[Mise à jour – 18/09/2024 : comme l’ont montré plusieurs articles de fact-checking publiés en juin 2024, il n’existe pas un “pacte américano-saoudien” imposant d’utiliser le dollar pour les exportations saoudiennes de pétrole, selon de multiples experts financiers. Et s’il y a bien eu des articles de presse ces dernières années signalant une plus grande ouverture de l’Arabie saoudite aux ventes de pétrole dans d’autres devises, rien n’indique que l’Arabie saoudite prévoit de cesser d’utiliser le dollar pour ses ventes de pétrole.
L’article traduit ci-dessous a depuis été mis hors ligne par MSN, ainsi que sur le site sur lequel il avait été publié à l’origine, TipRanks.com, qui a publié une correction en juin 2024 à ce sujet, indiquant : “En y regardant de plus près, il apparaît clairement que le ‘pacte’ n’a jamais existé de la manière dont les dizaines d’articles de presse l’ont décrit”.]
L’accord sur les pétrodollars conclu il y a 50 ans entre les États-Unis et l’Arabie saoudite vient d’expirer. Le terme « pétrodollar » fait référence au rôle du dollar américain en tant que monnaie utilisée pour les transactions de pétrole brut sur le marché mondial. Cet arrangement remonte aux années 1970, lorsque les États-Unis et l’Arabie saoudite ont conclu, peu après la sortie des États-Unis de l’étalon-or, un accord qui allait avoir des conséquences considérables pour l’économie mondiale. Dans l’histoire de la finance mondiale, peu d’accords ont eu autant d’effets bénéfiques que le pacte du pétrodollar pour l’économie américaine.
Source : MSN, Paul Hoffman
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Une aubaine pour les obligations américaines
L’accord sur les pétrodollars, formalisé après la crise pétrolière de 1973, stipulait que l’Arabie saoudite fixerait le prix de ses exportations de pétrole exclusivement en dollars américains et investirait ses recettes pétrolières excédentaires en bons du Trésor américain. En contrepartie, les États-Unis fournissaient un soutien militaire et une protection au royaume. Pour les deux parties, c’était gagnant-gagnant. Les États-Unis y trouvaient une source stable de pétrole et un marché captif pour leur dette, tandis que l’Arabie saoudite assurait sa sécurité économique et générale.
Le statut de monnaie de réserve
Le fait que le pétrole soit libellé en dollars américains revêt une importance qui se situe au delà des catégories du pétrole et de la finance. En imposant que le pétrole soit vendu en dollars américains (DXY), l’accord a renforcé le statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. Cela a eu un impact profond sur l’économie américaine. La demande mondiale de dollars pour l’achat de pétrole a contribué à maintenir la monnaie forte, rendant les importations relativement bon marché pour les consommateurs américains. En outre, l’afflux de capitaux étrangers dans les bons du Trésor américain a favorisé des taux d’intérêt bas et un marché obligataire robuste.
Dans son récent livre, Bonfire of the Sanities (décembre 2023), David Wright, auteur de best-sellers et gestionnaire d’investissements, affirme que la force du dollar est un facteur clé du niveau de vie élevé de l’Amérique. Il déclare que si les Américains jouissent d’un « niveau de vie aussi élevé, c’est parce que le dollar est fort. » Il explique ensuite que cette force est due en partie à la confiance dans notre économie « et au fait que l’énergie ne peut être achetée sans dollars américains. »
Le potentiel de perturbation de l’ordre financier mondial
Toutefois, la domination du pétrodollar pourrait bien être confrontée à son défi le plus important à ce jour. L’accord entre les États-Unis et l’Arabie saoudite a expiré le 9 juin 2024. Cette expiration a des implications considérables, car elle est susceptible de perturber l’ordre financier mondial.
L’évolution de la dynamique du pouvoir sur le marché du pétrole est un facteur essentiel de cette évolution. L’essor des sources d’énergie alternatives, telles que les énergies renouvelables et le gaz naturel, a réduit la dépendance du monde à l’égard du pétrole. En outre, l’émergence de nouveaux pays producteurs de pétrole, comme le Brésil et le Canada, a remis en question la domination traditionnelle du Moyen-Orient.
L’avenir du dollar américain
L’expiration du pétrodollar pourrait affaiblir le dollar américain et, par extension, les marchés financiers américains. Si le prix du pétrole devait être fixé dans une devise autre que le dollar, cela pourrait entraîner une baisse de la demande mondiale pour le billet vert. Cela pourrait à son tour entraîner une hausse de l’inflation, des taux d’intérêt et un affaiblissement du marché obligataire aux États-Unis.
Principaux enseignements – Un changement important dans la dynamique du pouvoir mondial
L’expiration de l’accord sur les pétrodollars représente un changement important dans la dynamique du pouvoir mondial. Elle met en évidence l’influence croissante des économies émergentes et l’évolution du paysage énergétique. Bien que toutes les implications de ce changement restent à analyser, les investisseurs devraient au moins être conscients qu’au niveau macroéconomique, l’ordre financier mondial entre dans une nouvelle ère. La domination du dollar américain n’est plus garantie.
Source : MSN, Paul Hoffman, 15-06-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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2 réactions et commentaires
Quels sont les premiers clients de la Chine ? Pour quels montants ?
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AlerterLa Russie a subit une rétention, voire rapt, de quelques centaines de milliards d’euros/dollars.
La Chine peut très bien, si cela est sa stratégie, faire l’impasse sur cela, d’autant plus qu’elle sait qu’elle est dans le collimateur et qu’elle peut subir les mêmes choses.
Si elle décide ou si elle est forcée, de toute manière la réponse sera brutale pour les économies occidentales.
Le lent déclin US (occident) est acté. Les prises de position de la Russie et de la Chine en sont la preuve. S’il y aura une accélération de la pente du déclin, cela est impossible à savoir, trop de facteurs sont présents et puis surtout, nous ne sommes pas dans la tête des dirigeants des BRICs.
L’occident ne fait plus peur à ces pays.
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