Le système ne peut s’accommoder d’une telle augmentation et, de plus, il n’y a aucune nécessité de défendre le pays – à moins que Washington ne veuille une Troisième Guerre mondiale.
Source : Responsible Statecraft, Marcus Stanley
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Alors qu’un tout nouveau Congrès et une nouvelle administration s’installent, les bases sont jetées pour une augmentation historique des dépenses militaires, ce qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur le budget fédéral.
Le sénateur Roger Wicker (Républicain-Mississippi), nouveau président de la Commission des forces armées du Sénat, réclame une augmentation de 120 milliards de dollars sur les deux prochaines années, tandis que d’autres Républicains influents demandent une augmentation pouvant aller jusqu’à 200 milliards de dollars. Cette augmentation fait suite à une hausse de quelque 160 milliards de dollars au cours des quatre années de l’administration Biden.
Toutefois, les chiffres annuels en dollars figurant dans les aspects techniques du processus rectificatif du budget sont peut-être moins significatifs que le changement radical et conceptuel de l’approche à long terme en matière de budget militaire actuellement en cours d’élaboration. Le sénateur Wicker préconise de fixer un nouveau plancher pour les dépenses militaires à hauteur de 5 % de l’économie nationale – une proposition apparemment avalisée par le président Donald Trump à Davos hier, lorsqu’il a appelé « toutes les nations de l’OTAN » (y compris vraisemblablement les États-Unis) à dépenser au moins 5 % de leur PIB pour la défense.
Les incidences d’une dépense annuelle d’au moins 5 % de l’ensemble de l’économie nationale pour l’armée sont considérables. La première concerne les sommes d’argent en jeu. En 2024, un seuil de 5 % aurait conduit à des dépenses militaires d’environ 1450 milliards de dollars, contre 886 milliards de dollars actuellement, soit une différence de plus de 550 milliards de dollars soit environ 60 %.
Ce niveau de dépenses ne sera pas atteint du jour au lendemain. L’ampleur de l’augmentation que suppose un seuil de 5 % est telle qu’elle ne peut être réalisée en un an, ni même en deux ou trois ans. Le montant des fonds supplémentaires est si important que c’est tout l’ensemble du complexe militaro-industriel américain qui devrait être redimensionné pour y faire face. Mais, à long terme, les implications d’une telle augmentation sont extrêmement préoccupantes pour le budget.
Dans un travail récent pour le Quincy Institute, Steve Kosiak, ancien haut responsable du budget de la défense à la Maison Blanche, estime que d’ici 2034, un seuil de 5 % du PIB consacré aux dépenses militaires entraînerait une augmentation de près de 90 % des dépenses réelles (ajustées selon l’inflation) par rapport à la trajectoire actuelle des dépenses du Pentagone.
Une augmentation prolongée de cette ampleur des dépenses militaires aurait un impact considérable sur la capacité du gouvernement à poursuivre d’autres priorités nationales. Cela est d’autant plus vrai que l’administration Trump semble également déterminée à procéder à une importante réduction d’impôts (bien plus importante que les nouvelles recettes générées par d’éventuels droits de douane).
Comme le démontrent les travaux de Kosiak, un accroissement massif des dépenses du Pentagone combiné à des allègements fiscaux nécessiterait soit des coupes sombres dans les programmes de protections fondamentales tels que la sécurité sociale ou les soins de santé, soit une explosion à long terme de la dette fédérale, qui atteindrait des niveaux deux à trois fois supérieurs aux niveaux les plus élevés jamais enregistrés. Bien que la tendance actuelle soit d’affirmer que « les déficits n’ont pas d’importance », l’augmentation de la dette fédérale à des niveaux sans précédent comporte des risques sérieux pour la croissance économique.
Outre les conséquences sur les dépenses et les déficits, l’engagement de consacrer au moins 5 % de la production économique nationale au secteur militaire modifierait la nature même de la budgétisation dans ce domaine. Au lieu de fixer le budget en évaluant les besoins concrets et réels en matière de défense nationale – un processus qui conduit déjà à un degré important de gaspillage et d’abus – un seuil de dépenses exigerait que les dépenses augmentent mécaniquement à mesure que la croissance de l’économie se poursuit, sans tenir compte des besoins militaires avérés.
Cela reviendrait à instaurer une « taxe militaire » sur l’économie américaine, en exigeant que pour chaque dollar de production supplémentaire, cinq cents soient versés au Pentagone.
Cette politique aurait également des effets considérables au niveau mondial, car elle risquerait surtout d’ancrer une dynamique de course aux armements au coeur de l’économie mondiale. Les États-Unis et leurs proches alliés augmentant chaque année leurs dépenses militaires au fur et à mesure de la croissance de leurs économies, les adversaires des Etats Unis seraient eux aussi incités à dépenser davantage pour suivre le mouvement. Les dépenses militaires mondiales, qui atteignent déjà les niveaux les plus élevés jamais enregistrés, grimperaient probablement en flèche. Cela permettrait aux États-Unis de justifier la poursuite de l’augmentation de leurs dépenses militaires.
Alors que des nations rivales nettement plus pauvres que nous, comme la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord, subiraient certainement un stress économique en essayant de nous suivre, une puissance industrielle plus riche comme la Chine pourrait très bien augmenter ses dépenses militaires en réponse à un renforcement de l’armée américaine. Selon les estimations, les dépenses militaires chinoises varient, mais se situent généralement autour de 2 % du PIB, ce qui laisse une marge de croissance importante.
Il est certain qu’à différentes époques, alors que l’économie était beaucoup plus modeste, les États-Unis ont consacré plus de 5 % de leur PIB à l’armée. Mais aujourd’hui, en valeur absolue, cela représenterait un niveau de dépenses militaires beaucoup plus élevé. Plus important encore, ces dépenses sont superflues pour défendre la population américaine ou garantir les intérêts nationaux vitaux.
Dans son plan de dépenses de défense, le sénateur Wicker soutient que les États-Unis sont confrontés à « un climat de menace plus dangereux que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale » en raison de l’existence d’un « axe d’agresseurs » comprenant la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Il affirme que l’Amérique doit prévoir un budget qui lui permette de mener simultanément au moins deux guerres réelles et de longue durée, l’une pour vaincre la Chine et l’autre pour vaincre un second agresseur dans une autre partie du monde, tout en continuant de garder des forces militaires supplémentaires en réserve afin d’intimider d’autres agresseurs potentiels.
Il insiste par ailleurs sur le fait que dans le cas d’un tel conflit, l’Amérique ne pourrait sans doute pas compter sur une assistance militaire efficace de la part de son réseau d’alliances.
Plutôt que de supposer que ce scénario terrifiant et extrême d’une Amérique isolée menant une guerre mondiale sur deux fronts contre de multiples puissances nucléaires exige une anticipation, nous devrions nous demander s’il est possible de l’éviter par des moyens moins risqués et moins coûteux que le quasi-doublement de notre budget militaire au cours de la prochaine décennie.
La décision de se préparer à un scénario de « Troisième Guerre mondiale nucléaire » exigerait des sacrifices économiques majeurs pour l’ensemble de la population américaine. Malheureusement, il semble qu’ils soient nombreux à Washington à vouloir nous emmener dans cette direction.
*
Marcus Stanley est directeur d’études au Quincy Institute for Responsible Statecraft. Avant de rejoindre l’Institut Quincy, il a passé une dizaine d’années chez Americans for Financial Reform. Il est titulaire d’un doctorat en politique publique de Harvard, avec une spécialisation en économie.
Les opinions exprimées par les auteurs sur Responsible Statecraft ne reflètent pas nécessairement celles du Quincy Institute ou de ses partenaires.
Source : Responsible Statecraft, Marcus Stanley, 24-01-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Les docteurs Follamour (Strangelove, regardez le film de Stanley Kubrick, il n’a hélas pas pris une seule ride au niveau analyse psychiatrique) sont hélas toujours infiltrés au sommet des états les plus puissants (et les plus violents) afin d’instiller leurs désirs sociopathes dans les institutions afin de d’insuffler leurs délires de violence aveugle dans les populations (par la propagande « douce » pou la violence légale de l »état).
Avec de telles « élites » l’humanité fonce allègrement dans le mur (en chantant) et ce ne serait pas grave si toutes les autres espèces qui n’ont rien demandé ne se retrouvaient pas en gran danger d’extermination.
Si les désir de ces psychopathes se réalisent, la planète entière se retrouverait totalement stérilisée et des millions d’années seraient nécessaires pour que la vie recommence à apparaître (si elle en a jamais l’opportunité, avec toute la m**** qui a été déversée par ces criminels).
Quand on pense que tous ces malades mentaux dégénérés se revendiquent dune « justice divine » qui a de tous temps été la « justification » des crimes les plus barbares et les plus inhumains (normal, ils sont « divins ») je suis persuadé que le salut de l’humanité réside dans cette maxime célèbre « ni dieu ni maître » qui incite les humains à coopérer et à trouver une solution qui ne nuise à personne.
En attendant, restez bien soumis à des « élites » et des dirigeants (sanguinaires) qui ne veillent qu’à leurs propres intérêts au détriment de l’ensemble de la population en fonction de « valeurs » qui leurs sont favorables.
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Les docteurs Follamour (Strangelove, regardez le film de Stanley Kubrick, il n’a hélas pas pris une seule ride au niveau analyse psychiatrique) sont hélas toujours infiltrés au sommet des états les plus puissants (et les plus violents) afin d’instiller leurs désirs sociopathes dans les institutions afin de d’insuffler leurs délires de violence aveugle dans les populations (par la propagande « douce » pou la violence légale de l »état).
Avec de telles « élites » l’humanité fonce allègrement dans le mur (en chantant) et ce ne serait pas grave si toutes les autres espèces qui n’ont rien demandé ne se retrouvaient pas en gran danger d’extermination.
Si les désir de ces psychopathes se réalisent, la planète entière se retrouverait totalement stérilisée et des millions d’années seraient nécessaires pour que la vie recommence à apparaître (si elle en a jamais l’opportunité, avec toute la m**** qui a été déversée par ces criminels).
Quand on pense que tous ces malades mentaux dégénérés se revendiquent dune « justice divine » qui a de tous temps été la « justification » des crimes les plus barbares et les plus inhumains (normal, ils sont « divins ») je suis persuadé que le salut de l’humanité réside dans cette maxime célèbre « ni dieu ni maître » qui incite les humains à coopérer et à trouver une solution qui ne nuise à personne.
En attendant, restez bien soumis à des « élites » et des dirigeants (sanguinaires) qui ne veillent qu’à leurs propres intérêts au détriment de l’ensemble de la population en fonction de « valeurs » qui leurs sont favorables.
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