Les recommandations de Musk et Ramaswamy « pourraient avoir un impact dévastateur sur les Américains »

Source : Truthout, Jake Johnson, CommonDreams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Les deux milliardaires de droite que le président élu Donald Trump a chargés de diriger une nouvelle commission sur « l’efficacité du gouvernement » ont exposé mercredi leur vision du licenciement massif d’employés fédéraux, d’une déréglementation à grande échelle et d’une réduction importante des dépenses qui pourrait avoir un impact sur les programmes de lutte contre la pauvreté, la recherche et le développement de médicaments, etc.

Pour la première fois depuis que Trump a annoncé son intention de créer le Department on Government Efficiency (DOGE) – qui, en dépit de son nom, serait une commission consultative plutôt qu’un véritable département fédéral – le PDG de Tesla, Elon Musk, et l’entrepreneur en biotechnologie, Vivek Ramaswamy, ont présenté en détail la façon dont ils prévoient d’atteindre leur objectif déclaré de passer à la « tronçonneuse » les activités fédérales.

« Nous assistons l’équipe de transition de Trump dans son travail d’identification et d’embauche d’une équipe restreinte de croisés d’un État restreint, comptant certains des cerveaux les plus brillants d’Amérique, dans les domaines techniques et juridiques », ont-ils écrit dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal. « Tous les deux, nous conseillerons le DOGE à chaque étape afin de poursuivre trois grands types de réforme : les abrogations de régulations, les compressions dans l’administration et les économies de coûts. Nous nous attacherons tout particulièrement à conduire le changement par le biais d’une procédure exécutoire fondée sur la législation existante, plutôt que par l’adoption de nouvelles lois. »

Décriant les règles élaborées par des « bureaucrates non élus », Musk et Ramaswamy – des conseillers extérieurs non élus – ont écrit qu’ils avaient l’intention de présenter à Trump « une liste de régulations » qu’ils estiment devoir être éliminées. Selon eux, cette mesure justifierait des « réductions massives d’effectifs » – pour parler de façon managériale, des licenciements massifs – dans toutes les agences fédérales, un plan qui, écrivent-ils, ne serait pas entravé par les protections inhérentes à la fonction publique.

Les organismes de surveillance ont fait remarquer que concernant les régulations, les réductions envisagées par les codirigeants de la commission se feraient probablement au bénéfice des entreprises de Musk, dont au moins trois font actuellement l’objet de mesures de contrôle minutieuses de la part de neuf agences fédérales.

« En se fondant sur les commentaires d’Elon Musk, le prétendu Département de l’efficacité gouvernementale est prêt à émettre des recommandations très ambitieuses qui pourraient avoir des conséquences dévastatrices pour les Américains et profiter considérablement aux privilégiés, à commencer par Musk lui-même », a déclaré Robert Weissman, co-président de Public Citizen, mercredi.

Musk et Ramaswamy ont également présenté un plan qui permettra à Trump de contourner les lois fédérales existantes, comme par exemple l’Impoundment Control Act [loi fédérale américaine qui régit le rôle du Congrès dans le processus budgétaire des États-Unis, NdT], de manière à pouvoir réduire les dépenses déjà allouées par le Congrès.

« Le DOGE contribuera à mettre fin aux dépenses fédérales excessives en s’attaquant aux plus de 500 milliards de dollars de dépenses fédérales annuelles non autorisées par le Congrès ou utilisées d’une manière non prévue par le Congrès, et cela va des 535 millions de dollars par an de la Corporation for Public Broadcasting jusqu’aux 1,5 milliard de dollars pour des subventions à des organisations internationales en passant par les près de 300 millions de dollars pour des groupes progressistes tels que Planned Parenthood [Planning familial, NdT] », écrivent-ils.

Comme l’a récemment fait remarquer Jacob Bogage du Washington Post, les programmes fédéraux « ne bénéficiant pas d’une autorisation de dépense distincte » que Musk et Ramaswamy ciblent « représentent plus de 516 milliards de dollars » et comptent des domaines clés tels que les soins de santé pour les anciens combattants, les dépenses pour l’éducation, pour l’aide au logement, pour l’aide à la garde d’enfants, les programmes de prêts étudiants, Head Start [programme du Département de la Santé, de l’éducation et des services sociaux des États-Unis qui fournit une éducation complète, des services d’implication parentale, de santé, de nutrition, aux enfants à faibles revenus et à leurs familles, NdT], la prise en charge de la dépendance aux opioïdes et finalement la NASA.

Musk, l’un des principaux méga-donateurs de la campagne de Trump à l’élection présidentielle de 2024, a affirmé lors de la campagne qu’il serait en mesure de définir des réductions possibles des dépenses fédérales à hauteur d’« au moins 2 000 milliards de dollars ».

Casey Wetherbee, un écrivain qui vit en Argentine, a prévenu mercredi que « l’admiration que Musk et Ramaswamy montrait pour le président argentin Javier Milei nous donne un aperçu de leur idéal en matière d’État à terme ».

« Le 18 novembre, Ramaswamy a tweeté : « Pour réparer le gouvernement américain, il y a une formule rationnelle : des coupes à la Milei, mais sous stéroïdes », écrit Wetherbee pour Jacobin. « Lorsque Milei a pris ses fonctions l’année dernière, il a déclaré que les conditions empireraient avant que les choses ne s’améliorent ; dans le même esprit, Musk a averti que les recommandations de la DOGE pourraient entraîner des « difficultés temporaires ». Pendant ce temps, en Argentine, les mesures d’austérité de Milei ont ciblé le filet de sécurité sociale du pays, faisant monter en flèche le taux de pauvreté tout en ne réduisant les impôts que pour les citoyens les plus riches du pays, une perspective troublante pour une deuxième administration Trump si les conseils de la DOGE sont un jour mis en œuvre. »

« Un second mandat de Trump verra sans aucun doute une attaque sur plusieurs fronts contre toute institution qui cherche à contraindre les grandes entreprises, et la DOGE mènera la charge, a ajouté Wetherbee. Après tout, dans son appel public à collaborateurs, la DOGE recherche des « révolutionnaires ultras d’un gouvernement restreint avec un QI particulièrement élevé » ; c’est ainsi qu’elle se perçoit. Nous ne pouvons qu’espérer qu’en vertu de leur caractère manifestement insupportable, les relations entre la DOGE et l’administration Trump s’embraseront de manière spectaculaire. »

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Jake Johnson est rédacteur pour Common Dreams. Suivez-le sur Twitter : @johnsonjakep.

Source : Truthout, Jake Johnson, CommonDreams, 21-11-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises