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3.juillet.20243.7.2024 // Les Crises

Les attaques de drones contre les radars nucléaires russes sont terriblement dangereuses et stupides – Theodore Postol

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Les attaques ukrainiennes contre le système d’alerte précoce russe mettent en évidence la fragilité de la paix entre les puissances nucléaires du monde.

Source : Responsible Statecraft, Theodore Postol
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le 22 mai dernier, le monde a peut-être été à deux doigts d’un accident nucléaire catastrophique à la suite d’une attaque imprudente d’un drone ukrainien contre deux radars stratégiques d’alerte préventive russes à Armavir. Heureusement, une attaque ultérieure de drones ukrainiens contre une troisième station radar à Orsk, en Russie le 26 mai, a échoué.

Ces incidents soulignent quelques points importants. Premièrement, les Ukrainiens auraient pu inutilement déclencher une crise dans laquelle les Russes, ayant l’impression que l’un de leurs moyens de défense contre une attaque nucléaire américaine était réduit à néant, auraient frappé fort en représailles. Deuxièmement, cela souligne la nécessité pour les Russes de se doter d’un radar nucléaire spatial complet.

Ce qui s’est passé et ce que cela signifie

L’attaque ukrainienne à Armavir a été très importante. Elle a immédiatement éteint les deux radars russes. Il est probable que, dans les minutes qui ont suivi l’attaque, une réunion d’urgence a eu lieu avec le commandant des forces de fusées stratégiques russes et ses officiers les plus haut placés.

Ces attaques ne doivent pas être prises à la légère, et le président Biden ainsi que le secrétaire d’État Antony Blinken doivent y accorder une attention particulière.

Même après des décennies de tentatives coûteuses de la part de la Russie pour construire un système d’alerte précoce basé dans l’espace, qui pourrait assurer une surveillance mondiale des lancements de missiles sous-marins américains, la Russie n’a pas été en mesure de rassembler les technologies de pointe extrêmement spécialisées nécessaires à la construction d’un tel système.

Pour combler en partie cette grave lacune dans les capacités d’alerte nucléaire précoce de la Russie, Vladimir Poutine lui-même a lancé et soutenu publiquement un effort national très visible pour construire un système radar d’alerte nucléaire stratégique précoce dense et performant qui utilise de nombreux radars géants (généralement d’une hauteur de 30 à 35 mètres).

Étant donné que ces radars constituent la base unique des capacités stratégiques d’alerte nucléaire précoce de la Russie, toute altération de leurs fonctions dans une situation mondiale imprévisible s’accompagne de risques très graves d’interprétations erronées des intentions qui pourraient conduire à un déclenchement massif des forces nucléaires russes.

La figure 1 ci-dessous montre une photographie satellite des deux radars d’Armavir. Le faisceau radar de ce qui est appelé « Radar Fan 1 » est orienté dans le sens inverse des aiguilles d’une montre à partir d’un angle d’environ 125° au nord. L’éventail radar 2 est orienté dans le sens des aiguilles d’une montre à partir d’un point situé à environ 125° au nord.

La figure 2 montre la couverture des deux antennes radar d’Armavir et du radar d’Orsk sur une terre sphérique. Une vue latérale d’une antenne radar est présentée dans le coin supérieur droit. La vue latérale montre une conséquence extrêmement importante du fait que la Terre est incurvée et que le faisceau radar se propage essentiellement en ligne droite. C’est pourquoi le radar ne peut pas voir les objets proches de la surface.

Par exemple, il n’est pas possible pour le radar d’observer les avions qui survolent l’Ukraine. Même les missiles ATACM lancés depuis les côtes ukrainiennes de la mer Noire, qui ne s’élèvent pas à plus de 40 km d’altitude avant de commencer à planer vers leurs cibles, ne peuvent être détectés de manière fiable par ces radars.

Les radars d’Armavir ne constituent donc pas une menace de surveillance pour les avions, les missiles de croisière, les drones ou les missiles ATACM ukrainiens. La véritable menace pour les avions et les missiles ukrainiens provient des systèmes de radars aéroportés russes qui sont étroitement liés aux systèmes de missiles sol-air russes.

Pourquoi ces radars sont-ils si importants ?

L’importance d’un système d’alerte précoce par satellite basé dans l’espace peut être facilement comprise en réexaminant la figure 2.

À titre d’illustration, imaginons qu’un missile balistique Trident soit lancé sur Moscou depuis l’océan Indien, à peu près à la même latitude que Bombay sur la côte ouest de l’Inde (20° de latitude nord). La distance jusqu’à Moscou serait d’environ 4 500 à 4 600 km.

Si le missile balistique était lancé sur une « trajectoire à énergie minimale » (avec un angle d’attaque d’environ 34°), il faudrait que le missile atteigne Moscou à la vitesse optimale de combustion la plus faible possible. Dans ce cas, le délai entre la mise à feu du missile « breakwater » et l’impact serait d’environ 21 à 22 minutes.

Toutefois, le missile Trident est conçu pour lancer ses ogives à des vitesses de combustion beaucoup plus élevées. Par exemple, il pourrait lancer sa charge nucléaire vers Moscou à une vitesse légèrement supérieure et à un angle d’envol inférieur de 25° (on parle souvent d’une trajectoire légèrement « déprimée ») et atteindre Moscou en 18 à 19 minutes.

Si un lancement vers Moscou suit une trajectoire légèrement descendante, les Russes ne sauront pas qu’ils sont attaqués pendant au moins six minutes, jusqu’à ce que les ogives et les étages supérieurs de la fusée passent dans l’éventail de recherche du radar Armavir. Si le radar Armavir ne fonctionnait pas, il faudrait huit à neuf minutes à partir de la mise à feu avant que les radars russes à Moscou n’indiquent qu’ils font l’objet d’une attaque.

Le radar de Moscou devrait observer les charges utiles des missiles en approche pendant une ou deux minutes avant d’avoir suffisamment de données pour émettre une alerte, ce qui signifie que le temps de décision maximal dont pourraient disposer les dirigeants russes serait d’environ six ou sept minutes !

On comprend donc pourquoi les Russes seraient furieux des attaques contre l’Ukraine, qui réduiraient littéralement le temps déjà limité dont ils disposent pour répondre à une attaque nucléaire.

Si les Russes disposaient d’un système d’alerte précoce basé dans l’espace, ils sauraient qu’ils sont attaqués environ 19 minutes avant que les ogives attaquantes n’arrivent et ne détruisent Moscou. Ils sauraient également immédiatement si des missiles balistiques sont lancés depuis d’autres parties du monde.

Bien que tous ces délais d’alerte soient scandaleusement courts, il est clair qu’un délai d’alerte de 19 minutes contre 8 à 9 minutes pourrait faire la différence entre forcer la Russie à s’en remettre à une décision automatisée qui pourrait conduire à la destruction accidentelle des États-Unis et de l’Europe occidentale, ou à une évaluation plus raisonnée de la part de dirigeants politiques et de commandants militaires hautement professionnels.

Tout expert dûment informé, ayant écouté attentivement les nombreuses déclarations de Poutine sur les armes nucléaires, sait qu’il a une connaissance détaillée de ce système d’alerte et de ses limites. Il a régulièrement assisté à l’inauguration de sites de radars d’alerte précoce, manifestant ainsi ouvertement ses préoccupations quant à la nécessité de disposer de systèmes d’alerte précoce adéquats et fiables.

Les Russes disposent actuellement d’un système d’alerte précoce basé dans l’espace extrêmement limité. Ce système n’observe que les champs de missiles balistiques intercontinentaux américains situés près de ses frontières septentrionales et ne peut être étendu pour assurer une couverture globale contre les missiles sous-marins américains. Il n’offre même pas une couverture 24 heures sur 24 des champs de missiles balistiques intercontinentaux américains, puisqu’il faut neuf satellites pour assurer cette couverture et que seuls quatre sont actifs à l’heure actuelle.

J’ai cherché à avertir les dirigeants du gouvernement américain de ce grave problème, qui aurait pu être résolu il y a 30 ans en « prêtant » certaines technologies aux Russes. Mes propositions consistaient à fournir aux Russes des matrices infrarouges et des composants électroniques spécialisés, qualifiés pour l’espace, qui leur permettraient de construire leurs propres systèmes.

Cette technologie ne donnerait aux Russes aucun secret militaire sensible. Les Russes n’auraient aucun moyen de faire de la « rétro-ingénierie » sur ces composants de mise en œuvre. À l’instar des puces informatiques les plus avancées, seule une vaste entreprise technique pourrait parvenir à un tel résultat.

Au lieu de reconnaître qu’il est dans l’intérêt du monde entier que la Russie et les États-Unis disposent de systèmes d’alerte précoce fiables et performants, l’administration Clinton a largement ignoré ce grave problème qui, selon moi, menace encore aujourd’hui la survie de la civilisation. Les autres administrations qui ont suivi n’ont pas fait mieux.

En définitive, ce grave danger pour la civilisation humaine, voire pour la survie de l’humanité, aurait pu être résolu par des dirigeants politiques compétents il y a près de 30 ans, dans l’intérêt du monde entier. Mais cela n’a pas été le cas, ce qui fait de l’attaque des radars une crise potentielle.

*

Theodore A. Postol est professeur émérite de science, de technologie et de politique de sécurité nationale au MIT. Il a également enseigné à Princeton et à Stanford, et a été conseiller auprès du chef des opérations navales, où il a évalué les plans de guerre nucléaire tactique et stratégique des États-Unis, les plans de guerre anti-sous-marine stratégique des États-Unis, les défenses antimissiles russes et américaines, ainsi que les systèmes de missiles balistiques à lanceur sous-marin Trident I et Trident II.

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Savonarole // 03.07.2024 à 15h01

Les USA sont quand même ceux qui sont sortis unilaterallement du traité START (en continuant à demander d’inspecter les arsenaux de missiles Russes) et du traité INF sur les missiles à porté intermédiaires (en 2019).
Jusqu’à présent les autorité Russes s’étaient interdites de developper des missiles de portée 500-5000Km … mais ça , c’était avant qu’on leur balance n’importe quoi à la tronche. Les Russes , non contents d’avoir refilé les plans du Topol M à « Rocket Man » vont en développer maintenant des missiles de portée intermédiaires.
Tiens dans la catégorie débiles profonds , vous vous souvenez que lors de la dernière « conférence pour la paix » en Suisse , un des seuls points qui a mis tout le monde d’accord c’etait de pas frapper des installations nucléaires … bah le lendemain , le poste de contrôle des radiations de la centrale de Zaporidjia a été tapé … en même temps que des drones ont été intercéptés au dessus de la centrale de Kursk (c’est pas en Ukraine).
Certains veulent juste voir le monde bruler. En plus de tous nous prendre pour des cons au passage … qu’ils se méfient ; les cons ça ose tout.

20 réactions et commentaires

  • John V. Doe // 03.07.2024 à 09h56

    A l’heure où les médias racontent n’importe quoi du moment que ça se vend, l’idée proposée par M. Postol est strictement « invendable », hélas : tous les commentateurs de l’opposition (quelle qu’elle soit) feraient chorus pour huer ce « traître don d’un secret militaire, d’une technologie vitale pour la défense nationale », aussi faux que soit cet argument.

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  • RGT // 03.07.2024 à 10h54

    De toutes façons, Theodore Postol est un traître au peuple pacifique américain et devrait être pendu sur la place publique pour « haute trahison contre l’Amérique ».

    Souvenez-vous de ses analyses concernant les attaques chimiques organisées par le Boucher de Damas dans lesquelles il prétendait (honteusement selon les autorités occidentales et l’ensemble des médias impartiaux), analyses des dégâts sur place et de la météo déformées et mensongères, que les attaques chimiques (que le Saint Occident attribuait avec véhémence au Diable Incarné Bachar El Assad dans un souci de VÉRITÉ) étaient, selon ses dires complotistes, causées par les « combattants de la Justice et de la Liberté » si chers à l’occident.

    Connaissant le sinistre historique de cet ennemi de la Démocratie, il ne faut pas s’étonner s’il continue à prôner le mensonge en faveur de la Russie-de-Poutine (qui déjà en Syrie avait combattu la Liberté défendue par l’occident Bienveillant) en racontant des bobards de propagande mensongère.

    P.S. Si un jour vous vous prenez une « bombinette » sur le coin de la figure ce sera une preuve supplémentaire que ce sinistre individu est bien un agent de Poutine dans sa lutte contre la bienveillance des dirigeants du « camp du Bien » contre le « Grand Satan ».

    La meilleure preuve : L’occident ne possède des armes nucléaires qu’à contre-cœur pour se défendre contre le camp du mal et ne les utilisera JAMAIS contre des civils innocents bien sûr.

    Et s’il possède, c’est uniquement pour se DÉFENDRE contre les envoyés de Satan qui sont bel et bien ceux qui les ont créées en premiers.

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    • Pierrot // 04.07.2024 à 02h01

      Pour rappel, c’est l’Occident qui a commencé à développer ces armes, et il reste le seul à les avoir utilisées contre des civils innocents, de façon intentionnelle, les 6 et 9 août 1945.

      S’il en dispose encore, c’est en principe pour menacer de représailles, conformément à la doctrine de la dissuasion nucléaire adoptée par les grandes puissances. Sauf que l’idée de s’en servir sur les champs de bataille revient régulièrement, et encore récemment dans le discours d’officiels américains qui, pour notre malheur, considèrent l’Europe comme un théâtre d’opération acceptable.

      Alors, à moins que votre commentaire soit juste de l’humour au second degré que je n’aurais pas comprise, on est loin de l’image d’Épinal que vous nous présentez.

      Par ailleurs, on peut être en profond désaccord avec les suggestions de Theodore Postol, mais en ce qui concerne le rôle des radars d’alerte et le raisonnement quant aux conséquences de leur attaque pour notre sécurité, il se trouve qu’il n’est pas le premier Américain à avoir publier cette analyse, et qu’il serait difficile d’accuser ceux qui l’ont devancé d’être des traîtres.

      Donc, si l’on se prend un jour « bombinette » sur le coin de la figure, il est plus probable qu’on doive en remercier des Dr. Folamour fanatisés, inconséquents et persuadés d’appartenir au camps du Bien occidental.

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      • RGT // 04.07.2024 à 12h12

        Bonjour.
        Je me suis encore très mal exprimé (hélas) et mon objectif principal était simplement de faire réfléchir les lecteurs sur le danger principal (qu’à titre personnel je place en tête des risques pour toute la vie sur terre, n’en déplaise à ceux qui considèrent que le changement climatique est le pire, désolé mais l’urgence est bel et bien des excités qui ne rêvent qu’à utiliser leurs « jouets » pour montrer à la terre entière qu’ils sont les champions incontestés du concours de quéquettes).

        Bien sûr que j’admire Theodore Postol que je considère être un lanceur d’alerte au même titre que Daniel Ellsberg, Julian Assange, Edward Snowden et bien d’autres.

        Donc prenez ce commentaire pour ce qu’il est dans l’esprit de son rédacteur, un texte à prendre au second degré et qui démontre qu’un homme censé (comme bien d’autres) prend des risques réels dénoncés par ces hommes courageux qui mettent en danger leur propre existence pour alerter la population.

        Hélas, la propagande étatique ne vaut pas mieux au sein des « Grandes démocrassies » qu’en Corée du Nord et ce sont toujours les « moins que rien », les « sans dents » et les « simples gueux » qui sont les victimes directes de « leurs dirigeants bien-aimés » et qui au final payent un prix démesuré pour ces « stratégies » dictées par des IDÉOLOGIES délirantes qui permettent aux « élites » de se maintenir au pouvoir.

        Les pires dictateurs de l’histoire en ont rêvé, les « grand dirigeants humanistes » l’on fait.

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  • cedivan // 03.07.2024 à 11h14

    Très intéressant. Sa proposition est carrément utopique, et son raisonnement est exactement celui de Klaus Fuchs. Mais il est certain que les Russes sont très nerveux et que les ukrainiens sont irresponsables sur ce coup-là, à moins qu’ils ne pratiquent la politique du pire (qui est la pire des politiques comme chacun sait).

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  • Calvez // 03.07.2024 à 11h27

    Le mieux est que les Américains préviennent les Russes dés qu’ils leur balance un Trident sur la tronche. Et en même temps, on leur sert une vodka !

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  • Savonarole // 03.07.2024 à 15h01

    Les USA sont quand même ceux qui sont sortis unilaterallement du traité START (en continuant à demander d’inspecter les arsenaux de missiles Russes) et du traité INF sur les missiles à porté intermédiaires (en 2019).
    Jusqu’à présent les autorité Russes s’étaient interdites de developper des missiles de portée 500-5000Km … mais ça , c’était avant qu’on leur balance n’importe quoi à la tronche. Les Russes , non contents d’avoir refilé les plans du Topol M à « Rocket Man » vont en développer maintenant des missiles de portée intermédiaires.
    Tiens dans la catégorie débiles profonds , vous vous souvenez que lors de la dernière « conférence pour la paix » en Suisse , un des seuls points qui a mis tout le monde d’accord c’etait de pas frapper des installations nucléaires … bah le lendemain , le poste de contrôle des radiations de la centrale de Zaporidjia a été tapé … en même temps que des drones ont été intercéptés au dessus de la centrale de Kursk (c’est pas en Ukraine).
    Certains veulent juste voir le monde bruler. En plus de tous nous prendre pour des cons au passage … qu’ils se méfient ; les cons ça ose tout.

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  • RV // 03.07.2024 à 21h21

    Que de tels équipements ne soient pas mieux défendus pour le moins m’interroge.
    Qu’un pays en guerre n’envisage pas d’être attaqué sur ses forces vives pour le moins m’interroge.
    Il ne suffit pas de crier urbi et orbi pour sa propre population que ce sont des actes terroristes, ce sont des actes de guerre.

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    • Pierrot // 04.07.2024 à 02h47

      La réponse à vos interrogations réside certainement :
      • dans l’absence d’intérêt militaire de ces radars russes pour les Ukrainiens,
      • dans leur éloignement des frontières du pays, en particulier de celles avec l’Ukraine,
      • des difficultés que semble éprouver la Russie pour intercepter ces drones, particulièrement là où on ne les attend pas.

      Quant au qualificatif de terrorisme, il semble au contraire correspondre tout à la fois à l’effet produit indirectement par les conséquences de ces destructions (menace de faire disparaître le monde dans l’apocalypse nucléaire, rien que ça !) et à la violation des normes de la guerre. Car, vous semblez l’ignorer, l’état de guerre n’autorise pas tout et n’importe quoi. La guerre a ses lois, nationales et internationales, et les violer conduit à des accusations de « crime de guerre », de « crime contre l’Humanité », ou de « terrorisme » notamment. (Si tout était permis et sans conséquence dans une guerre, alors l’Ukraine aurait été rayée de la carte depuis longtemps.)

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      • RV // 04.07.2024 à 08h20

        1-toute capacité militaire a intérêt à être détruite, ça affaibli l’adversaire.
        2-cela fait plusieurs mois que l’Ukraine attaque des cibles fort éloignées de ses frontières
        3-là je suis d’accord mais comme le rappel landstrykere // 04.07.2024 à 03h10 …/… L’Ukraine ne dispose pas des capacités satellitaires pour observer des trous possibles dans la défense russe et établir des itinéraires de vol pour les drones …/…

        4-Vos rappels sur les lois de la guerre sont hors de propos, les stations radar sont des cibles militaires et à ce titre légitimes. Les actes « terroristes » ou plutôt les crimes de guerre ce sont notamment les bombardement de populations civiles et de centrales nucléaires.

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        • Pierrot // 04.07.2024 à 10h12

          Les lois de la guerre sont essentielles, au contraire. Ce sont elles qui, jusque maintenant, ont empêché le conflit de trouver une issue radicale et dévastatrice. Elle concernent les limites admises de la barbarie contre les militaires et les civils, mais aussi la maîtrise des conséquences politiques et les règles d’engagement. Notez d’ailleurs que les Conventions de Genève antérieures à 1949 ne concernaient pas les civils.

          Tout objectif qui affaiblirait l’adversaire n’est pas forcément légitime du point de vue de ce droit.

          Le cibles militaires, logistiques et industrielles EN RAPPORT AVEC LE CONFLIT sont légitimes. Certaines cibles atteintes loin derrière les frontières russes répondaient à ce critère. D’autres, manifestement non (e.g. immeubles d’habitation abritant des civils).

          La destruction des radars d’alerte nucléaire n’affaiblit pas la Russie dans son conflit avec l’Ukraine, mais crée un danger immédiat dont la conséquence potentielle est une guerre nucléaire totale dans laquelle l’Ukraine elle-même aurait toutes les chances de disparaître. Cela serait bien pire que le bombardement de populations civiles ou de centrales nucléaires.

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          • RV // 05.07.2024 à 20h06

            Vous commencez par déformer mes propos. A aucun moment je ne dis que les lois de la guerre ne sont pas essentielles.
            Puis vous affirmez que jusqu’à maintenant leur respect a permis d’éviter le pire. Et bien non, elles n’ont pas été respectées, notamment par l’utilisation d’armes à sous munition. C’est bien plutôt les absences de réactions automatiques d’escalades face à ces transgressions qui ont permis d’éviter le pire, ce sont donc des décisions politiques.
            Vous déformez une seconde fois mes propos en affirmant que tout objectif qui affaiblirait l’adversaire n’est pas forcément légitime du point de vue de ce droit, alors que je parlais expressément de capacité militaires.
            Puis vous affirmez que la destruction des radars d’alerte nucléaire n’affaiblit pas la Russie dans son conflit avec l’Ukraine. A qui voulez vous faire croire ça ? La dissuasion nucléaire de la Russie repose sur ces radars, en détruire un certain nombre contribue à l’aveugler donc à l’affaiblir.
            Puis vous argumentez que ces destructions de radars risquent de provoquer une réaction potentiellement pire à celle que pourrait provoquer les crimes de guerre consistant en bombardement de populations civiles ou de centrales nucléaires.
            Sans doute mais là on sort du débat sur les lois de la guerre.
            Le franchissement de « lignes rouges » dans ce conflit est monnaie courante, si la Russie est amenée à estimer que sa survie est en jeu, station radar ou pas, elle pourrait entre en guerre totale, avec ou sans feu nucléaire.

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  • landstrykere // 04.07.2024 à 03h10

    Celà remonte déjà à un moment cette attaque.
    L’article est mensonger en parti, d’abord sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’une attaque ukrainienne mais américaine. L’Ukraine ne dispose pas des capacités satellitaires pour observer des trous possibles dans la défense russe et établir des itinéraires de vol pour les drones,

    Ce qu’il faut tout de même avoir en tête c’est que l’Ukraine est simplement le moyen pour les États-Unis de mener une guerre contre la Russie, une guerre de contact direct sans avoir à en subir les inconvénients, qui ne retombent que sur l’Ukraine.
    C’est déjà expliqué dans le discours de Poutine à la nation du 21 février 2022 lors du déclenchement ce l’OMS.

    L’armée américaine est à l’oeuvre le long des frontières russes, en Mer Noire, et le système satellitaire américain aussi, mais la réciproque n’est pas vrai: il n’y a pas de dispositif russe le long des frontières américaines au Mexique, ou à Cuba, oeuvrant à des actions sur le territoire américain.
    Euh,…finalement un détachement maritime russe a été expédié à Cuba. Sans ogives nucléaires cependant, dit-on.

    Un autre fait est que le développement des missiles types Sarmat était pour court-circuiter le bouclier anti-missiles américain. En gros la posture russe est que si la Russie est touchée les Etats-Unis aussi juste après.
    Si on voyage suffisamment en Russie on sait que de Moscou à Yakoutsk on reste six heures en vol au-dessus de rien: la taïga. Les Etats-Unis eux sont « tassés », des chapelets de con-urbations.
    Quand à l’Europe c’est bien pire. Cf. propos récents de Poutine en Ouzbékistan.

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    • Pierrot // 04.07.2024 à 09h06

      L’article date du 5 juin, les attaques citées remontent seulement aux 22 et 26 mai.

      Il est possible que ces dernières puissent avoir été décidées et/ou exécutées par d’autres que ceux qu’on désigne aujourd’hui. Mais pourquoi une origine ukrainienne serait-elle *forcément* un mensonge ? Le guidage d’autres attaques impliquant une aide technique américaine spécifiques (notamment contre la Crimée) semble déjà avoir été admis, par la partie russe et par des observateurs internationaux. Hormis le choix des cibles et ses implications particulières, cela ne change pas trop des opérations dont le régime ukrainien s’attribue habituellement le mérite, alors qu’on sait qu’en matière militaire, les Américains sont à la manœuvre derrière le régime de Kiev depuis plus d’une décennie (Zelensky l’avait même rappelé à la télé quand il était humoriste).

      Par ailleurs, la posture des Russe n’est pas de riposter après avoir été *touchés*, mais après avoir été *attaqués*. En gros, ils n’attendront pas que les premières missiles nucléaires aient atteint leurs villes pour lancer les leurs. D’où les dangers d’une erreur dans le processus d’alerte.

      Le fait que la majeure partie du territoire russe soit désertique ne change pas énormément la donne : les populations y sont principalement concentrées à l’ouest, sur sa partie européenne ; une situation qui rappelle celle des États-Unis, dont la grosse moitié occidentale est quasi-désertique et dont la population est principalement concentrée près des côtes et dans la partie orientale. L’Europe, par contre…

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      • landstrykere // 04.07.2024 à 23h42

        > pourquoi une origine ukrainienne serait-elle *forcément* un mensonge ?

        dit dans mon commentaire:. les ukrainiens n’ont pas les systèmes satellitaires requis pour chercher des trous dans la défense anti-aérienne russe, calculer les trajectoires et piloter les drones.

        > ils n’attendront pas que les premières missiles nucléaires aient atteint leurs villes pour lancer les leurs. D’où les dangers d’une erreur dans le processus d’alerte.

        les Etats-Unis estiment que la Russie bluffe au sujet de la mise en oeuvre du nucléaire.

        > Le fait que la majeure partie du territoire russe soit désertique ne change pas énormément la donne : les populations y sont principalement concentrées à l’ouest, sur sa partie européenne ; une situation qui rappelle celle des États-Unis, dont la grosse moitié occidentale est quasi-désertique et dont la population est principalement concentrée près des côtes et dans la partie orientale.

        vous pourriez vérifier sur une carte: la Russie européenne possède quelques centres urbains importants mais séparés par de longues distances. Entre SPb et MSK c’est 700kms, ensuite dans le sud Rostov, Volgograd.
        Les Etats-Unis possèdent une conurbation Boston-New York-Washington-Philadelphie .
        Les espacès sibériens vides et ceux du nord après Yaroslavl, celà signifie qu’il faut plus de tirs sur la Russie que sur les Etats-Unis pour la rendre invivable.

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    • Dominique65 // 05.07.2024 à 19h42

      « L’Ukraine ne dispose pas des capacités satellitaires pour observer des trous possibles dans la défense russe et établir des itinéraires de vol pour les drones »
      Tu es vraiment sûr de ça ? N’importe qui, il me semble, est capable d’entrer les coordonnées GPS dans le programme d’un drone, surtout lorsque les cibles sont fixes depuis des années et donc bien connues.
      Les ukrainiens ne sauraient donc pas faire une chose si élémentaire ?
      En tous cas, les Russes semblent avoir accepté les explications du Pentagone affirmant qu’ils n’y étaient pour rien.

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      • RV // 06.07.2024 à 09h11

        Relisez-vous !
        Les trous dans la défense russe ne sont inscrits sur aucune carte, ils dépendent notamment du déploiement à un instant « t » des moyens de défense. Les S200, 300, 400 et maintenant 500 sont des unités mobiles. Le renseignement notamment satellitaire permet le suivi de leurs positions. Les drones et autres missiles pour arriver sur leur cible doivent éviter les zones couverts par les défenses aériennes.

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        • Dominique65 // 08.07.2024 à 09h45

          C’est vrai, pardon on ne parle pas de la même chose, mais les drones ne sont-ils pas capable de se faire discrets, ou avoir « de la chance ». Ça arrive souvent des drones ou missiles qui passent les défenses ?
          Je ne crois pas Qu’on puisse affirmer à 100% que les forces alliées aient aidé les Ukrainiens sur ce coup là. Les américains n’ont vraiment pas eu l’air d’apprécier l’attaque. Et je ne vois pas l’intérêt pour eux de risquer une guerre nucléaire.

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          • Dominique65 // 08.07.2024 à 11h25

            Je rajoute que régulièrement des drones et des missiles réussissent des attaques contre la centrale nucléaire de Zaporojié qui, on l’imagine, doit être protégée par l’armée russe vu le danger que représente une destruction de celle-ci et les occurrences précédentes. Personne que je sache ne prétend que les américains sont derrière ces attaques.

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            • RV // 08.07.2024 à 17h03

              Oui, vous avez raison, le monde n’est pas noir ou blanc, il y a une infinité de nuances de gris entre les deux comme disait Boris Vian.

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