Atrabilaire et sanguin
« Tout ce qu’on peut dire d’un chef d’État qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c’est : allez d’abord faire des examens de santé mentale »[1] : c’est en ces termes injurieux que le président turc Erdogan a commenté, le 24 octobre dernier, la volonté du président Macron de faire prochainement voter une loi contre le « séparatisme » qui vise à lutter contre l’islamisme sur le sol français.
Avant même d’en connaître le contenu, il en condamne le principe de manière véhémente. Sans doute voit-il dans cette loi une occasion de faire savoir aux musulmans du monde entier qu’ils ont un défenseur en sa personne.
Avec cette posture diplomatique, Erdogan n’a en effet rien à perdre[2] dans l’immédiat et tout à gagner dans la durée : les protestations du gouvernement français, qui a condamné légitimement la grossièreté et l’outrance du président turc, ne troubleront pas son sommeil ; à l’inverse, l’écho médiatique de sa sortie, confirmée 48 heures plus tard par un appel au boycott de produits français[3] contribue, espère-t-il, à accroître sa popularité à l’échelle du monde musulman.
Sa prise de position participe donc d’une stratégie d’influence, et même d’affirmation de la puissance de la Turquie contemporaine, que son statut de puissance régionale, reconnu de longue date par les États-Unis, ne satisfait plus.
Beaucoup évoquent, au sujet de la politique étrangère turque, la perspective d’un néo-ottomanisme, dans le cadre duquel les autorités de ce pays font flèche de tout bois pour renouer avec le rayonnement géopolitique qui fut celui de l’Empire ottoman, disparu à la fin de la Première Guerre mondiale.
Ce néo-ottomanisme repose sur un pilier nationaliste panturc — la Turquie cherchant à enfoncer le coin de son influence dans le bloc eurasiatique jusqu’en Asie Centrale, dans les pays culturellement proches[4] ; il repose aussi sur un pilier religieux, le président Erdogan se revendiquant de l’islam politique et ambitionnant de faire de son pays le chef de file des défenseurs de l’islam sunnite.
L’expression « néo-ottomanisme » a ceci d’intéressant qu’elle inscrit la trajectoire actuelle de la Turquie dans la longue durée de l’Empire ottoman : les dirigeants turcs adhèrent à cette vision pleine de sens à leurs yeux, car elle légitime leurs interventions lointaines — de la Libye à l’Azerbaïdjan — et, car elle relativise le poids historique de la période kémaliste, dont Erdogan accepte la dimension autoritaire, mais rejette viscéralement l’anticléricalisme et l’esprit séculier.
Aussi la figure d’Abulhamid II, dernier sultan d’envergure de l’Empire ottoman, s’impose-t-elle comme une référence évidente lorsque l’on cherche à comprendre les références qu’Erdogan tente aujourd’hui de mobiliser.
Abdulhamid II (1876-1909), le sultan-calife
Lorsqu’il arrive au pouvoir en 1876, Abdulhamid II est confronté à une dynamique de délitement de l’Empire sous le double assaut, à l’extérieur, de grandes puissances européennes géopolitiquement voraces et, à l’intérieur, de l’affirmation de l’idée nationale au sein des populations non turques, et notamment au sein des élites arabes du Levant.
Fermement résolu à enrayer ce déclin, Abdulhamid fait le choix de l’autoritarisme politique — en suspendant la constitution d’inspiration libérale qu’il avait acceptée du bout des lèvres en 1876 — et en jouant la carte religieuse, dont il espère qu’elle attachera à sa personne des masses musulmanes, arabes notamment, encore peu perméables au nationalisme qui monte.
D’où l’exploitation ostensible de son titre de calife, titre purement honorifique, tombé dans une relative désuétude, auquel Abdulhamid entend redonner tout son lustre. Au cours des années 1880, il utilise toutes les occasions et tous les moyens dont il dispose pour populariser son image califale, se présentant comme un souverain pieux, humble et fidèle serviteur d’Allah, soucieux de défendre l’islam contre tous ceux qui l’attaqueraient. Des centaines de fascicules de propagande sont élaborés par les services du palais pour diffuser cette image à grande échelle.
Mais en dépit des moyens mis en œuvre pour la concrétiser, cette stratégie échoue : les masses rurales arabes y sont indifférentes — pour autant que la communication gouvernementale soit arrivée jusqu’à elles — et les lettrés des grandes villes (Damas, Beyrouth, Alexandrie, Le Caire) s’y opposent avec véhémence.
Ils sont soutenus en cela par les Britanniques — avant même leur invasion militaire de l’Égypte en 1882 — qui jouent habilement la carte, à ce stade, du nationalisme arabe, et même du nationalisme religieux : ils financent, en effet, dans le cadre d’une vaste opération de contre-propagande, des dizaines de pamphlets plaidant en faveur de la dévolution du califat à un Arabe pour d’évidentes raisons théologiques.
La résurrection soudaine de la figure du calife n’apparaît donc pas comme une solution tangible au délitement qui menace l’Empire. Il est trop tard, non seulement, pour qu’elle cimente à nouveau les parties qui s’en détachent, mais il se trouve qu’elle renforce même, à l’inverse, les tendances centrifuges, en précipitant par exemple l’idéologie nationalitaire de plusieurs minorités non musulmanes, à commencer par celle des Arméniens.
Erdogan nouveau calife ?
Une telle question aurait semblé ridicule dans les années 2000, quand Erdogan pouvait être perçu, avec quelques solides raisons, comme l’agent d’une normalisation de la Turquie, sous la forme d’un islam certes conservateur, mais acquis aux principes fondamentaux de la démocratie[5]. Mais plusieurs éléments intervenus au cours des années 2010 ont changé la donne : à l’intérieur, la lutte contre les symboles et les forces se revendiquant de l’héritage laïque kémaliste — remise en cause des lois interdisant le port du voile[6], purges au sein de l’administration, de l’université[7], de la magistrature et de l’armée et atteinte à la liberté de la presse[8] depuis la tentative de coup d’État de 2016 — ; à l’extérieur, le soutien affirmé au mouvement des Frères musulmans, dans tous les pays où ils sont actifs[9].
De toute évidence, le président turc voit dans cette organisation de masse transnationale un vecteur de son influence personnelle à l’étranger, d’autant plus commode à utiliser qu’il souscrit au projet frériste de réislamisation globale comme préalable à la prise de pouvoir par les urnes. Il faut y ajouter certains traits marquants de la personnalité d’Erdogan, qui semble s’être accusés avec le temps, à commencer par l’autoritarisme[10] et la mégalomanie[11].
Pour toutes ces raisons, l’idée d’une renaissance du califat, dont Erdogan relèverait le titre, n’est plus aussi invraisemblable qu’auparavant. Certains de ses proches l’évoquent régulièrement dans les médias, comme s’il s’agissait d’éveiller la population à cette perspective[12].
Le magazine Gercek Hayat, dont le propriétaire est un fidèle soutien du président turc a ainsi lancé dernièrement un appel à la refondation du califat[13]. Enfin, la réouverture, décidée l’été dernier, de Sainte-Sophie au culte musulman — Moustafa Kémal en avait un musée en 1934 —, prend dans cette perspective valeur de symbole.
Qu’en est-il réellement ? Difficile de le dire, le principal concerné n’ayant peut-être pas lui-même d’idée arrêtée à ce sujet. S’il en caresse le rêve il appréhende aussi certainement, en politique expérimenté qu’il est, les conséquences incontrôlables que représenterait un tel saut dans l’inconnu. Car il s’agirait, en somme, d’inverser la fameuse formule de Péguy : avec Erdogan, tout commencerait en politique et se finirait en mystique, pour le plus hasardeux des résultats.
S’il s’autoproclamait nouveau calife, le président turc susciterait en effet, à l’échelle du monde musulman, des réactions tout à fait contradictoires. Aux antipodes de la vénération espérée, il passerait pour un pitre, provoquant une hilarité générale dans le milieu des classes moyennes urbaines, largement sécularisées, de Casablanca à Djakarta en passant par… Istamboul.
Il en irait tout autrement au sein des masses, largement travaillées par la réislamisation depuis une quarantaine d’années. La restauration califale pourrait bien y susciter de vastes élans de ferveur et d’enthousiasme. Aussi le contrôle de ces masses ferait-il immédiatement l’objet d’une bataille de propagande, dans le cadre de laquelle d’éminentes institutions contesteraient à Erdogan toute légitimité dans la direction spirituelle de l’islam sunnite.
On songe ici évidemment à l’université islamique d’Al-Azhar, dont le maréchal al-Sissi, chef de l’État égyptien, très hostile à la politique étrangère turque, obtiendrait sans peine la mobilisation ; il en irait de même avec les plus hautes autorités religieuses saoudiennes, soucieuses de défendre la légitimité de la dynastie locale — ainsi que son influence globale — contre les prétentions du néo-calife.
En face, ce dernier pourrait compter sur le soutien des Frères musulmans dans tous les pays où ils sont implantés et, par extension, sur les États qui soutiennent officiellement leur cause, à commencer par le Qatar. Car la question du califat a toujours été d’une grande importance pour ce mouvement.
Lorsqu’il naît en 1928 en Égypte, ce n’est pas seulement en réaction à l’impérialisme britannique, mais aussi pour enrayer ce qui est perçu comme un déclin civilisationnel dont la suppression du califat par Moustafa Kémal quatre ans plus tôt est une tragique illustration.
Il en résulterait donc un conflit interminable, officiellement à dominante théologique, mais lesté d’innombrables arrière-pensées géopolitiques et nationalistes, qui aggraverait les divisions et les fractures [14]au sein d’une « Oumma » dont l’unité relève — depuis toujours — du mythe.
S’il est resté le fin politique qu’il a longtemps été, Erdogan n’ira pas jusqu’à se proclamer nouveau calife. Cependant, les multiples fronts géostratégiques ouverts par lui ces derniers mois – qui n’ont eu d’autres résultats que de brouiller Ankara avec à peu près tout le monde – laissent penser qu’il est capable aujourd’hui de prendre des décisions extravagantes.
Le discernement lui commanderait pourtant de se contenter de la situation actuelle, dont il a tout à gagner : prendre sur la scène internationale la défense des musulmans dès que l’occasion, pense-t-il, se présente, tout en laissant planer dans l’espace médiatique la référence à la figure du calife et l’imaginaire qu’elle charrie : telles sont les données d’une habile stratégie d’influence, efficace dans la durée, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Si, à l’inverse, le président turc cède à la démesure et au narcissisme mégalomaniaque, il déchaînera des forces d’opposition impossibles à contrôler qui lui feront perdre une bonne part de son crédit au sein du monde musulman, alors qu’il a déjà perdu ces dernières années, celui qu’il avait un temps obtenu en Occident.
Eric Juillot
Notes
[1] https://www.ladepeche.fr/2020/10/24/allez-faire-des-examens-de-sante-mentale-erdogan-denonce-lattitude-de-macron-envers-les-musulmans-de-france-9161030.php
[2] La brouille avec Paris ne prête pas vraiment à conséquence : les velléités de sanctions européennes exprimées par Emmanuel Macron ont été promptement rejetées par la chancelière allemande.
[3] Pour faire bonne mesure, il a ajouté, dans la même déclaration, que les musulmans vivaient aujourd’hui en Europe une situation comparable à celle des juifs dans l’Entre-deux-guerres :
[4] Le soutien diplomatique et militaire d’Ankara à l’Azerbaïdjan dans le conflit qui vient d’opposer ce pays à l’Arménie à propos du Haut-Karabagh en est une illustration :
https://www.la-croix.com/Monde/Turquie-pose-soutien-indefectible-lAzerbaidjan-2020-09-28-1201116467 )
[5] https://institutdelors.eu/wp-content/uploads/2018/01/policypaper10.pdf
https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/pour-ou-contre-la-turquie-dans-l-union_489489.html
https://www.nouvelobs.com/monde/20031126.OBS0322/la-turquie-impatiente-d-integrer-l-ue.html
[6] https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/02/22/turquie-l-interdiction-du-voile-dans-l-armee-a-ete-levee_5083946_3218.html
[7] https://www.lesechos.fr/monde/europe/turquie-la-purge-sans-fin-derdogan-994557
[8] https://www.franceculture.fr/medias/la-non-liberte-de-la-presse-en-turquie
[9] Et notamment à l’Égypte du président Morsi en 2012-2013. Depuis sa destitution par le maréchal al-Sissi, alors chefs des armées, et la répression violente qui s’est abattue consécutivement sur les Frères musulmans, nombre de cadres issus de ce mouvement ont été accueillis en Turquie : https://ovipot.hypotheses.org/15401
[10] Ce n’est pas qu’une évolution personnelle. Les pouvoirs dévolus par la constitution turque au chef de l’État ont en effet été sensiblement renforcés en 2017, lorsque le peuple turc a approuvé par referendum à 51 % un projet de réforme allant dans ce sens :
[11] https://www.europe1.fr/international/Turquie-Erdogan-inaugure-son-immense-palais-blanc-688246
[12] https://www.les-crises.fr/lambition-derdogan-pour-le-califat-et-lechec-de-la-democratie-turque-par-aydogan-vatandas/
[13] https://www.mediapart.fr/journal/international/010820/turquie-les-minorites-religieuses-victimes-collaterales-du-raidissement-islamo-nationaliste-d-erdog
[14] Les tensions nées ces derniers mois de l’activisme géostratégique tous azimuts d’Ankara ne concernent pas que sa relation à la Grèce, à la France, aux États-Unis ou à la Russie : dans le cas de la crise libyenne, elles impliquent tout autant l’Égypte et les EAU.
Commentaire recommandé
Erdogan fait un constat. J’avance, ils reculent. J’avance, ils reculent. Il n’ a aucune raison de s’arrêter. Russes comme américains sont pétrifiés à l’idée d’un affrontement avec Erdogan. Israël lui fait les yeux doux en armant ses alliés azéris avec ce qui se fait de mieux drones. Nord ouest de la Syrie, kurdistans, Chypre nord, la moitié de la Lybie sont sous son contrôle direct. Musulmans de Macédoine de Bulgarie du Kosovo de Bosnie ont pour lui les yeux de Chimène. Et Mme Merkel déborde d’affection politique pour l’homme qui a la paix civile en Allemagne entre ses mains. Je répète Erdogan avance parce qu’il a le champ libre complètement libre. Il a analysé mieux que personne là pusillanimité occidentale.
31 réactions et commentaires
Erdogan fait un constat. J’avance, ils reculent. J’avance, ils reculent. Il n’ a aucune raison de s’arrêter. Russes comme américains sont pétrifiés à l’idée d’un affrontement avec Erdogan. Israël lui fait les yeux doux en armant ses alliés azéris avec ce qui se fait de mieux drones. Nord ouest de la Syrie, kurdistans, Chypre nord, la moitié de la Lybie sont sous son contrôle direct. Musulmans de Macédoine de Bulgarie du Kosovo de Bosnie ont pour lui les yeux de Chimène. Et Mme Merkel déborde d’affection politique pour l’homme qui a la paix civile en Allemagne entre ses mains. Je répète Erdogan avance parce qu’il a le champ libre complètement libre. Il a analysé mieux que personne là pusillanimité occidentale.
+20
AlerterErdogan, c’est les Frères Musulmans, c’est-à-dire le Qatar, c’est-à-dire la France (vente d’armes, PSG, gaz et pétrole, membre de l’OIF, etc.). C’est dire que le coq français monte sur ses ergots, mais ne fera rien d’autre (cf. Arménie).
https://duckduckgo.com/?t=ffsb&q=qatar+fr%C3%A8res+musulmans&ia=web
+11
AlerterTout à fait. Le seul point positif de l’expansionnisme Turc c’est qu’il pulvérise par sa seule existence l’entièreté du discours tenu par les dirigeants français depuis 40 ans.
La France petite puissance, la France n’est rien sans l’union européenne, comment survivre pauvres de nous sans l’Europe face à la chine, l’europe de la défense seule issue possible (à comparer avec le développement de l’industrie de defense tuque), etc etc etc etc..
Bref tout ce qui soit disant n’est plus à la portée de la France (une industrie, une monnaie une politique autonome) est pourtant à la portée de pays comme la Corée du sud ou la Turquie.
+12
AlerterCe n’est pas aussi simple. La Turquie peut avancer, car les États Unis sont en train de partir.
La Turquie n’avance pas seul.
Comme je le disais avant, la Turquie est en train de l’influence sur la mer méditerranée
+0
AlerterEnfin, jusqu’à ce que Poutine lui tire l’oreille, il avance oui.
Un hélico Russe abattu « par erreur » et le lendemain, on signe l’arrêt des combats…
On peut marcher sur la patte de l’ours, mais quand il montre une dent, on se calme…
+6
Alerter…oui, mais… pourquoi alors avoir vendu au Sultan un système de missiles DCA aussi performant que le S-400 ? …j’ai beau retourner ça dans tous les sens, je n’y vois qu’une grosse (mais rare) erreur de Poutine, même s’il pensait peut-être ainis enfoncer un coin au sein de l’Otan… fracture qui ne se réalise toujours pas, même avec l’affrontement inquiétant Grèce-Turquie…
+1
AlerterEn France, les médias tendent à faire croire que tout oppose Poutine et Erdogan. Grave erreur.
Dans les médias russes et turcs, il est bien question de partenariat. Il est évident qu’il y a des intérêts divergents, mais face à ce que ces pays considèrent comme étant du cynisme de la part des pays de l’Otan, Russes et Turcs pensent qu’il peut y avoir partage d’influence qui peut être gagnant-gagnant.
Erdogan comme Poutine sont extrêmement pragmatiques et réalistes, comme d’autres comme Macron et le Quai d’Orsay sont désormais complètement à côté de la plaque concernant le P-O et le Caucase. Tellement que cela en devient même risible.
L’ambassadeur turc en France avait eu une phrase choc lorsqu’il avait été auditionné par des parlementaires: « sans nous dans l’Otan, vous serez dans l’incapacité de comprendre quoi que ce soit au proche ou moyen orient, ou au Caucase ». Il n’a pas tout à fait tort, lorsque l’on voit le degré de décalage des conseillers du Quai d’Orsay ou même les conseillers diplomatiques du PR avec la réalité du terrain.
+2
AlerterVous croyez sincèrement que tout tient à cette histoire d’hélicoptère?
Cela me rappelle le MIG abattu par les Turcs: en Russie, comme en Turquie, on a, après la tempête, attribué l’ordre de détruire l’avion aux officiers pro-Otan, dans un moment très particulier dans le conflit syrien: celui ou Erdogan commence sérieusement à perdre patience face à une situation qui s’enlise à sa frontière sud, avec l’Otan qui lui avait promis une guerre rapide à la libyenne, mais des forces spéciales US et FR qui s’installent tout à côté des mercenaires jihadistes, et qui instrumentalisent le PKK et ses filiales. Au bout d’un moment, les Turcs prennent plus au sérieux les Russes qui ont, eux, véritablement intérêt à une victoire rapide contre les mercenaires de l’Otan…lesquels adressaient déjà des signaux inquiétants aux Turcs: attentat à l’aéroport, puis à la boite de nuit: des centaines de victimes turques …puis tentative de coup d’Etat, comme par hasard dans un contexte de coopération accrue avec les Russes: TurkStream, centrale nucléaire, etc.
Il est intéressant de relever que, dans les médias turcs, la Russie n’est pas décrite comme un ennemi, mais bien un partenaire fiable dans la « ligne eurasiatique » de nombreux officiers turcs.
+5
AlerterL’avance turque arrange tout le monde, sauf l’Europe méditerranéenne. Pourquoi voulez vous que ça s’arrête ? Et d’ailleurs, si la France avait un dirigeant et une diplomatie efficace, elle serait l’alliée de la Turquie, en négociant un peu plus d’économie contre un peu moins de religion. Cela permettrait d’accroitre notre influence en méditerranée et de contrôler la menace islamiste. Au lieu de cela …
Sur chaque dossier, dans chaque dimension de la société et de l’état français, le pouvoir Macronien fait exactement le contraire de ce qui devrait être fait. Est-ce un hasard ?
+0
AlerterToute la region entourant l’asie mineure,l’iran,israel et les territoires de l’ancienne route de la soie vont etre une zone de conflit dans les annees a venir car ils vont servir de proxy pour la lutte entre l’occident et la chine-russie.
Les deux blocs ne peuvent s’affronter directement sous peine d’escalade nucleaire et doivent donc s’affronter par l’intermediaire de tiers.Et dans cet espace, des aventuriers ou des prete noms peuvent surgir,agir sur ordre puis couper leurs fils et tenter une aventure solo: avant oussama ben laden maintenant erdogan.
Les domines de chacun de ces pays n’ont quasi rien a gagner dans toutes ces histoires,quoique j’aurai un petit faible pour le camp russo-chinois,juste pour le plaisir de voir mes dominants manger leur chapeau.Apres tout,c’est lors de la guerre froide que les bourgeois ont concede quelques droits sociaux aux gueux afin d’eviter qu’ils ne votent tous communistes…
+9
AlerterNon. Il ne s’agit plus de proxys. Plus maintenant. La Turquie joue à nouveau dans la cour des grands, c’est un fait indéniable. Et elle mène sa politique . Avec les bases us dont une nucléaire, elle tient les us par les cojones. Avec les détroits et la possibilité de déstabiliser Méditerranée orientale et pays turcophones et zones musulmans de Russie, elle tient la Russie par les cojones, tout pareil. Une analyse de proxy n’est plus de mise. Si le sultan d’Istamboul n’est pas arrêté ( et je ne vois pas par qui) il ira de l’avant.
+6
Alerter« Avec les détroits et la possibilité de déstabiliser Méditerranée orientale et pays turcophones et zones musulmans de Russie, elle tient la Russie par les cojones, »
Dans vos rêves…
+5
AlerterC’est dans mes rêves que la Turquie dirige la moitié de la Lybie? Que Chypre nord vient en pratique de passer sous son contrôle?
+6
AlerterLe nord de Chypre est sous contrôle turc depuis longtemps.
La flotte russe de Méditerranée peut faire sans les détroits avec sa base de Tartous (https://fr.wikipedia.org/wiki/Installation_navale_russe_%C3%A0_Tartous), qui explique assez largement le soutien de la Russie à Bachar-al-Assad dans la guee civile syrienne ; mais ça lui complique fortement les choses.
+1
AlerterLa base de Tartous est une basette si j’ose dire.et elle ne règle en rien le problème du lien avec les bases de la flotte russe. Et non Chypre nord n’était pas jusqu’à peu sous « contrôle » turc. Sous influence. Maintenant elle est sous contrôle.
+4
Alerterisrael,l’iran et la turquie: ca fait deja trois grosses puissances regionales.Mais a la fin,il ne peut en rester qu’un…
en seconde ligne,l’europe et la russie.Et derriere,la chine et les anglais, les us.
+0
AlerterOui, mais la Chine et la Russie ne sont plus communistes….elles ne proposent aucun modèle alternatif (si ce n’est un modèle plus autoritaire, en ce qui concerne la Chine surtout).
N’oublions pas que la première guerre mondiale (qui a scellé le déclin civilisationnel de l’Europe) a débuté au proche orient, par l’implosion de l’Empire ottoman (guerres balkaniques) et l’appétit de la Russie pour le contrôle de Constantinople (Istanbul) et des détroits (c’est en tout cas la thèse de Henry Laurens)
+2
AlerterUne autre « thèse » de la cause de la première guerre mondiale serait le chemin de fer en construction devant relier l’empire Ottoman directement à l’Allemagne afin d’acheminer à celui-ci du pétrole rapidement (une énergie convoité). Ceci aurait permis à ce pays de devenir plus avantageux (dangereux?) par rapport aux autres pays européens (France, Angleterre).
+0
AlerterL’assimilation à Hitler de tout dirigeant du tiers monde qui a le toupet de défendre ses intérêts nationaux plutôt que ceux de l’Empire est une constante de la propagande occidentale.
+10
AlerterComparaison n’est pas raison mais je préfère (pour l’instant et si les néo autoritaires « en marche » se libéralisent politiquement parlant) habitait en France que dans ce pays qui se transforme en pays ultra conservateur et très autoritaire..
+1
AlerterComparaison n’est pas raison mais je préfère (pour l’instant et si les néo autoritaires « en marche » se libéralisent politiquement parlant) habiter en France que dans ce pays qui se transforme en pays ultra conservateur et très autoritaire..
+0
AlerterQuand ce dirigeant du tiers-monde se montre « expansionniste » il est tout à fait normal de s’opposer à ce type.
S’il se contentait de mettre uniquement « sa » propre population sous son joug ce serait terrifiant mais pas dangereux pour ses voisins.
Mais quand il agresse ses voisins (depuis longtemps d’ailleurs, avec aucune protestation de la part de ses « amis » (toute allusion godwinesque étant superflue) il ne faut pas s’étonner qu’il se sente pousser des ailes.
Pour l’instant, les russes et les chinois ne sont pas gênés par le « Sultan du Sarin », les premiers ayant fini par le « calmer » dans le cas arménien (finalement ils ont obtenu de la part de l’Arménie qu’elle rétrocède les territoires qu’elle devait restituer il y a 25 ans) mais désormais le cas azéri a bien démontré que les russes commencent à doucement resserrer le nœud coulant autour de la gorge d’Erdogan.
Qu’il s’en prenne aux intérêts occidentaux (surtout US) c’est bien, mais il y a des limites à ne pas dépasser et le Sultan, malgré ses vociférations l’a bien compris.
Et les russes sont bien sûr soutenus dans cette démarche par les chinois.
Ce qui risque de se traduire d’ailleurs par le fait qu’il devra désormais s’occuper personnellement des « modérément modérés » issus de ces pays et strictement interdits de retour.
Et que pour s’en débarrasser il n’aura plus qu’une seul solution : Envoyer les tchétchènes et les ouïgours en occident parmi les « réfugiés » pour qu’ils foutent un bordel indescriptible afin de « tordre le bras » des dirigeants pour les rendre « coopératifs ».
Un vrai bonheur en perspective.
Notre propre territoire deviendra le terrain de jeux de la guéguerre entre frères musulmans et wahhabites.
Au grand dam des musulmans pacifiques (soufis, chiites et autres) qui ne demandent qu’à vivre en paix et qui s’en prendront plein la gueule, tant de la part des belligérants que de la part de la population non musulmane qui sera excédée.
+12
AlerterTiers-monde? La Turquie? Il faut sérieusement penser à mettre à jour vos donnés.
Je connais peu de pays du tiers monde qui vendent des drones efficaces à l’export, qui a une sécurité sociale généralisée et dont les hôpitaux publics nouvellement inaugurés ferait pâlir n’importe quel hôpital français.
Faut visiter pour comprendre.
+6
Alerter@jammrek
Lorsque M. Juillot dit qu’« il joue dans la table des grands » il a raison. Ce sont les grands qui l’invitent. Par exemple concernant la conférence de berlin sur la Libye, Erdogan a été un des invités et pas la Grèce qui a une frontière directe avec la Libye. C’est Merkel qui l’a invité.
Selon le site https://www.stopaugazdeschiste07.org/article1532.html
«En novembre 2019, Ankara a signé un accord illégal avec le gouvernement de Tripoli, en Libye, afin d’établir une Zone économique exclusive entre les deux pays. Or cette ZEE comprend des îles grecques, dont Kastellorizo et la Crète, ce que dénonce Athènes depuis, sur tous les tons. »
La Turquie continue à faire des explorations d’hydrocarbures au large de l’île grecque de Kastellorizo à 9 km de la côte grecque et le gouvernement grec ne réagit pas fermement et les navires turques vont faire des explorations au sud de la Crète également.
+6
AlerterAu temps de l’empire ottoman le sultan est à la fois empereur et pape, , ne pas oublier que les Turcs se sont convertis à l’Islam pour diriger les musulmans. .
Le sultan commandeur des croyants, protecteur des lieux saints, sabre de Dieu sur terre,… et beaucoup plus que calife.
Le Sultan est depuis le traité de Berlin en 1878 les protecteur des populations musulmanes en Europe et ailleurs. . Dans le même temps, la liberté de culte est explicitement proclamée, le traité veillant à préciser qu’« aucune entrave ne pourra être apportée soit à l’organisation hiérarchique des différentes communions, soit à leurs rapports avec leurs chefs spirituels «
+0
AlerterOn le disait déjà de Gamal Andel Nasser champion du panarabisme, puis de Mouammar Kadhafi. Et si Kemal Attaturk ou son équivalent était au pouvoir en Turquie, laïque ou pas ce serait le diable en personne.
+1
AlerterL’économie est à l’arrêt partout, pas seulement en TR. LEur point fort:: l’industrie, tout à côté de l’Europe, avec une jeunesse et des salariés bien formés, et des secteurs de pointe, notamment chimie, automobile, médical, pharmaceutique, armement, R/D en constant développement. La TR est too big to fail, surtout qu’elle est bien imbriquée dans le schéma mondialisé actuel.
+6
AlerterTant à dire sur ce pays et son dirigeant…
Mais un truc qui est assez insupportable, c’est le raccourci ridicule avec calife/califat, sultan, frères-soeurs-cousins-tatas-papis musulmans, etc…
L’un des rares spécialistes qui sait de quoi il parle lorsqu’est évoquée la TR, c’est Didier Billon. C’est pour moi le seul qui n’est pas à côté de la plaque en France (je précise « France », car il y a bien une obsession très française de la TR, sans doute en lien avec l’islam d’ailleurs, car ayant été colonisateur de pays musulmans, la France a manifestement du mal à accepter le fait qu’un pays à majorité musulmane soit une puissance…surtout, et j’insiste beaucoup sur ce point, quand elle est désormais en concurrence directe avec la TR en Françafrique…là est le véritable problème).
Pour faire simple: ce pays se considère désormais comme une puissance et si son histoire glorieuse est rappelée dans les médias ou par des références de ses dirigeants, il est ridicule de penser à une quelconque volonté de résurgence d’un quelconque califat dont on ignore le sens (reconnaissons à l’auteur son doute inspiré)…Les Turcs s’en branlent de manière monumentale. Ce sont les pays obsédés par l’islam (et la France en est la championne incontestée) qui projettent ce fantasme.
Et comme n’importe quelle puissance qui se respecte, elle tend à défendre et développer ses intérêts nationaux.
+5
AlerterEn Syrie: l’OTAN, dont elle fait partie, a entrepris une guerre à sa frontière qui devait être courte. Cela fait maintenant 10 ans qu’elle se poursuit, avec toutes ses complications. Si la France devait absorber sur son territoire près de 4 millions de réfugiés (et pas dans les conditions existantes à Calais) on aurait vu le foutoir qu’elle aurait fait… Et je ne parle pas de PKK et ses filiales téléguidés par les puissances étrangères pour déstabiliser le pays.
En Libye: avant la guerre, la TR avait de très gros contrats et près de 20.000 travailleurs turcs détachés. Elle a perdu ce gros marché, et veut récupérer une partie du gâteau libyen. Idem en Syrie, qui était son 2ème ou 3ème marché pour l’exportation turque, avec même un libre échange.
Quant à la Méditerranée, les revendications turques ne datent pas d’hier, mais très anciennes… Quel pays peut effectivement accepter qu’une vaste répartition d’îles d’un pays voisin annihile toute sa ZEE alors qu’elle a le plus vaste littoral en Méditerranée… Pas grand monde, et en Grèce même, on sait que les concessions sont inévitables, menaces de Macron ou pas. Ce n’est qu’une question de temps que le statu quo change.
Pour ce qui est de l’Arménie, je rappelle que l’initiative de rapprochement avait pris fin du fait de la pression AZ sur les autorités turques, qui voyaient d’un très mauvais œil ce rapprochement compte tenu de l’occupation du Karabakh.
Je vous recommande cette vidéo de D. Billion, autrement mieux développé que ma modeste contribution:
https://www.youtube.com/watch?v=GzQ1B3lr8LU
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AlerterEnfin quelqu’un qui regarde les cartes de géographie. 🙂
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AlerterAu temps de l’empire ottoman le sultan est à la fois empereur et pape, , ne pas oublier que les Turcs se sont convertis à l’Islam pour diriger les musulmans. .
Le sultan commandeur des croyants, protecteur des lieux saints, sabre de Dieu sur terre,… et beaucoup plus que calife.
Le Sultan est depuis le traité de Berlin en 1878 le protecteur des populations musulmanes en Europe et ailleurs. . Dans le même temps, la liberté de culte est explicitement proclamée, le traité veillant à préciser qu’« aucune entrave ne pourra être apportée soit à l’organisation hiérarchique des différentes communions, soit à leurs rapports avec leurs chefs spirituels «
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