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25.juillet.202425.7.2024 // Les Crises

Un désastre pour la sécurité et la prospérité des États-Unis : la politique à l’égard de la Chine – Rand Paul

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Gronder, réprimander, sanctionner a l’effet inverse et l’administration semble satisfaite des résultats.

Source : Responsible Statecraft, Sénateur Rand Paul
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Sénateur Rand Paul

Le secrétaire d’Etat Antony Blinken a récemment témoigné devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat où il a tenté, en vain, de faire croire à l’administration Biden que la fermeté à l’égard de la Chine répondait aux attentes du peuple américain.

En réalité, la politique chinoise de l’administration Biden est un désastre pour la sécurité et la prospérité des États-Unis. Le président Biden semble vouloir sacrifier des relations pacifiques et les avantages du commerce avec la Chine pour obtenir des avantages politiques à court terme en insistant pour que la Chine soit l’ennemie des États-Unis. Malheureusement, le témoignage du secrétaire d’État Blinken ne laisse que peu d’espoir quant à l’imminence d’un changement.

En avril, le secrétaire d’État Blinken s’est rendu à Pékin pour réprimander le président chinois Xi Jinping et le ministre des Affaires étrangères Wang Yi. Le plus haut diplomate américain a ensuite pris la Chine à partie pour son soutien à l’effort de guerre de la Russie en Ukraine, affirmant que la vente par la Chine à la Russie de divers biens à double usage – ceux qui peuvent être utilisés à des fins commerciales ou militaires – tels que des semi-conducteurs, des machines-outils et des équipements de télécommunication, était la raison de la poursuite de la guerre en Ukraine.

Quelle hypocrisie ! Alors que les États-Unis accusent la Chine de prolonger la guerre, Washington a fait obstruction à un accord de paix potentiel entre la Russie et l’Ukraine en mars 2022. Les États-Unis ont perpétué la guerre en armant l’Ukraine avec des dizaines de milliards de dollars d’armes et d’équipements, tout en admettant que la Chine n’envoie pas d’armes à la Russie. L’administration Biden refuse également de définir ce qu’est la victoire. Les dirigeants européens remettent de plus en plus en question les objectifs de guerre déclarés de l’Ukraine, qui comprennent l’expulsion de toutes les troupes russes et la recupération de tous les territoires. Le président tchèque Petr Pavel, dirigeant d’un autre Etat membre de l’OTAN et ancien président du Comité militaire de l’OTAN, est récemment allé jusqu’à qualifier ces objectifs de guerre de naïfs.

Néanmoins, si Washington voulait vraiment mettre un terme aux relations commerciales de Pékin avec la Russie, pensons-nous vraiment que notre moralisation, y compris le fait de réprimander les responsables chinois dans leur propre capitale, va les inciter à modifier leur comportement d’une manière favorable aux intérêts américains ? Or l’administration Biden se contente d’exiger de la Chine qu’elle se conforme à nos directives et menace de lui imposer des sanctions et des droits de douane si elle ne le fait pas.

Mais le plus haut diplomate américain est délibérément aveugle aux possibilités d’améliorer les relations avec la Chine. J’ai demandé au secrétaire d’État Blinken s’il pensait qu’en multipliant les sermons, les sanctions et les droits de douane, la Chine changerait de comportement. Sa réponse est éloquente : « Si la Chine n’adopte pas le comportement que nous réprouvons, nous n’aurons pas recours à ces droits de douane ou à ces sanctions. »

La Chine aborde largement sa politique étrangère de manière transactionnelle, ce qui devrait nous donner l’occasion de négocier véritablement avec Pékin pour atteindre nos objectifs. On peut facilement imaginer la suppression des sanctions et des droits de douane en échange d’une réduction des exportations chinoises à double usage vers la Russie. L’administration Biden n’a manifesté aucun désir d’examiner une telle offre. Au lieu de cela, le président se contente de laisser les politiques mener la politique.

Il suffit de voir son revirement sur la question des droits de douane. En juin 2019, Joe Biden, alors candidat à la présidence, a tweeté : « Trump ne comprend pas les principes de base. Il pense que ses droits de douane sont payés par la Chine. N’importe quel étudiant de première année en économie pourrait vous dire que c’est le peuple américain qui paie ses droits de douane. » Cette affirmation était vraie en 2019, et elle le restera en 2024. Les droits de douane sont tout simplement une taxe sur le consommateur américain, et on estime que leur augmentation augmente les coûts pour le ménage américain moyen de plus de 830 dollars par an.

Le président Biden a non seulement maintenu les droits de douane de Trump, mais il les a récemment appliqués à 18 milliards de dollars d’importations chinoises supplémentaires. Voilà pour la méconnaissance des principes de base.

Sur la question de Taïwan, le sujet le plus sensible dans les relations entre les États-Unis et la Chine, le président Biden a faussement déclaré à quatre reprises que les États-Unis étaient obligés de défendre l’île. Depuis plus de quarante ans, la politique officielle des États-Unis, codifiée par la loi sur les relations avec le Taiwan, est une politique « d’ambiguïté stratégique » dans laquelle les États-Unis ne sont pas engagés dans la défense de Taiwan mais conservent la capacité de le faire.

Le bellicisme inconsidéré du président Biden démontre sa volonté d’abandonner une politique qui a permis de maintenir la paix avec la Chine dans notre propre intérêt politique.

Le peuple américain devrait être conscient des coûts qu’il pourrait avoir à payer pour le rôle de dur à cuire du président Biden. Un récent scénario a conclu que les trois premières semaines d’une intervention américaine au nom de Taïwan coûteraient la vie à quelque 3 000 soldats américains, deux porte-avions, 10 à 20 navires de guerre et 200 à 400 avions de guerre. En seulement trois semaines, les États-Unis subiraient environ la moitié des pertes enregistrées en 20 ans de guerre en Irak et en Afghanistan.

Le mépris total du président Biden pour la politique américaine de longue date et ses demandes répétées pour que les États-Unis mènent une guerre contre une autre puissance nucléaire sans prendre la peine de demander au peuple américain, par l’intermédiaire de ses représentants élus au Congrès, s’il pense que le jeu en vaut la chandelle, sont inexcusables.

Le président doit donner la priorité à l’intérêt national plutôt qu’à l’opportunisme politique. La Chine est appelée à demeurer une formidable puissance économique et militaire. Si nous voulons que nos enfants et petits-enfants héritent d’une Amérique sûre et riche en opportunités économiques, il faut poursuivre une relation de travail stable avec la Chine, guidée par le respect mutuel et une diplomatie de bonne foi.

*

Rand Paul est le jeune sénateur républicain du Kentucky. Il est membre de la commission sénatoriale des Affaires étrangères.

Source : Responsible Statecraft, Sénateur Rand Paul, 24-06-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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6 réactions et commentaires

  • kelkon // 25.07.2024 à 11h11

    Rand Paul est surtout un sénateur LIBERAL.
    Et comme tous les libéraux il préfère le commerce à la guerre 🙂

    • Savonarole // 25.07.2024 à 14h25

      Arrêter la guerre et faire dans le commerce n’est pas LA solution miracle au maux des USA non plus.
      La situation interne est bien désastreuse aussi. Et le liberalisme ou le libertarianisme c’est le genre de remède qui va tuer le patient juste un peu plus vite.

  • RGT // 25.07.2024 à 11h48

    « Le président Biden semble vouloir sacrifier des relations pacifiques et les avantages du commerce avec la Chine pour obtenir des avantages politiques à court terme en insistant pour que la Chine soit l’ennemie des États-Unis. »
    Biden n’est pas seul, et son état intellectuel (prouvé par le fait qu’il ne se représente pas) montre qu’en fait ce sont les membres de son entourage (faucons) qui décident de tout et n’ont qu’un seul souhait pour sauver leur carrière : « Une bonne guerre » qui jusqu’à présent a été le meilleur moyen de permettre à une caste politique haïe de sa population de conserver son pouvoir.

    Souvenez-vous de « Maggy » Thatcher qui allait se prendre une branlée électorale mémorable et qui a été sauvée in extremis par la guerre des Malouines (Les dirigeants argentins ayant reçu l’ordre de leur « maître » de se tirer une balle dans le pied pour sauver le soldat Thatcher)…

    Et bien sûr, dans ces cas c’est toujours la population de leur propre pays qui paye les frais.
    Espérons que les Chinois (bien plus intelligents et conscients) ne se laisseront pas embarquer dans cette manipulation et que nous éviterons un massacre qui pourrait se propager sur l’ensemble de la planète.

    Si la population (et surtout les dirigeants corrompus) pouvait réfléchir un petit peu et s’opposer à « leurs » dirigeants combien de massacres inutiles auraient (et pourraient) être évités ?
    sans compter les fortunes « investies » dans le matériel militaire qui seraient infiniment plus utiles en étant employées pour soigner la population par exemple.

  • Savonarole // 25.07.2024 à 14h21

    La Chine c’est un peu le dealer du coin, il faut pas que le flic americain ait des raisons pour aller gêner le commerce … surtout s’il se comporte comme un ripoux qui mets tout en oeuvre pour avoir une part du grisbi sans offrir de couverture en retours.
    Incidement la politique du PCC constitue souvent à essayer de pacifier des situations qui peuvent leur ètre préjudiciables. Et quand y a pas de préjudice … bah tant pis pour les victimes des conflits comme au Congo par exemple. Il y a aussi les cas où la volonté d’entrisme Chinoise a pas aidé a pacifer , comme en Birmanie où ça a remis une pièce dans la machine.
    Devinez avec qui Wang Yi déjeunait hier ? Dmytro Kuleba , le ministre des affaires étrangères de Hellensky. Ça a causé plan de paix et developpement économique, ce qui est étonnant quand on connait la propention de Kuleba a surtout demander du blé, des armes et des sanctions pour la Russie sans y mettre les formes partout ailleurs …
    Que Trump ou Harris arrivent à négocier des compromis avec les Chinois, c’est pas gagné, surtout s’ils continuent à dédolariser , ce qui est encore plus haut dans la liste des problèmes épineux entre les deux pays que les contentieux sur Taïwan ou les taxations des importations. Les USA vont mal et les 4 années de politique Biden ont démontrées que ça ne se soignerait pas par la politique étrangère. Il a l’air niais Trump avec ses casquettes MAGA … mais c’est pas non plus complètement vide de sens.

  • cedivan // 25.07.2024 à 16h02

    « Rand Paul est le jeune sénateur républicain du Kentucky ». C’est un gag ? Rand Paul a 61 ans et il est certes enregistré au parti républicain mais c’est avant tout un libéral très actif, c’est ce qui le caractérise et le distingue d ses autres collègues « lawmakers ». C’est dommage de mettre de telles approximations sur vos posts

  • Koui // 25.07.2024 à 16h38

    Les USA ont besoin de se protéger des importations venues de Chine pour tenter de se re industrialiser. Mais évidemment, le protectionnisme va alimenter l’inflation. Le prétexte de la menace chinoise peut faire avaler la pilule aux américains appauvris. Mais le plus probable est que les usines iront dans des pays pauvres et que les américains auront l’inflation sans la re industrialisation.

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