Cette décision apparemment prise à la suite d’un tweet viral attirant l’attention sur ses relations avec le complexe militaro-industriel.
Source : Responsible Statecraft, Ethan Paul
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Politico [Média d’informations sur la politique américaine basé à Washington, sa version papier est distribuée gratuitement, NdT] semble avoir mis fin, ou tenté de dissimuler un accord de parrainage entre Lockheed Martin, le plus grand fabricant d’armes des États-Unis, et son populaire bulletin d’information National Security Daily. Les preuves de l’existence de cette relation ont disparu du site Web de Politico.
Depuis fin mars, Lockheed figurait sur la liste des sponsors de la lettre d’information quotidienne – une lecture populaire parmi l’élite de la politique étrangère de Washington qui s’appelait auparavant Morning Defense. Avant cela, son sponsor était Northrop Grumman, le troisième plus grand fabricant d’armes des États-Unis.
Le matin du 16 août, Eli Clifton, conseiller principal du Quincy Institute et collaborateur de Responsible Statecraft, a attiré l’attention sur cette relation dans le contexte du retrait d’Afghanistan dans un tweet qui est ensuite devenu viral ; le financement a également fait l’objet de moqueries sur Reddit. L’édition du lundi du National Security Daily publiée dans l’après-midi ne mentionnait plus Lockheed comme sponsor, pas plus que toutes les éditions ultérieures du bulletin publiées depuis cette date.
De plus, le parrainage de Lockheed a également disparu de toutes les éditions précédentes de la lettre d’information dans les archives de Politico. Mais les outils d’archivage sur Internet montrent que le parrainage était toujours mentionné avant le 16 août.
L’édition du 10 mai de Morning Defense en est un exemple. Avant le 16 août, la mention « Presented by Lockheed Martin » apparaissait sous le titre et la signature. Au milieu de la page, on pouvait également trouver deux publicités Lockheed, l’une vantant les mérites de son avion de combat F-35 comme « pierre angulaire de la flotte de chasse de l’armée de l’air américaine ».
Mais désormais, ni le parrainage ni les publicités n’apparaissent sur la page. Le même schéma se retrouve dans toutes les éditions du bulletin d’information depuis au moins mars, si ce n’est avant, et aucune note éditoriale n’est jointe pour reconnaître ou expliquer ce changement.
Il existe des preuves claires que le 16 août a été la date décisive. Le parrainage de Lockheed était encore présent sur les éditions du 13 août et du 11 août de la lettre d’information avant cet après-midi-là ; plus tard dans la soirée, il avait disparu des deux.
Certains de ces changements ont été signalés à l’origine par Heavy.com le 17 août, bien que ce rapport ne mentionnait que trois éditions de la lettre d’information, omettant que le parrainage avait disparu de toutes celles qui remontaient au mois de mars.
Il est possible que le parrainage ait pris fin par coïncidence. Il est également possible que Politico ait commis une erreur technique, plutôt que de tenter délibérément de faire disparaître d’Internet toute preuve de sa relation antérieure avec Lockheed.
Quoi qu’il en soit, quiconque tombe aujourd’hui sur d’anciennes éditions de la lettre d’information n’a aucun moyen de savoir que la relation entre Politico et Lockheed existait au moment de la publication, voire qu’elle existait tout court. À un moment d’autocritique profonde sur la politique étrangère américaine – et sur la manière dont l’industrie de la défense a longtemps exercé une influence démesurée à Washington – Politico semble avoir essayé de se débarrasser de tout lien compromettant.
Ni Politico ni Lockheed n’ont répondu aux multiples demandes de commentaires pour préciser si leur relation avait effectivement pris fin, ou si la suppression du parrainage de Lockheed dans les éditions précédentes du National Security Daily était délibérée ou une erreur.
Source : Responsible Statecraft, Ethan Paul, 03-09-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Si en France les journaux et autres médias « d’information objective » étaient tenus par la loi de mentionner juste au dessous de leur titre le nom de leurs propriétaires et celui de leurs « sponsors » (ce qui serait un grand progrès au niveau de la qualité de l’information) j’ai l’impression que la majorité des « médias indépendants » se retrouveraient d’un coup vidés de la majorité de leurs lecteurs.
Quand je dis à ma mère que l’Immonde qu’elle lit quotidiennement est un organe de propagande de BNP (Bergé, Pigasse, Niel) elle me regarde d’un air suspicieux et me répond que je suis « complotiste »…
Imaginez un seul instant la réaction de la majorité des lecteurs (pas des bobos qui profitent de la situation) s’ils étaient informés des véritables propriétaires et « mécènes » de ces publications et des conflits d’intérêts associés.
10 réactions et commentaires
En gros désormais cela ne s’affichera plus, cela sera caché, mais tant que cela n’aura pas plus de conséquences rien ne changera .
je suis surtout étonné que certains découvrent ces faits de la collusion entre médias et intérêts économiques, naïveté ou attitude hypocrite pour que certains puisse s’affranchir du soupçon légitime d’attitude généralisée dans les médias ?
+14
AlerterExemple classique de corruption.
« Ni Politico ni Lockheed n’ont répondu aux multiples demandes de commentaires pour préciser si leur relation avait effectivement pris fin, ou si la suppression du parrainage de Lockheed dans les éditions précédentes du National Security Daily était délibérée ou une erreur. »
Ne soyons pas naïfs. Le jour où on connaitra la liste des politiques et des organisations qui reçoivent des sous de cette compagnie les poules auront des dents. La corruption doit rester très, très discrète.
+14
AlerterC’est de la corruption, si c’est interdit. Lorsque c’est affiché, c’est du sponsoring. Entre les deux, ce n’est que de la manipulation, ce qui va de soi en politique.
+3
AlerterSi en France les journaux et autres médias « d’information objective » étaient tenus par la loi de mentionner juste au dessous de leur titre le nom de leurs propriétaires et celui de leurs « sponsors » (ce qui serait un grand progrès au niveau de la qualité de l’information) j’ai l’impression que la majorité des « médias indépendants » se retrouveraient d’un coup vidés de la majorité de leurs lecteurs.
Quand je dis à ma mère que l’Immonde qu’elle lit quotidiennement est un organe de propagande de BNP (Bergé, Pigasse, Niel) elle me regarde d’un air suspicieux et me répond que je suis « complotiste »…
Imaginez un seul instant la réaction de la majorité des lecteurs (pas des bobos qui profitent de la situation) s’ils étaient informés des véritables propriétaires et « mécènes » de ces publications et des conflits d’intérêts associés.
+32
AlerterTout á fait, et listés en ordre d’importance. Comme les ingrédients et additifs sur une boite de cassoulet.
Malheureusement c’est surement pas nos élus qui mettront en place une loi pareille.
+16
AlerterPierre Bergé est mort le le 8 septembre 2017 ! C’est Pigasse et Niel qui restent à la barre.
+0
Alerterquelques règles nécessaires à la bonne transparence de l’infos:
– les journaux affichent leurs financeurs et les subventions de l’état
– les politiciens affichent leurs mises en examen et leurs financeurs
– les toubibs de plateaux télé affichent leurs conflits d’intérêt
Quand on sait clairement qui finance qui , les choses deviennent beaucoup plus claires.
+2
AlerterJ’imagine la conversation au marketing chez Lockheed :
– On se paye un encart de pubs dans un journal ?
– T’as vu le fric qu’on a ? Achète le journal ça ira plus vite.
+9
AlerterDu coup doit on exiger du figaro qu’il affiche « LE FIGARO OWNED BY GROUP DASSAULT The RAFALE »
https://www.dassault.fr/filiales/le-figaro
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/athenes-achete-des-fregates-et-des-rafale-20210928
En sus de PRO-mouvoir l’écriture INclusive , ne devrait on pas promouvoir aussi l’écriture Oligarco-EXclusive
Washington Post est la propriété de Jeff Bezos l’homme le plus riche du monde
https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/comment-jeff-bezos-a-transforme-le-washington-post-1287126
info donnée par les Echos propriétés de Bernard Arnault le second plus riche
https://www.acrimed.org/-Les-Echos-sous-la-coupe-de-Bernard-Arnault-
De la même façon que notre clergé interdisait les mariages consanguins , ne devrait on pas interdire les articles CON-AVEC-GAINS
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AlerterLes médias c’est une toute petite partie de la concentration de pouvoir politique que représentent maintenant les actionnaires des multinationales. Pouvoir évidement sans aucun contrepoids et en accroissement exponentiel grâce aux dogmes économiques en vigueur qui sont à l’opposé de tout libéralisme politique. Ce dernier étant par essence opposé à de tels condensés de pouvoirs sans limites.
C’est la nouvelle aristocratie qui se met en place et il faudra s’en débarrasser comme la précédente si on veut espérer une société pacifiée qui ne crée pas quotidiennement matière à l’affrontement des uns contre les autres.
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