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11.février.202511.2.2025 // Les Crises

Les grandes compagnies pétrolières ont dépensé 445 millions de dollars pour peser sur les élections américaines

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En avril, le président Donald Trump avait demandé aux grandes compagnies pétrolières de dépenser un milliard de dollars pour l’aider à remporter les élections de 2024.

Source : Chris Walker, Truthout
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le président Donald Trump s’adresse à 5000 entrepreneurs au complexe pétrochimique Shell Chemicals, le 13 août 2019, à Monaca, en Pennsylvanie. Jeff Swensen / Getty Images

Un nouveau rapport détaille comment les dirigeants des énergies fossiles ont aidé à financer la victoire électorale du président Donald Trump en 2024, en dépensant des millions de dollars pour influencer le scrutin en sa faveur.

Le rapport de Climate Power, un groupe progressiste qui se consacre à « gagner la politique du climat », suggère que les dons de Big Oil à Trump – associés aux centaines de millions de dollars dépensés pour le lobbying auprès du Congrès au cours de l’année écoulée – augmenteront considérablement les profits de l’industrie.

« L’influence financière totale de Big Oil au cours de ce cycle électoral s’élève au montant stupéfiant de 445 millions de dollars » indique le rapport, notant que les industries pétrolières et gazières ont également fait des dons à des groupes « d’argent noir » en faveur des Républicains et de Trump, ce qui rend « presque impossible de comprendre toute l’étendue de leur impact » au cours de l’année écoulée.

Parmi les fonds révélés, 96 millions de dollars ont été versés directement à la campagne présidentielle de Trump. Cela représente environ un dixième du montant que Trump a demandé aux dirigeants des grandes compagnies pétrolières lors d’une réunion secrète organisée dans sa propriété de Mar-a-Lago en avril, au cours de laquelle il les a suppliés de donner un milliard de dollars à sa campagne et s’est engagé à mettre en œuvre des politiques visant à accroître leurs profits en retour.

Les compagnies pétrolières et gazières ont consacré 80 millions de dollars supplémentaires à la publicité en faveur de Trump et des Républicains, ou à des publicités positives pour l’industrie pendant le cycle électoral. Enfin, 243 millions de dollars ont été consacrés à des activités de lobbying auprès des membres du Congrès l’année dernière, selon le rapport de Climate Power.

L’investissement de ces entreprises est « susceptible de leur rapporter des dividendes » suggère le rapport, sous la forme d’une déréglementation des industries et de nouveaux permis de forage, parmi d’autres mesures de l’administration.

« Alors que Trump a prétendu de manière trompeuse qu’il déclarait une « urgence » pour produire plus d’énergie et réduire les coûts, ses premières actions visent en fait à écraser certaines des réserves d’énergie les plus abondantes de l’Amérique – parce que son programme est axé sur la maximisation des profits de l’industrie pétrolière plutôt que sur la production d’énergie américaine » indique le rapport. « Le seul moyen pour les États-Unis de devenir véritablement une superpuissance énergétique mondiale est de se libérer de l’emprise de Big Oil et d’investir dans les énergies propres de l’avenir. »

Au cours de sa première semaine au pouvoir, Trump a déjà publié de nombreux décrets qui favorisent l’industrie des combustibles fossiles, notamment :

  • La déclaration d’une « urgence nationale » en matière d’énergie, visant à augmenter la production nationale d’énergie ;
  • L’annulation des restrictions imposées par l’administration Biden sur les forages en Alaska, ainsi qu’au large des côtes est et ouest ;
  • Relancer l’approbation des terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), qui avait été interrompue sous la présidence de Biden ;
  • La réduction des normes d’émission de l’Agence de protection de l’environnement (EPA).

Le cabinet de Trump et les postes consultatifs au sein de la Maison-Blanche sont également composés de représentants des grandes compagnies pétrolières et de leurs alliés.

Gujari Singh, de Greenpeace, a condamné les décrets de Trump, notant qu’ils « révèlent tout ce que nous devons savoir sur la loyauté de son administration » et qu’ils « reflètent les priorités de ses principaux donateurs, et non celles du public américain. »

« Pendant sa campagne, Trump a ouvertement demandé un milliard de dollars à Big Oil. Les décrets tels que la déclaration d’une « urgence énergétique nationale » et l’approbation sans discussion d’une augmentation des exportations [de gaz naturel liquéfié] sont le prix – la contrepartie – récompensant ceux qui ont financé son ascension politique » a écrit Singh.

*

Chris Walker est rédacteur à Truthout, basé à Madison, dans le Wisconsin. Depuis le début des années 2000, il se concentre sur des sujets nationaux et locaux et a produit des milliers d’articles analysant les questions d’actualité et leur impact sur le peuple américain. On peut le trouver sur la plupart des plateformes de médias sociaux sous le nom de @thatchriswalker.

Source : Chris Walker, Truthout, 23-01-2025

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


L’affaire « Citizens United » a permis que 44 % de l’élection de Trump soit financée par 10 mégadonateurs

Source : Truthout, Democracy Now!, Amy Goodman, Juan González
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Cette décision confère aux milliardaires un pouvoir politique sans précédent dont le reste d’entre nous fait les frais, explique un expert.

Le retour du président Donald Trump à la Maison-Blanche intervient presque exactement 15 ans après l’arrêt historique Citizens United de la Cour suprême des États-Unis, qui a permis aux entreprises et aux milliardaires de déverser des fonds illimités dans les élections. Lors de l’investiture de Trump lundi, le premier rang comprenait plusieurs des hommes les plus riches et les plus puissants du monde, dont Elon Musk de Tesla, Mark Zuckerberg de Meta, Jeff Bezos d’Amazon, Tim Cook d’Apple et Sundar Pichai de Google. Leur valeur nette collective dépasse les 1 000 milliards de dollars. Pour en savoir plus sur l’argent en politique et l’héritage de Citizens United, nous nous entretenons avec Brendan Fischer, directeur exécutif adjoint de Documented, un projet de surveillance et de journalisme d’investigation. « Les Démocrates et les Républicains ont tous deux adopté les super PAC [Political Action Committee, Comité d’action politique, organisation privée dont le but est d’aider, ou au contraire de gêner, des élus, ainsi que d’encourager ou de dissuader l’adoption de certaines lois, NdT] et aux « groupes d’argent noir » [dons dont l’origine reste secrète, NdT] et les mégadonateurs qui les financent, mais Trump a franchi une nouvelle étape », déclare Fischer, qui note qu’environ 44 % de l’élection de Trump a été financée par 10 mégadonateurs seulement.

Transcription

Ceci est une transcription brute. Elle peut être différente de la version finale.

Amy Goodman : Nous allons accueillir notre prochain invité. Le retour du président Trump à la Maison-Blanche intervient 15 ans jour pour jour après l’arrêt historique Citizens United de la Cour suprême des États-Unis, qui a permis à des milliardaires tels qu’Elon Musk de déverser des fonds illimités dans les élections. Lors de la cérémonie d’investiture de Trump, lundi, Elon Musk s’est vu attribuer une place de choix, aux côtés de Mark Zuckerberg de Meta, Jeff Bezos d’Amazon, Tim Cook d’Apple et Sundar Pichai de Google. Le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders a déclaré : « Lorsque les trois hommes les plus riches d’Amérique se tiennent derrière Trump lors de son investiture, tout le monde comprend que la classe des milliardaires contrôle désormais notre gouvernement. »

Nous passons maintenant à Brendan Fischer, directeur exécutif adjoint de Documented, avocat spécialisé dans les questions de financement des campagnes électorales et de transparence gouvernementale. Il a publié aujourd’hui un nouvel article dans Rolling Stone intitulé « Blame the Supreme Court for Elon Musk’s Power in Trump’s Administration » (Blâmez la Cour suprême pour le pouvoir d’Elon Musk dans l’administration Trump).

Parlez-nous de l’importance de cette semaine, Brendan, le 15e anniversaire de Citizens United. Et pour ceux qui ne comprennent pas de quoi il s’agit, retracez la trajectoire de la décision de la Cour suprême jusqu’au pouvoir d’Elon Musk à la Maison Blanche aujourd’hui.

Brendan Fischer : Bien sûr, et merci de m’avoir reçu, Amy et Juan.

Donc, tout ce que Rob Weissman vient de décrire est tout à fait exact. Et c’est un résultat : l’influence étonnante de Musk sur Trump et cette nouvelle administration, vous savez, n’est pas seulement le résultat de sa célébrité de droite, de sa richesse personnelle, de sa propriété de X. C’est largement attribuable au fait que Musk a versé plus d’un quart de milliard de dollars dans le cycle électoral de 2024. Et la quasi-totalité de ces dépenses auraient été impossibles avant Citizens United.

Citizens United a supprimé les limites imposées aux dépenses politiques « indépendantes » et a ouvert la voie aux super PAC que des milliardaires comme Musk ont utilisés pour injecter ces sommes étonnantes dans les élections américaines. La capacité de Musk à transformer son pouvoir économique en pouvoir politique est ce qui lui offre cette position très privilégiée et très puissante dans la nouvelle administration. Et cela va profiter à Musk, et le reste d’entre nous risque d’en payer le prix.

Juan Gonzalez : Et, Brendan, je crois que OpenSecrets a rapporté qu’environ plus de 40 % de l’argent total collecté par Trump provenait de seulement 10 personnes dans le pays. Avons-nous jamais connu une présidence aussi redevable à un si petit groupe de personnes ?

Brendan Fischer : C’est sans précédent. Il est vrai que chaque cycle électoral depuis l’arrêt Citizens United de 2010 a été plus coûteux que le précédent. Les Démocrates et les Républicains ont tous deux adopté les super PAC et les mégadonateurs qui les financent. Mais Trump est en train de franchir une nouvelle étape. Comme vous l’avez dit, plus de 44 % des fonds collectés pour soutenir Trump proviennent de 10 donateurs seulement, Musk étant l’un des plus importants. Et vous savez, ce n’est pas quelque chose que nous avons vu auparavant. Nous n’avons jamais vu un tel niveau de dépenses disproportionnées de la part d’une poignée de riches milliardaires.

Amy Goodman : Brendan Fischer, si l’on peut parler du pouvoir d’Elon Musk en ce moment, il a dépensé plus de – n’est-ce pas ? – 277 millions de dollars pour faire élire Trump, par le biais de super PAC, et où en est-il aujourd’hui ?

Brendan Fischer : C’est vrai. Je pense que Rob Weissman l’a très bien décrit. Musk occupe une position semi-officielle au sein du gouvernement américain. Il a déjà utilisé son pouvoir formel et informel pour faire échouer un accord bipartisan sur les dépenses à la fin de l’année dernière. Sa fortune personnelle a augmenté de plus de 170 milliards de dollars au cours du mois qui a suivi l’élection, les investisseurs estimant que ses entreprises se porteront très bien sous l’administration Trump, étant donné que Musk a tant d’influence sur cette administration. Il est probable qu’il continuera à recevoir des contrats fédéraux, peut-être même davantage. Les entreprises de Musk, qui sont fortement réglementées ou qui font l’objet d’une enquête criminelle, sont susceptibles de bénéficier d’une main légère sous l’administration Trump.

Et son pouvoir s’étend même à l’échelle mondiale. Vous savez, Musk a commencé à s’immiscer dans les affaires politiques européennes, et les dirigeants du monde entier prennent cette ingérence au sérieux parce qu’ils ont l’impression ou la réalité que Musk a de l’influence sur le nouveau président. Je pense donc que de nombreux dirigeants mondiaux regardent les déclarations de Musk et se demandent s’il s’agit en fait d’une déclaration de Trump, ou si une déclaration de Musk sur les affaires mondiales va être adoptée par la nouvelle administration Trump.

Encore une fois, ce pouvoir est attribuable à la capacité de Musk de verser plus d’un quart de milliard de dollars dans l’élection de 2024, ce qui est le résultat direct de la décision Citizens United de la Cour suprême.

Juan Gonzalez : Et, Brendan, vous avez noté que l’ancien président Biden a utilisé son discours d’adieu pour mettre en garde le pays contre un mouvement – un plus grand – de l’évolution du pays vers une oligarchie. Mais qu’a fait Biden pendant sa présidence pour limiter l’influence de l’argent en politique ?

Brendan Fischer : Pas grand-chose. Les déclarations de Biden sur le pouvoir de l’oligarchie grandissante et de l’oligarchie technologique grandissante étaient certainement les bienvenues, et elles étaient justes, mais Biden lui-même n’a pas fait grand-chose pendant son mandat pour limiter l’influence de l’argent sur la politique. Il n’y a pas eu de décret pour lutter contre l’argent noir ou exiger des entrepreneurs qu’ils divulguent leurs dépenses politiques.

Or, l’une des mesures les plus efficaces et les plus directes qu’un président puisse prendre pour limiter l’influence de l’argent sur la politique, ou pour faire appliquer les lois limitant cette influence, est de nommer des commissaires à la Commission électorale fédérale. Et le seul démocrate que Biden a nommé à la Commission électorale fédérale s’est en fait rangé du côté des Républicains dans cet avis consultatif clé qui a été publié l’année dernière et qui a permis aux super PAC de coordonner avec les campagnes certaines activités de prospection et d’autres activités. C’est cet avis consultatif qui a permis au super PAC d’Elon Musk de reprendre certaines opérations centrales de la campagne Trump. Il a permis à la campagne Trump d’externaliser des opérations clés de la campagne à ce super PAC financé par Musk, ce qui a encore amplifié l’influence politique de Musk.

Ainsi, l’héritage de Biden, à bien des égards, en ce qui concerne l’argent dans la politique, est celui de la déréglementation. C’est sous sa direction que la FEC [Federal Election Commission, Commission électorale fédérale, NdT] a vraiment accéléré ce virage déréglementaire et a permis à encore plus d’argent, et à encore plus d’argent non réglementé, d’affluer dans le système politique américain.

Cet article a été reproduit par Truthout avec autorisation ou licence. Il ne peut être reproduit sous quelque forme que ce soit sans l’autorisation ou la licence de la source.

*

Amy Goodman est l’animatrice et la productrice exécutive de Democracy Now !, un programme d’information national, quotidien, indépendant et primé, diffusé sur plus de 1 100 chaînes de télévision et stations de radio publiques dans le monde entier. Le Time Magazine a nommé Democracy Now ! son « Pick of the Podcasts », aux côtés de Meet the Press de NBC.

Juan González co-anime Democracy Now ! avec Amy Goodman. Il est journaliste professionnel depuis plus de 30 ans et chroniqueur au New York Daily News depuis 1987. Il a reçu deux fois le prix George Polk.

Source : Truthout, Democracy Now!, Amy Goodman, Juan González, 22-01-2025

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Octave-Key // 11.02.2025 à 12h06

« Les grandes compagnies pétrolières ont dépensé 445 millions de dollars pour peser sur les élections américaines ».
Et tout ça au grand jour. Les citoyens américains sont conditionnés pour trouver cela normal, alors que c’est interdit en France, par exemple.
Pendant longtemps, lorsque je lisais sous la plume de Noam Chomsky l’expression « the making of consent », j’ai cru que c’était lui qui avait inventé cette formule pour dénoncer cette pratique.. Mais pas du tout. Cette formule a été créée sans états d’âme, dans les années 1920, par ceux (Berhays, Lippman, etc.) qui estimaient qu’il était nécessaire de formater les esprits des gens ordinaires pour qu’ils acceptent le principe d’être soumis au pouvoir des propriétaires des grandes entreprises.

2 réactions et commentaires

  • Urko // 11.02.2025 à 08h31

    Très bien de rappeler d’où proviennent certaines tranches des environ un milliard de dollars de donations recueillies pour la campagne de Donald Trump. Nous attendons l’article équivalent sur les origines, aussi, des 1,5 milliards qu’a reçus celle de Kamala Harris.

  • Octave-Key // 11.02.2025 à 12h06

    « Les grandes compagnies pétrolières ont dépensé 445 millions de dollars pour peser sur les élections américaines ».
    Et tout ça au grand jour. Les citoyens américains sont conditionnés pour trouver cela normal, alors que c’est interdit en France, par exemple.
    Pendant longtemps, lorsque je lisais sous la plume de Noam Chomsky l’expression « the making of consent », j’ai cru que c’était lui qui avait inventé cette formule pour dénoncer cette pratique.. Mais pas du tout. Cette formule a été créée sans états d’âme, dans les années 1920, par ceux (Berhays, Lippman, etc.) qui estimaient qu’il était nécessaire de formater les esprits des gens ordinaires pour qu’ils acceptent le principe d’être soumis au pouvoir des propriétaires des grandes entreprises.

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