Les États-Unis demandent à leurs alliés de réduire les exportations de puces vers la Chine

Washington demande au Japon, à la Corée du Sud et aux Pays-Bas de réduire la fourniture d’outils et de technologies.

Source : Financial Times, Demetri Sevastopulo
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un spécialiste démonte un smartphone Huawei au Canada © Bloomberg

Les États-Unis poussent leurs alliés européens et asiatiques à renforcer les restrictions sur les exportations de technologies et d’outils liés aux puces vers la Chine, alors que le développement de semi-conducteurs avancés par Huawei suscite de plus en plus d’inquiétudes.

Washington souhaite que le Japon, la Corée du Sud et les Pays-Bas utilisent les contrôles à l’exportation existants de manière plus agressive, notamment en empêchant les ingénieurs de leurs pays de réparer les outils de fabrication de puces dans les usines de semi-conducteurs de pointe en Chine, selon cinq personnes au fait de ces conversations.

En 2022, l’administration Biden a mis en place des mesures radicales de contrôle des exportations, dont l’interdiction pour les US persons (ressortissants et entreprises américains) d’apporter un soutien direct ou indirect à certaines usines de fabrication de puces avancées en Chine. Mais il existe beaucoup moins de restrictions empêchant les groupes chinois d’embaucher des ingénieurs des pays alliés.

« Pour rendre les contrôles plus efficaces à l’égard de la Chine et mettre l’industrie américaine sur un pied d’égalité, les alliés doivent interdire à leurs entreprises de fournir des services qui soutiennent la production de circuits intégrés avancés à nœuds [Une connexion à nœud est à résistance nulle, NdT] en Chine », a déclaré Kevin Wolf, expert en matière de contrôle des exportations au cabinet d’avocats Akin Gump.

Les États-Unis s’inquiètent de plus en plus de la vitesse à laquelle les groupes chinois développent des puces avancées malgré les contrôles américains plus stricts.

Lorsque la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo, s’est rendue en Chine l’année dernière, Huawei a lancé le Mate 60 Pro, un téléphone doté d’une puce avancée qui a surpris les experts en contrôle des exportations du gouvernement américain.

Washington souhaite également que les alliés rendent plus difficile le contournement des restrictions américaines par la Chine. Ils souhaitent notamment que les entreprises de pays tiers aient plus de mal à fournir à la Chine des articles contenant des technologies produites au Japon, en Corée du Sud ou aux Pays-Bas.

Les États-Unis utilisent un outil étendu appelé « Foreign Direct Product Rule » [Règle sur les produits étrangers directs, NdT] pour cibler Huawei. Cette règle permet au ministère du Commerce d’empêcher des entreprises non américaines de fournir à l’entreprise des articles contenant de la technologie américaine, même si celle-ci est fabriquée en dehors des États-Unis. Mais les alliés n’ont pas mis en œuvre de mesures qui auraient un impact similaire.

Une personne au fait de la situation a déclaré que les États-Unis ne demandaient pas aux alliés de créer de nouveaux mécanismes sur le modèle du Foreign Direct Product Rule (FDPR), mais qu’ils souhaitaient simplement qu’ils utilisent les régimes de contrôle des exportations existants pour s’attaquer au problème.

La Maison Blanche et le ministère du Commerce se sont refusés à tout commentaire. Le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie et le gouvernement néerlandais se sont également abstenus de tout commentaire.

Le ministère sud-coréen de l’Industrie, du Commerce et de l’Énergie a déclaré qu’il n’était « pas au courant » d’une quelconque demande américaine visant à renforcer ses contrôles à l’exportation.

La réaction des alliés n’est pas encore claire. Ils ont renforcé les contrôles sur les exportations de technologies liées aux puces après les contrôles américains de 2022. Certaines entreprises asiatiques sont frustrées par le fait que les États-Unis continuent de laisser certaines de leurs entreprises, telles que Qualcomm, fournir des puces à Huawei, alors que Washington fait pression sur ses alliés.

Selon l’une des personnes impliquées, certains responsables de pays alliés ont également fait valoir que la présence d’ingénieurs au sein des groupes chinois était nécessaire pour les aider à surveiller l’activité locale.

L’année dernière, le Japon a imposé des restrictions sur 23 types d’outils de fabrication de puces. À l’époque, les autorités japonaises avaient déclaré que ces restrictions allaient plus loin que celles imposées par les États-Unis, puisque les exportateurs devaient obtenir des licences pour toutes les régions, ce qui conférait au ministère du Commerce un droit de regard très étendu. Toutefois, certains fonctionnaires ont déclaré qu’il y avait un manque de transparence quant à la sévérité réelle du Japon dans la mise en œuvre des contrôles à l’exportation.

De nombreuses entreprises japonaises ont rompu leurs liens avec Huawei, mais le groupe chinois reste membre du Keidanren, le groupe de pression commercial le plus influent du pays.

Valdis Dombrovskis, commissaire européen au Commerce, a déclaré au Financial Times que l’Union européenne hésiterait à empêcher les ressortissants européens de travailler en Chine. « Ce sujet sur les talents est une question plus fondamentale de liberté personnelle. C’est un domaine dans lequel nous devons avancer très prudemment », a déclaré Dombrovskis.

Source : Financial Times, Demetri Sevastopulo – 25-04-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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