Source : Le Monde, Claire Mayer, 31-03-2020
De nombreuses communes françaises ont commencé à imiter cette pratique empruntée à la Chine ou à la Corée du Sud. Le Haut Conseil de la santé publique, saisi par le gouvernement sur cette question, devrait rendre son avis prochainement.
Depuis quelques jours, plusieurs villes de France, comme Nice, Cannes, Montauban, Saint-Florent, en Corse, ou encore Suresnes, en Ile-de-France, ont mis en place un dispositif de désinfection de leurs rues. La municipalité de Menton, dans les Alpes-Maritimes, a stipulé sur son compte Twitter que « les services municipaux interviennent sur l’ensemble des voiries de la ville pour désinfecter les rues, ainsi que les mobiliers urbains, dans le cadre du plan de lutte contre l’épidémie de coronavirus ».
A Paris, la candidate à la mairie Rachida Dati (LR) et maire du 7earrondissement a également demandé à la ville de ne pas « se priver d’une mesure de bon sens ». L’équipe en place de la maire Anne Hidalgo (PS), qui attend un « avis éclairé », pointe de son côté les « réserves de la part des scientifiques ».
Les maires qui pratiquent ce nettoyage des lieux publics ont pris exemple sur plusieurs villes chinoises, comme Wuhan, berceau de la pandémie due au coronavirus, dont les images de grand nettoyage ont fait le tour du monde. En Corée du Sud, l’armée avait même été dépêchée pour réaliser cette tâche titanesque.
A Bordeaux, le maire Nicolas Florian (LR) a envisagé, lors d’un point presse vendredi 27 mars, de procéder lui aussi au nettoyage de lieux publics fréquentés, comme l’entrée des grandes surfaces. Mais cette idée a rapidement été balayée par la préfète de Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio, étonnée d’apprendre l’initiative du maire en début de semaine, ainsi que par le docteur Daniel Habold, directeur de la santé publique à l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine. Si la décision finale revient à l’édile de la ville, la préfète a réfuté catégoriquement l’intérêt de cette pratique sanitaire, qui n’a pas démontré son efficacité pour vaincre le virus, et pourrait avoir des conséquences sur l’environnement.
En France, les produits utilisés sont de différentes natures (désinfectants, bactéricides et fongicides) et le plus souvent à base d’eau de Javel diluée dans de l’eau. En Chine, des désinfectants ménagers du même type auraient été utilisés par les autorités, mais tous n’ont pas été identifiés.
« Espacer les gens » plutôt que nettoyer
Selon le Dr Habold, le nettoyage des rues « massivement », primordial en temps normal, doit se poursuivre comme c’est le cas aujourd’hui à Bordeaux. Mais il ne doit pas s’appuyer sur des produits de type javellisant, qui n’ont pas démontré leur utilité sur les lieux publics.
« Le nettoyage est déjà réalisé par les supermarchés à travers le nettoyage des galeries, des caddies, d’un certain nombre de choses. Après, aller jusqu’à nettoyer le parking, je n’émets pas un avis médical très évident pour argumenter son intérêt. Je préférerais qu’on espace les gens les uns des autres plutôt que l’on nettoie. »
Il ajoute que l’interdiction de cracher par terre, mise en place en 1942 sous le régime de Vichy et toujours en vigueur aujourd’hui, a été imposée pour éviter la transmission de maladies comme la tuberculose… Sans que l’efficacité de la mesure soit à ce jour prouvée.
La préfète de Nouvelle-Aquitaine appuie également son refus, insistant sur l’importance de la question environnementale :
« Utiliser des produits tels que l’eau de Javel ou autre pour nettoyer les rues ou devant les magasins quand ce n’est pas utile, est plus toxique qu’autre chose pour l’environnement, et aussi pour les personnes qui inhaleraient les relents de ces produits. »
Consignes nationales à venir
Un argument que défend également l’ARS, qui, outre le pilotage et le développement de la politique de santé publique dans les régions de France, porte la mission de veiller à la protection de l’environnement. « Je n’ai pas d’argument de santé publique pour approuver cette mesure, au contraire », conclut Daniel Habold.
La préfète Fabienne Buccio s’appuie par ailleurs sur les consignes qui ont été données au niveau national par le ministère de la santé et par « l’ensemble des ministères » : celui de « déconseiller fortement aux maires d’utiliser ce genre de moyens. » Le Haut Conseil de la santé publique, saisi le 26 mars par le gouvernement sur cette question, devrait rendre son avis dans les prochains jours.
Source : Le Monde, Claire Mayer, 31-03-2020
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2 réactions et commentaires
Je vais me faire incendier mais pulvériser des désinfectants partout quand ce n’est pas nécessaire est une aberration.
Non seulement il n’est pas certain que cette mesure soit efficace contre un virus qui est surtout présent dans les êtres humains (sauf éventuellement dans des zones très fortement contaminées, pas dans des zones « possibles) mais de plus elle favorisera la sélection de pathogènes résistants qui causeront les infections, voire les pandémies de demain.
N’oubliez JAMAIS que la masse des organismes microbiens (bactéries entre autres) est au moins 100 fois supérieure à celle des êtres vivants visibles.
Et comme la toxicité à un prix biologique très élevé les organismes pathogènes se reproduisent beaucoup moins vite que les organismes inoffensifs, ces derniers ont tendance à « étouffer sous le nombre » les pathogènes, ce qui protège l’ensemble du biotope de ces organismes « agressifs ».
Ne commettez pas la même erreur que moi dans ma jeunesse : À l’époque j’étais un intégriste de l’hygiène (je prenais au moins 3 douches bien savonnées par jour et je désinfectais TOUT abondamment).
Jusqu’au jour où je me suis retrouvé avec des infections cutanées et des réactions allergiques féroces aux désinfectants.
Le dermatologue que j’avais consulté à l’époque m’avait annoncé que je présentais les symptômes d’une hygiène disproportionnée largement plus néfaste que l’absence d’hygiène tout court.
Il m’a conseillé de ne plus prendre qu’une douche par jour (pas plus sauf situation exceptionnelle) et de ne plus désinfecter inutilement des objets sauf en cas de nécessité absolue (situation actuelle).
De plus, la désinfection massive détruit aussi tout l’écosystème, donc nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis.
Ce commentaire n’est PAS guidé par une quelconque « idéologie » ou « révélation divine ».
C’est seulement le résumé de recherches médicales et biologiques qui prouvent que le bien est l’ennemi du mal.
Par contre, dans la situation actuelle, préservez-vous et évitez tout contact avec des contaminants et désinfectez TOUT ce qui provient de l’extérieur. Il est moins nocif pour l’environnement et bien plus efficace de tremper ses pompes dans un désinfectant à l’entrée de son domicile que d’inonder les rues si la situation ne le justifie pas.
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AlerterLes dérivés chlorés (hypochlorite de sodium, dichloroisocyanurates et il y a des sous-produits halogénés générés) massivement utilisés par la méthode de la nébulisation sur les voiries publiques sont des biocides réglementés et par conséquent réservés à des usages professionnels en milieu clos et évacués de leurs occupants et non à une utilisation dans les milieux ouverts ! : le brouillard pouvant être inhalé par les riverains est très toxique pour les alvéoles pulmonaires , très caustique pour la muqueuse des voies aériennes.
Quant aux ammoniums quaternaires, ces produits tensio-actifs sont des irritants responsables de dermatites de contact et d’allergies : » La prévention des risques professionnels des biocides » : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=69&dossid=513
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