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24.octobre.202024.10.2020 // Les Crises

Patients vulnérables : petits mensonges entre amis – par Christian Lehmann

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Source : Libération – 19/10/2020

Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus.

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Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2020, des milliers de personnes atteintes de pathologies vasculaires ou pulmonaires avaient soudain cessé d’être considérées vulnérables au coronavirus. Le dispositif de chômage partiel permettant de les prendre en charge si leur poste ne permettait pas le télétravail avait été supprimé, les contraignant à s’exposer à nouveau dans les transports en commun et sur leur lieu de travail. Aucune instance n’avait défendu ces patients vulnérables.

Pis encore, France Assos Santé, regroupement de 80 associations de représentants de malades, s’était dans un premier temps félicitée : «Pour la première fois depuis le début de cette épidémie, ce ne sont pas les scientifiques du Haut Conseil pour la santé publique ou les professions de santé qui ont dicté ce décret. Il a été négocié avec nous, les représentants de patients.» Joie de l’entre-soi, fierté de la pseudo-concertation, ultime hochet agité devant les plus dociles.

Malgré de nombreuses alertes, entre autres dans ce «Journal», aucun membre du gouvernement n’a communiqué sur cette décision indéfendable. Les personnes concernées ont tenté de se faire entendre, mais ont eu peu de relais.

Jusqu’à ce qu’un recours devant le Conseil d’État soit intenté par Olivier Berruyer et déposé le 11 septembre, avec l’aide de l’avocat Philippe Prigent. Alors que la loi prévoit un jugement sous quarante-huit heures, le Conseil d’État rejettera la demande le 25 septembre, au motif d’un «manque de pièces justifiant l’intérêt à agir» des plaignants. Ou, selon les mots inoubliables de Jean-Pierre Darroussin dans Mes meilleurs copains : «Y’a pas mort d’homme…»

Des données tronquées par le gouvernement

Nouveau recours déposé le 27 septembre en lien avec la Ligue Contre l’obésité, jugé… le 9 octobre, où lors d’une première audience le Conseil d’État demande au gouvernement de partager les sources sur lesquelles il a appuyé sa décision. Celles-ci se révèlent truffées d’erreurs scientifiques, d’approximations, et montrent à quel point les données ont été tronquées pour « privilégier l’économie ».

[…]

Olivier Berruyer note : « Le dispositif de protection des salariés les plus vulnérables concerne entre 50 000 et 100 000 personnes, ce qui représente un coût de 50 à 100 millions d’euros par mois… Le gouvernement… a donc de nouveau effrontément menti en multipliant le coût par 30 à 60 pour justifier son choix d’arrêter le dispositif. Sachant que la première vague a entraîné un coût pour la société concernant les malades de 20-65 ans de plus de 2 milliards d’euros (indemnités journalières et frais de santé), protéger les personnes les plus vulnérables pour moins d’une centaine de millions d’euros par mois (soit 10 % du coût actuel habituel des IJ) est parfaitement rentable, et… un excellent investissement pour les finances publiques, réduisant, en plus, les coûts futurs liés aux séquelles. »

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Source : Libération – 19/10/2020

 

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Commentaire recommandé

Facteur X // 24.10.2020 à 07h22

Lisez l’article complet, il n’est guère plus long que les extraits que vous trouvez sur cette page. Et vous avez un résumé presque parfait (par un médecin manifestement doué d’un talent d’écrivain) d’une faillite « professionnelle », intellectuelle et morale terrifiante. Je savais à peu près quoi faire de mes oppositions, indignations et révoltes. Je ne sais pas quoi faire de mon écoeurement. Comment lutte-t-on quand le langage est détruit ?

3 réactions et commentaires

  • Facteur X // 24.10.2020 à 07h22

    Lisez l’article complet, il n’est guère plus long que les extraits que vous trouvez sur cette page. Et vous avez un résumé presque parfait (par un médecin manifestement doué d’un talent d’écrivain) d’une faillite « professionnelle », intellectuelle et morale terrifiante. Je savais à peu près quoi faire de mes oppositions, indignations et révoltes. Je ne sais pas quoi faire de mon écoeurement. Comment lutte-t-on quand le langage est détruit ?

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    • calal // 24.10.2020 à 08h07

      « Comment lutte-t-on quand le langage est détruit ? » Mais en agissant bien sur.
      J’ai deja pris presque toutes les mesures de protection individuelles possibles et je prepare ma fuite,la derniere etape.En parallele,je commence a intervenir publiquement,j’investis du pognon dans certains mouvements et je vais surement m’engager dans un militantisme politique si les choses continuent de s’aggraver.
      Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard et que l’engrenage,le compte a rebours ne soit ineluctable.

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  • LibEgaFra // 24.10.2020 à 12h01

    La nouvelle fraternité: se débarrasser des personnes vulnérables qui coûtent un « pognon de dingues ». Jamais décision a été plus transparente quant à son motif.

      +13

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