comme une solution à un problème, parfois indépendamment du contenu réel du vecteur qui porte l’idée. Si le problème apparaît très conséquent, l’adhérence peut avoir lieu, alors même que les conséquences anticipables de la victoire du vecteur qui porte l’idée sont partiellement négatives pour celui qui va y adhérer. Nous verrons combien ce cas d’adhérence à priori paradoxal a fortement joué en faveur de François Fillon (comme il l’a sans doute également fait pour Donald Trump aux USA).

Un candidat austère, un programme profondément clivant

François Fillon n’avait pas au départ les meilleurs cartes en main pour gagner la primaire. De nature austère, peu adepte des envolées lyriques, il n’est pas l’homme politique le plus empathique, ni celui à même d’emporter l’adhésion des foules lors des meetings.

De plus, l’ancien candidat à la présidence de l’UMP a longtemps pâti des séquelles désastreuses de sa confrontation avec Jean-François Coppé.

Les premiers mois de sa longue campagne ont été plus que difficiles. Longtemps, il a stagné à la troisième place, largement distancé par le duo de tête, au positionnement personnel très différencié (bien plus que leurs programmes), et menacé par le trublion Le Maire qui promettait le renouveau du haut de sa jeunesse relative et de son programme de 1000 pages.

Déjà fortement marquées lors de son passage à Matignon, les positions libérales et ‘austéritaires’ de François Fillon se sont accentuées dans ses discours et ses écrits de campagne. Sa préférence pour le capital contre le travail socialement organisé (suppression de l’ISF, allégement considérable et immédiate des charges sociales pour les employeurs, diminution de l’impôt sur les sociétés, encouragement à l’auto entreprenariat, fin des 35 heures, des emplois aidés etc.), sa volonté de « fluidification » intense du marché du travail (modalités de licenciement facilitées, plafonnement des allocations chômage, etc.), sa préférence pour l’assurance privée individuelle versus la solidarité sociale nationale (assurance publique universelle portant uniquement sur les affections graves ou de longue durée) et sa vision du rôle de l’Etat essentiellement régalien (suppression de 500000 fonctionnaires intégrant une forte augmentation des effectifs de policiers, importante création de places de prison etc.) en faisait dès le départ, un candidat clivant.

A cette dimension thatchérienne assumée, son programme ajoute un conservatisme social important, une vision de la France basée sur la valorisation de l’identité chrétienne dont la promotion devient un crédo d’importance (défense des chrétiens d’Orient, souhait de réécriture des livres d’histoire etc.).

La dernière partie de campagne va être particulièrement orientée sur ces dimensions, communication parfaitement orchestrée avec la sortie du deuxième livre du candidat, «Vaincre le terrorisme islamique » qui succède à « Faire », paru en 2015, plus porté sur la transformation économique.

Un noyau de fidèles très complémentaires

La force de ce programme tient dans sa cohérence avec la composition de l’équipe rapprochée de Fillon et sa capacité à mobiliser des réseaux pour sa production et sa diffusion.

Economiquement, Fillon s’est appuyé principalement sur deux hommes aux carnets d’adresses conséquents. François Bouvard, ancien directeur général de McKinsey et Pierre Danon qui dirigea British Telecom, Capgemini puis Numéricâble. Ce dernier permet au candidat de rencontrer des dizaines de grands patrons et ainsi d’étoffer son programme en lui donnant sa marque particulièrement droitière. C’est lui également qui redessine les modalités de campagne du candidat, notamment sur les réseaux sociaux. Naissent alors des supports WEB didactiques, centrés sur des cibles marketing (Femmes avec Fillon, Professionnels de santé avec Fillon etc.).

Ce réseau idéologiquement structuré va toutefois accroître l’ancrage socialement très homogène de la campagne de Fillon, comme l’illustre la photo ci-dessous, entête du site les Femmes avec Fillon. L’uniformité de la classe sociale, de la classe d’âge et de l’origine culturelle des supportrices du candidat est ici particulièrement marquée.

Source : https://www.fillon2017.fr/femmes-avec-fillon/

Source : https://www.fillon2017.fr/femmes-avec-fillon/

Culturellement, l’apport de Bruneau Retailleau, chef de file des républicains au Sénat, est déterminant. Ce dernier, ancien bras droit de Philippe de Villiers, est un catholique pratiquant qui possède des réseaux conséquents dans les milieux très conservateurs.

Enfin, au cœur de la galaxie Fillon, Patrick Stefanini, directeur de campagne, est un communiquant alchimiste de talent. Il a dirigé la campagne de Valérie Pécresse, lui permettant d’accéder à la tête de l’Ile-de-France en 2015. L’homme est proche d’Alain Juppé et dispose d’un carnet de contacts très étoffé, en politique, dans les agences de communication etc.

François Fillon a eu l’intelligence de s’entourer d’une équipe redoutable de « connecteurs » et de « mavens ». Par contre, les « vendeurs » ne sont pas au rendez-vous. Cela ne tient pas aux compétences avérées de son directeur de campagne, mais au produit à vendre.

Il faudra le renforcement d’un contexte bien marqué pour faire adhérer à l’image de François Fillon, une idée nouvelle, sans rapport direct avec le contenu réel de son programme.

Le contexte : les erreurs tactiques de Sarkozy et de Juppé

La qualité et l’enthousiasme de l’équipe de François Fillon ne suffisent pas. La campagne ne prend pas. Malgré la rugosité de son programme économique, celui-ci ne se différentie pas nettement de ceux des principaux candidats, tous marqués par une orthodoxie libérale très forte.

Alain Juppé, malgré son programme également très droitier, joue la carte du rassembleur, du Père de la Nation qui vise à la réconciliation, à l’identité heureuse, avec une vaste alliance de la droite et du centre. La tactique de Juppé, inspirée de la France unie de François Mitterrand, semble fonctionner à merveille pendant des mois. Elle ressort pourtant d’une erreur de positionnement et d’un effet d’optique.

Grisés par des sondages stratosphériques, Juppé a opté pour un slogan de campagne présidentielle de second tour, visant au rassemblement le plus consensuel possible.

La France de 2016 n’est pas celle de 1988. Les attentats, l’affaire du Burkini et la rixe sur la plage de Sisco en Corse ont fortement marqué le débat sur l’identité. Accoler les deux termes dans un slogan, sans promouvoir de politique nette de transformation sociale lui donnant une substance réelle, ne constituait au mieux qu’un affichage marketing sans grand effet et au pire un angle d’attaque dont ne s’est pas privé Nicolas Sarkozy.

La primaire est un exercice terriblement partisan qui privilégie les options tranchées et affirmées. La popularité instantanée dont jouissait Alain Juppé ne provenait pas de la puissance de son message ou de l’adhésion à son programme mais de la personnalité repoussoir de son principal challenger. Cette erreur de positionnement et l’effet d’optique allaient être fatals à Alain Juppé.

Compte tenu des menaces judiciaires qui pesaient sur lui et de son passif d’ancien chef de l’Etat, la tactique de Nicolas Sarkozy ne pouvait être que celle de la surenchère qui correspond d’ailleurs parfaitement à son caractère.

Le tonitruant candidat a occupé tout l’espace médiatique, avec une succession de saillies qui visaient à monopoliser le débat autour de ses propositions ou de ses sorties.

Cette surenchère particulièrement marquée sur les questions sociales et identitaires avait pour vocation de créer le clivage, de faire adhérer autour de l’ancien chef de l’Etat la partie la plus droitière de l’électorat pour faire pièce aux centristes et aux supposés électeurs de gauche votant pour Alain Juppé.

Cette tactique et notamment l’ultime polémique autour du soutien de François Bayrou ont contribué à « gauchiser » le positionnement perçu d’Alain Juppé, fragilisant ainsi le candidat favori des sondages. Elle a surtout renforcé l’effet repoussoir du candidat Sarkozy créant de facto une possibilité d’adhérence pour un candidat alternatif.

Les déclencheurs et l’effet d’adhérence : l’effet cumulatif des deux premiers débats

La dimension extraordinaire de la chevauchée fantastique de François Fillon vers la victoire tient au fait que les principaux déclencheurs de l’effet de basculement sont ses propres adversaires. François Fillon ne disposait pas de vendeurs performants dans son équipe. Il n’a pas eu besoin d’en trouver. Ces principaux concurrents ont fait pour lui, à leurs frais, la promotion d’une nouvelle idée accolée à l’ancien premier ministre, celui de l’ultime recours, symbolique particulièrement forte dans l’imaginaire des partis de droite.

Le premier débat : l’émergence de l’idée

Le premier débat de la primaire eu lieu le 13 octobre 2016. Dans sa posture de puncheur victimaire, Nicolas Sarkozy reçoit et distribue les coups. Alain Juppé contemple ses adversaires en demeurant le plus lisse et consensuel possible. François Fillon, quant à lui, détaille sur un ton calme et ferme son programme ultra libéral et conservateur. Il adopte un ton professoral et recadre les candidats sur leur programme ou la légèreté de leurs erreurs de chiffrage.

En conclusion du débat, les principaux candidats challengers (Fillon et NKM notamment) insistent sur la dictature des sondages qui prive les électeurs de leur choix et demande à la majorité silencieuse de sortir de chez elle pour voter le 20 novembre. «Vous avez la possibilité de prendre le pouvoir, alors prenez-le ! » conclue François Fillon.

Fillon a joué une corde sensible qui va se révéler gagnante : celle du complot des sondages.

Cette antienne est reprise par presque tous les candidats, à l’exception évidente d’Alain Juppé. Nicolas Sarkozy en fait même un élément majeur de campagne contre son principal adversaire, au lendemain de la victoire de Donald Trump. Malheureusement pour lui, cet argumentaire ressortait d’une erreur tactique fatale. La présidentielle américaine est une élection à un tour. Elle consiste pour le challenger à battre le prétendant le mieux placé. Cet argument prôné par un des deux favoris des sondages d’une primaire qui doit qualifier deux candidats était non seulement contradictoire mais porteur de l’idée fatale que l’inéluctabilité de la confrontation Juppé / Sarkozy n’avait pas de raison d’être.

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Sarkozy s’est trouvé être un des principaux déclencheurs de la montée en puissance de son ancien premier ministre.

Dès la fin du mois d’octobre, la côte de François Fillon progresse autour de 13 %. Elle se situe toutefois encore très loin de celle de Juppé (environ 35 à 40 %) et de Nicolas Sarkozy (environ 25 à 30%).

Ce frémissement indique clairement que les sondés considèrent que Fillon peut incarner une alternative au duo annoncé, position que lui conteste encore Bruno Le Maire qui demeure au contact (environ 10%).

Le second débat : l’encrage définitif de l’idée

Le second débat du 3 novembre 2016 va changer la donne, pour deux raisons.

La première est celle de l’effet cumulatif qui va permettre à l’idée « renverser la table des sondages », prônée par tous les challengers de Juppé de s’incarner dans la candidature de Fillon.

Lors de ce débat, Juppé et Sarkozy adoptent la même posture que précédemment.

Placé physiquement au centre des débatteurs, Sarkozy a été la cible des attaques de tous et de chacun illustrant combien un rassemblement de la droite sur son nom apparaissait improbable. Il est l’homme clivant qui cristallise l’idée du recours contre lui.

Juppé a continué de vanter l’identité heureuse et l’alliance avec le centre, toutes deux bien éloignées de l’intensité partisane qui anima la campagne de primaire très marquée à droite. Dans une réponse à une apostrophe de Sarkozy, il fait même involontairement le parallèle entre son alliance avec Bayrou et le recrutement de personnalités de gauche par Nicolas Sarkozy en 2007.

Juppé commet là une faute politique qu’il ne pourra jamais rattraper. Incapable de corriger une image perçue comme trop recentrée, sa situation va rapidement se dégrader une fois la véritable raison d’être de sa popularité, celle d’être le recours contre Sarkozy, battue en brèche par Fillon.

La seconde raison qui va propulser François Fillon est l’effondrement de Bruno Le Maire sous l’effet de ses propres imprécisions et de son incapacité à répondre aux attaques des autres challengers. Le second débat a cruellement montré la dimension marketing du candidat du « renouveau » qui n’avait que cela à proposer, alors même qu’il fut ministre pendant de longues années.

Fillon de son côté est apparu « au-dessus de la mêlée » attaquant peu les deux favoris, tançant les journalistes afin d’apparaître subtilement en homme libre de toute accointance avec l’élite médiatique et s’adressant au peuple de droite sur leurs thèmes les plus identitaires.

Dès lors, l’adhérence devient fulgurante et tous ceux qui prévoyaient de voter par défaut, contre l’un ou l’autre des favoris déclarés, rejoignent le camp du Sarthois.

Une fois la mécanique enclenchée, plus rien ne pourra l’enrayer.

Le mirage Fillon

L’incroyable scénario des primaires, déjouant des mois de prédictions constantes, n’a pas conduit les sondeurs à une plus grande prudence. François Fillon est crédité de la même victoire facile que celle constamment annoncée pour Juppé, avant le premier tour. Les sondeurs devraient avoir la modestie de regarder leurs propres prévisions suite à la victoire de François Hollande à la primaire socialiste de 2011. Victoire tout autant improbable, consécutive au vaudeville Strauss Kahn. Dans les premiers sondages post primaire, François Hollande planait à 38 % au 1er tour et à 62 % au second.

Tous les ingrédients sont réunis pour que le triomphe annoncé de Fillon ne se réalise pas ou pas aussi facilement qu’attendu.

François Fillon a été magistralement élu, grâce à l’adhérence sur sa personne d’une idée en grande partie indépendante de la réalité de son programme. En effet, les programmes étaient trop proches pour qu’une telle remontée s’explique par leurs différences relatives.

Fillon se trouve paradoxalement dans la même situation que celle initialement occupée par Juppé. Il est ancré dans un positionnement politique marqué qui lui laisse peu de possibilités de se replacer. Indépendamment du contenu réel de ses propositions, Alain Juppé n’a jamais pu se départir de son positionnement perçu comme trop favorable à la gauche et perméable au danger islamique. Il a incarné, par défaut et malgré lui, l’image de François Hollande, l’autre maudit de la politique française.

Fillon aura beaucoup de mal à endosser le rôle de rassembleur qui est celui qui permet la victoire au second tour. Son électorat est très marqué. Il est en moyenne masculin, urbain, âgé et provenant des classes supérieures. C’est l’association des petits patrons et de la France traditionnelle inquiète de la transformation culturelle du pays. Bien qu’il s’en défende et que cela ne soit pas la raison principale de sa victoire, il est le candidat du patronat, des classes supérieures aisées.

Pour peu que ses concurrents soient un peu habiles, il pourrait facilement incarner un rejet, sur lequel une adhérence pourrait se former.

François Fillon a rassemblé presque 3 millions de voix sur son nom, ce qui représente 7,8 % des votants (y compris blancs et nuls) à l’élection présidentielle de 2012.

Son programme et sa vision de la transformation économique sont très éloignés des attentes de la majorité des français qui ne rêvent pas tous les matins d’une purge libérale. Son adhérence ponctuelle à la nécessité impérieuse de faire barrage à Nicolas Sarkozy ne lui sera plus d’aucun secours. Il peut certes espérer être le réceptacle de la volonté de sanctionner le quinquennat de François Hollande, surtout si son premier ministre se présente à l’élection. Toutefois, tous les candidats, de Mélenchon à Le Pen, peuvent tout autant espérer incarner cette adhérence.

Son positionnement très marqué et son image autoritaire réaffirmée par les débats lui offrent une emprise sur le FN. Il concurrence directement le parti de Marine Le Pen sur l’électorat conservateur du Sud Est qui a voté très largement pour lui aux deux tours de la primaire. Toutefois, le FN possède un avantage qui fait défaut à François Fillon : celui d’être un Janus au double visage, l’un tourné vers les classes populaires de la France Périphérique décrites par Christophe Guilluy, en recherche de sécurité sociale, l’autre vers la France conservatrice, inquiète d’une identité perdue. A ce jour, Marine Le Pen a réussi l’exploit de conserver et renforcer ce mélange d’électorats. Une des clés du prochain scrutin tiendra dans cette capacité à maintenir la cohérence de cet assemblage. Si les électeurs de Marion Maréchal Le Pen qui ont voté pour lui lors de cette primaire préfèrent Marine plutôt que François en mai 2017, la base électorale du candidat Les Républicains en sera encore plus réduite.

Désormais au centre des attentions, le programme de François Fillon fait l’objet de toutes les critiques, les plus virulentes provenant de la périphérie de son propre camp, la gauche restant à ce jour inaudible, engluée dans la palinodie de ce quinquennat raté.

Henry Guaino, Nicholas Dupont-Aignan et François Bayrou n’ont aucun mal à mettre en avant les dimensions destructrices du lien social qu’emporte le programme libéral de François Fillon. Sa posture nationaliste est également facilement critiquée, compte tenu de son adhésion sans grande réserve à l’édifice européen actuel.

La deuxième clé du scrutin portera sur la capacité pour la gauche d’avoir un candidat qui ne soit pas un repoussoir. La candidature de Manuel Valls pourrait engendrer cet effet qui cherchera un support pour s’incarner. Mais cela ne sera sans doute pas le seul. Le tissu citoyen est en effet parcouru d’angoisses et de fractures qui constituent un contexte propice à l’émergence d’un « moment », d’une cristallisation qui pourrait profiter à Mélenchon, à Le Pen ou à un troisième homme (ou femme) capable de synthétiser un espoir pour un vaste ensemble de classes sociales distinctes ou d’incarner un recours contre une éventualité perçue négativement.

Il est probable que le premier tout de la présidentielle soit nettement plus disputé que ne le prévoit les sondages actuels. Compte tenu de son programme très clivant, de sa personnalité, de ses soutiens, Fillon symbolise plus l’incroyable tendance à la fragmentation de la société française qu’une promesse d’union et de réconciliation. Dans une élection classique, sa candidature est trop marquée pour emporter l’adhésion majoritaire.

Son éventuelle victoire tiendrait plus à sa capacité d’adhérence à une idée particulière, tellement forte qu’elle transcenderait les clivages et gommerait les autres dimensions. Par exemple, celle de la volonté de préserver une identité culturelle majoritaire, vue comme bafouée par les pouvoirs en place et fragilisée par la vague migratoire. Dans ce cas, sa personnalité et son parcours lui permettraient sans doute de paraître plus crédible que Marine Le Pen.

A moins, bien évidemment, que l’élection ne se fasse encore une fois par défaut, contre la gauche d’abord, pour sanctionner un quinquennat catastrophique, puis le FN ensuite, au nom du front « républicain » et avec une abstention massive. Avec toutes les conséquences qu’une telle élection entraînerait alors pour la France.

Source : Philippe Leroy, 01-12-2016

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Commentaire recommandé

Max47 // 08.12.2016 à 05h00

Je confesse n’avoir lu que les cinq premières lignes de cet article – mais y avoir trouvé quand même de quoi réagir. Voici quoi : il se pourrait bien que les prémisses soient fausses. Personnellement je ne crois pas trop au « basculement très rapide d’une masse conséquente d’électeurs vers un candidat » (Fillon, donc), cela étant censé s’être produit dans les tous derniers jours avant le vote.
Je crois plutôt à la fausseté des sondages, soit qu’ils soient achetés, soit qu’ils reflètent d’abord et avant tout les biais cognitifs des sondeurs eux-mêmes, qui font eux aussi partie de la classe médiatico-politique et qui sont très forts pour se « sonder » eux-mêmes, c’est-à-dire pour retrouver à l’arrivée le résultat qu’ils avaient eux-mêmes postulé dès le départ. En fait, ce qui se passe dans le peuple (et non dans le 5ème arrondissement de Paris) leur échappe complètement.
Je n’ai évidemment aucun moyen de le prouver mais je pense qu’il y avait depuis longtemps une vague de fond pro Fillon dans l’électorat de droite, Sarkozy faisant l’objet d’un fort rejet personnel et Juppé ayant mené une campagne parfaitement loufoque et illisible et même contre-nature (pour les gens de droite) à force de contradictions.
Parler d’un revirement de dernière miniute pour Fillon, c’est disserter autour d’un « artefact » qui n’a sans doute jamais existé en réalité.

34 réactions et commentaires

  • Fritz // 08.12.2016 à 01h17

    Enfin, une analyse intéressante du succès provisoire de François Fillon. Ce n’était qu’une primaire de la droite, mais la carte du vote Fillon, ainsi que son résultat inattendu (44,1 % au premier tour, soit un million de voix de plus que pour Sarkozy, ce qu’aucun sondage n’avait prévu) révèle un phénomène qui vient des profondeurs.

    En quoi son « thatchérisme » peut-il expliquer les 78,8 % pour Fillon en Haute-Saône, par exemple ? « la volonté de préserver une identité culturelle (…) bafouée par les pouvoirs en place et fragilisée par la vague migratoire » a certainement joué, sans être la cause unique du succès de Fillon. Sa personnalité terne et sérieuse a séduit à droite, et son discours sur la Russie a été plus apprécié que celui de ses rivaux atlantistes.

    Une chose est sûre, la France parisienne et médiatique n’avait pas vu venir ce phénomène.
    D’autres surprises viendront, jusqu’au 7 mai 2017…

      +16

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  • Spectre // 08.12.2016 à 01h41

    L’électorat de la primaire UMP était plus âgé, plus masculin et plus aisé que la population générale. Un électorat vieux, aisé/bourgeois et catholique a donc voté pour choisir… son meilleur reflet. On notera au passage que des gens qui ont bénéficié de la retraite à 60 ans votent pour que leurs enfants ou petits-enfants prennent la leur entre 65 et 70. Merci à cette génération qui nous aura décidément laissé un monde merveilleux. 🙂

    Ce qui est « amusant », c’est que du fait des mécanismes électoraux (primaire + présidentielle verrouillée si Le Pen accède au second tour…), un programme complètement minoritaire et à contre-courant de la société française sera peut-être porté au pouvoir. Et on se demandera ensuite pourquoi ça coince…

    Le premier tour sera en effet plus disputé que prévu ; le seuil de qualification pour le second tour pourrait être assez bas, ce qui ouvrira le jeu aux quatre premiers, qui pourraient tous arriver dans un mouchoir de poche autour de 20%. Nous verrons bien à quelle sauce nous serons mangés…

      +26

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    • jmdest62 // 08.12.2016 à 07h40

      « On notera au passage que des gens qui ont bénéficié de la retraite à 60 ans votent pour que leurs enfants ou petits-enfants prennent la leur entre 65 et 70.  »

      D’accord avec cette phrase où vous mentionnez « des gens ».

      « Merci à cette génération qui nous aura décidément laissé un monde merveilleux.  »

      Pas d’accord du tout avec celle-ci où tout à coup vous généralisez et mettez tous les retraités dans le même panier de droite .
      Je pense que vous vous êtes laissé emporter Non ?

      @+

        +10

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  • Max47 // 08.12.2016 à 05h00

    Je confesse n’avoir lu que les cinq premières lignes de cet article – mais y avoir trouvé quand même de quoi réagir. Voici quoi : il se pourrait bien que les prémisses soient fausses. Personnellement je ne crois pas trop au « basculement très rapide d’une masse conséquente d’électeurs vers un candidat » (Fillon, donc), cela étant censé s’être produit dans les tous derniers jours avant le vote.
    Je crois plutôt à la fausseté des sondages, soit qu’ils soient achetés, soit qu’ils reflètent d’abord et avant tout les biais cognitifs des sondeurs eux-mêmes, qui font eux aussi partie de la classe médiatico-politique et qui sont très forts pour se « sonder » eux-mêmes, c’est-à-dire pour retrouver à l’arrivée le résultat qu’ils avaient eux-mêmes postulé dès le départ. En fait, ce qui se passe dans le peuple (et non dans le 5ème arrondissement de Paris) leur échappe complètement.
    Je n’ai évidemment aucun moyen de le prouver mais je pense qu’il y avait depuis longtemps une vague de fond pro Fillon dans l’électorat de droite, Sarkozy faisant l’objet d’un fort rejet personnel et Juppé ayant mené une campagne parfaitement loufoque et illisible et même contre-nature (pour les gens de droite) à force de contradictions.
    Parler d’un revirement de dernière miniute pour Fillon, c’est disserter autour d’un « artefact » qui n’a sans doute jamais existé en réalité.

      +44

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    • René Fabri // 08.12.2016 à 09h37

      Tout à fait d’accord avec votre analyse, que je voudrais compléter par quelques observations.

      1. La Sarthe a très massivement voté pour Fillon où il est député depuis 1981. Ce n’est pas un vote de personnes changeantes, mais un vote d’adhésion de longue date. Idem pour Juppé qui fait de bons scores en Gironde.

      2. Faisant partie d’un panel qui est régulièrement sondé, y compris pour cette primaire, voici les 4 critères sensées catégoriser la population, avec ma critique :

      a) Le plus haut diplôme obtenu. Le sondeur ignore qu’on donne le bac à tout le monde, et qu’un master de psychologie est beaucoup plus facile à obtenir qu’un master de physique.

      b) Etre employé, contremaître, ou cadre. Le sondeur ignore que l’ascenseur social est en panne, et donc que la position hiérarchique dépend maintenant surtout de la naissance.

      c) Etre propriétaire ou locataire. Le sondeur ignore que beaucoup de propriétaires sont maintenant souvent des bobos de gauche, et ne sont plus des conservateurs de droite.

      d) La personne pour qui on a voté au premier tour de la dernière élection présidentielle. Le sondeur ignore d’une part que l’obligation des 500 signatures a éliminé tous les candidats qui ressemblent aux citoyens, et d’autre part que beaucoup de sondés, moi le premier, ont pris l’habitude de mentir à cette question.

        +11

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    • P.Lacroix // 08.12.2016 à 10h43

      « Je confesse n’avoir lu que les cinq premières lignes de cet article « .
      Ce serait bien de tout lire, avant, car il est question de la  » dictature des sondages  » aussi.

      Le livre de Philippe de Villiers  » il est temps de dire ……. » est très intéressant sur les sondages. Et pas que.

      Coluche racontait, mieux que moi, dans une histoire que si un chanteur ( ou sa maison de disque ! ) achète beaucoup de son dernier disque, la presse en parle et tout le monde l’ achète.

        +6

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    • patrick // 08.12.2016 à 13h10

      N’ayant pas été sondé et n’ayant pas voté à cette primaire, je n’ai pas étudié le programme de Fillon en détail, ma première réaction à juste été de me dire : » chouette, Sarko et Juppe ont été virés « , et beaucoup de gens dans mon entourage pensent de même, nous n’avons jamais vraiment compris pourquoi toute la presse voulait nous imposer Juppe.

        +12

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  • Homère d’Allore // 08.12.2016 à 07h08

    On pourra parier de « basculement » le jour où les votes se porteront non pas vers tel ou tel candidat appliquant le programme de l’Union Européenne mais vers ceux prônant un Frexit.

    Or, malheureusement, la chape de plomb médiatique couvrant l’UPR, le PRCF ou l’ex MPEP est efficace.

      +35

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  • Tolosa // 08.12.2016 à 07h11

    Excellent texte qui nous change des commentaires des journalistes télévisuels. La fragilité de Fillon se matérialise par exemple dans les dernières vagues de sondages qui, comparées à celles qui avaient suivi la victoire de Hollande à la primaire de droite, montre qu’a la difference du Sarko 2007 qui avait su construire un programme de nature à rassurer à droite et à picorer auprès des catégories modestes (travailler plus pour gager plus)

      +5

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  • Catalina // 08.12.2016 à 09h28

    Tolosa,
    Croire aux sondages c’est comme croire aux fadaises de l’immonde, de l’abbération…..
    Les sondages sont un outil de manipulation, rien de plus, regardez comme ils se sont plantés en croyant pouvoir faire élire killary et regardez le brexit…..
    Les sondages, outils des multinationales sont démasqués et une personne à l’esprit critique ne les prend pas en compte, tellement, en effet, ils sont bidons;

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    • red2 // 08.12.2016 à 10h02

      Oui mais les sondages risquent quand même fort de « faire » l’élection de 2017.

      Je pense qu’elle se fera sur le rejet : « de la gauche PS » et sa trahison pour certains, du FN « fasciste » pour d’autres, de Fillon et son programme ultralibéral thatcherien, de Mélenchon le violent « gauchiste » le couteau entre les dents…

      Donc les électeurs chercheront le vote utile permettant d’éliminer celui ou celle qu’ils veulent à tout pris éviter, et comment feront ils ? Ils regarderont dans les SONDAGES Mme soleil qui a le plus de chance d’arriver au second tour…

      Cela sera particulièrement vrai à « gauche » entre Mélenchon, le candidat PS et Macron, ou le vote utile sera de mise pour éviter les parfaits épouvantails de la gauche bobo Fillon et Le Pen. On verra mais pour moi celui qui s’échappera dans les sondages bénéficiera d’un vote utile et montera fortement au détriment des deux autres. Sondages qui seront dans cette hypothèse totalement autoréalisateur d’ailleurs, ce qui pose quand même sacrément question!

        +1

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    • Sam // 08.12.2016 à 10h13

       » Croire aux sondages c’est comme croire aux fadaises de l’immonde, de l’abbération….. »
      Vous oubliez l’obsolète…
      Je suis bien d’accord avec l’idée des sondages comme outil de manipulation : ils « créent » une norme, et le quidam vote en fonction de la norme, pour ne pas être exclu du groupe. Sinon que depuis quelques années ca ne fonctionne plus, et depuis un an, on a même un effet inverse, une réaction surprenante des populations qui semblent prendre un malin plaisir à voter contre la « consigne ».

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      • Octave Dufermont // 08.12.2016 à 11h36

        Nous avons eu droit à 21 sondages pour ces primaires (source Acrimed).
        Les media les critiquent, mais s’en abreuvent abondamment.
        Mais leur vraie utilité est dans dans la pré-sélection ; le tiercé gagnant a raflé 93,4% des suffrages exprimés ; les votants ont délaissé les 4 autres parce que, dans leur tête, ils n’avaient aucune chance.
        Ca participe au verrouillage.

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  • Milsabor // 08.12.2016 à 10h10

    Encore une analyse des primaires de droite qui occulte complètement la dimension de la politique étrangère du débat. Or, si Juppé à promis de lui dire ses 4 vérités à Poutine, Fillon a envisagé de lui tendre la main. Comme si le contexte géopolitique international et l’atmosphère de menace d’une troisième guerre mondiale nucléaire ne pouvait pas affecter l’humeur des électeurs français. Personnellement je ne suis pas de droite et ne n’ai pas participé aux primaires, mais si je l’avais fait j’aurais voté Fillon pour ce motif. Je peux même imaginer des opposants à Fillon allant voter pour lui dans cette primaire pour éviter la victoire d’un candidat de droite belliciste.

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    • Fritz // 08.12.2016 à 10h17

      Les débats sociétaux à la c.. servent justement à occulter la gravité de l’enjeu géopolitique.

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    • patrick // 08.12.2016 à 18h46

      c’est surprenant de voir que les sondages et la presse mettaient en avant celui qui allait être le paillasson de l’OTAN et des USA 🙂
      euh, en fait non , ce n’est pas surprenant .
      Il a pris une claque ce qui est tout à fait satisfaisant.

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  • tolosa // 08.12.2016 à 10h30

    Il est de bon ton de critiquer a tout va les sondages. .. Les sondages sur les primaires et les sondages sur le premier tout de l’élection présidentielle ce n’est pas la même chose.. Les sondages sur le premier tour sont quand même assez fiables.
    Exemple (tiré dans l’excellent forum politiquemania) : sondage Harris

    décembre 2006

    Sarkozy 33% (résultat 31%)
    Royal 33% (résultat 26%)
    Bayrou 8% (résultat 19%)
    Le Pen 12% (résultat 10%)

    novembre 2011

    Hollande 31% (résultat 29%)
    Sarkozy 28% (résultat 27%)
    Le Pen 18% (résultat 17%)
    Mélenchon 8% (résultat 11%)
    Bayrou 7% (résultat 9%)

    Les tendances actuelles qui montrent que Fillon ne décollent pas et restent loin de SARKO 2007 ùme paraissent justes.
    Et enfin il faut arretez de penser que la position plus russophile de Fillon a joué un rôle majeur… Tout le monde ne lit pas le blog de Berruyer..

      +3

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  • Jules // 08.12.2016 à 10h31

    J’attends avec gourmandise le moment du grand basculement du candidat Fillon dans le processus (à mon sens inévitable) de balladurisation…

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    • emm69 // 09.12.2016 à 01h19

      Qui voyez-vous dans le rôle de Chirac ? Je peine à deviner.

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  • Denis Monod-Broca // 08.12.2016 à 11h11

    Analyse pertinente.
    J’ai moi-même voté Fillon avec le sentiment de participer à un mouvement de foule, aussi impulsif, irrationnel qu’un vol d’étourneaux…
    Je pensais que l’engouement s’évanouirait dès le lendemain du 1er tour. Je me suis trompé. Il s’est maintenu jusqu’au second. Mais maintenant ?…

      +2

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  • LS // 08.12.2016 à 11h31

    Analyse intéressante. Son site est également intéressant même s’il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une vitrine professionnelle, dans un contexte d’entreprise privée, illustrant une compétence en stratégie et en management de projets complexes. Le ton général s’en ressent mais pourquoi pas.

    Malheureusement, l’analyse vient après la bataille et finalement qu’en tirer qui pourrait être utilisé dans un autre contexte ? Peut être pourrait-il faire un article de la même veine analysant les forces en présence dans le cadre de la primaire du PS, avant qu’elle n’ai lieu ? cela aurait une autre gueule, non ?
    Cela permettrait peut être de rendre compte que toute analyse prospective n’est que niveau d’incertitude et le déterminisme (ou la causalité linéaire), qui transparaît un peu trop dans un article qui regarde le passé, illusoire. L’incertitude portant sur la vraisemblance de modèles explicatifs différenciés, pas sur un niveau de dispersion autour d’une moyenne.

      +2

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    • Mondran // 08.12.2016 à 20h01

      L’analyse du passé comme vous dites peut être intéressante pour comprendre le présent, voir le futur. Ce qui serait par contre idiot, c’est de plaquer la même analyse sur une situation apparemment proche (la primaire de la gauche) mais qui s’en distingue très fortement.
      La linéarité de la projection que vous dénoncez n’est pas du tout dans l’article mais elle se retrouve dans l’utilisation des sondages qui elle prend une température à un moment donné, sans tenir compte du contexte de sa mesure pour la projeter dans un temps ou ce contexte sera différent.
      Quand à la prise en compte sur l’incertitude, je vous invite à lire les textes de l’auteur sur son site portant sur son sujet et notamment ce qui concernent les Cygnes noirs et l’Antifragilité.

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    • jacques Cubaynes // 10.12.2016 à 11h09

      Tout à fait d’accord avec vous. Il est bien connu que les meilleures prévisions sont celles qui sont réalisées après les évènements…ce qui ôte beaucoup d’intérêt à ces commentaires.
      L’effet d’éviction des « candidats alternatifs » par les sondages me semble par contre une réalité, dans la perspective d’un vote utile, et dans cette primaire (dont il faut tout de même dire qu’elle s’est parfaitement déroulée ) le vote utile c’était d’éliminer Sarkozy, sans cautionner le favori des journalistes, perçu comme beaucoup trop compatible avec tout (« l’accommodement raisonnable », soit le renoncement sans heurts, comme la grenouille dans l’eau chaude…).
      Pour le premier tour de la présidentielle il est bien probable en effet que ce soit très serré, avec 4, voire 5 candidats dans un mouchoir de poche….
      Pour faire un peu d’humour, grâce à Alliot-Marie nous allons être sauvés !!!

        +0

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  • Antoine // 08.12.2016 à 11h41

    Bonne analyse je trouve. Je ne sais pas si M. Leroy est journaliste, mais il mériterait en tous cas plus son abattement fiscal que bien des détenteurs de cartes de presse…

    Je ne suis pas d’accord pour être si dur avec les sondage d’intentions de vote aux élections, les questions étant difficilement orientables contrairement à d’autres sondages. Ils ne peuvent pas être mieux faits, c’est ça le drame pour les sondeurs. Leur existence est de moins en moins utile dans la période actuelle, où l’électorat est très volatil, car cherchant une solution que les partis politiques et les candidats n’arrivent pas à offrir. La société est également très fracturée, rendant difficile la présence d’une offre politique s’adressant au plus grand nombre.

      +2

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  • Joanna // 08.12.2016 à 12h45

    Je pense que les sondages ont été « utiles » en ce sens qu’ils ont montré pour qui il fallait voter, soit le 3ème (Fillon) pour sortir le 2ème (Sarkozy) de la course.
    Et le rejet de Sarkozy a été tel que bien des électeurs ont du faire ce choix car voter Juppé était inopérant. Donc valait mieux être 3ème dans les sondages que 2ème ou 1er.
    Point faible de ce raisonnement : il y aurait donc eu suffisamment d’électeurs pouvant raisonner ainsi (parier sur l’intelligence des électeurs c’est généralement jamais gagné …) !
    Voilà pour le 1er tour, Pour la suite Fillon a engrangé en plus suffisamment de voix de sarkozistes et le tour était joué.

    Cela risque-t-il de se reproduire en 2017 ? Why not ? Imaginez que les sondages donnent MLP en 2ème position, elle pourrait se faire sortir comme Sarkozy contre toute attente et on aurait par exemple un 2ème tour Fillon / Macron. Macron élu. Pure fiction bien entendu et, thanks God, le pire n’est jamais certain …

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    • Catalina // 08.12.2016 à 23h48

      Le problème avec Macron c’est qu’une grande partie de notre jeunesse risque de voter pour lui, éduqués à la sauce Nabillesque, ils croient que tout ce qui brille est de l’or…..Pour bcp, être beau s’est suffisant pour être président…..je me souviens il y a 40 ans, j’avais vu des jeunes filles choisir le candidat sur sa photo et pas du tout sur son programme, cela m’a dégoûté et fait réfléchir sur le vote. Comme je vois aujourd’hui que le phénomène a pris de l’ampleur( tu es beau donc tu es ok), j’ai des craintes réelles qu’un opportuniste comme Macron gagne, en plus, vu qu’il a quitté la banque pour l’état, il est le candidat idéal pour continuer cette association de malfaiteurs, bien plus que Juppé, en fait.

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  • SanKuKai // 08.12.2016 à 12h55

    Quelques extraits du vocabulaire utilisé dans cet article:
    « son image », « perçu », « corriger une image perçue », « Endosser le rôle », « incroyable scénario »…

    Le même genre de vocabulaire qu’un metteur en scène utiliserait avec ses acteurs.

    De la comédie, du théatre, voilà ce que sont les élections.
    Et c’est à chaque fois le même film, avec le même épilogue. A croire que les bureaux du scénariste sont à Bruxelles.

      +6

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    • Catalina // 08.12.2016 à 23h50

      Sankukai,

      Ils y sont, aucun doute là-dessus.

        +0

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  • ThylowZ // 08.12.2016 à 14h30

    La victoire de François Fillon est un peu en trompe-l’oeil, de par notamment l’énorme mobilisation du milieu catholique pratiquant, où il y a eu un appel très fort à voter pour Fillon sur les réseaux, catégorisé comme « le moins pire des candidats hors Poisson et ayant une chance de l’emporter ».

    Dans ce milieu, Poisson a énormément marqué, notamment parce que c’est un milieu globalement méfiant face au libéralisme, mais il n’a pas récolté les suffrages qu’il aurait dû parce que nombreux étaient ceux qui ne voulaient surtout pas voir Sarko ou Juppé aux présidentielles.

    Or, parmi ces électeurs, un certain nombre pourrait être tenté par un NDA voire une MLP aux présidentielles.

    A cela se rajoute d’autres catégories dont je ne suis pas sûr qu’elles soient si convaincues par Fillon. Avec son programme extrêmement clivant économiquement -même à droite- je ne pense pas du tout que son élection soit dans la poche.

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  • Lili // 08.12.2016 à 14h48

    Que les sondages se soient plantés, c’est normal. Les médias ont labouré les cerveaux depuis 2 ans prenant faits et causes pour Juppé. A un point tel qu’à les croire, 2017 était joué ! Mais bon… Pour ce qui est du projet Fillon… de fait, s’il avait été aussi « dangereux » que cela, on nous l’aurez fait savoir bien avant que Fillon ne soit apparu en position de l’emporter … Alors, cherchez l’erreur ! Avec Fillon, je dirais que nous assistons à l’effondrement du vieux monde (n’en déplaise à Sapir ancré dans son gauchisme années 60) – c-a-d celui du « gauchisme culturel » ancré dans les esprits depuis + de 40 ans à gauche il va s’en dire, mais à droite aussi pour des calculs bassement électoraux et manque de courage d’assumer ce qui devrait l’être… Dès lors, « liquider » cette pieuvre ne sera pas évident, c’est exact. D’autant que face à Fillon, le FN joue son rôle de la gauche étatique… La tête est changée mais le fond demeure…la gauche préfèrera l’original ou la copie ?

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  • Charles Daraya // 08.12.2016 à 16h41

    Je crois à une explication plus simple.
    Sarkozy-Juppé était le duo presenté comme la seule alternative. Il y a eu le moment du choix, et Fillon représente la révolte tranquille de la bourgeoisie francaise. Ce dont rend compte la structure de l’électorat.
    Ce qu’on peut interroger, ce sont les medias et les sondeurs, acteurs déplacés d’ekections en lieu et place de messagers.
    Quant aux sondeurs spécifiquement, comment dire ? Pour les connaisseurs de la réalité de leurs métiers chacun sait que leurs prariqyes opérationnelles sont tout sauf rigoureuses. Sachant qu’un sondé représenté o,oo1% du résultat final, il est très facile de faire 209 oû 300 bêtises.

      +3

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  • Larousse // 08.12.2016 à 21h52

    Le programme de Fillon est une « petite thérapie de choc » à la sauce « yeltsinienne » ou « post-ceaucescu ». Il espère remettre sur pied la France en dopant une compétitivité « salariale » et travailler plus en gagnant moins (sur 3 heures au moins environ). C’est une aberration économique : au tout début cela paraîtra marcher (2-3 mois tout au plus) mais les « partenaires européens » réagiront et le marché intérieur sera touché par une contraction (tout au mieux la balance commerciale sera meilleure mais dans une courbe devenue récessive). L’appauvrissement social continuera à augmenter et s’aggravera probablement. Quant au réalisme de Fillon sur le plan extérieur : il n’a qu’un objectif en caricaturant -satisfaire les « bérets rouges » bretons « zombis ? » qui veulent vendre leurs viandes de porc à la Russie (faute de vendre le lard à l’Ukraine en plein désordre) et cet objectif sera vite défait par les injonctions de Bruxelles et de l’Allemagne en premier (qui ne voudra pas se faire doubler)

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  • Ztong // 08.12.2016 à 23h14

    Que de doctes commentaires, alors qu’un oeil avisé aurait vu :
    Bilderberg 08/2013. Participaient :
    – Fillon
    – Pécresse

    L’un est presque sur orbite (ce n’est plus qu’une question de temps) l’autre sera 1ere ministre (elle n’était pas ralliée à Juppé, elle était là pour le contrôler).
    Et ce sera la fête des riches, car il a été décidé qu’il en serait ainsi.
    Donc : libéralisme à tout va !
    Il se dit qu’un gros train de réformes se prépare, avec une adhésion par référendum histoire de saper les syndicats.
    J’avoue être sceptique ; je pense que ça précipitera les émeutes, plutôt que de les inhiber.

    En période de contraction économique, la droite présente un programme inadapté. C’est dans la difficulté qu’il faut se serrer les coudes (et arrêter de croire au Père Noël, c’est-à-dire à la croissance).

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  • Galvan // 09.12.2016 à 07h23

    Fillon a été élu à une primaire de droite par ses plus grands fans qui représentent à peine 10% du corps électoral. Il me paraît très excessif d’en tirer des conclusions pour les présidentielles qui auront un paysage totalement différent en terme d’électeurs : dans ce cadre ce n’est plus une population de fans qui ira voter, mais une population de personnes excédées. Je pense que le résultat risque d’être surprenant…
    Fillon avec son programme économique du 19eme siècle totalement contre productif pour le pays va être de face JL Mélenchon qui a su lancer une campagne virale sur internet extrêmement efficace, et Marine le Pen qui a su embobiner les excédés avec un discours politico-social et économique anti néolibéral. Les dés sont loin d’être jetés.
    Macron n’est qu’un épiphénomène médiatique qui va rapidement se dégonfler, le PS est mort par trahison, la population est de plus en plus anti.union européenne et tres majoritairement anti néolibérale.

      +1

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