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20.avril.201820.4.2018 // Les Crises

L’économie des petits boulots, une nouvelle façon de dire « servage ». Par Chris Hedges

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Source : Truthdig, Chris Hedges, 25-03-2018

M. Fish Truthdig

Un chauffeur de taxi du Queens à New York, Nicanor Ochisor, 65 ans, s’est pendu dans son garage le 16 mars, après avoir écrit dans une note qu’il avait laissée que les sociétés de mise en contact des utilisateurs avec des conducteurs comme Uber et Lyft le mettaient dans l’incapacité de gagner sa vie. C’était le quatrième suicide d’un chauffeur de taxi à New York ces quatre derniers mois, comme le 5 février quand un chauffeur de limousine Douglas Schiffer, 61 ans, s’est suicidé avec un fusil devant la mairie.

« À cause du nombre énorme de voitures disponibles et de chauffeurs prêts à tout pour nourrir leur famille », écrit Schiffer « les tarifs sont fort réduits, on n’arrive même pas à couvrir les frais de fonctionnement et les professionnels comme moi ne peuvent plus continuer. Eux, ils comptent leur argent et nous, nous nous retrouvons à la rue, dans ces rues où nous roulons, on devient SDF et on meurt de faim. Je ne veux pas être un esclave qui travaille pour de la menue monnaie. Je préfère la mort ». Il disait avoir travaillé 100 à 120 heures par semaine ces14 dernières années.

Schiffer et Ochisor sont deux des millions de victimes de la nouvelle économie. Le capitalisme institutionnel établit actuellement un servage néo-féodal dans de nombreuses branches, une condition où n’existent ni lois du travail, ni salaire minimum, ni prestations sociales, ni sécurité de l’emploi, ni réglementation. Les travailleurs prêts à tout, appauvris, forcés de travailler 16 heures par jour, se livrent à une concurrence violente les uns contre les autres. Les conducteurs Uber gagnent environ 13,25 dollars de l’heure. Dans des villes comme Detroit, cela descend à 8,77 dollars. Travis Kalanic, PDG d’Uber et l’un de ses fondateurs, vaut net 4,8 milliards de dollars. Logan Green, le PDG de Lyft vaut net 300 millions de dollars.

Les élites du capitalisme, qui ont pris le contrôle des institutions dirigeantes, y compris du gouvernement lui-même, et qui ont détruit les syndicats, sont en train de rétablir les conditions de travail inhumaines qui ont caractérisé le 19ème et le début du 20ème siècle. Quand les ouvriers de General Motors ont fait une grève avec occupation d’usine de 44 jours en 1936, beaucoup d’entre eux vivaient dans des baraques sans chauffage ni sanitaires, ils pouvaient être mis au chômage technique pendant des semaines sans compensation, ils n’avaient ni sécurité sociale ni retraite et ils étaient souvent licenciés sans explication. Quand ils atteignait l’âge de 40 ans, ils pouvaient être renvoyés. Le salaire moyen était d’environ 900 dollars par an alors que selon le gouvernement, une famille de quatre personnes avait besoin d’un minimum de 1600 dollars pour vivre au-dessus du seuil de pauvreté.

Les directeurs de General Motors persécutaient sans répit les responsables syndicaux. La société a dépensé 839 000 dollars en 1934 pour payer des détectives qui devaient espionner les responsables syndicaux et infiltrer les réunions syndicales. La General Motors a utilisé le groupe terroriste blanc, the Black Legion (on soupçonnait d’ailleurs le chef de la police de Detroit d’en faire partie) pour menacer et pour passer à tabac les militants syndicaux et pour assassiner des dirigeants syndicaux comme George Marchuk et John Bielak, tous deux tués par balles.

L’omnipotence de la classe capitaliste est, de nouveau, à l’ordre du jour et de quelle façon. Les conditions de travail des travailleurs et des travailleuses, qui ont fait un bond en arrière, ne s’amélioreront pas avant qu’ils ne se remettent à se battre et à reconstruire les organisations qui avaient pris le pouvoir aux capitalistes. Il y a, à New York, quelque 13 000 chauffeurs de taxi titulaires d’une licence et 40 000 qui font le même travail avec des limousines ou de simples voitures de ville. Les chauffeurs devraient, comme les agriculteurs l’ont fait en 2015 à Paris avec des tracteurs, bloquer le centre de la ville. Et dans chaque ville, ils devraient agir de la même façon. C’est là le seul langage que nos maîtres capitalistes comprennent.

Les capitalistes au pouvoir vont se montrer aussi brutaux qu’ils l’ont été dans le passé. Rien ne rend les riches plus furieux que d’avoir à se séparer d’une petite partie de leur obscène richesse. Aveuglés par la cupidité, rendus indifférents à la souffrance d’autrui par une vie d’hédonisme et de luxe, dépourvus d’empathie, incapables de remise en question ou d’altruisme, entourés de sycophantes et de sangsues qui pourvoient à tous leurs souhaits, à tous leurs appétits et à toutes leurs exigences, capables d’utiliser leur richesse pour enfreindre la loi et détruire leurs critiques et leurs opposants, ils appartiennent à l’une des franges les plus répugnantes de l’humanité. Ne vous laissez pas prendre par les habiles campagnes de relations publiques des élites – nous voyons ainsi Mark Zuckerberg, dont le patrimoine net atteint 64,1 milliards de dollars, monter une énorme campagne de propagande contre les accusations selon lesquelles Facebook et lui-même ne penseraient qu’à exploiter nos données personnelles et à les vendre – ou par les flagorneries des présentateurs célèbres qui, dans les médias dominants, se conduisent comme des courtisans ou des panégyristes au service des oligarques. Ces gens sont l’ennemi. Point.

Nicanor Ochisor, originaire de Roumanie, possédait une licence de taxi de New York. (Les licences étaient autrefois très convoitées parce qu’elles permettaient aux chauffeurs de posséder leur propre véhicule ou de louer des taxis aux autres conducteurs). Il travaillait la nuit, de 10 à 12 heures, et sa femme le jour. Mais après qu’Uber et Lyft eurent inondé la ville de voitures avec leurs chauffeurs sous-payés, il y a environ trois ans, le couple avait beaucoup de peine à survivre. Leur maison allait être saisie. La valeur de sa licence était passée de 1,1 million de dollars à 180 000 dollars. Cette chute spectaculaire de la valeur de sa licence, qu’il avait espéré louer pour 3 000 dollars par mois ou vendre pour financer sa retraite, l’avait dépouillé de sa sécurité économique. Il allait devoir affronter la ruine et la pauvreté. Et il n’était pas le seul.

Les architectes de cette nouvelle économie capitaliste n’ont pas la moindre intention de cesser leurs attaques. Ils visent à transformer tous les travailleurs en intérimaires piégés dans des boulots dégradants, peu payés, à temps partiel, dans le secteur des services, sans sécurité de l’emploi ni prestations sociales : c’est là une réalité qu’on maquille en inventant des expressions branchées comme « la gig economy (l’économie des petits boulots) ».

John McDonagh a commencé à conduire un taxi à New York, il y a 40 ans. Comme la plupart des chauffeurs, il travaillait pour des garages possédés et dirigés par des sociétés. il recevait un pourcentage de ce qu’il gagnait chaque nuit.

« On arrivait à gagner sa vie [à l’époque] », me dit-il, « mais tout le monde prenait sa part. Le garage, le chauffeur. Si on faisait une bonne nuit, le garage touchait pas mal d’argent. Si on faisait une mauvaise nuit, on partageait. Ce n’est plus le cas. À l’heure actuelle on loue [des taxis aux garages]. »

Pour louer, le chauffeur doit payer 120 dollars par jour pour la voiture et 30 dollars pour l’essence. Les chauffeurs commencent leur travail avec 150 dollars de dettes. À cause d’Uber, de Lyft et d’autres applications sur smartphone, les revenus des chauffeurs ont été très souvent divisés par deux. Ils peuvent terminer leurs 12 heures de travail en devant toujours de l’argent aux garages. Les chauffeurs sont confrontés à des faillites, des saisies et des expulsions. Certains deviennent des sans-abri.

La TLC, [la New York City Transportation and Limousine Commission] voulait limiter le travail des chauffeurs des taxis jaunes à 12 heures par jour, a-t-il déclaré, en se référant aux taxis jaunes, si typiques, qui ont des licences et peuvent prendre des passagers n’importe où dans les cinq arrondissements. « Il y a eu une manifestation. Les chauffeurs s’insurgeaient, en disant qu’ils devaient travailler seize heures par jour pour s’en sortir. Ça flanque une de ces pagailles. Tout le monde se bat pour la course en plus. On est, par exemple, à un feu rouge avec deux ou trois taxis jaunes. On voit quelqu’un, un peu plus loin, avec des bagages, on brûle les feux pour y être le premier, parce que ça pourrait être une course pour l’aéroport. On risque sa propre vie, on risque des contraventions, on fait des choses qu’on n’aurait jamais faites avant. »

« On n’a aucune assurance santé », dit-il. « Pourtant, rester assis pendant 12 à 16 heures par jour, ça finit par vous donner du diabète. C’est mauvais pour la circulation du sang . On grossit et puis il y a tout ce stress ajouté parce qu’on ne gagne pas assez d’argent. »

En 2016, Uber et Lyft avaient 370 lobbyistes actifs dans 44 États, « bien plus que les plus grandes sociétés et entreprises de technologie » selon le National Employment Project. « Les lobbyistes d’Uber et de Lyft sont plus nombreux que ceux d’Amazon, de Microsoft et de Walmart réunis ». Les deux sociétés, comme beaucoup d’entreprises qui font du lobbying, emploient aussi d’anciens membres d’organes de réglementation gouvernementaux. L’ancien directeur de la New York City and Limousine Commission, par exemple, travaille pour Uber. Les sociétés ont utilisé leur argent et leurs lobbyistes, dont la plupart sont membres du Parti démocrate, pour s’affranchir des réglementations et de la surveillance imposées par l’industrie des taxis. Ces sociétés de mise en contact des utilisateurs et des conducteurs ont, ces deux dernières années, inondé New York de 100 000 voitures qui roulent hors toute réglementation.

« Le taxi jaune doit être d’une certaine marque », m’a dit McDonagh. « C’est Nissan à l’heure actuelle [Nissan a remporté le marché]. Chaque taxi jaune doit faire payer un certain prix. Quand cette unité baisse, c’est réglementé par la ville. On a ajouté des taxes supplémentaires, pour la MTA et pour les fauteuils roulants [la moitié des taxis jaunes devront être accessibles aux handicapés en 2020 ], une taxe sur les heures de pointe. Uber arrive. Aucune réglementation à respecter. Ils peuvent avoir n’importe quelle voiture, de n’importe quelle couleur et peuvent modifier leur tarif quand il n’y a pas beaucoup d’activité. Ils peuvent baisser les prix. Quand la demande est forte, ils peuvent les relever. Ca peut être deux, trois fois par jour. Pendant ce temps, le taxi jaune, lui, il est condamné à demander le même tarif. Aller de Manhattan à Kennedy Airport, c’est 32 dollars, quel que soit l’état de la circulation, quel que soit le nombre d’heures que ça vous prend pour faire la course. Uber va augmenter ses prix deux ou trois fois, on peut très bien payer 100 dollars pour aller à Kennedy Airport. De leur côté, les taxis jaunes sont réglementés quasiment à mort. Uber arrive avec la nouvelle technologie, imagine différentes façons de gagner de l’argent… C’est la fin des taxis jaunes. »

La vie est aussi difficile pour les chauffeurs d’Uber et de Lyft. Ces entreprises font miroiter aux chauffeurs des avantages pour les inciter à venir chez eux. Une fois que les avantages ont disparu, ces chauffeurs se trouvent dans la même tragique situation économique que les chauffeurs de taxis jaunes.

« Uber fait de la location longue durée pour les voitures », m’a dit McDonagh. « Ils ont des concessionnaires qui vendent des voitures. Dans leurs pubs, ils disent : « Écoutez, vous pouvez avoir du mal à trouver un crédit. Venez chez Uber, nous vous donnerons l’argent ou un prêt pour acheter cette voiture. » Et ce qu’ils font, c’est qu’ils prennent l’argent directement sur vos gains de la journée pour payer le prêt. Ils ne peuvent pas perdre. Et si vous faites faillite, ils revendront la voiture au concessionnaire et puis la remettront à neuf pour le prochain chauffeur qui vient d’arriver. C’est une escroquerie fort bien conçue. »

« En tant que chauffeur de taxi jaune, on ne voit pas leur vision du monde, me dit-il, mais il y a cette fameuse expression « le nivellement par le bas ». On travaille de plus en plus longtemps pour un salaire de plus en plus bas. C’est la nouvelle économie des petits boulots. On va prendre un Uber pour aller dans un Airbnb et téléphoner pour commander à Amazon quelque chose à manger. Toutes les petites activités ont maintenant disparu, des caissiers aux chauffeurs de taxi. J’ai l’impression d’être un forgeron ou un typographe qui essaie de vous expliquer ce qu’était l’activité des taxis jaunes. On est en train de devenir obsolètes. »

« Certains d’entre nous dorment dans leur taxi », m’a dit McDonagh. « Ils vont à Kennedy Airport à 2 ou 3 heures du matin. Ils s’arrêtent dans le parking et s’endorment là pour cueillir [les passagers] du premier vol qui arrive de Californie deux, trois heures plus tard. Ce sont des gars qui ne rentrent pas chez eux pendant deux, trois jours. Ils sont juste comme à la rue. Ils maraudent pour essayer de gagner un peu d’argent. C’est dangereux pour le passager. Le nombre d’accidents va augmenter parce que des chauffeurs ne dorment pas assez ».

Selon McDonagh, les voitures d’Uber et de Lyft doivent avoir une réglementation à respecter. Toutes les voitures devraient avoir des compteurs pour garantir aux chauffeurs des revenus convenables.Tous les chauffeurs devraient bénéficier d’une assurance santé et de prestations sociales. Rien de tout ceci ne va arriver, prévient-il, tant que nous vivrons dans un système politique où les élites politiques dépendent pour leurs campagnes des contributions des grandes entreprises et où ceux qui devraient réglementer l’industrie comptent sur ces grandes entreprises pour leur futur poste.

« On doit limiter le nombre de taxis, surtout ici à New York », m’a dit McDonagh. « Si nous avons réussi à le faire pendant 50 ans avec les taxis jaunes, pourquoi ne pas le faire avec Uber ? Ils rajoutent 100 voitures toutes les semaines dans les rues de New York. C’est dément. Quand on appelle un Uber, ce dont les gens se plaignent le plus, c’est « le taxi arrive trop vit  » Ils sont là en 2, 3 minutes. Je n’ai même pas le temps de m’habiller… Ils roulent à vide dans toute la ville, en attendant cette course. »

« Il y a des réglementations pour les chevaux de Central Park », fait-il remarquer. « Il y en a 150. Ils gagnent très bien leur vie, les gars avec les chevaux et les buggys. Supposons qu’Uber arrive et dise : « Nous voulons introduire les chevaux Uber. Et nous voulons en ajouter 100 000 ». Et on verra comment le marché se débrouille avec ça. Nous savons ce qui va se passer. Personne ne gagnera sa vie. Ils seront tous autour de central Park. Et personne ne pourra aller nulle part parce qu’il y aura maintenant 100 000 chevaux à Central Park. On considérerait que c’est de la folie pure. On ne le ferait pas ; Pourtant, en ce qui concerne les taxis jaunes, pendant 50 ans, il n’y a eu que 13 000 taxis et puis en une année, on en a ajouté 100 000. Voyons comment le marché va se débrouiller avec ça ! On sait comment le marché se débrouille. »

« Ils [les chevaux] travaillent moins longtemps [que les chauffeurs de taxi], dit-il. Ils ne travaillent pas quand il fait trop chaud ou trop froid. Si on croit en la réincarnation, on devrait souhaiter être réincarné en cheval de Central Park. Et ils vivent tous dans le West Side de Manhattan. Nous, nous vivons dans des appartements en sous-sol de Brooklyn et du Queens. Nous n’avons pas grimpé dans l’échelle sociale, ça, c’est sûr. »

Source : Truthdig, Chris Hedges, 25-03-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Lec // 20.04.2018 à 10h15

“Les hommes politiques ne connaissent la misère que par les statistiques. On ne pleure pas devant les chiffres.” Abbé Pierre

58 réactions et commentaires

  • Fabrice // 20.04.2018 à 06h37

    Le problème peu évoqué c’est pourquoi des chauffeurs Uber sont prêt à travailler pour des salaires de misère pendant des horaires de forçats ?

    Pourquoi les gouvernements autorisent ceux-ci à pratiquer ce qui n’est pas permis aux régimes réglementés sans taxe du domaine ?

    Tout cela finira mal et tout est fait pour que cela finisse mal ceux qui n’ont rien concurencent « ceux qui ne sont rien « ??

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    • patrickv // 20.04.2018 à 06h57

      bien sûr que ça va mal finir !
      la Terre redevient un jungle, où règne la loi du plus fort. et les plus forts, en ce moment, ce sont les 1% !
      mais ces 1% comprennent-ils qu’ils vont à la ruine, comme ça ?
      ils scient la branche sur laquelle ils sont assis.
      et c’est ce modèle là qu’ils essaient d’imposer aux autres pays en voie de développement !
      sont-ils INTELLIGENTS ?
      je ne le pense pas ! avides, cupides, oui. mais intelligents, non !
      ça va être « chaud » dans les années qui viennent !

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      • V_Parlier // 20.04.2018 à 16h13

        Je ne sais pas si ça va être chaud mais il sera de plus en plus difficile pour le « monde libre » (qui aime s’appeler ainsi) de persuader ses sujets que leurs conditions de vie sont la preuve d’une politique globale avisée. Ca, ça va être difficile.

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    • alexander gam // 20.04.2018 à 09h34

      tout ça va mal finir?

      Peut être mais ça va prendre un temps fou.. contrairement à avant.. la quantité de truc et astuce pour endormir les populations, les surveiller sont bien plus importantes.
      Aujourd’hui si on détecte un problème.. il y a une réaction pour éviter que cela ne s’aggrave et ensuite continuer dans la même direction mais moins vite, avec quelques modifications.
      On parle dans l’article des ouvriers.. mais les ouvriers vivaient ensemble et réagirent ensemble..
      Que ce serait il passé si les ouvriers avaient été isolés?
      Des suicides sans doute.. les uns après les autres les ouvriers à bouts ce seraient suicidé pour être remplacé par de future suicidés vivant sur le moment une situation difficile.
      Depuis combien de décennies notre économie broie t elle des gens?
      A part quelques petites réactions, je ne vois pas grand chose.

      La société de l’esclavage qui ce dessine dans l’article sera avant tout une question d’équilibre.
      Et je pense que vous sous estimé la quantité de moyen mis en place pour garder cet équilibre.

        +18

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      • Lec // 20.04.2018 à 10h15

        “Les hommes politiques ne connaissent la misère que par les statistiques. On ne pleure pas devant les chiffres.” Abbé Pierre

          +31

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      • R.C. // 20.04.2018 à 12h07

        @ Alexander gam

        Très vraie observation que la vôtre.

        Je me souviens comment, en France, au plus fort des énormes vagues de licenciements (la sidérurgie vers 79-80), les gens étaient unanimes pour prédire: ça va péter, ça ne peut plus durer, il va y avoir une révolution qui va démarrer chez les (innombrables) chômeurs…

        Déjà, j’étais sceptique. La suite l’a confirmé. Dans notre société, le chômage interminable et son cortège de misère – et, aujourd’hui, les insupportables pressions contre les gens au travail – ne conduisent pas à la révolte solidaire. Ils conduisent depuis des décennies à la dépression individuelle et au suicide !

        Le capitalisme néo-libéral l’a compris depuis bien longtemps. De fait, il n’en a rien à f… des suicides, mêmes nombreux. Une petite « cellule psychologique » et, hop, le tour est joué, on passe à autre chose…

        Le capitalisme à l’ancienne faisait donner la troupe contre les grévistes et contre les travailleurs (Fourmies, par exemple…)

        Aujourd’hui, le néo-libéralisme use de moyens plus subtils et sophistiqués ; dont les médias qui sont au coeur de l’offensive pour contraindre le monde du travail et le façonner en vue du profit maximal.

        Il n’est que de voir comment sont traitées les luttes sociales ces temps derniers par la voix médiatique et par les politiques (en marche) au service de l’oligarchie.

        C’est vrai que les grévistes de la SNCF nous font parfois personnellement un peu ch…. Pourtant, lorsque l’intégralité du service public (y compris postal et médical) aura été ubérisé jusqu’à la moelle, là, véritablement, le système instauré fera ch… tout le monde, sans rémission et sans voie de recours !

        Il y aura des pleurs et des grincements de dents, mais ce sera trop tard…

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        • subnihilo // 20.04.2018 à 14h37

          Je ne peux que souscrire à votre analyse.
          Il est vrai que les exploités et les précaires de nos sociétés sombrent de plus en plus dans la résignation et non pas dans la révolte.
          Je me rappelle très bien des années 80 où les moindres tentatives d’atteinte sociale et aux libertés individuelles ou publiques commises par le pouvoir ou le patronat se soldaient par des contestations immédiates dans les rues du pays, sorte de génération spontanée des revendications et de la lutte. C’en est bien fini depuis longtemps de ces pratiques. Les salariés de notre pays semblent maintenant complètement anesthésiés.
          Certes à l’époque comme de tout temps dans les luttes sociales, il s’agissait d’une minorité agissante mais par sa pugnacité elle arrivait à attirer parfois le soutien et la ferveur des autres salariés et citoyens pour décrocher une timbale d’acquis sociaux ou une reculade répressive des pouvoirs publics.
          Cette minorité agissante est toujours la même mais devant l’égoïsme du reste de la société et le travail de sape des chiens de garde des médias elle ne peut que se retrouver dans la même situation que Don Quichotte combattant des moulins à vents.
          Triste société et encore plus tristes contemporains.

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          • subnihilo // 20.04.2018 à 14h41

            J’ai fait une erreur de date, les dates de cette contestation concernaient les années de la décennie 1970, décennie ou l’agitation sociale était vraiment au beau fixe.

              +1

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      • V_Parlier // 20.04.2018 à 16h03

         » la quantité de truc et astuce pour endormir les populations, les surveiller sont bien plus importantes. »
        -> Les endormir surtout, pour l’instant. Ca consiste à leur parler des « emplois d’avenir » qui ne sont autres que ce qui est décrit ici: L’économie des petits boulots. Titre très bien choisi.

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    • Chris // 20.04.2018 à 11h20

      Un constat : les Etats-Unis d’Amérique rejoignent les pays du tiers-monde.
      Retour au féodalisme.

        +12

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      • V_Parlier // 20.04.2018 à 16h03

        Et les puissances sur le déclin sont très dangereuses.

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    • Maguy // 21.04.2018 à 10h45

      Fabrice : La réponse à vos questions est bien dans le texte :
      « Les élites du capitalisme, qui ont pris le contrôle des institutions dirigeantes, y compris du gouvernement lui-même, et qui ont détruit les syndicats, sont en train de rétablir les conditions de travail inhumaines qui ont caractérisé le 19ème et le début du 20ème siècle ».
      « Les sociétés ont utilisé leur argent et leurs lobbyistes, dont la plupart sont membres du Parti démocrate, pour s’affranchir des réglementations et de la surveillance imposées par l’industrie des taxis. Ces sociétés de mise en contact des utilisateurs et des conducteurs ont, ces deux dernières années, inondé New York de 100 000 voitures qui roulent hors toute réglementation. »
      Autrement dit, si on transpose cette situation américaine dans notre spécificité française et dans tous les domaines du travail aujourd’hui, la « Démocratie » trompeuse et hypocrite Bourgeoise, qui a récupéré le triptyque Républicain (Liberté, Egalité, Fraternité comme un faire valoir à son propre compte en en pervertissant le sens) s’est donné les moyens d’installer d’illusoires contrepouvoirs susceptibles d’être contrôlés par elle, avant d’être noyautés et détruits, au fur et à mesure de la prise en main des médias par les milliardaires du système pour en faire un outil hors pair de manipulation des mentalités et des consciences, afin de façonner des citoyens de moins en moins conscients des mécanismes d’un système capitaliste devenu orfèvre en instillation patiente et méthodique de démoralisation et de sentiment d’impuissance face à une élite qui s’est approprié tous les pouvoirs.
      Seule la capacité à l’union éclairée de toutes les forces populaires et démocratique au sens de pouvoir citoyen personnel et collectif, pourra en venir à bout. S’informer à d’autres sources que celles de l’idéologie dominante est devenu Urgent et primordial pour résister à l’endormissement, au conformisme et à la résignation moutonnière.

        +3

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  • Gier 13. // 20.04.2018 à 06h58

    « ….des présentateurs célèbres qui, dans les médias dominants, se conduisent comme des courtisans ou des panégyristes au service des oligarques. »

    Tient, on connaît Laurent Delahousse et Jean-Pierre Pernaut aux États-Unis ?

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  • LA ROQUE // 20.04.2018 à 07h48

    Les USA sont un exemple pourtant pour de nombreux économistes, en effet ce pays devrait nous faire rêver avec un taux de croissance bien plus élevé en moyenne qu’en France.N’est ce pas là la preuve qu’une croissance ne sert à rien si cette dernière est accaparer par les plus riches car elle n’empêche nullement la pauvreté d’augmenter.
    Nous avons le même phénomène en France mais dans une moindre mesure pour le moment, car la politique mise en place par Macron va accélérer un peu plus ce processus d’accumulation et nous devrions vite nous en rendre compte.

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    • beaucoup // 20.04.2018 à 11h31

      Combien de déficit pour assurer la croissance ?

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    • Maguy // 21.04.2018 à 11h20

      Dans notre système la « croissance » est synonyme de profits capitalistes au détriment de la croissance sociale et de l’émancipation des citoyens. Dans un autre paradigme favorable au bien de tous, le rôle de l’entreprise sera nécessairement à clarifier et redéfinir pour aller dans ce sens avec des garde-fous qui empêche l’accaparement capitaliste. d’ailleurs pour les moyennes et grandes entreprises le meilleur garde-fou est bien la gestion coopérative des moyens de production (les SCOOPS). Et pas d’actionnaires avides, spéculateurs et calculateurs SVP.

        +0

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      • P’tetbenkwui // 21.04.2018 à 14h40

        @ Maguy

        Pour illustrer votre propos, j’ai trouvé une excellente analyse dans « Le Monde Diplomatique »

        Le fléau de l’assistanat, par Christian de Brie (Le Monde diplomatique, février 2018) https://www.monde-diplomatique.fr/2018/02/BRIE/58360

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  • Louis Robert // 20.04.2018 à 08h01

    Une société où son animal est mieux nourri, soigné et traité que son prochain illustre parfaitement ce que l’ on désigne comme “nos valeurs”. Sommet de la civilisation, masses heureuses, Empire nihiliste.

      +10

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  • Pat // 20.04.2018 à 08h15

    Appelons un chat un chat !
    Chris Hedges n’ose pas le reconnaitre (ou à demi-mot du fait du passé de son pays ), il s’agit tout bonnement d’une nouvelle forme d’esclavage à travers la technologie !
    N’oublions pas ici en France les contrats de qualif, stages, mi-temps, petits boulots …

      +13

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    • Brian64 // 20.04.2018 à 15h38

      D’après une connaissance qui bossait dans un énorme incubateur français, une majorité des start-up en France sont des Uber like : équipe de diplômés d’école de commerce avec diplômés d’école d’informatique. De la low Tech, mais pas au sens de Pablo Servigne, rien qui ne fasse rêver à part ceux qui ne pensent qu’au pognon.

        +3

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      • Micmac // 20.04.2018 à 19h43

        La grande, l’immense majorité des « Start Ups » sont des arnaques à subventions publiques montées par des jeunes requins diplômes d’écoles de commerce, où ils ont appris toutes les combines.

        La recette : on cherche un projet complètement c.., en général genre appli débile pour smartphone et autres objets connectés, qui ne demande quasiment aucun investissement productif, et on essaye de créer un lien bidon avec l’écologie ou autre. Les subvention arrivent et on vit grassement en ne produisant quasiment rien que de la com…

        Le but ultime, c’est de pouvoir introduire cette entreprise Potemkine en bourse, ou d’arriver à la revendre, ce qui permet de se gaver de pognon en laissant d’autres faire faillite à sa place. Si on y arrive pas, c’est pas grave, comme le « starteupeur » n’a investi quasiment aucun fond propre, il ne perd rien, il fait faillite et il recommence.

        C’est le modèle d’économie moderne à la Macron, pour qui Alstom est ringard et les starteups bidons l’avenir…

          +14

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  • Toutatis // 20.04.2018 à 08h30

    Il semblerait aussi que l’explosion du trafic et de la consommation de métamphétamine soit liée à ces évolutions sociales. Cette drogue permet en effet (dans un premier temps) de travailler beaucoup plus longtemps sans ressentir la fatigue. Jusqu’à ce qu’elle finisse par détruire ceux ou celles qui en prennent.

      +10

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  • Galvan // 20.04.2018 à 08h37

    Parmi les 1% de privilégiés qui dirigent, il y a bon nombre de psychopathe, c’est la raison de leur comportement.
    Ceci dit, nous avons un pouvoir : ne pas utiliser Uber, la course au toujours moins cher est un miroir aux alouettes, il entraîne tous les consommateurs que nous sommes dans un moins disant permanent, nous avons aussi le devoir d’y résister.

      +22

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  • douarn // 20.04.2018 à 09h19

    Bonjour
    https://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2018/03/Combats-de-pauvres-699×699.jpg
    Ce dessin illustrant le fait que les intérêts et la distraction des 10% sont assurées tant que les pauvres se battent entre eux, mériterait d’être complété avec les étiquettes « Uber » et « taxi » pour être parfait.

      +6

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  • Michel B. // 20.04.2018 à 09h34

    Merci pour cet article tristement emblématique de notre époque.

    Le pire, c’est que Uber accumule des pertes colossales de plusieurs milliards chaque année, et cela ne l’empêche pas de trouver les fonds pour fonctionner et se développer. La conclusion s’impose sur les finalités des investisseurs : déréguler, confisquer la (modeste) rentabilité de l’artisan et le faire mourir économiquement, imposer une nouvelle norme qui tire tout le monde vers le bas, et concentrer les (futurs) profits de ce marché.

    Amazon a montré le chemin : l’homme qui s’enrichit le plus vite au monde payait en 2017 certains de ses ouvriers (dans l’Ohio) avec des coupons repas, et est en train de mettre par terre un grand nombre d’acteurs de la distribution spécialisée. Et on continue à cliquer sur son site parce qu’il propose le service le plus efficace. Amazon est dans le collimateur de l’administration Trump, on va bien voir si elle arrive à mettre des freins à ces délires pervers.

      +9

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  • Sandrine // 20.04.2018 à 10h32

    La force d’UBER est de se développer… dans un monde hyper-régulé ; en effet, il est interdit lorsque l’on est un particulier de s’arrêter pour prendre un passager et de l’emmener quelque part en échange d’argent ( ce qui se fait couramment dans d’autres pays, notamment dans les pays de l’est) – bien sur net d’impôt.
    Mais dans nos sociétés policés et hyper-policées et sécuritaire, les taxis d’uber paraissent plus « secure ».
    Si nous voulons lutter contre Uber, Amazone ou RNB, il ne faut jamais accepter de passer par leur services – quitte à accepter de voyager moins.
    Et également faire « honte » à ceux qui les utilisent : stop à la ritournelle que l’on entend trop souvent « chacun fait bien comme il veut » !
    Au fait, vous savez ce que fait un renard qui s’introduit dans un poulailler : s’il n’a pas peur de se faire pincer par le chien du fermier, il tue toutes les poules, même s’il n’en mange qu’une – en prévision du futur ou il aura de nouveau faim ( les loups font pareil avec les troupeaux de moutons, d’ailleurs)

      +13

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    • pedrito // 20.04.2018 à 15h45

      Personnellement j’utilise Uber parce que l’alternative (taxis) est chère et inefficace. Qui se souvient de samedis soirs passés à marcher sous la pluie parce qu’aucun taxi disponible, ou alors parce que le chauffeur refusait la prise en charge ? Le problème vient du fait que l’état régule un travail (chauffeur de taxi) qui n’a pas lieu de l’être (il suffirait que le conducteur aie le permis et soit assuré….), ce qui crée une rente de situation pour les installés, au détriment des nouveaux entrants et de ceux qui ont besoin du service.

        +3

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  • Isidor // 20.04.2018 à 11h32

    Cette évolution de la condition humaine en régime capitaliste (concentration du capital et donc de son pouvoir, marchandisation des moindres parcelles de notre vie, réification de l’humain) correspond parfaitement à ce qu’avait prévu karl Marx grâce à son analyse radicale du capitalisme. Cette évolution à lieu en dépit des tentatives pour domestiquer le capital qui ne font en fait que mieux le renforcer.
    Le capitalisme financier avec ses anticipations chimériques de profit, devrait du jour au lendemain exploser (les bouts de papiers que nous fétichisons sous le non de « argent » apparaitrons alors pour ce qu’il ne sont pas…), nous serons alors comme sorti d’un rêve (dont nous prendrons conscience qu’il était en fait un cauchemar) et face au réel, l’homme pour survivre ne pourra compter que sur l’entraide et la solidarité.
    Il devra s’il ne veut que cela recommence comprendre que l’on ne peut maitriser l’argent car avant d’être un système d’échange c’est surtout un système de valeur qui aliène la communauté humaine d’elle même.

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    • TuYolPol // 20.04.2018 à 11h56

      Et je crois que cette pathologie qu’on appelle dans nos contrées « capitalisme » ne guérit pas. Elle s’incruste partout : nos désirs (addiction), nos valeurs (compétition), nos organes (médiation). Malgré la convergence de tous les symptômes, de toutes les crises, les anticorps sont bien plus lents que l’aggravation des symptômes.
      Le garde-fou n’existe que par la limite qui se trouve hors du pouvoir du capitalisme, par son environnement, car tout ce qui était sous son contrôle a été perverti.

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  • Verif // 20.04.2018 à 13h04

    Et pour loger tous ces précaires rien de tel qu’un logement social construit sans architecte, comme le prévoit la nouvelle loi ELAN…4000 architectes sont mobilisés contre ça mais comme toujours « les arbitrages ont déjà été rendus » leur a-t-on dit dans le bureau du ministre dans lequel on les a invités à « discuter ».
    http://www.lemonde.fr/architecture/article/2018/04/20/la-mobilisation-des-architectes-contre-la-loi-elan-ne-faiblit-pas_5288063_1809550.html

      +4

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  • Christian Gedeon // 20.04.2018 à 13h15

    Que de réactions indignées,partiellement a juste titre…mais pour la France la situation est radicalement différente. J’ai travaillé et vécu de petits boulots pendant toutes mes études de droit… Six ans de boulots divers et variés dont certains de nuit… Et je n’en suis pas morts loin de la. Ils m’ont renforcé et structuré. Et à l’époque dans les années 77/ 82 , on ne faisait pas chier les patrons comme on le fait maintenant. On pouvait prendre un job sans que le boss n’ait à remplir des tonnes de papiers ,et sans qu’il n’ait à se soucier de la souplesse du job,en cas de malheur financier. A force de fossiliser les règles sociales et d’ajouter des couches aux couches préexistantes, on a fait le malheur des jeunes générations,beaucoup plus volontaires et plastiques qu’on ne veut bien le dire…des jeunes qui ne demandent qu’à bosser,meme sur des « petits boulots » ( quel mépris dans la formule),il y en a des palanquées… Des patrons paniques par la rigidité malfaisante du droit social,il y en a des palanquées aussi…cherchez l’erreur.

      +5

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    • Micmac // 20.04.2018 à 20h05

      C’est très curieux ce que vous écrivez, puisque les règles sociales ont été très, très assouplies depuis la fin des années 70, période de cauchemar entrepreneurial selon les critères du MEDEF… L’autorisation administrative de licenciement n’a été supprimée qu’au milieu des années 80, donc sans contrat bien spécifique attribué suivant des critères très, très spécifiques, votre patron pouvait vous licencier beaucoup, beaucoup plus difficilement qu’aujourd’hui, l’embauche en CDI étant la règle à cette époque.

      En général, les embauches d’étudiants se faisaient pendant les vacances pour remplacer des salariés en congé, ce qui assouplissait les procédures, mais sinon, vraiment, parler de la fin des années 70 comme un âge d’or pour la flexibilité du travail, c’est assez coquasse!

      Une autre interprétation que la vôtre, c’est que durant cette période, beaucoup de patrons considéraient simplement la régulation sociale comme nécessaire et ne faisait pas une jaunisse dés qu’on leur faisait rempli un formulaire administratif pour garantir un minimum de droit à ses employés… Votre témoignage ne fait probablement que souligner l’inversion du rapport de force entre salariés et employeurs (ces derniers étant auparavant contraints, de bon gré ou pas, d’accepter les règles sans se plaindre).

        +7

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      • christian gedeon // 21.04.2018 à 10h24

        Assouplies? Vous plaisantez j »espère..regardez l’épaisseur du Dalloz social en 1977 et son épaisseur aujourd’hui.Votre post est passablement dogmatique parce que vous vous placez toujours dans une logique de rapport de force,systématiquement. Logique qu’une longue carrière m’amène à considérer comme fausse. Vous pensez vraiment que dans les PE et les TPE,on est en plein combat des classes?Et même dans les ME?Vous pensez vraiment que les patrons se réveillent le matin en se demandant quelle misère ils vont bien pouvoir faire à leurs salariés? Des patrons crétins et des salariés crétins ,il y en a.Mais de grâce,ne faites pas une généralité. Ce qui protège le salarié,c’est de l’emploi,ce qui protège le patron,c’est un carnet de commandes qui va bien.Tous les codes du monde ne changeront jamais rien à cette réalité.

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        • Learch // 21.04.2018 à 13h50

          Etant donné que l’ultra-libéralisme n’apporte aux sociétés occidentales ni le plein emploi (chômage et misère croissants), ni le remplissage des carnets de commande (plus de misère donc moins de demande, baisse du nombre de sociétés), il va de soi que pour protéger un salarié français ou européen il faut absolument et rapidement abandonner cette idéologie ainsi que sa concrétisation, l’Union Européenne, merci de nous le rappeler indirectement 🙂

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    • P’tetbenkwui // 20.04.2018 à 20h25

      Remarquez … à cette époque l’UE n’avait pas encore commencé son oeuvre de décomposition. L’un explique l’autre peut-être.

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    • Vjan // 20.04.2018 à 21h03

      Vous remarquerez toutefois, Christian Gedeon, qu’entre faire des petits boulots pour financer ses six années d’études et tenir ces mêmes petits boulots pendant les 40 ans d’une vie salariée, il y a une différence de taille : la perspective.

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      • christian gedeon // 21.04.2018 à 10h27

        Sur ce point je ne peux qu’être d’accord avec vous. Ce que je conteste ,c’est la généralisation du point de vue selon le quel les patrons vont forcément contre l’interet du salarié dans le tissu PME en France. C’est tout.

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    • Michel B. // 20.04.2018 à 23h41

      J’ai dirigé une petite entreprise (20-25 salariés) pendant une quinzaine d’années (98-12), sans jamais ressentir le besoin de céder au sentiment de panique pour les raisons que vous décrivez.

      Des tonnes de papier à l’embauche ? Ah, et quoi donc ? Un contrat de travail, les formulaires inhérents à la couverture sociale (mutuelle, retraite), plus d’éventuelles dispositions (sécurité, déplacements) liées au métier pratiqué. La mer à boire, vraiment ?

      Quant à la séparation quand elle devient hélas nécessaire pour des raisons économiques, elle est simple à mettre en œuvre quand on est capable d’anticiper, ce qui, a priori, est le rôle d’un patron. Aujourd’hui, la rupture conventionnelle est un outil très maniable, sauf quand on n’a rien vu venir et qu’on agit dans la précipitation, potentiellement créatrice de tensions et d’incompréhensions.

      De mon côté c’est la frilosité des patrons qui m’agace, remember le CICE. Aux USA, dans les 3 mois suivant les réductions de taxes de l’administration actuelle, entre 3 et 4 millions de salariés américains ont reçu des bonus inattendus. C’est complètement inimaginable dans notre pays, et le supposé carcan administratif et social n’a rien à voir là-dedans.

        +6

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    • Jarnac // 22.04.2018 à 21h35

      Votre témoignage n’est pas sans intérêts mais le sujet est, il me semble, légèrement différent.

      Le problème est que les petits boulots ne sont plus des « jobs étudiants » mais la règle. Je suis bien placé pour savoir que l’on ne peut pas nourrir sa famille avec, même avec la meilleure volonté du monde. Il est vrai j’ai le mauvais goût d’être père de famille. J’ai d’ailleurs stoppé mes recherches, puisque un calcul précis m’a permis de comprendre que je travaillais à perte. N’ayant pas reçu la paresse dans mon éducation, j’ai mis cinq ans à prendre cette décision. J’ai arrêter de dormir par la même occasion.

      Par ailleurs s’il est vrai que les patrons de PME/TPE voir ME ne sont que rarement des charognards, ils ont effectivement une quantité invraisemblable et grandissante de tracasseries breaucratiques à satisfaire. Tout comme leurs employés qui peuvent passer de sympathiques soirées à remplir des documents du fisc ou de la CAF jusqu’à 23h00. Tout simplement par ce qu’ils sont, les uns comme les autres, les cibles à abattre. Il existe en effet des firmes tout à fait capables de les remplacer -es uns comme les autres- au mieux et en un laps de temps très court. Uber par exemple, mais tous les secteurs sont concernés . Celles-ci ne voient pas pourquoi elles devraient subir la concurrence déloyale du sérieux et des compétences. Elles ont donc pris le pouvoir.
      Je ne crois donc pas qu’elles fossilisent les règles sociales. Elles imposent celles-ci -en se basant bien sûr sur l’existant- à leurs concurrents pour les supprimer. Tout en patenôtrant des antiennes sur le libéralisme et la rentabilité. Donc en effet, la rigidité malfaisante du droit social est réelle, mais c’est une tactique, pas un reste anachronique d’un passé révolu.

      Pour finir, vous dites à raison que nombre de jeunes seraient volontaire pour des petits boulots. C’est vrai, mais vous seriez surpris par le nombre de diplômés plus que trentenaires prêts à se sauter à la gorge pour un poste de cariste à mi-temps. Et par leurs soumissions quand on les jette dehors dans l’après-midi, par ce que le carnet de commande a changé. Le terme de « petits boulots » est méprisant. Il l’est à juste titre. Pas quand on est étudiant, mais quand on ne l’est plus et qu’on cherche à survivre, quand on courbe l’échine, quand on plonge sa bouche dans la merde au point d’en avoir du mal à en redemander.
      Le français est une langue précise. Un « petit boulot » n’est pas un travail, un « job » n’est pas une « situation », encore moins une vocation. Je souhaite à tous de ne jamais le découvrir. Quand aux autres…bon courage!

        +1

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  • Sandrine // 20.04.2018 à 15h18

    «  cherchez l’erreur… » . Dans ma boîte, chaque départ à la retraite se solde par une redistribution des tâches de celui qui part à ceux qui restent, sans que cela s’accompagne d’augmentations de salaire alors même que cela implique de facto par des heures supplémentaires qui ne sont jamais déclarées par ceux qui sont contraint de réaliser les nouvelles tâches… et quand ça gueule un peu trop, au bout d’un certain temps, on embauche un prestataire (qui, je ne sais pas si c’est un fait exprès, est, quasi-systématiquement, une personne issue de l’immigration).
    Lorsque qu’un chef démissionne ou change de poste et qu’on doit absolument le remplacer par un salarié fixe, on fait systématiquement et ouvertement (c’est dit clairement par la RH) appel à un expatrié (déjà embauché dans la boîte dans son pays) issus de pays comme le Brésil, le Portugal, la Turquie, et., etc…
    Cherchez l’erreur, en effet…

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    • Christian Gedeon // 20.04.2018 à 19h04

      Je ne sais pas pour qui vous bossez,mais ça n’a pas l’air folichon. Mais votre paragraphe sur le remplacement des chefs qui s’en vont par des expat à l’envers va dans le sens de mon propos. Tant que patrons normaux et salariés seront écrasés,ce qui est le cas,par des charges sociales devenues faramineuses,ça continuera. Pour mille euros dans la poche du salarié,il y a l’équivalent en charges sociales…ça va forcément se dégrader. Et je signale que ça ne s’améliore pas vraiment,en fait. Mais le problème est structurel,et le gouffre des dépenses non contrôlées et des abus non sanctionnés va aller s’aggravant. Ça vaut pour le coût du travail et aussi bien pour l’évasion fiscale légale qui va s’aggravant. Au milieu coulait la rivière de plus en plus tarie des ci-devant classes moyennes,taillables et imposable à merci. Il y a,je le dis depuis toujours,une complicité objective entre les partisans du toujours plus d’avantages acquis et céux de l’évasion fiscale à grande échelle,telle que pratiquée par les majors françaises ou implantées en France…

        +3

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      • Guillaume // 20.04.2018 à 23h10

        Pour endiguer ce phénomène il faudrait contrôler les flux financiers. Or vu que l’idée d’une sortie de l’UE (la seule façon de pouvoir contrôler ces flux) n’a pas l’air d’enchanter les foules on n’est pas prêt de voir la fin du phénomène…
        Désespérant

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      • herve_02 // 25.04.2018 à 04h32

        Donner des leçons et se planter à ce point…
        les chââââârges socials (salariales) font partie du SALAIRE. Lorsque tu vas chez le médecin et que tu es moins bien remboursé, lorsque tu es entre 2 postes et mal indemnisés, lorsque tu est enceinte et/ou avec des enfants et que tu crèves la dalle, c’est parce que la partie de ton salaire que l’on appelle chââââââârge ne t’a pas été mis de coté.

        Ce n’est pas les châââââârges sociales qui font que tu n’embauches pas, c’est que tu n’as pas de client. Si tu n’est pas capable de payer correctement un salaire, c’est que ton produit est merdique, c’est qeu ton service n’a pas de clients. Pas parce que les salaires sont trop élevés.

        Bien entendu le rêve de tout crétin est de pouvoir produire un max, en payant le moins et de trouver un mx de crétin pour acheter cette misère. Le truc c’est que ce calcul est fait par tout le monde et il n’y a plus de marché intérieur. Les 1% qui grappillent pratiquement toute la croissance n’achètent pas au point de compenser ce que les 99% ne peuvent plus acheter.

        Le système est arrivé à son terme, petits boulots de m*rde = salaire de m*rde + prestation sociales de m*rde = pas d’achats = pas de commande = entreprises des tissus économiques locaux qui ferment.

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    • P’tetbenkwui // 20.04.2018 à 20h16

      Votre témoignage est intéressant et inquiétant. C’est le côté sournois de la stratégie d’entreprise qui interpelle. On ne s’y prendrait pas autrement si on voulait pulvériser le fonds. Bizarre.

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  • Learch // 20.04.2018 à 18h01

    C’est ce que les « experts » de tous poils s’exprimant dans les médias classiques répètent sans cesse : « permettre à la France de devenir plus compétitive, lui permettre d’être un acteur important en s’adaptant au mondialisme, car elle est toute petite et elle ne peut rien faire contre les géants bla bla bla, blablabla » à longueur de journée… Traduisez : un travailleur français (ou occidental), doit avoir dans le futur le même salaire qu’un travailleur chinois, travailler autant et avoir aussi peu de jours de repos. C’est ce qui est arrivé au chauffeur de taxi dont parle cet article, les USA ont dix ans d’avance, c’est bien connu…

      +8

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    • Michel B. // 21.04.2018 à 11h13

      C’est d’ailleurs très intéressant d’observer l’évolution des pays occidentaux qui ont cédé bien avant nous aux sirènes du néo-libéralisme mondialisé : aux USA, au Royaume-Uni et en Allemagne, la proportion de pauvres ne cesse de grandir, les anglais rajoutant une cerise bien amère sur le gâteau : l’espérance de vie y décline désormais. Quels résultats alors que la connaissance et le progrès technologique ne cessent de s’accélérer ! On marche sur la tête.

        +3

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      • herve_02 // 25.04.2018 à 04h34

        l’espérance de vie décline également en france et aux US.

          +0

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  • Clauzip12 // 21.04.2018 à 00h43

    ceux qui commandent au gouvernement x savent que qqchose de e grave va advenir.
    progressivement ils équipent les services de police et sécurité de matériels militaires mi-lourds tels que tank,mitrailleuses…
    ils ont commencé par les équipements militaires dépassé.
    une révolution arrivera,les tenants dû pouvoir ne sont pas assez intelligents pour le comprendre,,ils tireront sur la. corde jusqu’a la rupture.

      +5

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  • Arnould // 21.04.2018 à 09h25

    Je regrette que la foule des suicidés économiques n’emmène pas systématiquement avec elle un nombre égal de super-riches. Si quelques riches à milliards disparaissaient relativement rapidement de cette façon, ceux qui resteraient, ainsi que leurs serviteurs, changeraient assez vite les règles de ce jeu, question de survie. Ce ne sont pas des menaces, car je ne suis pas suicidaire. En effet notre époque est historique, je m’amuse trop à observer notre civilisation s’écrouler.

      +1

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    • P’tetbenkwui // 21.04.2018 à 09h33

       » … en effet notre époque est historique, je m’amuse trop à observer notre civilisation s’écrouler ».

      Cynisme ou pipeau ? Vous prenez bien votre pied comme vous voulez . Moi ça me glace !

        +1

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      • Arnould // 21.04.2018 à 11h35

        Il n’y a rien à faire d’autre que de regarder alors autant s’amuser au passage. Un peu comme Nietzsche qui, si je me souviens bien, s’amusait à observer ses contemporains courir dans tous les sens pour oublier que tout le monde finit au même endroit. Nous savons tous où nous allons depuis le rapport Meadows en 1972, et pourtant nous y allons… et puisque nous sommes dans une société individualiste pour le moment sans retour, la solution que j’espère pour un changement, vous pouvez la relire ci-dessus.

        Attention: si quelques uns des membres de mon espèce avait été spontanément manifester devant le palais de de l’Elysée, par exemple contre les bombardements en Syrie, j’y aurais été, car on s’amuse d’autant plus en groupe 🙂 J’en ai même parlé en famille pour y aller avec quelques banderoles. Mais on est individualiste ou on ne l’est pas, n’est ce pas?

          +2

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        • P’tetbenkwui // 21.04.2018 à 13h06

          « …Il n’y a rien à faire d’autre que de regarder alors autant s’amuser au passage. .. ».

          Bon d’accord, je corrige alors : fataliste avec une pincée de cynisme.

          « …contre les bombardements en Syrie, j’y aurais été .. »

          Au conditionnel on est toujours téméraire.

            +1

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          • Arnould // 21.04.2018 à 22h39

            Je n’ai vu personne démarrer une telle protestation, autrement j’y aurais été.

              +0

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  • Hey taxi ! // 21.04.2018 à 11h55

    Nous sommes tous responsables. Car nous voulons tout, tout de suite et le Nobs cher possible.

      +0

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    • Hey taxi ! // 21.04.2018 à 16h38

      Moins cher possible. Sorry
      Voire gratuit, car c’est un peu ce qui se profile avec le dernier ouvrage de Jeremy Rifkin : Zero marginal cost society.

        +0

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  • MIZZGIR // 21.04.2018 à 17h14

    Venant de lire tous les commentaires sur cet article qui prend l’exemple des chauffeurs de taxi (bien que le sujet soit plus vaste, je vous l’accorde), je suis très surpris qu’aucun des contributeurs (tous très intéressants au demeurant, que cela soit dit) n’ait pensé à rappeler une chose simple qui pend au nez de cette profession : c’est que, bientôt, ils n’auront plus aucun problème puisqu’ils n’existeront purement et simplement plus, ayant tous été remplacés par des véhicules autonomes… Merci le « progrès » et bonjour le chômage !

      +1

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    • Hey taxi ! // 22.04.2018 à 09h26

      Bientôt ? C’est très relatif. Au vu de la Tec dispo il faudra compter en décennies pour voir des centres urbains complètement autonomisés. Et le métier de chauffeur de taxi est déjà en train de faire sa mue. Ils deviennent des livreurs et des assistants socio-medico avec leurs clients à mobilité réduite qui représentent un bon tiers de leur clientèle.

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  • keg // 22.04.2018 à 10h17

    S’il y a uber c’est qu’il y a des undérisables (à ne pas confondre avec indésirables, puisqu’ils consentent à s’esclavager alors qu’ils pourraient se coopérativer pour faire taxi à 4 ou 5…. Pour eux-mêmes et non pour un négrier). Faut-il légiférer sur le sens de uber ou under. Chaque fois que les citoyens laissent la loi agir ils se font baiser et ils continuent. Ils doivent aimer !

    https://wp.me/p4Im0Q-2mT

      +0

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