Source : Grist, Rachel Ramirez
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Adán Vez Lira, un éminent défenseur d’une réserve écologique au Mexique, a été abattu alors qu’il conduisait sa moto en avril. Quatre ans plus tôt, la célèbre militante Berta Cáceres avait été abattue chez elle, au Honduras, par des assaillants prenant les ordres des cadres responsables d’un barrage auquel elle s’était opposée.
Quatre ans plus tôt, le militant cambodgien Chut Wutty, spécialiste des forêts et des terres, avait été tué au cours d’une rixe avec la police militaire du pays, alors qu’il enquêtait sur une exploitation forestière illégale.
Il s’agit là de certains des exemples les plus marquants de violence auxquels les militants de l’environnement ont été confrontés ces dernières années – mais, selon un nouveau rapport, ils ne sont pas rares. Alors que la police sévit contre les manifestations réclamant justice et équité à la suite du meurtre de George Floyd aux États-Unis, il est clair que l’activisme en général paie un lourd tribut.
Les activistes environnementaux en particulier – notamment les activistes autochtones et les activistes de couleur – sont confrontés depuis des années à des taux élevés de criminalisation, de violence physique et même de meurtre en raison de leurs efforts pour protéger la planète, selon une analyse détaillée des chercheurs de l’Université autonome de Barcelone, publiée mardi dernier.
Les chercheurs ont analysé près de 2 800 conflits sociaux liés à l’environnement en utilisant la base de données de l’Atlas de la justice environnementale (EJAtlas), qu’ils ont créée en 2011 pour suivre les conflits environnementaux dans le monde.
L’étude, publiée dans la revue Global Environmental Change, a révélé que 20 % des défenseurs de l’environnement ont fait l’objet d’accusations criminelles ou ont été emprisonnés, 18 % ont été victimes de violence physique et 13 % ont été tués entre 2011 et 2019. La probabilité de ces répercussions a considérablement augmenté pour les défenseurs autochtones de l’environnement : 27 % ont été criminalisés, 25 % ont été victimes de violence physique et 19 % ont été assassinés.
« Nous pouvons considérer cela comme une injustice amplifiée, mettant en évidence les risques extrêmes auxquels sont confrontées les communautés vulnérables qui s’opposent à la violence sociale et environnementale lorsqu’elles défendent leurs droits », a déclaré l’une des chercheuses de l’étude, Leah Temper, à Grist.
Les défenseurs de l’environnement, tels que les chercheurs les ont définis, sont des individus ou des collectifs qui se mobilisent et protestent contre les utilisations non durables ou nuisibles de l’environnement. Les exemples du type de conflit couvert par l’étude sont la construction de pipelines sur les terres tribales, l’exploitation minière illégale dans la forêt amazonienne, l’extraction de pétrole dans l’Arctique et la construction de raffineries de carburants fossiles.
L’analyse s’appuie sur le rapport de l’an passé de l’organisation de défense des droits de l’homme et de l’environnement Global Witness, qui a constaté qu’au moins 164 militants écologistes ont été tués rien qu’en 2018. Les Philippines ont été désignées comme le pays le plus meurtrier au monde pour les défenseurs de l’environnement, que le président Rodrigo Duterte a qualifiés de terroristes.
En fait, peu de temps après ces conclusions, Brandon Lee, 37 ans, un militant environnemental américain, qui se trouvait aux Philippines dans le cadre d’une mission bénévole, a été touché à quatre reprises dans la province d’Ifugao par des assaillants inconnus après que son groupe, le Mouvement paysan Ifugao – un groupe d’agriculteurs s’opposant à un projet hydroélectrique – ait été qualifié « d’ennemi de l’État » par des propagandistes dans les médias sociaux. En avril, Lee se remettait dans sa ville natale de San Francisco, mais il reste paralysé de la poitrine aux pieds.
L’auteur principal de l’étude de la semaine dernière, Arnim Scheidel, a déclaré qu’il espère que l’analyse permettra aux législateurs et au public de mieux comprendre les causes de la violence à laquelle les manifestants sont encore confrontés dans le monde entier.
« Globalement, les peuples autochtones souffrent de taux de violence significativement plus élevés dans les conflits environnementaux » a déclaré Scheidel. « Être conscient de ces connexions peut aider à relier les luttes contre les différentes formes de racisme dans le monde. La protestation est la clé du succès de ces luttes, en particulier lorsqu’on utilise des canaux divers et qu’on s’appuie sur de larges alliances« .
Source : Grist, Rachel Ramirez
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4 réactions et commentaires
Rien de nouveau sous le soleil.
Les systèmes dominants ont de tout temps et en tout lieux usé de violences pour s’imposer ou perdurer.
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AlerterUne fois les opposants sur place éliminés, le lobbyisme déjà en place aide à faire le reste,à cela s’ajoute le noyautage de l’appareil d’état,la récupération du pouvoir politique, la dérive des lois allant vers plus de permissif pour l’implantation de grandes entreprises, la dérégulation des pratiques etc… .
Et si ça ne marche pas il reste le coup d’état monté de toute pièce avec des médias aux ordres.
Et si ça ne marche pas il y aura toujours un moyen d’allonger la liste des morts pour arriver à ses fins.
On en revient à des pratiques barbares cachées sous des moyens sophistiqués.
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AlerterLes systèmes dominants sont, généralement, et à peu près partout, des groupuscules de phsycopathes soutenus par une armée de vaux.
C’est la raison pour laquelle avant même d’user de violence ils usent surtout de propagande, qui se résume souvent à TINA.
Mais on n’est pas obligés de faire partie du troupeau.
On n’est même pas obligés de trouver ça normal.
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AlerterJe suis surpris que cet article ne suscite presque aucun commentaire, pas même d’empathie.
Je me demande si Rémi Fraisse est comptabilisé dans les 13% tués chez les « défenseurs de l’environnement », ou dans les 19% de tués chez les « défenseurs autochtones de l’environnement ».
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