Comme il y a 15 jours, j’ouvre un billet pour que notre correspondant d’Athènes puisse nous tenir informé via les commentaires…
Okéanos :
Le nombre de siège du PASOK est réduit à 150 depuis aujourd’hui. G. Papandréou a demandé une réunion d’urgence de son cabinet ce matin. La position du gouvernement est fortement remise en cause.
Les discussions médiatisées, ici, ne tournent pas autour du sujet de l’accord du 27 en lui-même : personne, pour l’instant, ne précise les articles de l’accord, les conséquence à court et moyen terme…
Malgré la surprise de l’annonce, beaucoup ici (et ailleurs), et à raison, s’étonnent du diktat imposé par le couple Merkel/Sarkozy. Depuis des mois, on nous dit qu’il n’est pas possible de sortir de la zone Euro. Pourtant, un acte démocratique Grec a inversé la tendance : désormais, la question qui doit être posée (imposée par Merkozy) serait “souhaitez vous rester dans la sone Euro”. Je note que le retour arrière est donc possible.
Autre sujet, Merkel a proposé que la Grèce se trouve un nouveau gouvernement et aurait même proposé M. Simitis en premier ministre (Le PM ayant participé à l’entrée de la Grèce dans la zone Euro). Donc, non seulement, le couple franco/allemand aimerait imposer la question posée au peuple grec et donnerait déjà le nom du futur gouvernant ? C’est juste HALLUCINANT et TRES MAL PRIS ICI ! Les ministre de l’éducation grec s’est dit “Profondément offensé par les propos de Merkozy”. Sans compter le fait que Merkel, durant son intervention, a fait un lapsus assez révélateur : dans une phrase expliquant la position de l’Europe par rapport à la situation actuelle, elle a mentionné avant hier “L’Europe et l’Allemagne (…)”. L’Allemagne serait donc à part ?
Autant dire que la situation du parlement grec est très chaude. Les dernières nouvelles indiquent que Papandréou n’a aucun désir de quitter la gouvernance, et qu’il fera tout pour rester premier ministre.
G. Papandréou ira voir le président Grec après la réunion de son cabinet (source TV Grecque).
Le vote de confiance devrait bien avoir lieu demain.
La suite dans la journée, chaque heure apporte son lot de nouvelles !
[Suite dans les commentaires]
136 réactions et commentaires - Page 2
Résultat du vote de confiance :
298 votants
OUI : 153
NON : 145
Vote de confiance passé pour Papandréou.
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AlerterA priori bonne nouvelle, mais s’il laisse sa place à un membre de la majorité (Venizélos ?), il me semble que c’est le retour à la case départ. Si c’est le cas, ce serait dommage, car j’avoue que l’annonce de ce référendum m’avait fait rêver à un monde où il serait enfin possible de libérer les peuples de ce néo-libéralisme qui, à court ou moyen terme, nous conduira tous droit dans le mur !
Au delà de cette réflexion pour le moins pessimiste, il est clair que si GP quitte son poste de 1er Ministre, on ne pourra pas lui reprocher d’un manque de sens tactique: il sort par une porte beaucoup plus grande que celle par laquelle il aurait pu sortir au lendemain de l’accord sur le paquet de la nuit du 26 au 27 octobre !
Lui pourrait donc s’en sortir, et le peuple grec dans tout cela…
J’avoue être un peu triste !
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AlerterLa situation grecque et ses conséquences pour la zone euro restent inintelligibles pour beaucoup.En réalité les plans successifs d’ « aide » sont assortis de taux d’intérêts exorbitants(>15% soit l’équivalent de crédits revolving à répétition comme le titrait fort intelligemment l’hebdo Télérama)si bien qu’ils ont eu pour conséquence inévitable de faire exploser la dette grecque.A la forte augmentation du service de la dette se sont ajoutées les différentes coupes budgétaires qui ont aggravé la situation économique de ce pays.En effet,ces coupes budgétaires ont fait reculer le PIB(situation assez rare et qui s’appelle la DEPRESSION).L’ensemble de ces mesures irresponsables ont asséché les recettes fiscales déjà très faibles qui mettent l’Etat grec dans l’impossibilité de rembourser la dette astronomique qui s’est accumulée et qui repose en définitive sur un nombre insuffisant de contribuables grecs.Si bien que ce sont les fonctionnaires ainsi que les retraités( !)qui finissent par assumer la gestion calamiteuse des finances publiques des dirigeants grecs et européens.Non seulement les différents plans d’ « aide » ou d’ « ajustement structurel » sont profondément injustes socialement mais surtout inefficaces économiquement puisqu’ils rendent MECANIQUEMENT la Grèce incapable de rembourser l’empilement des prêts successifs qui lui ont été « concédés ».Les dirigeants européens ont,d’une certaine façon,placé autoritairement la Grèce en situation de surendettement et de cessation de paiement.Mais je vais un peu plus loin :de telles politiques européennes,par l’injustice et les conséquences sociales qu’elles produisent,par l’impasse économique qu’elles provoquent(remboursement impossible)sont criminelles.En quoi les fonctionnaires et retraités grecs sont-ils responsables du refus de l’impôt de la part des classes privilégiées grecques(armateurs et ecclésiastiques),du recours contraint au crédit à des conditions indignes d’une démocratie(l’usure n’est-elle pas interdite ?en France le crédit revolving n’est-il pas dans le collimateur du législateur ?).Les dirigeants de la droite grecque associés aux dirigeants européens tout aussi responsables ont placé autoritairement le peuple grec dans une situation explosive en le contraignant à l’insurrection.L’appartenance à l’UE n’est pas le problème.Le problème est la gestion calamiteuse,pour ne pas dire criminelle de classes dirigeantes grecques et européennes qui entendent bien mettre à genoux le PEUPLE grec pour lui demander ensuite de marcher.Ce qui est évidemment malaisé et contraint mécaniquement la Grèce à une crise politique majeure.L’Union européenne n’est donc pas tant menacée par l’euro que par les politiques économiques qui y sont menées.Car cette Europe néolibérale a pour fonction et pour projet de TONDRE les peuples et de placer autoritairement les pays européens dans une impasse économique.Du reste,si tant est que l’explosion sociale n’ait pas lieu,l’implosion du système financier(du fait de l’accroissement des dettes souveraines consécutivement aux différents crédits consentis par les marchés financiers à des conditions peu intéressantes et à l’assèchement des finances publiques par le non-paiement de l’impôt par des classes privilégiées totalement irresponsables)paraît inévitable.L’enchainement mécanique et inexorable des faits pourrait être présenté de la façon suivante :
-Assèchement des recettes fiscales (niches, « optimisation fiscale »et autres exonérations fiscales + fraude et évasion fiscales « organisées »)
-Forte augmentation des dettes souveraines + plans d’austérité (baisse des dépenses publiques + taxes sur la consommation)
-Contraction des marchés intérieurs (diminution de la consommation et des investissements) + baisse des rentrées fiscales + accroissement des déficits publics et des dettes publiques
-Nouveaux emprunts des Etats sur les marchés financiers à des taux de plus en plus élevés (ex.l’Italie) + forte augmentation du service de la dette
-Plans d’aide aux banques (« recapitalisation ») + aggravation de la situation des finances publiques de différents pays de la zone euro
-Recul de plus en plus marqué de l’activité économique = entrée en récession puis en dépression
-Coupes dans les dettes dites « souveraines » = banques détentrices de titres de dettes exposées à des risques de faillite de plus en plus importants (fonds propres insuffisants en dépit des fameux accords de Bâle)
-Plans de recapitalisation des banques défaillantes impossibles et insuffisants en dépit du fameux FESF (qui serait autrement plus utile à des investissements qui font cruellement défaut dans la zone euro)
-Comptes de trésorerie des banques maquillés et restés secrets + faillites bancaires successives + économies à l’arrêt
-Nationalisation de l’ensemble du réseau bancaire rendue inévitable + défauts sur les dettes + refonte du système bancaire (en premier lieu le crédit celui-ci étant vital pour l’économie) et financier (régulation)
Pour l’heure « il n’y a pas de problème » pour les dirigeants du monde occidental bien décidés à ne rien faire,notamment au sein du G20 qui est devenu en quelque sorte le dernier salon où l’on cause.Sans catastrophe aucunes reformes ni mesures responsables ne peuvent être envisagées.En attendant les populations sont prises en otage et condamnées à croire au miracle par des élites économiques et politiques totalement irresponsables et un peu obtuses.Le nouveau slogan de ces mêmes « élites » pourrait être « vive la crise ! » ou « vive la dépression ! »
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AlerterEn grande partie d’accord avec cette analyse, mais il conviendrait de rajouter qu’aujourd’hui le grave défaut de gouvernance de la ZE a eu pour conséquence directe de rendre impossible la restructuration de la dette grecque.
En effet, personne ne sait le nombre et le volume des CDS (contrats négociés de gré à gré et valorisés hors bilan), qui se déclencheraient sur une décision de restructuration qui serait immédiatement interprétée comme un événement de crédit.
Comme il n’est donc pas possible de restructurer la dette il ne reste que deux solutions:
Le nouveau paquet de la nuit du 26 au 27 est refusé par la Grèce (il aurait pu l’être via le référendum annoncé par GP alors même que le résultat n’aurait été que très certainement dicté par le fait que le peuple grec rejette la politique actuelle du gouvernement), et c’est la faillite immédiate de la Grèce avec les mêmes conséquences qu’une annonce de restructuration.
Ce nouveau paquet est accepté, et ce n’est que reculer pour mieux sauter (ce qui arrange pas mal ceux qui devront affronter de nouvelles échéances électorales en 2012…), car l’économie grecque est totalement asphyxiée par le service de la dette et, même dans le cadre de ce paquet, elle ne devrait pas avoir les moyens de trouver un second souffle.
La vrai solution aurait été d’annuler purement et simplement la dette de la Grèce il y a dix huit mois ce qui interdisait le déclenchement des CDS. Mais pour mettre en œuvre ce type de solution il fallait avoir une ZE forte en terme de gouvernance pour être en mesure d’affronter les créanciers de la Grèce, …car ce type d’opérateur économique n’apprécie pas vraiment la perspective de la réalisation d’un risque. Et pourtant, il me semble que, parfois, ce devrait être le prix que devraient payer ces opérateurs soit disant adeptes du libéralisme, …à moins qu’ils n’aient de libéral que l’étiquette !
Aujourd’hui le Grèce n’a plus qu’une solution pour arrêter d’assassiner son peuple: décider unilatéralement de cesser le remboursement de la dette en invoquant l’existence d’une grande partie de dettes odieuses, donc non opposables au peuple grec (et à priori pas de risque de déclenchement de CDS), tout en renégociant ferment avec la ZE un nouveau paquet dont le principe serait l’annulation pure et simple des dettes « non odieuses » (quoi que…), c’est à dire sans aucune contrepartie.
Mais quel homme politique grec serait en mesure de proposer cela ? Et pourtant, il y a la place …
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AlerterUn billet très éclairant (lumineux ?) de Yann sur son blog:
http://lebondosage.over-blog.fr/article-grece-dette-inflation-et-monnaie-88065831.html
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AlerterBonjour à tous et particulièrement à Okeanos et à Olivier …. Faire circuler l’information en totale liberté est une belle chose, bravo les gars !
Okeanos j’ai aimé ta capacité à prendre du recul et à nous livrer ta vision de la situation locale …. Rien n’est simple et il va de soi que les premiers essuient les platres …. ce sera peut être plus facile de faire tomber les gouvernements et de mettre à terre le système quand il aura été secoué par les Grecs et les suivants …. mais dans tous les cas nous sommes TOUS dans la même barque.
Je partage ta vision et notamment le fait que le gouvernement a le monopole de la violence et nous aurons bientôt à vivre cet éclatement de la société entre Police, Armée et lecteur du Figaro ( non je déconne c’est de l’humour ) d’un côté et le reste de la population qui a encore quelques valeurs reposant sur la justice et le partage des effort et des profits !!!!!
Je voudrai apporter ma minuscule pierre à vos réfléxions de début de semaine à travers des extraits d’un texte relu ce week end qui n’est malheureusement pas de moi ( j’aurai tant aimé écrire cela …. ) mais que je suis prêt à endosser tellement j’y adhère. Ce texte montre avec un peu de distanciation que ce n’est plus qu’une question de temps mais que l’issue est innéluctable !
“Ce qu’il y a, c’est une oligarchie vacillante sous tous rapports, et qui devient féroce comme tout pouvoir devient féroce lorsqu’il se sent réellement menacé. Le Prince n’a plus d’autre soutien que la peur qu’il inspire quand sa vue n’excite plus dans le peuple que la haine et le mépris.
Ce qu’il y a, c’est, devant nous, une bifurcation, à la fois historique et métaphysique: soit nous passons d’un paradigme de gouvernement à un paradigme de l’habiter au prix d’une révolte cruelle mais bouleversante, soit nous laissons s’instaurer, à l’échelle planétaire, ce désastre climatisé où coexistent, sous la férule d’une gestion “décomplexée”, une élite impériale de citoyens et des masses plébéiennes tenues en marge de tout. Il y a donc, bel et bien, une guerre, une guerre entre les bénéficiaires de la catastrophe et ceux qui se font de la vie une idée moins squelettique. Il ne s’est jamais vu qu’une classe dominante se suicide de bon cœur.
La servitude est l’intolérable qui peut être infiniment tolérée. Parce que c’est une affaire de sensibilité et que cette sensibilité-là est immédiatement politique (non en ce qu’elle se demande “pour qui vais-je voter ?”, mais “mon existence est-elle compatible avec cela ?”), c’est pour le pouvoir une question d’anesthésie à quoi il répond par l’administration de doses sans cesse plus massives de divertissement, de peur et de bêtise. Et là où l’anesthésie n’opère plus, cet ordre qui a réuni contre lui toutes les raisons de se révolter tente de nous en dissuader par une petite terreur ajustée.
Heureusement, le ramassis d’escrocs, d’imposteurs, d’industriels, de financiers et de filles, toute cette cour de Mazarin sous neuroleptiques, de Louis Napoléon en version Disney, de Fouché du dimanche qui pour l’heure tient le pays, manque du plus élémentaire sens dialectique. Chaque pas qu’ils font vers le contrôle de tout les rapproche de leur perte. Chaque nouvelle “victoire” dont ils se flattent répand un peu plus vastement le désir de les voir à leur tour vaincus. Chaque manœuvre par quoi ils se figurent conforter leur pouvoir achève de le rendre haïssable. En d’autres termes : la situation est excellente. Ce n’est pas le moment de perdre courage.”
Bonne journée à tous et bon courage
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AlerterEn attendant les conclusions du théâtre politique grec (sans réel gouvernement depuis 6 jours) et l’arrivée du FMI en Italie, quelques chiffres :
Taux de chômage (chiffres officiels) :
– Aout 2011 : 18.4% (907 953 chômeurs)
– Juillet 2011 : 16.5 %
– Aout 2010 : 12.2 % –> arrivée « officielle » de la troïka
Prix d’une place de ciné 3D : 12€ (8€ si pas 3D)
Prix d’un pain : ~1.2€
Prix d’un ticket de métro : 1.4€ (pour 1h) (depuis le début de la crise, il a été ajouté sur les tickets qu’il est « strictement interdit de donner son ticket ou de proposer son ticket encore valable, sous peine de sanctions »)
Prix d’un café double à Syntagma : 3.8€
Prix d’une assiette (plat principal) dans un restaurant classique : 9€
Prix d’un litre de fioul pour le chauffage : 1.4€ (diminution de 50% de vente de fioul entre 2010 et 2011 –> le chauffage n’est plus une priorité)
Salaire minimum mensuel : 550€ après déduction de la cotisation sécu IKA. L’accès aux hôpitaux publics : forfait de 5€ avant même de pouvoir être examiné ( depuis le début de l’année).
Prix pour donner naissance dans un hôpital public : 1 600€.
Beaucoup attendent plusieurs mois de salaire, dans le privé comme dans le public.
Le sourire grec est gratuit et son accueil n’a pas changé. Pour tout le reste, il y a la troïka.
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AlerterLucas Papademos nouveau Premier Ministre. La bio ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louk%C3%A1s_Papad%C3%ADmos
Economiste et ancien banquier (de la Banque de Grèce et de la BCE), parlant couramment l’allemand (sa femme est allemande). Ancien conseiller économique aux US. Il a joué un rôle important pour la rentrée de la Grèce dans la zone Euro.
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AlerterOlivier, tout est résumé dans vos deux phrases.
Loucas Papadimos (avec un »i » en français et « e » en anglais) était gouverneur de la Banque de Grèce au moment de la falsification des comptes grecs avec l’aide de Goldman Sachs. Nous ne savons pas encore le degré de son implication, mais les commissaires européens, M Sarkozy et Mme Merkel ont l’air d’apprécier le choix.
Il fait partie aussi de la commission trilatérale (un des 4 grecs )
http://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_Trilat%C3%A9rale
En ce moment, les grecs ils sont tellement sonnés et désabusés de toute la classe politique, qu’ils se contentent pour l’heure d’être spectateurs, en souhaitant qu’il y ait le moins de casse possible
Il y a deux dates anniversaires qui arrivent. Le 17 novembre, le soulèvement étudiant en 1973, sous la dictature des colonels et
le 6 décembre, le meurtre d’ Alexandros Grigoropoulos(en 2008) un adolescent de 15 ans, tué par un policier
On verra…
Panayota
p.s.1 Olivier, félicitations encore pour votre excellentissime blog et merci de partager vos connaissances
p.s.2 Okeane, vous avez un regard plein de tendresse sur la Grèce et les grecs et je vous en remercie. Ça change du courant habituel. La femme de Papadimos, vous ne la confondez pas avec celle de Petsalnikos ?
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