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30.novembre.201530.11.2015 // Les Crises

L’Etat islamique, objet terroriste non identifié

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Le criminologue Xavier Raufer pose ici quelques questions pertinentes sur Daech.

Bien entendu, tout ceci est à prendre avec prudence et recul, tant il est difficile d’appréhender correctement la vérité dans cet épineux dossier syrien…

Je ne partage pas tout pour ma part, (Al Nosra est une émanation de Daech au début, et il me semble que le chapeau est un peu grand pour l’Iran) mais cela aide à la réflexion et à l’esprit critique… on ne peut se plaindre des discours univoque mainstream et vouloir un discours univoque non-mainstream 🙂
iL’article étant très long, vous pouvez le télécharger ici en pdf pour impression.

Je profite pour livrer une anecdote sur un djihadiste qu’il a racontée récemment, et qui me semble très pertinente :

J’ai pu voir récemment un mail : c’était une lettre d’un garçon qui combat en Syrie, à sa fiancée. Il disait :

« Ma chère X, tu sais, je, mon seul rêve est de rentrer en France, et t’épouser devant Dieu mais en attendant je suis obligé, fī sabīl allāh (dans la voie de Dieu ) de combattre, etc. En attendant j’ai pensé que ça te ferait plaisir de, que je t’envoie une photo souvenir. »

Alors, le mail déroule et apparait la photo, qui montre le garçon en question avec une tête décapitée dans chaque main, le sang qui coule encore.

Et c’est ça la pensée d’amour qu’ils envoient à leur fiancée…

Ce sont des gens dont on peut se demander si la religion n’est pas un pur prétexte à assouvir une fureur sanguinaire en eux, qui aujourd’hui s’exprime comme ça et qui à un autre moment se serait exprimée autrement. Ce sont des cinglés.« 


L’État islamique, objet terroriste non identifié

Source : Xavier Raufer, en octobre 2015.

SANS conflits majeurs mais proche du chaos et toujours entre deux violences, notre monde actuel est dès 1938 pré-vu par Carl Schmitt – avec quelle impressionnante prescience. Voici ce dont le juriste voyait à terme l’inévitable avènement : « une guerre globale largement asymétrique, soustraite à tout contrôle et toute limitation juridique, dans laquelle une grande puissance néo-impériale ne se déploie pas tant, ni seulement, contre des Etats particuliers, que contre des organisations de « partisans globaux » (Kosmospartisanen) qui opèrent à l’échelle mondiale en usant des moyens et en poursuivant les objectifs de la guerre civile »[1] .

D’emblée, l’auteur souligne que toutes les informations figurant dans cette étude sont vérifiées, vérifiables et disponibles. L’originalité de l’exercice tient aux étonnements et questionnements qu’on trouve ici – mais quasiment nulle part ailleurs, médias et politiciens étant hypnotisés par les égorgements et autres actes iconoclastes, au point d’oublier tout le reste.

A l’œuvre aujourd’hui – dans quel fracas médiatique – l’entité de « partisans globaux », au choix nommée « Etat islamique » (ci-après E. I.), « Etat islamique en Irak et au Levant », ISIS, ISIL « Daech » ou « les Takfiri ». Cette étude vise à montrer que, si nous subissons au quotidien les récits des horreurs perpétrées par cette entité ; si l’on nous menace de l’irruption en Europe de milliers de ses sanguinaires moujahidine et qu’on nous gave de chiffres effarants sur son arsenal et la taille de ses « armées » – nul n’aborde jamais l’essentiel : qu’est-ce que « l’Etat islamique » ? Quelle est sa nature ? Son essence ?

Début septembre 2015 encore, Le Figaro s’inquiète : « Un an de bombardement n’a pas ébranlé l’Etat islamique »… « En échec face à Daech, les Occidentaux s’interrogent sur leur stratégie ». Qu’est-ce donc alors que cet inébranlable EI, qui affronte le monde entier ? Et pourquoi les Occidentaux s’interrogent-ils sur leur propre stratégie, et non sur ce qu’est ce désormais formidable ennemi, dont nul ne savait même le nom voici trois ans, hormis de rares experts ?

Tentons d’y voir clair et comparons l’E.I. au Hezbollah. Ce qu’est le Hezbollah est enfantin à décrire : entité paramilitaire, ou milice chi’ite du Liban, à fort tropisme terroriste ; équipée, entraînée et manipulée par les forces spéciales de la République islamique d’Iran. Deux lignes : on sait l’essentiel. Or ainsi définir l’E.I. est impossible car, allons droit au but, l’E.I. ne va pas de soi : c’est ce que nous établirons ici.

Etonnons-nous d’abord de ce que nul, apparemment, ne remarque :

L’E. I. est-il un « groupe terroriste » ?

Non : nul groupe terroriste présent ou passé n’a jamais possédé plus de chars d’assaut que l’armée française ; en outre, depuis que l’E.I. sévit en Irak, on compte dans ce pays moins d’attentats terroristes qu’auparavant. Sur le terrain enfin, les succès de l’E. I sont clairement de nature militaire et non terroriste.

Note OB : Il est en effet bien possible que Daech ait récupéré beaucoup de chars des armées Irakienne et Syrienne. Rappelons que la France n’a que 250 chars Leclerc, contre environ 2 500 chars à l’armée irakienne et 4 700 à l’armée syrienne (avant la guerre).

Qui plus est, l’E.I. opère au Moyen-Orient et s’il y a bien une règle sans exception dans la région, c’est que toute entité terroriste un peu durable y devient fatalement l’acteur d’un terrorisme d’Etat. Cette règle prédomine depuis cinquante ans – Abou Nidal (Fatah-Conseil révolutionnaire), Syrie puis Libye ; Ahmed Jibril (FPLPCommandement général), Syrie ; l’Asala, Syrie ; le Hezbollah lui-même (Iran), en sont la convaincante démonstration.

Mais alors, quel marionnettiste pour l’E. I. ? Au cours de l’année 2014, les pétromonarchies de la péninsule arabe et la Turquie ont soudain changé de protégés sur le champ de bataille Irak-Syrie pour aujourd’hui soutenir divers rejetons régionaux d’al-Qaida : Jabhat al-Nosra (al-Qaida en Syrie) et « al-Qaida dans la péninsule arabe » ; les premiers combattent l’armée de Bachar al-Assad allié de Téhéran, et le Hezbollah ; les seconds, les Houthis du Yémen, issus eux aussi de la constellation chi’ite. Ainsi tout est clair – sauf de savoir qui entretient l’E.I depuis que les principaux acteurs sunnites régionaux ont changé leur fusil d’épaule.

L’E. I. est-il une guérilla ?

Encore moins ; contrairement aux règles les plus éprouvées de la « petite guerre », l’E.I. ne se replie pas après l’attaque, mais s’enracine, contrôle durablement des territoires ; affronte des armées régulières. A notre connaissance, cette stratégie est sans précédent.

L’E. I. se veut un « califat »

Etrange, car toutes les références coraniques sunnites sérieuses affirment qu’un califat, c’est obligatoirement un territoire physique. Impossible d’imaginer un califat spirituel, clandestin, numérique ou métaphysique. Or l’allégeance se faisant indissociablement califat et au calife, si le territoire de l’Etat islamique est conquis par quelque ennemi, tous ces liens d’allégeance sont dissous : sur le champ, l’E. I. tombe en poussière – comme Dracula à la fin d’un film de la Hammer.

L’E. I. prône-t-il une forme extrême de l’islam sunnite ?

Là, énorme mystère – dans une affaire qui n’en manque pas. Dans l’islam sunnite, l’autorité suprême est al-Azhar, mosquée du Caire, centre d’enseignement spirituel et doctrinal tout ensemble. Modèle de prudence et de pondération, al-Azhar condamne par exemple « le terrorisme » en général, islamique ou autre, dans un flou étudié et de loin. En 2010, le secrétaire général du Conseil de la recherche islamique d’al-Azhar s’est ainsi borné à certifier la savante fatwa (600 pages) du Dr. Muhammad Tahir ulQadri (soufi pakistanais) qui rejette le terrorisme comme anti-islamique, voilà tout.

Mais jamais al-Azhar – la mosquée, voire l’un de ses dirigeants à titre individuel – ne prononce de nom, ne désigne une organisation. Sur Oussama ben Laden par exemple, ou al-Qaïda : silence, même après le 11 septembre 2001.

En décembre 2014 encore, al-Azhar refuse de qualifier l’E. I. de « groupe apostat » – sentence de mort qu’elle n’a jamais prononcée depuis sa fondation. Mais en février 2015, revirement brutal : le « cheikh al-Azhar », chef suprême de l’institution, tonne contre l’E. I., ces « oppresseurs et corrompus qui combattent Dieu » et appelle à « crucifier et démembrer les terroristes d’ISIS ».

Pourquoi cette condamnation d’une terrible violence, comme – insistons – nul à al-Azhar n’en a jamais prononcée depuis que l’institution existe ? Malgré des questions précises et bien des lectures, l’auteur est sans réponse sur ce point pourtant crucial [2] .

Les Etats-Unis et l’E.I.

Comme « grande puissance néo-impériale » (dans la définition de Carl Schmitt) les Etats-Unis sont sans doute les plus concernés au monde par l’Etat islamique ; pas les plus menacés, mais à coup sûr ceux dont le reste du monde attend une stratégie, une riposte – une contre-offensive.

Or sur l’Etat islamique, les Etats-Unis pataugent conceptuellement [3] . En décembre 2014, le major-général Michael Nagata, commandant les forces US au Moyen Orient dit de l’E. I. : « On ne comprend même pas le concept ». En septembre 2014, le président Obama, premier récipiendaire de toute la production du renseignement US, avait qualifié l’E.I. d' »équipe de réserve d’al-Qaïda » [4] – ce qui est une bourde grossière.

De mars à août 2015, les deux revues les plus brillantes et sérieuses des Etats-Unis The New York Review of Books et The Atlantic, publient trois études sur l’E.I.[5]. On y trouve tout : longuement « le salafisme pour les nuls », le jihadisme gore, le programme de l’E. I., tout ce que la propagande-épouvantail de cette entité dit d’elle-même ; les coutumes sociales ou sexuelles de l’E. I. – ah mon Dieu ! Ils veulent restaurer l’esclavage… ses combattants étrangers ! De la fascination ; du petit bout de la lorgnette.

Rien dans ces articles ne reflète le moindre étonnement. Nulle part, un mot sur l’autonomie de décision de l’E. I. Pas un soupçon. Rien ne fait tiquer ces (pourtant excellents) auteurs, pour qui l’E.I. va de soi, n’est qu’un groupe comme un autre. Ces articles prennent l’E. I. au sérieux : ce qu’il dit de lui est la réalité ; on ne critique pas, on ne questionne pas.

Ce qu’est l’Etat islamique, a quoi sert-il et qui sert-il ? D’où vient-il vraiment ? Quelles sont ses intentions réelles ? Rien. Nous reviendrons en détail sur tout cela mais d’emblée, une étrangeté, énorme, que nul ne relève, dans la littérature sur l’Etat islamique.

Abu Bakr al-Bagdadi n’est pas le premier chef de l’E.I. à porter ce nom de guerre. Le précédent se nomme Abu Omar al-Bagdadi, de son vrai nom Hamid Daoud Muhammad Khalil al-Zawi (1947-2010). Naguère, général de brigade dans la fort laïque police de Saddam Hussein. Tiens : curieux parcours pour un émir salafiste – gardons cela en mémoire.

Or quand abu Omar al-Bagdadi est éliminé près de Tikrit en avril 2010, la presse de Bagdad (qui sait de quoi elle parle…) qualifie unanimement ce qu’on appelle alors « l’Etat islamique en Irak » de « groupuscule ».

Trois ans plus tard (2013) le « groupuscule » de traine-savates armés de kalachnikovs devient « Dawla al-Islamiyya fi’il Iraq wa’l Sham » (Etat islamique en Irak et en Syrie). Début 2014 (et désormais désavoué par al-Qaïda) il conquiert, sur ses centaines de tanks renforcés d’une efficace artillerie lourde, le tiers nord de l’Irak – plus de 150 000 km2 . Le ci-devant « groupuscule » est alors – selon des experts militaires – « capable d’encercler ou d’isoler les unités ennemies, de désorganiser les états-majors et l’approvisionnement ennemi ». Il sait « monter des attaques coordonnées et simultanées » et ses capacités anti-aériennes sont « sérieuses » (hélicoptères abattus en vol). Le « groupuscule » dispose d’une stratégie élaborée des lacs et barrages (crucial pour un pays désertique) d’unités de canonnières sur les fleuves et de drones en quantité.

Les chaînes de commandement de l’ex-groupuscule sont « efficaces », tout comme ses commandos et son renseignement (infiltration, recrutement, pénétrations, assassinats et attentats). Il dispose de stocks énormes d’armes et de munitions.

Or depuis dix ans en Irak, vingt ans en Afghanistan, la « grande puissance néoimpériale » échoue à constituer, même un semblant d’armée nationale crédible… Insistons : par quel miracle ? Comment expliquer la brutale mutation du « groupuscule » en ravageuse armée de conquête ?

Que sait-on vraiment sur L’E.I ?

Abu Musab al-Zarqawi, jihadi hors-normes

Commençons par le fondateur officiel et chef de l’Etat islamique (2003-juin 2006) « abu Musab al-Zarqawi », encore présenté (et loué) comme tel par de récentes (printemps 2015) vidéos de propagande de l’E. I.

Il s’agit de Ahmad Fadhil Nazzal, al-Khalayleh (nom de son clan, dans la tribu des Bani Hassan). Il se dit « abu Musab » en référence à Musab bin Omar, compagnon du Prophète et « al-Zarqawi », pour la ville jordanienne de Zarqa, ou Zarka, où il est né.

Al-Zarqawi est tout, sauf un chevalier blanc du salafisme. Plutôt un paumé, un errant à la Lee Harvey Oswald : vendeur dans une video-store du fin fond de la Jordanie, voyou tatoué et toxicomane. Dans la décennie 1990, sa famille le fait désintoxiquer (purification et prière) par des salafistes. Le succès dépasse les espérances familiales car vers 1999, le jeune Ahmad Fadhil fonde un groupuscule jihadi, nommé (comme bien d’autres) « Jama’at al-Tawhid wa’l jihad » (association pour le monothéisme et la guerre sainte) ; en fait, une micro-secte mortifère.

Traînant déjà une réputation d’agent provocateur ou d’assassin à gages, le désormais « Abu Musab al-Zarqawi » part pour l’Afghanistan avec sa troupe. De 2001 à 2003, époque cruciale, son itinéraire international est bien repéré : nous verrons plus bas, rayon étrangetés, qu’il est même franchement étonnant.

En 2003, Zarqawi et ses hommes s’installent finalement en Irak, où il crée l’année suivante (2004) « Tanzim Qaedat al-Jihad fi Bilad al-Rafidayn » (al-Qaïda en Irak). D’emblée Zarqawi s’appuie sur les réseaux baathistes et soufi [6] , qui l’aident et l’équipent ; notamment ceux du général Izzat al-Douri, un fidèle de Saddam Hussein. Là encore, de bizarres fréquentations pour un salafiste : des laïcs… des soufi…

Les atrocités prennent alors (décapitations face caméra, etc.) un tel éclat médiatique, qu’abu-Musab finit par être désavoué et maudit par son clan jordanien (al-Khalayleh) et sa tribu (Bani Hassan). Juin 2006 : al-Zarqawi est tué par une frappe aérienne américaine, près de Baquba (Irak). Lui succède alors un tandem : chef militaire (un Egyptien) abu Hamza al-Muhajer, aussi surnommé abu Ayoub alMasri ; chef politique, abu Omar al Baghdadi, déjà cité plus haut. Tous deux sont tués en avril 2010 près de Tikrit (Irak) lors d’une opération militaire. Un mois plus tard, leur successeur est connu : c’est abu Bakr al-Baghadi, toujours en poste.

Le curieux état-major de l’E.I.

Retour aux fondamentaux : dès la fin de la décennie 1990, le groupe salafiste-jihadi conçu et dirigé par al-Zarqawi se veut un parangon du rigorisme sunnite. Il est lancé dans une lutte à mort contre les pires ennemis du sunnisme intégriste : les laïcs et nationalistes (à la Saddam Hussein, ou à la al-Sisi) et les chi’ites, que les salafistes tiennent pour une hérésie proto-chrétienne corrompant l’islam vrai. L’objectif final autoproclamé de l’E. I. est d’établir par le jihad un califat couvrant à terme la planète, où vivraient tous les musulmans du monde, dans l’observance de la charia.

Voilà la théorie ; ce qu’affiche la propagande de l’E. I. Or à chaque pas, et déjà plusieurs fois dans ce texte, l’observateur butte sur de fort concrètes contradictions. Le président Mao dit jadis « la théorie se vérifie par la pratique » ; eh bien, avec l’Etat islamique, pas du tout. A tout bout de champ, la théorie et la pratique se contrarient – quand elles ne s’excluent tout simplement pas.

Considérons le commandement et l’encadrement de l’E. I. : souvent issus du camp de prisonniers américains de Bucca [7] , nombre des chefs de l’E.I sont, non des jihadis formés en Afghanistan ou ailleurs, mais des officiers de l’armée (laïque et multiconfessionnelle, chi’ites, sunnites, chrétiens…) de Saddam. Selon des sources recoupées, quatre membres du conseil militaire de l’E.I., sept des « gouverneurs » de ses douze « provinces » ; son « ministre des finances », sont passés par Bucca.

Plus largement, on trouve comme cadres de l’E. I. de cent à cent-soixante officiers de l’armée de Saddam, en charge du renseignement, des arsenaux et des « programmes spéciaux » (armes chimiques, etc.).

Jusqu’en août 2015 [8] , le N° 2 de l’E.I., chef de son conseil militaire et architecte de sa stratégie est Fadel al-Ayali, dit « Abu Mutazz », ex-major du SR militaire de Saddam, service peu enclin à se laisser infiltrer par des taupes salafistes…

Le n°3 de l’E. I est « abu Ali al-Anbari », (nom inconnu), ex-baathiste et général-major de l’armée de Saddam, en charge des opérations militaires en Syrie.

Autre personnage important dans l' »armée » de l’E. I., l’ex-colonel de l’armée de Saddam Taha Taher al-Ani. Durant les débuts chaotiques de l’occupation américaine, il s’est emparé d’énormes quantités d’armes et de munitions, ensuite dévolues à l’E. I.

Dans ces états-majors et cet encadrement, mais où sont les islamistes « canal historique » ? Apparemment, nulle part. Curieux pour un « califat » ultra-sunnite.

Une accumulation d’inquiétantes étrangetés…

Théorie et pratique : voyons maintenant ce qu’a concrètement fait l’E. I. en Irak, puis en Syrie et quelles ont été les conséquences réelles de ses propres actions.

Irak : que fait concrètement l’E. I.

N’oublions pas ceci : certes en majorité chi’ites, les Irakiens sont d’abord des Arabes, en majorité resté fidèles à l’Irak de Saddam durant la longue et meurtrière guerre Irak-Iran. Sentimentalement, spirituellement, ces Arabes révèrent sans doute le chi’isme perse et ses lieux saints, Qom, Mashhad ; mais politiquement, Téhéran leur pèse ; ils sont plutôt réticents au côté « aide fraternelle » de l’Iran, qui sent parfois trop celle de l’Union soviétique à la Pologne, dans la décennie 1980… C’est dans cette ambiance que l’autorité politique suprême des chi’ites irakiens, l’ayatollah Muhammad Bakr al-Hakim, chef du Conseil supérieur de la révolution islamique en Irak, rentre de son exil iranien et réintègre la ville sainte chi’ite de Najaf. On l’attendait vent debout contre l’occupation américaine, or le voilà au contraire conciliant, prêt même à une coopération limitée avec l’occupant.

Suivons maintenant al-Zarqawi, arrivé en Irak début 2003. Son premier acte de terreur vise justement Muhammad Bakr al-Hakim, pulvérisé avec une centaine de ses fidèles dans l’explosion d’une gigantesque bombe à Najaf, en août 2003. L’attentat est revendiqué par Zarqawi mais plusieurs experts signalent une action des unités spéciales des Pasdaran iraniens, sous couverture jihadie.

Pire encore en février 2006 : un énorme attentat détruit presque (dôme effondré, etc.) la mosquée de Samarra, où sont inhumés deux des 12 imams saints des chi’ites : Ali al-Naqi (10e imam) et Hassan al-Askari (11e).

Cette dernière provocation et tuerie de Zarqawi (il y en a eu bien d’autres en 2004 et 2005) déclenche une féroce guerre civile entre sunnites et chi’ites ; des milliers de fidèles des deux communautés sont assassinés dans les jours suivants. Ce qui a pour effet de jeter les Arabes chi’ites irakiens dans les bras de l’Iran ; ils doivent désormais mendier aide et protection au « grand frère » ; voilà in fine l’Irak devenu un vassal de Téhéran. Dès lors chez lui à Bagdad, le général iranien Qassim Suleimani y a voix au chapitre et rang de proconsul.[9]

Notons enfin que, de 2007 à 2009, le rouleau compresseur du surge américain déferle sur l’Irak : 170 000 GI’s au combat ; un budget de 100 milliards de dollars par an. Un sursaut militaire notamment destiné à anéantir l’Etat islamique, après la liquidation de son chef, en 2006. Or – autre miracle – l’E.I passe entre les gouttes du surge et traverse les années 2010 et 2011 sans dommage majeur. Fin 2011, l’armée US quitte l’Irak ; la dernière unité opérationnelle a quitté le pays le 18 décembre.

Syrie : que fait concrètement l’E. I.

La guerre civile syrienne commence à bas bruit au printemps 2011, par l’apparition au grand jour d’une « Armée syrienne libre » qui lance des opérations visant à la doter de « zones libérées ». Puis apparaît une branche syrienne d’al-Qaïda, du nom de Jabhat al-Nosra.

Venues de la province irakienne d’al-Anbar, de premières unités de l’Etat islamique en Irak traversent fin 2011 la « frontière » de la Syrie. Pour rejoindre à la coalition antiBachar al-Assad ? Rappel : « alaouite », ce dernier est un allié durable de l’Iran chi’ite, bête noire des salafistes. Tout au contraire : à peine en Syrie, l’E.I attaque l’Armée syrienne libre et Jabhat al-Nosra avec son usuelle sauvagerie, égorgeant leurs chefs, massacrant leurs miliciens refusant l’allégeance au califat et occupant leurs positions ; ce, sous de fumeux prétextes religieux.

Comme naguère en Irak, le comportement de l’E.I est tel qu’en comparaison, Bachar devient présentable. Sur les talons de l’E.I, voilà le général iranien Suleimani en Syrie ; peu après, des miliciens chi’ites, Hezbollah en tête, volent par milliers au secours du régime syrien. Impavide, l’E.I. poursuit son jihad-gore jusqu’en 2014 au nord de la Syrie ; cette fois, les milices kurdes entrent en guerre contre la rébellion syrienne, soulageant d’autant le régime de Damas.

En Février 2014, à Alep, Abu Khaled al-Suri, chef de la coalition pro-al-Qaïda en Syrie (Ahrar al-Cham + Jabhat al-Nosra) est victime d’un attentat-suicide fomenté par l’E.I. La sanglante guerre opposant les deux entités islamistes a déjà fait des milliers de morts. Temps pendant lequel l’armée du régime syrien, repliée sur la « Syrie utile », compte les points.

Ainsi de suite jusqu’à ce jour : en août 2015, al-Nosra fuit le nord de la Syrie, suite à une vague d’attentats-suicide de l’E. I. (40 morts). Début septembre encore, l’E.I. combat d’autres rebelles, pro-américains, en périphérie de Damas.

De 2003 à ce jour, d’abu Musab al-Zarqawi à Abu Bakr al-Bagdadi, tels sont les opérations de l’Etat islamique en Irak et en Syrie et leurs conséquences concrètes.

Deux points encore :

• Imaginons un individu ou un Etat haïssant férocement le sunnisme extrémiste salafi-jihadi. Imaginons encore que ce « salafophobe » dispose de moyens immenses et d’opérateurs fort habiles. Pour disqualifier ou tuer le salafisme, pour horrifier la planète – musulmans inclus dans leur quasi-totalité – que pourrait-il rêver de mieux que l’E. I., son tintamarre médiatique, ses égorgements, ses bûchers, ses viols d’esclaves, ses dynamitages ? L’E.I. retourné au néant, qui osera encore se dire salafiste dans le demi-siècle qui vient?

• Au Moyen-Orient, la « grande puissance néo-impériale » avait deux projets, lui permettant, s’ils se réalisaient, de sortir du funeste piège des années-Bush :

– Syrie, créer une armée d’opposition « modérée » à Bachar al-Assad, prélude à un changement de régime à Damas,

– Irak : créer une alliance politique sunnites + chi’ites dépassant la guerre confessionnelle et gouvernant ensemble le pays.

Et voici notre question directrice : qui a totalement anéanti ces deux projets – aujourd’hui franchement risibles – si ce n’est l’Etat islamique ? Et quelle est alors la seule option laissée à la Maison Blanche d’Obama, pour tenter de restaurer un semblant d’ordre régional ? Ne serait-ce pas d’emprunter le chemin de Téhéran ?

Les sournoises (et constantes) pratiques de la République islamique d’Iran

Bref retour en arrière pour – encore – une énorme étrangeté : lors de l’offensive américaine en Afghanistan (dès le 8 octobre 2001) les moujahidine étrangers fuient ce pays, la plupart vers le Pakistan. Pas al-Zarqawi, installé à Herat, ville-frontière de l’Iran, grouillante d’agents de tout type, où sa troupe de fanatiques se forme aux 9 techniques du terrorisme. Suite à l’assaut américain, le salafiste Zarqawi se réfugie… en Iran (qui est pour lui, rappelons-le, le pays des  » apostats chi’ites »), où il demeure au minimum plusieurs mois.

Zarqawi rentre alors en Jordanie, où les services antiterroristes le traquent ; il se réfugie alors (2002-2003)… dans la Syrie de Bachar al-Assad, aux mains d’hérétiques pire encore, les « Alaouites ». Là, dit un récit fort documenté, il est « hébergé et muni de faux papiers ». Par qui ? Pourquoi ? En échange de quoi ? A ce jour, cette question sur cet incroyable (soyons gentil…) mélange des genres, n’a pas étonné les analystes officiels, ni les journalistes.

Mais la République islamique d’Iran, là-dedans quel jeu joue-t-elle ? A ce niveau de réflexion, bornons-nous à exposer deux troublants précédents :

– Lors des attentats de Paris en 1985-86 (13 morts, 300 blessés), le terroriste en chef Fouad Ali Saleh, tunisien parfaitement sunnite, avait été recruté et formé par des opérateurs des services spéciaux iraniens.

– Dans la décennie 1990, les services spéciaux militaires turcs suscitent un « Hezbollah turc », en fait un groupuscule kurde de Turquie, pour assassiner les cadres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Or ensuite, les services spéciaux iraniens « kidnappent » ce Hezbollah de Turquie, en volent le contrôle aux services turcs, et des années durant, l’utilisent pour éliminer des opposants au régime de Téhéran, en Turquie ou alentours. L’affaire fit grand bruit en Turquie ; il y eut des procès, maints documents existent là-dessus ; eux aussi accessibles.

Conclusion (d’étape)

Que savons nous maintenant ? Sur quoi ont débouché les étonnements et questionnements ci-dessus énoncés ? Sur ceci :

– La nature, l’essence de l’Etat islamique est indéniablement celle d’une armée mercenaire. L’E. I. n’est ni une rébellion, ni une guérilla – encore moins une entité terroriste.

– Mais est-on mercenaire à son propre service ? Non bien sûr : les Gardes suisses servent le roi de France et ainsi de suite. D’où cette question, à vrai dire la seule : au service de qui est aujourd’hui l’E. I. ?

Répondre à cette question, remonter la suite des « influences » subies par les divers Abu successifs à la tête de l’E. I., c’est tout simplement comprendre le présent et l’avenir du terrorisme islamiste – au Moyen-Orient, mais d’abord et surtout en Europe. Question qui, selon nous, n’est pas totalement futile… ■

Annexe 1

La pénible « identification » d’al-Bagdadi, deuxième du nom

Durant l’été 2015, le ministère américain des finances (Department of the Treasury) a émis (ou mis à jour) une fiche sur Abu Bakr al-Bagdadi, dans le cadre des mesures d’identification des personnes susceptibles de faire circuler de l’argent criminel et/ou terroriste. Ce qui donne ceci :

AL-BADRI, Dr Ibrahim ‘Awwad Ibrahim Ali, AKA (Also Known As) AL-BAGHDADI, abu Bakr al-Husayni – AL-QURAISHI [10], Abu Bakr al-Baghdadi al-Husayni – AL SAMARRA’I, Dr Ibrahim ‘Awwad Ibrahim – AL SAMARRA’I, Dr Ibrahim ‘Awwad Ibrahim al-Badri – ABU BAKR AL-BAGHDADI – « ABU DU’A, etc.

Avec toutes les combinaisons possibles, la fiche comporte 48 lignes pour la seule « identification » de l’intéressé, dans un joyeux cafouillis entre nom de guerre (alBaghdadi, celui qui est originaire de Bagdad ; al Samarrai, de la ville de Samarra, etc.), nom de tribu (al-Quraishi, tribu du Prophète Mahomet), nom clanique (al-Badri, al-Husayni, etc.). *

Sources de l’étude

Sur de tels sujets, les médias français ont peu d’intérêt puisqu’hélas, ils copient trop souvent les médias anglo-américains, 48h à une semaine plus tard. Dans nos médias d’information, l’auteur a ainsi rarement trouvé des enquêtes ou analyses françaises, originales ou savantes.

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AFP – 5/09/15 « Syrie : 47 morts dans des combats entre le groupe EI et des rebelles dans le nord »

AFP – 31/08/15 « Des combats entre l’Etat islamique et des rebelles à Damas »

AFP – 30/08/15 « Un des principaux commandants de Boko Haram arrêté »

Reuters – 21/08/15 « La Maison-Blanche confirme la mort du N°2 de l’Etat islamique »

New York Review of Books – 13/08/2015 « The mystery of ISIS »

Reuters – 10/08/15 « Al-Nosra se retire du nord de la Syrie »

Press-TV (Iran) – 9/08/2015 « Saddam-era officers dominate high ranks of ISIL: report »

New York Times International – 1/08/15 « Saudi Arabia’s new sunni alliance »

New York Times International – 11/07/15 « No end in sight: a memoir of Iraq »

New York Review of Books – 9/07/2015 « The rule of Boko Haram »

US Government – Department of the Treasury – July 2015 – « Identification (??!) of Abu Bakr al-Baghdadi »

New York Review of Books – 9/06/2015 « Inside the Islamic state »

New York Times – 8/06/2015 – « A raid on ISIS yelds a trove of intelligence »

New York Review of Books – (Ahmed Rashid’s Blog) – June 2015 « Why we need alQaeda »

Laurent Touchard (non publié) – 20/05/2015 « Organisation tactique et méthode de combat de l’Etat islamique »

La vie des Idées – 17/03/2015 « Aux origines de l’Etat islamique »

APF Analysis – 9/03/2015 – Asia Pacific Foundation – Nigeria: Boko Haram pledge of allegiance to Daesh »

The Atlantic – March 2015 « What is the Islamic State? »

al-Arabiya News – 4/02/2015 « Al-Azhar calls for killing, crucifixion of ISIS terrorists »

US Army – Complex operational environment and threat integration directorate (CTID) – TRADOC G-2 Intelligence support activity (TRISA) – November 2014 – « Threat tactics report: Islamic state of Iraq and the Levant (ISIL) »

Plus une cinquantaine d’articles détaillés et d’études publiés sur ISIL de 2013 à 2015, notamment dans : al-Jazeera – BBC News – Bloomberg – CNN – CTC-Sentinel, West Point combating terrorism center – Deutsche Welle – the Guardian – Iraqi News – Jane’s Defence Weekly – NBC News – Reuters – Slate – the Telegraph – Time – the Washington Post, etc.

*** Notes ***
1 Carl Schmitt « Guerre discriminatoire et logique des grands espaces », Krisis, 2011.

2 Le prétexte était alors la vidéo d’un pilote jordanien brûlé vif, mais l’E.I. avait fait bien pire dix fois auparavant, sans qu’al-Azhar ne s’émeuve.

3 Nominalement aussi. Voir l’annexe 1, « La pénible « identification » d’al-Bagdadi, deuxième du nom ».

4 Précisément de « Jayvee team of al-Qaïda ». En argot sportif Junior Varsity team = équipe B.

5 Voir in fine les sources de l’étude.

6 Ceux de l’ancienne et puissante confrérie des Naqshbandi, entrée en guerre contre l’occupation américaine.

7 Camp militaire, sis non loin de la ville irakienne d’Umm Qasr. Là, des années durant, l’armée d’occupation américaine a entretenu (involontairement, espérons-le) une superbe « couveuse à terroristes ».

8 Il semble avoir été tué près de Mossoul, au nord de l’Irak, par une attaque de drone, le 18 août 2015. Cf. sources de l’étude, 21/08/15, Reuters.

9 Le général Suleimani est le chef de la « Force Qods », unité des Gardiens de la révolution iraniens en charge des opérations spéciales en Syrie, au Liban et en Irak.

10 « al-Bagdadi » se prétend aussi « al-Quraishi » car le sunnisme fondamentaliste édicte que le calife doit toujours provenir de la tribu du Prophète Mahomet.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Homère d’Allore // 30.11.2015 à 10h46

Cet article est intéressant et argumenté. Il renverse la théorie du complot par une autre théorie du complot. Les Iraniens plutôt que les USA…

Le problème, avec la problématique « À qui profite le crime ? », c’est de considèrer tous les acteurs comme suprêmement intelligents. Et dotés d’une vision historique machiavélique digne du Dr No…

J’ai bien peur que l’Histoire soit moins rationnelle et plutôt la résultante de facteurs imparfaits s’entrechoquant. Et où les opportunistes sont bien plus nombreux que les visionnaires.

47 réactions et commentaires

  • Nerouev // 30.11.2015 à 09h59

    On en apprend plus qu’on en a à dire. Mais d’où vient l’inspiration de Fabius contre Assad ? A-t-elle quelque chose à voir avec daesh ou est-ce la volonté d’un autre projet ? C’est pour moi tout aussi compliqué pour ne pas dire mystérieux.

      +8

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    • roger // 30.11.2015 à 12h50

      L’inspiration de Fabius contre Assad n’a rien de Mystérieux.
      Assad est l’allié de l’Iran et donc l’ennemi de l’Arabie saoudite. (rivalité entre les 2 grandes puissances du petrole + rivalité sunnite/chiite).

      Fabius et Hollande ont choisi l’Arabie saoudite… donc Assad est l’ennemi numero 1.

      La France mange dans la main de l’Arabie saoudite depuis des années à coup de milliards (50 milliards de contrats sur 5 ans annoncé en octobre 2015 par Valls)

      L’Arabie saoudite et le Qatar, nos « amis », ont financé DAEch jusque 2014. Voilà pourquoi Daech n’a pas été jusqu’à présent l’ennemi numero 1 pour la France.

      Mais nos amis financent encore aujourd’hui Al nosra, des djihadistes salafistes. Voilà pourquoi Fabius dit qu’ils font du bon boulot et qu’il soutient leur front logistiquement et diplomatiquement !

      Pour une question de contrats, Assad devient l’ennemi, Daech un détail et Al nosra -les coupeurs de tetes salafistes- des alliés. Chapeau bas Messieurs Hollande et Valls,..

        +20

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    • Bruno // 30.11.2015 à 13h16

      Et si, tout comme en économie, ils n’y comprenaient tout simplement RIEN DU TOUT.

      Jusqu’en janvier 2014, Hollande est absolument persuadé que la crise économique que nous traversons est un simple « coup de mou » qui se résorbera tout seul.
      Vous entendez tous les jours les ministres rabâcher que la croissance est pour demain. Et ils y croient.

      On peut imaginer, dans le même ordre, que Fabius soit totalement incompétent. Tout seul, comme un grand. Pas besoin d’être cynique ou de rouler pour d’obscures forces du mal : il suffit d’être nul.

        +13

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      • Alfred // 30.11.2015 à 14h51

        Hollande sait très bien que la crise n’est pas qu’un coup de mou. Mais c’est la grande mode chez nos puissants (même économiques:cf Lagardère): mieux vaut être perçu comme idiot (pas de sanction) que comme malhonnête (en théorie sanction). Biens que soit disant idiots ils ont réussi des coup de force qui mériteraient bien des sanctions (qu’ils ne subiront pas).

          +11

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        • Micmac // 30.11.2015 à 22h03

          Si, c’est bien connu, ça a été rapporté par des gens qui ont accès à l’Élysée : Hollande a cru qu’il aurait la vie belle après son élection, parce qu’il n’aurait plus qu’à attendre la reprise, la crise de 2008 se terminant (enfin, c’est ce qu’il pensait).

          Oui, ils sont nuls. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ici, Hollande et son entourage sont une bande de politicards qui ont passé 30 ans de leur vie à gratter des postes au PS, d’un congrès à l’autre, d’un « courant » à l’autre, pour avoir des investitures imperdables et se faire élire. C’est leur came, les politicailleries. Ça leur plait, ça a bouffé toute leur énergie, au point qu’ils n’ont pas lu un bouquin et pas réfléchi à quoi que ce soit d’important depuis 30 ans (dixit Todd parlant de Moscovici).

          D’où d’ailleurs l’impression très nette, en écoutant les discours et en suivant les politiques de la bande à Hollande, que ces gars ont été congelés dans les années 80 et qu’on les a décongelés en 2012. On croyait élire un socialiste, on a un admirateur de Thatcher/Reagan et de la Révolution Conservatrice au pouvoir… parce que c’est moderne, le début des années 80. Une politique moins libérale, c’est ringard, à leurs yeux… Les années 80 et leur libéralisme triomphant, voilà l’horizon indépassable des pures génies de la modernité qui nous gouvernent.

          Ils ne sont bien sûr pas meilleurs à droite.

          Il y a des tas de gens compétants en France, mais la façon dont la presse ne rapporte justement que les politicailleries, mais très rarement les débats de fond et les réflexions (sauf quand elles sont libérales, bien sûr), les rend inaudibles.

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      • Crapaud Rouge // 30.11.2015 à 15h23

        « Pas besoin d’être cynique ou de rouler pour d’obscures forces du mal : il suffit d’être nul. » : pas trop d’accord, parce que le hasard devrait conduire les nuls à prendre de temps en temps de bonnes décisions ! Un peu comme Hollande qui se rapproche de la Russie, contraint et forcé par les évènements. C’est pourquoi je préfère les explications de roger.

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  • Georges Clounaud // 30.11.2015 à 10h22

    Si je comprends bien l’article, l’auteur sous-entend que l’Iran est le marionnettiste de l’EI.
    Mais à aucun moment, il n’inclut dans son analyse l’Arabie Saoudite, acteur pourtant majeur dans ce théâtre de l’enfer.
    Comment expliquer également que la majorité des dirigeants de l’EI aient pu se rencontrer et sortir gentiment de la prison de Camp Bucca, véritable université de la barbarie, un diplôme de management de la terreur et un doctorat en gestion commerciale du crime en poche ?
    Comment expliquer aussi qu’on ait laissé les norias de camions citernes remonter vers la Turquie pendant tout ce temps ?
    Et si l’Iran était au manettes, penseriez-vous sérieusement qu’Israël, très discret au sujet de l’EI, n’interviendrait pas d’une façon ou d’une autre ?

    Certes la problématique de l’EI est complexe, d’innombrables zones d’ombre demeurent. Il convient cependant de rester sérieux et cohérent et d’inclure toutes les inconnues pour essayer de résoudre cette équation très compliquée.

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  • XYZT // 30.11.2015 à 10h30

    Vu le parcours / cursus de l’auteur à pseudo (https://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Raufer), le ton très allusif et les contradictions et mélanges (entre acteurs / manipulateurs & sunnites / chiites) je n’accorde pas une grande confiance à cet article.

      +22

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  • Homère d’Allore // 30.11.2015 à 10h46

    Cet article est intéressant et argumenté. Il renverse la théorie du complot par une autre théorie du complot. Les Iraniens plutôt que les USA…

    Le problème, avec la problématique « À qui profite le crime ? », c’est de considèrer tous les acteurs comme suprêmement intelligents. Et dotés d’une vision historique machiavélique digne du Dr No…

    J’ai bien peur que l’Histoire soit moins rationnelle et plutôt la résultante de facteurs imparfaits s’entrechoquant. Et où les opportunistes sont bien plus nombreux que les visionnaires.

      +37

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  • amer // 30.11.2015 à 11h17

    Pas si non identifié que ça puisque le gouvernement hollande l’a soutenu dans son délire à ouloir en finir avec Bashar El-Assad :

    Révélation sur FranceInter :

    https://www.youtube.com/watch?v=36YQKjBckcs

      +4

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  • Ivan // 30.11.2015 à 11h36

    Pour qui travaille Xavier Raufer ? Il passe sous un silence assourdissant touts les éléments de collaboration entre les pétromonarchies du golf, la Turquie, et l’Etat Islamique, qui sont légions et aujourd’hui bien documentés. Tout ça pour suggérer sans le moindre élément de preuve concret, un lien avec l’Iran parce que finalement, ce chaos lui « profiterait » ? C’est dommage de voir un travail d’investigation ridiculisé par une telle lecture propagandiste.

      +25

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    • Charles Michael // 30.11.2015 à 18h49

      Je viens de « tomber » sur ça

      LE BLOGUE NOIR DE BROCELIANDE
      gaideclin.blogspot.com

      Koweit : démantelement d’une cellule de soutien financier et logistique aux groupes terroristes responsables des attentats de Beyrouth et Paris

      Selon une dépêche AFP les autorités koweïtiennes ont démantelé une cellule internationale qui fournissait des fonds et des systèmes

      Le chef de la cellule, un Libanais qui n’a pas été identifié a admis avoir levé des fonds et assuré un soutien logistique au groupes terroristes responsables des attentats meurtriers au Liban et en France la semaine dernière, a précisé le ministère, cité par l’AFP.

      lire la suite sur le site précité.
      en prime une vidéo des Ukies brandissant un drapeau soutenant DAESH.

        +4

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    • jacquocrqant // 30.11.2015 à 20h53

      Xavier Raufer est un habitué des plateaux télés. Il a son rond de serviette chez Calvi « C’ dans l’air ».

        +4

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  • Crapaud Rouge // 30.11.2015 à 11h40

    « D’où cette question, à vrai dire la seule : au service de qui est aujourd’hui l’E. I. ? » : de l’Iran, bien sûr, puisque tous les chemins des « étrangetés » mènent à Téhéran. N’est-ce pas très gênant pour ce blog et ses lecteurs qui sont plutôt en faveur de la Russie, alliée de l’Iran ? En tout cas, quand on repense à la politique française eu égard à la Syrie et l’Iran, (Bachard dégage + bâtons dans les roues sur l’accord nucléaire), les récents attentats apparaissent clairement comme le prix à payer.

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    • languedoc30 // 30.11.2015 à 20h42

      Que faites vous du crash de l’avion russe dans le Sinaî, 224 morts, attentat revendiqué par l’EI? Si l’EI est au service de l’Iran, il aurait dû normalement épargner son amie la Russie non? Alors qui a mis la bombe dans l’avion russe?

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    • DLG // 01.12.2015 à 09h53

      Étonnant, les russes se laisseraient manipuler par les Iraniens ? Alors pourquoi les aider dans le Nuclear Deal ? Pourquoi leur filer des systèmes de défense anti-aérienne ?
      Tres franchement, cette théorie me parait pour le moins tirée par les cheveux
      En plus je rappel que l’Iran n’a a mon avis pas les moyens d’une telle politique, pas sous sanctions.

        +1

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  • Nono // 30.11.2015 à 11h42

    Résumons, personne ne sait qui pilote l’E.I.
    Sauf ce monsieur, qui le dis longuement sans le dire. C’est l’Iran bien sûr…!
    Des faits agencés pour faire avancer le postulat mais qui ne disent …. rien.
    Dispensable analyse.

      +11

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  • Fatma Benmosbah // 30.11.2015 à 11h43

    Quand des les premieres lignes , on lit que le Hezbollah est une milice terroriste, on deja tout lu, trop peu pour les gens qui, comme nous vivent au Moyen-orient et connaissent une autre realite des choses

      +18

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    • Alfred // 30.11.2015 à 16h10

      Si vous faites référence à l’œuvre sociale considérable du hezbollah et à son empreinte politique, cela ne suffit pas à ne pas le qualifier d’organisation terroriste. De nombreuses organisations terroristes dont l’EI ont une composante sociale (intéressée), Ne nombreuses ONG ont une fonction politique dissimulée (très médiatisée pour les ONG islamistes ou quataries au mali par exemple) mais c’est vrai aussi pour certaines ONG occidentale (je l’ai vu en Afghanistan de façon évidente pour des ong américaines très connues).
      Ce qui qualifie une personne ou une organisation pour ce label « terroriste », en bon français et en toute rigueur ce sont les cibles et l’intention: Attentats du Drakkar contre les soldats français à Beyrouth: pas terroriste mais acte de guerre (et ça me coute de le dire). Enlèvement et assassinat d’otages civils Français: acte terroriste. Enlèvement de soldats israéliens: acte de guerre. enlèvement de civils israéliens acte terroriste. Le bombardement d’Israél avec des roquettes comme le bombardement du Liban par Israël: Crimes de guerre qui comme le blitz et comme le bombardement de Dresde peuvent aussi être qualifiés aussi d’actes terroristes (terroriser les civils). Alors qu’assassiner des soldats qui se sont rendus ou qui ont été capturé constitue un crime de guerre mais pas forcément un acte terroriste (c’est contraire aux lois de la guerre mais l’intention n’est pas forcément d’obtenir un résultat par la terreur (ça me parrait d’ailleurs contre-productif)).
      C’est du vocabulaire pas de la politique. Ce serait bien ne pas tout mélanger car tout mélanger par contre c’est souvent avec une intention politique…
      Après si vous pensez que telle ou telle organisation a été terroriste mais ne l’est plus c’est encore autre chose et pas mon sujet.

        +3

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  • Crapaud Rouge // 30.11.2015 à 11h53

    Certaines choses s’éclairent mais d’autres s’obscurcissent, comme le soulignent les commentaires précédents. Pour avoir vu une vidéo de cet auteur, (interview dans un JT quelconque), j’en avais conclu qu’il donne dans une propagande qui vise à diaboliser l’islam, et/ou à accentuer les causes religieuses des conflits. C’est encore le cas ici puisqu’il dit : « Imaginons un individu ou un Etat haïssant férocement le sunnisme extrémiste salafi-jihadi. (…) Pour disqualifier ou tuer le salafisme, pour horrifier la planète – musulmans inclus dans leur quasi-totalité – que pourrait-il rêver de mieux que l’E. I » : la motivation serait donc, in fine, religieuse : oubliés le pétrole, le gaz, les oléoducs ! Les Américains se retrouvent blancs comme neige.

      +9

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    • Homère d’Allore // 30.11.2015 à 13h36

      Blancs comme neige, non. Car ils ont posé l’échiquier sur la table en 2003. Mais échec et mat (notion persane), oui.

      Ce Raufer, qui a travaillé avec Pasqua, Pandraud et Marchiani entre 1986 et 1988 doit prêter aux Iraniens peut-être plus qu’ils ne peuvent.
      Il est vrai que les poseurs de bombes tunisiens de l’époque n’avaient pas conscience d’être des pions dans les mains des chiites de Téhéran.

      Maintenant, ça ne me dérange pas que le blog d’Olivier, laissant plutôt la parole aux pro-russes et à leurs alliés de Téhéran-Damas, puisse aussi relayer de tels articles. Cela démontre son honnêteté.

      La théorie du complot iranien ressemble trop, à mon goût, au vade-mecum de Volkoff dans « le Montage ».
      -Le Triangle
      -Le Levier
      -Le Fil de Fer

      Pour ceux qui n’auraient pas lu ce chef-d’oeuvre, le Triangle représente l’idée que pour vaincre un adversaire, il ne faut pas l’affronter directement mais choisir un autre théâtre d’opération avec des acteurs différents.

      Le Levier, quant à lui, c’est de choisir un point d’appui le plus loin possible de soi (en l’occurrence extrémistes sunnites faisant le jeu, in fine, de la constitution de l’arc chiite avec les félicitations de l’Occident).

      Enfin, le Fil de Fer. C’est la constatation que pour briser un fil de fer, il faut le tordre dans des sens opposés. Après avoir favorisé l’essor de ISIS et permis la vente de pétrole aux Turcs, le financement par les pétromonarchies, etc, l’Iran pourrait tout faire stopper (par une coalition obligée du fait d’attentats en France, par exemple) et envahir toute la région sous les applaudissements…

      C’est génial mais trop parfait pour être vrai.

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      • Alfred // 30.11.2015 à 15h42

        D’abord louanges à OB pour sa propension à aller chercher des articles de TOUS bords du moment qu’ils amènent quelque chose d’intéressant.
        Ceci dit, sur le fond de celui là le monsieur pousse un peu pour être vraiment pris au sérieux. On ne peut pas comme il le fait ignorer la moitié de l’image les deux tiers des parties prenantes et avoir juste.
        Si l’EI était simplement le fruit d’un calcul maléfique des ayatollahs on pourrait dire qu’ils ont bien appris de Bush. Que penser de gens qui s’infligent de pareilles souffrances pour « gagner » si peu? Cette guerre a un cout pour les iraniens qui ont justement négocié sur le nucléaire car le cout de l’embargo pesait sur toute la population et à terme menaçait le régime. Alors que le régime allait pouvoir offrir à sa population les dividendes économiques de la paix et ainsi se renforcer face à une jeunesse qui bien que nationaliste n’en est pas moins avide de vivre normalement, le voila aspiré dans une guerre d’usure qu’il ne peut ignorer (menace perçue comme stratégique pour lui) mais qui le saigne.
        Si les sunnites et les chiites sont en compétition je ne pense pas que les chiites aient un intérêt à un conflit sectaire. Une certaine branche du sunnisme qui est par ailleurs très diversifié si (pour unifier le sunnisme derrière lui).
        Par ailleurs objectivement l’EI interdit tout projet d’oleoduc ou de gazoduc de l’iran vers la méditerrané. Pour le quatar reconnaissons qu’un arrangement serait davantage possible à terme.
        Que l’iran est manoeuvré très lourdement en irak: absolument aucun doute. Que son influence pesant écrase le Liban: c’est sur (et c’est pas les seuls). Que son influence et son impact en syrie soit majeur: c’est certain. Que l’Iran ait créé l’EI par contre: c’est prendre les gens habilement mais gentiment pour des buses.
        Si l’on veut s’écarter absolument des suspects habituels (Arabie Saoudite, US etc…) on pourrait s’intéresser aux « étrangetés » relatives aux kurdes irakiens du clan Barzanni. Il est d’ailleurs curieux que certains persistent à dire « les kurdes » (sous entendus les gentils kurdes) sans distinguer ceux de syrie, ceux de jalabani en irak de ceux de barzanni toujours en irak. Si il leur ait arrivé de s’allier ponctuellement il ne s’aiment pas vraiment et n’ont pas vraiment la même « qualité » de sponsors.
        En ce moment ceux de barzanni (très alliés des occidentaux) sont accusés de nettoyage ethnique. Certains trouvent aussi qu’ils ont bien manoeuvré en récupérant pas mal de terrain qui n’était pas le leur à la faveur de l’offensive de l’EI sur Mossul…
        Incidemment on peut trouver sur internet des videos de manifestation de civils kurdes contre les peshmerga de barzani qui a négligé de tenir des élections prévues et est accusé de se comporter en dictateur. Les kurdes de syrie semblent par contre plus satisfait des processus démocratique qui les gouvernent… Bref bref.
        Quand on vous dit que les allemands vont entrainer davantage les kurdes, devinez desquels il s’agit. Devinez lesquels sont alliés aux israéliens et aux américains.
        Bref bref. Pas mal « d’étrangetés » (qui n’en sont pas vraiment si?) comme dit ce monsieur.

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      • Subotai // 02.12.2015 à 05h28

        Tout ça c’est bien beau, mais dans la réalité c’est toujours Ockham qui est à l’œuvre.

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    • Crapaud Rouge // 30.11.2015 à 20h28

      Le raisonnement de l’auteur paraît plausible parce qu’il ne contredit pas une vérité générale. En effet, dans tout conflit il y a finalement des gagnants et des perdants, et les sunnites extrémistes sont si « barbares » que le prestige des chiites en sortira forcément grandi. Mais cela ne signifie nullement que l’Iran les soutiendrait ! Que al-Zarqawi ait pu trouver refuge en Iran ne prouve rien, (à supposer que ce soit avéré) : dans ce jeu souterrain et complexe, on peut avoir des tas de bonnes et mauvaises raisons de ne pas éliminer immédiatement un ennemi, sinon on peut imaginer que la France « soutient » les djihadistes qui vivent sur son sol…

        +2

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      • Crapaud Rouge // 30.11.2015 à 22h24

        Wikipedia, (encore), cite brièvement l’épisode iranien de al-Zarqawi (https://fr.wikipedia.org/wiki/Abou_Moussab_Al-Zarqaoui) : « À l’automne 2001, lorsque les Américains et leurs alliés déclenchent leur intervention contre le régime des talibans, al-Zarkaoui et sa bande passent en Iran où selon divers services de renseignement, les autorités lui ont apporté un soutien logistique et financier. » : si les Iraniens avaient vu en lui d’abord un ennemi des Américains, il ne faut plus trop s’étonner qu’ils l’aient aidé. Le même fait peut être interprété de bien des façons, surtout quand tous les chats sont gris…

          +1

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  • caroline Porteu // 30.11.2015 à 12h12

    Les enjeux énergétiques ne sont absolument pas abordés et pourtant ils existent
    L’enjeu des gazoducs

    Les tracés des pipelines en compétition pour l’importation du Gaz de la Caspienne et du Moyen-Orient jusqu’à l’Europe du sud-est

    http://www.thedailysheeple.com/us-destroying-syrias-oil-infrastructure-under-guise-of-fighting-isis_112014

    En 2009… Assad refusa de signer une proposition d’ accord avec le Qatar qui proposait de construire un pipeline partant de ses champs du nord, contigus aux champs pétrolifères iraniens de South Pars et traversant l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie puis la Turquie en vue de fournir les marchés européens, tout en contournant tout particulièrement la Russie. La logique d’Assad consistait à « protéger les intérêts de son allié russe », qui est le premier fournisseur de gaz naturel en Europe.
    Au lieu de cela, l’année suivante, Assad a poursuivi les négociations en faveur d’un plan alternatif de 10 millions de dollars avec l’Iran pour la construction d’un pipeline qui passerait par l’Irak et la Syrie et qui permettrait potentiellement à l’Iran de fournir à l’Europe du gaz issu de ses champs de South Pars partagés avec le Qatar. Le protocole d’entente (MoU) mis en place pour le projet fut signé en juillet 2012 – juste au moment où la guerre civile syrienne gagnait Damas et Alep – et précédemment cette année, l’Irak signait un accord cadre pour la construction des pipelines de gaz. Le projet de pipeline Iran/Irak/Syrie fut un camouflet au regard des plans qatari.

    Le projet de pipeline prévu par l’Iran, l’Irak et la Syrie passant par la côte syrienne et dans la Méditerranée au long de laquelle la Russie est présente, permettrait un contrôle russe sur la production et le débit du gaz iranien atténuant ainsi les rivalités entre les divers pays concernés.

    L’intérêt du Qatar à financer l’insurrection avait pour objectif de renverser la Syrie et d’installer une opposition malléable qui signerait l’accord qatari sur le pipeline. La Turquie, l’Arabie Saoudite et la Jordanie avaient elles aussi tout intérêt à ce que ce plan aboutisse. Cette opération répondait aux objectifs américains de casser et d’affaiblir l’influence russe sur l’Europe.

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    • silk // 30.11.2015 à 13h31

      cet aspect ne semble pas avoir été assez développé et pourtant c’est surement une des raisons essentielles …

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  • DUGUESCLIN // 30.11.2015 à 12h21

    Cela semble encore plus complexe que je ne le pensais.Cette sensation de bizarreries inexpliquées me laissent perplexe et sur ma faim.
    Mais une chose ne m’échappe pas, c’est que la Syrie est envahie par des gens de multiples horizons qui imposent leur dictât, et que le meilleur moyen de s’en sortir est de chasser tout ce monde indésirable, cruel et barbare. D’où l’intérêt de l’intervention de la Russie, qui rendra à la Syrie sa souveraineté et ses frontières. Après on y verra plus clair et que les factions manipulées et leurs manipulateurs, une fois neutralisés, règlent leurs comptes entre eux.

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    • DUGUESCLIN // 30.11.2015 à 12h26

      Les sombres alliés de circonstances, une fois vaincus, généralement, s’accusent mutuellement de leurs erreurs ou de leurs trahisons après la défaite.

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  • sali // 30.11.2015 à 12h52

    Lorsqu ‘on lit le recit de la bataille de Deir Ez Zor, on l’ armée syrienne de Bachar combat l ‘EI , j’ai bien l’ impression que EI ne travaille pas pour l’ Iran.

    Après avoir lu cette article , la bataille, son déroulement , les reculs et les avancés , très intéressant dans le mix des armements et méthode utilisés , j’apprends que :

    Après les attentats, nos Rafales sont partis bombardés des cibles près de Deir Ez Zor, et oui on fait un peu la 7 eme cavalerie qui vient un peu tard

    http://courrierdorient.net/la-bataille-de-deir-ez-zor-un-exemple-de-la-guerre-moderne/

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  • kleio // 30.11.2015 à 13h13

    Xavier Rauffer a au moins le mérite de poser quelques bonnes questions. Il va de soi qu’affirmer que le Hezbollah a un tropisme terroriste, que Daech n’a pas réellement affronté El-Assad, que les Saouds détestent Daech au dernier degré et que l’Iran soutient le sunnisme obsidional, paraît pour le moins vertigineux. Bien qu’ayant spontanément moins d’antipathie pour les gardiens de la révolution iranienne et les baathistes que pour le Qatar, l’Arabie, la Turquie et leurs alliés occidentaux, je peux concevoir que la situation sur place est indéchiffrable: il y a en effet des éléments qui ne « collent » pas, ni avec la thèse « officielle », ni avec la thèse du complot sunnite, ni avec la thèse du complot chiite…

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  • Krystyna Hawrot // 30.11.2015 à 13h30

    Le seul élément intéressant de l’article est que l’EI est une armée de mercenaires – la dessus au moins on est tous d’accord.

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    • el mi // 30.11.2015 à 15h29

      non justement, c’est plus mystérieux qu’évident. Et c’est un intérêt majeur de cet article de soulever nombre d’incohérence.

      Depuis quand une armée de mercenaire a-t-elle à la fois besoin d’un territoire et la nécessité pour le justifier de soutenir une idéologie religieuse et criminelle?

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    • el mi // 30.11.2015 à 15h43

      On pourrait le dire autrement. Un salaire de mercenaire accorde-t-il le droit moral d’assassiner et de s’en réjouir? À l’évidence non! Seul une allégeance morale peut le permettre. Et à ce jour la seule allégeance morale dont est réputé faire preuve un mercenaire est à l’argent.

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  • silk // 30.11.2015 à 13h35

    article de orient XXI (celui qui précède )
     » L’Organisation de l’État islamique (OEI) n’est pas le produit d’une génération spontanée. Dans son arbre généalogique on trouve Al-Qaida en Irak et, un peu plus haut, Ansar Al-Islam. Dans cette filiation, on décèle l’ADN du royaume saoudien dont l’obsession est de contrecarrer l’influence iranienne, notamment en Irak. La Turquie a également participé à l’émergence de l’OEI, une mouvance qui risque de se retourner contre ses inspirateurs. »

    après le but de ce blog est aussi de présenter divers points de vu pour pouvoir les croiser …

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  • adrien // 30.11.2015 à 16h35

    Déjà, le titre : « EI, objet terroriste non identifié  » n’est pas crédible. Tout le monde ou presque a fini par comprendre pour qui roule cet objet, la récente affaire provoquée par le sultan ottoman étant le pompon de la crise syrienne .
    Dès que les mots  » terroristes ou insécurité  » sont prononcés, accourent dans les médias et en particulier dans C dans l’air d’Yves Calvi, les experts auto proclamés criminologues Alain Bauer et Xavier Raufer .Voilà ce que dit le sociologue Laurent Muchielli à propos de ces experts en carton :
    http://valery-rasplus.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/10/30/10-questions-a-laurent-mucchielli.html
     » Alain Bauer et Xavier Raufer en sont les deux exemples les plus connus. Le premier est en réalité à l’origine un entrepreneur de sécurité privée qui a beaucoup investi le marché du conseil et du diagnostic local de sécurité. Le second est un ancien militant d’extrême droite reconverti dans l’analyse du terrorisme d’extrême gauche puis du terrorisme islamiste. Leur stratégie de légitimation universitaire est très forte car ils ont trouvé des alliés, en particulier des éditeurs. La plupart de leurs livres sont en effet édités aux Presses Universitaires de France et désormais aussi aux éditions du CNRS, ce qui est un comble ! Pour Xavier Raufer, je crois que personne n’est dupe. Le cas d’Alain Bauer est plus complexe. Il a du pouvoir, il est proche du Président de la République, il dirige l’Observatoire national de la délinquance et il a désormais aussi un titre de type universitaire qui peut faire illusion. En effet, par décret du 25 mars 2009, Nicolas Sarkozy l’a directement nommé titulaire d’une « chaire de criminologie appliquée » au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM). Un fait du prince  » .

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  • Yannick // 30.11.2015 à 17h34

    Alors comme ça c’est l’Iran qui est derrière Daesh, mince moi qui croyait que c’était le grand mufti de Jérusalem…

    Plus sérieusement, je n’y crois pas… non pas que l’Iran en soit incapable (la Vevak des barbus est aussi efficace que la Savak du shah pour assassiner les opposants au quatre coins du monde)… mais c’est juste que si c’était vrai, ça passerait en boucle sur les medias mainstream…

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    • languedoc30 // 30.11.2015 à 23h20

      Très juste, surtout quand on connaît la détestation de Fabius pour l’Iran, et le rapport étroit qui existe entre les médias et la politique. Il faut avouer quand même que Raufer nous donne une version très originale, que je n’avais lu nulle part avant, mais à laquelle je ne crois pas une seule seconde.

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  • Perret // 30.11.2015 à 18h00

    Il y a bien, et c’est connu de tous, basculement massif d’officiers et de soldats de l’ancienne armée irakienne vers les mouvements de lutte contre l’occupation US, dès 2003.
    L’Armée Islamique en Irak, peut-être un ancêtre de l’EI (AII, connue en France par l’affaire Chesnot-Malbrunot…) est dirigée en 2004 par un religieux (Syrien ?) et un ancien général de l’état major de Sadam Hussein avec le soutien du principal imam de Falloudja.
    Déjà, dans la course à l’horreur entre mouvements, ils se font remarquer par le refus des attentats à la bombe contre les populations civiles (le nec plus ultra étant la destruction des écoles maternelles à l’heure de la sortie des enfants) et se spécialisent dans la mise en scène médiatique d’exécutions d’otages (décapitations) préalablement « jugés » : cela impressionne le téléspectateur occidental mais cela reste beaucoup plus civilisé qu’il ne paraît.
    Lors des législatives de 2005, AII présente des candidats et a plusieurs élu à l’assemblée nationale. Les chefs d’AII entrent alors en contact avec le pouvoir à Bagdad.
    C’est ensuite que le nouveau ministre de la défense, Abd el-Kader el-Obaïdi salarie les milices sunnites (donc des amis d’AII) et commence la réintégration dans l’armée d’anciens officiers et sous-officiers mis à la retraite par Bremer en 2003. Cela permet le retrait progressif des troupes américaines et une réduction considérable du nombre des attentats.
    Le ministre el-ObaÏdi démissionne en 2010 et est alors plus souvent à Washington qu’à Bagdad avec quelques passages en mission à Moscou (il parle russe et a terminé 1er à l’académie Froundzé dans les années 70). Son frère Aziz, général lui-aussi, quitte le poste de directeur des opérations de l’armée irakienne, qu’il occupait depuis 2004. Son autre frère Walid (général lui-aussi), reste quand à lui numéro 2 du renseignement militaire. Enfin, un troisième frère, Saad, avocat d’affaires et redoutable joueur de poker, est ambassadeur en Egypte jusqu’au lendemain de la chute de Moubarak.
    Cela donne une idée du poids de ce général qui est quasi inconnu des « spécialistes » français.
    Il est possible qu’il y ait un lien entre son départ d’une position officielle, le rattachement des milices sunnites à ce qui devient l’EI et l’évaporation des unités de l’armée irakienne au fur et à mesure de l’avancée du Califat (en laissant un abondant matériel, tout fraîchement livré).
    L’opération est moins lourde qu’il ne paraît car tous les chiffres qui circulent sur les effectifs des garnisons dans ce qui devient le Califat reposent sur les états de paiement des soldes. Or, la corruption étant devenue un sport national depuis l’arrivée des US, il faut diviser par 5 pour avoir les effectifs effectivement présents sur le terrain (le reste correspond aux soultes de l’encadrement politique et militaire). Ce sont donc environ 5 à 6000 soldats qui mettent crosse en l’air et pas 30 000 comme généralement admis. Mais il y avait bien du matériel de pointe pour au moins 30 000 hommes.
    Il y a forcément feu vert US à tout cela. Pas forcément côté Obama, car el-ObaÏdi était très proche de Petraeus.
    Quand à savoir si les Iraniens sont intervenus eux-aussi, c’est possible. Aussi bien directement que par la Syrie, car on oublie trop souvent que les services syriens comportaient beaucoup de sunnites (de la même manière que tous les directeurs du ministère de la défense irakiens sous el-Obaïdi étaient chiites). L’Imam de l’AII était réputé d’origine syrienne (et le général Charabi, adjoint de Chawkat pour le renseignement militaire syrien chargé de l’Irak avait un oeil à l’intérieur de l’AII) et il est tout à fait possible que l’Iran (et la Syrie) aient leur pions à l’intérieur d’EI. Si l’on peut imaginer leur attribuer une partie des incohérences de l’action d’EI, on ne peut que rendre à César ce qui revient à César : le Golem EI est incontestablement un gros patouillage US tendance nécons.
    Cela dit, il y a d’autres assemblages possibles des informations disponibles car « tout est dans tout et inversement », comme disaient les anciens du 2e bureau…

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    • Joséphine // 30.11.2015 à 21h25

      Très intéressant. Avez vous des sources, des liens?

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      • Perret // 30.11.2015 à 22h23

        Désolé, mais je n’ai pas identifié de sources (il y en a probablement en arabe, mais je ne suis pas arabisant).
        Ce que j’affirme repose sur de nombreuses conversations avec des amis irakiens et la connaissance directe de membres de cette famille.

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    • Alfred // 30.11.2015 à 21h47

      Super. Merci. Quelques biscuits pour étayer tout ça seraient bien appréciés…

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      • Perret // 01.12.2015 à 20h01

        Il y a quand même un article français sur la question qui s’imbrique bien avec ce que j’affirme ; c’est celui du Monde sur Haji Bakr :

        http://www.tamoudre.org/haji-bakr-le-cerveau-de-letat-islamiquecomment-letat-islamique-a-progresse-en-syrie/geostrategie/terrorisme-geostrategie/

        ou bien directement sur le site du Monde, mais payant :

        http://www.lemonde.fr/international/article/2015/04/25/haji-bakr-le-cerveau-de-l-etat-islamique_4622761_3210.html#jthci43qEGHbj5yf.99

        Il ne manque qu’un élément d’importance : lorsqu’en 2004 le point d’entrée des djihadistes au Proche-Orient est la Syrie, cela correspond à la période où le pouvoir sunnite est très fort à Damas, incarné par Ghazi Kanaan, trente ans proconsul de Syrie au Liban, puis chef de l’un des services de renseignements, enfin, à partir d’octobre 2014, ministre de l’intérieur. Pendant cette année, alors que la crainte du pouvoir syrien est la destruction pure et simple du pays par l’armée US elle-même, ce transit s’opère alors que des officiers supérieurs et généraux américains viennent chaque semaine à Damas sous couvert de se concerter avec les autorités syriennes pour sécuriser la frontière. C’est Ghazi Kanaan qui les accueille à l’aéroport et la noria parallèle de militaires US et de djihadiste ne cesse qu’après la mort de Kanaan, suicide ou assassinat, à la suite de la mort du premier ministre libanais Hariri (dont il était très proche, comme il était très proche des saoudiens).

        L’angle de vue du Monde est biaisé en ce qu’il ne relie pas l’implication syrienne dans le transit des djihadistes en 2004 à la présence US à Damas et au poids considérable des sunnites proches des saoudiens.
        Il est certain que les services syriens en ont profité pour prendre des positions en Irak à l’intérieur des mouvements de l’époque et cela leur a servi depuis 2011. Je le répète, « tout est dans tout et inversement », et au Proche-Orient plus que partout ailleurs.

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  • DidierF // 30.11.2015 à 20h32

    Je n’ai pas terminé l’article mais vous adorerez sans doute l’accusation formulée selon laquelle Assad est un allié de l’EI. Il y a aussi les Russes bombardent les civils. Les avions russes violent l’espace aérien turc. Les rebelles ne tuent jamais de civils. Les militaires syriens ne tuent que des civils. Bref, le brouillard.

    Ce monsieur me semble avoir étudié la question mais vend une idée. Négliger l’Arabie séoudite dans l’équation me rend cette idée antipathique.

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  • Joséphine // 30.11.2015 à 21h06

    Pendant la révolution culturelle, actes de cannibalisme. Oui, des idéologies arrivent à orienter la violence vers leurs propres fins. Cette violence, on peut l’appeler folie lorsqu’on en a une lecture psychologique. en tout cas, contraire à l’humanité.

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    • Joséphine // 01.12.2015 à 14h09

      Essayer de comprendre, avec une lecture psychologique (psychopathologie) ce n’est pas 1. excuser 2. s’interdire d’agir. Bien au contraire.

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  • bluetonga // 01.12.2015 à 19h51

    Désolé, mais pas très impressionné. Comme le fait remarquer un commentateur plus tôt, on dirait un inventaire à la Prévert. Raufer remarque donc que nombres de cadres et dirigeants de l’EI proviennent de milieux laïcs, quand ce n’est pas carrément chiites, qu’ils se sont souvent attaqués à des musulmans sunnites, que quand ils s’attaquent à des chiites, ça a pour effet de jeter les chiites irakiens dans les bras des iraniens, que les iraniens et alaouites syriens ont protégé certains d’entre eux, etc. etc.

    Conclusion, l’Iran profite de tout ça et donc, tire les ficelles de l’EI.

    Sans doute que l’Iran tire de nombreuses ficelles dans sa sphère d’influence, et retourne un certains nombres de cadres et soldats de l’EI à son service. Dans un univers clanique où les allégeances sont entremêlées, ils ne doit pas manquer d’aventuriers sans scrupules pour jouer plusieurs cartes et plusieurs allégeances. Si l’EI est effectivement une armée mercenaire, composée de mercenaire, la moindre des choses est que ceux-ci se comportent en mercenaires, et passent de temps à autres, à titre individuel ou en groupes, au camp ennemi. L’EI, mieux fourni, plus rentable et plus sexy, a d’ailleurs provoqué beaucoup de défections dans les ranges d’Al Qaida, de sensibilité très voisine, mais en lutte pour le même territoire.

    Mais de là à transformer l’Iran en Force Obscure et machiavélique qui est la seule à tirer avantage de la situation, il y a de la marge. De là à gommer le financement bien connu, bien documenté, et pratiquement affiché des pétromonarchies dans cette affaire, le rôle de moins en moins ambigu des Turcs aux côtés des islamistes, l’incompréhensible « diplomatie » des occidentaux vis à vis de la Syrie et leur inefficacité flagrante dans leur combat contre Daesh, il y a encore beaucoup de marge.

    D’après l’auteur, les américains ont commis des bourdes, des erreurs, ils ne comprennent pas le « concept » de l’EI. Alors que par ailleurs, ils sont très intelligents, très affûtés. Quel mystère…

    Les USA ont chiffré le coût leur deuxième guerre du golfe à la bagatelle de 3000 milliards de dollars. Ça, on peut dire que c’est une grosse bourde. Une très grosse bourde, même. Et ils ont même sciemment menti pour commettre cette très grosse bourde. On pourrait donc même parler d’une bourde colossale.

    Désolé, mais dans ces proportions, ce ne sont pas des bourdes. C’est une stratégie. Au service de quels intérêts, ce n’est pas clair. Mais Washington sait ce qu’il fait depuis une quinzaine d’années. Ça ne se passe probablement pas comme prévu, mais ce n’était pas une erreur de sa part. C’est un coup qui a foiré. Enfin, pas encore complètement.

    Et enfin, il y a toujours la chaise vide dans cette digne assemblée du cui bono. Face à l’Iran, qui trouve-ton en général en train de vitupérer? Qui gagne des points dans l’opinion publique occidentale chaque fois que des terroriste musulmans se distinguent en massacrant de manière ignoble des innocents? Qui est venu défiler à Paris avec les chefs d’État en janvier, alors qu’il n’avait pas été invité, et qui s’est servi de cet événement pour sa campagne électorale? Qui a le front de s’adresser directement au Congrès Américain sans passer par le permission du département des affaires étrangères de la maison blanche? Qui brandit un dessin de bombe iranienne aux nations unies? Qui soigne dans ses hôpitaux des jihadistes blessés en Syrie?

    Si l’Iran peut effectivement tirer quelques marrons du feu grâce à l’EI, il est clair que l’actuel gouvernement israélien en retire encore davantage. Mais curieusement, le rôle et les intérêts d’Israël sont souvent oubliés dans ces analyses réalisées par les géopoliticiens « officiels » et présentables. Israël, tout comme les États-Unis ou ses affidés européens, sont toujours animés de bonnes et louables intentions. Des calculs économiques et politiques sordides au prix de centaines de milliers de vies innocente? Absurde, voyons. Nous ne somme quand même pas des ragheads!

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