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12.novembre.201412.11.2014 // Les Crises

[Reprise] Les nouvelles routes de la soie et l’alternative d’un siècle eurasien, par Pepe Escobar

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Pendant la deuxième guerre d’Irak (2003-2011), je m’imaginais que les dirigeants chinois allaient se rassembler chaque semaine dans les rues de la Cité Interdite, chantant et dansant pour célébrer la stupidité américaine. Année après année, alors que les États-Unis auraient pu s’opposer à la montée en puissance de la Chine, comme ses leaders en ressentaient depuis longtemps l’urgence, ils ont été complètement détournés de cet objectif par leur désastreuse invasion et occupation de l’Iraq. Avec cette campagne où l’on rejoue les bombardements en Irak et maintenant en Syrie, ces 1 600 militaires toujours plus prêts à intervenir sur le terrain, et ces rumeurs de plus encore à venir, je ne peux m’empêcher de penser qu’avec la troisième guerre d’Irak (2014-date inconnue), prévue pour durer des années, [les dirigeants chinois] se réjouissent une fois encore. Car malgré tous les discours tenus par l’administration Obama ces dernières années sur le « pivotement » militaire vers l’Asie, il est hors de doute que sa dernière campagne moyen-orientale en date va entraver son plan d' »endiguement » du Pacifique.

Pendant ce temps, en Chine aussi l’humeur a clairement changé. Comme Orville Schell l’a écrit récemment, après une visite controversée à Pékin de Jimmy Carter, 90 ans, le président qui, il y a plus de 30 ans, a parrainé un rapprochement américain total avec la nouvelle version capitaliste de la Chine communiste :

« En bref, ce qu’on avait coutume d’appeler « l’Occident » se trouve maintenant confronté à une situation de plus en plus inextricable dans laquelle l’équilibre des pouvoirs est en train de changer, un fait que peu ont encore vraiment voulu admettre, et moins encore intégrer à de nouvelles manières d’approcher la Chine. Nous restons nostalgiques de ces jours révolus où les dirigeants chinois suivaient encore l’injonction de Dèng [Xiǎopíng] à son peuple de « cacher ses capacités et attendre son heure » (tāoguāngyǎnghuì). Ce qu’il voulait dire en utilisant ce « dicton » (chéngyǔ) n’était pas que la Chine devrait se restreindre éternellement mais que le moment de manifester son ambition mondiale n’était pas encore venu. Mais maintenant qu’elle est plus forte, ses dirigeants semblent croire que leur temps est finalement venu et ils ne sont même plus disposés à avancer la rassurante notion d' »émergence pacifique » (hépíng juéqǐ). »

Pour le moment, bien sûr, les Chinois ont leurs propres problèmes internes, allant d’une probable bulle économique à un mouvement séparatiste islamiste dans l’arrière-pays de la province du Xīnjiāng et au dernier mouvement Occupy qui agite la plateforme financière moderniste qu’est Hong Kong. Néanmoins, allez à Pékin et le monde a l’air différent. Pepe Escobar, le promeneur errant de TomDispatch sur le continent eurasien, qu’il a surnommé le Pipelineistan, l’a justement fait. Il a aussi visité d’autres sites le long de la future « nouvelle route de la Soie », que la Chine veut établir jusqu’à l’Europe occidentale. Il offre du monde eurasien une vision différente de celle que montrent les reportages dans ce pays. Si vous voulez comprendre la planète sur laquelle il se pourrait qu’on vive dans un avenir proche, il est très important de la prendre en compte. Tom


Chine et Russie peuvent-elles éjecter Washington hors d’Eurasie ?

L’avenir d’une alliance Pékin-Moscou-Berlin
Par Pepe Escobar

Un spectre hante le « Nouveau siècle américain » au vieillissement précoce : la possibilité d’une future relation stratégique et d’une alliance commerciale Pékin-Moscou-Berlin. Appelons-la le PMB.

Ses chances de réalisation font l’objet de discussions sérieuses au plus haut niveau à Pékin et Moscou, et est observé avec intérêt à Berlin, New Delhi et Téhéran. Mais ne l’évoquez pas à l’intérieur du périphérique de Washington ou au quartier général de l’OTAN à Bruxelles. Là-bas, la vedette du moment, aujourd’hui comme demain, est le nouvel Oussama Ben Laden : le Calife Ibrahim, alias Abou Bakr al-Baghdadi, l’insaisissable prophète décapiteur auto-proclamé d’un nouveau mini-État et d’un mouvement qui a fourni une profusion d’acronymes – EIIS/EIIL/EI – aux hystériques de Washington et d’ailleurs.

Washington peut bien sortir autant qu’il voudra de nouvelles versions de sa Guerre Mondiale contre le Terrorisme, c’est sans importance, et les plaques tectoniques de la géopolitique eurasienne continuent de bouger, et elles ne vont pas s’arrêter juste parce que les élites américaines refusent d’accepter que leur historiquement bref « moment unipolaire » est sur le déclin. Pour eux, la fin de l’ère de « domination totale » [« full spectrum dominance »], comme le Pentagone aime l’appeler, est inconcevable. Après tout, la nécessité pour cette nation indispensable de contrôler tout espace – militaire, économique, culturel, cyber et autre – n’est pas loin d’être une doctrine religieuse. Les missionnaires de l’exceptionnalisme ne font pas dans l’égalité. Au mieux, ils font des « coalitions de volontaires » comme celle où l’on a entassé « plus de 40 pays » regroupés pour se battre contre l’EI/EIL/EIIL et qui ou bien applaudissent (ou complotent) depuis la touche ou bien envoient un ou deux avions du mauvais type vers l’Irak ou la Syrie.
L’OTAN qui, contrairement à certains de ses membres, ne veut pas se battre officiellement au Jihadistan, reste un appareil contrôlé de haut en bas par Washington. Elle ne s’est jamais vraiment donnée la peine d’inclure l’Union européenne (UE) ou d’envisager de permettre à la Russie de se « sentir » européenne. Quant au calife, il n’est qu’une diversion sans importance. Un cynique post-moderne pourrait même soutenir qu’il était un émissaire envoyé sur le terrain de jeu mondial par la Chine et la Russie pour distraire l’hyperpuissance de la planète.

Diviser pour Isoler
Alors comment la domination totale s’exerce-t-elle lorsque deux vraies puissances rivales, la Russie et la Chine, commencent à faire sentir leur présence ? L’approche de Washington pour chacune d’elles – en Ukraine et dans les eaux asiatiques – pourrait être conçue comme « diviser pour isoler ».

Afin de maintenir l’océan Pacifique dans un état classique de « lac américain », l’administration Obama a « pivoté », se retournant vers l’Asie depuis quelques années maintenant. Cela a impliqué des mouvements militaires plutôt modestes, mais de très immodestes tentatives de faire se dresser le nationalisme chinois contre sa variété japonaise, tout en renforçant les alliances et les relations à travers l’Asie du Sud-Est, avec un intérêt particulier pour les conflits liés aux ressources énergétiques en mer de Chine. Dans le même temps, elle a agi pour assurer la conclusion du futur accord commercial de partenariat transpacifique [NdT : TPP = Trans-Pacific Partnership, pendant américano-asiatique au TTIP américano-européen].

Aux frontières occidentales de la Russie, l’administration Obama a alimenté les braises du changement de régime à Kiev jusqu’à un embrasement (les pom-pom girls locales, Pologne et nations baltes, maniant le soufflet), et à ce qui a clairement paru, aux yeux de Vladimir Poutine et des dirigeants russes, être une menace vitale pour Moscou. Contrairement aux États-Unis, dont la sphère d’influence (et les bases militaires) sont mondiales, la Russie n’a pas été en mesure de conserver une influence significative sur les « les pays étrangers voisins » [NdT : « near abroad » « près à l’étranger », formule anglaise qui cherche à traduire le russe diplomatique ближнее зарубежье, i.e. les nouvelles républiques indépendantes, et maintenant « à l’étranger », issues de la dissolution de l’Union Soviétique], étranger qui, s’agissant de Kiev, n’est pas « à l’étranger » du tout, pour la majorité des Russes.

Pour Moscou, c’était comme si Washington et ses alliés de l’OTAN avaient un intérêt toujours plus prononcé à imposer un nouveau rideau de fer sur leur pays allant de la mer Baltique à la Mer Noire, l’Ukraine étant simplement le fer de lance. Du point de vue PMB [Pékin-Moscou-Berlin], voyez-le comme une tentative d’isoler la Russie et d’imposer une nouvelle barrière à ses relations avec l’Allemagne. Le but ultime serait de diviser l’Eurasie, empêchant de futures avancées vers une intégration des échanges et du commerce par un processus qui ne serait pas contrôlé par Washington.

Du point de vue de Pékin, la crise ukrainienne était l’exemple type de Washington franchissant toutes les lignes rouges imaginables en vue de harceler et d’isoler la Russie. Pour les dirigeants chinois, cette crise ressemblait à une tentative concertée de déstabiliser la région dans un sens favorable aux intérêts américains, soutenue par toute la palette des élites de Washington depuis les néoconservateurs et « libéraux » de la guerre froide jusqu’aux interventionnistes humanitaires du modèle de Susan Rice et Samantha Power. Bien sûr, si vous avez suivi la crise ukrainienne depuis Washington, cette perspective vous semble aussi étrangère que celle d’un martien. Mais le monde apparaît différent vu depuis le cœur de l’Eurasie de ce qu’il semble depuis Washington – en particulier depuis une Chine émergente avec son « rêve chinois » (Zhōngguó mèng) flambant neuf. [NdT : voir discours de Xi Jinping sur le « rêve chinois » http://english.boaoforum.org/mtzxxwzxen/7379.jhtml]

Tel qu’énoncé par le Président Xi Jinping, ce rêve inclurait un futur réseau de nouvelles routes de la soie organisées par la Chine, créant l’équivalent d’un Trans-Asie Express [NdT : projet jamais entièrement abouti (?) d’une ligne de chemin de fer qui aurait dû relier la Turquie à la Chine en passant par l’Iran, l’Inde, etc…] pour le commerce eurasien. De sorte que si Pékin, par exemple, ressentait la pression de Washington et Tokyo sur le front naval, une partie de sa réponse serait une avance basée sur les échanges, sur deux fronts, au travers de la masse continentale eurasiatique, d’un côté via la Sibérie et de l’autre par les pays en « stan » d’Asie centrale.

En ce sens, bien que vous ne le sachiez pas si vous suivez uniquement les médias américains ou les « débats » à Washington, nous entrons potentiellement dans un nouveau monde. Autrefois, il n’y a pas si longtemps, les dirigeants de Pékin caressaient l’idée de réécrire le jeu géopolitico-économique côte à côte avec les États-Unis, tandis que le Moscou de Poutine faisait allusion à la possibilité de rejoindre un jour l’OTAN. Plus maintenant. Aujourd’hui, la portion de l’Occident qui intéresse ces deux pays est une éventuelle future Allemagne qui ne soit plus dominée par la puissance américaine et les desiderata de Washington.

Moscou a été, en fait, engagé dans pas moins d’un demi-siècle de dialogue stratégique avec Berlin, ce qui a compris une coopération industrielle et une interdépendance énergétique croissante. Ceci a été remarqué dans de nombreux secteurs de l’hémisphère Sud et l’Allemagne commence à être considérée comme « le sixième BRICS » (après le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud).

Au milieu de crises mondiales allant de la Syrie à l’Ukraine, les intérêts géostratégiques de Berlin semblent diverger lentement de ceux de Washington. Les industriels allemands, en particulier, semblent désireux de rechercher des accords commerciaux illimités avec la Russie et la Chine. Ceux-ci pourraient mettre leur pays sur la voie d’une puissance mondiale non-limitée par les frontières de l’UE et, à long terme, signaler la fin de l’ère dans laquelle l’Allemagne, bien que traitée poliment, était fondamentalement un satellite américain.
Ce sera un chemin long et venteux. Le Bundestag, le parlement allemand, est toujours en pleine addiction à un agenda atlantiste fort et à une sujétion préventive à Washington. Il y a encore des dizaines de milliers de soldats américains sur le sol allemand. Pourtant, pour la première fois, la chancelière allemande Angela Merkel a hésité lorsqu’il s’est agi d’imposer des sanctions toujours plus lourdes à la Russie en réponse à la situation en Ukraine, car pas moins de 300 000 emplois allemands dépendent des relations avec ce pays. Les dirigeants industriels et l’institution financière ont déjà tiré la sonnette d’alarme, craignant que de telles sanctions ne soient totalement contre-productives.

Le banquet chinois de la Route de la soie

Le nouveau jeu géopolitique de la Chine en Eurasie a peu de parallèles dans l’histoire moderne. L’époque où « le petit timonier » Deng Xiaoping insistait pour que le pays « fasse profil bas » sur la scène internationale est révolue depuis longtemps. Il y a bien sûr des désaccords et des stratégies qui s’opposent quand il s’agit de gérer les points chauds du pays : Taïwan, Hong Kong, le Tibet, le Xinjiang, la mer de Chine, les concurrents que sont l’Inde et le Japon, et les alliés problématiques comme la Corée du Nord et le Pakistan. Et l’agitation populaire dans certaines « périphéries » dominées par Pékin augmente à un niveau proche de l’embrasement.

La priorité numéro un du pays demeure la politique intérieure et se concentre sur la réalisation des réformes économiques du président Xi, tout en augmentant la transparence et en luttant contre la corruption au sein du Parti Communiste au pouvoir. Une deuxième question plus secondaire consiste à savoir comment se prémunir progressivement contre les plans du « pivot » du Pentagone dans la région – via le renforcement de la marine de haute mer, des sous-marins nucléaires, et d’une aviation militaire techniquement avancée – sans s’affirmer au point de faire paniquer le monde officiel de Washington à l’esprit imprégné de « menace chinoise ».

Pendant ce temps, la flotte américaine conservant le contrôle des routes maritimes mondiales pour ce qui est de l’avenir prévisible, la planification chinoise des nouvelles routes de la soie à travers l’Eurasie avance à grands pas. Le résultat final devrait constituer un triomphe d’infrastructure intégrée – routes, trains à grande vitesse, oléoducs, ports – qui relierait de toutes les façons imaginables la Chine à l’Europe occidentale et à la mer Méditerranée – cette vieille Mare Nostrum de l’Empire romain.

Comme un voyage de Marco Polo à l’envers remixé à l’ère de Google, un axe-clé de cette route de la soie partira de l’ancienne capitale impériale Xi’an à Urumqi, dans la province du Xinjiang, puis traversera l’Asie centrale, l’Iran, l’Irak, l’Anatolie turque pour finir à Venise. Un autre axe sera une route de la soie maritime partant de la province du Fujian, traversant le détroit de Malacca, l’océan Indien, Nairobi au Kenya pour rejoindre la Méditerranée par le canal de Suez. Ensemble, ils constituent ce que Pékin appelle la Ceinture Economique de la Route de la Soie.

La stratégie chinoise est de créer un réseau d’interconnexions entre pas moins de cinq régions clés : la Russie (le pont clé entre l’Asie et l’Europe), les « stans » d’Asie centrale, l’Asie du Sud-Ouest (avec des rôles majeurs pour l’Iran, l’Irak, la Syrie, l’Arabie Saoudite et la Turquie), le Caucase et l’Europe de l’Est (y compris la Biélorussie, la Moldavie et, en fonction de sa stabilité, l’Ukraine). Et n’oubliez pas l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde, qui pourraient être vus comme une route de la soie améliorée.

La route de la soie améliorée impliquerait de connecter le couloir économique Bengladesh-Chine-Inde-Birmanie au couloir économique Chine-Pakistan, et pourrait offrir à Pékin un accès privilégié à l’océan Indien. Encore une fois, un ensemble complet de moyens – routes, train à grande vitesse, oléoducs et réseaux de fibre optique – relierait la région à la Chine.

Juste avant sa visite récente à New Delhi, Xi lui-même a évoqué la connexion indo-chinoise, dans un éditorial publié dans The Hindu avec une jolie métaphore. « La combinaison de « l’usine du monde » avec les « services administratifs du monde » va créer la base de production la plus compétitive et le marché de consommateurs le plus attractif », a-t-il écrit.

Le nœud central du plan chinois pour l’avenir eurasiatique est Urumqi, capitale de la province du Xinjiang et site de la plus grande exposition commerciale d’Asie centrale, la foire Chine-Eurasie. Depuis 2000, l’une des priorités principales de Pékin a été d’urbaniser cette province largement désertique mais riche en pétrole, et de l’industrialiser à tout prix. Et le prix en est, d’après Pékin, la fondamentale sinisation de la région – avec comme corollaire la suppression de toute possibilité de dissidence de l’ethnie ouïghoure. Le général Li Yazhou de l’Armée populaire de libération a décrit l’Asie centrale comme « la part de gâteau au goût le plus subtil accordée par le ciel à la Chine moderne ».

L’essentiel de la conception chinoise d’une nouvelle Eurasie liée à Pékin par tous les modes de transport et de communication a été détaillée de manière saisissante dans « La marche vers l’Ouest : le rééquilibrage de la géostratégie chinoise », un essai majeur de 2012 publié par le chercheur Wang Jisi du Centre d’études internationales et stratégiques de l’université de Pékin. En réponse à ce futur ensemble de connections eurasiatiques, le mieux que l’administration Obama ait trouvé est une variante d’endiguement par mer de l’océan Indien à la mer de Chine du Sud, tout en aiguisant les conflits avec la Chine et en l’encerclant d’alliances stratégiques allant du Japon à l’Inde. (L’OTAN, bien sûr, est chargé de cantonner la Russie en Europe de l’Est.)

Rideau de fer contre routes de la soie

L’« accord gazier du siècle » de 400 milliards de dollars signé par Poutine et le président chinois en mai dernier a posé les fondations du gazoduc « Énergie de Sibérie » [« Power of Siberia »], déjà en cours de construction à Yakutsk. Il fera couler une manne de gaz naturel russe sur le marché chinois. Clairement, cela ne représente que le début d’une alliance stratégique turbocompressée entre les deux pays, fondée sur l’énergie. En attendant, les hommes d’affaires et les industriels allemands ont noté une autre nouveauté : si le marché final des produits fabriqués en Chine et distribués via la route de la soie est bien l’Europe, l’inverse est aussi vrai. Dans l’un des avenirs possibles du commerce, la Chine est destinée à devenir le partenaire commercial principal de l’Allemagne en 2018, dépassant à la fois les États-Unis et la France.

L’un des obstacles potentiels à de telles évolutions, bienvenu pour Washington, est la Guerre Froide 2.0, qui est déjà en train de diviser non pas l’OTAN mais l’UE. Dans l’UE actuelle, le camp anti-russe comprend la Grande-Bretagne, la Suède, la Pologne, la Roumanie et les nations baltes. L’Italie et la Hongrie, au contraire, peuvent être considérées comme appartenant au camp pro-russe, tandis qu’une Allemagne encore imprévisible est celle qui déterminera si le futur sera un nouveau rideau de fer ou si le mot d’ordre sera « Cap à l’Est ». Pour cela, l’Ukraine reste la clé. Si elle parvient à être finlandisée (avec une autonomie conséquente pour ses régions), comme l’a proposé Moscou – une suggestion que Washington considère comme anathème – la voie du « Cap à l’Est » restera ouverte. Sinon, le PMB à venir sera un projet bien plus hasardeux.

Il faudrait remarquer qu’une autre vision d’un avenir économique eurasiatique se profile également à l’horizon. Washington tente d’imposer un Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement (TTIP) [anciennement connu sous le nom de traité de libre-échange transatlantique ou TAFTA] à l’Europe et un semblable Partenariat Trans-Pacifique (TPP) à l’Asie. Tous deux favorisent les multinationales américaines et leur but est visiblement d’entraver l’ascension des économies des BRICS et la montée d’autres marchés émergents, tout en renforçant l’hégémonie économique américaine sur le monde.

Deux faits éclatants, dont Moscou a soigneusement pris note, Pékin, et Berlin, laissent voir la géopolitique pure et dure qui se cache derrière ces deux pactes « commerciaux ». Le TPP exclut la Chine et le TTIP exclut la Russie. Ils représentent, en somme, le nerf principal à peine déguisé d’une future guerre commerciale/monétaire. Lors de mes voyages récents, des producteurs agricoles influents en Espagne, en Italie et en France m’ont répété que le TTIP n’est qu’une version économique de l’OTAN, cette alliance militaire que le Chinois Xi Jinping appelle – prenant peut-être ses désirs pour des réalités – « une structure obsolète ».
Le TTIP rencontre une résistance significative dans beaucoup de nations européennes (en particulier parmi les pays du Club Med du sud de l’Europe), tout comme le TPP parmi les nations asiatiques (en particulier le Japon et la Malaisie). C’est ce qui donne aux Chinois et aux Russes un espoir pour leur nouvelle route de la soie et pour un nouveau mode de commerce à travers le cœur du continent eurasiatique porté par une union eurasiatique soutenue par la Russie. Les personnalités des affaires et de l’industrie allemandes, pour lesquelles les relations avec la Russie demeurent essentielles, restent très attentives à tout cela.

Après tout, Berlin n’a pas manifesté une bien grande préoccupation à l’égard du reste de l’UE touché par la crise (trois récessions en cinq ans). Via une troïka honnie – Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International et Commission Européenne – Berlin est, de fait, déjà à la direction de l’Europe, prospérant et regardant vers l’Est pour obtenir davantage.

Il y a trois mois, la chancelière allemande Angela Merkel a visité Pékin. Très peu relatée dans la presse, une percée politique s’est produite sur un projet potentiellement révolutionnaire : une ligne continue de train à grande vitesse entre Pékin et Berlin. Lorsqu’elle sera achevée, elle constituera un aimant en termes de transport et de commerce pour des dizaines de nations le long de son parcours de l’Asie à l’Europe. Traversant Moscou, elle pourrait devenir l’intégrateur final de la route de la soie en Europe, et peut-être le pire cauchemar de Washington.

« Perdre » la Russie

Dans une flambée médiatique, le dernier sommet de l’OTAN au Pays de Galles a accouché d’une modeste « force de réaction rapide » qui serait désormais déployée dans toute situation similaire à l’Ukraine. En attendant, l’Organisation de Coopération de Shanghai (SCO), un alter ego asiatique possible de l’OTAN, s’est réunie à Douchambé, au Tadjikistan. À Washington et en Europe occidentale, pratiquement personne ne l’a remarqué. Ils auraient dû. Là-bas, la Chine, la Russie et quatre « stans » d’Asie centrale se sont mis d’accord pour accepter une impressionnante vague de nouveaux membres : l’Inde, le Pakistan et l’Iran. Cela pourrait avoir de très vastes conséquences. Après tout, l’Inde du Premier ministre Narendra Modi est sur le point d’élaborer sa propre version de la Route de la soie, en vogue aujourd’hui. Derrière cela se profile la possibilité d’un rapprochement économique « chindien » [« Chindia »], qui pourrait bouleverser la carte géopolitique eurasiatique. Au même moment, les liens se tissent avec l’Iran pour l’insérer dans cette toile « chindienne ».

Ainsi, le SCO est en train de devenir, lentement mais sûrement, l’une des plus importantes organisations internationales d’Asie. Il est déjà évident qu’un de ses objectifs clés à long terme sera de cesser d’utiliser le dollar américain pour les échanges commerciaux, tout en proposant l’utilisation du pétroyuan et du pétrorouble pour le commerce de l’énergie. Les États-Unis, bien entendu, ne seront jamais les bienvenus dans cette organisation.

Tout cela n’est cependant pas pour tout de suite. Aujourd’hui, le Kremlin continue d’envoyer des signaux disant qu’il veut une nouvelle fois reprendre les discussions avec Washington, tandis que Pékin n’a jamais voulu les interrompre. Pourtant l’administration Obama reste focalisée sur sa version complètement myope d’un jeu à somme nulle, en comptant sur sa puissance militaire et technologique pour maintenir son avantage en Eurasie. Cependant, Pékin a accès aux marchés et à des tas de liquidités, tandis que Moscou a des ressources énergétiques à profusion. La coopération triangulaire entre Washington, Pékin et Moscou serait indubitablement, comme le dirait les Chinois, un jeu gagnant-gagnant-gagnant, mais ce n’est pas la peine de retenir votre souffle.

Au lieu de cette solution, attendez-vous à ce que la Chine et la Russie approfondissent leur partenariat stratégique, tout en attirant d’autres puissances régionales eurasiatiques dans leur sillage. Pékin a misé tous ses jetons sur le fait que la confrontation entre États-Unis/OTAN et Russie au sujet de l’Ukraine conduira Vladimir Poutine à se tourner vers l’Est. Au même moment, Moscou évalue avec précaution ce qu’implique la réorientation en cours vers une telle puissance économique. Un jour peut-être, il sera possible que des voix du bon sens à Washington s’élèvent pour demander comment les États-Unis ont pu « perdre » la Russie face à la Chine.

Entre-temps, pensez à la Chine comme à un pôle d’attraction pour un nouvel ordre mondial dans un siècle eurasien à venir. Le même processus d’intégration auquel la Russie fait face, par exemple, semble se poser de plus en plus à l’Inde et à d’autres nations eurasiatiques, et peut-être tôt ou tard aussi à une Allemagne neutre. A la fin de la partie, les États-Unis pourraient se retrouver progressivement éjectés de l’Eurasie, l’axe PMB émergeant comme une nouvelle donne. Dépêchez-vous de miser. Les jeux seront faits d’ici 2025.

Pepe Escobar est le correspondant itinérant d’Asia Times Hongkong, un analyste pour RT [Russia Today] et un invité régulier de TomDispatch. Son dernier livre, « L’Empire du chaos », sera publié en novembre par Nimble Books. Suivez-le sur Facebook.
Copyright 2014 Pepe Escobar

Source : TomDispatch, le 05/10/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.


(article édité)

Commentaire recommandé

pierre9459 // 12.11.2014 à 08h36

Et voici au passage comment un grand pays comme la France, devenue depuis la mort du Général De Gaulle une vague succursale yankee s’en vient à perdre ET ses relations profondes avec la Chine et la Russie ET tout le peu de crédibilité qu’il lui restait avec cette lamentable affaire des mistral.
En même temps…courir avec le froc aux chevilles, ce n’est certainement pas évident !

47 réactions et commentaires

  • Kellhus // 12.11.2014 à 05h39

    Cet article est bien dans l’actualité avec le sommet de l’APEC à Pékin.
    http://rt.com/news/203515-china-silk-road-economy/
    En plus du projet de nouvelles routes de la soie, la Chine y pousse aussi un projet de zone de libre-échange Asie-Pacifique pour contrer le TPP américain.
    http://www.scmp.com/news/china/article/1637765/xi-jinping-unveils-chinas-plan-asia-pacific-wide-free-trade-pact

    Au passage, la carte qui sert d’illustration à l’article ne montre pas la route de la soie maritime, qui est tout aussi importante que ses homologues terrestres. La Chine est d’ailleurs en train de construire des ports en eau profonde avec ses alliés en océan Indien (Pakistan, Sri Lanka, Myanmar).
    http://journal-neo.org/2014/10/11/the-indian-ocean-a-flashpoint-of-india-china-power-tussle/

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    • Kellhus // 12.11.2014 à 07h00

      Enfin je voulais dire que la carte ne montre pas l’integralité de la route de la soie maritime, qui part de Shanghai et passe par Hong-Kong, Singapour, le Sri Lanka…
      La nouveauté par rapport au commerce maritime existant entre la Chine et l’Europe est que la Chine construit des relais dans tout l’océan Indien le long de cette voie selon la stratégie du collier de perles, via notamment d’importantes infrastructures portuaires.

        +2

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    • Charles Michael // 12.11.2014 à 09h01

      Kellhus,

      Sur la route martime, vous avez bien sur tout à fait raison.
      Avec l’aide de la Chine le Sri Lanka a construit tout à fait au Sud (Hambantota) un aéroport international et agrandi un port pouvant acceuillir les gros tonnages. Ces deux projets d’un cout de 400 millions de USD financés par la Chine.
      Il y avait aussi à l’époque (2008/2009 ) une rumeur de projet de canal au Nord de la Malaysie permettant au traffic chinois d’éviter le Détroit de Malacca.
      Dans la même veine « on » parlait d’un pont reliant le Sud indien (Tamil Nadu) au Nord Sri Lanka (Jaffna); là il y avait pas mal d’opposition et craintes du SL.

      Escale traditionnelle sur la route, le Sri lanka à sa pointe Sud fait face à l’Océan Indien, controle en partie le Golfe du Bengal à l’Est et la Mer d’Arabie à l’Ouest.

        +2

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      • Bordron Georges // 12.11.2014 à 14h49

        Précisions intéressantes. On l’impression qu’avec le temps, si V. Poutine sait bien jouer aux échecs, les chinois aux savent bien jouer au jeu de Go.

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    • reneegate // 12.11.2014 à 09h53

      -130 AV JC la route de la soie est ouverte par Zhang Qian et passe par Balkh (afganistan) . Tous les échanges arrivent ainsi à Rome. D’après les réactions de Poutine, la chine ne semble pas proactive et ne souhaite pas prendre un quelconque leadership. C’est la Russie qui il me semble prendra les initiatives terrestres pour diffuser ses ressources énergétiques vers l’Est (et vite tant que cela en vaut le coup).
      L’allemagne n’est pas non plus proactive et très soucieuse des états d’âmes du grand frère US, elle considère l’Ukraine comme la RDA actuelle, et la Russie comme l’URSS actuelle. L’Ukraine c’est un tissu industriel vieillissant à rénover et à utiliser, de même une main d’oeuvre parfois qualifiée et à pas chère. La Russie c’est le loup. Ils vont donc continuer à faire ce qui a toujours marché pour eux (vivre aux dépends de leurs voisins, j’exagère pour donner l’idée).
      La France a un ticket énorme à jouer mais les politiques au pouvoir sont à 10 000 lieux d’envisager quoi que ce soit (Olivier Todd l’a parfaitement exprimé). Quitter l’Euro et se rapprocher de la Russie .
      A mon avis c’est une partition des échanges qui est en train de se mettre en place. La « route de la soie » n’arriverait plus à Rome.

        +4

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      • olivier69 // 12.11.2014 à 22h09

        Bonsoir Norbert,
        La voie « pure » ? Il me semble vous avoir déjà dit qu’il n’ avait pas les 3 conditions réunies du fondement du libéralisme. Donnez-moi des périodes de notre histoire où ces conditions ont été réunies. Nommer correctement les choses car les ententes, l’inégalité des chances et le manque de transparence n’ont rien à voir avec la doctrine. C’est du communisme appliqué par une élites….
        Je serai donc aussi « récurrent » que vous, puisque vous jouez inlassablement avec le martèlement des esprits. Technique que l’on retrouve notamment dans la publicité.
        Ensuite pour la spiritualité, vous nous dites qu’il faut un gourou ? Vous dites : « Si l’humanité doit un jour être spirituelle, quelques uns doivent se mettre à la tache ». Vous parlez du « nom’ ou de nouveaux errements d’une nouvelle religion ? Vous vous moquez de nous ? Vos états d’âme, votre esprit critique, vos réflexions, vos actes vous appartiennent.
        Donc question : c’est quoi le libéralisme pour vous ?
        Cdlt
        ps : voilà un cadeau de Greenspan (au CFR) qui a toujours promu la monnaie non indexée et qui maintenant retourne sa veste.
        https://www.youtube.com/watch?v=IbRy5DZaWS4
        Conseil : tous les français qui ont un peu de bas de laine ou du patrimoine ne doivent pas concentrer l’ensemble de celui-ci sur un seul actif. Mais, ils doivent au minimum disposer d’un peu d’or ou d’argent physique comme une assurance.
        Cdlt

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      • olivier69 // 13.11.2014 à 17h02

        Norbert,
        Anarchiste ? Ou extrémiste de gauche ?
        Curieux du nombre d’adhésions que vous semblez recevoir. Je me suis permis de relire votre commentaire. J’avais émis quelques doutes. Vous commencez par les mots que tout le monde veut entendre c’est à dire « sociale » et « identité ». Et vous terminez par « Une économie de partage, de distribution de valeurs, y compris humaines ». Qui ne serait pas attentif ? Mais je remarque que vous ne dites pas comment ! Vous parlez de « projet civilisationnel », toujours séduisant, c’est vrai mais ce ne sont que des mots pour l’instant. Toujours pas les causes de l’effet.
        Vous dénoncez donc le libéralisme (qui n’en est pas un) pour stigmatiser en le définissant comme « pure ». Vous avez trouvé votre victime. C’est le mot qui est responsable ? Et même le « isme ».
        J’attends toujours votre réponse sur la définition du libéralisme d’ailleurs ? Mais conscient que vous ne répondrez pas puisqu’une technique bien rodée peut consister à empêcher tout dialogue par un silence. Rompre le contact…Une forme de mépris ?
        Vous dites : « S’apaiser, c’est se dispenser des forces de l’ordre, coûteuses et violente », non, c’est la société qui est violente ! Les forces de l’ordre font ce qu’elles peuvent…Vous parler de « douane » mais pas de frontière  (si la frontière psy…) ? Vous faites comme theuric la promo de l’anarchie ? Vous parler d’ « économiser » ? Mais dites moi, comme une réduction ? Vous parlez des coûts sans les rattacher à leur objectif. Pour moi, économiser, c’est développer une avance sur le temps.
        « Nous, le peuple… », j’ai mon gourou  tout trouvé sans qu’il ne m’explique les causes réelles ! Pire, il me fait culpabiliser. Enfin le coup de grâce, indirectement et insidieusement vous dénoncez la liquidité par l’usage du mot « encre » !
        Vous êtes un champion ! Je suis curieux de voir la suite : vous avez 12 votes pour le moment….
        Et les manipulateurs ont de beaux jours devant eux.
        Pris la main dans le sac, vous dites  : « Nous avons une manne à exploiter non seulement pour en faire profiter l’Europe mais sans pretention aucune, le monde entier », j’aurai du tilter à la première lecture mais je voulais voir votre force de persuasion. C’est fait.
        Question : qui fait une entreprise de démolition (comment gérer une société sans la sécurité des forces de l’ordre minimal ?) . J’ai donc au final relu et constater une rhétorique avec des mots : de quoi faire tomber dans le piège plus d’un. Et j’espère avoir rendu service avec cette petite incartade.
        J’avoue que vous êtes doué puisque vous su jouer sur la fibre sentimentalisme (pathos) des intervenants.
        A suivre
        Cdlt

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        • olivier69 // 13.11.2014 à 17h31

          Soyez bon joueur et je vous offre Anaxagore malgré tout, en hommage à Socrates dans le billet sur la religion.
          Cdlt
          ps : pensez y (le son et la perception)….

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      • reneegate // 13.11.2014 à 17h48

        « je suis capable de dire que je souhaite une victoire russe » E.Todd. Je suis pour ma part capable d’approuver M.Todd.
        Certe sur vous détaillez la complémentarité entre France et Russie, technologie et ressources, mais pour les prospectives il ne faut pas oublier que le pic des ressources est dépassé et il est vain d’envisager une économie Russe qui galope pour élever le niveau de vie des Russes au niveau de celui des Français (et encore plus pour les autres BRICS). Il faut envisager une transformation du modèle de vie de tous et donc des français qui accepte de réduire leur niveau de vie pour en définitive vivre mieux.
        J’ai malheureusement la certitude que Hollande (n’a pas fait de choix) à décidé de suivre les US vers une partition de la planète (un retranchement occidental à l’Israelienne) au prix de conflits constants et généralisés en Orient et en en Eurasie.

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        • olivier69 // 13.11.2014 à 18h08

          Bonjour Reenegate,
          En fait, le principal enjeu se trouve dans les processus de production (obsolescence,…), de distribution (gaspillage,….)et donc de commercialisation (marketing excessif, . ). Trop de gaspillages à tous les niveaux. La population n’a pas à subir les dérives de la conception des échanges. Sinon, c’est du racisme social et un darwinisme scientifique. C’est le piège de la conservation des privilèges promu par les décroissantistes. C’est notre approche de l’environnement qu’il faut changer.
          Le progrès existe :
          https://www.youtube.com/watch?v=GDMAoA0l8So
          ou
          http://www.lefigaro.fr/automobile/2012/11/27/03001-20121127ARTFIG00293-du-carburant-avec-de-l-eau-du-soleil-et-du-co2.php
          Mais, nos bourreaux veulent contrôler la propriété des révolutions technologiques au prix du sacrifice de sa population (cf comment les brevets et pourquoi)
          Cdlt

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    • plouf // 12.11.2014 à 10h02

      Il y a aussi le passage maritime du nord-est.
      La chine part d’un port de corée du nord (que la corée a mis à sa disposition pour accéder directement à la mer du japon sans avoir a contourner la péninsule coréenne), pour passer au dessus de la Sibérie jusqu’à l’islande.
      Cela a l’air long sur une carte plate mais sur un globe terrestre on voit qu’en fait cette voie maritime (que la chine fait monter progressivement en puissance), est 3 fois plus courte pour rejoindre l’europe que de passer par suez…

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    • boduos // 12.11.2014 à 21h20

      la projection à plat de la carte est trompeuse,la route de l’Arctique dégelée est plus courte et plus sure que la route maritime par le sud (l’Inde et Suez )
      Sur ce type de carte,l’équateur est rétréci de moitié et le nord doublé.
      Si la Chine montre un intérêt pour Berlin,c’est pour mieux copier ses Audi , ses TGV et ses machines outils…Ou pour ses ports pour exporter en Europe (Hambourg Rotterdam ,et Anvers en Belgique)
      pour les joint venture ,les industriels chinois préféreront à mon avis la souplesse française (peugeot Citroën…) que la rigidité légitime allemande .
      et pourquoi pas l’axe de la croisière jaune Paris Pékin s’ils se souviennent que de Gaulle les a reconnu dès 1965.
      le comportement ambigu de Merkel (représentative en Allemagne) avec Poutine avant et après maidan et,par ailleurs, la colonisation et le noyautage de ce pays par les USA laissera la Chine sur sa réserve.Il faut ajouter la très imbriquée proximité historique de l’Allemagne ( +forte diaspora turque) avec Ankara .Or les turcs sont le sponsor des révoltes ouïgours .
      je ne suis pas sur que Pepe Escobar,pigiste d’ Al Jehzira,soit totalement objectif lorsqu’il évoque le dessous des cartes.

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  • coinfinger // 12.11.2014 à 06h27

    Tout à fait , la route de la Soie Maritime est venue supplanter la terrestre , mais assez rapidement , controlée par les Indous , puis les Musulmans et en définitive par les Occidentaux .
    Je trouve que cet article de Pepé Escobar est assez léger sur l’ampleur des bouleversements qu’impliquerait , un retour de la route Terrestre .
    Si l’on en juge par le passage inverse , déjà effectué de la Terre vers la Mer .
    Celà a amené les Barbares à peine dégrossis que nous étions , nous Occidentaux à la domination mondiale . Alors que les grands centre de civilisations qu’étaient Chine et Inde sombraient dans la léthargie . Celà a amené la création du papier-monnaie , c’est à dire de la monnaie fiduciaire , étrange ! lLa propriété privée de la Terre ( à l’Ouest ), encore plus étrange ! Et dans la foulée le Capitalisme !
    Que nous réserve le passage inverse ?

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    • coinfinger // 12.11.2014 à 06h40

      Question monnaie , celà a peut étre un rapport . Parmi les effets du grand basculement que fut le passage du terrestre au Maritime , les inversions aussi du rapport or/argent de part et d’autre du grand balancier mondial Extréme/Orient , Extréme/Occident .
      En ce moment alors que les métaux précieux produits principalement par la Chine , mais controlés par les U$ , s’enfoncent au profit du $ , le bitcoin dont les producteurs sont principalement Chinois et l’ exchange à Hong Kong , vient de casser une résistance et se prépare à grimper au Ciel dans les 6 mois qui vont venir . C’est pas un peu étrange avec un $ et des banques surpuissantes ?

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      • chios // 12.11.2014 à 08h41

        Coinfinger, je vous avais mis une appréréciation positive parce que j’adore votre vision d’un « grand balancier mondial », mais je dois dire que ce truc sur les bitcoin, j’ai quelque doute, non pas que je puisse vous expliquer pourquoi, mais parce que je croyais ce bitcoin une arnaque pour nigauds.

        Vous avez des références ?
        , « le bitcoin dont les producteurs sont principalement Chinois » ou encore une explication
        « métaux précieux produits principalement par la Chine « 

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        • coinfinger // 12.11.2014 à 12h24

          Le bitcoin est peut étre une arnaque pour nigaud , en lui méme . C’était le cas aussi pour Windows , le logiciel le plus pourri qui soit mais qui a eu le plus grand succés . L’impatience d’un changement est telle à mon avis qu’on peut se faire une fortune , rien qu’en promettant le futur .
          Cette invention , je l’a perçois dans un projet plus vaste , dont le but est l’éviction du systéme Etats/Banques actuel , au delà de l’abusif , et principal obstacle à d’autres développements . Pour ce qui des références y a le wikipédia , mais il existe une vidéo
          informant des innovations financiéres actuelles pour le financement en particulier des starts ups , mais aptes à élargir leurs domaines . Je la cherche .

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        • coinfinger // 12.11.2014 à 13h01

          Vous savez je pense , en tout cas c’est aisément vérifiable , que la Chine est le premier producteur mondial d’or , et le premier raffineur mondial d’argent .
          Le décollage de la production Chinoise a commencé exactement à l’arrivée au pouvoir de Deng Xia Ping ( et aussi suite à celle de Mandela en Afrique du Sud ex-premier ) .
          Or la condition premiére de manipulation de la monnaie est le controle de la production d’or et d’argent . La Grande Bretagne a fait çà fin 19e avec l’Afrique du Sud et les US , années 30 , indirectement en en stockant inlassablement , début 20 e .
          Il me semble clair , les US étant devenu défaillant sur ce point qu’il y a un accord tacite ou secret , entre Chine et US . Par ailleurs ni la Chine , ni la Russie ne veulent d’un retour à l’étalon-or , pour un état une monnaie fiduciaire est incomparablement plus avantageuse ( j’espére que celà n’a pas besoin d’explication ) . Par ailleurs l’or ( et maintenant pire les cryptomonnaies) permettent de contourner les politiques monétaires et financiéres , choses particuliérement mal vues en Chine et Russie .
          Donc les Chinois ( et ) les Russes , en tant que peuples , n’ont qu’une confiance trés modérée ( euphémisme) , en leurs états pour leur sécurité monétaire et financiére . Ce sont les Chinois ( 40% au moins de la production ) de cryptomonnaies alors que leurs échanges y sont interdits les plus attirés par ces monnaies . D’autant que le systéme bancaire y est trés ‘dark’ et celà principalement du fait des collectivités locales qui contournent ainsi les absurdités ou conformités du pouvoir central .
          Je n’ai pas de références particuliéres , tout ceci est lieux communs pour ceux qui suivent ces questions .

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          • coinfinger // 12.11.2014 à 13h15

            Evidemment cette nouvelle route de la Soie suppose d’énormes investissements . Il y a peu de chances , je crois , pour que le systéme occidental le finance . Par ailleurs , les finance publiques Russe et Chinoise non plus . les réserves de 2000 milliards de $ de la Chine peuvent trés bien fondre en un clin d’oeil , surtout s’ils servent à financer un projet aussi notoirement anti-oligarchie occidentale . Reste donc l’épargne privée , mais il faudrait qu’elle s’émancipe des tutelles actuelles .

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            • Norbert // 12.11.2014 à 16h39

              Coinfiger,

              Certes ce projet est titanesque, mais il peut se faire. Les problèmes ne sont pas économiques mais politiques.

              Les pays développés produisent essentiellement des biens de consommation futiles, dont un bon tiers sont des déchets menagers. Cela dit sans même parler des milliards qui partent en fumé en bombes et autres armes de convictions massives.

              La Chine peut impulser le projet. C’est ce qu’elle tente de faire. Ensuite, chaque localités traversées par cette route financeront la pierre qu’ils porteront à l’édifice. En ce sens ce projet est dynamique et c’est bien pour cela qu’il y a de grandes réticences de la part des US et de tous ceux qui y sont soumis, dont l’Allemagne, bien qu’un peu schizophréne sur ce coup là.

              C’est de la politique avec navigation a vue. Paranoïa, spéculation, fantasme. Bref, tous le pathos de nos dirigeants attachés à leur petite existence glorieuse. Ils font leur jeux avec des mises faramineuses sans aucune projection sur le long terme avec un potentiel d’auto destruction toujours plus grand.

              Mais sans nul doute ils peuvent realiser ce projet. Il pourrait tout aussi bien recouvrir la totalité de la terre de béton ou decider de faire fondre les banquises, ou encore de mettre en boite le sable des deserts. Ils pourraient le faire pour du pognon, du pouvoir, et nous, petits peuples, nous suivrions les consignes sans nous poser de question, parce que nous sommes pareil à eux. Un sous c’est un sou, un travail c’est un travail.

              Elle sera jolie la terre dans un siecle, puis dans deux ou trois. De belles surfaces planes entourées d’eau et sur lesquelles nous aurions empilé des sabliers histoire de nous assurer que l’avenir existe encore, en le comptant. LVMH exposerait de l’art moderne. Des photos de tout ce que nous avons détruit, et bien qu’un peu nostalgiques du vieux monde, de l’ancien, nous serions fier d’avoir tué Dieu et prouvé notre incommensurable puissance… de destruction.

              En ce sens, si Dieu existe, il est évident qu’il n’a pas pu nous faire à son image.

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            • olivier69 // 12.11.2014 à 22h18

              Norbert,
              si c’était le cas, il n’y aurait pas un dieu mais des dieux comme pour le paganisme ! Vous avez des choix à faire : deut 19.16-19
              Cdlt

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              Alerter
          • Kellhus // 12.11.2014 à 16h53

            Un article qui estime les réserves d’or de la Chine (tenues secrètes):
            http://www.goldmoney.com/research/analysis/china-s-gold-strategy

            Citation: « the Chinese state has probably accumulated between 20,000 and 30,000 tonnes since 1983, and has no need to acquire any more through market purchases given her own refineries are supplying over 500 tonnes per annum. »

              +0

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          • olivier69 // 12.11.2014 à 22h37

            Bonsoir Coinfinger,
            Si je peux vous rassurer (comme d’autres). La quantité d’or d’un pays ne veut rien dire. Il faut voir le nombre d’habitants. Donc, la France a son assurance si « la souterraine » n’a pas notamment disparu. C’est notre garantie pour un avenir incertain. Je rappelle que la France a la deuxième ZEE (un diamant économique) presque à égalité avec les US.
            https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_%C3%A9conomique_exclusive
            Cdlt

              +0

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        • olivier69 // 12.11.2014 à 22h25

          Norbert,
          La peur n’est pas bonne conseillère et empêche les anticipations. La plus grande ressource, c’est l’homme. Dans ce cas, les comportements solidaires, unifiés et organisés seront les moins touchés par une débâcle (qui a été programmée géopolitiquement). Cela s’appelle l’économie solidaire…..
          Cdlt

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    • Kellhus // 12.11.2014 à 07h07

      Les routes terrestres et maritimes sont complémentaires. Cela permet de diversifier les voies d’approvionnement et de limiter l’impact d’une perturbation sur l’une ou l’autre des routes.

        +2

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      • coinfinger // 12.11.2014 à 08h05

        Tout à fait voilà deux choses qui sont complémentaires . Cette idée devrait les rendre plus calmes les uns et les autres . Faudrait expliquer çà à Brzezinsky .

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  • Patrick Luder // 12.11.2014 à 06h30

    Mais n’approchons-nous pas de l’époque ou il faudra relocaliser afin de diminuer drastiquement tous transports inutiles ? Comment voulez-vous respecter les engagements de diminution des gaz à effets de serre autrement ? L’heure n’est plus à la mondialisation pour l’Europe, qu’elle soit avec l’Est, le Sud ou l’Ouest. Il est l’heure pour l’Europe, de prendre ses responsabilité et d’inventer un un monde de responsabilité, un monde de sobriété et de partage. La on fait fausse route, l’Europe n’a plus aucun rôle à jouer dans la distribution des matières premières et des énergies qu’elle n’a pas …

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    • chios // 12.11.2014 à 08h24

      Je dois dire que ce genre d’article me donne le tournis!

       » il faudra relocaliser afin de diminuer drastiquement tous transports inutiles ? »

      Je trouve que le train, dans une optique de relocalisation et d’économie d’énergie, est le meilleur moyen de transport.
      En outre, il est avéré que les voies de chemin de fer, permettent un échange au niveau local, ou plus lointain échange à la base de tout développement économique et même humain…
      Pensez à tous ces …stan qui sont aujourd’hui en pleine déliquescence et ne survivent que grâce à leur exportation de matières premières, isolées au coeur de l »île », desservies par de mauvaises routes et des régimes corrompus…

      La question pour moi: quelle visage prendra la « puissance chinoise »?.

      Il me semble que le conflit aujourd’hui, se dessine entre « puissance d’état » et « puissances privées », et leur équilibre, aussi bien en interne, qu’au niveau mondial, la Chine et la Russie d’un côté, et les states et l’UE de l’autre…

      On ne peut hélas,que contempler et commenter ce « spectacle » qui se déroule sous nos yeux.

        +5

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      • Renaud 2 // 12.11.2014 à 10h49

        « Il me semble que le conflit aujourd’hui, se dessine entre “puissance d’état” et “puissances privées”, et leur équilibre, aussi bien en interne, qu’au niveau mondial ».
        Je suis d’accord avec vous. Je pense que l’enjeu pour le BAO est d’imposer le plus rapidement possible les traités TTIP et TPP, puis évincer Poutine et Xi du pouvoir, grâce à l’appui de la « cinquième colonne » (si j’ai bien compris ce que c’est…). Le bloc BAO est indiscutablement privé, son but depuis toujours est l’anéantissement des pays souverains. Mais en situation de crise, il n’est pas rare que le peuple se réfugie derrière sa nation.
        Les 10 prochaines années vont être décisives. Ne pas oublier également un possible krach monumental mondial, où la relocalisation prônée par Patrick Luder deviendra une nécessité (de toute manière tout effort entrepris aujourd’hui par une communauté, une région ou une nation pour développer son autonomie sera bénéfique pour le futur).

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    • Laurent // 12.11.2014 à 13h54

      En lisant cet article, je me suis demandé :
      « Mais auront-ils assez de pétrole pour tout ça ? »

      Va-t-on voir de formidables infrastructures obsolètes dès leur ouverture parce que la raréfaction du pétrole limitera drastiquement le transport et mettra un terme à l’omniprésence de la mondialisation ?

      Quel intérêt de quitter le rêve américain pour le rêve des routes de soies ? S’agit-il d’abandonner l’ivresse provoqué par le whisky pour sombrer dans celui de la vodka ? Au bout du compte tout le temps, l’argent et l’énergie qui pourrait être utilisé pour s’adapter à la nouvelle donne énergétique va être gaspillé dans des rêves sans avenirs et à la fin il ne reste plus que des gares et des ports fantômes.

        +2

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  • pierre9459 // 12.11.2014 à 08h36

    Et voici au passage comment un grand pays comme la France, devenue depuis la mort du Général De Gaulle une vague succursale yankee s’en vient à perdre ET ses relations profondes avec la Chine et la Russie ET tout le peu de crédibilité qu’il lui restait avec cette lamentable affaire des mistral.
    En même temps…courir avec le froc aux chevilles, ce n’est certainement pas évident !

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  • Judabrutus // 12.11.2014 à 08h55

    C’est la geographie qui commande la temporalité lourde et longue de l’histoire, ll suffit que nous reeduquions notre regard : l’évidence d’un bloc eurasiatique s’ impose d’elle-même, avec son corollaire : la latéralisation du continent américain. Les USA ont tout fait pour brouiller cette représentation qui est à la fois l’annonce et l’effet de leur declin, Mais, encore une fois, la geographie physique et l’histoire longue sont têtues : de même qu’on ne gagne pas une guerre en dominant l’espace aérien, de même on ne s’ approprie pas l’économie mondiale en dominant les voies maritimes quand il existe des routes terrestres plus courtes et plus droites. Les USA le savent mieux que quiconque puisque c’est le chemin de fer qui a unifié leur territoire d’échelle continentale alors qu’existait un solide réseau de communications maritimes qui ,au final , s’ averait impuissant à realiser cette unité. Avec la renaissance de l’immémoriale route de la soie, s’ effondrent les dernieres illusions de notre révolution industrielle sur la rente idéologique de laquelle vivait « l ‘occident » depuis plus de 2 siècles. Nous allons très vite nous rendre compte qu’il n’y a pas, qu’il n’ y a jamais eu d' »identité occidentale » sinon dans les têtes malades de quelques geo-stratèges dûment rétribués pour faire une sale besogne propagandiste : le commerce mondial réglé par des considérations geopolitiques n’est jamais qu’ une forme impure du commerce, qui ne tient pas longtemps face à la logique des simples échanges profitables entre les nations.

      +11

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  • Charles Michael // 12.11.2014 à 09h17

    Ce qu’il y a de très interessant dans l’anlyse prospective de Pepe Escobar, c’est la façon dont il rejoint les prévisions d’Emmanuel Todd sur l’axe Berlin-Moscou. Les deux partagent complétement lla domination de l’UE par l’Europe
    Cependant alors que PE tiers mondiste y voit un futur équilbrage international en prolongeant l’axe jusqu’à Pekin, ou plus exactement Pékin créant l’axe vers l’Ouest; ET craint d’abord un conflit Berlin Moscou, on peut y voir comme une trace d’une décéption quant au rôle que la France aurait put et dut y jouer.

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  • francois // 12.11.2014 à 11h35

    J’avoue ne pas comprendre comment faire passer des voies terrestres dans des pays aussi chaotiques que l’afghanistan ou l’irak, les américains vont surement tout faire pour conserver un état de guerre civile pour mettre des batons dans les roues du projet.
    Pensez-vous que l’Allemagne puisse sortir du giron américain ? Ou bien ses élites sont trop américanisées comme les notres pour oser dire non à l’oncle sam ?

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    • Charles Michael // 12.11.2014 à 14h08

      J’ai crut comprendre que la route de la soie PMB passerait par les républiques d’Asie Centrale (ex URSS) jusqu’à Moscou puis Berlin, une autre route possible est Chine, Inde, Pakistan, Balouchistan, l’Iran et de là des branches vers l’Irak, Syrie, et/ou Iran, la Turquie et de là Balkans et Autriche, un peu comme le projet South Stream.
      La route d’Asie Centrale passant par l’Ouzbekistan pourrait connecter avec l’Afghanistan.

      Pour ce qui est de la position de l’Allemagne sur le plan recherche de croissance il y a une logique de situation, l’avenir est bien sur incertain, celui des USA aussi (il est possible qu’un affaiblissement économique renforce les tendances isolationistes).

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  • Alae // 12.11.2014 à 12h01

    Un nouvel article, daté d’hier, de Pepe Escobar sur l’APEC. Il y note le subtil rejet des Américains par les Chinois tel qu’illustré par le positionnement d’Obama sur la photo de groupe : à côté de Xi Jinping, Poutine. Au bout, relégué à droite, Obama.

    Il y souligne l’inutilité des efforts d’Obama pour fourguer le TPP aux Chinois (c’est un accord commercial écrit par les multinationales américaines et uniquement censé servir leurs intérêts), et aussi que la politique américaine, semble-t-il, reste enfermée dans le cadre mental étroit de la guerre froide et en recycle sans fin les armes (menaces, sanctions, ingérence, etc) parce que Washington espère, contre toute logique, que les Russes et les Chinois finiront par céder aux menaces et « rentreront dans le rang » des vassaux de l’Amérique.

    Une rupture idéologique aussi profonde entre les Américains, irrémissiblement englués dans leur rêve hégémonique, et les autres, qui se mettent au travail pour ouvrir de gigantesques perspectives économique, donne carrément le vertige. Aujourd’hui, ce sont deux mondes sans le moindre rapport l’un avec l’autre.
    http://rt.com/op-edge/204323-china-russia-partnership-apec-usa/

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    • Kiwixar // 12.11.2014 à 12h35

      « Il y note le subtil rejet des Américains par les Chinois tel qu’illustré par le positionnement d’Obama sur la photo de groupe : à côté de Xi Jinping, Poutine. Au bout, relégué à droite, Obama »

      La dernière fois, Obama était absent, empêtré dans son plafond de la dette, et c’est Kerry qui y était, au fond à droite (car pas Chef d’Etat). Obama est quand même au premier rang (pas la peine de l’insulter non plus) mais plus loin que Widodo. Par contre sur l’autre photo, il est au centre à côté de Xi Jinping. C’est toujours une méthode diplomatique chinoise d’alterner le chaud et le froid (serrer et déserrer le collet).

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  • Olposoch // 12.11.2014 à 13h31

    Toutes ces prospectives, ces conceptions de développement, ces routes de la soie, ces bonds en avant fleurent bon les années 50 et 80…
    Aujourd’hui on sait que le mode de vie US n’est pas soutenable du point de vue écologique.
    Et en face on a la Russie et la Chine qui ne veulent rien d’autre que de vivre comme des américains.
    Tout le monde sait que cela signifie dans un premier temps les guerres pour les dernières gouttes et la fin de ce qui est appelé la démocratie….
    Hypothèse haute pour le futur de notre espèce…Elyseum ou Interstellar
    Hypothèse probable, soylent green, Mad Max, Blade Runner
    A moins que, Iron Sky

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    • Laurent // 12.11.2014 à 14h00

      Entièrement d’accord. Les dirigeants des 3 grandes nations (USA, Chine et Russie) sont restés dans le XXème siècle, ils n’ont pas encore intégré la fin de l’énergie et des matières premières bon marché.

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    • Lithan // 12.11.2014 à 14h23

      Ou, pour diversifier nos références cinématographique, notre futur pourra être entre les films (et BD) d’Enki Bilal et ceux de Konstantin Lopushanskiy !

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    • Alae // 12.11.2014 à 18h13

      « Aujourd’hui on sait que le mode de vie US n’est pas soutenable du point de vue écologique. Et en face on a la Russie et la Chine qui ne veulent rien d’autre que de vivre comme des américains. »

      Les Russes ont parfaitement intégré ce paramètre. Ce sont des spécialistes de la vision à long terme qui croient à des reconversions planifiées, prévues pour entrer en action au moment idoine.
      Il suffit de voir la façon dont ils déjà ont prévu la reconversion de leur complexe militaro-industriel, qui pour le moment tourne à plein sur la fabrication d’armes, en applications civiles futures.
      https://www.youtube.com/watch?v=2-cBISOTZzg

      Les Chinois sont plus cupides et moins prévoyants, mais peut-être que la Russie saura tempérer leur voracité…

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  • lon // 12.11.2014 à 14h32

    Pour « l’Europe » , c’est l’Allemagne qui a la clé. J’ai toujours été convaincu que si un jour l’Allemagne devait choisir entre « l’Europe » et l’Est ( càd la Russie) elle choisirait l’Est. Il y a ainsi des tropismes irréductibles .
    Quant aux relations avec la Chine, j’avais été effaré il y a quelques années de la forte présence chinoise lors d’une foire à Hannovre. Escobar fait bien de souligner la tendance . D’une manière générale je ne peux constater d’ailleurs qu’une présence chinoise de plus en plus forte partout en Europe . Pas que ça me gêne, j’aime bien les chinois , et en affaires s’ils sont suprêmement chiants au départ ils respectent scrupuleusement les contrats .
    Bon pour revenir à l’Allemagne, notre maitre à tous, je ne peux pas imaginer qu’ils vont larguer 25 ans d’investissement à l’Est juste pour faire plaisir aux ricains, quoique l’attitude de Merkel dans la crise ukrainienne me stupéfie , et pas dans le bon sens . Je ne le souhaite pas, étant personnellement pour une association à terme UE-Russie, et considérant que les USA , dont j’admire pourtant la littérature , le cinéma et la musique, n’ont rien à faire politiquement en Europe .

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  • DuQuébec // 12.11.2014 à 15h26

    Il y a quelque chose qui me saute aux yeux en regardant cette carte, c’est à quel point les futurs développements en infrastructures suivent une logique de corridors. Et surtout une logique de corridor décrite dans le livre « Redécouvrir l’histoire mondiale : Sa dynamique économique, ses villes et sa géographie » de Luc-Normand Tellier.
    Je m’explique : ce chercheur en économie et urbanisme, en se basant sur de nombreux travaux antérieurs, a mis au jour des « corridors topodynamiques » au sein desquels les grands centres économiques apparaissent et se font concurrence selon une logique spatiale très précise. On avait tous saisi ce déplacement vers l’Ouest des centres économiques depuis le Moyen-Âge, mais M. Tellier pousse la logique encore plus loin en racontant le développement des villes depuis les début de l’agriculture et de l’urbanisation.
    Depuis le XIXe siècle, avec la révolution du rail, un des corridors a pris le dessus, ce corridor traversant les USA selon une radiale New-York vers Los Angeles, traverse le pacifique jusqu’à la région de Shangaï, puis traverse les steppes asiatiques en passant par (surprise !!) Moscou, Berlin et Londres avant de revenir sur New York. La partie de ce corridor qui est actuellement la plus développé est la partie correspondant au bloc BAO, mais il semble que la partie Eurasiatique commence a montrer des signes intéressant de développement.
    C’est un bouquin qui est curieusement pas connu du tout, mais il me semble que son concept est assez puissant pour qu’on l’intègre dans nos réflexion sur le temps long.

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  • theuric // 12.11.2014 à 23h42

    Tout concept ne peut s’établir que de son corolaire et l’idée originelle qui se dégage de ce texte de Monsieur Escobar c’est la survie des États-Unis-d’Amérique, non pas en tant qu’empire mais, plus simplement, en tant que pays.
    Or il me semble que toutes nos réflexions se révèleront fausses si nous partons du simple constat que la situation de l’économie mondiale, américaine et du (pétro)dollar est des plus précaires, que nous sommes au-devant d’une catastrophe monétaire totale.
    Si nous considérons, en effet, les liens existant entre toutes les monnaies, toutes surproduites, ou presque, le déni de ce risque majeur, pour moi avéré, et de ces deux bulles déjà en expansion, industrielle (ou plutôt désindustrielle) et monétaire, bientôt suivie de l’éclatement de l’infinie bulle de toutes les spéculations mondiales, nous ne pouvons pas ne pas rendre compte de l’affolement universelle qui accompagnera cette ruine, rendant pour un temps indéterminée la valeur de chaque papier-monnaie indéterminée par rapport à chacune des autres.
    Aucun pays n’en réchappera.
    De plus et partant de ce principe, ni l’Inde, ni le Japon, ni la Russie ne supporteront une toute puissance chinoise, cela parce que tous les compteurs repartiront de quasiment zéro, hormis quelques états comme cette même Russie ou Inde, pouvant tout de même (sur)vivre quelque temps dans une certaine autarcie.
    Le jeu politique et géopolitique, s’appuyant sur les réalités géostratégiques, reprendront leurs droits, tout simplement parce que les U.S.A. ne seront plus dans leur rôle de puissance centrale stabilisante/déstabilisante, si ils sont encore, ce qui génèrera, naturellement, des tensions accrues entre les états de puissance semblable ainsi que des accords de contournement entre des pays craignant part trop de leur voisin le plus puissant, la Corée du Sud ou le Japon avec l’Inde ou la Russie, notamment.
    Un conflit, par exemple, ne serait pas à exclure entre l’Iran et la Turquie qui aurait, pour horizon, ce qu’il reste de l’Irak.
    L’année dernière, encore, cette très probable ruine mondiale était encore pensée et étudiée, or et de manière plutôt surprenante, plus personne ne semble en faire état.
    C’était comme si réfléchir à cette rupture première de notre univers ne pouvait qu’être exclue de toute considération politique et géopolitique.
    Pourtant nous ne pouvons pas faire abstraction d’une telle probabilité et même la faire centrale pour toute considération future des peuples et des nations.
    Que ce soit sur le plan national et international, c’est faire preuve d’indigence que de ne pas considérer cela comme étant déjà un fait.
    Nous ne courrons pas tous à la ruine, non, nous sommes tous déjà ruinés!

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    • olivier69 // 13.11.2014 à 15h33

      Bonjour theuric,
      déjà les US sont une corporation et les élites ont programmé ce que vous dites être une catastrophe. Il me semble au contraire que l’élite mondiale n’a pas de problème financier. Vous parlez des effets sans parler des causes et vous ne définissez pas correctement les concepts ?
      Vous n’arrêtez pas de distiller la peur et ensuite de faire la promo de l’extrême gauche.
      Ensuite la monnaie n’est pas seulement surproduite mais détournée (par le shadow banking).
      Vous parlez du papier monnaie ? Je vous dis qu’un contrat écrit est un papier monnaie. Il y a juste que sa transmission générale est limitée. L’autarcie ? Vous faites la promo du mondialisme c’est à dire de l’internationale ouvrière ?
      Vous avez fait ainsi le tour du monde des situations c’est à dire vos effets sans parler encore une fois des causes. Bref, votre petit monde……
      Originelle ? Catastrophe ? Infinie ? Rupture première ? Univers ? Vous avez fini avec cette rhétorique d’ « une abstraction, stabilisante/déstabilisante » ( et pour le final, je n’ai repris que vos maux) …
      Cdlt

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  • Wilhelm // 06.03.2015 à 00h17

    Pour olivier 69, arrête de lire le monde dans un dico. Le monde ça se vit. C’est sûr lire rend moins con mais il ne rend pas plus intelligent. On connaît de toute manière que la lecture est un refuge à la peur de la rhétorique qu’ elle soit scientifique ou littéraire. Ce qu’il faut faire ce n’est pas lire dans le détail mais avoir une ligne de conduite ( Une discipline, accompagnée ou non d’une éducation). Connaît-tu réellement que la corruption des pays pauvres vient dans les banques et institution des pays comme la France, le R-U, les Pays-Bas, E-U et comme on peut le remarquer ce sont les pays industrialisés qui arrivent à avoir une vision parfaite d’indépendance politique. Donc le dico à déjà lui-même ça ligne de conduite que tu suis. Il faudrait que tu voyages et loges dans les logements des autochtones. Là tu te sentiras indépendant sans trop regarder à l’ouest.

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