Ventes en berne, revenus publicitaires en chute libre, crédibilité mise à mal… c’est un constat assez unanime : la presse écrite va mal en France. À la fois cause et conséquence de cette crise, le phénomène de concentration des médias français entre les mains d’un nombre toujours plus réduit de grandes fortunes est régulièrement pointé du doigt [1]. Et cela sans que les gouvernements successifs semblent s’émouvoir outre mesure.
Ce pourrissement de la situation de la presse fait un contraste saisissant avec le projet du Conseil national de la résistance (CNR) et les fameuses « ordonnances de 1944 » sur la liberté de la presse du Gouvernement provisoire de la République française qui promettaient notamment une presse libérée des puissances d’argent. Comment, en quelque 70 ans, et même beaucoup plus rapidement, un tel renversement a-t-il été possible ? C’est la réalité des changements promis par ces ordonnances, et leur déconstruction progressive jusqu’à aujourd’hui, que nous proposons d’éclairer ici [2].
Source : ACRIMED, ,
Le programme du CNR et les ordonnances de 1944
Le programme du CNR, adopté en 1944 sous le nom « Les jours heureux », annonçait notamment « la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression, la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères, la liberté d’association, de réunion et de manifestation ».
Ce programme est la principale source d’inspiration des ordonnances de 1944. Les principes qu’il énonce sont en outre réaffirmés dans les déclarations solennelles de la jeune Fédération nationale de la presse française (syndicat patronal), dans sa Déclaration des droits et des devoirs de la presse :
« Art. 1. La presse n’est pas un instrument de profit commercial, mais un instrument de culture ; sa mission est de donner des informations exactes, de défendre des idées, de servir la cause du progrès humain.
Art. 2. La presse ne peut remplir sa mission que dans la liberté et par la liberté.
Art. 3. La presse est libre quand elle ne dépend ni de la puissance gouvernementale ni des puissances d’argent mais de la seule conscience des journalistes et des lecteurs. »
En mai 1944, avant même le débarquement des Alliés, la première ordonnance du Gouvernement provisoire concerne le secteur de la presse. Trois autres ont suivi en août et septembre. Ces ordonnances ont pour objectif affiché d’éviter tout retour de la presse vénale du début du siècle et de régénérer un système qui s’était discrédité dans la collaboration.
Les journaux collaborateurs et leurs imprimeries sont mis sous séquestre et redistribués aux journaux issus de la résistance. La capitalisation des journaux doit être transparente, les actions nominatives, les prête-noms interdits, les concentrations horizontale et verticale sont prohibées et le directeur d’un journal, qui est obligatoirement son propriétaire, ne peut plus tirer ses principaux revenus d’une fonction industrielle ou commerciale :
« Dans le cas d’un hebdomadaire dont le nombre d’exemplaires tirés excède 50.000 ou d’un quotidien dont le nombre d’exemplaires tirés excède 10.000 nul ne peut exercer les fonctions de directeur de la publication ou de directeur délégué accessoirement à une autre fonction soit commerciale, soit industrielle, qui constitue la source principale de ses revenus et bénéfices. La même personne ne peut être directeur ou directeur délégué de plus d’un quotidien. » (Ordonnance du 26 août 1944)
Indépendance vis à vis de l’État
Dans les ordonnances de 1944, l’indépendance de la presse vis-à-vis de l’État, pourtant au programme du CNR, brille malheureusement par son absence. Aucune disposition n’est prévue pour l’assurer, ni dans l’immédiat, ni à terme. Cette lacune peut être interprétée comme une mesure de circonstance liée à la situation du pays dans l’immédiat après-guerre où le rôle de l’État, représenté par le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), fut déterminant.
En effet, dans les années qui suivent la Libération, la dépendance des journaux vis à vis de l’État est totale. D’un point de vue économique, d’abord : en pleine période de pénurie, la distribution du papier, le nombre de pages et le format des journaux ainsi que leur prix sont eux aussi décidés par l’État et la distribution des journaux est nationalisée [3].
Mais l’emprise des pouvoirs publics va alors bien au-delà des mesures imposées par la gestion de la pénurie : toute création de journal est soumise à « autorisation préalable » délivrée par l’État, ce dernier désignant toujours les propriétaires et attribuant des locaux et imprimeries, et la censure est loin d’être éradiquée. Le gouvernement, en la personne du général de Gaulle, va jusqu’à susciter lui-même la création du journal Le Monde en désignant ses responsables.
Les journaux sont eux-mêmes nourris par les dépêches de l’Agence France-presse (AFP), créée par l’État comme établissement public (1944), dont il nomme le directeur. Le statut de l’AFP sera modifié en 1957 pour assurer à l’agence une relative autonomie par rapport à l’État.
Enfin, après réquisition des postes émetteurs et suppression des émetteurs privés, la radio devient un monopole d’État. À ce monopole s’ajoutera en 1964 celui de la télévision, au sein de l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF). Des monopoles qui ne prennent alors sens qu’en opposition à une privatisation sauvage des médias, et qui, hors d’un projet global de service public de l’information, rendaient les médias nationalisés très dépendants d’un pouvoir politique qui saura rarement s’abstenir de tenter d’en faire un usage… politique.
Ce recours exclusif à l’État s’explique avant tout par une situation économique très dégradée (pénuries et efforts importants de reconstruction post Deuxième Guerre mondiale) ; ainsi que par une certaine unité politique issue de la résistance autour de l’appareil d’État. Il est symptomatique qu’aucun parti ni organisation ne se soit élevé contre cette mainmise des pouvoirs publics sur les ressources d’une presse renaissante.
Par la suite, une fois reconstitué l’appareil d’État en toutes ses instances (gouvernement, parlement, préfets, etc.), on observe au contraire, tant sous la IVe que sous la Ve République, une abstention peu commune des autorités sur les questions de presse.
Tout se passe comme si, après la reprise en main énergique de l’immédiat après-guerre, l’État avait abandonné la presse au secteur privé commercial.
Indépendance vis à vis des puissances d’argent
Malgré les ambitions du programme du CNR et sa traduction partielle dans les ordonnances de 1944, les « puissances d’argent » ont très vite repris le dessus.
Selon Jean Stern dans Les patrons de la presse nationale. Tous mauvais (La Fabrique, 2012), dont on peut lire ici notre compte rendu, la faute en est à l’incurie des patrons de presse, bons résistants mais piètres gestionnaires et surtout dépourvus de capital. Les grandes fortunes se trouvaient, à vrai dire, plutôt du côté des collaborateurs avec l’occupant.
Par ailleurs, nombre de titres issus de la résistance connaissent un certain flottement éditorial : très partisans ou produisant une information d’une qualité parfois douteuse, ils disparaissent prématurément. « Nous nous apercevons, non sans mélancolie, que le principal mérite de certaines feuilles, c’était d’être clandestines », écrit dans ses carnets Jean Galtier-Boissière dès septembre 1944.
Par ailleurs, l’unité nationale des années qui suivent la libération ne résiste pas longtemps aux rivalités politiques et aux conflits sociaux. Pour se protéger des journaux communistes, un syndicat de la presse régionale (CNPF : Confédération nationale de la presse française) se constitue sans eux, contre eux. En mars-avril 1947, une grève d’un mois paralyse les messageries, ruinant certains journaux. Sur les 161 titres de presse recensés en 1948, il n’en reste que 106 en 1962.
Pourtant une période très favorable à la presse, du moins commercialement, s’ouvre alors : la publicité lui est réservée (interdite à la radio, puis à la télé). Les propriétaires privés vont profiter de cette situation.
Jean Prouvost, magnat de la presse d’avant-guerre, symbole d’une presse pourrie, avec surtout un journal à sensation, Paris-Soir (1,7 millions d’exemplaires en 1936), Marie-Claire et Match, refait surface en 1947 après avoir été frappé d’indignité nationale, et entreprend de reconstituer son empire. Ce sera Paris-Match, Marie-Claire à nouveau, Le Figaro, Télé7jours(très rentable), et in fine, une participation dans RTL dont il devient le PDG.
Le trust Hachette n’est pas en reste. Dépouillé des messageries à la Libération pour collaboration, il en récupère le contrôle à l’occasion de la loi Bichet, dès 1947. Hachette était alors fortement capitalisée par les banques privées et soutenue par des députés opposés au Parti communiste avec lequel elle eut de violentes altercations [4]. Ayant discrètement racheté quelques journaux, dont France-Soir et Paris-presse, Hachette contrôle en fait les messageries dont elle nomme le directeur.
Mais l’exemple le plus frappant est sans doute celui de Robert Hersant. Condamné en 1947 à dix ans d’indignité nationale pour collaboration avec l’Allemagne nazie, il bénéficie d’une amnistie générale en 1952, et fait fortune avec L’Auto-Journal. En 1967, il achète Nord-Matin et en 1972 Paris-Normandie, deux journaux issus de la résistance, puis en 1975, Le Figaro, France Soir, L’Aurore, et d’autres de la PQR, si bien qu’en 1986, l’année de l’abrogation des ordonnances de 1944, 42 ans après leur promulgation, Robert Hersant se trouve à la tête de 40 % de la presse quotidienne nationale et de 20 % de la presse quotidienne régionale. Autant dire que les dispositions de l’ordonnance d’août 1944 contre la concentration de la presse ont été purement et simplement transgressées.
Ce n’est pas faute d’avoir essayé de la faire respecter : « Sur plainte de syndicats de journalistes, Robert Hersant est inculpé pour infraction à l’ordonnance du 26 août 1944, qui limite la concentration de la presse. Cette inculpation sera maintenue durant huit années sans jamais déboucher sur le moindre procès » (L’Humanité, 22-04-1996). Protégé par l’immunité parlementaire, par des soutiens politiques de tous bords (notamment par François Mitterrand), il bénéficie d’une impunité totale.
Des ordonnances qui se sont arrêtées à mi-chemin
Alors que d’autres ordonnances prises à la même période [5] ont eu un effet remarquable et durable, les ordonnances de 1944 sur la presse donnent l’impression d’une occasion manquée. Censées limiter les concentrations, elles n’ont eu aucune effectivité pendant les 42 années de leur existence. En 1984, une loi dite « anti-Hersant » fut votée par l’assemblée dominée par le Parti socialiste, mais elle ne fut jamais appliquée [6]. C’est une loi de 1986, issue d’une majorité de droite, plus favorable aux concentrations, qui abrogera les dispositions beaucoup plus restrictives des ordonnances de 1944 encore en vigueur.
Des moments comme celui de la Libération, combinant discrédit d’une presse corrompue et collaborationniste avec une forme d’union nationale autour d’un agenda progressiste, sont rares et éphémères.
Le projet des ordonnances a manqué d’une véritable volonté politique, aussi bien à court terme (omniprésence de l’État) qu’à long terme (non application de certaines dispositions, d’où retour en force des « puissances d’argent »). Certaines mesures auraient pu être prises qui auraient permis, peut-être, de leur assurer une plus grande efficacité.
Alors qu’il était question d’élaborer un statut rénové de la presse, celui-ci n’a jamais été sérieusement envisagé, sinon tardivement, en 1966, et sans succès par Hubert Beuve-Méry pour une presse à but non lucratif.
Pour s’affranchir des « puissances d’argent », un tel statut aurait pu compléter les mesures anti-concentration en assurant un financement pérenne aux organes de presse sans publicité et sans but lucratif, par une réorientation des aides à la presse, déjà très importantes à l’époque. Ce qui aurait convenu à ces journaux issus de la résistance, très politiques et fort peu portés sur les questions financières. La mutualisation des moyens de production des journaux était également envisageable après les réquisitions des imprimeries collaborationnistes (ce qui fut fait pour la diffusion par les messageries, mais insuffisamment).
Contre l’interventionnisme, éminemment politique, de l’État, il aurait fallu que les outils mutualisés soient gérés d’emblée par des organismes paritaires professionnels élus : directions, syndicats, et rédactions et que ces dernières soient dotées d’un statut protecteur face à leur direction, statut aisément envisageable suite à l’expérience désastreuse de la presse collaborationniste. Et bien sûr, il aurait été nécessaire que la censure et l’autorisation préalable soient supprimées.
Autant de leçons à retenir si l’on veut que la presse bénéficie des transformations indispensables [7].
Toutes proportions gardées, on peut appliquer au triste destin de ces ordonnances sur la presse la célèbre sentence de Saint-Just : « Ceux qui font les révolutions à moitié ne font que se creuser un tombeau ».
Jérémie Fabre et Jean Pérès
Notes
[1] Y compris par Acrimed, comme on peut le lire notamment dans les articles suivants « Les grandes manœuvres de concentration multimédia : comment et pourquoi ? » et « Médias français : qui possède quoi ? ».
[2] Cet article ne concerne que la presse. Les autres médias, radio et télévision, n’y sont mentionnés qu’incidemment.
[3] Mesure dont la portée dépasse les strictes nécessités économiques, et dont la portée politique est évidente.
[4] À ce sujet, lire notre compte-rendu de l’ouvrage de Jean-Yves Mollier, Hachette, le géant aux ailes brisées.
[5] Par exemple, sur la sécurité sociale ou les mineurs délinquants.
[6] Comble de l’ironie, n’étant pas rétroactive, elle était inapplicable à l’empire Hersant.
[7] D’autres propositions, plus complètes et actualisées, ont été élaborées, notamment par Pierre Rimbert,« Projet pour une presse libre »et Acrimed, par la voix de Henri Maler« Nous avons des propositions », propositions qui sont toujours en discussion.
Source : ACRIMED, ,
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Commentaire recommandé
« Nous nous apercevons, non sans mélancolie, que le principal mérite de certaines feuilles, c’était d’être clandestines »
Joli tacle à l’encontre de certains journaux disparus, un peu rugueux tout de même !
Sur le fond, la soumission croissante de la presse aux « puissances d’argent » est un phénomène naturel si l’on considère que ce secteur n’est pas différent des autres… alors qu’il est indispensable à la vie démocratique d’un pays. Seul un ensemble de mesures protectrices peuvent combattre ce phénomène. Le texte en évoque certaines. Mais tout cela a un coût. Les Français sont-ils prêts à l’accepter ? Ça dépend comment c’est présenté. La redevance, impôt direct, est très impopulaire et sa suppression a représenté une bonne nouvelle pour beaucoup de gens. Mais les aides massives à la presse passent curieusement beaucoup mieux dans l’opinion, même quand elles vont principalement dans les poches des milliardaires : https://www.acrimed.org/Les-aides-a-la-presse-continuent-d-aller-aux-plus
25 réactions et commentaires
« Nous nous apercevons, non sans mélancolie, que le principal mérite de certaines feuilles, c’était d’être clandestines »
Joli tacle à l’encontre de certains journaux disparus, un peu rugueux tout de même !
Sur le fond, la soumission croissante de la presse aux « puissances d’argent » est un phénomène naturel si l’on considère que ce secteur n’est pas différent des autres… alors qu’il est indispensable à la vie démocratique d’un pays. Seul un ensemble de mesures protectrices peuvent combattre ce phénomène. Le texte en évoque certaines. Mais tout cela a un coût. Les Français sont-ils prêts à l’accepter ? Ça dépend comment c’est présenté. La redevance, impôt direct, est très impopulaire et sa suppression a représenté une bonne nouvelle pour beaucoup de gens. Mais les aides massives à la presse passent curieusement beaucoup mieux dans l’opinion, même quand elles vont principalement dans les poches des milliardaires : https://www.acrimed.org/Les-aides-a-la-presse-continuent-d-aller-aux-plus
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Alerter« alors qu’il est indispensable à la vie démocratique d’un pays. »
Il est urgent de se demander si c’est vraiment le cas. Cette idée commune admise comme une évidence ne semble pas se vérifier dans le temps.
La « presse » , phénomène récent dans l’histoire, à toujours été l’objet de contrôle et de pression, servant les intérêts des uns ou des autres. Que ce soit le pouvoir royal, les lumières, la révolution, la république, les puissances de l’argent…
l’information est l’objet d’une constante guerre d’influence. La liberté de la presse n’est qu’une prétention invérifiable. Sa nécessite dans l’exercice du choix éclairé est un cautère sur une jambe de bois. Refuser de s’en passer revient à se faire le prisonnier volontaire du paradigme technique, esclave du Gestell. La sagesse n’a pas attendu d’être un 4 colonnes à la une pour être et s’en est heureux.
Plus que tout, c’est à l’école que se joue l’avenir.
+3
Alerter« La « presse » , phénomène récent dans l’histoire, à toujours été l’objet de contrôle et de pression, servant les intérêts des uns ou des autres. »
Si vous voulez dire par là que l’objectivité absolue n’existe pas, je ne peux qu’être d’accord. La liberté de la presse ne peut être que bancale, un peu comme la démocratie d’ailleurs. D’où la nécessité de croiser ses sources, de lire à droite et à gauche, de garder un esprit critique, etc. Mais ce n’est pas parce que la presse ne sera jamais totalement libre qu’on doit baisser les bras.
« Plus que tout, c’est à l’école que se joue l’avenir. »
C’est essentiel mais ça ne suffit pas. Vous sous-estimez la puissance du matraquage médiatique. Nous en avons un bel exemple avec la guerre russo-ukrainienne. D’autre part tout évolue de plus en plus vite, des sujets comme l’emprise des GAFAM ou la reconnaissance faciale n’existaient tout simplement pas il y a quelques années et ne pouvaient donc pas être traités à l’école. Idem pour des conflits qui se déclenchent, de nouvelles thématiques qui apparaissent etc. L’école ne peut pas tout. Je ne crois pas du tout qu’une démocratie puisse fonctionner avec des citoyens mal ou non informés, et le rôle de la presse à cet égard est central.
+6
AlerterPour la presse, non, je ne parle pas d’objectivité mais bien d’instrumentalisation (contrôle, pression). Quelle que soit l’époque, « la presse » fut organisée, instrumentalisée, utilisée par le pouvoir. https://gallica.bnf.fr/blog/26042019/la-propagande-dans-la-presse-au-debut-de-la-grande-guerre ça ne vous rappel rien ?
A partir du moment ou j’évoque le Gestell, je ne sous-estime en rien le matraquage. Tout s’accélère mais vous, vous oubliez que l’imprimerie a bouleversée l’Europe (protestantisme), et l’extraordinaire capacité a fabriquer des comportements que fut la télévision. Cette messe cathodique, quotidienne, partagée par l’ensemble du peuple. Cette puissance technique est ancienne, faut-il rappeler Bernays ici ?
Mais vous mettez le doigt sur le mot clef : L’esprit critique est bien plus nécessaire que cette « presse » car l’information sans la capacité de traitement ne sers qu’un but : manipuler. Ce n’est pas pour rien que la grande majorité des journalistes ont une vision pédagogique de la mission qu’ils se donnent.
Cet esprit critique nécessite une éducation, pas d’une éducation « aux médias ». Et il n’y pas de recette miracle, il faut une école qui transmette une Culture, une capacité a lire et relire avec attention. Et accessoirement, elle transmettra ainsi l’idée du Peuple, idée qui tend a disparaitre au profit de l’individualisme, ce dissolvant de la démocratie. Car pour se choisir un destin commun, encore faut-il du commun. Mais attention, l’etat ne peut et ne doit pas tout !
+3
AlerterRéformer l’école en profondeur prendra du temps et par définition ne donnera pas de résultats sur les générations futures avant un moment. D’autre part, il est reconnu que l’environnement familial a une importance primordiale sur l’éducation des enfants. L’école ne compensera jamais totalement le différentiel entre un enfant né dans une famille pauvre économiquement et culturellement et un enfant issu d’une famille aisée et cultivée. Vous me direz, c’est déjà beaucoup… Se battre pour une école de meilleure qualité est indispensable c’est certain, mais il faut coupler ça avec un combat pour une presse la moins manipulée possible. On ne peut se payer le luxe de constater la concentration croissante des médias sans réagir.
L’apparition de l’imprimerie et – beaucoup plus tard – de la télévision s’inscrit en parallèle du développement de la connaissance, de l’instruction, de l’alphabétisation de la population. Ces deux phénomènes sont liés, on ne peut pas trier. Soit on en reste au papyrus et dans ce cas effectivement le pouvoir a du mal à matraquer la population, soit on passe aux rotatives et aux ondes radio et tout le monde a accès au savoir pas cher… et incidemment aux messages gouvernementaux et/ou publicitaires. Je déplore tout autant que vous la place prise par la télévision, devenue la seule source d’information pour toute une partie de la population, mais le progrès technique ce n’est pas que cela heureusement.
+2
AlerterL’école existait bien avant l’imprimerie, l’alphabétisation précède la république. Corrélation n’est pas causalité, c’est d’abord politique avant d’être technique. Vous investissez l’école d’un pouvoir-devoir social égalitariste, comme tout les intellectuels qui ont contribué a sa destruction avec les résultats catastrophique que l’on sait. De plus vous imaginez que le niveau d’instruction est lié a une résistance intellectuelle a la manipulation, c’est faux : «il y a une surreprésentation des cadres et des professions intellectuelles parmi les victimes» de sectes (OCRVP). 2020 2021 devraient vous alerter. Enfin vous jugez le progrès technique indispensable a la vie démocratique. Sommes nous plus démocratique ? Quid de la chine ?
Vous voulez, comme moi, que les citoyens fassent les « bon » choix, en discernant ce qui est souhaitable de ce qui ne l’est pas. Ce n’est pas que faire le tri entre le vrai et le faux (fake-cheaking). Apprendre à discerner la vérité est un moyen en vue du bien, commun ou personnel. Le vrai sujet est moral, il n’est pas lié à la quantité de savoir académique même si cela importe. La vie démocratique existait au moyen âge, on votait, beaucoup et souvent. C’est de ces us et coutumes que nous avons hérité, plus qu’une relecture de l’antiquité. Et si le sujet est de faire les bon choix, il faut donc apprendre a discerner le bon du mauvais, afin d’éviter les diabolisations manipulatrice (parti politique, pays, personnalités, éléments chimique, entreprises, ethnie, religions…). L’enjeu est de transmettre des outils pour exercer les choix moraux.
+1
Alerter@Olivier
« l’alphabétisation précède la république »
Je parlais de l’alphabétisation de masse. Savoir écrire son nom sur un registre ne signifie pas forcément être capable de lire un document et d’en comprendre toutes les subtilités.
« c’est d’abord politique avant d’être technique »
Pour une cité sans doute. Athènes en est un exemple. Pour un pays comptant des dizaines de millions d’habitants, je ne connais pas d’exemple où une majorité de la population serait alphabétisée avant l’invention de l’imprimerie.
« vous jugez le progrès technique indispensable a la vie démocratique (…) Quid de la chine ? »
Indispensable mais pas « produisant automatiquement ». Dans une société développée, informatisée, connectée et comptant des millions d’habitants comme par exemple en France, il me paraît difficile d’instaurer ou de maintenir une démocratie vivante sans internet, sans médias, sans accès facile aux livres, publications, etc. Sinon, impossible d’avoir des débats publics sur des sujets engageant l’avenir de la nation. Il reste les meetings…
« La vie démocratique existait au moyen âge, on votait, beaucoup et souvent. »
« On » votait oui, mais pas tous et pas pour tout. Voter au niveau de son village ou de sa paroisse était possible, mais le système était pourri car ne permettait évidemment pas de traiter de sujets nationaux et tous n’avaient pas la même voix (les fameux 3 ordres). Ce système a pris fin lors des États généraux de 1789.
» Le vrai sujet est moral »
Le souci est que personne n’a la même définition du bien et du mal. Une sorte d’aporie !
+1
Alerter@Lt Briggs
L’empire romain à assis sa domination sur un réseaux d’école (3 degres) qui permettais de fondre vainqueur et vaincus dans une même culture, on trouvait des écoles primaire jusque dans une petit centre minier de lusitanie méridionale. Une école imitée des Grecs. Attention à l’anachronisme, un habitant n’est pas un citoyen (même si une bonne part des esclaves étaient instruit). Sur le Moyen Âge vous avez tort la aussi mais ce n’est pas le sujet. Aujourd’hui ? avec 20% illettrés alors que tout les savoirs sont accessibles … et les 80% restant…
Sur la technique, ne pas confondre l’information, son besoin, le savoir-faire (tri) et la caste journalistique qui s’arroge le monopole de cette économie. Le besoin n’est pas intrinsèque au système politique comme souligné, il est inhérent au paradigme technique. On en reviens a ce que je disait, le choix éclairé nécessite d’abord de l’éducation, moins de l’information. Le système se perverti quand l’information cherche a éduquer et quand l’éducation se contente d’informer.
Ce qui nous amène a ce que je considère comme votre incompréhension du sujet : si chacun a sa perception du bien, c’est le règne du relativisme. Le bien n’existe donc pas, il est donc inutile de se battre pour imposer sa vision. C’est aussi la preuve qu’il n’y a plus de bien en commun, donc plus de démocratie. Heureusement c’est faux, nous avons (au -) 2500 ans de réflexion sur le sujet, il est très bien balisé. L’ignorance contemporaine, noyée dans une information superflue, est savamment entretenue pour empêcher d’y voir clair. Là est l’urgence.
+1
Alerter@Olivier
J’ai l’impression que nous n’arriverons pas à nous convaincre mutuellement.
Je reviens sur un point : vous écrivez que le bien existe et que « nous avons au moins 2500 ans de réflexion sur le sujet ». Cela n’a pas empêché le joli XXème siècle, et le XXIème commence fort bien. Preuve que la réflexion n’a pas abouti, s’est égarée en chemin, ou pire encore, ne sert à rien. Ma conclusion c’est qu’il faut toujours remettre l’ouvrage sur le métier et repartir presque de zéro, sans aucune garantie de succès. On peut tirer des plans sur la comète, mais chaque génération chasse la précédente et prend un malin plaisir à faire table rase.
+0
Alerter@Lt Briggs
Je ne cherche nullement à vous convaincre, seul vous le pouvez. Je ne veux pas vous éduquer, seulement vous informer.
» Cela n’a pas empêché le XXème siècle, fut joli, et le XXIème commence fort bien. » Il convient de chercher dans l’histoire l’origine de la sortie de route. Piste : les lumières, la tabula rasa, la révolution, le contractualisme, le naturalisme, le constructivisme, le marxisme…
« ou pire encore, ne sert à rien. »
Voir plus haut : L’ignorance contemporaine, noyée dans une information superflue, est savamment entretenue pour empêcher d’y voir clair.
» Ma conclusion c’est qu’il faut toujours remettre l’ouvrage sur le métier et repartir presque de zéro, »
Le grand classique de la tabula rasa. Cela nous renvoie au premier point historique. « So cliché » hélas. Quelle perte de temps.
« mais chaque génération chasse la précédente et prend un malin plaisir à faire table rase. »
C’est (encore) totalement faux. Les sociétés traditionnelles n’ont jamais fonctionnés ainsi, elles transmettent un héritage que chaque génération s’évertuent a faire fructifier. Cela a donné des systèmes plutôt stable contrairement a la structure actuelle déjà en bout de course en à peine 200 ans. C’est amusant, parce que depuis que la table rase domine les esprits, le XXème fut joli, et le XXIème a fort bien commencé. Preuve que cela ne sert a rien, si ce n’est a faire le malin.
Un jour, certains passeront un sale 1/4 d’heure en découvrant qu’ils chérissent les causes dont ils combattent les effets, Mais ils auront de la chance. Bon courage à eux.
+0
Alerter« Il convient de chercher dans l’histoire l’origine de la sortie de route »
Il n’y a aucune sortie de route, nous n’avons jamais quitté celle sur laquelle nous nous trouvons depuis l’apparition des premiers États et les progrès techniques qui ont fait sortir l’Homme de l’état primitif dans lequel il se trouvait. Qui dit État dit pouvoir, contrôle de la justice, impôts, valeurs (affichées et réelles), statuts divers des habitants, éducation des enfants qui intériorise l’acceptation du système en place, guerres, etc.
Depuis lors, nous bénéficions de tous les bienfaits de ces évolutions et également de tous ses méfaits. C’est à chaque génération qu’il revient de se battre pour accroitre les éléments positifs et combattre ceux négatifs. Le « bien » dont vous parlez n’a jamais cessé d’être questionné par les philosophes sans jamais atteindre les dirigeants ou la majorité de la population autrement que par bribes ou mantras vite oubliés.
Tout retour en arrière est chimérique. On ne remonte pas le temps. Mais je ne vous empêcherai pas de continuer à maudire les Lumières et de retourner en tant qu’individu à l’état de chasseur-cueilleur si tel est votre bon plaisir.
+1
Alerter@Lt Briggs
Vous êtes libre de vous réecrire l’histoire et de penser ce que vous désirez. C’est le principe de la table rase, même le passé n’y échappe pas. J’imagine que cela explique votre conception de l’état.
Il n’a jamais été question de retour en arrière, nulle part. Votre lecture de nos échanges ressemble à votre connaissance historique. Encore un exemple : la notion d’individu. Celle-ci est lié a la construction du concept de « personne ». Un héritage de la société qui s’est forgé au fil du temps (encore les romains a l’origine). C’est pour cette raison, « qu’en tant qu’individu » il est totalement impossible de revenir a l’etat de chasseur-cueilleur. Je ne parle pas ici de l’aspect matériel, bien évidement. On dirait que vous faite une relecture du passé avec des concepts sans prendre la peine d’interroger leur cursus historique (valeurs, état, justice…). C’est typique du matérialisme historique. Une philosophie de l’histoire qui a porté quelques fruits mais qui dérape (votre sortie de route) des qu’on tente d’en faire un déterminisme holistique.
Une dernière contradiction pour la route :
« il revient de se battre pour accroitre les éléments positifs et combattre ceux négatifs. «
Je me demande bien comment, et au nom de quel système moral, vous comptez définir ce qui est positif et négatif, (bien et mal) sachant que c’est, je vous cite « une sorte d’aporie ! ». Bref, la morale. Quoi qu’on fasse, on y revient encore et toujours. Ca dérape sec quand on en fait avec de l’idéologie, de la politique ou de l’économie. CQFD
+0
Alerter@Olivier
« Je me demande bien comment, et au nom de quel système moral, vous comptez définir ce qui est positif et négatif, (bien et mal) sachant que c’est, je vous cite « une sorte d’aporie ! »
C’est ce que j’expliquais au début : « la liberté de la presse ne peut être que bancale, un peu comme la démocratie d’ailleurs ». C’est quelque chose de vivant, donc mortel et fragile, qui est et doit sans cesse être questionné. Cette instabilité me fait moins peur que celle qui peut exister dans des régimes où l’individualisme est moins développé (Iran ou Arabie saoudite par exemple).
Attendez donc que les gens soient aptes à distinguer le bien du mal grâce à l’école avant de vous battre pour une presse libre. Pour ma part, je choisis la concomitance.
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Alerter@Lt Briggs
Je vous demande votre grille morale, vous me repondez liberté de la presse. Vous voulez donc faire de la morale, la votre en l’occurence, bien cachée ou inconciente, avec de l’information : une presse sois-disant libre (qu’est ce que la liberté au fait ?). Une sorte de lutte d’influence entre conçurents qui resterait sur l’ecume des vagues, sans vous demander si par hasard, malgré les faux-semblant, vous n’en partageriez pas les courants profond. Sans vous interroger sur l’hyper technicité qui fausse tout et qui impose son propre mode de perception. Et vous pensez que cela va bien se passer. A croire que le 20e siecle n’a pas eu lieu, a croire que l’episode covid n’a pas eu lieu non plus. Tout ne serait qu’un probleme economique. Je reconnais que c’est à la mode coté moral, avec l’utilitarisme ou l’altruisme effectif. Si vous ne vous formez pas rapidement sur le sujet, vous allez perdre, c’est garanti.
Sinon, perso, je n’attend rien, je sais que d’une certaine façon le pire est inévitable. Sauf miracle.
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Alerter@Olivier
« une presse sois-disant libre (qu’est ce que la liberté au fait ?) »
Vous progressez ! Vous voyez qu’il n’est pas aisé de définir les choses. Mais si comme je le disais, on ne cherche pas à faire des plans sur la comète mais à progresser selon ses moyens, on peut déjà se concentrer sur une pluralité de choix, sur des journalistes libres de choisir les sujets qu’ils traitent, sans être obligés de passer sous silence des faits qui déplairaient aux propriétaires des titres. Bien sûr, on peut rétorquer qu’un journaliste n’est jamais totalement libre (préjugés, influences diverses, air du temps, marronniers, etc). Mais vous vous réfugiez beaucoup trop facilement derrière ces limites. Vous rêvez en pensant qu’un jour chaque humain aura reçu une éducation correcte, sera quelqu’un de pondéré, réfléchi, apte à saisir les enjeux et à trancher dans l’intérêt général et pas seulement du sien propre. Je vous rappelle que des millions de gens (milliards plutôt) se battent quotidiennement pour se nourrir. Et concernant les pays riches, aucune population n’atteindra jamais 100% de personnes sages. La sagesse ne se décrète pas, on n’a pas encore inventé le bouton !
« Je vous demande votre grille morale, vous me repondez liberté de la presse »
Ce n’est pas très honnête de votre part. Outre le fait que c’est tout de même le sujet de l’article, nos nombreux échanges sur ce fil font que vous avez forcément une idée de ma grille morale.
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AlerterA dire vrai, du point de vue étymologique j’aurais employé le mot « superstition ».
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AlerterNous pourrions ajouter la télé dont certains JT de chaines dites nationales oscillent entre réclame et propagande..
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AlerterArticle très intéressant et documenté.
Je vous partage un texte auquel j’ai participé à sa rédaction au sein d’Attac Pour des médias au service des citoyens https://blogs.attac.org/commission-democratie/outils-de-la-democratie/article/pour-des-medias-au-service-des-citoyens
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AlerterLa presse est un canal vertical qui essaye de distribuer un liquide , l’information, qui se crée de façon horizontale. A l’heure de l’internet , des bulle algoritmiques ,de l’aculture narcissique du tombinoscope , des signaux faibles et des telegrames forts ; essayer de canaliser un liquide de plus en plus fluide tient plus du voeux pieux gardé en vie à grand frais pour et par un modèle social moribond que de chercher à aller au delàs de l’instument de progrès de l’humanité que ça a pu être.
(j’ai l’impression d’avoir écris du Lordon là … il va falloir relire pour tout comprendre, désolé 🙂 )
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AlerterLes capacités élémentaires en lecture et en écriture se sont effondrées un peu partout et pas seulement en France, l’achat de livres et de revues dans les domaines autres que ceux supportant des secteurs professionnels est en recul partout. il ne faut pas s’étonner du recul généralisé de la presse écrite.
Cet encensement de la presse permet d’oublier facilement que les collaborateurs de journaux pro-nazi comme – Je suis Partout – un chiffon pro-nazi, antisémite, je pense a Lucien Rebatet, condamné à être fusillé en 1945 et grâcié rapidement par Vincent Auriol, a Pierre-Antoine Cousteau (oui le frère du Commandant qui ne l’a jamais été..), Maurice Bardèche (gracié par Pompidou..) etc, ont rapidement collaboré à des journaux (?) comme Rivarol….subventionné. Henry Coston, éditeur, journaliste, collaborateur impénitent, négationniste va bénéficier des subventions pour la presse…
Il est quand-même ironique de parler du papier et de sa disponibilité après la libération…Durant l’occupation Marguerite Donnadieu était membre du comité qui distribuait le papier aux éditeurs et a la presse…et participait donc a la censure.
Elle a eu cette remarque fameuse..Cocteau (un collaborateur discret) peut attendre, pas moi….Qui était-donc Marguerite Donnadieu qui a vendu le journal l’Humanité ensuite, a la criée, devant la presse ?
Les éditeurs français comme Gaston Gallimard ont épuré leurs collections durant l’Occupation et l’éditeur Denoel, qui publiiat Rebatet ou Celine, réputé collaborateur, a été assassiné à la Libération…en 1945.
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AlerterIl me semble que, pour une entreprise de diffusion de l’information (sur papier ou par d’autres moyens), le modèle de coopérative, soutenue par des dons volontaires publiés en toute transparence, est idéal… comme il pourrait l’être d’ailleurs dans le cas d’un grand nombre d’entreprises en tous genres!
POURQUOI ce modèle n’est-il pas plus privilégié (et apprécié, encouragé) par les « progressistes » qui prétendent vouloir changer le monde?
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AlerterPlutôt que de laisser l’État déterminer qu’elles sont les journaux qui méritent une subvention on pourrait donner à chaque citoyen un « chèque presse » que chacun pourrait attribuer à un média de son choix. Ce serait un bon moyen d’éviter que l’État récompense uniquement les médias serviles. On a le droit de rêver…
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AlerterEt se posera peut-être la même question que pour les dons aux associations: donner beaucoup à peu, ou peu à beaucoup ? Je n’ai pas la réponse.
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AlerterQu’est-ce qu’un journal, un poste de radio, une station de télévision ? Réponse : une entreprise privée qui, à l’aide d’un contenu spécifique, cherche à constituer un lectorat ou un auditoire vendu aux annonceurs publicitaires. Rien de plus, rien de moins. Et l’État n’a pas à se mêler de ça, sauf à créer un environnement fiscal favorable à ce type d’entreprise.
L’argument selon lequel la presse est un quatrième pouvoir relève du fantasme et de l’illusion. Si c’était le cas, qui serait le contre-pouvoir et comment s’exercerait-il ?
La pratique du journalisme consiste à regarder passer la parade et non à être dans la parade. L’ennui, c’est que les entreprises de presse et leurs journalistes veulent tous être dans la parade ! L’idée qu’ils sont les chiens de la démocratie ne les intéresse plus. En effet, qui prendrait plaisir à se définir et à agir comme un… chien de garde ?
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Alerter« Qu’est-ce qu’un journal, un poste de radio, une station de télévision ? Réponse : une entreprise privée qui, à l’aide d’un contenu spécifique, cherche à constituer un lectorat ou un auditoire vendu aux annonceurs publicitaires. Rien de plus, rien de moins »
La dépendance aux annonceurs n’est pas inéluctable. Voyez les cas du Canard enchaîné, du Monde diplomatique, d’une chaîne comme Elucid, et il y en a d’autres heureusement. Ce sont les ventes ou les abonnements qui font vivre ces médias.
« Et l’État n’a pas à se mêler de ça, sauf à créer un environnement fiscal favorable à ce type d’entreprise. »
Oui mais vous voyez bien que l’État s’en mêle, au contraire. Comme il est dit dans l’entretien avec Jean-Baptiste Rivoire (https://elucid.media/democratie/pouvoir-et-medias-main-dans-la-main-pour-torpiller-l-info/?mc_ts=crises« ), ce qui est fou c’est que l’État subventionne les médias des milliardaires à coups de millions d’euros voire de dizaines de millions, tandis que des médias avec peu de moyens sont peu ou pas aidés.
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