Source : SCMP, Kunal Purohit and Sarah Zheng
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
- L’armée indienne a minimisé l’importance d’un affrontement qui a eu lieu la semaine dernière au Sikkim, près du Tibet, tandis que les médias indiens affirmaient qu’une échauffourée avait fait des blessés des deux côtés.
- Pékin n’a pas encore commenté, mais le rédacteur en chef du Global Times, Hu Xijin, a déclaré sur Twitter que ces rapports étaient des « fake news ».
Les troupes indiennes et chinoises ont eu un affrontement « mineur » la semaine dernière dans une zone contestée de l’Himalaya oriental aux frontières des deux pays, a déclaré l’armée indienne lundi, alors que les deux parties concluaient le neuvième cycle de négociations frontalières entre officiers supérieurs de l’armée.
Dans une brève déclaration peu détaillée, l’armée a dédramatisé l’intensité du face-à-face qui a eu lieu mercredi dans la région de Naku La, au nord-est du Sikkim. Naku La relie le Sikkim à la région autonome chinoise du Tibet.
« [La confrontation mineure] a été réglée par les commandements locaux selon les protocoles établis », a-t-il été précisé.
Lors d’un briefing quotidien à Pékin lundi, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré qu’il n’avait « aucune information à fournir » concernant les signalements d’affrontements.
« Je voudrais cependant souligner que les troupes frontalières chinoises sont engagées dans le maintien de la paix et la tranquillité le long de la frontière avec l’Inde, a déclaré Zhao. Nous exhortons la partie indienne à travailler dans la même direction et à s’abstenir de toute action susceptible d’aggraver ou de compliquer la situation le long de la frontière. »
Zhao a réaffirmé la conclusion du dernier cycle de pourparlers, ajoutant que les deux parties partageraient les informations pertinentes chaque fois que possible.
Le ministère chinois de la défense a déclaré lundi que les commandements chinois et indiens de la ligne de front se sont rencontrés dimanche pour un nouveau cycle de négociations relatives aux frontières.
La déclaration précisait que les commandants s’engageaient à « prendre des mesures efficaces pour assurer la modération » et à « travailler ensemble pour promouvoir la désescalade de la situation dans la partie ouest de la ligne de contrôle effective (LAC), et pour maintenir la paix et la tranquillité ».
La Chine exhorte l’Inde à faire preuve de retenue après un affrontement « mineur » survenu au niveau d’une frontière contestée.
« Les deux parties se sont mises d’accord pour faire progresser le désengagement des troupes de première ligne le plus rapidement possible, indique la déclaration, ajoutant qu’un nouveau cycle de pourparlers se tiendrait prochainement pour poursuivre et maintenir la dynamique du dialogue ».
Cependant, Hu Xijin, le rédacteur en chef du Global Times, journal soutenu par le Parti communiste, a tweeté que les reportages des médias indiens étaient des « fake news ». Selon ces informations, une patrouille chinoise aurait tenté de pénétrer sur le territoire indien et été contrainte de faire marche arrière. Les responsables militaires indiens cités ont déclaré que le face-à-face de Naku La avait fait des victimes des deux côtés – estimant le nombre de soldats blessés à 20 du côté chinois et 4 du côté indien.
« De petites frictions se produisent souvent dans la zone frontalière entre la Chine et l’Inde, mais l’affrontement qui a causé plusieurs blessés sera certainement enregistré », a déclaré Hu, dont les tweets sont surveillés de près car ils donnent un aperçu de la pensée de Pékin, même si ses déclarations ne reflètent pas la politique officielle.
L’Inde et la Chine partagent une frontière terrestre de 3 488 km, connue sous le nom de Ligne de contrôle effectif, mais une grande partie de celle-ci n’est pas matérialisée, ce qui entraîne des conflits, parfois violents, entre les soldats en patrouille.
La pointe Naku La, perchée à plus de 5 000 m d’altitude, se trouve à l’extrémité nord de l’État du Sikkim. L’État est enclavé entre le Népal à l’ouest, le Bhoutan à l’est et la Chine au nord.
Le lieutenant général à la retraite JS Bajwa, qui a été chef d’état-major au sein du commandement oriental de l’Inde entre 2010 et 2012, dont relève le Sikkim, a déclaré que cette région était particulièrement sensible.
« À ce stade, les revendications indiennes et chinoises se recoupent, et contrairement à ce qu’il se passe dans la partie restante, il n’existe pas de balises physiques pour différencier les revendications mutuelles, a-t-il déclaré. Voilà où se situe la crise. »
Selon Bajwa, de tels conflits étaient courants dans la région. « Les soldats chinois viennent à cet endroit pour faire valoir leur point de vue et renforcer leurs revendications. De tels incidents étaient autrefois résolus localement. »
Naku La a également été le lieu d’une escarmouche entre les troupes en mai dernier, elle s’est produite avant une bataille rangée au lac glaciaire nommé Pangong Tso dans la région himalayenne occidentale du Ladakh, où les soldats se sont battus à coups de poing et avec des bâtons. Les autorités indiennes ont déclaré qu’au moins 20 soldats indiens étaient morts alors qu’un nombre inconnu de Chinois avaient été tués.
Les choses ont dégénéré en septembre lorsque les deux parties se sont accusées mutuellement de tirer des coups de feu de semonce, rompant ainsi une pratique de 40 ans de non-utilisation des armes à feu. L’année dernière, les tensions bilatérales ont suscité une fureur nationaliste en Inde et des appels à un désengagement plus important vis-à-vis de la Chine, New Delhi ayant interdit plus de 200 applications, principalement chinoises, pour des raisons de sécurité nationale.
La reconnaissance de l’incident par l’armée indienne intervient alors que des milliers de soldats restent coincés depuis neuf mois dans une impasse délicate dans l’ouest de l’Himalaya, ce qui alimente les inquiétudes concernant l’ouverture d’un nouveau front oriental dans le cadre du conflit en cours.
Des troupes ont été postées en divers points de la région le long de la LAC, [Line of Actual Control, Ligne de contrôle effectif, NdT] mais, dans des endroits comme le Ladakh, elles seraient en contact direct avec les chars et autres armements lourds alignés par les deux pays à quelques mètres l’un de l’autre.
La dernière série de pourparlers de désescalade entre les commandements militaires des deux parties a duré 16 heures dans la région de Chushul-Moldo, au Ladakh.
C’était la première interaction de ce type entre les commandements militaires depuis novembre après la plus longue interruption de négociation qui durait depuis mai de l’année dernière. Cependant, aucune des parties n’a publié de déclaration à l’issue des pourparlers, des sources de la défense indienne indiquant que l’Inde « insistait » sur un désengagement « total et complet » et une désescalade des troupes de « toutes les parties » le long de la LAC.
La Chine et l’Inde, qui ont déclenché une guerre frontalière en 1962, se sont accusées mutuellement d’avoir aggravé les tensions et renforcé les troupes à la frontière.
En 1967, de multiples affrontements violents ont éclaté dans les cols Nathu La et Cho La du Sikkim, tuant plus de 300 soldats chinois et 200 soldats indiens.
Des officiers militaires à la retraite et des analystes de la défense ont déclaré que la confrontation récente fait craindre d’autres escarmouches à l’avenir, même si les deux parties avaient précédemment convenu que les troupes de première ligne « feraient preuve de retenue et éviteraient les malentendus et les erreurs d’estimation ».
Les rapports concernant la construction d’un nouveau village chinois de 101 maisons sur un territoire revendiqué par les deux parties mais contrôlé par la Chine, le long de l’Arunachal Pradesh en Inde, ont également suscité de nouvelles tensions.
Le ministre indien de la défense Rajnath Singh avait déclaré vendredi que l’Inde ne procéderait pas à une réduction des troupes le long des points de friction, « à moins que la Chine ne réduise le déploiement de troupes de son côté ».
L’Inde encourage la construction de routes près de la frontière chinoise, dans un souci de renforcer les infrastructures dans les zones frontalières
Long Xingchun, président du Chengdu Institute of World Affairs, un groupe de réflexion implanté dans le Sichuan, a déclaré que jusqu’à présent, aucune des deux parties ne voulait faire de concessions et que le conflit allait probablement se poursuivre dans la mesure où les deux parties campaient sur leur position.
« Il n’y aura de concessions que lorsque les conflits auront atteint un point de non-retour éventuel », a déclaré Long.
« Et en raison de la rivalité tenace entre la Chine et les États-Unis, la Chine a dû se concentrer davantage sur la contre-offensive vis à vis des États-Unis, laissant un espace de domination dont l’Inde a profité pour ses intérêts, a-t-il déclaré. Le gouvernement Modi a également été obligé d’adopter une position plus belliciste envers la Chine en raison de pressions internes. »
Cependant, des analystes comme Bajwa, général indien à la retraite, ont déclaré que le nouvel affrontement pourrait ne pas faire monter les tensions. « Le fait que les deux pays minimisent l’incident indique qu’il n’a pas été aussi grave que celui que nous avons connu à Galwan l’année dernière. »
Rapports complémentaires de l’AFP, de Bloomberg et de Kristin Huang
La Chine et l’Inde s’accusent mutuellement d’avoir ouvert le feu dans une région frontalière sous tension
Kunal Purohit est journaliste indépendant, il vit à Bombay. Il suit les interactions entre le développement, la justice sociale, les relations internationales et la politique.
Sarah Zheng a rejoint le Post en tant que reporter en 2016. Elle est diplômée de l’université de Tufts en relations internationales et en études cinématographiques et médiatiques. Elle est en charge de la politique étrangère de la Chine.
Source : SCMP, Kunal Purohit and Sarah Zheng, 25-01-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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6 réactions et commentaires
« Le fait que les deux pays minimisent l’incident indique qu’il n’a pas été aussi grave que celui que nous avons connu à Galwan l’année dernière. »
Bref, un non événement.
Et si on parlait plutôt du soutien de daech et d’al qaida par les yankees en Syrie… qui eux font des morts.
Opération recyclage de terroristes:
https://fr.sputniknews.com/international/202102161045232443-al-joulani-le-djihadiste-pret-a-faire-la-danse-du-ventre-devant-les-americains/
De la « guerre contre le terrorisme » à la guerre avec les terroristes.
« Paix impossible, guerre improbable » avait dit Raymond ARON au commencement de la guerre froide.
Les gouvernements indiens et chinois ne sont pas différents des gouvernements russes et américains de l’époque.
Cette confrontation sert de soupape de décompression à Mohdi qui détourne l’attention des mouvements populaires et notamment ceux des agriculteurs autour de Delhi.
En plus, si comme, il semble bien, les indiens ont eu le dessus pour une fois ! un vrai billard pour Mohdi.
Maintenant il est toujours possible que cela dérive un peu. Les chinois seront assez prudents pour ne pas pousser leur avantage militaire.
Voyons ce que dit SUN TZU à ce sujet :
Lorsque les adversaires occupent des positions élevées, il est déconseillé d’y prendre position ou d’y établir ses quartiers. Et lorsque acculé au mur, ne vous opposez pas.
Si, réduits au désespoir, ils viennent pour vaincre ou pour périr, évitez leur rencontre. Ne poussez pas un ennemi aux abois.
À un ennemi encerclé vous devez ménager une issue et laisser une voie de sortie.
On ne s’attaque pas à un corps d’élite.
Si les ennemis réduits à l’extrémité abandonnent leur camp et veulent se frayer un chemin, ne les arrêtez pas.
S’ils sont agiles et lestes, ne courez pas après eux ; s’ils manquent de tout, prévenez leur désespoir.
Bonne soirée
« Lorsque les adversaires occupent des positions élevées, »
L’un des incidents a eu pour cause l’occupation par les Indiens de positions qui dominaient (en altitude) les positions chinoises. Cela s’est réglé par un retour au statut quo antérieur. La Chine n’a besoin ni du Sikkim, ni du Ladakh pour faire passer sa route de la soie vers le Pakistan.
« C’est un conflit pour le contrôle des glaciers et de l’eau qui préfigure les conflits à venir. »
Il suffit de regarder une carte de géographie pour se rendre compte que cela n’a absolument rien à voir. Le seul fleuve qui passe de Chine en Inde, le Yarlung Tsangpo-Brahmapoutre est en dehors des zones de conflit aux frontières. La Chine est en train de construire toute une série de barrage sur le haut de ce fleuve en toute souveraineté.
« Tout le monde est d’accord sur la sauvagerie de l’épisode et les méthodes utilisées pour occire les victimes (Bâtons, pierres, militaires jetés dans le vide, etc). »
Rien à voir avec le tout récent épisode qui a été réglé aux niveaux des commandants respectifs et qui n’a fait que des blessés. La non utilisation d’armes sophistiquées résulte d’un accord visant à limiter les dégâts. Chaque incident a été réglé diplomatiquement et le plus grave l’a été avec l’aide de Moscou. Chaque incident s’est terminé par un désengagement réciproque. Et je suppose que l’utilisation de drones nous éloigne de la « sauvagerie »…
En outre il n’existe aucune source fiable sur les détails des précédents incidents. Alors place aux fantasme des médias propagandiste comme francetvinfo: jetés dans le vide ou noyés dans une rivière
« Un conflit majeur pourrait se généraliser dans cette zone et l’utilisation de munitions nucléaires n’est pas impossible. La conséquence directe et probable serait la destruction des ressources aquifères de plus ou moins 600 millions de personnes. »
Quelles ressources aquifères? On nage en plein délire. Ces affirmations même au conditionnel ne reposent sur rien. Ni la Chine ni l’Inde n’ont l’intention de conquérir l’autre.
« Connaissant les tendances de ce site je ne voulais pas citer de chiffres mais il est question de plus de 60 militaires chinois décédés. »
Joli sophisme en passant. Pour le reste: propagande typiquement malsaine.
« une confrontation entre l’Inde et le Pakistan, conflit qui. dès que l’un va commencer à perdre va se terminer à l’arme nucléaire. »
Décidément cela devient une obsession.
Les Chinois ont compté quatre morts dans ce conflit. L’armée indienne une vingtaine.
« Le 10 février au soir, Wu Qian, porte-parole du ministère chinois de la Défense nationale, a publié un communiqué indiquant que, selon la 9e série de pourparlers au niveau militaire entre la Chine et l’Inde. Il a été convenu que les unités de première ligne des forces armées chinoises et indiennes situées sur la côte sud et nord du lac Pangong ont commencé à organiser le désengagement en de manière synchronisée et planifiée le 10 février. » [dnews]
Les deux armées on retiré leurs troupes cette semaine et le processus pourrait prendre fin dimanche.
Le retrait de l’armée chinoise mardi a été particulièrement rapide, l’objectif étant de démontrer qu’elle pouvait réoccuper tout aussi rapidement le terrain
La télévision indienne de New Delhi a rapporté le 16 février que la Chine avait retiré 130 à 140 chars, 30 pièces d’artillerie et plus de 2 000 soldats de la rive sud du lac Pangong, et avait retiré environ 30 pièces d’artillerie, dont 3000 à 4 000, sur la rive sud du lac Pangong et 5 000 soldats. Les fortifications ont été également démantelées.
Politiquement, on pourrait penser que Modi espérait un soutien de Trump et que celui de Biden n’est pas acquis.
D’autre part l’Inde est affectée par l’épidémie, l’économie est gravement endommagée, les manifestations paysannes se poursuivent et les problèmes frontaliers continuent de provoquer des conflits internes;
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