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22.octobre.202422.10.2024 // Les Crises

Les États-Unis restent silencieux quand plus de 100 pays soutiennent le Secrétaire général de l’ONU face à Israël

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Les nations du monde entier soutiennent le Secrétaire général de l’ONU, Guterres alors qu’Israël l’a déclaré « persona non grata. »

Source : Truthout, Jake Johnson, CommonDreams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, assiste à l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) au siège des Nations Unies le 24 septembre 2024 à New York.
Spencer Platt/Getty Images

Les États-Unis ne font pas partie des plus de cent États membres des Nations Unies qui ont signé une nouvelle lettre pour soutenir le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, alors que le ministre israélien des Affaires étrangères d’Israël l’a déclaré « persona non grata » et lui a interdit d’entrer dans le pays.

La lettre, dont le Chili est le fer de lance, affirme que l’attaque d’Israël contre António Guterres « compromettrait la capacité de l’ONU à remplir son mandat, à savoir la médiation des conflits et les opérations d’aide humanitaire. »

« Au Moyen-Orient, cela pourrait retarder davantage encore la fin de toutes les hostilités et une évolution crédible vers la solution à deux États, qui verrait l’État de Palestine et Israël vivre côte à côte dans la paix et la sécurité », poursuit la lettre. « Nous réaffirmons notre soutien total et notre confiance indéfectible envers le Secrétaire général et son travail. »

Parmi les signataires de la lettre, on compte la France, la Chine, le Liban, l’Iran, la Suède, la Suisse, la Finlande, le Brésil et l’Union africaine. En revanche, les pays qui ont fourni des armes à Israël au cours de son assaut d’un an contre Gaza, notamment les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et le Canada, sont les grands absents de la liste.

Au début de ce mois, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a décrété une interdiction d’entrée en Israël pour Guterres, accusant à tort le chef de l’ONU de ne pas avoir condamné le tir de missiles balistiques de l’Iran et l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023. Katz a réitéré sa position dimanche, écrivant sur les médias sociaux que « Guterres peut continuer à chercher le soutien des États membres de l’ONU, mais cette décision ne changera pas. »

Guterres, qui n’a cessé de plaider en faveur d’un accord de cessez-le-feu dans la région et de critiquer l’incapacité des États-Unis à faire pression sur leur allié, n’a pas répondu directement à la déclaration du ministre israélien des Affaires étrangères, mais un de ses porte-paroles a déclaré qu’il s’agissait d’une « nouvelle attaque du gouvernement israélien à l’encontre du personnel des Nations unies. »

La lettre de soutien à Guterres a été envoyée après que les forces israéliennes ont tiré à plusieurs reprises sur les soldats de la paix de l’ONU stationnés au Liban, blessant au moins quatre d’entre eux. Guterres a qualifié ces attaques « d’intolérables. »

Samedi 12 octobre, des dizaines de pays, qui participent à la Force intérimaire de maintien de la paix des Nations unies au Liban (FINUL), ont publié une déclaration commune condamnant « les récentes attaques contre les soldats de la paix de la FINUL » et appellent à une enquête internationale concernant l’attaque israélienne de la semaine dernière.

« Nous exhortons les parties prenantes du conflit à respecter la présence de la FINUL, ce qui implique l’obligation de garantir la sûreté et la sécurité de son personnel à tout moment, afin qu’il puisse continuer à mettre en œuvre son mandat et poursuivre son travail de médiation et de soutien en faveur de la paix et de la stabilité au Liban et dans l’ensemble de la région », précise la déclaration.

Les États-Unis ne sont pas partie prenante de la FINUL. Dans un communiqué publié jeudi, l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré que l’administration Biden était « vivement préoccupée quant aux informations indiquant que les forces israéliennes ont tiré sur des positions et une tour des soldats de la paix de la FINUL au Liban. »

En réponse, Jameel Jaffer, directeur du Knight First Amendment Institute à l’université de Columbia, a écrit : « On ne peut plus croire que l’administration Biden soit “préoccupée” par quoi que ce soit – le meurtre de milliers de civils, la prise pour cibles de journalistes, de travailleurs humanitaires et de soldats de la paix. »

« Quelles sont les preuves réelles de cette prétendue inquiétude ? » a-t-il demandé.

*

Jake Johnson est rédacteur pour Common Dreams. Suivez-le sur Twitter : @johnsonjakep.

Source : Truthout, Jake Johnson, CommonDreams, 13-10-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Tartampion-Duchmol // 23.10.2024 à 00h48

Sur mon blog Onfoncedanslemur, j’ai résumé l’histoire de la création d’Israël des années 1880 à 1939. Je ne mets pas le lien pour ne pas être censuré, mais c’est facile à trouver, et intéressant car le billet contient plein de liens vers Wikipédia qui donne plus de détails.

14 réactions et commentaires

  • DVA // 22.10.2024 à 11h13

    Les États-Unis restent silencieux quand plus de 100 pays soutiennent le Secrétaire général de l’ONU face à Israël…tandis qu’autant de ses 100 pays (voir plus) sont d’accord avec l’agenda bien différent des BRICS and co…wait and see !

  • RV // 22.10.2024 à 12h20

    193 États membres de l’ONU, plus de 100 signataires, le silence des États non signataires en dit long sur le degré de pourrissement de ce début de XXIe siècle.

  • Fritz // 22.10.2024 à 12h24

    Et pour une fois qu’Emmanuel Macron a dit une vérité : l’État israélien a été proclamé sur la base d’un vote de l’ONU, le 29 novembre 1947, les médias lui sont tombés dessus. Mais cela reste une vérité, et le mépris haineux du régime de Tel Aviv pour les Nations unies et tout simplement ignoble.

    Ce régime se croit tout permis, comme une petite frappe de banlieue.

    • cedivan // 22.10.2024 à 15h31

      En fait c’est une condition nécessaire mais pas suffisante. Ce qui est reproché à Macron, c’est de réduire la création d’Israël à cette résolution sans mentionner tout ce qu’il y a eu avant et notamment la déclaration Balfour puis le mandat de la SDN donné aux britanniques qui ont laissé s’installer des juifs sur cette terre (ils arrivaient dejà fin XIX pour fuir les persécutions russes). Bref, comme d’habitude, c’est compliqué et les dirigeants d’Israël savent très bien appuyer là où ça fait mal. La résolution vient couronner un long processus.

      • Fritz // 22.10.2024 à 17h25

        Les persécutions de l’empire russe, certes, commises aussi par des Ukrainiens et des Polonais. Ajoutons que les Anglais ont amputé la Palestine en en détachant la Transjordanie (la Jordanie actuelle), et que les drames du Moyen-Orient découlent directement du pacte de brigandage impérialiste appelé diplomatiquement « Accords Sykes-Picot ».

        La France et l’Angleterre en sont les grands responsables.

      • Fritz // 22.10.2024 à 17h39

        Une explication simple et convaincante d’Aymeric Caron :
        https://www.youtube.com/watch?v=HCso-Hn5pxE

        L’Occident s’est déchargé sur les Palestiniens de ses fautes à l’égard des Juifs.

      • Tartampion-Duchmol // 23.10.2024 à 00h29

        @cedivan : vous parlez en fait de l’immigration des juifs en Palestine, de son peuplement donc, avec installation de migrants qui constituent en quelque sorte le « corps » d’Israël. Mais l’Etat, lui, repose exclusivement sur la résolution 181, car c’est un Etat spécifique réservé aux juifs, avec des frontières spécifiques.

        • Gracques // 23.10.2024 à 08h53

          L ONU à donné sa légitimité juridique à l existence de l état d Israël….c est peu en terme de rapport de force militaire, c est essentiel pour espérer vivre à peu près en paix.

  • Bouddha Vert // 22.10.2024 à 12h49

    Factuel, sans ambiguïté, l’ONU n’a désormais qu’à bien se tenir, et les idées qui l’ont accompagné avec.
    Ce monde en perpétuel changement se débarrasse lentement des oripeaux d’un mortel XXème siècle avec des armes encore plus abominables et le développement d’un monde libertarien, individualiste…celui du toujours plus.
    Il n’y a plus de plan sinon celui du bien contre le mal.
    Restons cependant optimiste car il nous reste la Terre, son cortège de merveilleuses plantes et animaux, le bleu du ciel et les nuages pour désoiffer un monde qui sans cesse, s’invente avec les outils du possible, c’est le cadre et il est beau.

  • Koui // 22.10.2024 à 13h15

    Macron a marqué un point en signant cette lettre de soutien à l’ONU. Cela n’excuse pas l’obstruction qu’il pratique par ailleurs au conseil de sécurité contre toute résolution visant à mettre fin aux massacres et à permettre la création d’un état palestinien dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés en 1967.

    • La Mola // 22.10.2024 à 13h54

      Macron fait et dit tout et son contraire, à l’intérieur comme à l’international

      il a complètement décrédibilisé la voix de la France, et il ne faut pas imaginer que ça n’aura pas de conséquences à moyen/long terme pour nous tous

      en tant que « young leader » formaté par les US, il est profondément « atlantiste » – cette idéologie qui place au-dessus de tout l’extrême libéralisme, les racismes vis à vis de tout ce qui n’est pas anglo-germanique, les agressions militaires directes ou par proxy – et autres guerres « éternelles » de par le monde, les désinformations propagandistes et autres révisionnismes « en marche » : Palestine et Liban, Chine, Iran ou Ukraine en sont les exemples les plus contemporains

      ça ne peut que contribuer au désastre planétaire qui s’annonce, hélas !

  • Tartampion-Duchmol // 23.10.2024 à 00h48

    Sur mon blog Onfoncedanslemur, j’ai résumé l’histoire de la création d’Israël des années 1880 à 1939. Je ne mets pas le lien pour ne pas être censuré, mais c’est facile à trouver, et intéressant car le billet contient plein de liens vers Wikipédia qui donne plus de détails.

    • julien // 23.10.2024 à 07h42

      Ravissant billet qui se conclut par:
      « Dans tout ce que les Israéliens et les Occidentaux font et disent depuis les années 1920, il n’y a strictement rien qui puisse changer l’opinion de fond des Palestiniens. C’est pourquoi, à moins d’un miracle, le conflit ne prendra fin qu’avec l’achèvement du génocide en cours. »

      En résumé:
      « Le génocide, c’est mal mais il n’y a pas le choix. »
      Ce bon vieux TINA…

    • RV // 24.10.2024 à 09h33

      Un autre résumé . . .
      « En l’honneur de la vérité, de la mémoire et de la justice »
      Le discours qui suit a été prononcé le 8 novembre 2022 par le Dr. Salman Abu Sitta, à l’Université d’Edimbourg.

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