Allélouiha, nos grands de cet ancien monde ont enfin résolu tous les problèmes…
J’ai bien aimé les commentaires dans la presse :
- Comment François Hollande a fait la nique à Angela Merkel (Marianne)
- Mission réussie, estime Hollande (Le figaro)
- Comment le couple italo-espagnol a emporté la mise (La Tribune)
- Pourquoi Angela Merkel a gagné (L’Express)
Une analyse détaillée est donc nécessaire.
Voici la déclaration du sommet de la zone euro (ça tient sur une page, ils ne se sont pas cassés…), pour une fois en français…
C’est la plus intéressante. Il y a aussi les conclusions du sommet, mais comme la première phrase est « LL’Union européenne continuera à faire tout ce qui est nécessaire pour remettre l’Europe sur la voie d’une croissance intelligente, durable et inclusive.« , c’est sans aucun intérêt.
La déclaration
- Nous affirmons qu’il est impératif de briser le cercle vicieux qui existe entre les banques et les États. La Commission présentera prochainement des propositions sur la base de l’article 127, paragraphe 6, concernant un mécanisme de surveillance unique. Nous demandons au Conseil d’examiner ces propositions d’urgence d’ici la fin de 2012. Lorsqu’un mécanisme de surveillance unique, auquel sera associée la BCE, aura été créé pour les banques de la zone euro, le MES pourrait, à la suite d’une décision ordinaire, avoir la possibilité de recapitaliser directement les banques. Cette possibilité serait soumise à une conditionnalité appropriée, y compris quant au respect des règles relatives aux aides d’État, qui devrait être spécifique à chaque établissement, à chaque secteur ou concerner l’ensemble de l’économie, et qui serait formalisée dans un mémorandum d’accord. L’Eurogroupe examinera la situation du secteur financier irlandais en vue d’améliorer encore la viabilité du programme d’ajustement, qui donne de bons résultats. Les cas similaires seront traités de la même façon.
- Nous demandons instamment la conclusion rapide du mémorandum d’accord joint à l’aide financière accordée à l’Espagne pour la recapitalisation de son secteur bancaire. Nous réaffirmons que l’aide financière sera fournie par le FESF jusqu’à ce que le MES devienne opérationnel, et qu’elle sera ensuite transférée à ce dernier, sans obtenir de statut prioritaire.
- Nous affirmons notre ferme détermination à faire ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité financière de la zone euro, notamment en ayant recours aux instruments existants du FESF/MES de manière souple et efficace afin de stabiliser les marchés pour les États membres qui respectent leurs recommandations par pays et leurs autres engagements, y compris leurs calendriers respectifs, dans le cadre du semestre européen, du pacte de stabilité et de croissance et de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques. Ces conditions devraient être consignées dans un mémorandum d’accord. Nous nous félicitons que la BCE ait accepté de servir d’agent pour le FESF/MES aux fins de la conduite des opérations de marché de manière effective et efficace.
- Nous chargeons l’Eurogroupe de mettre en œuvre ces décisions pour le 9 juillet 2012 au plus tard.
L’analyse / commentaire
Nous affirmons qu’il est impératif de briser le cercle vicieux qui existe entre les banques et les États.
Bon, ça c’est bien. Mais juste, le meilleur moyen serait bien d’interdire aux banques d’acheter de la dette publique, ou je me trompe ? Ils ont oublié de le décider…
La Commission présentera prochainement des propositions sur la base de l’article 127, paragraphe 6, concernant un mécanisme de surveillance unique.
= on va créer une structure unique de surveillance des banques en Europe.
Cool.
Ca existait juste déjà : l’Autorité Bancaire Européenne, créée le 1er janvier 2011… Mais chuuut, faut pas le dire…
En résumé : le système bancaire est à genoux, donc les 17 régulateurs nationaux ont échoué, mais tadaaa, on crée un bidule plein de technocrates à Bruxelles (qui va forcément s’appuyer sur les 17 régulateurs), et là, ça va super bien marcher…
Et puis si par miracle ça marche, ça repoussera au pire la prochaine crise – le problème est qu’on n’arrive pas à gérer celle-là… Il n’y a qu’à voir l’incapacité à séparer proprement les activités bancaires pour se rendre compte de l’absence de volonté de protéger l’argent des clients et des contribuables…
Nous demandons au Conseil d’examiner ces propositions d’urgence d’ici la fin de 2012.
Fin 2012 ? Pfiouuu, une chance qu’ils aient demandé l’urgence…
Lorsqu’un mécanisme de surveillance unique, auquel sera associée la BCE, aura été créé pour les banques de la zone euro,
Alors, quel jour tombe la St Glinglin en 2012 ?
Par ailleurs, pour éviter le mélange des genres, il est évident que le mécanisme (c’est bizarre cette novlangue de mécansime au passage, moi, je vais dire bidule du coup) ; donc le bidule ne devrait surtout pas être associé à la BCE. En effet, ayant prêté 1 000 Md€ aux banques, elles n’est évidemment en rien objective. Autant confier l’Autorité de Sécurité Nucléaire à EDF…
le MES pourrait
c’est « pourrait », hein, du genre « si la demande est bien réalisée un 29 février sur du papyrus de Haute Nubie du Ier millénaire avant JC…. »
« , à la suite d’une décision ordinaire, avoir la possibilité de recapitaliser directement les banques. »
D’accord, le bidule, pardon, le bidule précédent, le MES, peut recapitaliser les banques.
Alors, je lis bien. Ce n’est pas « prêter aux banques », c’est « recapitaliser », donc fournir du capital, donc devenir actionnaire, et donc diluer les actionnaires existants et porter le risque de non remboursement…
Bon, je cesse l’ironie, on va probablement remettre des fonds publics dans le tonneau des Danaïdes bancaires sans sanctionner qui que ce soit…
« Cette possibilité serait soumise à une conditionnalité appropriée, y compris quant au respect des règles relatives aux aides d’État, qui devrait être spécifique à chaque établissement, à chaque secteur ou concerner l’ensemble de l’économie, et qui serait formalisée dans un mémorandum d’accord. »
Ah Angela, on te reconnait bien là…
« L’Eurogroupe examinera la situation du secteur financier irlandais en vue d’améliorer encore la viabilité du programme d’ajustement, qui donne de bons résultats. Les cas similaires seront traités de la même façon. »
TOUT VA BIEN !
Enfin, sauf que ce n’est peut-être pas viable, mais bon…
Nous demandons instamment la conclusion rapide du mémorandum d’accord joint à l’aide financière accordée à l’Espagne pour la recapitalisation de son secteur bancaire.
Comme il s’agit d’une négociation entre lesdits États, cette phrase est assez pitoyable…
« Nous réaffirmons que l’aide financière sera fournie par le FESF jusqu’à ce que le MES devienne opérationnel, et qu’elle sera ensuite transférée à ce dernier, sans obtenir de statut prioritaire. »
Donc ce sont les anciens bidules qui vont fournir l’argent, sans garantie d’être remboursés les premiers en cas de problème – encore un cadeau aux marchés financiers au détriment du contribuable…
Nous affirmons notre ferme détermination à faire ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité financière de la zone euro,
Excusez-moi, je vais rigoler 5 minutes, et je reviens…
« notamment en ayant recours aux instruments existants du FESF/MES de manière souple et efficace afin de stabiliser les marchés pour les États membres qui respectent leurs recommandations par pays et leurs autres engagements, y compris leurs calendriers respectifs, dans le cadre du semestre européen, du pacte de stabilité et de croissance et de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques. Ces conditions devraient être consignées dans un mémorandum d’accord. »
= peut-être bien que le MES va aider les États en difficulté en achetant de leur dette, mais bon, on n’en n’est pas sûr, hein, on verra…
« Nous nous félicitons que la BCE ait accepté de servir d’agent pour le FESF/MES aux fins de la conduite des opérations de marché de manière effective et efficace. »
Bah oui, félicitations ! « La faillite, nous voilà » !
Seul point positif au demeurant : on va ainsi faire cesser les achats de dette par la BCE – qui a suffisamment d’actifs pourris comme ça. Je suis très heureux, car on pourra ainsi mettre les gogos qui prêteront au MES face à leur responsabilité d’investisseur quand il faudra restructurer tout ceci…
Conclusion
Bon, donc tout ça pour dire que le futur MES va recapitaliser les banques en déroute, voire acheter de la dette publiques de l’Espagne et de l’Italie.
Rappelons que le souci est que, n’ayant pas confiance, les épargnants rechignent à prêter aux États du Sud, car il y a plus de risques, et demandent donc des intérêts plus élevés pour le faire – ce qui est bien logique… (personnellement je ne prête pas à 2 % au Mali par exemple). Et comme les États ont dû aider les banques, cela a alourdi leur dette…
Alors que font les États ? Et bien ils créent un bidule public, le MES, qui va aller emprunter avec la garantie des États sur les marchés pour 1/ prêter aux banques 2/ prêter aux États.
À ce stade, vous vous dites peut-être « mais, c’est très con ça ! ».
Mais n’ayez-crainte, en fait, c’est simplement que vous avez raison.
Tout le monde est content avec ces pseudo mutualisations de dette et autre eurobonds, mais il y a juste un problème : PERSONNE ne sait à quel taux empruntera le MES dans 6 mois – et comme ce sera pour prêter à l’Italie, l’Espagne, Chypre, [to be continued, ça tombe comme à Gravelotte en ce moement] MAIS AUSSI Bankia, et peut-être Société Générale ou Crédit Agricole, ce sera en tous cas sans mon épargne, avis aux joueurs…
Il y a ainsi une pseudo externalisation fictive de la dette publique, encore un beau tripatouillage comptable d’engagements publics « hors bilan » qui devraient évidemment s’y trouver.
Je suis impatient de voir comment la Cour Constitutionnelle allemande va réagir – aucun espoir pour la France vu le niveau de délabrement de la démocratie…
Jolie voie vers la dégradation des notes des États en tous cas…
Épilogue
Bref, encore un beau flan européen, saupoudré de beaux copeaux d’enfumage, gage de nouvelles dettes rajoutées aux dettes actuelles déjà non remboursable, le jeu va donc continuer 3 mois de plus.
Car la seule question qui vaille est bien entendu : « où trouver de l’argent« , et du vrai, donc pas de l’argent emprunté… .
D’où ma conclusion pour ce sommet :
82 réactions et commentaires - Page 2
Comment purger le système en fait. C’est ça le truc.
L’économie vie de promesses de payer, c’est sa nourriture, il y a des phases d’obésité, mais clairement, c’est un besoin assez fondamental.
Par contre les dettes accumulées, ça pèse lourd, potentiellement de plus en plus lourd sur l’estomac. Il faut purger; Inflation générale par création monétaire centrale, ou faillites (organisées ou non). La question est : comment purger le plus vite et de la façon la moins douloureuse pour pouvoir reprendre l’alimentaiton en crédit assez vite.
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AlerterCe qui est fatiguant c’est que tous le monde se dit gagnant mais qu’au final on va être tous perdants les grecs, les italiens, les français, … et les allemands quand ils vont perdre leur zone commerciale (je dirais presque pré carré) ça va donner un bazar sans nom.
Franchement Olivier certes l’Europe c’est une construction de 100 ans (bon y a quand même eut 50 ans comparable à presque 25) nous aurions plus de chance ensemble qu’en train à nouveau de nous taper dessus dans tous les domaines (au lieu de mutualiser certaines dépenses) c’est à vous dégoûter de voir une minorité saccager un espoir que pouvait être l’europe….
🙁
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