En 1906, un vieux chef amérindien découvrait New York pour la première fois. Il était intrigué par la ville et il intriguait la ville. Le journaliste d’un magazine lui demanda alors ce qui l’avait le plus surpris au cours de sa visite de la ville. « Les jeunes enfants au travail », répondit le visiteur.
Source : TomDispatch, Steve Fraser
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Le travail des enfants a peut-être pu choquer cet étranger, mais cette pratique n’était que trop banale alors dans l’Amérique urbaine et industrielle (et dans les fermes où il était habituel depuis des siècles). Dans nos époques plus récentes cependant, c’est devenu chose beaucoup plus rare. La loi et les usages, comme nous le supposons tous, l’ont presque fait disparaître. Et notre réaction face à sa réapparition peut ressembler à celle de ce chef : choc, incrédulité.
Mais nous ferions mieux de nous y habituer dans la mesure où le travail des enfants fait un retour en force. Un nombre impressionnant de législateurs déploient des efforts concertés pour affaiblir ou abroger les lois qui ont longtemps empêché (ou du moins sérieusement inhibé) la possibilité d’exploiter les enfants.
Prenez une grande respiration et réfléchissez à ce point : le nombre d’enfants au travail aux États-Unis a augmenté de 37 % entre 2015 et 2022. Au cours des deux dernières années, 14 États ont présenté ou adopté des lois annulant les réglementations qui régissaient le temps de travail des enfants, réduisaient les restrictions sur les travaux dangereux et légalisaient les salaires minimums pour les jeunes.
L’Iowa autorise désormais des jeunes à travailler dans des blanchisseries industrielles dès l’âge de 14 ans. À l’âge de 16 ans, ils peuvent occuper des emplois dans les domaines de la toiture, de la construction, de l’excavation et de la démolition et sont autorisés à utiliser des machines motorisées. Les jeunes de 14 ans peuvent même travailler de nuit et, à partir de 15 ans, ils peuvent travailler sur les chaînes de montage. Tout cela était bien sûr interdit il n’y a pas si longtemps.
Les législateurs offrent des justifications absurdes à de telles entorses à des pratiques établies de longue date. Selon eux, le fait de travailler éloignera les enfants de leur ordinateur, des jeux vidéo ou de la télévision. Ou encore, il privera le gouvernement du pouvoir de dicter ce que les enfants peuvent et ne peuvent pas faire, laissant les parents avoir le contrôle, une affirmation déjà transformée en fiction par les efforts visant à se débarrasser de toute législation protectrice et permettre aux enfants de 14 ans de travailler sans autorisation parentale écrite.
En 2014, l’Institut Cato, un groupe de réflexion classé à droite, a publié A Case Against Child Labor Prohibitions (Un plaidoyer pour la prohibition des interdictions du travail des enfants), arguant que de telles lois entravaient les chances des enfants pauvres – en particulier des enfants noirs. La Foundation for Government Accountability (Fondation pour la responsabilité gouvernementale), un groupe de réflexion financé par plusieurs riches donateurs conservateurs, dont la famille DeVos, a été le fer de lance des efforts visant à affaiblir les lois sur le travail des enfants, et Americans for Prosperity (La prospérité pour l’Amérique), la fondation milliardaire des frères Koch, s’est jointe à cette initiative.
Ces attaques ne se limitent pas pour autant aux États républicains comme l’Iowa ou Le Sud. La Californie, le Maine, le Michigan, le Minnesota, le New Hampshire, ainsi que la Géorgie et l’Ohio, ont également été visés. Même le New Jersey a adopté une loi au cours des années de pandémie, augmentant temporairement le temps de travail autorisés pour les jeunes de 16 à 18 ans.
La vérité crue est que le travail des enfants est rentable et qu’il est en train de devenir assez nettement omniprésent. Les chaînes de restauration rapide emploient des mineurs depuis des années et considèrent tout bonnement les amendes occasionnelles comme faisant partie du coût de cette pratique, et ça, c’est un secret de polichinelle. Dans le Kentucky, des enfants d’à peine 10 ans ont travaillé dans de tels établissements et d’autres, plus âgés, sont allés au delà des limites horaires prescrites par la loi. En Floride et au Tennessee, les couvreurs peuvent désormais avoir à peine 12 ans.
Récemment, le ministère du Travail a découvert que plus de 100 enfants âgés de 13 à 17 ans travaillaient dans des usines de conditionnement de viande et des abattoirs du Minnesota et du Nebraska. Et il ne s’agissait en rien de pratiques de firmes douteuses. Des entreprises comme Tyson Foods et Packer Sanitation Services (qui appartient à BlackRock, la plus grande société de gestion d’actifs au monde) figuraient également sur la liste.
À ce stade, la quasi-totalité de l’économie est assez clairement ouverte au travail des enfants. Les usines de vêtements et les fabricants de pièces automobiles (qui fournissent Ford et General Motors) emploient des enfants immigrés, certains pour des journées de 12 heures. Nombre d’entre eux doivent laisser tomber l’école juste pour tenir le rythme. De la même manière, le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement de Hyundai et de Kia reposent sur le travail d’enfants en Alabama.
Comme l’a rapporté le New York Times en février dernier, contribuant ainsi à mettre en lumière le nouveau marché du travail des enfants, des gamins, en particulier des migrants, travaillent dans des usines d’emballage de céréales et des usines de transformation alimentaire. Dans le Vermont, des « illégaux » (parce qu’ils sont trop jeunes pour travailler) font fonctionner des machines de traite. Certains enfants participent à la confection de chemises J. Crew à Los Angeles, préparent des petits pains pour Walmart ou travaillent à la production de chaussettes Fruit of the Loom. Le danger guette. L’Amérique est un lieu de travail notoirement dangereux et le taux d’accidents chez les travailleurs mineurs est particulièrement élevé, avec une liste effrayante de colonnes vertébrales brisées, d’amputations, d’empoisonnements et de brûlures les laissant défigurés.
La journaliste Hannah Dreier a .intitulé ce phénomène une « nouvelle économie de l’exploitation » en particulier lorsqu’il s’agit d’enfants migrants. Un instituteur de Grand Rapids, dans le Michigan, observant la même terrible situation, a fait remarquer : « Vous prenez des enfants d’un autre pays et vous les mettez dans un état de quasi servage industriel. »
Aux temps lointains
Aujourd’hui, nous pouvons être aussi abasourdis par ce spectacle déplorable que l’était ce chef au tournant du XXe siècle. Nos ancêtres, eux, ne l’auraient cependant pas été. Pour eux, le travail des enfants allait de soi.
De plus, les membres des classes supérieures britanniques qui n’étaient pas obligés de travailler dur ont longtemps considéré le travail physique comme un tonique spirituel capable de réfréner les pulsions indisciplinées des classes inférieures. Une loi élisabéthaine de 1575 prévoyait des fonds publics pour employer des enfants dans le but d’agir comme « prophylaxie contre le vagabondage et l’indigence. »
Au XVIIIe siècle, le philosophe John Locke, alors célèbre défenseur de la liberté, soutenait que les enfants de trois ans devaient être comptés comme de la main d’oeuvre. Daniel Defoe, auteur de Robinson Crusoé, se réjouissait que « les enfants de quatre ou cinq ans puissent tous gagner leur propre pain ». Plus tard, Jeremy Bentham, le père de l’utilitarisme, optera pour l’âge de quatre ans, car dans le cas contraire, la société souffrirait de la perte de « précieuses années pendant lesquelles rien n’est fait ! Rien pour l’industrie ! Rien pour l’amélioration, morale ou intellectuelle. »
Le Rapport sur l’industrie manufacturière publié en 1791 par le « père fondateur » américain Alexander Hamilton expliquait que les enfants « qui autrement seraient oisifs » pourraient au contraire devenir une source de main-d’œuvre bon marché. Et ces affirmations qui voudraient que le travail à un âge précoce éloigne les dangers sociaux que sont « l’oisiveté et de la dégénérescence » sont restées une composante de l’idéologie des élites jusqu’à l’ère moderne. De toute évidence, il en est toujours ainsi aujourd’hui.
Lorsque l’industrialisation a véritablement pris son essor au cours de la première moitié du XIXe siècle, les observateurs ont remarqué que le travail dans les nouvelles usines (en particulier les usines textiles) était « mieux réalisé par les petites filles de 6 à 12 ans ». En 1820, les enfants représentaient 40 % des travailleurs en usines dans trois États de la Nouvelle-Angleterre. La même année, les enfants de moins de 15 ans représentaient 23 % de la main-d’œuvre ouvrière et produisaient jusqu’à 50 % des textiles de coton.
Ces chiffres allaient monter en flèche après la guerre de Sécession. En réalité, les enfants d’anciens esclaves ont été de fait ré-esclavagisés par le biais de conventions d’apprentissage pénibles. Pendant ce temps, à New York et dans d’autres centres urbains, les capitaines d’industrie (padrones) italiens ont accéléré l’exploitation des enfants immigrés tout en les traitant avec brutalité. Même le New York Times, un journal anti-immigration à l’esprit brahmanique (libéral) de l’époque, s’en était offusqué : « Le monde a renoncé à razzier des hommes sur les côtes africaines pour kidnapper des enfants en Italie. »
Entre 1890 et 1910, 18 % des enfants âgés de 10 à 15 ans, soit environ deux millions de jeunes, travaillaient, souvent 12 heures par jour, six jours par semaine.
Leurs emplois concernaient le front de mer, tout cela au sens littéral du terme, puisque, sous la supervision des padrones, des milliers d’enfants écaillaient les huîtres et ramassaient les crevettes. Les enfants étaient également des messagers de rue et des vendeurs de journaux. Ils travaillaient dans des bureaux, des usines, des banques et des maisons closes. Ils étaient employés à « piquer » et à « la manoeuvre des portes d’aération » dans des mines de charbon mal ventilées, des emplois particulièrement dangereux et mauvais pour la santé. En 1900, sur les 100 000 ouvriers des usines textiles du Sud, 20 000 avaient moins de 12 ans.
Les orphelins des villes étaient envoyés travailler dans les verreries du Midwest. Des milliers d’enfants restaient à la maison et aidaient leur famille à confectionner des vêtements pour des ateliers clandestins. D’autres emballaient des fleurs sous des tentes mal ventilées. Un enfant de sept ans expliquait : « Je préfère l’école à la maison. Je n’aime pas la maison. Il y a trop de fleurs ». À la ferme, la situation n’était pas moins sombre : des enfants d’à peine trois ans travaillent à l’égrenage des baies.
Toute la famille
Il est clair que, pendant une bonne partie du vingtième siècle, le capitalisme industriel dépendait de l’exploitation des enfants, qui coûtaient moins chers, avaient moins tendance à résister et, jusqu’à l’avènement de technologies plus sophistiquées, étaient bien adaptés pour gérer les machines relativement simples utilisées à l’époque.
De plus, l’autorité exercée par le patron était en accord avec les principes patriarcaux de l’époque, que ce soit au sein de la famille ou même dans les plus grandes des nouvelles entreprises industrielles de l’époque, propriété d’une seule famille pour la plupart, comme les aciéries d’Andrew Carnegie. Ce capitalisme familial a donné naissance à une alliance perverse entre patron et subordonnés qui transformait les enfants en salariés miniatures.
Pendant ce temps, les familles de la classe ouvrière étaient tellement exploitées qu’elles avaient désespérément besoin des revenus de leurs enfants. En conséquence, à Philadelphie, au tournant du siècle, le travail des enfants représentait entre 28 % et 33 % du revenu des familles avec deux parents nés dans le pays. Pour les immigrés irlandais et allemands, les chiffres étaient respectivement de 46% et 35%. Il n’est donc pas surprenant que les parents de la classe ouvrière se soient souvent opposés aux propositions de lois sur le travail des enfants. Comme l’a noté Karl Marx, le travailleur n’étant plus en mesure de subvenir à ses besoins, « il vend maintenant sa femme et son enfant, il devient un marchand d’esclaves. »
Néanmoins, la résistance commençait à se manifester. Le sociologue et photographe Lewis Hine a bouleversé le pays en publiant ses photos déchirantes d’enfants travaillant comme des forçats dans des usines et dans des mines (il est entré dans ces endroits en se faisant passer pour un vendeur de bibles). Mother Jones, militante de l’organisation des travailleurs, a mené une « croisade pour les enfants » en 1903 au nom des 46 000 ouvriers du textile en grève à Philadelphie. Deux cents délégués des enfants travailleurs se sont rendus à la résidence du président Teddy Roosevelt à Oyster Bay, Long Island, pour manifester, mais le président s’est contenté de « transmettre la patate chaude », affirmant que le travail des enfants relevait de la compétence des États et non de celle du gouvernement fédéral.
Ici et là, des enfants ont tenté de s’enfuir. En réponse, les propriétaires ont commencé à entourer leurs usines de barbelés ou à faire travailler les enfants la nuit, lorsque leur peur du noir pouvait les empêcher de s’enfuir. Certaines des 146 femmes qui ont péri dans le tristement célèbre incendie de la Triangle Shirtwaist Factory en 1911 à Greenwich Village, Manhattan – les propriétaires de cette usine de confection avaient verrouillé les portes, obligeant les ouvrières prises au piège à sauter au risque de leur vie depuis les fenêtres des étages supérieurs – n’avaient pas plus de 15 ans. Cette tragédie n’a fait que renforcer la colère grandissante concernant le travail des enfants.
Un Comité national pour le travail des enfants a été créé en 1904. Pendant des années, il a fait pression sur les États pour qu’ils interdisent, ou du moins limitent, le travail des enfants. Les victoires, souvent à la Pyrrhus, étaient invariablement peu contraignantes, comportaient des dizaines d’exemptions et étaient mal appliquées. Finalement, en 1916, une loi fédérale a été adoptée pour interdire partout le travail des enfants. En 1918, cependant, la Cour suprême l’a déclarée inconstitutionnelle.
En réalité, ce n’est que dans les années 1930, après la Grande Dépression, que les conditions ont commencé à s’améliorer. Compte tenu de la dégradation économique, on aurait pu penser que la main-d’œuvre enfantine bon marché seraient alors très prisée. Et pourtant, face à la pénurie d’emplois, les adultes, et en particulier les hommes, ont pris le dessus et ont commencé à effectuer des tâches autrefois réservées aux enfants. Au cours de ces mêmes années, le travail industriel a commencé à faire appel à des machines de plus en plus complexes qui s’avéraient trop compliquées pour les jeunes enfants. Parallèlement, l’âge de la scolarisation obligatoire ne cessait de reculer, limitant encore davantage le nombre d’enfants travailleurs disponibles.
Plus important encore, les moeurs de l’époque ont changé. Le mouvement ouvrier insurrectionnel des années 1930 détestait l’idée même du travail des enfants. Les usines syndiquées et des industries entières étaient des zones interdites aux capitalistes cherchant à exploiter les enfants. En 1938, avec le soutien des syndicats, l’administration du New Deal du président Franklin Roosevelt a finalement adopté la loi sur les normes de travail équitables (Fair Labor Standards Act) qui, du moins en théorie, a mis fin au travail des enfants – même si en était exempté le secteur agricole dans lequel ce type de main-d’œuvre restait courant.
En outre, le New Deal de Roosevelt a transformé l’état d’esprit national. Un sentiment d’égalitarisme économique, un nouveau respect pour la classe ouvrière et une méfiance sans bornes à l’égard de la caste des entreprises ont rendu le travail des enfants particulièrement répugnant. Par ailleurs, le New Deal a inauguré une longue ère de prospérité, avec notamment l’amélioration du niveau de vie de millions de travailleurs qui n’avaient plus besoin des revenus de leurs enfants pour joindre les deux bouts.
Retour vers le futur
Il est d’autant plus étonnant de découvrir qu’un fléau, que l’on croyait banni, revit. Le capitalisme américain est un système mondial, ses réseaux s’étendent pratiquement partout. Aujourd’hui, on estime à 152 millions le nombre d’enfants travaillant dans le monde. Bien sûr, tous ne sont pas employés directement ou même indirectement par des entreprises américaines. Mais ils devraient certainement nous rappeler à quel point le capitalisme est redevenu profondément rétrograde, tant chez nous qu’ailleurs sur la planète.
Les vantardises sur la puissance et la richesse de l’économie américaine font partie de notre système de croyances et de la rhétorique des élites. Cependant, l’espérance de vie aux États-Unis, mesure fondamentale de la régression sociale, ne cesse de diminuer depuis des années. Les soins de santé sont non seulement inabordables pour des millions de personnes, mais leur qualité est devenue au mieux médiocre si l’on n’appartient pas au 1% supérieur. De même, les infrastructures du pays sont depuis longtemps en déclin, en raison de leur ancienneté et de décennies de négligence.
Les États-Unis sont donc un pays « développé » en proie au sous-développement et, dans ce contexte, le retour du travail des enfants est profondément symptomatique. Même avant la Grande récession qui a suivi l’implosion financière de 2008, le niveau de vie avait baissé, en particulier pour des millions de travailleurs mis à mal par un raz de marée de désindustrialisation long de plusieurs décennies. Celle-ci, qui officiellement a duré jusqu’en 2011, n’a fait qu’aggraver la situation. Elle a exercé une pression supplémentaire sur les coûts de la main-d’œuvre, tandis que le travail devenait de plus en plus précaire, de plus en plus dépouillé des avantages sociaux et non syndiqué. Dans ces conditions, pourquoi ne pas se tourner vers une autre source de main-d’œuvre bon marché : les enfants ?
Les plus vulnérables d’entre eux viennent de l’étranger, des migrants du Sud, fuyant des économies dont les défaillances sont souvent liées au système d’exploitation et de domination économique américain. Si ce pays connaît aujourd’hui une crise frontalière – et c’est bien le cas – ses origines se trouvent de ce côté-ci de la frontière.
La pandémie de Covid-19 de 2020-2022 a créé une brève pénurie de main-d’œuvre, et c’est devenu un prétexte pour remettre les enfants au travail (même si ce phénomène était en fait antérieur à la maladie). Il nous faut considérer ces enfants travailleurs du XXIe siècle comme un symptôme évident de pathologie sociale. Les États-Unis peuvent peut-être encore tyranniser certaines parties du monde, tout en faisant sans cesse étalage de leur puissance militaire. Mais chez eux, la société est malade.
Copyright 2023 Steve Fraser
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Steve Fraser, un habitué de TomDispatch, est l’auteur de Mongrel Firebugs and Men of Property : Capitalism and Class Conflict in American History. Parmi ses précédents ouvrages : Class Matters, The Age of Acquiescence et The Limousine Liberal. Il est cofondateur et co-éditeur de l’American Empire Project.
Source : TomDispatch, Steve Fraser, 06-07-2023
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Franchement est-ce aussi étonnant depuis des années on voit un volonté d’effacer les avancées sociales et de revenir à une période fantasmée et « bénie » pour une minorité pouvait s’octroyer la majorité des gains sans règle.
Les concessions faîtes l’avait été sous un rapport de force et la menace de révolutions sociales, désormais ce rapport ayant disparu, il est « normal » pour cette élite de s’y attaquer pour regagner ces libertés d’exploiter sans contrainte toutes les ressources fut ce au dépend d’enfants qui pour eux n’ont pas la valeur humaine qu’ils octroient à ceux de leur catégorie mais font partie d’un cheptel et ne croyez pas que c’est un abus de langage de ma part.
22 réactions et commentaires
Franchement est-ce aussi étonnant depuis des années on voit un volonté d’effacer les avancées sociales et de revenir à une période fantasmée et « bénie » pour une minorité pouvait s’octroyer la majorité des gains sans règle.
Les concessions faîtes l’avait été sous un rapport de force et la menace de révolutions sociales, désormais ce rapport ayant disparu, il est « normal » pour cette élite de s’y attaquer pour regagner ces libertés d’exploiter sans contrainte toutes les ressources fut ce au dépend d’enfants qui pour eux n’ont pas la valeur humaine qu’ils octroient à ceux de leur catégorie mais font partie d’un cheptel et ne croyez pas que c’est un abus de langage de ma part.
+44
Alerter« Les concessions faîtes l’avait été sous un rapport de force et la menace de révolutions sociales »
Votre affirmation est contextuellement indéniable, cependant il existe d’autres raisons toutes aussi puissantes qui ont autorisées les acquis sociaux du XIX et XXème siècle.
En effet, avec l’avènement des machines, la productivité économique a littéralement explosé et nos sociétés ce sont considérablement complexifiées, il a donc fallu disposer de travailleurs de plus en plus instruits et spécialisés, la force brute étant assurées par nos moteurs.
Aujourd’hui la disponibilité croissante des ressources naturelles commence sérieusement à s’infléchir, donc une productivité qui baisse, ce qui est l’exact inverse de ce que nous connaissons depuis 2 siècles.
Par conséquent nos sociétés réagissent à l’identique d’autrefois et abandonnent ce qui était considérer comme des acquis éternels, la volonté de « jouir » n’étant, loin s’en faut, pas qu’une question de revendication.
Nous allons donc perdre beaucoup, la question est: voulons nous ressembler aux sociétés d’hier ou forts de toutes les connaissances acquises pourrions nous envisager un autre modèle?
+11
Alerter« libertés d’exploiter sans contrainte toutes les ressources »
Depuis que le personnel d’une entreprise a été ravalé au rang de « ressources humaines », il était logique de l’exploiter librement comme on exploite toutes les autres ressources de la nature : voilà la merveilleuse liberté que nous offre le libéralisme. Les enfants sont une marchandise, pardon une « ressource » comme une autre. Ne pas les exploiter serait refuser la sainte croissance et la divine primauté du Marché. Macron va bientôt revenir au travail des enfants dans le but charitable d’éviter un nouveau report de l’âge de la retraite.
+12
AlerterMerci pour cet article et son historique sur le travail des enfants.
Le travail des enfants pendant 12h par jour et 6 jours sur 7, exemples de travail avec brutalité, enfermement et autres : C’est clairement abusé et affreux, on pourrait rapprocher cette situation à celle des engagés blancs dans les colonies esclavagistes (de pauvres gens européens qui étaient volontaires pour y travailler, ils pouvaient travailler autant que les esclaves et ne pouvaient pas sortir de leurs engagements). C’est cette option d’engagement pour les exploitants, utilisée par exemple par les colons hollandais pour éviter d’avoir recours à l’esclavage noir au début (ils y étaient fermement opposés puis … ont changé) ainsi que pour les premiers colons britanniques, qui avait été ensuite reprise massivement après l’abolition de l’esclavage.
+5
Alerter(suite et fin) Sinon, je n’ai rien contre que les enfants commencent à travailler partiellement avant l’âge de 18 ans, pauvres et riches, pour se rendre contre de la réalité du monde du travail et pour éviter d’être abêtis par la société de consommation, en se rendant par eux-même du travail ou du service pour ces ‘objets’ facilement accessibles. Je suis plus pour une jeunesse créative et réfléchie que consommatrice. Mais si c’est pour servir de prétexte à des fins de rentabilité effrénée, que les droits en deviennent bafoués et que cela sorte des limites (les enfants ont besoin de s’épanouir), ce qui est malheureusement la tendance actuelle que l’on découvre, c’est autant inacceptable que dangereux.
+4
Alerter(oublié un mot…) *en se rendant compte par eux-même du travail […]
+1
AlerterVotre article évoque la Hollande C’est intéressant de rappeler les racines du capitalisme européen développé par les Pays Bas enfin les Provinces Unies et leur comptoirs et donc leurs esclaves achetés mais surtout revendus Rappeller le rôle des hollandais comme Péter Stuyvesant qui fit de la Nouvelle Amsterdam New York la seule porte d’entrée des Etats Unis jusqu’en 1945 quand même On ne parlera même pas des afrikaners d’Afrique du Sud
+3
AlerterOui (pour Péter Stuyvesant et New York, je ne sais pas) mais cela dit, attention de distinguer entre ce qui se passait avant 1640 et après :
Avant 1640 : Les hollandais se lancent dans le colonialisme pour contrer celui des portugais. ils étaient contre l’esclavage et ont libéré par exemple l’Angola des griffes des esclavagistes (mais seulement pour quelques années tout au plus). Cependant, les négociants hollandais étaient contre ce choix car cela n’était pas bon pour leurs ‘affaires’ (ils négociaient en Europe des denrées issue de l’esclavage).
Après 1640 : Les colons hollandais se tournent de plus en plus vers l’esclavagisme (dont la revente d’esclaves que vous avez mentionné).
J’essaie de comprendre actuellement les raisons de ce triste revirement. Les guerres en Europe qui ont exacerbé la compétitivité économique, la fluctuations des cours du sucre qui pouvaient entraîner une augmentation des cadences des travaux, le modèle hollandais qui n’a pas pu faire le poids face à celui des portugais, la corruption des esprits et l’appât du gain, … ?
Quoi qu’il en soit, les racines du capitalisme européen semblent en effet lié à ce sale épisode (conséquences ou causes, aucune idée, à creuser en tout cas).
+0
AlerterS’il y a un enfant au travail, sauf pendant les vacances pour se faire de l’argent de poche, c’est un enfant au travail de trop, là n’est pas la question. Mais, si ce n’est pour la période 1890 – 1910, je ne vois pas le taux d’enfants au travail actuellement. Cet article ne donne pas idée de l’ampleur du phénomène.
+4
AlerterUne idée du travail des enfants dans le monde ces statistiques par continent.
https://www.ilo.org/ipec/facts/lang–fr/index.htm
+5
AlerterComme dit Jancovici l’avènement des sociétés de consommations, de loisirs, des études longues pour nos enfants est à mettre en parallèle avec l’augmentation du parc de machines.
Il est donc vraisemblable qu’avec la diminution de ce parc les sociétés réempruntent le chemin inverse.
C’est tellement simple à penser que s’en est effrayant.
Tant que nos sociétés n’en prendrons pas pleinement conscience l’avenir risque de ressembler au passé…
+8
Alerter« Il nous faut considérer ces enfants travailleurs (et travailleuses, du sexe, notamment) du XXIe siècle comme un symptôme évident de pathologie sociale. »
À redéfinir au plus tôt, dans nos sociétés « civilisées », pour établir des lois « justes » dans nos « États de Droit »:
-le travail (activité obligée, salariée ou volontaire, bénévole ou lucrative)
-l’autorité (et la responsabilité) parentale
-les enfants (ou la majorité, sexuelle, entre autres)
-l’enseignement obligatoire
En tenant compte de la « transition » indispensable qu’imposent les changements climatiques et leurs conséquences, ainsi que la surpopulation de certaines régions (et la désertification d’autres), comme du phénomène des migrations de toute sorte.
Car, même dans les propositions les plus progressistes (comme le « salaire à vie » de Bernard Friot, par ex) le bien-être et l’épanouissement des enfants sont plutôt oubliés, leurs droits étant irrémédiablement liés à ceux de leurs parents légaux, à qui il semble qu’ils/elles appartiennent… pour le meilleur ou pour le pire…
(Peut-être arrêter de dire « j’ai des enfants »?)
L’exploitation éhontée de toutes les sortes d’êtres vivants de tout âge par des humains « puissant-e-s », « dominant-e-s », « dirigeant-e-s », est la source de tous les maux qui nous accablent présentement.
+3
AlerterLe travail des enfants est réellement un cercle très vicieux de ségrégation sociale.
En rétablissant le travail des enfants, les « élites » décrochent le jackpot :
– Ce travail devient une « concurrence déloyale » qui permet de baisser les rémunérations des parents.
– Cette baisse de rémunération CONTRAINT les parents les plus modestes à faire travailler leurs enfants pour parvenir à alimenter toute la famille.
– Les enfants qui travaillent ne peuvent plus être scolarisés, ce qui les empêche de pouvoir avoir un minimum d’éducation.
– Les enfants n’ayant plus une éducation minimale n’ont plus aucune possibilité de pouvoir s’extraire de leur condition sociale déplorable, et leur descendance fera de même, ce qui devient une spirale infernale dans laquelle toutes les classes sociales les plus défavorisées seront enfermées dans une « caste » qui restera miséreuse à tout jamais..
– Cette caste de « sous-hommes » permettra aux « castes » les plus favorisées de pouvoir prospérer et de devenir la « race supérieure des Seigneurs » qui pourront graver dans le marbre de la Loi (de « Droit divin » ou autre) leur prérogatives « exceptionnelles » et lui permettra d’être à l’abri de toute possibilité de « dégradation », recréant ainsi les « privilèges de la Noblesse »…
N’oublions jamais que la véritable cause de cette horreur est comme toujours l’appât démesuré du profit qui est bien le principal problème de l’espèce humaine à l’origine de tous les désastres que nous connaissons aujourd’hui.
Ne venez pas pleurer sur la cruauté des plus nantis, et au lieu de voter pour leurs larbins qui font les lois militez activement pour que les constitutions soient réellement démocratiques, basées sur L’ÉQUITÉ (pas l’égalité – grosse nuance) et que tous ceux qui tentent de s’approprier le pouvoir ou trop de richesses (ce qui revient au même) soient si sévèrement sanctionnés qu’ils ne songent même pas à mettre en pratique leurs désirs.
Certes la société connaîtrait des progrès moins « fulgurants » mais la qualité de vie serait largement meilleure, sans esclavagisme ni travail des enfants (les plus pauvres).
Et bien sûr, proscrivez les partis politiques et les « idéologies » et autres « foi religieuses » qui ne sont que des instruments permettant de manipuler les populations en leur entrant de force dans la tête des DOGMES uniquement destinés à les lobotomiser.
+2
AlerterBonjour
Pardon, je crois qu’il y a confusion entre « travail » et « salariat » dans tout ce que j’ai lu ici.
Tout le monde travail, les parents qui s’occupent de leurs enfants, le retraité qui s’investit dans une association et les enfants qui travaillent à l’école. Tout ce travail est au bénéfice strict (enrichissement culturel, élévation sociale, perpétuation familiale, …) de celui qui le fourni. Ce travail, à l’inverse de l’exploitation salariale (attention, je ne dis pas que tout salarié est exploité) est hors du cadre de l’accaparement capitalistique.
Ici il n’est question que de l’exploitation salariale des enfants pour servir les intérêts d’un capital ne voulant pas (à cause de la pression actionnariale par ex.) ou ne pouvant pas (contexte économique en crise par ex.) payer le travail fourni à sa juste valeur. Le capital justifiant cette exploitation en brandissant hypocritement les vertus au travail citées dans l’article.
Les vieux films muets de Charlie Chaplin (1914-1940) (les temps modernes, le kid, le vagabond, jour de paye, lumières de la ville,…) permettent de voir et de ressentir émotionnellement les conditions de vies des gens de peu dans le contexte d’un capitalisme avançant vers la crise. C’est, presque une mise en garde : violence policière, sous-nutrition, hyper-compétition des pauvres gens pour peu de jobs mal payés, soumissions, conditions de travail dégradées, …, tout y est. Toute ressemblance avec des faits présents et à venir ne peuvent qu’être fortuits, bien sûr.
+10
Alerter@douarn « Tout ce travail est au bénéfice strict (… ) de celui qui le fournit. »
Oui, mais vous oubliez le bénéfice que représente la satisfaction de l’accomplissement d’une activité (lucrative ou pas) liée aux particularités/capacités humaines, manuelles ou intellectuelles(habileté des mains et/ou possibilité de résoudre intellectuellement des difficultés grâce aux mots et aux chiffres).
Et donc, vous ne pensez pas à la détresse causée par la généralisation de l’emploi des machines (devenues les principaux outils de production et de communication, et grandes bouffeuses d’énergies fossiles, autant pour être produites qu’employées, énergies qui sont les nerfs de toutes les guerres actuelles), depuis le début de « l’ère industrielle »(éradication progressive de « l’artisanat »), qui prive la plupart des gens de cette satisfaction immédiate donnant du sens à la vie des non-croyant-e-s/des non-crédules.
La sur-abondance(luxe), le confort et la facilité sont des miroirs aux alouettes destinés à soumettre les travailleurs-euses (petit à petit transformé-e-s en machines, en bêtes « domestiquées » utiles et rentables) à leur exploitation sans limites (y compris celle des enfants comme on le lit dans l’article ci-dessus) par des « dominant-e-s » aveuglé-e-s par leur puissance…
…qui ne connaitront jamais le bonheur du potier à l’issue de son combat avec la motte d’argile.
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AlerterBonjour Grd-mère Michelle
« vous oubliez le bénéfice que représente la satisfaction de l’accomplissement d’une activité »
C’est vrai la satisfaction que vous évoquez aurait pu être mise dans la liste déjà citée : « (enrichissement culturel, élévation sociale, perpétuation familiale, …) »
Il ne faut toutefois pas négliger qu’un travail artisan pour son propre compte, aussi satisfaisant soit il, peut être tout autant destructeur des corps qu’un emploi salarié pour le compte d’un tiers. Bien des menuisiers ont des doigts en moins pour ne prendre que cet exemple, mais globalement je vous rejoint.
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AlerterLes doigts coupés des menuisiers sont souvent l’œuvre des scies électriques…
Quant à l’élévation sociale, elle est plus souvent synonyme d’enrichissement (d’accumulation de biens) que d’élévation philosophique, de prise de conscience de la nuisance des inégalités…
Et la perpétuation familiale, c’est très bien quand elle n’est pas obligatoire, que les enfants ont le choix de faire ce qu’ils/elles veulent de leur vie, de leur intelligence et de leurs dix doigts (ont été loyalement instruit-e-s des diverses possibilités).
Aussi, la « culture » (religion, arts et patrimoine) est devenue essentiellement celle du « divertissement » (pour ne pas dire « étourdissement ») dans le cadre d’un business très rentable…et subsidié!
Bref, le pourrissement de la vie active et des relations humaines par le pognon conduit à toujours plus d’asservissement matériel et d’appauvrissement intellectuel, de confusion… et de désespoir.
Il est urgent, pour les petit-e-s et les grand-e-s, de ralentir, de « se poser » pour observer et discuter ensemble du besoin que nous avons tou-te-s de la bonne volonté des un-e-s et des autres(volonté du bien commun du vivant inter-dépendant) afin de résister aux injonctions plus ou moins subliminales de la société de consommation… et sauver ce qui peut encore l’être sur notre pauvre terre martyrisée.
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Alerter@douarn -suite:
Heureusement, dans la voie de la « transition » vers un mode de vie plus sobre (et moins essentiellement commercial), désormais empruntée par un grand nombre de nos contemporain-e-s, la satisfaction du travail bien fait, utile pour soi et les autres, a été re-découverte.
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AlerterSi tout salarié est exploité Un certain Marx l’a démontré expliqué argumenté Quelqu’un qui vends son temps pour fournir un travail manuel intellectuel pour valoriser une marchandise une chaîne de production de voiture de boîte de conserve est exploité par celui qui revends la voiture la boîte de conserve la maison l autoroute le plan de montage de la voiture de la boîte de conserve ou la cabine de péage de l’autoroute C’est la value L’article évoque la citation de Marx pour le travail salarié des enfants Oui le capitalisme ne peut que vivre qu’avec de la plue value de la baisse tendancielle des taux de profit Avec ou sans enfants avec ou sans violence urbaine rurale avec ou sans guerre
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AlerterD’accord avec vous, et le commerce, c’est, en quelque sorte, du vol(le seul « effort » des commerçant-e-s étant de transporter les « biens » de leur lieu de production jusqu’à leur lieu de consommation: les transports de marchandises, parmi les principaux responsables des bouleversements environnementaux, du fait de leur boulimie énergétique, avec les machines destinées aux moyens de production).
Mais il est impossible d’en sortir sans remettre en question la valeur (« value », en anglais) de la richesse, de l’accumulation de « biens » (et de « l’argent »).
Or, plus que jamais, acculées par le mécontentement criant des exploité-e-s, les « puissances » les plus riches, plus armées, envahies par le « Grand Marché », tentent de justifier leurs actes infâmes de domination par la défense de leur système de « valeurs » (qui n’en ont plus que le nom).
Il conviendrait donc que les peuples opprimés redéfinissent précisément, solidairement, des valeurs communes à l’humanité tout entière, afin d’établir l’égalité des droits et la liberté de choix de chacun-e et de tou-te-s.
Car sans leur force et leur labeur harassant, point de « biens » d’aucune sorte.
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AlerterIntéressante réflexion d’un historien:
« L’invention du travail » par Olivier Grenouilleau,
paru aux Éditions du Cerf en octobre 2022
Entendu à l’instant sur les ondes de La Première/RTBF, radio publique belge
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AlerterLe travail doit d’abord être défini avant de pouvoir en parler correctement.
Le travail c’est la production de biens ou de services dans le cadre de la société, c’est avant tout un rapport social.
Pour les liberaux, le travail est la création de valeur sur le marché, c’est uniquement vu comme cela que les liberaux peuvent prétendre qu’un rentier « travaille » au travers de son épargne.
Historiquement, le travail était vu comme une punition divine, une tâche ingrate imposé aux esclaves, aux métèques, aux femmes.
Un citoyen grec ou romain devait être un oisif qui, libéré du besoin de travailler, pouvait se consacrer à la philosophie, la politique, et le maniement des armes dont il avait l’exclusivité.
Les nobles européens n’ont fait que reprendre cela, et le bourgeois capitaliste aussi.
Venant de ce genre de classe parasitaire, l’éloge du travail, quand son propre « travail » consiste à donner des ordres à ceux qui travaillent réellement, c’est insupportable.
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