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23.janvier.201823.1.2018 // Les Crises

Les élites « n’ont plus de crédibilité » : une interview du journaliste Chris Hedges, par David North

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Source : World Socialist Web Site, David North, 06-10-2017

Lundi, le président du Comité de rédaction international du WSWS [World Socialist Web Site, organe de nouvelles et d’analyses du Comité international de la Quatrième Internationale, NdT] David North, a interviewé Chris Hedges, journaliste, auteur, conférencier et ancien correspondant du New York Times, lauréat du Prix Pulitzer. Parmi les livres les plus connus de Hedges, War is a Force That Gives Us Meaning, The Death of the Liberal Class, Empire of Illusion : the End of Literacy and the Triumph of Spectacle, Days of Destruction, Days of Revolt, qu’il a coécrit avec le dessinateur Joe Sacco, et Wages of Rebellion : Moral Imperative of Revolt.

Chris Hedges

Dans un article paru dans Truthdig le 17 septembre, Hedges fait référence à la couverture par le WSWS de la censure de Google envers les sites de gauche et met en garde contre la prolifération de « listes noires, de censure et de diffamation des dissidents en tant qu’agents étrangers de la Russie et pourvoyeurs de ‘fake news’ ».

Hedges a écrit que « le ministère de la Justice a appelé RT America et ses ‘associés’ – ce qui peut signifier des gens comme moi – à s’inscrire en vertu de la Foreign Agent Registration Act. Il ne fait aucun doute que l’État ploutocratique sait que la plupart d’entre nous ne voudrons pas s’enregistrer en tant qu’agents étrangers, ce qui signifie que nous serons bannis des ondes. Ceci, je le soupçonne, est l’intention. »

L’interview de Hedges par North a débuté par une discussion sur l’importance de la campagne anti-Russie dans les médias.

David North : Comment interprétez-vous la fixation sur la Russie et l’explication intégrale de l’élection dans le cadre de la manipulation de Poutine?

Chris Hedges : C’est aussi ridicule que les armes de destruction massive de Saddam Hussein. C’est une allégation absolument non prouvée qui est utilisée pour perpétuer une accusation très effrayante – les critiques du capitalisme d’entreprise et de l’impérialisme sont des agents de la Russie.

Je ne doute pas que les Russes ont investi du temps, de l’énergie et de l’argent pour tenter d’influencer les événements aux États-Unis de manière à servir leurs intérêts, comme nous l’avons fait et faisons en Russie et dans toutes sortes d’autres pays à travers le monde. Donc, je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’influence, ou une tentative d’influencer les événements.

Mais toute l’idée que les Russes ont influencé l’élection en faveur de Trump est absurde. C’est vraiment basé sur l’affirmation non prouvée que la Russie a donné les courriels de Podesta à WikiLeaks, et que la publication de ces courriels a fait passer des dizaines, voire des centaines de milliers de partisans de Clinton vers Trump. Cela n’a aucun sens. C’est soit cela, ou bien, selon le directeur des renseignements nationaux, RT America, dans lequel j’ai une émission, a demandé à tout le monde de voter pour le Parti des Verts.

Cette obsession de la Russie est une tactique utilisée par l’élite dirigeante, et en particulier par le Parti démocrate, pour éviter de faire face à une réalité désagréable : leur impopularité est le résultat de leurs politiques de désindustrialisation et d’agression contre les travailleurs et les travailleuses et les personnes pauvres de couleur. C’est le résultat d’accords commerciaux désastreux comme le NAFTA qui ont détruit les emplois syndiqués bien rémunérés et les ont expédiés dans des endroits comme le Mexique, où les travailleurs sans avantages sont payés 3,00 $ de l’heure. C’est le résultat de l’explosion d’un système d’incarcération massive, commencé par Bill Clinton avec le projet de loi Omnibus de 1994 sur la criminalité, et le triplement et le quadruplement des peines de prison. C’est le résultat de la réduction des services gouvernementaux essentiels, y compris, bien sûr, de l’aide sociale, que Clinton a détruit ; la déréglementation, une infrastructure en déclin, y compris les écoles publiques, et le boycott fiscal de facto par les entreprises. C’est le résultat de la transformation du pays en une oligarchie. La révolte nativiste à droite et l’insurrection avortée au sein du Parti Démocrate ont du sens quand on voit ce qu’ils ont fait au pays.

Les forces de police ont été transformées en entités quasi-militaires qui terrorisent les communautés marginales, où les gens ont été dépouillés de tous leurs droits et peuvent être fusillés en toute impunité ; en fait, plus de trois sont tués par jour. L’État tue et enferme les pauvres de couleur comme une forme de contrôle social. Ils sont tout à fait disposés à employer la même forme de contrôle social sur tout autre segment de la population qui devient rétif.

Le Parti démocrate, en particulier, conduit toute cette chasse aux sorcières Russe. Il ne peut pas reconnaître sa complicité dans la destruction de nos libertés civiles – et rappelez-vous, l’assaut de Barack Obama contre les libertés civiles a été pire que ceux perpétrées par George W. Bush – et la destruction de notre économie et de nos institutions démocratiques.

Les politiciens comme les Clinton, Pelosi et Schumer sont des créations de Wall Street. C’est pourquoi ils sont si virulents pour repousser l’aile Sanders du Parti démocrate. Sans l’argent de Wall Street, ils n’auraient pas de pouvoir politique. Le Parti démocrate ne fonctionne pas comme un parti politique. Il s’agit d’une mobilisation de masse perpétuelle et d’un service de relations publiques en hyperventilation, tout cela financé par des entreprises donatrices. La base du parti n’a pas vraiment son mot à dire dans la direction ou les politiques du parti, comme l’ont découvert Bernie Sanders et ses partisans. Ils sont des accessoires dans le théâtre politique stérile.

Ces élites de parti, consumées par la cupidité, la myopie et un profond cynisme, ont une emprise sur le processus politique. Elles ne vont pas le lâcher, même si tout implose.

DN : Chris, vous avez travaillé pour le New York Times. Quand était-ce, exactement?

CH : De 1990 à 2005.

DN : Puisque vous avez de l’expérience avec cette institution, quels changements voyez-vous? Nous avons souligné qu’il a cultivé un volant d’électeurs parmi la classe moyenne supérieure aisée.

CH : Le New York Times cible en toute connaissance 30 millions d’Américains de classe moyenne supérieure et riches. C’est un journal national ; seulement environ 11% de son lectorat est à New York. Il est très facile de voir qui le Times cherche à atteindre en regardant ses spéciales sur la maison, le style, les affaires ou les voyages. Ici, des articles expliquent la difficulté de maintenir, par exemple, une deuxième maison dans les Hamptons. Il peut faire un bon travail d’enquête, mais pas souvent. Il couvre les affaires étrangères. Mais cela reflète la pensée des élites. Je lis le Times tous les jours, peut-être pour l’équilibrer avec votre site web.

DN : Eh bien, j’espère plus que l’équilibrer.

CH : Oui, plus que l’équilibre. Le Times a toujours été une publication élitiste, mais il embrassait totalement l’idéologie du néo-conservatisme et du néolibéralisme en cette période de détresse financière, quand Abe Rosenthal était rédacteur en chef. Il était celui qui a institué les sections spéciales qui ont au service de l’élite. Et il a imposé une censure de facto pour exclure les critiques du capitalisme sans entraves et de l’impérialisme, comme Noam Chomsky ou Howard Zinn. Il a harcelé des journalistes comme Sydney Schanberg, qui a défié les promoteurs immobiliers à New York, ou Raymond Bonner, qui a rapporté le massacre El Mozote au Salvador.

Il déjeunait chaque semaine, avec son éditeur, avec William F. Buckley. Ce pivot dans les bras des forces les plus rétrogrades du capitalisme d’entreprise et les partisans de l’impérialisme américain, pendant un certain temps, a rendu le journal très rentable. Finalement, bien sûr, la montée d’Internet, la perte de petites annonces, qui représentaient environ 40% de tous les revenus des journaux, a paralysé le Times, car il a paralysé tous les journaux. Le papier journal a perdu le monopole qui reliait autrefois les vendeurs aux acheteurs. Les journaux sont piégés dans un vieux système d’information qu’ils appellent « objectivité » et « équilibre », des formules conçues pour satisfaire les puissants et les riches et obscurcir la vérité. Mais comme tous les tribunaux byzantins, le Times va se cramponner à son Saint Graal.

Les rubriques sérieuses du journal – en particulier le Book Review et la Week in Review – ont été effacées par Bill Keller, lui-même un néoconservateur, qui, en tant que chroniqueur, avait été un chauffeur de salle pour la guerre en Irak. Il a amené des personnalité comme Sam Tanenhaus. À ce moment-là, le journal embrassa, sans aucun discernement, l’idéologie utopique du néolibéralisme et la primauté du pouvoir des entreprises en tant que forme inévitable du progrès humain. Le Times, avec les écoles de commerce, les départements d’économie des universités et les experts promus par l’État corporatif, propagea l’idée absurde que nous serions tous mieux si nous faisions se prosterner tous les secteurs de la société devant les diktats du marché. Il faut une sorte de stupidité unique pour y croire. Des étudiants de la Harvard Business School ont mené des études de cas sur Enron et son brillant modèle d’entreprise, jusqu’à ce qu’Enron s’effondre et soit dénoncé comme une escroquerie gigantesque. En fin de compte, il n’était pas réellement question d’idées. Il s’agissait d’avidité pure. Il a été poussé par les personnes les mieux éduquées parmi nous, comme Larry Summers, qui expose le mensonge selon lequel notre déclin est attribuable à des niveaux d’éducation déficients. C’était dû à une élite en faillite et amorale, et aux institutions financières criminelles qui les rendent riches.

La pensée critique sur la page des commentaires, la revue de la semaine ou la revue de livre, jamais très incisive au départ, s’est évaporée sous Keller. La mondialisation était au-delà des questions. Puisque le Times, comme toutes les institutions d’élite, est une chambre d’écho hermétiquement scellée, ils ne réalisent pas à quel point ils deviennent insignifiants, ou à quel point ils sont ridicules. Thomas Friedman et David Brooks pourraient aussi bien écrire pour l’Oignon.

J’ai travaillé à l’étranger. Je n’étais pas beaucoup dans la salle de rédaction, mais le journal est un endroit très anxiogène. Les règles ne sont pas écrites sur les murs, mais tout le monde connaît, même s’ils ne l’expriment pas, la devise officieuse du journal : Ne pas s’aliéner de manière significative ceux dont nous dépendons pour l’argent et l’accès ! Vous pouvez les bousculer quelquefois. Mais si vous êtes un journaliste sérieux, comme Charlie Leduff, ou Sydney Schanberg, qui veut donner une voix aux gens qui n’ont pas de voix, et aborder les questions de race, de classe, d’exploitation capitaliste ou les crimes impérialistes, vous devenez très rapidement un problème du management et vous vous faites virer. Ceux qui s’élèvent dans l’organisation et détiennent le pouvoir sont des carriéristes consommés. Leur loyauté va leur avancement et la stature et la rentabilité de l’institution, ce qui explique pourquoi la hiérarchie du journal est remplie de telles médiocrités. Le professionnalisme est le plus grand talon d’Achille du journal. Elle ne manque pas de talent. Mais elle manque d’indépendance intellectuelle et de courage moral. Cela me rappelle Harvard.

DN : Revenons à cette question de l’histoire du piratage russe. Vous avez soulevé la possibilité de générer une histoire, qui n’a absolument aucun fondement factuel, rien que des affirmations de diverses agences de renseignement, présentées comme une évaluation qui ne fait aucun doute. Quelle est votre point de vue sur cela ?

CH : Les réseaux de diffusion commerciaux, y compris CNN et MSNBC, ne sont pas dans le business du journalisme. Ils en font à peine. Leurs correspondants célèbres sont des courtisans de l’élite. Ils spéculent et amplifient les rumeurs de cour, qui sont toutes des accusations sur la Russie, et ils répètent ce qu’on leur dit de répéter. Ils sacrifient le journalisme et la vérité pour l’audimat et les profits. Ces émissions d’informations par câble sont l’une des nombreuses sources de revenus dans une structure d’entreprise. Ils sont en concurrence avec d’autres sources de revenus. Le chef de CNN, Jeff Zucker, qui a contribué à créer le personnage fictif de Donald Trump sur « Celebrity Apprentice », a transformé la politique sur CNN en une émission de télé-réalité de 24 heures sur 24. Toute nuance, ambiguïté, sens et profondeur, ainsi que le fait vérifiable, sont sacrifiés pour un divertissement salace. Le mensonge, le racisme, la bigoterie et les théories conspiration sont mis en avant et considérés comme dignes d’intérêt, souvent adoptés par des personnes dont la seule qualité est qu’elles sont déséquilibrées. C’est une information traitée de façon burlesque.

J’étais membre de l’équipe d’enquête du New York Times pendant la période précédant la guerre en Irak. J’étais basé à Paris et couvrait al-Qaïda en Europe et au Moyen-Orient. Lewis Scooter Libby, Dick Cheney, Richard Perle et peut-être un membre d’une agence de renseignement, confirmait n’importe quelle histoire que l’administration essayait de lancer. Les règles journalistiques du Times disent que vous ne pouvez pas fonctionner avec une histoire à source unique. Mais si vous avez trois ou quatre sources soi-disant indépendantes confirmant le même récit, alors vous pouvez partir avec, c’est comme ça qu’ils ont fait. Le journal n’a enfreint aucune règle enseignée à l’école de journalisme de Columbia, mais tout ce qu’ils ont écrit était un mensonge.

L’exercice entier était grotesque. La Maison Blanche laissait échapper une histoire mensongère à Judy Miller ou Michael Gordon, puis allait dans les talk-shows pour dire, ‘comme le Times l’a rapporté…’ Cela a donné à ces mensonges le vernis de l’indépendance et du journalisme de bonne réputation. Ce fut un échec institutionnel massif, et le document n’a jamais été remis en cause.

DN : La CIA lance l’histoire, et puis le Times reçoit la validation de ceux qui la lui balancent.

CH : Ce n’est pas toujours balancé. Et pas beaucoup de cela ne venait de la CIA. La CIA ne croyait pas à l’hystérie des « armes de destruction massive ».

DN : Cela marche dans l’autre sens aussi?

CH : Bien sûr. Parce que si vous essayez d’avoir accès à un haut fonctionnaire, vous poserez constamment des demandes, et ces fonctionnaires décideront quand ils voudront vous voir. Et quand ils veulent vous voir, c’est généralement parce qu’ils ont quelque chose à vous vendre.

DN : Le récit anti-Russie des médias a été adopté par une grande partie de ce qui se présente comme la « gauche ».

CH : Eh bien, ne me lancez pas sur la gauche américaine. Tout d’abord, il n’y a pas de gauche américaine, pas de gauche qui soit dotée d’un quelconque sérieux, qui comprenne les théories politiques ou révolutionnaires, qui soit imprégnée d’études économiques, qui comprenne comment fonctionnent les systèmes de pouvoir, en particulier le pouvoir corporatif et impérial. La gauche est prise dans le même genre de culte de la personnalité qui tourmente le reste de la société. Elle se concentre sur Trump, comme si Trump était le problème central. Trump est un produit, un symptôme d’un système défaillant et d’une démocratie dysfonctionnelle, pas la maladie.

Si vous essayez de débattre avec la plupart de ceux qui sont supposés être à gauche, ils réduisent la discussion à cette vision caricaturale de la politique.

La gauche sérieuse dans ce pays a été décimée. Cela a commencé avec la suppression des mouvements radicaux sous Woodrow Wilson, puis avec les « Peurs des rouges » dans les années 1920, quand ils ont pratiquement détruit notre mouvement ouvrier et notre presse radicale, puis toutes les purges dans les années 1950. Pour faire bonne mesure, ils ont purgé la classe libérale – regardez ce qu’ils ont fait à Henry Wallace – de sorte que les « libéraux » de la guerre froide assimilent le capitalisme à la démocratie et l’impérialisme à l’indépendance et à la liberté. J’ai vécu en Suisse et en France. Il existe des restes d’un militantisme de gauche en Europe, ce qui donne aux Européens quelque chose sur quoi s’appuyer. Mais ici, nous devons presque recommencer à zéro.

J’ai lutté continuellement contre les Antifa et le Black Blocs. Je pense que ce sont comme les figures emblématiques de ce que je considère comme une immaturité politique phénoménale. La résistance n’est pas une forme de catharsis personnelle. Nous ne combattons pas la montée du fascisme dans les années 1930. Les élites corporatives que nous devons renverser détiennent déjà le pouvoir. Et à moins que nous ne construisions un vaste mouvement de résistance populaire, qui demande beaucoup d’organisation minutieuse parmi les hommes et les femmes qui travaillent, nous serons constamment réduits à néant.

Donc, Trump n’est pas le problème. Mais cette seule phrase va tuer la plupart des discussions avec des gens qui se considèrent comme faisant partie de la gauche.

L’état ploutocratique a rendu très difficile de gagner sa vie si vous tenez ferme à cette critique radicale. Vous n’obtiendrez jamais de titularisation. Vous n’obtiendrez probablement pas de rendez-vous académiques. Vous ne gagnerez pas de prix. Vous n’obtiendrez pas de subventions. Le New York Times, s’il examine votre livre, le remettra à un mandarin dévoué comme George Packer pour le saloper, comme il l’a fait avec mon dernier livre. Les écoles d’élite, et j’ai enseigné comme professeur invité dans quelques-unes d’entre elles, comme Princeton Columbia, reproduisent la structure et les objectifs des grandes entreprises. Si vous voulez même passer à travers un comité de doctorat, et encore moins un comité de titularisation, vous ne devez absolument, absolument prendre aucun risque. Vous ne devez pas contester la position favorable à l’entreprise qui imprègne l’institution et est imposée par les dons des entreprises et les diktats des anciens élèves richissimes. La moitié des membres de la plupart de ces conseils d’administration devraient être en prison !

La spéculation au XVIIème siècle en Grande-Bretagne était un crime. Les spéculateurs ont été pendus. Et aujourd’hui, ils dirigent l’économie et le pays. Ils ont utilisé la captation de la richesse pour détruire la vie intellectuelle, culturelle et artistique dans le pays et étouffer notre démocratie. Il y a un mot pour ces gens : traîtres.

DN : Qu’en est-il de l’impact que vous avez eu sur la politique identitaire en Amérique ?

CH : Eh bien, la politique identitaire définit l’immaturité de la gauche. L’État ploutocratique a adopté la politique de l’identité. Nous avons vu où la politique identitaire nous a amenés avec Barack Obama, ce qui est pire que nulle part. Il était, comme l’a dit Cornel West, une mascotte noire pour Wall Street, et maintenant il va chercher ses honoraires pour nous vendre.

Mon anecdote préférée sur la politique identitaire : Cornel West et moi-même, avec d’autres, avons dirigé une marche de sans-abris à la session de la Convention Nationale Démocratique à Philadelphie. Il y avait un événement ce soir-là. Il était rempli de centaines de personnes, pour la plupart des supporters en colère de Bernie Sanders. On m’avait demandé de venir parler. Et dans l’arrière-boutique, il y avait un groupe de jeunes militants, l’un d’eux a dit : « Nous ne laissons pas passer les blancs en premier ». Puis il s’est levé et a prononcé un discours sur la façon dont tout le monde devait voter pour Hillary Clinton. C’est en quelque sorte là où la politique sectaire vous mène. Il y a une grande différence entre les complices du capitalisme monopolistique et de l’impérialisme, comme Corey Booker et Van Jones, et les purs radicaux comme Glen Ford et Ajamu Baraka. L’État ploutocratique sélectionne et encourage soigneusement les femmes, ou les personnes de couleur, à être des masques pour sa cruauté et son exploitation.

Il est extrêmement important, évidemment, que ces voix soient entendues, mais pas celles qui se sont vendues à l’élite du pouvoir. Le mouvement féministe en est un parfait exemple. L’ancien féminisme, que j’admire, le genre de féminisme d’Andrea Dworkin, visait à autonomiser les femmes opprimées. Cette forme de féminisme n’a pas essayé de justifier la prostitution comme travail sexuel. Elle savait qu’il est tout aussi mal d’abuser d’une femme dans un atelier de misère que dans le commerce du sexe. La nouvelle forme de féminisme est un exemple du poison du néolibéralisme. Il s’agit d’avoir une femme PDG ou une femme présidente, qui, comme Hillary Clinton, servira les systèmes d’oppression. Elle pose en principe que la prostitution est une question de choix. Quelle femme, bénéficiant d’un revenu et d’une sécurité stables, choisirait de se faire violer pour gagner sa vie ? La politique d’identité est anti-politique.

DN : Je crois que vous avez parlé à une conférence de Socialist Convergence où vous avez critiqué Obama et Sanders, et vous avez été hué.

CH : Oui, je ne m’en souviens même pas. J’ai été hué en critiquant Obama dans de nombreux endroits, y compris Berkeley. J’ai dû endurer cela pendant longtemps en tant que soutien et rédacteur de discours pour Ralph Nader. Les gens ne veulent pas que l’illusion de leurs personnalités manufacturées, de leurs sauveurs politiques, soit fracassées ; personnalités créées par les industries des Relations publiques. Ils ne veulent pas faire le dur travail de vraiment comprendre comment fonctionne le pouvoir et s’organiser pour le faire basculer.

DN : Vous avez mentionné que lisez le World Socialist Web Site depuis un certain temps. Vous savez que nous sommes tout à fait en dehors de ce cadre.

CH : Je ne suis pas marxiste. Je ne suis pas un trotskyste. Mais j’aime le site. Vous signalez sérieusement des problèmes importants et d’une manière que beaucoup d’autres sites n’ont pas. Vous vous souciez de choses qui sont importantes pour moi : l’incarcération de masse, les droits et les luttes de la classe ouvrière et les crimes de l’empire. Je lis le site depuis longtemps.

DN : La plupart de ceux qui prétendent être de gauche, c’est-à-dire la pseudo-gauche, reflètent les intérêts de la classe moyenne aisée.

CH : Précisément. Quand tout le monde prônait le multiculturalisme dans les institutions dirigeantes, cela signifiait en réalité filtrer quelques personnes de couleur ou de femmes dans les départements universitaires ou les salles de rédaction, tout en menant cette attaque économique sauvage contre les travailleurs pauvres et, en particulier, les personnes de couleur déshéritées dans les poches désindustrialisées des États-Unis. Très peu de ces multiculturalistes l’ont même remarqué. Je suis pour la diversité, mais pas quand il n’y a pas de justice économique. Cornel West a été l’un des grands champions, non seulement de la tradition prophétique noire, la plus importante tradition intellectuelle de notre histoire, mais le clairon qui appelle à la justice sous toutes ses formes. Il n’y a pas de justice raciale sans justice économique. Et tandis que ces institutions d’élites ont disséminé quelques visages symboliques dans leur hiérarchie, elles ont attaqué férocement la classe ouvrière et les pauvres, en particulier les personnes de couleur pauvres.

Une grande partie de la gauche a été dupée par l’astuce de la politique identitaire. C’était un activisme de boutique. Il a gardé intact le système d’entreprise, celui que nous devons détruire. Cela lui a donné un visage amical.

DN : Le World Socialist Web Site a placé la question de l’inégalité au centre de sa couverture.

CH : C’est pourquoi je l’ai lu et je l’ai aimé.

DN : Pour en revenir à la question russe, jusqu’où est ce que vous croyez que ça va aller ? Dans quelle mesure considérez-vous comme grave cette attaque contre les droits démocratiques ? Nous appelons cela le nouveau maccarthysme. À votre avis, est-ce une analogie légitime ?

CH : Oui, bien sûr, c’est le nouveau maccarthysme. Mais reconnaissons à quel point nos voix sont presque sans importance.

DN : Je ne suis pas d’accord avec vous là-dessus.

CH : Eh bien, sans importance dans le sens où nous ne sommes pas entendus à l’intérieur du courant dominant. Quand je vais au Canada, je suis à la CBC aux heures de grande écoute. La même chose est vraie en France. Cela n’arrive jamais ici. PBS et NPR ne le feront jamais. Ils ne le feront pas non plus pour aucun autre critique sérieux du capitalisme ou de l’impérialisme.

S’il y a un débat sur l’attaque de la Syrie, par exemple, il s’agit de bombarder la Syrie ou de bombarder la Syrie et d’envoyer des troupes, comme si c’étaient les deux seules options possibles. Pareil avec les soins de santé. Avons-nous Obamacare, une création de Heritage Foundation et des industries pharmaceutique et d’assurances, ou pas de soins ? Les soins de santé universels pour tous ne sont pas discutés. Nous sommes donc en marge. Mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas dangereux. Le néolibéralisme et la mondialisation sont des idéologies zombies. Ils n’ont plus de crédibilité. L’escroquerie a été découverte. Les oligarques mondiaux sont détestés et injuriés. L’élite n’a aucun contre-argument à notre critique. Donc, ils ne peuvent plus se permettre de nous avoir dans les parages. À mesure que l’élite du pouvoir devient plus effrayée, ils vont devoir utiliser des formes de contrôle plus rigoureuses, y compris l’instrument contondant de la censure et de la violence.

DN : Je pense que ce peut être une grosse erreur de se concentrer sur le sentiment d’isolement ou de marginalisation. Je vais faire une prédiction. Vous aurez, probablement plus tôt que vous ne le pensez, plus de demandes d’interviews et de temps de télévision. Nous sommes dans une période de rupture politique colossale. Nous verrons, de plus en plus, l’émergence de la classe laborieuse en tant que force politique puissante.

CH : C’est pourquoi nous sommes une cible. Avec la banqueroute de l’idéologie dominante et la banqueroute de la classe libérale américaine et de la gauche américaine, ceux qui tiennent à la profondeur intellectuelle et à l’examen des systèmes de pouvoir, y compris l’économie, la culture et la politique, doivent être réduits au silence.

Source : World Socialist Web Site, David North, 06-10-2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Toff de Aix // 23.01.2018 à 08h20

Article lumineux d’intelligence politique et de lucidité.
Ce qui fait défaut à la gauche, c’est bien la lucidité et le courage de remettre en question la narrative officielle. Le nombre de hameçons que les élites essaient de nous faire gober ne cesse de s’allonger, que cela soit en France ou aux États-Unis : mariage pour tous, antifa, #balancetonporc, Trump le grand méchant et Obama le gros gentil, ça en devient plus que caricatural tellement c’est grossier. Ça évite bien de parler des vrais problèmes..

J’ai parfois l’impression qu’on nous prend vraiment pour des demeurés. Ainsi l’autre jour j’écoutais je ne sais plus quelle chaîne mainstream, et j’entends cette évidence : »l’économie US va beaucoup mieux, la croissance est à 3%,le chômage à baissé de façon continue à 8%, tous les indicateurs sont au beau fixe ». Et de se braquer ensuite sur Trump, et d’aborder nonchalamment le « shutdown » juste après… Dites moi que je rêve ? Les gens sont-ils à ce point lobotomisés qu’ils gobent ce genre de contradiction sans broncher ?

-de la même manière sur le soi disant « piratage russe » des élections, mais au fond pour faire simple, quel intérêt aurait eu Poutine, de favoriser l’élection de Trump ? Quand on examine les faits, qu’ils soient politiques ou géopolitiques ça n’a absolument aucun sens ! Le seul intérêt, c’est que le clan Clinton voulait la guerre avec la Russie ! On devrait donc accuser ce grand méchant Trump (qui n’est pas fin reconnaissons-le, mais qui est tellement commode comme bouc émissaire !) de tous les maux ? Alors que c’est grâce à son élection que l’Europe n’est pas encore un champ de ruines radioactives aujourd’hui ?

Le Trump-bashing comme ils disent, est partout, ça permet sans doute à Obama et à ses prédécesseurs de s’exonérer de leur fantastique bilan ? Un moyen Orient à feu et à sang, l’Irak, la lybie, détruits… La syrie en miettes, les assassinats extra judiciaires par milliers, l’incarcération de masse, guantanamo, le recul de toutes les libertés fondamentales au profit d’une surveillance généralisée, et d’une industrie de l’incarcération florissante…. C’est Trump, aussi tout ça?

Quelque part cet aveuglement volontaire est absolument pathologique. On constate le même chez nous et chez nos médias : decodex, fakes news et autres hashtag à la con qui sont sensés faire de nous « une grande démocratie », qui dans le même temps continue de sous payer les femmes de 20% à travail égal, envoie ses crs tabasser les jeunes qui réclament plus de justice sociale, fait la guerre en Syrie de la main droite en finançant et armant des « rebelles modérés » de la main gauche, et pour servir la soupe à ÇA, une presse aux ORDRES, qui légitime tout, absolument tout, maquille et truque la vérité à un tel point qu’elle finit par croire à ses propres mensonges !

Nous n’avons que ce que nous méritons : ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.

56 réactions et commentaires

  • Fabrice // 23.01.2018 à 06h42

    Il y a tellement à dire sur ce post comment croire que le pays de la liberté en soit tombé à classifier les opposants au régime en tant que agent étranger ?

    La comparaison avec la chasse aux communistes lors de la guerre froide est assez impressionnante et tout aussi aveugle, certes Chris Hedge n’y va pas avec le dos de la cuillère et ses propos reflètent sa rancune envers un système qui plus d’une fois le conspua (et même plus) mais que personne ne s’oppose à cette classification est impressionnant. Souhaitons que personne ne cherche ici à franchir cette étape car certains y ajouteraient dans leur zèle la déchéance de nationalité.

      +32

    Alerter
    • Fritz // 23.01.2018 à 08h00

      Pour « lutter contre les Fake News » et contrer la « propagande russe », bientôt un « Foreign Agents Registration Act » en France ? Ne parlez pas trop fort, les godillots de Macron en seraient capables. Pour éviter la fermeture de ce blog, Olivier Berruyer serait sommé de s’enregistrer comme agent étranger, et bien d’autres avec lui…

      Pour mémoire, le Foreign Agents Registration Act (FARA) date de 1938, comme le Comité de la Chambre sur les activités non-américaines (HUAC) : bien avant l’émergence du sénateur McCarthy.

      https://en.wikipedia.org/wiki/Foreign_Agents_Registration_Act

        +19

      Alerter
  • Daniel MENUET // 23.01.2018 à 07h35

    <>
    Cette phrase résume bien la problématique des banques trop grosses pour couler qui imposent leur agenda à tous les gouvernements occidentaux (pour ne pas qu’on découvre qu’elles sont en faillite !)
    Le krach financier approchant, le seul moyen au peuple de s’en sortir est d’éliminer les traîtres en leur coupant la tête. La séparation bancaire stricte suivant les critères du Glass Steagall Act permet de faire cela. Ainsi on peut gérer la banqueroute des financiers proprement en utilisant la procédure normale de liquidation judiciaire (ni Bail-in, ni Bail-out).

      +12

    Alerter
    • Chris // 23.01.2018 à 18h58

      Ou encore promouvoir « Monnaie Pleine »
      Référendum inscrit dans l’agenda des Suisses en 2018.
      Kezako ?

      « Quand tu leur expliques que leurs avoirs monétaires NE SONT PAS en sécurité dans une banque commerciale au coin de la rue et,
      Que le seul moyen d’exercer une véritable démocratie, c’est non seulement de voter pour les projets communs, mais aussi, et surtout, de posséder les moyens de les financer, alors là, ils tendent les DEUX oreilles ! »
      https://www.youtube.com/watch?time_continue=7&v=112H4g1n2-w

      Un conférence de François de Siebenthal, un des promoteurs de cette initiative : https://www.youtube.com/watch?v=uKkuaULKBj4
      Longuet mais instructif.

        +4

      Alerter
  • Fritz // 23.01.2018 à 07h44

    Toute ressemblance entre le New York Times et un quotidien français de révérence, etc.

    Avec Chris Hedges, avec le site wsws.org, la « gauche sérieuse » n’est certes pas morte. De ce côté-ci de l’Atlantique, cette gauche se fait traiter de « complotiste », « rouge-brune », et les sympathies du show-biz (terme plus approprié que « les médias ») vont à la gauche-guignol interprétée avec maestria par Bernard-Henri Botul.

    « L’affirmation non prouvée que la Russie a donné les courriels de Podesta à WikiLeaks, et que la publication de ces courriels a fait passer des dizaines, voire des centaines de milliers de partisans de Clinton vers Trump » : en notre province de l’Empire atlantiste, cette affirmation n’est même pas formulée. Il suffit de dire « ingérence russe », comme une vérité reçue, une rubrique d’information, et le tour est joué.

      +32

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    • Chris // 23.01.2018 à 19h06

      Lu dans le Figaro :
      50’000 faux-comptes Twitter ont influencé les élections US
      Soit 0,016% des comptes.
      J’ai tellement ri que je me suis pissé parmi.
      Mais toujours pas de nouvelles sur l’avancement de l’enquête du procureur Mueller, sensé prouver l’ingérence russe :
      https://www.zerohedge.com/news/2018-01-18/explosive-shocking-and-alarming-fisa-memo-set-rock-dc-end-mueller-investigation
      Traduction FR chez S…r
      « Un mémo de quatre pages détaillant les abus commis par les tribunaux de la FISA [la loi dite Foreign Intelligence Surveillance Act] a été mis à la disposition de tous les députés de la Chambre des représentants, ce jeudi (18 janv.).
      Selon la journaliste Sara Carter, le contenu du mémo est si explosif qu’il pourrait mener à la destitution de hauts fonctionnaires du FBI et du ministère de la Justice et mettre fin à l’enquête menée par Robert Mueller.
      Les documents du FBI et de la FISA sont dévastateurs pour les démocrates. Toute l’image d’un bienveillant Barack Obama qu’ils ont tenté de dépeindre de façon malhonnête est sur le point d’être détruite. Le vrai Obama, le narcissique vengeur, va être exposé à la vue de tous »

      J’avoue avoir signé la pétition… juste pour le plaisir !

        +10

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  • Georges Clounaud // 23.01.2018 à 08h12

    « Les élites corporatives que nous devons renverser détiennent déjà le pouvoir. Et à moins que nous ne construisions un vaste mouvement de résistance populaire, qui demande beaucoup d’organisation minutieuse parmi les hommes et les femmes qui travaillent, nous serons constamment réduits à néant. »

    Illustration :
    Hier notre cher président recevait au château de Versailles et à huis-clos 140 chefs d’entreprises parmi lesquels Sheryl Sandberg, la numéro 2 de Facebook, Sundar Pichai, le PDG de Google, Lloyd Blankfein (Goldman Sachs), Jamie Dimon (JPMorgan)… »Objectif : leur vendre l’Hexagone comme « le lieu où il faut être », selon l’expression d’un conseiller du chef de l’Etat » (source, l’organe officiel du pouvoir : http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/01/22/emmanuel-macron-se-pose-en-heraut-du-france-is-back_5244997_823448.html ).

    On connait le sens du symbole de notre président jupitérien. Le choix de Versailles pour proposer la vente à la découpe de notre pays aux multinationales est tout sauf anodin.
    Il fut un temps où nos ancêtres sans-culottes surent également s’en saisir. J’espère simplement que leurs descendants, les sans-dents, sauront bientôt s’en rappeler et se montrer dignes de leurs aïeux.

      +50

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    • Georges Clounaud // 23.01.2018 à 08h34

      Christophe Guilluy fait le même constat que Chris Hedges dans « le Crépuscule de la France d’en haut. Guilluy » insiste sur le fait que cette France d’en haut est numériquement minoritaire et donc que sa chute est inévitable.
      Le seul problème c’est qu’elle le sait, d’où cette offensive caractérisée contre toute forme d’opposition qui pourrait se créer et qui sera tout de suite taxée de conspirationniste, passéiste, fasciste ou raciste. Pour cela elle peut s’appuyer sur une presse alignée qui remplit cette mission avec zèle.
      Et pour se maintenir au pouvoir elle utilisera également toujours cette ancestrale stratégie du diviser pour mieux régner. L’antagonisme France Insoumise vs Front national l’illustre parfaitement.
      Amis sans dents, nous avons du pain sur la planche…

        +41

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  • Toff de Aix // 23.01.2018 à 08h20

    Article lumineux d’intelligence politique et de lucidité.
    Ce qui fait défaut à la gauche, c’est bien la lucidité et le courage de remettre en question la narrative officielle. Le nombre de hameçons que les élites essaient de nous faire gober ne cesse de s’allonger, que cela soit en France ou aux États-Unis : mariage pour tous, antifa, #balancetonporc, Trump le grand méchant et Obama le gros gentil, ça en devient plus que caricatural tellement c’est grossier. Ça évite bien de parler des vrais problèmes..

    J’ai parfois l’impression qu’on nous prend vraiment pour des demeurés. Ainsi l’autre jour j’écoutais je ne sais plus quelle chaîne mainstream, et j’entends cette évidence : »l’économie US va beaucoup mieux, la croissance est à 3%,le chômage à baissé de façon continue à 8%, tous les indicateurs sont au beau fixe ». Et de se braquer ensuite sur Trump, et d’aborder nonchalamment le « shutdown » juste après… Dites moi que je rêve ? Les gens sont-ils à ce point lobotomisés qu’ils gobent ce genre de contradiction sans broncher ?

    -de la même manière sur le soi disant « piratage russe » des élections, mais au fond pour faire simple, quel intérêt aurait eu Poutine, de favoriser l’élection de Trump ? Quand on examine les faits, qu’ils soient politiques ou géopolitiques ça n’a absolument aucun sens ! Le seul intérêt, c’est que le clan Clinton voulait la guerre avec la Russie ! On devrait donc accuser ce grand méchant Trump (qui n’est pas fin reconnaissons-le, mais qui est tellement commode comme bouc émissaire !) de tous les maux ? Alors que c’est grâce à son élection que l’Europe n’est pas encore un champ de ruines radioactives aujourd’hui ?

    Le Trump-bashing comme ils disent, est partout, ça permet sans doute à Obama et à ses prédécesseurs de s’exonérer de leur fantastique bilan ? Un moyen Orient à feu et à sang, l’Irak, la lybie, détruits… La syrie en miettes, les assassinats extra judiciaires par milliers, l’incarcération de masse, guantanamo, le recul de toutes les libertés fondamentales au profit d’une surveillance généralisée, et d’une industrie de l’incarcération florissante…. C’est Trump, aussi tout ça?

    Quelque part cet aveuglement volontaire est absolument pathologique. On constate le même chez nous et chez nos médias : decodex, fakes news et autres hashtag à la con qui sont sensés faire de nous « une grande démocratie », qui dans le même temps continue de sous payer les femmes de 20% à travail égal, envoie ses crs tabasser les jeunes qui réclament plus de justice sociale, fait la guerre en Syrie de la main droite en finançant et armant des « rebelles modérés » de la main gauche, et pour servir la soupe à ÇA, une presse aux ORDRES, qui légitime tout, absolument tout, maquille et truque la vérité à un tel point qu’elle finit par croire à ses propres mensonges !

    Nous n’avons que ce que nous méritons : ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.

      +99

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    • Un_passant // 23.01.2018 à 11h25

      Le problème, c’est qu’il y a des électeurs pour penser que si des gens sont candidats à des rôles politiques, c’est forcément qu’ils ont les compétences pour ou des compétences spéciales qui les distinguent de la plèbe. C’est peut-être vrai au sens politique, complètement faux en sens compréhension des réalités triviales, économiques ou géopolitiques au sens large.
      Les candidats ne sont que des carriéristes, cooptés, de la « science » politique, que l’on retrouve aussi bien dans la politique que, comme par hasard, dans le marketing (j’ai travaillé dans ce milieu, on n’imagine pas le nombre d’étudiants venant de science po et assimilés qui finissent comme consultants/cadres dans les sociétés de publicité).
      Les politiciens ne sont que manipulateurs de foules, pas des gens compétents en terme de stratégie géopolitique ou économique. Et ce qui devient très grave, c’est que les experts dont ils s’entourent sont cooptés par le système bancaire occidental (quand ils ne le sont pas eux-mêmes).

        +27

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    • Galvan // 24.01.2018 à 23h38

      @Toff, je suis d’accord avec votre résumé, a une exception prêt : La première partie de votre dernière phrase.
      Nous n’avons pas ce que nous méritons, nous avons ce qui a été rendu possible par une propagande intense auquel tous sont soumis : Radios, TV, Journaux, tous aux ordres de l’oligarchie …
      Il m’arrive souvent de penser au peuple Allemand pendant les années 30. Lorsque j’étais jeune et que j’étudiais l’histoire de cette époque à l’école, nous pensions que les Allemands étaient vraiment crédules pour avoir cru à la propagande outrancière faite par Goebbels. Il était évident pour nous que nous aurions, à leur place, évidemment douté de ce qui était asséné par les services de propagande du IIIeme Reich.
      Je me dis aujourd’hui, qu’il n’en est rien et la plupart de mes concitoyens, comme la plupart du peuple allemand de l’époque, « gobent » ce flux de propagande de la même manière. C’est pour cela que des sites comme les Crises sont si importants.
      Je vous rejoins cependant sur la dernière partie de votre dernière phrase : Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux (il me semble que c’est de La Boétie).

      Que ceux qui sont éveillés fassent le travail de véritable information qui permettra à tous de ce lever. A n’en pas douter, le mouvement à largement démarré, car la focalisation des pouvoirs en place contre les soit-disant « fake news » est bien le signe révélateur qu’ils commencent sérieusement à prendre peur de voir s’éveiller le peuple.

        +3

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    • svl // 25.01.2018 à 15h25

      Comme disait Arthur Miller

      « Imagine if we knew the truth… »

      Tout comme le choque que certains pourraient avoir en connaissant la premiere menace nationale des pays developper pris en considération par les agences de la sécurité intérieur…

        +0

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  • Ellilou // 23.01.2018 à 08h40

    « Quand je vais au Canada, je suis à la CBC aux heures de grande écoute. La même chose est vraie en France.  »
    Je n’ai jamais ni vu ni entendu Monsieur Hedges (et c’est bien dommage) dans aucun « média de la bourgeoisie » à une heure de grande écoute. Si quelqu’un plus au fait pouvait me renseigner?

      +17

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  • Pinouille // 23.01.2018 à 09h07

    Les infos du jours:
    « Le dernier rapport de l’Oxfam indique que 82% des richesses produites cette année ont profité aux 1% les plus riches. Passons maintenant à la météo… »

      +29

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  • Louis Robert // 23.01.2018 à 09h31

    Voici un Américain qui, connaissant de première main ce dont il traite, ne se berce pas d’illusions sur l’Empire, ce qu’il fut et ce qu’il est devenu. Depuis des années, avec un courage et une justesse exceptionnels qui ne se démentent pas, Hedges éclaire constamment le panorama impérial d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Hedges… un vrai dur.

    Il en faudrait quelques-uns, [Modéré], en France. C’est urgent, très urgent même, qu’ils apparaissent au grand jour.

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  • Ben // 23.01.2018 à 09h52

    Le constat de ruine de la pensée politique dans le soi-disant camp de la gauche aux USA est à prendre avec le plus grand sérieux tant il est vrai que c’est le destin qui nous attend en Europe si rien ne vient contrarier les plans des dominants. Hedges mentionne le fait qu’il existe encore une culture de lutte sociale en Europe, qui fut également très vivace aux États Unis avant de disparaitre. Ce processus est à l’œuvre en Europe, à un stade déjà bien avancé. Il fait une description assez lucide des mécanismes qui nous entraînent vers l’anéantissement de la pensée critique de gauche. La bêtise de la culture dominante post-gauchiste (genre NPA) alliée à la corruption la plus désinvolte des propagandistes de tous bords (journalistes, universitaires, et leurs relais qui quadrillent toute la société) ne nous laissent pas beaucoup d’espoir pour les 10 ou 20 ans qui viennent. Chris Hedges est un type sérieux dans un monde qui ne l’est pas.

      +23

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    • Un_passant // 23.01.2018 à 11h35

      En même temps, le compromis social posé après guerre était réaliste et raisonnable, la gauche socio-communiste a demandé à avoir plus, au prix d’un endettement massif des sociétés occidentales.

      C’est l’aspect le plus grave et le plus contradictoire de la gauche : avoir demandé du social au prix d’un endettement de l’Etat après la crise pétrolière, quand tout le monde aurait gagné à faire quelques sacrifices pendant deux ou trois ans, le temps d’absorber le choc, sans endettement et donc sans versement de dividendes à des banques. C’est particulièrement aberrant en France quand on sait que l’essentiel de la dette est détenue par des pays étrangers, des banques, des compagnies d’assurance et des fonds de pensions.

      Bref on paye des impôts pour EUX, au lieu d’avoir préservé un Etat sans dette et donc garder l’argent des impôts, pour NOUS. Je ne pardonnerai jamais ça à la gauche. La droite est dans son rôle. Mais la gauche… elle s’est montrée le meilleur allié du néolibéralisme.

        +13

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      • Genevieve B 30 // 23.01.2018 à 14h35

        Ce n’est pas la demande de social de la gauche qui a provoqué notre dette mais la droite au pouvoir qui a décidé que l’Etat devait emprunter auprès des banques à X % et non à la Banque de France à 0%, ceci en 1973, puis cela a été entériné par le traité de Maastricht etc… Pourquoi ? Parce que l’inflation de l’époque appauvrissait les banques en faisant fondre leurs actifs. Il fallait leur trouver une compensation! Le prétexte affiché était d’imaginer que cela freinerait l’Etat dans ses dépenses « excessives » (c’est bien connu!)
        Certains économistes ont calculé que sans les intérêts la dette s’établirait entre 400 et 600 milliards environ.
        Je vous invite à lire les excellents livres de André Jacques Holbecq et Philippe Derruder « La dtte, une affaire rentable ».

          +19

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        • Un_passant // 23.01.2018 à 17h23

          Pas seulement. Jospin pouvait réduire la dette; des décisions que je qualifierais d’irresponsables l’on amené à vendre les autoroutes et à détourner la « cagnotte » au profit de promesses sociales démagogiques au lieu de la consacrer au désendettement. Les lois Mitterrand sur l’âge de la retraite et tout un tas de décisions politiques au profit des fonctionnaires étaient annonciatrices d’une catastrophe de la dette que la gauche a tout à la fois refusé d’admettre et de voir alors qu’elle finançait tout ça, sans le dire, via la dévaluation du franc.
          C’est une honte et ça me révolte profondément ce mensonge de la gauche que de refuser d’admettre ces actions en sous-mains de promesses sociales réalisées en cumulant la dévaluation du franc, qui était intenable à long terme et de compatibilité hors bilan ajoutées à des prévisions de croissance systématiquement surévaluées. Venant de la droite, qu’ils nous vendent aux banquiers, pas étonnant, mais de la gauche, c’est de la trahison.

            +7

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        • Brigitte // 24.01.2018 à 10h58

          Genevieve B 30, comme 30 glorieuses?
          Les pays européens avaient le vent d’ouest en poupe après la guerre grâce aux prêts à taux zéro accordés par les banques américaines (le fameux plan Marshall), prélude à la construction du marché européen. Les intérêts étaient alors en nature, l’obligation d’acheter des produits américains. Un prêté pour un rendu.
          L’état français n’a jamais été libre depuis la guerre et la Banque de France est devenue une officine de la banque mondiale et des investisseurs étrangers. Dès lors, les banques privées n’ont eu aucune difficulté à s’imposer avec la complicité de nos dirigeants, quelque soient leur étiquette politique. Pompidou et Giscard étaient conseillés par des banquiers privés dont Rothschild et l’un deux (Olivier Wormser) a été nommé à la tête de la Banque de France en 1969.
          Aujourd’hui les intérêts représentent la majorité de la dette depuis cette période, favorisant l’investissement privé et étranger au détriment du public.
          Les investisseurs étrangers sont toujours rentrés en France comme dans du beurre, nos dirigeants politiques et gros industriels préférant l’argent du beurre au beurre.

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          Alerter
          • Genevieve B 30 // 27.01.2018 à 11h43

            D’accord avec vous.
            30, comme le département du Gard tout simplement….

              +0

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      • blue di Mary // 23.01.2018 à 14h58

        c’est Pompidou banquier Roltschild qui a fait que nous sommes endettés auprés des banques ,crise du pétrole en 1973 . giscard en 1974 jusqu’à 1981 .Ou avez vous vu la gauche au pouvoir et quand ?que je rigole.

          +11

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        • Un_passant // 23.01.2018 à 17h27

          Mitterrand et Jospin, voir ma réponse ci dessus à Genevieve.

            +4

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      • Un_passant // 23.01.2018 à 17h32

        Maintenant, soyons d’accord, c’est relativement marginal en comparaison du hold-up bancaire mondial amorcé à partir de 1971 avec la déconstruction de toutes les structures régulatrices autour de Bretton Woods et du Glass-Steagall Act. L’Europe s’est, à mes yeux, royalement fait avoir par les USA, pire, elle a soutenu aveuglément.

        Mais la génération 68 (dans sa dimension mondiale -occidentale- )était-elle vraiment prête à freiner sa frénésie consommatrice, j’en doute.

          +8

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  • Crapaud Rouge // 23.01.2018 à 10h14

    Le titre est alléchant, le contenu décevant. Trop long, trop lié aux US et trop factuel. La « crédibilité » est une question subtile et complexe qui échappe en grande partie aux faits puisqu’elle se situe au niveau du discours. Or, à ce niveau, le système est encore, et malheureusement, crédible aux yeux du plus grand nombre. Je préfère de loin la thèse dite de la « post-vérité » : le système est assez « fort » pour imposer n’importe quel mensonge comme vérité, (crédible ou pas), et pour faire condamner n’importe quelle vérité adverse comme mensonge. Sa stratégie est d’imposer « le fait de dire quelque chose », (vérité ou pas), comme plus déterminant que le fait de dire une vérité ou un mensonge. C’est cela qu’il importe d’observer, pas la question de savoir si les élites sont crédibles ou pas.

      +8

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    • Toff de Aix // 23.01.2018 à 11h08

      Je pense qu’au contraire tout est lié : avant de pouvoir déconstruire le dispositif médiatique et son discours, il faut être capable d’en reconnaître les biais. Vous en êtes capable certes mais est-ce le cas de beaucoup de monde autour de vous ? Combien de personnes aujourd’hui consomment l’info comme ils consomment de la malbouffe ? Je vous renvoie à cet article de Viktor Dedaj sur LGS, qui a mon sens resume bien le problème : il faut d’abord se rendre compte qu’on est malade avant d’aborder le traitement.

      https://www.legrandsoir.info/medias-et-information-il-est-temps-de-tourner-la-page.html

      Je vous concède que pour en arriver là il faut le vouloir, et surtout ça risque d’être très difficile pour une grande majorité de monde ici-bas, vu la capacité de concentration du français moyen en chute libre depuis quelques années (grâce à Facebook, la télé et tutti quanti, ceci expliquant sans doute cela..)

      Mais quand même la je trouve qu’avoir une vision directe de la situation aux States, permet de voir ce qui nous attend, au travers de nombreuses similitudes entre leur glissement historique vers une ploutocratie et le notre, qui est en retard par rapport à eux. Du coup pour moi, je le trouve très pertinent

        +21

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      • Crapaud Rouge // 23.01.2018 à 13h53

        Vous trouvez le présent billet pertinent parce qu’il « permet de voir ce qui nous attend » : et bien non, justement, il est trompeur à cet égard, car, ce qui nous attend, ce n’est pas plus ou moins de mensonge ou de vérité, (comme il existe de la bouffe plus ou moins saine), mais un état où mensonge et vérité seront devenus indifférents. C’est même déjà le cas avec les leitmotivs du système, (« Poutine est un dictateur », « les Russes ont envahi la Crimée », « je suis Charlie », etc.), qui sont autant de propositions invérifiables et finalement sans importance, mais qui doivent servir à exprimer son allégeance au système.

          +5

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        • Opp’s // 23.01.2018 à 22h54

          « un état où mensonge et vérité seront devenus indifférents »
          Très bien vu !

            +0

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      • Francil // 25.01.2018 à 08h37

        @Toff de Aix – Merci pour cet article de Dedaj, c’est un bijou.

          +0

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    • Le Rouméliote // 23.01.2018 à 11h44

      Votre remarque est judicieuse, notamment le « trop factuel ». Ce qui devrait être une qualité essentiel du raisonnement (se fonder sur des faits observés, analysés et donc démontrés) devient une purge. Ce que vous décrivez comme thèse dite de la « post-vérité » a déjà été expérimentée dans les pays de l’Est des années 1960-1980… avec le succès que l’on sait !

        +1

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      • Crapaud Rouge // 23.01.2018 à 14h04

        Oui, le système prend le chemin des pays communistes mais par d’autres chemins, si l’on ose dire. La liberté d’expression reste « sacrée », et tellement « sacrée » du reste qu’il ne faudrait surtout pas la compromettre en laissant dire n’importe quoi. Mais des tas de gens, sachant très bien ce qu’on ne peut pas laisser dire, vont se faire un plaisir et un devoir de régler la circulation des idées comme celle des bagnoles à un carrefour.

          +5

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        • Opp’s // 23.01.2018 à 22h58

          « La liberté d’expression reste “sacrée”, et tellement “sacrée” du reste qu’il ne faudrait surtout pas la compromettre en laissant dire n’importe quoi. »
          Vous êtes en forme !

            +1

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  • christian gedeon // 23.01.2018 à 11h13

    Le constat est implacable..et évident. J’apprécie particulièrement que M. Hedges,en dépit de ses flèches acérées,fasse preuve d’un équilibre et d’une objectivité tout à fait remarquables,sans dogmatisme.Mais comme je suis un éternel optimiste,je dirais que le combat des « élites  » pour le contrôle et la manipulation des informations est à la fois pathétique et d’arrière garde. Et l’affolement que l’on peut constater chez elles,à travers des mesures franchement risibles,traduisent bien leur crainte et leur désarroi face à l’inéluctable,à savoir la victoire prévisible ,non de la transparence,mot qui m’horripile,mais bien plus simplement de la vérité des faits semée de ci de là,et qui commence à germer. Attention toutefois à la tentation du noir et blanc. les manipulateurs ne sont pas que d’un seul côté,loin s’en faut.

      +5

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  • jules vallés // 23.01.2018 à 11h38

    @Toff de Aix

    « J’ai parfois l’impression qu’on nous prend vraiment pour des demeurés. Ainsi l’autre jour j’écoutais je ne sais plus quelle chaîne mainstream, »

    Voilà le cœur du problème, on n’apprend strictement rien de nouveau sur ce genre de chaîne, sinon des noms et dates différents , et le principe reste le même : nous prendre donc nous confirmer pour des demeurés…
    Comme pour le tabac ou toute forme d’addiction, une seule solution: le SEVRAGE, et vite aller respirer de l’air pur!

      +6

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    • Toff de Aix // 24.01.2018 à 07h46

      Je vous rassure je suis sevré depuis longtemps (plus de télé/radio) mais de temps en temps, visitant la famille ou les amis je tombe forcément sur ces saloperies… Plus sérieusement j’essaie toujours de m’informer sur leur « actu », ça me maintient en forme, ça me permet de repérer les ruptures narratives et autres contradictions -et donc d’approfondir quand j’en trouve, en allant chercher ailleurs !

        +2

      Alerter
    • christian gedeon // 24.01.2018 à 09h32

      Je ne sais pas bien si je suis d’accord avec vous.Une dose raisonnable de mainstream me paraît nécessaire,ne serait que pour savoir ce qui se passe dans la tête de ceux qui leur donnent des instructions. Mon père,ce héros au sourire si doux (que voulez vous j’adore Hugo) me disait lis tout ce qui te tombe sous la main,ou plus précisément les yeux,et je pense que fondamentalement,il avait raison. la vérité va parfois se nicher dans des endroits invraisemblables,non?

        +1

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  • Le Rouméliote // 23.01.2018 à 11h40

    Rien à redire sur cet excellent article. Juste un point : le terme « élites » est inapproprié, il faut parler des « castes dirigeantes », car aujourd’hui les vraies élites sont dispersées un peu partout dans la société, un peu en haute et beaucoup en bas et au milieu !

      +16

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  • Emmanuel // 23.01.2018 à 11h56

    Chris Hedges met les points sur les « i ». No comment …

      +3

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  • jm // 23.01.2018 à 14h36

    Hedges n’interroge pas ce qui me semble être la vraie question, qui est plutôt que c’est l’élitisme (comprendre ceci comme : quelques uns portés aux “sommets” par quelques rouages bien balisés d’un système de promotion sociale et ayant acquis ainsi le droit de décider de tout et parler de tout par magistères de la sagesse et de la connaissance affirmés tels quels).
    que c’est l’élitisme qui a perdu sa légitimité.

    Ainsi, ceux qui prétendent remplacer les élites “libérales” comme dit “fainéant-ment” Hedges par d’autres élites qui seraient “mieux” et plus vertueuses font fausse route et sont hors de ce peuple qui remet en question l’élitisme en soi, sont de cette caste arc boutée sur l’élitisme, et ne font qu’entretenir au final le diktat de quelques uns promus par un système supposé réellement méritocratique et détecteur promoteur d’élites vraies alors que dans les faits…
    FAss, NPol, JSap, etc, sont de ceux là, par habitus, par dogme aussi, par ici le dogme républicain particulièrement.

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  • SARTON Bernard // 23.01.2018 à 18h25

    Le système capitaliste est très malade d’où ces phénomènes de grande corruption permanente . Les élus aux Etats-Unis comme en France n’ont plus aucune crédibilité dans les masses populaires qui se sont retirées pour l’instant du jeu politique . Le seul facteur d’espoir révolutionnaire c’est la nouvelle génération qui est bloqué dans ses choix d’avenir , c’est aussi la réussite économique et sociale à venir du grand peuple chinois dont les dirigeants luttent activement contre la corruption qui gangrène leur projet socialiste . Sur terre rien n’est facile avec une bourgeoisie rapace et sanguinaire , mais la lutte de classes est le seul facteur progressiste pour faire évoluer une société . L’histoire est toujours en mouvement avec son lot de drames et de réussites . Nous sommes dans une phase de déclin accéléré du système capitaliste avec la mondialisation financière qui détruit la valeur du travail et de la monnaie . Quel est le peuple qui va allumer la révolte contre cette mondialisation qui nous mène au chaos ??? Dans plusieurs endroits de la planète cela peut arriver dans peu de temps !!!!!!

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    • Un_passant // 23.01.2018 à 20h31

      Les révolutions changent les dirigeants plus que les systèmes et si on regarde l’histoire, en général, le système de remplacement, si nouveau système il y a, est généralement, au moins pour quelques années, pire, le temps que ceux qui avaient avantageusement placé leurs billes sentent qu’ils peuvent dégager les révolutionnaires. Et le peuple ne gouverne jamais.

      En fait, dit autrement, les révolutions ne font jamais que changer ceux qui bénéficient des impôts; et ça n’est pas le peuple.

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      • Louis Robert // 23.01.2018 à 22h24

        Passant, la révolution chinoise « a énormément contribué à la réduction de la pauvreté dans le monde. Au cours de ces 30 dernières années, plus de 700 millions de Chinois ont franchi le seuil de la pauvreté. Selon le rapport 2015 sur les objectifs du Millénaire pour le développement de l’ONU, la proportion de la population chinoise vivant dans une pauvreté extrême est tombée à 4,2% en 2014, contre 61% en 1990, avec le nombre de Chinois qui sont sortis de la pauvreté représentant 70% du total du monde. Selon un bilan établi à la fin de 2015, la Chine compte encore 55,75 millions de personnes vivant dans la pauvreté. Le pays envisage de faire sortir tous ces habitants de la pauvreté d’ici 2020. »

        Bien sûr, ces centaines de millions de Chinois ne sont en aucune façon « le peuple » chinois… Mais enfin, n’allez pas leur seriner que « les révolutions ne font jamais que changer ceux qui bénéficient des impôts; et ça n’est pas le peuple ». Ils vous riront cruellement au nez et vous serez vexé.

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        • Un_passant // 24.01.2018 à 10h20

          Sauf que concernant la Chine, on peut parler de deux révolutions. La première, la véritable révolution, la communiste, c’est celle qui a conduit à la famine (comme en URSS, les mêmes causes produisant les mêmes effets).

          La nouvelle « révolution » est terriblement capitaliste, n’a rien d’une révolution au sens populaire du terme (c’est une réorientation stratégique décidée par le Parti) et profite d’abord et tout particulièrement aux membres du dit parti (tous -ou presque- les milliardaires chinois sont liés au Parti).

          Quand je parle de révolution, je parle des révoltes populaires. Uniquement.

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          • Louis Robert // 24.01.2018 à 14h00

            Oui, on PEUT en effet parler de deux “révolutions” et l’on ne se prive pas de le faire en Occident, pour des raisons évidentes.

            Mais en fait il n’y a eu qu’une révolution, proclamée triomphante en 1949 par Mao Zedong, et qui se poursuit aujourd’hui à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Enfumage et coloris ne font pas les révolutions. Tout n’est pas révolution, hélas… quels que soient les efforts dérisoires déployés inlassablement, mais bien en vain, pour nous convaincre du contraire. Pour qui ose parfois réfléchir et analyser, les mots ont encore un sens, que la Novlangue n’est pas parvenue à abolir.

            Il est sain, donc conseillé, de quitter l’Occident, de se libérer du carcan idéologique impérial, pour apprendre du reste de l’humanité… établi à +/- 85%.

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            • Un_passant // 24.01.2018 à 15h06

              Je ne peux pas vous suivre sur l’idée que la situation actuelle serait la suite logique de 1949 (ou peut-être est-ce un malentendu).

              Le changement de paradigme en Chine est lié aux changements idéologiques feutrés mais réels en Chine qui n’ont plus rien à voir avec le communisme de 1949. Le véritable changement dont l’Occident n’a pas compris et réalisé la portée, il s’est manifesté au travers des événements de Tian’anmen et la Chute du Mur de Berlin.

              L’Occident voudrait croire que c’est une victoire de « l’Occident libre » (tousse), c’est en réalité la chute du communisme sous le poids de ses propres contradictions. Le Parti chinois est bien plus subtil que nous, il a compris qu’il devait s’adapter ou disparaître, ça a donné un cocktail détonant qui mélange la logique qui prévalait avec le New Deal, associé à la méthode japonaise de modernisation, sans sacrifier le Parti; au contraire quitte à capitaliser, autant se servir en premier. Un mot : révolution? Non, deux : Real Politk.

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            • Louis Robert // 24.01.2018 à 15h54

              @passant

              Précision historique ignorée, donc rarement entendue ici (euphémisme) — À l’origine, une question fondamentale débattue âprement par les communistes fut de savoir: 1. socialisme/communisme sans transition capitaliste, ou 2. socialisme/communisme avec étape capitaliste, parfaitement inhumaine mais obligée? Aucun précédent n’indiquait vers où se diriger.

              L’URSS opta pour 1, la Chine a opté pour 2. Nous en sommes là. À suivre…

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          • SB // 25.01.2018 à 11h44

            La subtilité de la pensée chinoise est permise par celle de sa langue.
            Jusque dans les années 90, la traduction chinoise littérale de communisme » était : « produire en commun »
            A partir des années 90, c’est devenu « produire pour tous »
            Pour un occidental, prisonnier de son cadre linguistique et sémantique, il y a opposition entre communisme et capitalisme.
            Pour un chinois, l’idéogramme n’a pas changé, seulement son interprétation.
            Pour plus de détails, voir Cyrille Javary « 100 mots pour comprendre les chinois »

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      • Brigitte // 24.01.2018 à 09h48

        Oui, je suis plutôt d’accord. Le pouvoir du « peuple » est toujours confisqué dès qu’il veut s’en emparer. Néanmoins, il y a des concessions faites à chaque crise du système, parfois dans le bon sens et nous en bénéficions. Il ne faut rien lâcher comme on dit!

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        • Louis Robert // 24.01.2018 à 14h17

          Brigitte, une crise n’est pas une révolution. Les miettes de pain, c’est bien, certes, et les petits oiseaux s’en contentent. Mais la baguette vaut infiniment mieux, qui nous permet à tout le moins de survivre un temps.

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  • astap66 // 23.01.2018 à 22h12

    Sur le site histoire et société, de Danielle Bleitrach,il faut absolument lire l’article :
    « En Corée du nord, les victimes du « régime » ont la vie dure… et les médias européens la mémoire courte… ».

    Elle rappelle comment les journaux « sérieux » de la presse française, comme :
    – Le Figaro :http://www.lefigaro.fr/international/2013/08/29/01003-20130829ARTFIG00403-l-ex-petite-amie-de-kim-jong-un-aurait-ete-executee.php
    -20 MInutes :http://www.20minutes.fr/monde/1234073-20131009-20131009-coree-nord-lex-kim-jong-un-bien-ete-executee-a-cause-dune-sex-tape
    -slate :http://www.slate.fr/monde/77032/kim-jong-un-fusille-ex-petite-amie
    – le point :http://www.lepoint.fr/monde/coree-du-nord-le-top-5-des-executions-de-kim-jong-un-13-05-2015-1928213_24.php

    Ont annoncé l’exécution de la supposée ex compagne du leader nord coréen Kim Jong-un …qui est mystérieusement réapparue dans la délégation nord coréenne venue à Séoul discuter l’organisation des jeux olympiques.
    Vous avez dit fake news ?

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  • Krystyna Hawrot // 24.01.2018 à 00h10

    La Révolution française a bien changé quelque chose… la possibilité pour chacun de se vouloir libre. Sinon nous ne serions pas en train de discuter sur le site d’un journal en ligne… Nous ne saurions pas ni lire ni écrire et nous ne saurions meme pas ce que c’est que d’avoir une opinion! Donc les révolutions sont nécessaires… On aimerait de nos jours, comme nous tenons à nos chères vies, ne croyant plus dans l’au de là, en payer un prix moins élevé qu’avant… En gros virer la bourgeoisie mondiale parasitaire de façon pacifique et la mettre au RSA dans un deux pièce. Mais plus le temps passe, plus les griefs s »accumulent et les frustrations et plus la révolution va être violente… Autant travailler à ce qu’elle soit un succès…

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    • christian gedeon // 24.01.2018 à 09h47

      Ah çà,elle a changé bien des choses en effet…ramené le statut de la femme à l’état d’inexistante,saigné le pays à blanc,donné aux bourgeois les biens dits nationaux(le plus grand hold up qu’ait connu la France),lancé le pays dans une série de guerres sans fin…,et last but not least ,contribué plus que largement à créer le gross deutscland qui nous mis une patée en 1870,a massacré une génération de français en 14/18,nous a remis une pâtée en 1940 et nous dirige aujourd’hui…y a pas à dire,quelle réussite! Il aurait mieux valu garder le bon Louis XVI,pas méchant pour un sou,et s’épargner toutes ces misères. Voilà,c’est dit,et Vive le Roi!Ah,j’oubliais,cette « révolution  » est aussi la première intervention américaine dans nos affaires intérieures,n’est ce pas? C’est fou comme tout le monde oublie ce petit détail…

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    • vert-de-taire // 24.01.2018 à 21h10

      La révolution française a mis la bourgeoisie au pouvoir.
      La direction du bon plaisir d’un seul (et/ou d’une aristocratie) est passée au bon plaisir des riches.
      Robespierre (et qqs autres) a en vain tenté d’empêcher cette prédation qu’il avait parfaitement identifiée.

      Ensuite la bourgeoisie s’est haussée du col en générant une sous-classe ‘super-bourgeoise’.
      Cette classe bourgeoise et la sous-classe ultra-riche coopèrent plus ou moins (plutot plus) bien maintenant pour asservir les sans-capital – la classe ouvrière (ouvriers-employés- ..).

      Faire une révolution ? alors vite car le capitalisme n’a plus bcp de temps avant de virer fasciste et/ou de générer des bouleversements comme des guerres.
      De partout les gens ont compris que ce qu’ils appellent la démocratie (la dictature neolibérale) ne peut plus durer vu les ‘crises’ (l’effondrement systémique) …
      La micro-croissance actuelle est un tout petit sursis …

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      • Christian Gedeon // 26.01.2018 à 13h37

        Robespierre et son compère Marat étaient des fous sanguinaires…copains comme cochons avec le Fouquier Tinville. la brave Charlotte a mis fin à la vie du deuxieme et le peuple revenu à la raison à la vie des deux autres. Mais le mal était fait,hélas,préparant la voie à la mainmise de la haute bougeoisie sur le pays déchire et plus tard à la mainmise de l’Allemagne,comme à la sinistre révolution russe(si peu) mijotée dans le cabinet du Kaiser.

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  • rolland // 24.01.2018 à 03h21

    Le sentiment que le pire arrive est bien là.
    Quelle tristesse de savoir qui plus est, que nous sommes et serons entièrement responsables de ce qui arrive et arrivera.
    Il faut que les peuples comprennent enfin, qu’ils doivent se prendre en mains.
    Sans ça et puisque nous ne savons toujours pas nous organiser autrement qu’avec des dirigeants pilleurs d’états, nous sommes voués à un esclavagisme moderne qui se met doucement en place et qui va être rendu irréversible grâce à l’explosion de la science et de la technique.
    Ce sera donc une première et une dernière en même temps, dans l’Histoire de l’humanité !

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  • Brigitte // 24.01.2018 à 09h14

    Si Chris Hedges est à la gauche américaine ce que Frederic Lordon est à la gauche française, la verve littéraire en moins, l’oligarchie peut dormir tranquille. Je ne dis pas qu’il ne dit rien, bien au contraire, mais avec les moyens de communication actuels, virtuels et à longue portée, ça n’atteint pas la cible qui elle, est proche.
    Je crois que les réseaux sociaux et internet sont les pires ennemis de la révolte populaire organisée. Cela peut provoquer, ça et la, des « pétages de plomb » et de petits feux d’artifices mais jamais de quoi menacer le vrai pouvoir en place.
    Pourquoi? parce que ça créé un effet tampon, dans le sens de buvard, qui absorbe la révolte en diluant l’acmé de la colère. En anglais on appellerait ça du « social blotting » , technique de transfert bien connue en biologie. Ce n’est pas sans rappeler non plus le transfert en psychanalyse, qui permet de canaliser les émotions primaires.
    Et d’ailleurs, s’il devait y avoir un risque, il serait vite éliminé puisque c’est l’oligarchie qui contrôle les moyens de communications de masse.
    Pourtant, on dit que les réseaux sociaux ont été à l’origine des printemps arabes et qu’ils alimentent le terrorisme islamiste. Pour diffuser une propagande, oui c’est efficace mais pas pour organiser une révolte. Ne pas confondre réseaux sociaux et téléphone portable. Le téléphone arabe n’est pas né d’aujourd’hui. Si vous aviez mis des portables entre les mains des révolutionnaires de 1848, ils les auraient utilisés mais la révolte, elle, était déjà là.

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