Bien qu’il puisse sembler politiquement commode de tout mettre sur le dos de l’invasion ces 8 dernières semaines, il est suprêmement trompeur de le faire.
Source : Responsable Statecraft, Marshall Auerback
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Les nouvelles économiques de ces derniers temps se sont largement concentrées sur l’impact pour les Américains à la pompe à essence et à l’épicerie dans le contexte d’une inflation toujours croissante. On parle moins de la façon dont les objectifs et le positionnement géopolitiques de l’administration Biden (sanctions, alimenter la résistance en Ukraine, faire pression sur les pays pour qu’ils rejoignent la coalition sanctionnant la Russie) se heurtent à la volatilité économique et la provoquent, tout en sapant d’autres objectifs, comme les efforts pour atténuer les effets du changement climatique.
Le président Biden a tenté d’attribuer une grande partie de la responsabilité de cette crise croissante du coût de la vie à l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, tout en ignorant toute une série d’autres facteurs qui existaient bien avant le début de la guerre.
C’est bien beau de faire de Poutine et des Russes les boucs émissaires de la situation actuelle, mais la réalité est que la plupart de ces tendances négatives étaient évidentes pour tous au cours des trois dernières années, en particulier depuis le début de la Covid. Certes, le conflit ukrainien a exacerbé les problèmes actuels, mais Poutine n’a pas créé le marché du travail le plus tendu de l’histoire américaine. Il n’a pas provoqué la dégradation du patrimoine social américain par le recours persistant à la délocalisation au cours des 40 dernières années, qui a réduit le réservoir de main-d’œuvre qualifiée et a encore diminué son offre.
Et ce n’est pas Poutine qui a acquiescé à la décision collective des chefs d’entreprise d’opter pour un modèle économique néo-féodal qui a longtemps donné la priorité à la réduction de la main-d’œuvre au plus bas coût possible, au lieu de la considérer comme une source importante de demande des consommateurs susceptible de renforcer la prospérité économique nationale globale (plutôt que de remplir les porte-monnaie de la classe oligarchique américaine).
Jusqu’à récemment, les responsables fiscaux et monétaires occidentaux considéraient généralement les préoccupations inflationnistes comme « transitoires ». La plupart des banques centrales ont désormais abandonné ce dogme. En conséquence, les responsables monétaires, menés par la Réserve fédérale américaine, ont entamé un cycle de resserrement pour refroidir l’économie mondiale et réduire les pressions inflationnistes, qui ont clairement remplacé le chômage comme priorité politique numéro un.
Ce changement de priorités est compréhensible, surtout à Washington, étant donné que les États-Unis connaissent actuellement l’un des marchés du travail les plus tendus de leur histoire économique. Il ne fait aucun doute que le fait de se retrouver au chômage est dévastateur pour ceux qui perdent leur emploi et pour leur famille. Mais le chômage ne touche généralement qu’une minorité de travailleurs à un moment donné. L’inflation, en revanche, touche la majorité d’entre eux, en particulier ceux qui ont de faibles revenus et pour lesquels les produits de base comme l’énergie, la nourriture, le transport et le logement sont encore plus importants.
En outre, l’impact de l’inflation est sans doute pire aujourd’hui pour la majorité des Américains qu’il ne l’était dans les années 1970, étant donné la répartition extrêmement inégale des revenus dans le pays, surtout par rapport aux années 1970, comme le montre le coefficient de Gini (la mesure statistique la plus couramment utilisée pour évaluer l’inégalité des revenus).
Le président Biden a sans aucun doute raison de noter les rôles clés de la Russie et de l’Ukraine en tant que deux des principaux fournisseurs de blé au monde, et la mesure dans laquelle l’invasion russe de l’Ukraine a mis en péril la récolte de ces deux principaux exportateurs de céréales (exacerbant ainsi l’inflation alimentaire, qui est toujours absurdement décrite par les économistes comme « non essentielle », comme si les gens pouvaient survivre sans être nourris). Et si l’on peut affirmer que les éléments « fondamentaux » de l’inflation (c’est-à-dire ceux qui excluent l’énergie et les denrées alimentaires) diminuent (comme le suggère le dernier rapport sur l’inflation des prix à la consommation aux États-Unis), il est difficile d’envisager un soulagement sur le front de l’alimentation et de l’énergie, tant que le conflit se poursuit.
Mais comment combler le manque à gagner pour atténuer les fortes hausses des prix de l’énergie et des denrées alimentaires ? La présence continue de Poutine à la tête du gouvernement russe signifie probablement qu’il faudra des années avant que les sanctions ne soient levées, ce qui entraînera de nouvelles perturbations de l’approvisionnement, sans compter le temps qu’il faudra pour reconstruire l’économie dévastée de l’Ukraine.
Cela signifie que les prix des denrées alimentaires resteront élevés.
En ce qui concerne l’énergie, les usines de gaz naturel liquéfié sont coûteuses à construire et il faut des années pour les rentabiliser. L’Algérie et le Qatar, deux grands fournisseurs de gaz naturel, ne disposent pas de capacités suffisantes et, en ce qui concerne les exportations américaines, Jack Fusco, directeur général de Cheniere, société basée à Houston, a laissé entendre qu’il faudrait jusqu’à cinq ans pour répondre à la demande prévue de l’UE.
Quant aux autres alternatives, les prix du charbon s’envolent. Et comme les prix du charbon ont atteint des niveaux record sur plusieurs années, il n’y aura pas non plus de soulagement immédiat de la chute des prix de l’énergie. Les carburants seront de plus en plus polluants.
Tout cela suggère que la guerre ukrainienne a compliqué les efforts de réduction de l’inflation de diverses manières et a imposé des compromis inconfortables dans le processus, que les décideurs occidentaux refusent d’affronter, puisqu’ils continuent à armer l’Ukraine et à perpétuer ainsi ces mêmes contradictions. Comme l’a affirmé Martin Sandhu du Financial Times, « l’intérêt de réduire la stimulation monétaire est de couper le vent des voiles de la demande dans l’économie, afin de la ramener à la capacité d’offre endommagée. »
C’est vrai, mais des taux d’intérêt plus élevés compliquent également la tâche de combler les lacunes de l’offre, car ils augmentent le coût de l’investissement, et compliquent la tâche de réaffectation sectorielle pour résoudre d’autres problèmes, tels que la dépendance continue de l’économie aux combustibles fossiles, ainsi que la mise à mal des efforts de Biden pour relocaliser les industries stratégiques aux États-Unis.
Même avant le début du conflit, l’inflation américaine dépassait la croissance des salaires. Cela signifie que les salaires réels ont baissé pour de nombreux Américains. Les actifs financiers ont augmenté encore plus rapidement, le marché boursier étant toujours proche de ses records historiques. Les prix de l’immobilier ont augmenté de 32,6 % au cours des deux dernières années et l’accessibilité au logement n’a jamais été aussi mauvaise pour les primo-accédants depuis 2007. Et grâce aux aides liées à la Covid, les entreprises américaines continuent de se porter bien mieux que le travailleur américain moyen.
À son crédit, Biden a tenté d’inverser ces tendances avec ses propositions « Build Back Better » et son premier plan d’aide Covid, mais aujourd’hui, les aspirations politiques visant à créer une forme de croissance plus équitable pour l’avenir sont en train de s’effondrer, alors que les pressions inflationnistes augmentent et que la priorité est accordée au réarmement de l’Ukraine (avec peu d’efforts pour envisager des moyens d’atténuer le conflit).
Qu’en est-il de l’idée que l’inflation « de base » (hors alimentation et énergie) diminue ? Il s’agit d’une hypothèse discutable, étant donné que les conditions du marché du travail sont toujours très tendues ; les pressions salariales devraient donc rester constantes. En fait, de nouveaux éléments troublants suggèrent qu’une psychologie inflationniste, longtemps en sommeil, commence à se manifester à nouveau, en particulier aux États-Unis.
Richard Curtin, de l’Université du Michigan, mène l’enquête sur le sentiment des consommateurs du Michigan depuis 1976, année qui correspond au milieu de la Grande Inflation. Il connaît bien le comportement des consommateurs dans des conditions d’inflation élevée et croissante.
Curtin parvient également à réconcilier le paradoxe apparent dans lequel nous voyons la détérioration du sentiment des consommateurs (mesurée par l’indice de confiance des consommateurs du Michigan) coexister avec une augmentation récente, mais apparemment insoutenable, du crédit à la consommation (qui, selon les données les plus récentes de la Réserve fédérale, a augmenté à un taux annuel corrigé des variations saisonnières de 11,3 %). Il suggère que la psychologie et le comportement des consommateurs et des décideurs politiques durant la grande inflation des années 1970 pourraient être à nouveau d’actualité :
« Les consommateurs avancent délibérément leurs achats afin d’anticiper les futures hausses de prix. Les entreprises répercutent volontiers la hausse des coûts sur les consommateurs, y compris les augmentations de coûts futures qu’elles anticipent. C’est ce qui s’est passé lors de la dernière période d’inflation, qui a commencé en 1965 et s’est terminée en 1982. »
Avec une économie mondiale désormais sur le pied de guerre, l’impulsion politique tendra vers des dépenses supplémentaires et des contraintes de capacité continues, étant donné les sanctions existantes et la militarisation simultanée du commerce (activement défendue par Washington ces jours-ci). Tout cela suggère que l’inflation, les crises alimentaire et énergétique mondiales, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement sont toutes exacerbées par un militarisme croissant qui ne fera qu’aggraver la situation économique ici et à l’étranger.
Source : Responsable Statecraft, Marshall Auerback, 25-04-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Ce n’est pas la guerre qui est responsable de la crise économique, c’est la crise économique qui est responsable de la guerre. Quand on a épuisé toutes les manipulations financières possibles pour masquer les problèmes structurelles d’une économie surdimensionné par rapport à l’offre, il ne reste plus que les options désagréables qu’il va falloir faire avaler à une masse d’individus aseptisé.
On ne parle jamais de la rechute économique de 1937-1938 suite à l’épuisement des mesures post-grande dépression, le complexe militaro-industriel dopé par le pétrole était venu à la rescousse d’une économie de charbon défaillante.
Mais qu’est-ce qui viendra à la rescousse d’une économie de pétrole défaillante ?
29 réactions et commentaires
Ce n’est pas la guerre qui est responsable de la crise économique, c’est la crise économique qui est responsable de la guerre. Quand on a épuisé toutes les manipulations financières possibles pour masquer les problèmes structurelles d’une économie surdimensionné par rapport à l’offre, il ne reste plus que les options désagréables qu’il va falloir faire avaler à une masse d’individus aseptisé.
On ne parle jamais de la rechute économique de 1937-1938 suite à l’épuisement des mesures post-grande dépression, le complexe militaro-industriel dopé par le pétrole était venu à la rescousse d’une économie de charbon défaillante.
Mais qu’est-ce qui viendra à la rescousse d’une économie de pétrole défaillante ?
+46
AlerterOn ne parle jamais de la rechute économique de 1937-1938 suite à l’épuisement des mesures post-grande dépression ?
Le complexe militaro-industriel N’EXISTE PAS a cette période. Il démarre APRES Pearl-Harbour. De cette période a la fin de la deuxième guerre mondiale les USA ne produisent plus de voitures, un exemple. L’ENSEMBLE de l’industrie américaine est convertie en machine de guerre en 3 mois. Les USA produisent UN LIBERTY SHIP par jour !!! Un porte-avions par mois.
Dopé par le pétrole ? Pas plus. Le charbon a cette époque est massivement utilisé aux USA (centrales thermiques, industries comme les aciéries). Les USA sont a cette époque totalement indépendant de tous les champs pétrolifèrs situés au Moyen-Orient (dominés par British Petroleum), l’Irak, le Koweit, etc sont encore des déserts.
Il est exact que les USA deviennent à cette époque la première puissance productrice militaire et économique. Ce pays alimentera tout le monde a commencer et tout d’abord l’URSS qui se serait probablement écroulé sans le gigantesque programme de prêt-bail des USA. Ce fait est signalé par Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev dans ses mémoires et dans un discours de Staline a Yalta.
C’est effectivement la guerre de 1939-1945 qui mettra définitivement fin à la crise de 1929.
L’économie de pétrole est défaillante pour une simple raison. Il y en a de moins en moins et il est de plus en plus cher, plus compliqué à extraire, etc.
20 % de l’humanité consomme 80 % de tout, vous en faites partie comme moi. 80 % de l’humanité se contente des restes. Un clebard français a le niveau de vie d’un indien, pas du paysan d’un petit village, qui a encore moins. Plus de 3 milliards de la population mondiale vit avec moins de 1.50 $ us par jour et 95 % de la population mondiale n’a jamais voyagé.
L’offre est surdimensionnée par rapport à la demande POUR les possédants, vous en êtes, comme moi.
+14
AlerterLes mémoires de Khroutchtchev ? Il y a un livre publié en occident, présenté comme étant les mémoires de Khroutchtchev, livre qu’on m’a’* prêté et que j’ai malheureusement rendu.
« Khroutchtchev » y fait sans cesse, assez subtilement, l’éloge de l’occident, y compris de quelques responsables du renseignement américain. Ce livre ressemble donc à un faux assez habile. Est-ce à ses mémoires que vous faites allusion ? Il me semble que votre citation est un de ces trop nombreux éloges de l’occident contenu dans le livre pour que cela soit réellement les mémoires de Khroutchtchev et pas un faux, autrement plus habile que le protocole des sages de Sion
+1
AlerterSi Nikita ne vous plait pas il y a le discours de Staline a Yalta sur le même sujet.
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Alerterl’aide des USA a l ‘union soviétique a été moins importante qu’on le dit et elle a eu un impact important uniquement dans la fourniture des célèbres camions 10 roues studbaker qui a permis a l’armée rouge d’augmenter la mobilité de son artillerie
Pour le reste des armements blindes notamment (T34 ) la production était locale principalement
+0
AlerterDepuis que je m’intéresse à l’Economie Politique il n’est question que de « crise », et même quand les indicateurs « économicistes » semblent bons (en fait ils sont seulement meilleures ), les problèmes structurels persistent et le plus souvent impactent les citoyens déjà les plus défavorisés. C’est le « capitalisme » et son allure actuelle (financiarisation, ideologie neo-libérale, domination de la logique du profit à court terme et soumission du « politique » à cette logique,…) qui est en crise. C’est largement documenté depuis des décennies: le capitalisme sans un contrôle politique rigoureux nous conduit à toutes les catastrophes: économiques, sociales, psychologiques, guerrières, et désormais « écologiques ».
Il n’y a pas besoin d’avoir lu Marx et tous les courants de l’économie critique pour le savoir, on l’expérimente quotidiennement.
+27
AlerterJean Fourastié, « le père des 30 Glorieuses » avait dit à la fin de sa vie qu’il ne comprenait plus l’économie à partir des années 1980 car elle ne correspondait plus à son analyse sur les 3 types de secteur économiques :
Jean Fourastié a toujours voulu distinguer « les trois secteurs », primaire, secondaire et tertiaire selon l’intensité du progrès technique ; il n’a donc jamais totalement identifié « primaire » à « agriculture », secondaire à « industrie » et tertiaire à « services ».
Par contre avec le recul, il faudrait maintenant rajouté le « 4ieme secteur » qui correspond au « parasite financier ». Il se développe quand la régulation disparait et est semblable aujourd’hui à un tique sur un chien, sauf que le tique est près de 20 fois plus gros que le chien ! Ce qui fait que le chien est très moribond …
+23
AlerterVous avez la mémoire courte. Lisez un peu l’histoire économique des crises financières depuis le 16 ième siècle.
1637, 1720, 1788, 1792, 1797, 1810, 1819, 1825,1836, 1847,1857, 1866, 1873, 1882,1890, 1893, 1907,1923, 1929, 1966, 1971, 1974, 1979,1980. 1982, 1985,1987. 1990,1992, 1993, 1994, 1997. 1998, 2000, 2001, 2014, 2018, 2020
Sans parler des rois de France ou d’ailleurs qui avant systématiquement font faillite comme Philippe Auguste qui se fera une santé sur le dos des Templiers
+3
AlerterC’est Philippe Le Bel, pas Philippe Auguste. « Saint » Louis s’en était pris aux juifs pour renflouer ses caisses.
Mais bon, je ne vois pas trop le rapport avec le commentaire auquel vous répondez. Les néoconservateurs et les néolibéraux (en fait se sont fondamentalement les mêmes) sont une inventions récente, et les petites crisettes que vous énumérez n’ont rien à voir avec la crise qu’ils sont en train de nous concocter. Et ils ne le font pas exprès, ils sont juste aussi arrogant qu’ils sont stupides, ce qui les rend très, très stupides.
+9
AlerterJe me suis trompé de roi et 1929 n’a pas été une crisette, celle de l’an 2000 pas plus et dans ma liste il y en a pour les époques précisées qui ont été des calamités. Les néolibéraux sont partout, aux USA, en Chine, en Russie, au Brésil, en Europe.
Si ces gens concoctaient quelque chose je serais presque rassuré.
+1
AlerterIl faut bien comprendre que l’hégémonie américaine est la priorité des priorités et que si cela va à l’encontre d’autres objectifs (climat, faim dans le monde, ….) cela n’a aucune importance. Une fois ceci bien intégré, la politique américaine est extrêmement cohérente et n’est pas en échec
+28
AlerterIl st vrai que la Chine ne pense pas en terme de domination…produisant plus de 650 milliardaires en trente années.
+1
AlerterLa grosse différence est que la Chine c’est très grand, leur obsession est la stabilité, leur rêve redevenir l’Empire du Milieu, leur arme l’économie et le commerce et certainement pas la guerre, contrairement aux USA qui foutent le feu partout et se recréent des ennemis quand ils n’en n’ont plus assez et ne se satisfont pas d’être un empire mais se croient le peuple élu par Dieu et investi pour dominer le monde entier par la force.
+13
AlerterRien à voir, je me contente de la politique américaine, pas de celle de ses rivaux. Que d’autres veulent aussi devenir hégémonique ne change rien à la volonté américaine
+1
AlerterBen oui, à force de ne pas vouloir en parler et de se réfugier dans des postures morales ou moralisantes, la problématique du capital, mondial et pas spécifiquement américain même si les capitalismes divers (russe, européen, moyen oriental…) s’affrontent aussi resurgit : il faut faire face à la baisse tendancielle du taux de profit.
Et pour cela, on va détruire encore d’emplois, de forces productives : « En conséquence, les responsables monétaires, menés par la Réserve fédérale américaine, ont entamé un cycle de resserrement pour refroidir l’économie mondiale et réduire les pressions inflationnistes, qui ont clairement remplacé le chômage comme priorité politique numéro un. »
+4
AlerterLa crise ?
Elle est apparue en 2007 lorsque la cupidité du profit immédiat a causé l’explosion des subprimes qui n’étaient en fait que la partie émergée de l’iceberg et elle n’a TOUJOURS PAS été résolue à ce jour, du moins pour les « moins que rien ».
Même avant l’apparition du virus « chinois » (en fait personne ne sait exactement d’où il vient, mais accuser les chinois est pratique ne pas avoir à reconnaître la moindre responsabilité dans ce désastre) l’économie mondiale était au bord du gouffre et se serait AUSSI « contractée » si la pandémie n’était pas survenue.
Les « élites » mondiales ont eu « le cul bordé de nouilles » d’avoir la bonne excuse au bon moment.
Accuser la Russie est aussi un solution de facilité (même de survie) pour ces « élites » car elles pourront continuer à presser la population comme des citrons en prétextant ENCORE « l’effort de guerre contre le XXX », accusant bien sûr les « pourris d’en face » de la récession et de l’inflation qui ne touchent que les « gueux », les plus nantis parvenant bien sûr à faire croître leurs profits parasitaires largement plus vite que l’inflation.
Le plus beau dans l’histoire, c’est que les sanctions imposées à la Russie (« de Poutine ») est en fait un bienfait pour ce pays car il lui permet de se développer à vitesse accélérée en lui permettant de mettre à niveau TOUTS les secteurs dans lesquels il était dépendant de l’étranger.
+22
AlerterNommer Bruno Lemaire ministre de l’économie de Poutine est la solution qui permettra d’écrabouiller l’économie russe.
+29
AlerterLa crises apparue en 2007 ? Vous avez la mémoire courte. Lisez un peu l’histoire économique des crises depuis le 16 ième siècle.
1637, 1720, 1788, 1792, 1797, 1810, 1819, 1825,1836, 1847,1857, 1866, 1873, 1882,1890, 1893, 1907,1923, 1929, 1966, 1971, 1974, 1979,1980. 1982, 1985,1987. 1990,1992, 1993, 1994, 1997. 1998, 2000, 2001, 2014, 2018, 2020.
Je passe sur les faillites de nombreux états, des dettes souveraines. Lisez-donc le très bon livre Dette : 5000 ans d’histoire est un livre de l’anthropologue David Graeber publié en 2011 et paru pour la première fois en France en 2013 aux éditions Les liens qui libèrent.
Le plus beau dans l’histoire, c’est que les sanctions imposées à la Russie (« de Poutine ») est en fait un bienfait pour ce pays car il lui permet de se développer à vitesse accélérée en lui permettant de mettre à niveau TOUTS les secteurs dans lesquels il était dépendant de l’étranger.
Totalement inexact. Je peux faire une longue liste de technologies et de secteurs dans lesquels ce pays est totalement dépendent de l’extérieur a commencer par les capitaux. Dans les 15 dernières années la Russie avait reçu près de 900 milliards de $ us d’investissements
+2
AlerterCa sort d’où ces chiffres.
De 2000 à 2015 l’investissement direct des US en Russie s’est élevé pour ces 15 années à 155 milliards de $, on est loin de vos 900. (source, parce que moi les sources je les indique !, https://fr.statista.com/statistiques/550071/position-des-etats-unis-quant-aux-investissements-directs-en-russie/).
Vous pouvez faire toutes les listes que vous voulez, mais l’évidence est là, qui a emmené les astronautes américains dans l’ISS pour 70 millions de $ le siège ? sans parler du domaine pétrolier et gazier, de la production et traitement des pierres précieuses et des métaux, de l’aéronautique, la production spatiale, l’industrie atomique, la production de l’armement, de la technique militaire, l’électrotechnique, l’industrie cellulosique et en papier, l’industrie automobile, les industries mécaniques de transport et agricoles, l’industrie de l’alimentation etc …
Certes la production des processeurs laisse encore à désirer mais c’est la prochaine étape, et l’Inde leur sera d’un recours facilitant (opération RISC-V), comme l’accès de la Chine à la société ARM dans le cadre des co-entreprises imposées.
Un seul élément, le plus important, que nos « analystes » oublient systématiquement est que le russe agit pour son pays d’abord et pour l’argent ensuite.
Qui aurait parié qu’un jour les américains paieraient les russes pour emmener leurs spationautes dans l’espace ?
Le reste c’est du nombrilisme stérile qui sert à fuir ou cacher le problème de la montée en puissance de cette région.
+9
AlerterLa Russie est totalement dépendante du matériel importé pour le secteur énergétique. Dans le domaine militaire il y avait plus de 400 entreprises situées en Ukraine. Des composants comme la majorité des moteurs d’hélicoptères, les moteurs de la marine russe, une large partie des composants des missiles. Une partie de la mécanique des missiles Buk (S-400) étaient manufacturés en Suisse et en Allemagne. Tous les Antonov de l’armée russe étaient fabriqués en Ukraine. L’électronique des su-34, su-30 étaient fournis par Thales, après les sanctions de 2014, la Russie a été incapable de remplacer ces composants. Les versions russes sont équippés de console Garmin pour la cartographie, du matériel d’aéroclub, parfaitement visibles sur les videos.
C’est la même chose pour la filière de l’industrie atomique dont une large part des consoles, de l’électronique, des systèmes de contrôle est importé.
Contrairement a ce que vous affirmez faire des substitutions de composants électroniques prend des années car il faut recréer non pas un processeur mais des composants multiples.
L’Inde est la première concernée car elle reste le principal client à l’export du secteur de la défense de la Russie. Elle est en train de réexaminer sa politique des fournisseurs militaires, ce n’est pas un hasard. Faire de la maintenance sans composants c’est un peu compliqué.
Le secteur de l’aviation civile en Russie n’existe quasiment plus. Le projet d’un mono-couloir l’Irkut MC-21 n’en est qu’a l’état de prototype et il faudra tout réinventer, des sièges au reste.
La Russie parle de construire 90 exemplaires pour assurer un minimum de transport aérien dans le pays, la flotte russe composée de Boeing et d’Airbus ne sera plus en état de voler dans un délai de 12 mois maximum, a cause des sanctions.
En passant je ne parle pas de l’investissement des USA en Russie mais de l’investissement total.
+2
Alertervous avez des sources pour vos affirmations?
Sinon tout est faux
Ce qui s’affirme sans preuve se nie sans preuve
+3
AlerterJe peux vous faire la liste de toutes les entreprises en Ukraine. Le contrat avec Thales est facile à trouver. Antonov est situé en Ukraine, etc..
Il y avait plus de 300 entreprises du secteur de la défense en Russie qui dépendait pour plus de 2000 composants fabriqués en Ukraine;
Des composants fabriqués en Ukraine, utilisés par l,armée russe
Motor-Sich pour les moteurs d’hélicos
Toute la maintenance des Antonov russes
Turbines a gaz de la marine russe comme les DT-59 ou DT-60 (frégates)
Les batteries argent-zinc pour les sous-marins
Electronique pour les missiles de croisière comme le Kalach-59
Le fabricant de chars Uralvagonzavod est à l’arrêt ne pouvant plus accéder aux composants électroniques fabriqués en Ukraine.
La production du char T-14 Armata est arrêté des composants de l’électronique venaient de Safran (caméras STD), les roulements en cartouche qui venaient de Suède, une liste partielle.
Contrairement à ce que pensent des commentateurs la Russie était très intégrée aux systèmes de distribution mondiaux. La taille de son économie ne lui permet pas de tout fabriquer et spécialement dans le secteur de la défense.
Vous pouvez vérifier pour l’Irkout MC-21, pour les sanctions contre les compagnies aériennes russes, le retrait de Boeing et de Airbus, la fermeture des centres de support, etc. J’ai écouté un commentateur français sur Stratpol, spécifiquement sur ce sujet. Facile à trouver et il ne s’agit pas d’une officine de la CIA. Le projet de construire 90 appareils a été annoncé par la Russie.
Les véhicules de combat Tigre utilisaient des moteurs fabriqués par Bosch en Allemagne.
Le chantier naval de Vladivostock est à l’arrêt par manque de composants majeurs fabriqués à l’étranger.
Vous êtes libre de penser qu’il s’agit d’une liste de mensonges.
+1
Alertertravaillant dans une des activités que vous citez, je suis d’accord avec vous sur les fournitures technqiues avec la Russie … il me semble, pourtant, que ces dernières années, leur autonomie grandissait? par contre, il est curieux qu’ils n’aient jamais essayé de corriger cet enchevêtrement avec l’Ukraine, les tensions ne datent pas d’hier…
+0
AlerterUne question de compétences technologiques et de possibilités financières, tout simplement.
Merci de confirmer mes propos, je sais de quoi je parle dans ce secteur.
Le secteur de l’énergie est dans une situation identique.
La Russie aura le plus grand mal a reconstituer son stock d’armes et a continuer la maintenance et le support de ses ventes du passé vers l’étranger.
Les pertes russes en chars et transports de troupes ont été tellement élevées en Ukraine que la Russie restore actuellement des chars de type t-62 datant de l’ère Kroutchev pour les envoyer en Ukraine.
Si vous êtes dans le secteur de l’armement vous pourriez être intéressé par ce lien
https://www.oryxspioenkop.com/2022/02/attack-on-europe-documenting-equipment.html
+2
AlerterPour les chiffres Macrotrends. Uniquement pour l’année 2008 c’est plus de 80 milliards de $. De 2002 a la fin de 2019 c’est plus de 480 milliards de $ us. Il s’agit d’investissements directs. Je n’ai pas les chiffres de 2020 et de 2021.
Dollar us ne veut pas dire USA car cette devise représente près de 70 % des échanges mondiaux. En 2021 la Chine et la Russie ont continué à utiliser du dollar us pour leur échanges à la hauteur de 20 % du total.
La Chine a exporté pour 68 milliards de $ et importé pour 50 milliards de $ US.
+0
AlerterLa rupture, pilotée par les USA, entre Ukraine et Russie datant de 2014 ne pouvant dès lors conduire qu’à une confrontation militaire inévitable on peut supposer qu’au moins le secteur militaire russe a immédiatement tout fait pour limiter les conséquences de défauts d’approvisionnements en tous genres. En tous cas dans le conflit en cours la consommation totalement incroyable de matériel du côté Russe ne semble pas pour l’instant se tarir autant que l’espéraient les USA et l’OTAN. Ou les stocks étaient énormes ou les usines d’armement russes produisent actuellement tout ce qu’il faut (et au pire les usines Chinoises viendraient sans doute en appui). A noter que NothStream II a été terminé par les Russes réputés incapables de le faire, malgré la défection de toutes les entreprises étrangères réputées seules compétentes. Et il n’y a aucune raison rationnelle que les Russes ne produisent pas de produits de haute technologie correpondant à leurs besoin réels spécifiques s’ils le veulent vraiment et surtout ne replongent pas dans l’effondrement moral financier et politique dramatique de 1991.
+1
AlerterVos désirs ne correspondent pas à la réalité, tout simplement. La Chine ne fera pas grand chose. Elle a déjà refusé de fournir des pièces pour la maintenance de l’aviation civile russe qui sera dans l’incapacité de fonctionner dans un délais maximum de 12 à 18 mois. Il ya une excellente discussion sur ce sujet sur le site Stratpol.
On ne remplace pas les composants essentiels à l’industrie militaire russe, dans tous les domaines, provenant de multiples pays, en quelques mois, voire quelques années. Il n’y a pas eu de grands changements depuis 2014.
La Russie a en réserve 9000 tanks dont la majorité sont à l’arrêt depuis des années, parfois plus de 30 années, et dont la ré-utilisation est problématique. Un char doit fonctionner 10 heures par mois pour rester opérationnel.
Les pertes en Ukraine sont tellement importantes que la Russie tente actuellement de remettre en service des chars t-62 qui datent de l’ère Kroutchev pour les envoyer en Ukraine.
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AlerterC’est pas le camarade Vlad qui a multiplié la masse monétaire ces dernières années et on nous trompe lourdement quand on vient nous expliquer que ce n’est QUE a cause d’un déficit d’offre. En fait il y n’a pas qu’un déficit d’offre lié à des tensions sur les ressources, mais aussi un déficit d’offre par rapport au pognon qu’on peut mettre en face.
Vous connaissez l’expression : « tant qu’il y des couillons pour payer ça ce prix là … » , et bien prenez l’exemple du marché immobilier aux USA et regardez bien qui sont « les couillons qui peuvent payer ».
Et c’est qu’un bout de la pointe visible de l’iceberg …je vais même pas oser dire combien il y a de fric en cryptos ou en NTF …
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AlerterAh bon! C’est la faute à voltaire alors !
Au passage, vu les températures et aléas climatique, ce n’est pas la guerre de l’Ukraine qui va nous poser le plus de soucis alimentaires.
Et pour finir, comme 40% de la nourriture est jetée, et qu’une bonne partie qui reste sert a élever des animaux et pas des humains, peut-être serait-il opportun au vu du changement climatique de modifier quelque peu notre système économique «qui s’auto-régule au mieux tout seul sans règle et sans contrôle», ou plutôt au mieux des intérêts des «marchés» qui amplifient tous les désordres sans en solutionner aucun.
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