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19.février.202519.2.2025 // Les Crises

OTAN : dépenser 5% du PIB pour l’armée serait une véritable absurdité

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Le système ne peut s’accommoder d’une telle augmentation et, de plus, il n’y a aucune nécessité de défendre le pays – à moins que Washington ne veuille une Troisième Guerre mondiale.

Source : Responsible Statecraft, Marcus Stanley
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Alors qu’un tout nouveau Congrès et une nouvelle administration s’installent, les bases sont jetées pour une augmentation historique des dépenses militaires, ce qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur le budget fédéral.

Le sénateur Roger Wicker (Républicain-Mississippi), nouveau président de la Commission des forces armées du Sénat, réclame une augmentation de 120 milliards de dollars sur les deux prochaines années, tandis que d’autres Républicains influents demandent une augmentation pouvant aller jusqu’à 200 milliards de dollars. Cette augmentation fait suite à une hausse de quelque 160 milliards de dollars au cours des quatre années de l’administration Biden.

Toutefois, les chiffres annuels en dollars figurant dans les aspects techniques du processus rectificatif du budget sont peut-être moins significatifs que le changement radical et conceptuel de l’approche à long terme en matière de budget militaire actuellement en cours d’élaboration. Le sénateur Wicker préconise de fixer un nouveau plancher pour les dépenses militaires à hauteur de 5 % de l’économie nationale – une proposition apparemment avalisée par le président Donald Trump à Davos hier, lorsqu’il a appelé « toutes les nations de l’OTAN » (y compris vraisemblablement les États-Unis) à dépenser au moins 5 % de leur PIB pour la défense.

Les incidences d’une dépense annuelle d’au moins 5 % de l’ensemble de l’économie nationale pour l’armée sont considérables. La première concerne les sommes d’argent en jeu. En 2024, un seuil de 5 % aurait conduit à des dépenses militaires d’environ 1450 milliards de dollars, contre 886 milliards de dollars actuellement, soit une différence de plus de 550 milliards de dollars soit environ 60 %.

Ce niveau de dépenses ne sera pas atteint du jour au lendemain. L’ampleur de l’augmentation que suppose un seuil de 5 % est telle qu’elle ne peut être réalisée en un an, ni même en deux ou trois ans. Le montant des fonds supplémentaires est si important que c’est tout l’ensemble du complexe militaro-industriel américain qui devrait être redimensionné pour y faire face. Mais, à long terme, les implications d’une telle augmentation sont extrêmement préoccupantes pour le budget.

Dans un travail récent pour le Quincy Institute, Steve Kosiak, ancien haut responsable du budget de la défense à la Maison Blanche, estime que d’ici 2034, un seuil de 5 % du PIB consacré aux dépenses militaires entraînerait une augmentation de près de 90 % des dépenses réelles (ajustées selon l’inflation) par rapport à la trajectoire actuelle des dépenses du Pentagone.

Une augmentation prolongée de cette ampleur des dépenses militaires aurait un impact considérable sur la capacité du gouvernement à poursuivre d’autres priorités nationales. Cela est d’autant plus vrai que l’administration Trump semble également déterminée à procéder à une importante réduction d’impôts (bien plus importante que les nouvelles recettes générées par d’éventuels droits de douane).

Comme le démontrent les travaux de Kosiak, un accroissement massif des dépenses du Pentagone combiné à des allègements fiscaux nécessiterait soit des coupes sombres dans les programmes de protections fondamentales tels que la sécurité sociale ou les soins de santé, soit une explosion à long terme de la dette fédérale, qui atteindrait des niveaux deux à trois fois supérieurs aux niveaux les plus élevés jamais enregistrés. Bien que la tendance actuelle soit d’affirmer que « les déficits n’ont pas d’importance », l’augmentation de la dette fédérale à des niveaux sans précédent comporte des risques sérieux pour la croissance économique.

Outre les conséquences sur les dépenses et les déficits, l’engagement de consacrer au moins 5 % de la production économique nationale au secteur militaire modifierait la nature même de la budgétisation dans ce domaine. Au lieu de fixer le budget en évaluant les besoins concrets et réels en matière de défense nationale – un processus qui conduit déjà à un degré important de gaspillage et d’abus – un seuil de dépenses exigerait que les dépenses augmentent mécaniquement à mesure que la croissance de l’économie se poursuit, sans tenir compte des besoins militaires avérés.

Cela reviendrait à instaurer une « taxe militaire » sur l’économie américaine, en exigeant que pour chaque dollar de production supplémentaire, cinq cents soient versés au Pentagone.

Cette politique aurait également des effets considérables au niveau mondial, car elle risquerait surtout d’ancrer une dynamique de course aux armements au coeur de l’économie mondiale. Les États-Unis et leurs proches alliés augmentant chaque année leurs dépenses militaires au fur et à mesure de la croissance de leurs économies, les adversaires des Etats Unis seraient eux aussi incités à dépenser davantage pour suivre le mouvement. Les dépenses militaires mondiales, qui atteignent déjà les niveaux les plus élevés jamais enregistrés, grimperaient probablement en flèche. Cela permettrait aux États-Unis de justifier la poursuite de l’augmentation de leurs dépenses militaires.

Alors que des nations rivales nettement plus pauvres que nous, comme la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord, subiraient certainement un stress économique en essayant de nous suivre, une puissance industrielle plus riche comme la Chine pourrait très bien augmenter ses dépenses militaires en réponse à un renforcement de l’armée américaine. Selon les estimations, les dépenses militaires chinoises varient, mais se situent généralement autour de 2 % du PIB, ce qui laisse une marge de croissance importante.

Il est certain qu’à différentes époques, alors que l’économie était beaucoup plus modeste, les États-Unis ont consacré plus de 5 % de leur PIB à l’armée. Mais aujourd’hui, en valeur absolue, cela représenterait un niveau de dépenses militaires beaucoup plus élevé. Plus important encore, ces dépenses sont superflues pour défendre la population américaine ou garantir les intérêts nationaux vitaux.

Dans son plan de dépenses de défense, le sénateur Wicker soutient que les États-Unis sont confrontés à « un climat de menace plus dangereux que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale » en raison de l’existence d’un « axe d’agresseurs » comprenant la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Il affirme que l’Amérique doit prévoir un budget qui lui permette de mener simultanément au moins deux guerres réelles et de longue durée, l’une pour vaincre la Chine et l’autre pour vaincre un second agresseur dans une autre partie du monde, tout en continuant de garder des forces militaires supplémentaires en réserve afin d’intimider d’autres agresseurs potentiels.

Il insiste par ailleurs sur le fait que dans le cas d’un tel conflit, l’Amérique ne pourrait sans doute pas compter sur une assistance militaire efficace de la part de son réseau d’alliances.

Plutôt que de supposer que ce scénario terrifiant et extrême d’une Amérique isolée menant une guerre mondiale sur deux fronts contre de multiples puissances nucléaires exige une anticipation, nous devrions nous demander s’il est possible de l’éviter par des moyens moins risqués et moins coûteux que le quasi-doublement de notre budget militaire au cours de la prochaine décennie.

La décision de se préparer à un scénario de « Troisième Guerre mondiale nucléaire » exigerait des sacrifices économiques majeurs pour l’ensemble de la population américaine. Malheureusement, il semble qu’ils soient nombreux à Washington à vouloir nous emmener dans cette direction.

*

Marcus Stanley est directeur d’études au Quincy Institute for Responsible Statecraft. Avant de rejoindre l’Institut Quincy, il a passé une dizaine d’années chez Americans for Financial Reform. Il est titulaire d’un doctorat en politique publique de Harvard, avec une spécialisation en économie.

Les opinions exprimées par les auteurs sur Responsible Statecraft ne reflètent pas nécessairement celles du Quincy Institute ou de ses partenaires.

Source : Responsible Statecraft, Marcus Stanley, 24-01-2025

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

CdeB // 19.02.2025 à 07h56

1/2
La hausse des dépenses militaires accélérera l’abandon des dépenses dans l’éducation et la santé et donc leurs paupérisation.

L’utilité première de ces guerres aux USA comme en Europe est de fournir au secteur privé une nécessaire expansion car sans celle-ci il s’effondre comme toute pyramide de Ponzi.

L’expansion territoriale coûte désormais trop cher en conflits, voici venu le temps non pas des rires et des chants mais de l’autophagie : les peuples seront utilisés comme territoires et si l’on y réfléchit bien le transhumanisme a déjà démarré avec des marchés de transformation issus des troubles d’identité sexuelle, il va continuer avec les troubles psychiques dus à l’impossibilité de supporter un écart entre le monde réel et celui dans lequel on nous fait naviguer tous les jours.

Et ceux qui voient toujours le problème uniquement chez ceux d’en face ont visiblement du mal à accepter que toutes ces dérives ont la même cause pourtant si simple à comprendre… si on prend un peu de recul.

Le wokisme et le libéralisme sont deux symptômes d’un même mal : la nécessité d’expansion.

Surtout ne pas s’interroger sur les raisons profondes car elles ne sont pas bien complexes et ne fournissent pas de dominance à celui qui les comprend, alors qu’étaler sa « science » et ses titres au kilomètre ça en impose, ça fait rentrer l’estime et l’argent.

10 réactions et commentaires

  • CdeB // 19.02.2025 à 07h56

    1/2
    La hausse des dépenses militaires accélérera l’abandon des dépenses dans l’éducation et la santé et donc leurs paupérisation.

    L’utilité première de ces guerres aux USA comme en Europe est de fournir au secteur privé une nécessaire expansion car sans celle-ci il s’effondre comme toute pyramide de Ponzi.

    L’expansion territoriale coûte désormais trop cher en conflits, voici venu le temps non pas des rires et des chants mais de l’autophagie : les peuples seront utilisés comme territoires et si l’on y réfléchit bien le transhumanisme a déjà démarré avec des marchés de transformation issus des troubles d’identité sexuelle, il va continuer avec les troubles psychiques dus à l’impossibilité de supporter un écart entre le monde réel et celui dans lequel on nous fait naviguer tous les jours.

    Et ceux qui voient toujours le problème uniquement chez ceux d’en face ont visiblement du mal à accepter que toutes ces dérives ont la même cause pourtant si simple à comprendre… si on prend un peu de recul.

    Le wokisme et le libéralisme sont deux symptômes d’un même mal : la nécessité d’expansion.

    Surtout ne pas s’interroger sur les raisons profondes car elles ne sont pas bien complexes et ne fournissent pas de dominance à celui qui les comprend, alors qu’étaler sa « science » et ses titres au kilomètre ça en impose, ça fait rentrer l’estime et l’argent.

  • CdeB // 19.02.2025 à 07h57

    2/2
    Et pour ceux qui n’ont pas compris, les lois de la gravitation ne sont pas très difficiles à comprendre ou à énoncer P=mg, etc. Pourtant sans lemmes rien de la complexité de la science actuelle ne serait possible.

    L’humain en est malheureusement encore au stade de refuser les « lois du comportement », préférant les nier et jouer sa dominance individuelle ou en appartenant à un groupe basée sur des alibis langagiers pour justifier sa position dans les hiérarchies de dominance (religions, politique, etc.).
    La conscience systémique est donc très faible, limitant ainsi la possibilité de trouver des organisations sociales respectant la liberté de l’imaginaire dans la créativité.

    Henri, si tu nous lis… 😉

    • OrganisationTodd // 19.02.2025 à 09h48

      Henri Kissinger devrait être relu (et non immédiatement jugé, gentil méchant à la Journalisme, aucun n’ont lu « Diplomacy ») notamment sur ce blog par un entretien rapporté alors qu’il se désolait des guerres américaines nèo con engagées par des Democrats : « Ils sont super diplômés, brillants technos mais sont ignorants en Histoire même récente et n’ont aucune conscience de nos erreurs et crimes d’il y a seulement 20 ans… » Mais l’agonie d’Henri l’a conduit à renier ses préconisations en soutenant la guerre provoquée en Ukraine uniquement pour affaiblir la Russie…As t il eu tellement peur le vieil Henri(y) ? à lire ces dernières paroles ici ds les-crises
      Même «  esprit »pour le dernier livre de Bzrezinski qui renie et dénonce la politique d’endiguement d’étranglement de la Russie, jamais traduit en français…

      • CdeB // 19.02.2025 à 14h02

        Je pensais à Henri Laborit 😅

        Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. (Mon oncle d’Amérique, film d’Alain Resnais)

        Il serait souhaitable de remplacer la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » par « Conscience, connaissance, imagination ».

        « La liberté commence où finit la connaissance. Avant, elle n’existe pas, car la connaissance des lois nous oblige à leur obéir. Après elle n’existe que par l’ignorance des lois à venir et la croyance que nous avons de ne pas être commandées par elles puisque nous les ignorons. En réalité, ce que l’on peut appeler « liberté », si vraiment nous tenons à conserver ce terme, c’est l’indépendance très relative que l’homme peut acquérir en découvrant, partiellement et progressivement, les lois du déterminisme universel. Il est alors capable, mais seulement alors, d’imaginer un moyen d’utiliser ces lois au mieux de sa survie, ce qui le fait pénétrer dans un autre déterminisme, d’un autre niveau d’organisation qu’il ignorait encore. »
        Henri Laborit (La Nouvelle Grille, Chapitre 7 – Conscience, connaissance, imagination)

  • Urko // 19.02.2025 à 08h09

    Un des points insuffisamment soulignés tient à l’inefficacité des dépenses de défense américaine, au-delà de leur volume. En effet, le budget du DoD, hors pensions des anciens combattants, apparaît monstrueux comparé à ceux de la Chine, de la Russie ou de la France, mais il faut voir que, par exemple, si un porte-avions us coûte trois à quatre fois plus cher à concevoir, construire et opérer qu’un porte-avions chinois à peu près équivalent, il n’en est bien sûr pas trois à quatre fois meilleur pour autant. Idem pour certains programmes d’aéronautique pharaoniques, dont les résultats ne correspondent pas aux investissements consentis ni aux coûts de fonctionnement, exorbitants, des appareils et équipements correspondant. F35 et B2 ne font pas exception.
    En clair, la supériorité militaire états-unienne, écrasante, ne doit pas se jauger à l’aune des centaines de milliards de dollars qu’elle coûte, car il s’agit d’une mesure grossissante de leurs capacités, déjà incomparables, du fait de la gabegie et des surcoûts que l’industrie de défense et les armées du pays injectent. Pourquoi ce surcoût généralisé ? Il y a certes le coût de la main d’oeuvre élevé ou le privilège du dollar, mais n’oublions pas non plus la complaisance des autorités américaines envers le gâchis dont elles savent l’existence mais qu’elles ne veulent pas regarder de trop près. Or, comme la dépense semble dilapidée, elles ont le réflexe, classique pour des administrations, de remettre au pot pour compenser… 5% là-bas ne font sans doute pas mieux que 3% ici, mais ça reste 5% d’un PIB bien supérieur.

    • Koui // 19.02.2025 à 20h46

      La dépense militaire américaine représente la moitié du total mondial. Elle est totalement hors contrôle et l’audit échoue tous les ans. Augmenter la dépense ne va pas accroître la puissance militaire américaine de façon significative. Par contre, les immenses ressources de corruption qu’elles génèrent sont un acteur économique majeur. La structure de l’économie mondiale est affectée. Les relations entre les Etats sont conditionnés par les besoins de cette immense complexe militaro- politico- industriel. Mais son inefficacité est apparu clairement en Ukraine.

      • Urko // 20.02.2025 à 07h39

        Bien sûr que ces montants délirants facilitent, sinon la corruption, du moins une forme de « ruissellement » vers tout un tas de gens dont les poches se remplissent sans qu’ils ne contribuent en rien à la défense des Etats Unis. Il suffit de voir dans n’importe quelle entreprise comment les commandes de fournitures alimentent toutes sortes de trafics mesquins pour imaginer quelle manne 850 milliards de dollars annuels représentent. A noter : l’administration Trump vient de demander au pentagone de réduire ses dépenses d’environ 8%.

  • Dominique65 // 19.02.2025 à 10h19

    Ça m’étonnerait que le DOGE permette une dépense de 5% du PIB étasunien dans la défense.
    Trump, en cherchant à imposer cette règle aux autres pays ne fait que soutenir l’industrie militaire de sin pays.
    Partant de là, tous les discours autour de ces 5% paraissent vains.
    Plus sérieuse (ils y croient vraiment) est la volonté des gouvernants européens d’augmenter les dépenses de « défense ». Quel intellectuel digne de paraître sur « les crises » s’y oppose ?

  • palef // 19.02.2025 à 13h06

    « … les États-Unis sont confrontés à « un climat de menace plus dangereux que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale » en raison de l’existence d’un « axe d’agresseurs »
    « agresseurs » ??? les Russes (ou autres) ont-ils nstallé des bases militaires à Cuba et au Mexique, suscité un renversement de gouvernement au Canada et pilonné la partie US de Cuba…
    Qui possède 900 bases militaires dans le monde ?
    Qui sont les vedettes de l’agression…?

  • Savonarole // 19.02.2025 à 14h48

    Le monde se divise en deux catégories :
    – ceux qui sont prêts à payer cher pour que les Americains ne viennent pas
    – ceux qui sont prêts à payer plus cher pour que les Americains ne viennent pas.
    Je vous laisse deviner lesquels sont les actuels membres de l’OTAN.
    De toutes façons , leur part du militaire dans le PIB va mecaniquement augmenter sans dépenser plus … vu que leurs PIB vont s’effondrer.

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