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14.juillet.201614.7.2016 // Les Crises

Loi Travail : un mouvement qui n’en finit pas de « s’essouffler », par Olivier Poche

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Source : Acrimed, Olivier Poche, 27-06-2016

Notre Lexique pour temps de grèves et de manifestations en donnait la définition dès 2003 :

« Essoufflement » : Se dit de la mobilisation quand on souhaite qu’elle ressemble à ce que l’on en dit.

Lors de chaque mobilisation sociale d’ampleur en effet, difficile de ne pas entendre ou lire, dans les « grands médias », cette formule, qui, sous la forme d’une interrogation ou, pire, d’un constat, informe moins sur l’évolution du conflit que sur la vision qu’en ont les médias qui le (mal)traitent. Si la mobilisation a le malheur de s’amplifier, on parlera de « contagion » qui « s’étend », de « jeudi noir » et de « galères » tous azimuts. Au moindre reflux apparent, généralement fondé sur les chiffres officiels, souvent mieux adaptés, on annoncera avec soulagement le « début de la fin ».

Le mouvement contre la Loi Travail, qui dure depuis mars dernier, n’a pas dérogé à la règle : ces derniers jours, en particulier, les articles et les reportages se sont ainsi multipliés pour diagnostiquer un « essoufflement » de la mobilisation qui, c’est certain, ne « passera pas l’été ». Mais depuis quand ce diagnostic – qui n’est encore, à l’heure où nous écrivons, qu’un pronostic… – a-t-il été posé ? Nous nous sommes penchés sur la question, en tentant de remonter le fil médiatique de « l’essoufflement » du mouvement. Et le verdict est sans appel : à en croire les médias dominants, le mouvement s’essouffle… depuis le début.

Un mouvement s’essouffle toujours (au moins) deux fois

Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste figaresque égarée sur le service public, l’avait annoncé dès le 23 mai dernier, en réponse à une question de David Pujadas s’inquiétant de savoir si on assistait « à une radicalisation de la CGT » :
– Nathalie Saint-Cricq : « Ah ben clairement David, à une radicalisation tous azimuts et une technique révolutionnaire bien orchestrée ou comment paralyser un pays malgré une base rabougrie et même si le mouvement s’essouffle. »

C’était donc entendu, le mouvement s’essoufflait. Trois semaines plus tard, la journée de manifestation nationale du samedi 14 juin est marquée (notamment) par de colossaux écarts entre syndicats et préfecture de Police dans le décompte des manifestants. On en a compté, sur toute la France, 120000 selon la Préfecture, et 1,3 million selon les syndicats. À Paris, Préfecture et syndicats sont d’accord pour relever des chiffres en hausse, mais qui n’en sont pas moins très éloignés : 75000 selon la Préfecture, 1 million selon les syndicats. À Marseille, 5000 selon la Préfecture, 140000 selon les syndicats. Difficile d’y voir clair… Il est donc logique de faire appel à l’experte maison, accessoirement cheffe du service politique, pour répondre à la question qui préoccupe l’éditocratie française, représentée ce soir-là, comme de coutume, par David Pujadas :
– David Pujadas : « Alors, va-t-on vers la fin du mouvement ? […] Peut-on parler de démonstration de force ou de chant du cygne pour ce mouvement ? »

La réponse, d’une remarquable impartialité, mérite d’être savourée à petites lampées :
– Nathalie Saint-Cricq : « Eh bien un peu des deux, David, parce que ça devait être ce soir une sorte d’apothéose, vous savez, le fameux “Ça va être énorme !” de Philippe Martinez, résultat une assez forte mobilisation, mais beaucoup moins que ce qu’annonce la CGT, et peut-être un petit peu plus que ce qu’annonce la police, mais c’est en même temps très clairement le chant du cygne, car ce qui compte, ce qui pèse, c’est-à-dire les grèves, et bien là, ça s’essouffle, le pays n’est pas bloqué, donc cela s’appelle le commencement de la fin. »

Nathalie Saint-Cricq, elle, ne s’essouffle jamais [1]. Mais elle n’est pas la seule. En réalité, la prophétie (que les prophètes espèrent auto-réalisatrice) de l’essoufflement est une constante au sein des médias dominants, comme on s’en convaincra aisément avec ce petit passage en revue – non exhaustif – du « commencement de la fin » qui a commencé en réalité dès le début…

Le commencement de la fin

L’essoufflement du mouvement commence en effet très tôt. Après un mois de mars marqué par des manifestations le 9, le 17, puis une grande manifestation nationale rassemblant entre 400000 et 1,2 million de manifestants le 31, la question se pose dès le 9 avril, sur RFI :

4-9-rfi

Au détour d’un article publié le 11 avril, Les Échos se chargent de répondre à la question :

echos

Verdict confirmé le 28 avril par ICI Radio-Canada. L’éloignement conférant sans doute un surcroît de lucidité, et en tout cas un peu d’avance sur les médias hexagonaux, l’information est désormais en titre :

4-28-radiocanada

En mai, l’essoufflement ne fait plus de doute, et il est régulièrement annoncé. Ainsi, le 5, sur LCI, par Renaud Pila qui vient en plateau défendre son « analyse » :

tf1

Le 17, avec une prudence reconnaissable au point d’interrogation, sur Europe 1…

5-17-e1

… Comme dans La Croix, où l’on pose la question qui s’impose à une sociologue :

lacroix

Le 19, sur BFM, l’essoufflement fait l’objet d’un reportage :

5-19-bfm

Parenthèse : on ne saurait confondre les médias qui parient sur l’essoufflement et les médias qui font des sondages sur les Français qui parieraient sur l’essoufflement, comme le Huffington Post, le 4 mai :

sondage-2

Fermons la parenthèse et reprenons : en juin, l’essoufflement ne s’essouffle pas, au contraire. Le 11, c’est le 20h de France 2 qui traite le sujet (entre les deux interventions, donc, de Mme Saint-Cricq annonçant l’essoufflement du mouvement, le 23 mai et le 14 juin). Le lancement pose la question :

6-11-f2-20h-question

Et le reportage apporte la réponse :

6-11-f2-20h-reponse

Le 13 et le 16 juin, ce sont, respectivement, Le Figaro et Le Point qui entrent dans la danse – seule surprise : la date tardive de leur ralliement.

6-13-fig

6-16-lepoint

Partout en France

Selon nos recherches (qui ne peuvent prétendre à l’exhaustivité), c’est donc RFI qui évoque pour la première fois l’essoufflement du mouvement « en France ». Mais les médias locaux l’avaient vu venir avant. L’avantage de la proximité ?

Ainsi, dès le 5 avril – record absolu –, en Auvergne :

4-5-francebleu-s_essouff_a_clermont

Le 18 avril, en Haute-Garonne :

4-18-depeche_s_essouff_en_haute-garonne

Le 29 avril, en Charente :

4-29-sudouest-s_essouffle_en_charente

Puis, l’essoufflement fait tache d’huile. Le 17 mai, il est signalé à Metz :

5-17-s_essouff_a_metz

Le 18, à nouveau, en Auvergne :

5-18-lamontagne-s_essouff_en_auvergne

Le 19, dans l’Ain :

5-19-s_essouff_ds_l_ain

Et c’est donc bien légitimement qu’on peut s’étonner de quelques poches de résistance, comme ici, dans le Nord :

5-20-voix_du_nord_s_essouffds_le_nord

À la SNCF

Dernier exemple de cette façon de (re)couvrir un mouvement social, par nature fragile et incertain, en guettant les moindres signes de faiblesse pour les propulser à la une – contribuant ainsi, au moins symboliquement, à l’affaiblissement qu’on prétend constater : la grève à la SNCF, dont l’essoufflement est signalé dès le 3 juin :

alsace1

« Les assemblées générales ont toutes reconduit le mouvement de grève », mais le mouvement ne s’en « essouffle » pas moins. La preuve en image (celle qui illustre l’article) et en légende :

alsace2

Il est à nouveau annoncé le 12 juin :

jdd

Le 16 (grâce à « une source interne ») :

sncf-18-6-parisien-terminus

sncf-18-6-parisien-terminus_suite

Puis, le 21 :

sncf-6-21-sudouest

En résumé, si l’on en croit les médias dominants, le mouvement contre la Loi Travail n’a eu de cesse, semaine après semaine, de s’essouffler. Souvent réticents à rendre compte de la montée en force d’un mouvement social, ces médias se plaisent en revanche à en chroniquer, éventuellement sous une forme ingénument interrogative, le commencement de la fin, à en guetter les signes d’affaiblissement, au besoin dès le lendemain de son apparition – pour être certains d’avoir eu raison avant tout le monde ? À moins qu’il ne s’agisse, en multipliant les faire-part de décès de la mobilisation, d’instiller le doute chez les personnes mobilisées, de leur suggérer qu’elles sont isolées et qu’il ne sert à rien de s’entêter à continuer ? On ne saurait le croire – bien que le risque d’un effet performatif ne soit pas négligeable…

On ne peut toutefois manquer de relever le paradoxe qui consiste à diagnostiquer l’essoufflement de la mobilisation tout en multipliant les reportages et articles sur les effets de celle-ci, en évoquant la « France bloquée » ou la « galère » des usagers, sans même parler des discours catastrophistes sur les risques qui planeraient sur l’Euro de football, et les appels répétés à mettre un terme à la mobilisation. Mais les grands médias et les grands éditorialistes ne sont pas un paradoxe près.

Nous réserverons pour terminer une mention spéciale au Journal du dimanche qui, plus lucide que tous les autres, annonçait le 12 juin dernier, non pas l’essoufflement, mais la fin du mouvement :

finjdd

Tout simplement.
Olivier Poche (avec Julien Salingue – merci également au correspondant vigilant qui nous a signalé la récidive de Nathalie Saint-Cricq)

Source : Acrimed, Olivier Poche, 27-06-2016

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Commentaire recommandé

jessim // 14.07.2016 à 01h16

Cet article et ce sujet montrent clairement qu’on a beau avoir plusieurs quotidiens, plusieurs chaines télés ou encore plusieurs stations radio, le résultat est toujours le même : Une information unique, une orientation unique en bref une pensée unique.
Il ne faut pas s’étonner par la suite de voir les ventes des quotidiens s’effondrer qui sont tenus et maintenus hors de l’eau par des milliardaires (dont l’objectif d’informer est mon sens le cadet de leurs soucis) et notre fiscalité très avantageuse envers le journalisme et les journalistes. Vivement l’effondrement de ces journaux pour redémarrer sur de bonnes bases.

26 réactions et commentaires

  • Tutu // 14.07.2016 à 00h37

    Ce sont les syndicats qui organisent l’essoufflement. Au lieu d’organiser un mouvement puissant, unitaire, poli-valant, interprofessionnel, multiformes, qui bloquerait effectivement l’économie et serait vainqueur en quelques heures, ils préfèrent brailler sporadiquement, manifester en rond et se mettre en grève perlée.
    Ce sont des jaunes.

    http://democratisme.over-blog.com/

      +17

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    • Spectre // 14.07.2016 à 01h10

      Mailly le sous-marin aubryste a bien travaillé pour freiner des quatre fers partout où il le pouvait… D’après Le Canard enchaîné, c’est lui qui a insisté pour faire accepter à la CGT le petit tour de bassin le 23 juin. Grâce à lui, nous aurons de plus en plus le plaisir de défiler sous quadrillage quasi-militaire : quartier bouclé, fouilles et palpations systématiques, transports en commun fermés, grilles anti-émeute, hélicoptère planant au-dessus de la manif pour bien prendre en photo tout le monde, parcours choisi/imposé par la préfecture, etc.

      http://www.terra-ignota.fr/medias/album/pochoir-pour-votre-securite-vous-n-aurez-plus-de-liberte.jpg

        +21

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  • Spectre // 14.07.2016 à 01h02

    C’est même encore pire : dès la première journée, la propagande sur ce thème avait commencé. Le 9 mars, entre 224 000 et 500 000 personnes manifestent (soit, de mémoire, plus que la première journée contre le CPE par exemple). Réaction le soir même sur les chaînes de désinformation en continu : bof, pas tant de monde dans la rue que ça…

    C’est même un miracle que le mouvement se soit maintenu aussi longtemps avec des directions syndicales toujours aussi nulles niveau stratégie — pas même foutues d’organiser un truc unitaire la semaine précédent l’Euro pour mettre le gouvernement échec et mat…

    Enfin bon, pour le bilan provisoire de ce mouvement : 1) Hollande, Valls et le PS sont définitivement grillés auprès de l’électorat populaire de gauche ; 2) l’origine européenne de la loi a été mise en évidence partout (syndicats comme partis) ; 3) confirmation que l’état d’urgence sert avant tout à faire de la répression politique ; 4) s’il se passait en France la même chose qu’en Grèce, la troïka serait accueillie à coups de pavés à Paris.

      +21

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  • jessim // 14.07.2016 à 01h16

    Cet article et ce sujet montrent clairement qu’on a beau avoir plusieurs quotidiens, plusieurs chaines télés ou encore plusieurs stations radio, le résultat est toujours le même : Une information unique, une orientation unique en bref une pensée unique.
    Il ne faut pas s’étonner par la suite de voir les ventes des quotidiens s’effondrer qui sont tenus et maintenus hors de l’eau par des milliardaires (dont l’objectif d’informer est mon sens le cadet de leurs soucis) et notre fiscalité très avantageuse envers le journalisme et les journalistes. Vivement l’effondrement de ces journaux pour redémarrer sur de bonnes bases.

      +57

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  • Renard // 14.07.2016 à 03h15

    Les journalistes sont là pour inculquer la résignation aux salariés tout comme les curés autrefois devaient inculquer la résignation aux pauvres.

    D’où leur travail de dénigrement constant des mouvements syndicaux et/ou populaires.

    L’objectif prioritaire pour la gauche anti-liberal devrait être de trouver les fonds afin de créer une chaîne de télévision proposant des informations alternatives. Faire l’équivalent de ce qu’avait fait jaurès en lançant l’Humanité en somme.

    Les blogs et sites alternatifs c’est bien – et heureusement qu’ils sont là – mais ils n’auront jamais la puissance et la portée de la petite lucarne.

      +41

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    • bluetonga // 14.07.2016 à 04h22

      « Les blogs et sites alternatifs c’est bien – et heureusement qu’ils sont là – mais ils n’auront jamais la puissance et la portée de la petite lucarne. »

      A voir. On connaît l’obsolescence graduelle de la presse écrite. Je serai curieux de connaître l’évolution récente de la presse télévisuelle.

        +17

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      • Tassin // 14.07.2016 à 11h33

        Il n’y aucun « essouflement » du temps passé devant la TV malheureusement, encore pire si on ajoute tous les nouveaux écrans :

        http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1437&page=graph#graphique1

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        • bluetonga // 14.07.2016 à 16h55

          Merci pour le lien et les graphiques, Tassin, mais en réalité, si, il y a essoufflement, si on regarde les comparaisons 1998-2010, qui ne progressent guère malgré les nouveaux écrans. Vous remarquerez également que la télévision se regarde de plus en plus en groupe (en famille), et donc, il y a peu de chance que ce soit lors du JT qu’elle est consultée. Enfin précisément, quid des JT? Car c’est là que crucialement, les opinions sont censées être forgées, surtout face à des événements impromptus, comme les attentats par exemple.

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  • triari // 14.07.2016 à 05h25

    Pourquoi toujours le même mot ? Essoufflement ? Ils ont aussi étiolement, fatigue, ralentissement, usure, ce manque de diversité dans les mots montre, s’il en était besoin, que ces « journalistes » manquent de talent.

      +11

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    • sumotori // 14.07.2016 à 09h56

      la répétition de ce mot  » essoufflement  » est vraisemblablement un élément de langage à marteler, méthode utilisée par les partis politique pour bien faire rentrer dans le crane des idiots que nous sommes ce que l’on doit savoir.
      La presse au service d’un parti unique ?

        +8

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    • bluetonga // 14.07.2016 à 16h59

      Parce que « essoufflement » suggère une défaite prochaine, un adversaire épuisé. S’ils écrivaient que les mouvements « marque une pause » ou « campent sur la défensive » ou « tardent à retrouver un second souffle », le message serait différent. Le poids des mots, le choc des photos.

        +6

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  • PatrickLuder // 14.07.2016 à 06h18

    Une manifestation est par nature éphémère, sinon elle s’appellerait une révolution.

    Manifester n’est qu’une manière détournée de donner son avis. Un avis qui n’a nulle obligation d’être entendu, ni pris en compte. Manifester ne sert à rien, sinon à décharger le trop plein de raz-le-bol. Les manifestations ne sont que des soupapes pour relacher la pression <= c'est leur seule utilité !

    Se soulever et contrer le pouvoir est autre chose, à ne pas confondre.

      +9

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    • luc // 14.07.2016 à 09h19

      PatrickLuder tu dis :

      « Manifester n’est qu’une manière détournée de donner son avis…
      Manifester ne sert à rien »

      si je te suis, ça ne sert à rien de donner son avis… alors commence par arrêter de donner le tien!

      blague mise à part, si tu conseilles à ces manifestants de se calmer et d’attendre les prochaines élections pour s’exprimer de manière intelligente par les urnes, alors tu es bien le dindon de la farce

      blague encore à part, je te comprends en même temps…

      oui, les manifestations sont surtout l’expression de la colère, et la colère est un manque de maîtrise de soi (le signe d’un trop plein de ras le bol, comme tu dis)

      et honnêtement, je conseillerais à ces manifestants de faire comme moi : de commencer par boycotter massivement le système, sauf pour ce qui est « réellement » profitable à soi-même et à son entourage proche… cela permettra déjà de calmer la colère

      malheureusement, la masse populaire est endoctrinée et continuera encore longtemps de soutenir ce système, même avec du « ras le bol »

        +5

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  • Arcousan09 // 14.07.2016 à 08h37

    Pas surprenant cet « essoufflement » ….
    Ils manifestent dans la rue !!!!!!!!!!!

    Et chacun sait, puisque c’est seriné très largement dans tous les médias supposés nous informer en toute « indépendance », qu’il traine dans les rues des microparticules qui vont tuer des centaines de milliers de nos concitoyens …. alors pas surprenant cet … « essoufflement » …. c’est le début de la fin.

    Au moins quand la CGT envahit les boulevards parisiens il n’y a plus dans ce parcours d’émission de microparticules de diésel … donc …. elle assainit l’atmosphère parisienne

    Ce sont les politiques qui s’essoufflent ….

    Et que dire de ces cohortes de journalistes censés nous « informer » qui relaient avec une unanimité stupéfiante les « éléments de langage » imposés par le pouvoir politique ….

    Information/Manipulation …..

      +4

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  • FL // 14.07.2016 à 08h53

    « Manifester ne sert à rien, sinon à décharger le trop plein de raz-le-bol. »

    Donc s’il ne sert à rien de manifester, il ne sert à rien au gouvernement de dénigrer les manifestations et par conséquent il n’y a pas s’inquiéter…de l’unanimité des médias qui affirment qu’il ne se passe rien d’important.

      +4

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  • YpLee // 14.07.2016 à 09h34

    Bon c’est vrais que de l’étranger on n’a pas vraiment l’impression que le mouvement est aussi fort qu’au début. Au début des centaines de millier (voir le million), des actions fortes (raffineries, centrales) aujourd’hui seulement quelques dizaines de milliers de manifestants …. sur 70 millions c’est que dalle.

    Rien pendant l’Eurofoot ? Faut pas pousser hein …

    Et une chose que je comprend pas : pourquoi ces cortèges de manifestants vont bloquer la france et faire c***r le peuple mais jamais bloquer, par exemple, l’Elysé et faire vraiment c***r les vrais responsables ? Parce que les forces de l’ordre ne les laisseraient pas faire et que ce serait assez vite une vrais bataille rangée.

    Lisez les témoignage des Grecs qui ont manifesté devant le parlement …. c’était très violent.
    La police Grec aidée des polices Allemande et Française il me semble n’y sont pas aller de main morte avec le peuple pacifique, femmes et enfants gazé pareille.

      +6

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    • Spectre // 14.07.2016 à 09h58

      Toutes les manifestations devant l’Assemblée nationale ont systématiquement été nassées, bloquées et gazées. Tapez « apéro chez Valls » sur un moteur de recherche pour voir ce qui s’est produit lorsqu’un cortège « sauvage » est parti de Nuit debout pour aller dire coucou au Premier sinistre en pleine nuit. Des dizaines de cars de CRS étaient mobilisés récemment à Lyon pour le passage de Valls. Les manifestants essayent bel et bien d’aller chez ceux qui ont le pouvoir, mais ceux-ci alignent évidemment les uniformes pour les en empêcher…

        +15

      Alerter
  • Giloux // 14.07.2016 à 10h26

    Merci Olivier Poche pour la simplicité et l’honnêteté de la méthode !

      +0

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  • Grognard // 14.07.2016 à 10h34

    D’expérience je sais qu’une journée de gréve ne s’organise pas aussi facilement que cela.
    Y compris lorsque la gauche est au pouvoir, vous pouvez me croire.

    La vraie difficulté on la trouve à la fin du mois sur la feuille de paye en face de la rubrique net à payer.
    Bien souvent pour reprendre une expression lue dans le sujet abenomix2.0 ; la décision « se prend dans la chambre à coucher ».

    Les responsables confédéraux ont suffisamment d’heures de vol pour savoir tout cela.
    Alors comment faire?
    Dans ce domaine aussi « il ne faut jamais séparer ses forces ».
    Je vois trois options:
    1) Organiser des manifestations par fédérations.
    2) Organiser une manifestation interprofessionnelle.
    Manifestation qui peut venir suite aux manifestations fédérales.
    3) Une gréve de la consommation.

    Ces trois options ne s’excluant pas l’une de l’autre au contraire.

    Reste une question de fond.
    Jusqu’à quel point les confédérations sont elles disposées à s’engager dans un mouvement qu’elles ne pourraient pas contrôler?

      +9

    Alerter
    • Benju // 15.07.2016 à 13h51

      L’interpro???? Ça faisait 20ans que je n’en avais plus entendu parler? à voir

        +0

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  • Jeanne L. // 14.07.2016 à 14h40

    La loi travail est dans la droite ligne des directives de l’UE.
    Les confédérations ouvrières CGT-FO,CFTC,CFDT. Mais aussi CGT depuis 1999 appartiennent toutes à la CES..
    Elle est reconnue par l’Union européenne, par le Conseil de l’Europe et par l’Association européenne de libre-échange (AELE) en tant qu’unique organisation syndicale interprofessionnelle représentative au niveau européen.
    La Cgt comme membre de la CES est donc très embarrassée quand des lois nationales qu’elle combat et auxquelles les militants sympathisants et travailleurs s’opposent spontanément sont en fait des applications des directives européennes.
    Les lois contre les retraites de 2010 et avant celles de 2003 on vu de fortes mobilisations, mais la CGT a fait reprendre le travail en expliquant qu’avec les élections suivantes les choses seraient remises en chantier: on a vu ce qu’il en est advenu avec le vote Hollande;
    Les lois travail ont eu une oppositions plus généralisée, la direction issue du dernier congrès a tenu mais les forces « CESistes » restent puissantes et jouent un drôle de rôle.
    Des pans entiers de la CGT comme le Front Syndical de classe demandent la sortie de la CES l’argument est:
    « La CES se contente en quelque sorte de demander que le bourreau soit un peu plus compréhensif ».
    C’est bien la question de l’UE comme organisation qui est au coeur des luttes syndicales, mais cela est soigneusement tu.

      +8

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    • Gilou // 14.07.2016 à 19h17

      Pardon mais j’ai du mal avec les acronymes : que signifie CES ?
      En tout cas, ça prouve que la CGT sait très bien que la loi « El Khomri » n’est pas que d’El Khomri mais de l’Europe.

        +1

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      • Jeanne L. // 15.07.2016 à 09h03

        Confédération Européenne des Syndicats.
        C’est une confédération à l’échelon européen comme la Confédération Générale du Travail est une confédération de syndicats à l’échelon national.
        Mais, ce qu’on peut dire c’est que la CES reçoit des subsides et est intégrée aux structures mêmes de l’UE.
        En outre alors que la CGT appartenait à la FSM précédemment (Fédération Syndicale Mondiale) qui était une fédération de syndicats « de classe » et de lutte, la CES est une fédération de « syndicalisme d’accompagnement ».
        Elle a été crée sur des bases du syndicalisme « chrétien »: les premiers syndicats français qui y ont adhéré sont la CFTC et la CFDT.
        Il y a donc une contradiction entre les origines et l’histoire de la CGT et d’autre part cette adhésion à la CES.
        Lors du dernier congrès qui a élu Martinez cela a été latent et clivant.

          +0

        Alerter
    • Benju // 15.07.2016 à 13h54

      C’est pour cela qu’en syndicalisme le plus important reste la base. Et comme on dit : c’est celui qui fait, qui sait

        +0

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  • Bernard SARTON // 14.07.2016 à 14h47

    La manifestation aujourd’hui , si elle est bien conduite par les manifestants , peut déboucher sur une révolution populaire à condition qu’i y ait vraiment un ras le bol généralisé sur le plan social . L’inertie populaire habituelle , tant qu’on s’en sort par la débrouille , peut se transformer en « jacqueries » lorsque la situation de vivre devient intenable ; Le RSA aumône bourgeoise permet de juguler la colère et le désespoir pour un temps . Pourtant le « moment historique » que nous vivons est la fin du capitalisme qui n’arrive plus à contrôler son économie qui crée du chômage massif partout sur la planète , sauf dans les pays où les vrais communistes sont au pouvoir (Cuba-Vietnam-Chine-Bolivie).
    La France se radicalise depuis 2005 avec le NON au référendum sur la constitution européenne que Sarko a zappé bêtement par dogmatisme bourgeois . Aujourd’hui l’Europe et ses partisans sont de plus en plus minoritaires et le Brexit en est le premier signe d’éclatement comme l’URSS en 1989 . Les élites à mon avis sont aux abois et le peuple est en train de reprendre le pouvoir sous diverses formes que nous voyons s’exprimer tous les jours .

      +2

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  • Krystyna Hawrot // 14.07.2016 à 18h58

    C’est certain que les manifestations que sont qu’un élément du rapport de force – le plus efficace serait une grève générale dans des secteurs importants de l’industrie et des services. C’est dans l’entreprise que se passe la lutte des classes. La propagande depuis 20 ans, depuis la grande grève de 1995, a tellement démonisé les syndicats que la syndicalisation dans les nouveaux métiers est très faible: très faible dans le commerce, dans l’informatique, inexistante dans la sécurité et … dans le secteur associatif qui concerne quand même 1 million de salariés! Du coup il y a des secteurs entiers ou la notion même de grève n’existe pas, des gens qui bossent depuis 20 ans et qui n’ont jamais fait grève entre CDD, Assedic et interim. Pas facile dans ces conditions de contester efficacement et le problème n’est pas que français.

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