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26.août.202426.8.2024 // Les Crises

Les alliés de l’OTAN souhaitent revendiquer des infrastructures chinoises en Europe

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Les responsables de l’OTAN envisagent de prendre des mesures pour confisquer certaines infrastructures appartenant à la Chine et situées en Europe, au cas où un conflit plus large avec la Russie éclaterait dans l’est du continent, ont déclaré à CNN trois responsables impliqués dans les discussions.

Source : CNN, Kayla Tausche, Kylie Atwood
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des passagers descendent du train à la gare de Novi Sad, en Serbie, le 29 avril 2024. Le chemin de fer Budapest-Belgrade est l’un des projets phares de l’initiative chinoise « La nouvelle route de la soie ». Li Ying/Xinhua/Getty Images

Il y a dix ans, alors que l’Europe s’extirpait encore du cratère économique causé par la crise financière mondiale, la promesse d’un financement des infrastructures par des sociétés d’investissement chinoises semblait être une aubaine.

Aujourd’hui, alors que se déroule en Europe la plus grande guerre terrestre depuis la Seconde Guerre mondiale et que l’Occident met en garde contre le soutien de Pékin à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pays de l’OTAN considèrent désormais ces investissements comme un boulet, et les alliés commencent à réfléchir aux moyens de récupérer certains de ces projets, ont indiqué les responsables.

Selon un fonctionnaire américain, la crainte est que Pékin n’utilise les infrastructures chinoises situées en Europe pour fournir une assistance matérielle à la Russie si le conflit devait s’étendre. L’objectif, selon les responsables, est de trouver une ligne de conduite bien en amont de tout conflit potentiel.

Les discussions reflètent la préoccupation croissante de l’alliance de l’OTAN à l’égard de la Chine. La déclaration commune publiée mercredi 10 juillet par les 32 dirigeants, lors du sommet du 75e anniversaire à Washington, dénonce avec force le soutien de Pékin à Moscou, ce qui est considéré comme un signe de l’évolution de la position des membres, désireux d’adopter une attitude plus ferme à l’égard de Pékin après avoir renoncé à une telle référence en 2023.

« Le resserrement du partenariat stratégique entre la Russie et la RPC, ainsi que leurs tentatives, se conjuguant entre elles, qui visent à déstabiliser l’ordre international fondé sur des règles et à le remodeler, suscitent de profondes préoccupations. » (Extrait de la déclaration du sommet de Washington le 10 juillet)

Selon trois responsables impliqués, les discussions sur les mesures à prendre en matière d’infrastructures en sont encore à leur tout début et les pays membres de l’OTAN y ont participé à des degrés divers. Un diplomate de l’OTAN a précisé que les États-Unis, qui sont le fer de lance de ces discussions, devraient les poursuivre sur une base bilatérale afin d’obtenir le soutien nécessaire.

Depuis lignes ferroviaires reliant l’Europe de l’Est à la Chine, jusqu’aux ports situés en mer du Nord et en mer Baltique, la Chine a financé des structures à hauteur de dizaines de milliards de dollars dans le cadre de son initiative « Nouvelle route de la soie », à laquelle les nations européennes ont commencé à adhérer en 2013.

Un responsable de l’OTAN a déclaré qu’en cas de guerre, l’infrastructure concernée « serait presque certainement nationalisée, ou des pays assumeraient temporairement le contrôle de son exploitation, dans le cadre de mesures de sécurité d’urgence. Il serait possible à la Chine de les poursuivre en justice après coup ».

Les responsables américains voient un précédent pour de tels prises de contrôle ou cessions dans les initiatives prises par les pays européens pour forcer la Russie à vendre ses actifs suite à l’invasion de l’Ukraine en 2022. Pendant plus d’un an, la Finlande a bloqué à plusieurs reprises les activités du chantier naval d’Helsinki – un constructeur de navires brise-glace qui appartenait autrefois à une entité russe – jusqu’à ce que la Russie vende la société à une entreprise canadienne à la fin de l’année 2023.

Selon un haut fonctionnaire américain, les discussions ont dépassé le cadre des structures de technologies de base pour s’étendre aux technologies de pointe, telles que l’informatique quantique, les semi-conducteurs et les infrastructures des télécommunications.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré mercredi que la guerre en Ukraine pourrait avoir été un élément déclencheur de la prise de conscience des nations européennes et asiatiques quant au fait que leur sécurité est liée à celle des autres.

« Il se peut que cela se soit cristallisé avec l’Ukraine, alors que le premier ministre japonais Kishida déclarait que ce qui se passe en Europe aujourd’hui pourrait se produire en Asie de l’Est demain. Lorsque la Russie s’est livrée à une nouvelle agression contre l’Ukraine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande se sont mobilisés, reconnaissant ainsi que ces défis sont liés », a déclaré Blinken lors du forum de l’OTAN.

Mais alors que la plupart des États membres de l’OTAN ont exprimé une certaine inquiétude concernant les infrastructures détenues par la Chine, deux fonctionnaires impliqués dans les discussions ont déclaré à CNN que par exemple la France a tenté de confier à l’Union européenne, qui a autorité sur d’autres questions économiques, le soin de discuter des infrastructures.

Les tensions avec la France et d’autres pays ont eu un impact sur la formulation de la déclaration, les pays faisant valoir que l’OTAN n’est pas nécessairement la structure la mieux adaptée pour défier la Chine. Cependant, de nombreux États membres continuent de craindre que Pékin n’utilise ses atouts matériels contre l’alliance à l’avenir, et ils continuent de faire pression pour que l’alliance se défende contre cette menace.

S’exprimant à Washington à la mi-juin avant le sommet, le secrétaire général sortant, Jens Stoltenberg, a déclaré que Pékin devait assumer les conséquences de son soutien à la Russie en Ukraine.

Natasha Bertrand, de CNN, a contribué au reportage.

Source : CNN, Kayla Tausche, Kylie Atwood, 11-07-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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RGT // 26.08.2024 à 10h33

Tout le monde sait pertinemment que toute décision de l’OTAN est en fait dictée par Washington et que tous les membres de l’OTAN sont totalement inféodés à l’OTAN.

Saisir les avoirs russes, chinois ou burkinabés ne dépend que du bon vouloir des USA pour leur propre profit et permet ensuite au pays qui a commis cet « acte de bravoure » de se retrouver enchaîné à son maître ad vitam æternam.

Il est étonnant qu’aucun des vassaux de l’empire n’ait décidé de nationaliser les avoirs US après la crise de 2008 alors que cette crise causée par les USA a été largement plus dommageable à ces états et à ses populations que la guerre en Ukraine causée initialement par l’ingérence US aux frontières russes.

Et comme les USA souhaitent reprendre le contrôle de la Chine pour accroître leurs profits et continuer l’exploitation de l’ensemble de la planète à leur profit (question qui n’a rien à voir avec l’Ukraine, c’est juste une excuse pour agresser un pays qui refuse de se soumettre aux injonctions US) tous les moyens sont bons pour évincer un concurrent économique qui leur fait désormais sérieusement de l’ombre.

On se croirait retourné dans le passé lors de la guerre de l’opium durant laquelle les anglais (véritables « pères » de la mentalité US ne l’oublions pas) ont agressé la Chine pour fourguer une drogue toxique qu’ils avaient strictement interdit sur leur territoire.

J’invite tous les « défenseurs de la Liberté » à se poser les principales questions suivantes :
– Qui fout le bordel sur toute la planète pour accroître ses profits ?
– Pourquoi la majorité des populations humaines désirent-elles la chute de l’occident mené par les USA ?

7 réactions et commentaires

  • julien // 26.08.2024 à 08h09

    Il est tout à fait logique et legitime qu’une nation puisse saisir les infrastructures presentes sur son territoires.
    Une fois cela dit, cela signifie que:
    – c’est legitime pour l’ensemble des nations du monde.
    – les societes etrangeres doivent savoir qu’en investissant dans ce pays, leurs investissement peuvent etre saisies. Ce sont a elles de se retourner contre leur propre nation afin d’etre indemnisées sur les avoirs de societes provenant la nation les ayant lesé.

  • RGT // 26.08.2024 à 10h33

    Tout le monde sait pertinemment que toute décision de l’OTAN est en fait dictée par Washington et que tous les membres de l’OTAN sont totalement inféodés à l’OTAN.

    Saisir les avoirs russes, chinois ou burkinabés ne dépend que du bon vouloir des USA pour leur propre profit et permet ensuite au pays qui a commis cet « acte de bravoure » de se retrouver enchaîné à son maître ad vitam æternam.

    Il est étonnant qu’aucun des vassaux de l’empire n’ait décidé de nationaliser les avoirs US après la crise de 2008 alors que cette crise causée par les USA a été largement plus dommageable à ces états et à ses populations que la guerre en Ukraine causée initialement par l’ingérence US aux frontières russes.

    Et comme les USA souhaitent reprendre le contrôle de la Chine pour accroître leurs profits et continuer l’exploitation de l’ensemble de la planète à leur profit (question qui n’a rien à voir avec l’Ukraine, c’est juste une excuse pour agresser un pays qui refuse de se soumettre aux injonctions US) tous les moyens sont bons pour évincer un concurrent économique qui leur fait désormais sérieusement de l’ombre.

    On se croirait retourné dans le passé lors de la guerre de l’opium durant laquelle les anglais (véritables « pères » de la mentalité US ne l’oublions pas) ont agressé la Chine pour fourguer une drogue toxique qu’ils avaient strictement interdit sur leur territoire.

    J’invite tous les « défenseurs de la Liberté » à se poser les principales questions suivantes :
    – Qui fout le bordel sur toute la planète pour accroître ses profits ?
    – Pourquoi la majorité des populations humaines désirent-elles la chute de l’occident mené par les USA ?

    • Grd-mère Michelle // 26.08.2024 à 14h29

      Que désire réellement « la majorité des populations humaines »?
      Bien évidemment, comme toutes les espèces vivantes, elles désirent essentiellement se maintenir, c-a-d pouvoir subsister et se reproduire…aussi longtemps que possible…
      À côté de ce désir profond et commun, peut-on considérer qu’il existe une « majorité » d’accord sur les conditions de subsistance et de reproduction, compte tenu des diverses croyances et influences qui exercent toutes sortes de tentatives de domination sur des populations peu/mal informées, et même carrément « bernées », par des « chefs »(politiques, religieux, militaires, ou « d’ entreprises ») mal-intentionnés, exploiteurs systématiques des forces de travail et d’agressivité des populations manipulées « pour leur bien »?
      Demande-t-on jamais leur avis sur ces « alliances » de « défense »(telle que l’OTAN) qui perpétuent la peur et l’inimitié, la méfiance et la rivalité, entre les êtres humains de plus en plus dépossédé-e-s de ce qui les caractérise par rapport aux autres animaux: leur liberté de penser.

  • landstrykere // 26.08.2024 à 10h37

    L’OTAN et les Etats-Unis n’ont aucune légitimité et ont tort. Point barre. Il faut bombarder aux armes nucléaires New York et Washington. Cela sauvera de nombreuses vies
    Bllinken qui ose parler d’agression alors que son pays est le plus agresseur de l’Histoire de l’Humanité.

  • quark // 26.08.2024 à 10h58

    « L’objectif, selon les responsables, est de trouver une ligne de conduite bien en amont de tout conflit potentiel », nous rapporte l’article. D’après les mesures de rétorsion projetées par ces « responsables », la ligne de conduite consiste à engager ledit conflit avant le partenaire (re)defini comme « ennemi », autrement dit à trahir des contrats. « La meilleure défense est l’attaque ». Cette « ligne de conduite » a des accents de blitz-krieg pas très neufs. Ce qui (ne) l’est (pas), c’est l’éternel retour du « péril jaune » dans l’histoire des propagandes qui bafouille ses vieilles recettes. En tout cas c’est d’une parfaite exemplarité d’application de l’éthique « concurrence libre et non faussée », ce double oxymore performatif d’une liberté de pillage, de trahison et de violence systémique, sous la Raison toujours la meilleure du prétendant le mieux placé à la puissance militaire auto-légitimante et législatrice globalement totalitaire.

  • Palef // 26.08.2024 à 11h31

     » l’ordre international fondé sur des règles « . Cette formule serait amusante si elle n’était profondément injuste. On ne parle pas de lois, mais de règles. Par qui et au profit de qui ces « règles » sont et ont-elle été édictées? Entre autres celle instaurant le $ en tant que pivot unique des échanges commerciaux internationaux. Ne serait-ce pas la remise en question de ce monopole exorbitant et la mise en place par les BRICS de mécanismes importants et efficaces pour le contrer, le vrai motif de ces inquiétudes et de ces mesures agressives?

  • Savonarole // 26.08.2024 à 18h05

    Je me demande qui va bien encore vouloir de n’importe quelle dette libélée en Euro/Dollars si ils continuent sur la voie des saisies unilateralles ?
    Pourquoi ils font tout pour que le monde se dédollarise encore plus vite ?
    Plus ça va et plus ils me font penser à ces quelques sectes qu’on à retrouvé entièrement suicidé le jours où le gourou a pété un fusible …

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