Source : ONU, AG ONU 2018
Nigéria
S.E. M. Muhammadu Buhari, Président
25 septembre 2018
M. MUHAMMADU BUHARI, Président de la République fédérale du Nigéria, a regretté que plusieurs crises et menaces à la paix et à la sécurité desquelles l’Assemblée générale a parlé l’année dernière comme elle l’a fait les années précédentes, n’aient toujours pas été résolues, dont le terrorisme international et local de Boko Haram et des Chabab. Les soulèvements terroristes qui frappent en particulier le Sahel et le bassin du lac Tchad sont alimentés en partie par des dynamiques et des facteurs locaux, mais de plus en plus par « le mouvement jihadiste international », composé des combattants qui ont fui l’Iraq et la Syrie et par les armes venues de la désintégration de la Libye. Passant en revue d’autres crises dans le monde, le Président a souligné que l’immigration clandestine n’est pas seulement une conséquence des conflits mais aussi des effets des changements climatiques et du manque d’opportunités « chez soi ». C’est le cas du Nigéria et de ses voisins du bassin du lac Tchad qui subissent le rétrécissement du lac et le dessèchement des terres autrefois fertiles. Le lac, a rappelé le Président, nourrissait plus de 45 millions d’habitants, condamnés désormais à la pauvreté et exposés aux activités des groupes terroristes et extrémistes. Cette instabilité a provoqué des mouvements de populations dans la sous-région qui ont conduit à des tensions économiques intenses entre agriculteurs et éleveurs, a poursuivi M. Buhari.
C’est la raison pour laquelle, s’est expliqué le Président, nous appelons la communauté internationale à renouveler ses efforts de reconstitution du lac Tchad. Il nous faut une coopération forte entre l’ONU, les gouvernements nationaux et les organisations régionales et sous-régionales comme la Commission du bassin du lac Tchad, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine, pour renforcer nos capacités de prévention et de gestion des conflits, et de consolidation de la paix.
Lutter contre la corruption « une cause qui nous concerne tous », résoudre les conflits dans le monde, vaincre le terrorisme, combattre le trafic d’armes et contenir les migrations sont, a conclu le Président, des défis qui ne peuvent être relevés que grâce à la coopération multilatérale et à une action concertée. Le seul cadre institutionnel que nous ayons pour ce faire est l’ONU, a-t-il souligné. Il a donc appelé à l’accélération des réformes, en particulier celle du Conseil de sécurité qui doit être « plus équitable et plus représentatif de la communauté internationale ». Un Conseil composé de plus de membres permanents et non permanents serait conforme au consensus international et à notre intérêt commun. Il est grand temps d’arrêter de « tourner autour du pot » et de fixer des critères et un calendrier réalistes pour ces réformes, a martelé le Président. 17.
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Source : ONU, AG ONU 2018
Éthiopie
S.E. M. Workineh Gebeyehu Negewo, Ministre des affaires étrangères
27 septembre 2018
M. WORKNEH GEBEYEHU, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a estimé qu’alors que le monde fait face à de graves menaces, le multilatéralisme et les Nations Unies n’ont jamais été aussi importants. Les Nations Unies sont la seule organisation universelle où les idées de liberté, d’égalité et de justice restent aussi valident aujourd’hui que lors de sa conception, a-t-il déclaré. « Je saisis l’opportunité pour vous assurer, qu’en tant que Membre fondateur des Nations Unies, nous continuerons à adhérer à ses idéaux et aux principes du multilatéralisme, alors que le monde fait face à des menaces sans précédent. La contribution de l’Éthiopie dans les opérations de maintien de la paix est sans pareil », a-t-il estimé, « et nous restons entièrement engagés dans cette noble tâche ».
Le Ministre a rappelé qu’il y a six mois, un transfert du pouvoir pacifique a pris place en Éthiopie, ce qui a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire politique du pays, notamment en offrant des possibilités de changement réalistes. La vision de notre gouvernement est de créer une société juste, paisible, équitable et durable. Par le passé, le peuple éthiopien a démontré à maintes reprises sa résilience et sa force en temps d’adversité. « Nous travaillons aujourd’hui à élargir et renforcer les réformes nécessaires pour promouvoir la gouvernance démocratique et l’état de droit, promouvoir la justice et l’économie, la transparence et la responsabilité et promouvoir la participation populaire et une démocratie efficace », a-t-il déclaré.
Selon le Ministre des affaires étrangères, au cours de ces six derniers mois, le nouveau Gouvernement a pris une série de mesures pour consolider la démocratie. Ces efforts ne sont pas limités à l’Éthiopie, a-t-il noté: le Premier Ministre a lancé un processus de réconciliation avec les pays de la Corne de l’Afrique. En effet, l’Éthiopie et l’Érythrée ont ouvert un nouveau chapitre dans leurs relations, mettant fin à deux décennies de conflit. Au début du mois, l’Éthiopie, l’Érythrée et la Somalie se sont réunies à Asmara, puis à Djibouti pour ouvrir une nouvelle phase dans les relations entre Djibouti et l’Érythrée. Plus récemment l’Éthiopie et l’Érythrée ont signé un accord de coopération, alors que les Présidents djiboutien et érythréen se serraient la main, mettant fin à un conflit de 10 ans. Compte tenu de ces développements, il est temps que le Conseil de sécurité envisage de lever les sanctions contre l’Érythrée, a plaidé le Ministre.
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République démocratique du Congo
S.E. M. Joseph Kabila Kabange, Président
25 septembre 2018
Le Président de la République démocratique du Congo, M. JOSEPH KABILA KABANGE, s’est félicité de ce que la paix se soit consolidée au centre de son pays, le « défi de la sécurité » restant entier dans la région du nord-est, à cause de la persistance des activités terroristes. Mais M. Kabila s’est dit déterminé à poursuivre son action en faveur de la paix, de la stabilité et de la « sécurisation » du processus électoral. Il a salué à cet égard les efforts déployés par la classe politique congolaise afin de parvenir à un « consensus global » sur le processus électoral. Malgré les « défis énormes », notamment dans la constitution du fichier électoral, le Président a réaffirmé le caractère « irréversible » des élections d’ici à la fin de 2018. « Tout sera mis en œuvre afin de garantir le caractère apaisé et paisible desdits scrutins, gage de la consolidation de la stabilité politique et économique dont la République démocratique du Congo (RDC) a tant besoin pour son émergence », a affirmé le Président congolais.
M. Kabila Kabange a estimé que l’efficacité des Nations Unies est tributaire de sa capacité à « préserver les idéaux » qui ont permis sa création. Nous ne saurons faire de l’ONU, une Organisation pour tous, si l’ingérence caractérisée de certains gouvernements est « dangereusement tolérée, sinon banalisée ». Le Président a en effet dénoncé toute ingérence dans le processus électoral, expliquant par-là la décision de son pays de financer l’entièreté de ses coûts opérationnels. Il a aussi dénoncé la « diplomatie à géométrie variable » instrumentalisée à outrance par certains pour « affaiblir » des pays qui ont pourtant décidé de se tourner résolument vers le progrès. Pour sa part, la RDC, « quoique vieille seulement de 58 ans d’âge et d’une quinzaine d’années de démocratie » est fière de partager son expérience tant au Conseil des droits de l’homme que dans d’autres fora régionaux et internationaux, « en toute humilité mais sans complexe », ayant présent à l’esprit que le chemin à parcourir est encore long.
De même, a-t-il poursuivi, nous ne pouvons faire de l’ONU une Organisation pour tous, tant que la faune et la flore des pays détenteurs des grands massifs forestiers ne serviront que d’ornement » sous le prétexte « bien choisi » de faire office de « poumon de l’humanité, sinon de réparateur des dégâts environnementaux causés par les industries du Nord », sans contreparties « conséquentes » pour les populations locales, compte tenu des engagements maintes fois souscrits mais jamais tenus.
L’Afrique, a poursuivi le Président Kabila Kabange, souhaite « mieux faire entendre sa voix », grâce à une meilleure représentativité à l’ONU, dont « l’essentiel » des actions la concerne. Vingt ans après le déploiement des forces onusiennes en RDC et en raison de leurs résultats « largement mitigés », la RDC, a conclu le Président, réitère son exigence de voir le lancement effectif du retrait de la force multilatérale des opérations de maintien de la paix en RDC, il a exigé le début « effectif et substantiel » du retrait des forces onusiennes.
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République-Unie de Tanzanie
S.E. M. Augustine Phillip Mahiga, Ministre des affaires étrangères et de la coopération en Afrique orientale
27 septembre 2018
M. AUGUSTINE MAHIGA, Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, a d’emblée souligné l’importance d’un leadership et d’une gouvernance visionnaires, au niveau international, pour relever les défis du monde actuel. C’est en répondant à ces défis, a dit le Ministre, que le multilatéralisme, à tous les niveaux d’intervention, en particulier aux Nations Unies, devient « essentiel ». Agir seul et dans l’isolement minimise les chances d’obtenir les résultats escomptés. La mondialisation et son réseau tortueux de relations a en effet rendu « inévitable » l’approche multilatérale. Malheureusement ces derniers temps, le monde a été mis à rude épreuve: l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ploie sous les attaques, les changements climatiques anéantissent vies et biens et l’édifice multilatéral mis en place après la Seconde Guerre mondiale se lézarde. Les réformes sont nécessaires à la continuité, a souligné le Ministre, qui a insisté sur celle du Conseil de sécurité et la place que doit y occuper l’Afrique. La crédibilité des Nations Unies, a-t-il souligné, repose sur un Conseil de sécurité représentatif et réactif.
La Tanzanie elle-même s’est lancée dans des réformes, a indiqué le Ministre, en parlant d’une lutte sans relâche contre la corruption et l’« incompétence » du service public. Des mesures ont aussi été prises contre la drogue, la traite des êtres humains, le commerce illicite d’ivoire et l’extrémisme violent. Face à la résistance des réseaux criminels, le pays n’a pas hésité à durcir son action laquelle, il est vrai, peut être perçue comme « restrictive ». Quant au flux illicite des capitaux, la Tanzanie appelle la communauté internationale à créer un organe international sur la coopération fiscale pour traiter de la concurrence et de l’évasion fiscale.
Après s’être félicité de l’enquête menée sur les circonstances de l’attaque contre des Casques bleus tanzaniens, en décembre 2017, et de l’inclusion de ses conclusions dans la Déclaration d’engagements communs pour les opérations de maintien de la paix, le Ministre a rappelé que son pays abrite plus de 330 000 réfugiés burundais et congolais. Il a demandé à la communauté internationale de faciliter le rapatriement volontaire des derniers réfugiés burundais et de présenter, pour ce faire, une évaluation « réaliste » de l’évolution politique et sécuritaire dans le pays. S’agissant de la République démocratique du Congo (RDC), le Ministre a noté quelques progrès dans l’engagement du Gouvernement congolais à organiser les élections générales tant attendues plus tard cette année.
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Afrique du Sud
S.E. M. Matamela Cyril Ramaphosa, Président
25 septembre 2018
Pour sa toute première intervention au débat général de l’Assemblée générale en sa qualité de Chef d’État, M. MATAMELA CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, s’est félicité que l’Assemblée ait proclamé la période 2019-2028 Décennie de la paix Nelson Mandela. Dans un « océan de doutes », l’ONU reste selon lui l’outil le plus puissant dont dispose la communauté internationale pour régler les crises et résoudre des problèmes auquel seul le multilatéralisme peut répondre. Or, l’un des obstacles persistants à la réalisation de la prospérité mondiale, c’est l’exclusion de millions de jeunes gens âgés de moins de 30 ans, hommes et femmes. Dans ce contexte, a estimé le Chef d’État, nous devons privilégier l’intérêt des jeunes, en particulier les femmes qui sont souvent plus vulnérables. Nous devons agir, avec à l’esprit le « même sentiment d’urgence » que pour mettre fin aux conflits prolongés, comme celui qui touche les Palestiniens depuis des décennies, a exhorté le Président. « Il nous faut faire tout notre possible pour nous attaquer au chômage des jeunes et tirer le meilleur parti de la révolution dite numérique », a-t-il ajouté.
En vue de mieux répondre aux défis contemporains, des institutions comme l’ONU, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent être réformées et renforcées, a recommandé le dirigeant. C’est tout particulièrement vrai du Conseil de sécurité, auquel l’Afrique du Sud sera candidate pour siéger entre 2019 à 2020. L’histoire de l’économie mondiale le démontre, a argué M. Ramaphosa: aucun pays ne peut prospérer durablement au détriment des autres. Il faut donc assumer nos responsabilités collectives, comme s’efforce de le faire l’Afrique du Sud, en respectant les dispositions du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’Action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. « Pris ensemble, ces instruments reflètent notre engagement commun à faire échec à la pauvreté, au sous-développement et la détérioration de l’environnement », a résumé le Président. L’Afrique, qui a la population la plus jeune au monde, peut, a conclu M. Ramaphosa, devenir la « prochaine frontière de la croissance mondiale ». C’est cette génération-là qui changera le monde, a-t-il lancé en conclusion.
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Kenya
S.E. M. Uhuru Kenyatta, Président
26 septembre 2018
M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a applaudi les efforts du Secrétaire général des Nations Unies visant à réduire les coûts de l’Organisation et mieux gérer ses ressources. Il s’est dit convaincu que les propositions relatives à l’adoption du dispositif de prestation de services centralisée seront couronnées de succès, tout en exprimant l’espoir que son pays aura le « privilège » d’accueillir un de ces centres de services. Il a également appuyé le réalignement des mandats d’ONU-Habitat et du Programme des Nations Unies pour l’environnement.
M. Kenyatta a dénoncé la corruption et le gaspillage de ressources qui ont cours dans plusieurs pays, estimant qu’ils sont la cause du fossé grandissant entre les ressources disponibles et la prestation de services aux populations. Il a donné pour exemple l’extraction de minerais par les grandes entreprises, qui donne lieu à des marchés entachés de corruption et « institutionnalise » l’exploitation des richesses naturelles et le « pillage » de l’Afrique et d’autres régions en développement.
Selon le Président du Kenya, la mondialisation des systèmes financiers et juridiques est à l’origine de la corruption des individus et des entreprises, notamment par le biais du blanchiment d’argent. « La manifestation la plus dramatique de l’impact destructeur » de la corruption réside dans la perte de confiance des populations envers leurs institutions publiques, a-t-il relevé, voyant dans l’impunité dont bénéficient les personnes corrompues l’origine du « déficit de confiance ». « Nous devons combattre l’impunité et la corruption », a martelé M. Kenyatta, qui a dit avoir établi des contacts avec les autorités de la Suisse et du Royaume-Uni afin qu’elles agissent pour mettre un terme aux transferts illégaux des profits de la corruption au sein de leurs institutions bancaires et financières. Il a appelé à des réformes en ce sens, notamment au sein des agences des Nations Unies, qui devraient avoir pour fonction de détecter les cas de corruption.
Déplorant les pertes en « vies et en biens » subies par le Kenya en raison de son implication dans la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Kenyatta s’est néanmoins félicité du déclin des forces des Chabab en Somalie. Toutefois, les pays contributeurs de troupes continuent d’assumer une part disproportionnée de la lutte contre le terrorisme dans la région, a-t-il estimé, appelant à un appui international à la hauteur de la menace. Le Président a par ailleurs appelé les donateurs et la communauté internationale dans son ensemble à se mobiliser pour mettre un terme aux souffrances endurées par les femmes et les hommes au Soudan du Sud.
M. Kenyatta a demandé que cesse « l’injustice historique » dont est victime l’Afrique du fait de sa sous-représentation au sein des institutions onusiennes, qui « perpétuent un modèle exclusif de gouvernance ». À cette fin, il a demandé que deux sièges du Conseil de sécurité soient attribués à l’Afrique. Il a enfin invité les États Membres à participer à la Conférence sur l’économie bleue durable, organisée par le Kenya et le Canada, qui se tiendra en novembre prochain, à Nairobi.
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Soudan
S.E. M. Eldirdiri Mohamed Ahmed, Ministre des affaires étrangères
1 Octobre 2018
M. ELDIRDIRI MOHAMED AHMED, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a rappelé que le dialogue national organisé par le Président du Soudan en 2014 a débouché sur un Gouvernement d’union nationale dont fait partie le Mouvement de libération du Soudan. Le Ministre a remercié, une nouvelle fois, les partenaires du Soudan pour leurs contributions, se félicitant en particulier du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU au Darfour. Si le Gouvernement s’attache à réaliser les objectifs de développement durable, il subit les conséquences des sanctions unilatérales, du fardeau de la dette et la méfiance des investisseurs étrangers. Le Ministre s’est réjoui que son pays ait été retiré de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme mais a en revanche dénoncé la partialité de la Cour pénale internationale (CPI). La politisation des organes des Nations Unies, a-t-il prévenu, ne peut qu’influencer négativement sur le travail et la réputation de l’Organisation.
M. Ahmed s’est attardé sur la question des réfugiés, au nombre de plus de trois millions au Soudan et dont 70% des besoins sont pris en charge par le Gouvernement. Il a exhorté la communauté internationale à prêter main forte à son pays. Il l’a aussi appelé à appuyer les efforts régionaux contre les changements climatiques comme la « Ligne verte » des pays riverains du Nil. Revenant aux questions politiques, le Ministre a souligné la contribution du son Président à l’Accord de paix du 25 juin au Soudan du Sud. Il a insisté sur les efforts de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et son principe « problèmes africains, solutions africaines ». La séparation entre le Soudan et le Soudan du Sud n’a pas été sans heurt mais les efforts du Président soudanais ont fait naître l’espoir, a ajouté le Ministre. En 40 jours, s’est-il enorgueilli, nous avons résolu de nombreuses questions qui étaient en suspens depuis des années. Toutes les conditions sont réunies pour une relation plus solide et pour résoudre d’autres problèmes dont la question d’Abyei.
Algérie
S.E. M. Abdelkader Messahel, Ministre des affaires étrangères
29 septembre 2018
M. ABDELKADER MESSAHEL, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a fait observer que le monde continue de vivre au rythme d’une « crise multiforme d’une rare intensité ». Dans un environnement de mondialisation avancée, voire irréversible, la gravité de ces défis colossaux, anciens et nouveaux, se voit accentuée par les effets pervers d’une crise économique et financière qui tend à s’installer dans la durée malgré la timide hausse de la croissance économique mondiale, a-t-il noté. Face à ce constat, rendu plus alarmant encore par l’apparition récente de velléités unilatéralistes et protectionnistes, il a demandé d’avoir le courage de « reconnaître l’inadéquation, pour ne pas dire l’inanité, de nombre de politiques conjoncturelles suivies jusqu’ici du fait, essentiellement, des déficiences structurelles d’une architecture de gouvernance mondiale de plus en plus dangereusement anachronique ». Pour lui, le « triste constat que nous devons nous résoudre à faire est que nous sommes face à une véritable crise morale ».
Si l’ONU demeure, selon lui, l’enceinte par excellence du dialogue et de la coopération entre toutes les nations du monde, elle se doit également d’être porteuse des changements nécessaires. Il a appelé, à cet égard, à une réforme de l’Organisation qui doit porter tant sur les structures que sur les modes de fonctionnement, et plus particulièrement sur le Conseil de sécurité: il faut à cet égard réparer l’« injustice historique faite au continent africain ».
L’Algérie, a poursuivi le Ministre, suit avec un intérêt particulier les conflits et les crises qui secouent les pays de l’aire géographique à laquelle elle appartient. Son pays est en faveur de solutions politiques à travers l’appropriation par les parties concernées et le dialogue inclusif. Qu’il s’agisse des situations au Mali, en Libye ou encore en Syrie et au Yémen, « seule une telle approche pourrait permettre à ces pays frères de renouer avec la paix et la stabilité », selon lui. Concernant la question du Sahara occidental, « qui en tant que problème de décolonisation relève de la responsabilité première des Nations Unies », l’Algérie considère que son règlement ne peut être trouvé qu’à travers l’exercice, par le peuple du Sahara occidental, de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination. Son pays, qui réitère son ferme soutien aux efforts du Secrétaire général de l’ONU et de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, forme le vœu que leur action puisse contribuer, avec l’apport de l’Union africaine, à la reprise des négociations sans préconditions et de bonne foi entre les deux parties -le Royaume du Maroc et le Front Polisario- pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable assurant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
S’agissant de la Palestine, seule une solution fondée sur la légalité internationale et la reconnaissance des droits nationaux imprescriptibles du peuple palestinien pourra mettre un terme définitif au conflit, a estimé le Ministre. Sur la question du terrorisme, il a rappelé que l’Algérie en avait été la toute première cible au tournant du siècle passé, mais que le pays avait pu y faire face, au prix de lourds sacrifices, en adoptant une approche et des moyens qui ont prouvé leur efficacité. Cette expérience que « nous sommes disposés à partager » s’est basée sur la conviction que toute stratégie de lutte doit impérativement s’attaquer aux causes profondes de cette plaie des temps modernes, a-t-il précisé. Le Ministre a appelé la communauté internationale à faire en sorte que la lutte contre le terrorisme s’accompagne à la fois de mesures de déradicalisation et d’une véritable promotion de politiques prônant le « vivre-ensemble ».
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Maroc
S.E. M. Saad-Eddine El Othmani, Premier Ministre
25 septembre 2018
M. SAAD-EDDINE EL OTHMANI, Premier Ministre du Maroc, a dit qu’il faut trouver des approches innovantes pour faire avancer le multilatéralisme qui connaît une crise conceptuelle. Il faut, pour ce faire, rendre les organisations internationales plus efficaces et mieux à même de s’adapter aux changements du monde. Il a invité la communauté internationale à se souvenir de deux moments historiques qui ont permis à l’ONU d’avancer: la première mission de maintien de la paix de l’ONU créée il y a 70 ans, et la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée le 10 décembre 1948 qui a ouvert la voie à d’autres instruments importants.
Le Premier Ministre a estimé que le monde a plus que jamais besoin d’une approche consensuelle pour faire face à des défis comme les changements climatiques ou la question des migrations. Il a rappelé qu’à la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies (COP 22) en 2016 au Maroc, les engagements de l’Accord de Paris avaient été renforcés. La communauté internationale va une nouvelle fois se retrouver au Maroc, les 10 et 11 décembre prochains, pour adopter le Pacte mondial pour les migrations qui sont, pour le Maroc, une dynamique importante pour le développement des sociétés.
M. El Othmani a ensuite invité les Nations Unies à relancer le processus politique visant la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Il a rejeté toute idée de porter atteinte au statut juridique et historique de la vieille ville. Il a également dénoncé « l’ingérence de certaines puissances dans les affaires intérieures des pays arabes » et demandé à ces puissances de mettre fin à des pratiques contraires au droit international.
S’agissant du Sahara occidentale, « source d’instabilité et obstacle à l’intégration du Maghreb », le Premier Ministre a demandé à l’Algérie de « prendre ses responsabilités politiques et historiques ». « C’est bien l’Algérie qui a créé cette crise », a-t-il accusé, avant de réitérer le soutien de son pays aux initiatives du Secrétaire général de l’ONU et de son Envoyé personnel.
Tunisie
S.E. M. Khemais Jhinaoui, Ministre des affaires étrangères
28 septembre 2018
M. KHEMAIS JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a salué le choix du thème de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale qui illustre « nos aspirations à une organisation mondiale apte à relever les défis du monde contemporain et notre volonté commune de consolider son rôle pour la paix, la sécurité et l’édification de relations internationales plus équitables tout en favorisant le développement durable.
À cet égard, la Tunisie réitère sa position sur la responsabilité de la communauté internationale, à travers les Nations Unies, de façon à débarrasser le monde des instabilités, des conflits et du terrorisme, et de régler les différends de façon pacifique. Le Ministre a ensuite appelé à poursuivre les grandes réformes engagées par le Secrétaire général, notamment les réformes des piliers paix, sécurité et développement.
La Tunisie, pour sa part, s’efforce de consolider ses institutions politiques sur la base du consensus, a indiqué le Ministre qui a parlé des étapes franchies pour renforcer la base constitutionnelle du pays. En mai dernier, les élections municipales démocratiques ont permis de renforcer la démocratie participative, ce qui entraînera, selon lui, une plus grande efficacité des programmes de développement. Ces élections ont aussi été caractérisées par une bonne représentation des femmes et des jeunes. Il s’est félicité, à cet égard, du lancement d’une initiative engageant l’ensemble des segments de la société tunisienne pour que la femme joue un rôle plus important sur la voie d’une société plus égalitaire.
Sur le plan économique, a enchaîné M. Jhinaoui, la Tunisie déploie de nombreux efforts pour augmenter son taux de croissance et créer des emplois. Malgré des défis d’ordre sécuritaire et les facteurs de risques auxquels est confronté ce pays, la Tunisie a réussi à aller de l’avant comme le prouvent de nombreux indicateurs: la balance commerciale s’est améliorée et le chômage a reculé. Il s’est dit confiant que ces tendances positives devraient renforcer le statut de la Tunisie dans sa région et à l’international.
Abordant ensuite le problème du terrorisme, le Ministre a insisté sur l’importance du rôle de l’ONU, notamment du Bureau de lutte contre le terrorisme. Il a appelé à unir les efforts pour lutter contre ce fléau et prémunir les jeunes contre l’extrémisme violent. Il a aussi engagé à intensifier la coopération internationale à travers la mise en place de mécanismes pour favoriser l’échange des données et d’expertises ainsi que l’entraide judiciaire. Il a évoqué la stratégie nationale qui a permis de déjouer de nombreux attentats.
Le Ministre a également parlé de la crise migratoire, « fruit de la multiplication des crises et conflits armés », et a préconisé une approche intégrée fondée sur la coopération afin de garantir une vie digne aux réfugiés et migrants, en les protégeant de toute forme d’exploitation. Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes de ces mouvements, a-t-il ajouté. Au niveau régional, outre la question palestinienne, il a exprimé sa préoccupation face à la situation en Libye. Il a rappelé l’initiative de la Tunisie, en collaboration avec l’Algérie et l’Égypte, visant à garantir la réconciliation nationale sous l’égide des Nations Unies. Enfin, le Ministre a annoncé l’intention de la Tunisie de présenter sa candidature au Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.
Madagascar
S.E. M. Rivo Rakotovao, Président par intérim
27 septembre 2018
Le monde change et évolue. Il exige que notre organisation s’y adapte pour apporter davantage de cohérence dans ses approches et réponses, a préconisé M. RIVO RAKOTOVAO, Président par intérim de Madagascar. La réalisation des objectifs de développement durable est un chemin assuré non seulement pour asseoir le développement mais aussi pour lutter contre les inégalités et garantir les droits humains en vue de la promotion de l’inclusion sociale, condition sine qua non, selon lui, d’une paix durable. M. Rakotovao a également appelé à faire de la préservation de l’environnement une priorité si « l’on aspire » à éliminer de façon plus effective la pauvreté extrême et à veiller à la durabilité et à la viabilité de notre planète. Tout en saluant l’initiative du Secrétaire général de convoquer l’année prochaine un sommet sur les changements climatiques, il a souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux pays en développement. Il a également plaidé en faveur de la condition des femmes et des filles qui « demeurent la centralité du devenir de l’humanité ». Il a, par ailleurs, évoqué la question de la santé, offrant l’expérience concluante de son pays qui à force de « persévérer » et avec l’appui des partenaires, a pu mettre en œuvre un système de couverture sanitaire universelle. Il a, en outre, souligné, non sans fierté, qu’avec le soutien de toute la famille des Nations Unies, Madagascar a été déclaré « cette année exempt de poliomyélite ».
Abordant la situation intérieure de son pays, il a indiqué que la « période que nous vivons aujourd’hui dans le pays témoigne en tout cas d’une volonté certaine de consolider les avancées du pays en matière de démocratie ». Il a ajouté que parallèlement à cette phase « marquante de son apprentissage de la démocratie, le pays a pu rétablir l’équilibre macroéconomique. Toutes les données témoignent d’une stabilité et d’une croissance révélatrices et méritent d’être soutenues et consolidées. Cependant, a-t-il nuancé, Madagascar se trouve encore en « difficulté », rappelant que le pays ne pouvant plus être l’otage d’une « crise politique », et en conformité avec les dispositions de la Constitution, M. Hery Rajaonarimampianina Rakotoarimanana, Président de la République, a déposé sa démission. Madagascar « sollicite » de tous les partenaires au développement un soutien dans le processus électoral actuellement en cours et dont l’issue est « source d’espérance pour le peuple malagasy », a conclu le Président.
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Côte D’Ivoire
S.E. M. Daniel Kablan Duncan, Vice-président
27 septembre 2018
M. DANIEL KABLAN DUNCAN, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, a déclaré que les défis et incertitudes auxquels notre monde est confronté aujourd’hui doivent amener les États Membres à avoir la même perception du rôle central et de l’utilité des Nations Unies dans la formulation de notre réaction collective. « Ils doivent donc résolument se réapproprier l’Organisation universelle afin qu’elle demeure une organisation pour tous », a-t-il affirmé, en soulignant que l’une des priorités consiste à redonner aux Nations Unies toute son autorité morale. Dans cette perspective, son pays estime qu’il est désormais temps de réformer le Conseil de sécurité afin qu’il soit le plus représentatif du monde actuel et plus efficace. Selon M. Duncan, seul un Conseil réellement uni peut permettre à l’ONU de régler efficacement les grandes questions sécuritaires, telles que la lutte contre la prolifération nucléaire, le terrorisme, les crimes de masse et des crimes contre l’humanité. Dans le même temps, nous devons convenir que la lutte contre le réchauffement climatique ne sera réussie que si nous acceptons de reconnaître qu’il s’agit d’une menace à la paix et à la sécurité internationales.
La responsabilité des Nations Unies pour un nouvel engagement en faveur de l’action devrait continuer à s’élargir au principe de la « responsabilité de protéger », qui est devenue une norme de droit international adoptée par tous les États Membres lors du Sommet mondial de 2005. Poursuivant, le Vice-Président a déclaré qu’il faut se rendre à l’évidence qu’aucun système de sécurité collective ne sera viable si l’on ne cherche pas à éradiquer les principales causes des troubles sociopolitiques qui ont lieu dans nombre d’États, notamment l’extrême pauvreté. C’est pourquoi la Côte d’Ivoire a invité la communauté internationale à appliquer les résolutions pertinentes adoptées au cours de ce « cycle » de conférences thématiques qui consacrent le refus d’une paupérisation généralisée et doivent permettre de lutter contre l’analphabétisme, les maladies endémiques, la famine, la malnutrition et toute autre disparité. Pour sa part, Abidjan s’est donné les moyens au travers du deuxième plan national de développement 2016-2020, en vue de mobiliser les ressources nécessaires à hauteur de 60 milliards de dollars. Évoquant en conclusion les défis migratoires, M. Duncan a estimé que pour y répondre, il fallait un engagement aussi bien des pays d’origine, des pays de transit que des pays d’accueil.
Lire la déclaration en français
Source : ONU, AG ONU 2018
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