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11.juin.202011.6.2020
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Mortalité, Létalité : ce qu’on peut dire sur le Covid-19, par Olivier Berruyer

Ce billet reprend l’analyse que j’ai publiée dans notre FAQ publiée la semaine dernière, en la complétant. Mortalité, Contagiosité : quelle est la dangerosité réelle du Covid-19 ? N’est-il pas trop tôt pour conclure ? Ne croyez-vous pas que c’est la mortalité annuelle de 2020 qui nous dira si le Covid-19 était aussi mortifère que […]
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Ce billet reprend l’analyse que j’ai publiée dans notre FAQ publiée la semaine dernière, en la complétant.

Mortalité, Contagiosité : quelle est la dangerosité réelle du Covid-19 ? N’est-il pas trop tôt pour conclure ? Ne croyez-vous pas que c’est la mortalité annuelle de 2020 qui nous dira si le Covid-19 était aussi mortifère que ce qu’on nous annonçait ?

Il faut aussi faire attention à ne pas confondre mortalité et létalité. La létalité est la proportion des gens atteints qui meurent (= décès Covid / personnes infectées). La mortalité, c’est l’ensemble des morts dans le pays (= décès Covid / population). La différence est liée au taux de prévalence, c’est-à-dire à la proportion de personnes infectées (= personnes infectées / population).

On connait assez bien la létalité, qui se situe en France autour de 0,7 % (l’incertitude étant liée au nombre d’asymptomatiques). Mais notez qu’il faut bien se méfier des moyennes, en l’espèce il faut vraiment regarder par âge et par sexe :

La létalité (Infection fatality ratio) s’étale donc de 0,001 % à 17 % selon l’âge et le sexe : une octogénaire a 6 % de risque de mourir si elle rencontre le virus, un octogénaire 17 %, un risque sur 5 de mourir… Rappelons bien que le gouvernement a demandé à ces gens d’aller voter le 15 mars pour choisir qui allait gérer les ordures ménagères…

L’étude de l’institut Pasteur que nous citons estime la prévalence entre 3 % et 7 % pour l’ensemble du pays.

Notons que cela représente environ 1,8 à 4,7 millions de personnes, pour environ 140 000 testés positifs. Le ratio « cas infectés » sur « cas testés » (en fin d’épidémie) est donc entre x13 et x34. Rappelons que nous avions retenus x45 dans notre article du 13 mars – ce qui était assez juste, car ce ratio est nettement plus important en début d’épidémie, puisqu’elle se développe alors exponentiellement.

Mais là encore, il faut se méfier des moyennes car beaucoup de régions ont été peu touchées, et le confinement a donc réduit les morts.

La prévalence est donc comprise entre 1 % et 10 % suivant les régions.

Cela se voit aussi sur la mortalité toute cause (source : INSEE) :

Comme a dit Pierre Dac, « la prévision est difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir. »

Nous allons donc nous servir du passé. Le département le plus touché, car l’épidémie s’est enflammée là, a été le Haut-Rhin (ici la mortalité dans la région Grand Est) :

Ce département a compté selon Santé publique France : 788 décès à l’hôpital plus 671 en Ehpad, soit 1 459 morts. Pour un département de 765 000 habitants, soit un taux de 1900 morts par million d’habitants.

Si le virus avait continué de se répandre, sans confinement, il n’y a pas de raison que le taux du Haut-Rhin n’ait pas été atteint partout, ce qui aurait donné pour les 66,8 millions d’habitants du pays un total de décès de 130 000 morts.

Mais, si la prévalence du Haut-Rhin va être probablement la plus forte de France, rien n’indique que le virus y avait atteint sa diffusion maximale, bien évidemment ; ce département a aussi bénéficié du confinement. Il est donc tout à fait possible de penser que ce taux aurait pu doubler – ce qui mène à 260 000 morts potentiels. Mais dans cette situation, le système hospitalier aurait été engorgé, et il n’y aurait rapidement plus eu de place ni de respirateurs : le taux de létalité aurait donc monté en flèche.

Au final, on voit donc que ce coronavirus avait le potentiel de tuer entre 200 000 et 400 000 Français – ce qui est en ligne avec l’estimation du conseil scientifique de début mars, qui tablait entre 300 000 et 500 000 au maximum.

Nous avons aussi appris hier que des tests ont montré que 60 % des habitants de Bergame, coeur de l’épidémie en Italie, ont été contaminés par le Covid, avec une létalité de 0,5 % (source). Appliqué à toute la France, cela donnerait un total d’au moins… 200 000 morts ;

Voici ce à quoi nous avons échappé, grâce à nos efforts. Et nous pouvons donc être heureux – même si le bilan actuel aurait dû être bien plus faible, avec un meilleur gouvernement, et plus de capacités industrielles (pour les masques et tests).

 

Soulignons également un point. On a spontanément envie de comparer la létalité de 1 % du Covid SRAS-2 avec des mortalités très élevées comme Ebola, ou même le SRAS-1. Mais l’Ebola se propage très lentement par rapport au Covid (et les gens meurent vite, donc contaminent moins), où les asymptomatiques sont contaminants. C’est pourquoi la mortalité globale du Covid est bien plus importante qu’avec ces virus bien plus létaux.

Enfin, dernier point important. Quand on écoute les commentateurs, on a un peu l’impression que l’épidémie a consisté en : soit des personnes âgées qui mourraient, soit des gens qui avaient une grippe plus ou moins forte.

Mais les chiffres sont les suivants pour l’hospitalisation (source) :

Près de 4 % des individus ayant rencontré le virus ont été hospitalisés – dont près de la moitié des hommes octogénaires -, et donc 20 % des hospitalisés sont partis en réanimation (ICU).

Enfin, on voit un énorme problème sur le passage en réanimation par âge, qui a concerné

  • 16 % des hospitalisés trentenaires ;
  • 22 % des hospitalisés quadragénaires ;
  • 28 % des hospitalisés quinquagénaires
  • 31 % des hospitalisés sexagénaires

MAIS

  • 25 % des hospitalisés septuagénaires et…
  • 05 % des hospitalisés octogénaires !

On se doute bien qu’il n’y a aucune raison naturelle que ce taux baisse. C’est simplement, hélas, qu’au vu de leur mortalité et du manque de places, on n’a pas envoyé les octogénaires (et une partie des septuagénaires) en réanimation…

Bref, le Covid, c’est aussi la moitié des places en réanimation occupées par des gens de moins de 60 ans, dont, certes, peu sont morts, mais pour qui le Covid n’a néanmoins pas été une « grippette ». D’autant que dans à 5 à 10 % des cas, les contaminés non hospitalisés ont des formes longues de 20 à 80 jours au moins.

 

Rappelons aussi cette étude qui estimait que les décédés du Covid avaient perdu en moyenne 13 années de vie.

 

En synthèse, on a donc ces quelques chiffres sur le Covid : globalement, sur 1 000 personnes infectées, environ 35 sont hospitalisées dont 7 en réanimation, et 7 meurent. (certains de ces 7 n’étant pas mortes en réanimation ; ce sont les plus âgées, qui n’ont pas été admis faute de place)

Mais comme il faut se méfier de cette moyennes de 0,7 % (cela vaut il la peine de confiner ?), rappelons aussi que le Covid c’est, pour 1 000 hommes de plus de 80 ans infectés, environ 460 sont hospitalisés dont seulement 31 en réanimation (faute de place, ils ne sont pas prioritaires), et 170 meurent.

Dernier point. Je n’ai trouvé qu’une seule information intéressante dans les travaux de l’IHU de Marseille sur le Covid, mais cela vaut le coup d’être signalé : ils ont réalisé 2 065 tomographies aux patients qu’ils testaient positifs, et qui ont montré des lésions pulmonaires chez 581 des 933 patients qui avaient le score minimal des symptômes cliniques (NEWS score = 0, source). Dit autrement, près de 2 cas totalement bénins sur 3 avaient des atteintes pulmonaires visibles en tomographie. La question est donc quelles sont les séquelles à long terme, et dans quelle proportion de cas, cela seront-elles problématiques, et diminueront-ils la qualité de vie voire l’espérance de vie ? Voir cet article. Presque aucun média n’en parle …

Commentaire recommandé

Incognitototo // 11.06.2020 à 15h10

C’est dingue comme un article concis, sourcé, contextualisé, précautionneux sur ses affirmations, bref aussi objectif que possible dans l’état actuel de nos connaissances (merci Olivier), peut encore susciter tant de commentaires suspicieux et de dénégation des faits.
Pourtant toutes les réserves qui devaient être faites ont été faites dans l’article lui-même, mais non, ça ne suffit toujours pas, comme si le sens des mots n’arrivait toujours pas jusqu’au cerveau de certains commentateurs.
Je rappelle entre autres qu’une « estimation » n’est pas une réalité finale et absolue : c’est une méthode pour déterminer une valeur en l’état des données disponibles. Il n’y a donc absolument aucune raison de s’énerver ou d’être sceptique ou que sais-je encore ; d’autant que l’article par sa forme donne déjà toutes les réserves qu’il y a à connaître. On peut éventuellement discuter gentiment de la méthode d’estimation ou du recueil des données (du moins si on en maîtrise les paramètres) pour la compléter ou l’affiner, mais c’est tout.
Bref, il faudrait que les nombreux candidats à la paranoïa qui commentent sur ce site, et ont toujours un avis si tranché sur les intentions des autres, se calment un peu. Ça devient pénible et c’est absolument sans aucun intérêt, à part de démontrer à quel point ils sont incapables de comprendre le sens des mots, ce qui en soi fait peur.
Je vais encore me faire « des amis » avec ce post et je sais bien que ça ne sert à rien de faire appel à la raison de ceux qui croient savoir, mais pas grave, là je craque de lire autant de commentaires limite délirants…

195 réactions et commentaires - Page 2

  • Roubachoff // 16.06.2020 à 03h16

    Arrêtez, malheureux ! Berruyer va faire une torsade de pointe !
    Cela dit, vous y allez trop fort. Sans comorbidités, les risques étaient minimes jusqu’à soixante dix ans, voire plus. Ce qu’il aurait fallu, en réalité, c’est une prise en charge et un suivi des malades. Pas du paracétamol et un abandon à l’autodiagnostic – un art si délicat que je connais des médecins – hors Covid-19 – qui se sont laissés prendre au piège du déni de maladie. Sur ce sujet, j’ai entendu des témoignages à glacer les sangs.

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  • hub // 20.06.2020 à 09h39

    Chaque jour qui passe nous prouve un peu plus que c’est une fausse pandémie . Les chiffres on ne peut les croire sauf peut-être les chiffres totaux de morts toutes morts confondues . Et là la pandémie n’existe pas , pas plus qu’une grippe saisonnière . Mais à cause du covid -grippe la nation fut au ralenti et les pertes en résultant serviront de pretexte à la crise économique qui de toute façon serait arrivée car depuis septembre 2019 , on la voyait arriver à toute vitesse . Le covid est une arnaque monstrueuse .

      +1

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