Source : ACRIMED,
En qualité d’observatoire critique des médias, Acrimed s’est intéressée à la création du Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) [1]. À peine née (et à vrai dire avant même sa naissance), cette instance tripartite, regroupant des représentants des journalistes (organisés ou non), des patrons de presse (pudiquement rebaptisés « éditeurs ») et du public, suscite déjà le débat… voire la controverse. Nous y revenons dans ce texte.
Un rapide point d’histoire pour commencer. L’idée d’un conseil de la presse en France n’est pas nouvelle. Ainsi le CDJM n’est-il ni plus ni moins que l’émanation lointaine de l’Association de préfiguration d’un conseil de presse (APCP) fondée en décembre 2006 par Yves Agnès, ancien rédacteur en chef du Monde, et présidée par lui jusqu’en 2017. L’APCP sera à l’origine de la fondation de l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) en 2012, animé par Patrick Eveno, un universitaire spécialisé dans l’histoire des médias. Du côté des responsables politiques, Jean-Luc Mélenchon [2] et Emmanuel Macron [3] ont tous deux évoqué l’idée de mettre en place un conseil de presse ou de déontologie, selon des modalités parfois très différentes.
À la demande de Françoise Nyssen, alors ministre de la Culture, un rapport examinant la proposition d’un conseil de déontologie sera remis en mars 2019 par Emmanuel Hoog, ancien Pdg de l’AFP, rapport sobrement intitulé : « Confiance et liberté. Vers l’instauration d’une instance d’autorégulation et de médiation de l’information ». Sans craindre le paradoxe, ce rapport préconise, conformément à la proposition du président Macron, que la création du conseil soit initiée par les professionnels. Et dès le 16 mai 2019, les « professionnels » intéressés se sont réunis à l’initiative de l’ODI et se sont organisés en commissions afin de faire une proposition de conseil de presse (qu’ils dénomment provisoirement « Conseil de déontologie journalistique et de médiation ») avant la fin de l’année 2019.
Après plusieurs réunions préparatoires, lundi 2 décembre s’est donc tenue à Paris l’assemblée constitutive du CDJM. Quelle sera sa fonction ? Le conseil sera essentiellement amené à rendre des avis lorsqu’il sera saisi ou lorsqu’il se saisira lui-même de manquements à la déontologie. Il réagira à ce qui est publié et en aucun cas n’interviendra sur la ligne éditoriale des médias. Il aura également un rôle de médiation. Lors de son AG constitutive, Patrick Eveno a justifié la création du CDJM par la crise de confiance grandissante envers les médias. D’après le « baromètre » publié chaque année par La Croix, la crédibilité accordée aux différents supports et la perception de l’indépendance des journalistes sont au plus bas. Cette année, le taux de confiance est tombé à 24 %. Il a par ailleurs rappelé qu’il existait une centaine de conseils de presse dans le monde, dont 18 en Europe.
Pour autant, l’initiative a provoqué de nombreuses oppositions. Du côté des journalistes, 19 sociétés de journalistes ou de rédacteurs s’opposent farouchement à ce conseil, tout comme le SNJ-CGT. Le premier syndicat de journalistes, le SNJ, qui a œuvré à la création du CDJM, y participera cependant, en compagnie de journalistes CFDT. La principale réticence à la constitution d’un tel conseil est la question de son indépendance vis-à-vis du gouvernement.
Une initiative du gouvernement ?
Dans un contexte marqué par des lois comme celles sur le secret des affaires ou sur les fake news, sans parler des tentative de porter atteinte à la protection des sources des journalistes (perquisition de Mediapart suite à l’une des « affaires Benalla » par exemple), on peut comprendre que les sociétés de journalistes, sociétés de rédacteurs et la plupart des directeurs de journaux trouvent suspecte la création précipitée du CDJM. « Il s’agit d’une initiative du gouvernement, qui depuis plusieurs mois sollicite les SDJ et SDR dans le cadre d’une mission confiée par le ministère de la Culture à Emmanuel Hoog, ancien PDG de l’Ina (Institut national de l’audiovisuel) et de l’AFP. À plusieurs reprises, la dernière fois le 17 juillet face au Premier ministre Édouard Philippe, nous avons exprimé notre désaccord avec ce projet. Ce qui ne l’a pas empêché de voir le jour » expliquent ainsi les 19 SDR et SDJ dans leur texte commun.
Rappelons également la déclaration de Cédric O, secrétaire d’État au Numérique, plaidant pour la création par l’État d’un « Conseil de l’ordre des journalistes », si ceux-ci ne l’organisent pas d’eux-mêmes, afin de combattre la circulation de fausses informations. Devant le tollé suscité dans presque toute la presse, Cédric O est revenu sur ses propos, indiquant qu’ils « ne sont en aucun cas la position du gouvernement ». Tout en réfutant les accusations de dépendance à l’égard du gouvernement, Patrick Eveno a tout de même admis, le 2 décembre dernier, qu’il était important que le CDJM voie le jour avant la discussion du projet de loi sur l’audiovisuel. Une réponse qui n’a pas manqué de provoquer quelques spéculations. Pourquoi cette hâte, sinon pour avoir une existence légale et se voir confier un rôle dans le cadre de la réforme audiovisuelle ?
Autre question : celle du financement du conseil, qui ne devrait pas manquer de susciter des débats au sein de l’instance. Pour fonctionner, le CDJM devra recruter du personnel afin d’instruire les plaintes, enquêter, rédiger des rapports à destination des élus du Conseil, lesquels élus, in fine, rendront leurs avis éclairés. Besoins estimés : entre 1 et 2 millions d’euros annuels. Qui va payer ? L’État ? Les éditeurs ? En fonction de leur chiffre d’affaires ? Du nombre de cartes de presse ? Dans le projet actuel, le financement majoritaire de cet instrument devrait dépendre soit du gouvernement, soit des patrons de presse. Et en l’absence de garanties d’indépendance, il y a fort à craindre que celui qui paie l’orchestre choisisse la musique…
L’évocation du projet de loi sur l’audiovisuel par Patrick Eveno conduit également à se poser la question : quid des liens avec le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) ? L’universitaire a déjà exprimé sa volonté de se coordonner avec le CSA. Cela ne pousse pas pour autant les sociétés de l’audiovisuel public à se précipiter vers le CDJM. Le CSA suffit sans doute à leur bonheur. Autre crainte évoquée, liée à l’exemple belge : en Belgique, plusieurs journaux ont vu leurs aides à la presse réduites en 2017 à la suite de manquements à la déontologie. Pourrait-on voir la même chose en France si les aides à la presse étaient conditionnées au filtre du CDJM ?
En résumé, faut-il croire à l’indépendance d’un organisme dont la composition et les attributions correspondent à ce qui était préconisé dans un rapport gouvernemental et qui, de plus, a vu le jour de manière à s’inscrire dans le calendrier de la future loi sur l’audiovisuel ? On peut croire aux coïncidences…
Quelle utilité ?
Plus généralement, on peut se poser la question de l’utilité de ce conseil de presse, dans un contexte où les facteurs les plus importants du « mal-journalisme » ne sont pas remis en cause : la concentration des médias entre les mains d’une poignée de milliardaires, le manque de pluralisme des idées (lié à cette concentration), ou encore les conditions sociales de la production journalistique (précarité toujours plus forte des journalistes). Le SNJ-CGT n’a pas attendu la naissance du CDJM pour, dès la publication du rapport Hoog, évoquer cette grave lacune :
« Pour reconquérir la confiance du public, les journalistes n’ont pas besoin d’un conseil de presse. Ils ont besoin de conditions de travail correctes, de pouvoir vivre dignement de leur métier et de ne pas dépendre du bon vouloir d’actionnaires en tout genre ». Après avoir constaté que le tsunami dans la profession est avant tout social, avec la baisse des effectifs, la précarité galopante, les attaques multiples contre le statut des journalistes (d’après le SNJ-CGT, chez les moins de 35 ans, les pigistes sont devenus plus nombreux que les permanents, par ailleurs l’auto-entreprenariat, l’intermittence et le paiement en droits d’auteur montrent la difficulté croissante pour les journalistes de se faire rémunérer en salaires), le syndicat conclut : « Et, dans ces conditions, il faudrait aller siéger dans une instance avec des représentants patronaux qui bafouent la plupart de nos droits dans les entreprises et se moquent éperdument de la qualité de l’information et des principes professionnels ? »
Le SNJ-CGT met ainsi en avant d’autres priorités : « les solutions sont sur la table depuis longtemps : loi anti-concentration, indépendance juridique des équipes rédactionnelles, réforme profonde des aides à la presse pour les orienter davantage vers les médias indépendants et les réserver à ceux qui respectent le code du travail et assurent des conditions de travail correctes au lieu d’amplifier la précarité… »
Notre association n’est évidemment pas indifférente à la question de la déontologie. Acrimed est revenu à de nombreuses reprises sur les manquements les plus flagrants à la déontologie professionnelle, aussi bien dans la presse écrite qu’audiovisuelle. Pour Acrimed, la question de la déontologie ne saurait être abordée « hors sol », sans que soient traitées en même temps les conditions d’exercice de la profession de journaliste ni que soit redessiné le paysage médiatique dans lequel s’exercent les métiers du journalisme. Elle ne saurait faire office de supplément d’âme quand l’essentiel n’y est pas, ou servir de cache-misère.
L’essentiel, selon nous, se trouve notamment dans ces trois préalables à remplir pour qu’un conseil de la presse puisse agir avec quelque efficacité :
– Le conseil ne doit pas comporter de collège « éditeurs » : la majorité de ces deniers défendent une conception marchande de l’information, et des logiques commerciales qui expliquent elles-mêmes nombre de transgressions de la déontologie journalistique.
– Les rédactions doivent avoir un statut juridique, faute de quoi elles dépendent des chefferies éditoriales et leurs décisions au sein du conseil sont susceptibles d’être influencées par leurs employeurs.
– Une charte déontologique doit être annexée à la Convention collective des journalistes. Ce texte pourrait prendre la forme d’une Charte de Munich modernisée, reconnue par la profession, ou une adaptation de celle proposée par le SNJ. Une telle mesure aurait force de loi et serait bien plus contraignante que les avis, aussi éclairés soient-ils, d’un tribunal d’honneur…
Le CDJM est bien loin de remplir ces conditions minimales. Dans un contexte caractérisé par la concentration et la financiarisation des médias, ainsi que la marchandisation de l’information, il y a fort à parier qu’il ne servira, au mieux… qu’à pas grand-chose. C’est pourquoi notre association n’y participera pas, et restera d’abord et avant tout mobilisée pour une véritable réappropriation démocratique des médias.
Michel Ducrot,
Pour Acrimed
Annexe : compte rendu de l’AG constitutive du CDJM
Deux envoyés spéciaux d’Acrimed ont assisté à la réunion constitutive du CDJM, le 2 décembre à Paris. Voici leur compte rendu.
Pour animer la réunion, Patrick Eveno, (Observatoire de la déontologie de l’information – ODI ) est entouré de Jérôme Bouvier, ancien journaliste à Radio France, directeur de la rédaction à France Culture et France Musique, puis médiateur de Radio France, et de Kathleen Brosset, qui représente la Fédération française des agences de presse (FFAP).
Une petite quarantaine d’adhérents étaient présents, presque autant au fond de la salle, en tant qu’observateurs. Le nombre total d’adhérents a été estimé à un peu plus de 110.
Patrick Eveno, d’entrée : « Contrairement à ce qui a été dit, ce n’est pas une idée de Macron. Il existe plusieurs chartes professionnelles de déontologie, dont la Charte de Munich. Les patrons de presse y sont favorables. Tous les médias sont tripartites par définition. C’est pourquoi nous voulons créer un conseil tripartite. Le CA sera composé de 30 personnes, réparties en 3 collèges : journalistes, éditeurs et public. Montant des cotisations : 20 euros pour les individuels, 50 euros pour les associations et entre 100 et 1 000 euros pour les entreprises, selon le chiffre d’affaires. »
Jérôme Bouvier : « Nous ne sommes pas en train de créer un Conseil de l’ordre ou un tribunal de la pensée. Les Conseils, ailleurs, sont tripartites (ndlr : ce n’est pas tout à fait vrai, certains conseils de presse sont bipartites). Personne ne pense que cet outil est suffisant pour rétablir la confiance, mais il est nécessaire ».
Patrick Eveno : « L’éducation aux médias, ce n’est pas notre rôle. Il y en a d’autres qui le font, et parfois très bien. C’est le Conseil d’administration qui rendra des avis après le travail d’une commission tripartite. Nous n’interviendrons jamais sur ce qui touche aux lignes éditoriales ».
Un échange est ensuite organisé avec la salle (du moins avec les adhérents dans un premier temps). Patrick Eveno s’étonne de constater que Meriem Laribi, de RT France, a adhéré. « En tant que déléguée SNJ » précise-t-elle. Jacques-Marie Bourget intervient ensuite en tant que membre du comité d’éthique de RT France pour tancer Patrick Eveno, méprisant selon lui à propos des réseaux sociaux, vecteurs de fake news. « Il y a un a priori haineux à propos d’internet. J’ai l’impression d’être sur la lune. La presse est morte. Vous feriez mieux de vous interroger sur l’état du cadavre. On ne peut pas faire un CDJM sans s’interroger sur l’état de la presse ».
Un pigiste prend la parole pour évoquer la tribune des sociétés de journalistes opposées à la mise en place d’un conseil de déontologie dans les conditions actuelles. Il demande si cette tribune « ne remet pas en cause la légitimité du conseil ». Une objection écartée par Patrick Eveno : « la tribune de Mediapart est une posture ». François Bonnet, de Mediapart, prend la parole pour lui répondre : « vous ne pouvez pas dire que Mediapart a fait signer une tribune. C’est une fake news. Cette tribune a été élaborée collectivement. Depuis juillet nous avons fait connaître notre opposition ». Réponse de Patrick Eveno : « Dont acte ».
Vient le temps de l’élection du CA provisoire, qui élira plus tard un bureau provisoire. Rendez-vous est donné pour une 1ère Assemblée générale extraordinaire dans 6 mois, une seconde sera programmée 6 mois plus tard, après une période de rodage, de maturation. Pour chaque collège, 10 titulaires et 10 suppléants. Toutes celles et ceux qui se sont présentés dans les différents collèges ont été élus.
Le collège journalistes
Les postulants se présentent brièvement : un membre de « 60 millions de consommateurs », un grand reporter retraité qui continue de travailler comme pigiste, le secrétaire général du SNJ (« la déontologie est dans l’ADN du syndicat »), la CFDT (« par le passé, on est allé voir Catherine Tasca pour la création d’un Conseil »), « Prenons la Une » (« contre les stéréotypes sexistes dans les médias »), RSF (en la personne de Céline Cordier, qui se présente comme philosophe et membre de Terra Nova), un représentant du Club de la presse d’Occitanie, Jacques Lallain, ancien rédacteur en chef du Parisienet ancien président de la Commission de la carte de presse, Pierre Ganz, fondateur de l’Association de préfiguration d’un conseil de presse (APCP), Jérôme Bouvier, qui représente aussi « Journalisme et citoyenneté » avec Marie-Laure Augry. Un représentant de l’association « Informer n est pas un délit » est persuadé que « les discussions avec Mediapart feront évoluer ce titre ». « Profession pigiste » ne candidatera pas au CA.
Le collège des éditeurs
Les postulants au collège des éditeurs : la Fédération française des agences de presse, la radio France Maghreb, A2PRL (agence de presse audio), Global Média Santé, Abaca Press (agence photo), le SNRL (Syndicat national des radios libres), la Fédération nationale de la presse d’information spécialisée qui représente 7 syndicats de presse professionnelle (presse agricole, hôtellerie restauration, etc). Laurent Bérard, qui la représente, annonce clairement ses intentions : « nous sommes là pour parler de déontologie et pas de questions sociales. Pour nous c’est fondamental ».
Le collège « public »
La sociologie de ce collège est un peu particulière, avec un grand nombre de retraités, plus ou moins liés au monde professionnel du journalisme : un représentant de la Société des lecteurs du Monde, une personne excusée présentée comme l’avocat de la CFDT, un professeur de droit et de déontologie, un représentant de l’École supérieure de journalisme de Lille, la membre de Reporters sans frontières citée plus haut (on s’interroge : peut-on candidater dans deux collèges différents ?), un professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle, l’animateur de la réunion et professeur à « l’autre » Sorbonne, Patrick Eveno, spécialiste de l’histoire des médias, Laurent Bigot (école publique de journalisme de Tours), un membre du Club de la presse de Bretagne, une membre de la société des lecteurs de Sud-Ouest.
La parole est ensuite donnée aux observateurs, au fond de la salle. Un « usager des médias » : « le patron de presse représentant le FNPS nous a dit « nous sommes là pour parler de déontologie et pas de questions sociales. Pour nous c’est fondamental ». Comment peut-on séparer les questions de déontologie de la question sociale lorsqu’on sait qu’une des causes du maljournalisme, c’est la précarité des journalistes ? » Patrick Eveno, visiblement, ne veut pas de ce débat : « pour régler ces problèmes, il existe des organismes paritaires ». La question ressurgira néanmoins.
Loris Guémart, d’Arrêt sur images, pose la question du financement et demande s’il est prévu d’embaucher des salariés. Réponse de Patrick Eveno : « pour l’instant, nous n’avons que les cotisations. On va faire appel, sans trop d’illusions, au crowdfunding. On accepte les subventions, à condition qu’elles respectent notre indépendance. Tous les médias et les journalistes sont subventionnés par l’État ». Se tournant vers François Bonnet : « même Mediapart, avec la TVA réduite et l’abattement fiscal des journalistes ». Kathleen Brosset ajoute : « tout n’est pas réglé. Il y a énormément de pistes à exploiter ».
François Bonnet (Mediapart) prend alors la parole : « comment les syndicats de journalistes peuvent accepter qu’il y ait des patrons de presse dans ce conseil ? Est-ce que vous comprenez que l’opposition à ce conseil vient avant tout de ce que les éditeurs sont présents ? ». Un syndicaliste de la CFDT : « avec mon éditeur, on se parle. C’est mieux d’avoir les éditeurs avec nous ». « Informer n’est pas un délit » : « on apprend en marchant. Il faut reconnaître l’acte journalistique ». Vincent Lanier, Premier secrétaire général du SNJ, pour conclure : « je ne suis pas satisfait par la réponse qui a été faite. On ne peut pas déconnecter la question déontologique de la question sociale. On ne sera pas d’accord avec les éditeurs. On aura des débats ».
Compte rendu par Michel Ducrot et Alain Geneste
Notes :
[1] Nous étions déjà revenus précédemment sur l’idée d’un conseil de presse ou de déontologie à l’occasion du précédent numéro de notre revue ou encore ici. Nous avons d’ailleurs assisté, en tant qu’observateurs critiques, à l’AG du 2 décembre cf le compte-rendu ci-dessous.
[2] Extrait du texte de la pétition lancée par la France insoumise, « Pour la création d’un conseil de déontologie du journalisme en France » : « Nous demandons la création d’un conseil de déontologie du journalisme en France. Il devrait être composé de représentants des usagers des médias et de représentants des journalistes, y compris les précaires et pigistes. Ainsi, les citoyens disposeraient d’un recours pour faire respecter leur droit à une information objective. »
[3] Vœux à la presse, 3 janvier 2018 : « Le deuxième type d’action indispensable dépend de vous. Je sais que beaucoup parmi vous réfléchissent sur la déontologie du métier de journaliste. […] Il vous revient d’organiser en quelque sorte les règles de votre profession, si nous ne voulons plus que tout puisse se valoir et qu’aucune hiérarchie ne soit faite. L’heure est sans doute venue pour votre profession de s’unir autour de principes fortement réaffirmés en un temps de fragilité démocratique. »
Source : ACRIMED,
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Commentaire recommandé
Les lecteurs de ce site savent que le problème n’est pas la fake news, mais la no news.
L’autre aspect, absent des débats est que l’information, qui est toujours à vérifier, recouper et dénoncer si elle est fausse, n’est pas l’opinion, qui n’appartient à personne dans la société, mais à chacun dans une vraie démocratie.
Le système médiatique actuel est une fabrique de l’opinion qui sélectionne les informations qui lui semblent convenables et laisse dans l’oubli ou dénigre celles qui ne lui conviennent pas.
Le mouvement spontané de GJ a esquissé un corpus d’opinions singulier, qui est resté orphelin car dénigré, ou récupéré, mais dans un système d’informations bouché qui ne lui a pas permis de générer son propre vecteur médiatique.
Un écosystème laissant s’exprimer la pluralité des médias permettrait de rapporter les différentes informations, par le jeu des vecteurs médiatiques antagonistes permettant de confronter et vérifier les opinions des uns et des autres.
Les subventions publiques pourraient être alloués à un journaliste ou une organisation indépendant qui a atteint un seuil quantifié d’audience, puis retiré au delà d’un seuil au-dessus duquel on considère que son activité économique est autosuffisante.
De toute façon, le verrouillage du couvercle médiatique avec l’extension de la notion de délit d’opinion ne fait que renforcer la pathologie des courants de pensées extrêmistes et intolérants.
18 réactions et commentaires
dans la catégorie crime de pensée.
The Police Told Me to « Check My Thinking » for a Tweet
Jan 12, 2020 – Triggernometry
https://www.youtube.com/watch?v=YUuZMyqhUUk
+3
AlerterBonjour,
. » Cette année, le taux de confiance est tombé à 24 %. »
et je dirai même plus, le TAUX DE DEFIANCE EST A 76% !!! 76 personnes sur cent ne croient plus les médias !!!
Quel bonheur de lire ça, enfin les Français prennent conscience que nous ne sommes jamais informés !!!! et que l’information » chez nous n’est que de la manipulation !!!!
Comme nous l’a montré Olivier à plusieurs reprises notre presse se suffirait d’un seul article de l’AFP, puisque tous les autres se suffisent de copié-coller, quel bonheur se serait de supprimer les « aides » à la presse, ben oui, au final nous payons pour qu’ils nous mentent en toute impunité, perso, ça me fait mal au c** de payer pour me faire enfumer, il faut dire STOP, à moins-ce que je sois la seule que cela dérange….?
+18
Alerter»76 personnes sur cent ne croient plus les médias !!! »
Au risque de refroidir votre bel enthousiasme, nous constatons (en ce qui me concerne pour le déplorer) qu’une large majorité de nos concitoyens s’est laissé convaincre par le bourrage de crâne médiatique relatif aux »extraordinaires » privilèges dont bénéficient les agents de la SNCF. Ainsi put être aisément finalisée, il y a deux ans, la destruction du statut et la mise… sur bonne voie… de la privatisation des meilleurs actifs de cette société nationale.
On peut aujourd’hui penser que la colère sociale qui s’exprime, à l’occasion de l’imposition d’un pseudo système universel de retraites, serait d’une toute autre, et sans doute décisive ampleur, si la propagande médiatique n’avait pas réussi à instiller dans l’opinion l’idée que de très nombreux secteurs bénéficient de privilèges exorbitants et insupportables (SNCF toujours, bien sûr, et aussi RATP, EDF etc). Cette conviction, désormais ancrée dans une majorité de cervelles, pèse lourd dans le rapport de force.
Les français ne « croient plus » en leurs médias certes… mais continuent de gober la petite musique du 20 heures.
Dans ma lointaine jeunesse on disait : »Le moine répond comme l’Abbé chante. »
+16
AlerterOn assiste à la mise en place d’un ministère de la censure aux mains des « éditeurs » eux même à 90 % représentants d’intérêts industriels et financiers. On voit bien qui sont ciblés lors de cette réunion : les 10 % restants, par exemple RT France et Médiapart, 2 médias qui ne dépendent pas des soutiens de Macron. Danivance.
+12
AlerterBonjour Danivance, « Médiapart ne dépendrait pas des soutiens de macron »… mais ils en ont fait tout de même des « tonnes » en 2017 pour ce poulain, et bien avant le second tour… Fallait assurer leur fond de commerce ?
+4
AlerterLes lecteurs de ce site savent que le problème n’est pas la fake news, mais la no news.
L’autre aspect, absent des débats est que l’information, qui est toujours à vérifier, recouper et dénoncer si elle est fausse, n’est pas l’opinion, qui n’appartient à personne dans la société, mais à chacun dans une vraie démocratie.
Le système médiatique actuel est une fabrique de l’opinion qui sélectionne les informations qui lui semblent convenables et laisse dans l’oubli ou dénigre celles qui ne lui conviennent pas.
Le mouvement spontané de GJ a esquissé un corpus d’opinions singulier, qui est resté orphelin car dénigré, ou récupéré, mais dans un système d’informations bouché qui ne lui a pas permis de générer son propre vecteur médiatique.
Un écosystème laissant s’exprimer la pluralité des médias permettrait de rapporter les différentes informations, par le jeu des vecteurs médiatiques antagonistes permettant de confronter et vérifier les opinions des uns et des autres.
Les subventions publiques pourraient être alloués à un journaliste ou une organisation indépendant qui a atteint un seuil quantifié d’audience, puis retiré au delà d’un seuil au-dessus duquel on considère que son activité économique est autosuffisante.
De toute façon, le verrouillage du couvercle médiatique avec l’extension de la notion de délit d’opinion ne fait que renforcer la pathologie des courants de pensées extrêmistes et intolérants.
+23
AlerterLa question du financement des médias ou des partis politiques est la même : est financé que ce qui est « dans le système de pensée dominant » à quelques exceptions près.
Tout média apportant un son de cloche différent ou tout mouvement politique apportant des idées différentes (genre on imagine un nouveau système sans financier…) n’est pas subventionné.
De même qu’il faudrait un seuil d’audience pour financer un média (comme Owen le suggère), il faudrait que les partis politiques soit financés en fonction des donateurs individuels et/ou du nombre d’adhérent : en bref : l’idéal est de trouver un moyen de montrer la légitimité populaire du média ou du parti politique.
La question reste ouverte, ce ne sont que quelques pistes pour éviter des médias / partis politiques tenus par les puissances de l’argent.
+7
Alerter@Daniel
=> il faudrait que les partis politiques soit financés en fonction des donateurs individuels et/ou du nombre d’adhérent : en bref : l’idéal est de trouver un moyen de montrer la légitimité populaire du média ou du parti politique.
On peut imaginer que des « chèques Citoyen », fonctionnant sur le principe des chèques Culture, soient envoyés avec chaque avis d’imposition pour financer les médias et les partis politiques.
+5
AlerterCe texte est positif. Acrimed ne se contente pas de dénoncer, Acrimed propose (par exemple, de joindre la Charte de Munich à la convention collective des journalistes).
Tiens, les 24 % qui font confiance aux journalistes me rappellent les 24 % qui ont voté Macron en avril 2017.
https://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-elections/Election-presidentielle-2017/Election-presidentielle-2017-resultats-globaux-du-premier-tour
+13
Alerter18% des inscrits soit environ 17% des français ont soutenu Macron.
+9
AlerterCet organisme est un onanisme. Les 3 représentants du « public » sont tous étroitement liés au monde du journalisme. Aucun français tiré au sort, ni Acrimed (qui ne veut pas) ni OJIM, les 2 sites de « critique des médias ».
Un organisme chargé de vérifier la déontologie des journalistes ne devrait avoir aucun journaliste ou éditeur parmi ses membres qui sont juges et parties.
Ceci dit on vérifiera son action.
Pour les saisir : https://cdjm.org/saisir-le-conseil/
+9
AlerterCet organisme sera aux journaux ce que l’IGPN est à la police : un blanchisseur des copains et des coquins.
+9
AlerterUne vraie anti-chambre d’un Ministère de l’Information à la Goerhing se prépare. Il existe déjà…
Ou encore mieux dit : comment faire consentir et approuver la propagande.
Passionnant !
+9
Alerter« Du côté des responsables politiques, Jean-Luc Mélenchon [2] et Emmanuel Macron [3] ont tous deux évoqué l’idée de mettre en place un conseil de presse ou de déontologie »
Cette proposition est aussi incluse dans toute une série de mesure destinées à assurer l’indépendance de la presse dans le programme de l’UPR depuis longtemps. ACRIMED, qui fait du bon boulot, devrait ouvrir son champ de vision.
« Pour reconquérir la confiance du public, les journalistes n’ont pas besoin d’un conseil de presse. Ils ont besoin de conditions de travail correctes, de pouvoir vivre dignement de leur métier et de ne pas dépendre du bon vouloir d’actionnaires en tout genre […]
les solutions sont sur la table depuis longtemps : loi anti-concentration, indépendance juridique des équipes rédactionnelles, réforme profonde des aides à la presse pour les orienter davantage vers les médias indépendants et les réserver à ceux qui respectent le code du travail et assurent des conditions de travail correctes au lieu d’amplifier la précarité… »
Cela aussi est préconisé dans la série de mesures.
+5
AlerterUne dizaine de milliardaires qui possèdent la quasi totalité des médias français demandent à leur rédactions de décliner les dépêches de 3 agences: Associated Press, Reuters et l’AFP. Vous parlez de liberté d’opinion et de pluralité de l’information? Pas étonnant que 76 français sur 100 soient méfiants et veuillent trouver l’info ailleurs. Ici par exemple.
+8
AlerterLa CFDT, toujours du côté des coquins, véritable organisme d’état…Il ne faut plus tolérer ces barbouzes dans la moindre intersyndicale.
+6
AlerterIl y a ça aussi : « Toutes celles et ceux qui se sont présentés dans les différents collèges ont été élus. »
L’élection rapide des personnes qui se sont présentées dans ces trois collèges est de mon point de vue une bêtise car, pour faire ce Conseil (qui peut être une bonne idée car il y a un problème avec la déontologie journalistique), il y aurait fallu s’assurer d’abord de l’impartialité des candidats et donc se limiter à enregistrer les demandes, puis examiner ces dernières au cas par cas (tout en n’excluant aucune tendance et en recherchant la pluralité). Et encore, je doute que cela suffise.
Certes c’est provisoire, mais ce sont les mêmes personnes élues qui décideront plus tard du bureau provisoire.
+1
AlerterParmi les journalistes : un retraité, un CFDT, un prof, un membre de Terra Nova et un candidat qui pourrait siéger dans un autre collège, sur dix!
Parmi le public : des retraités, des profs et encore la CFDT.
Bon, on a compris ce qu’il y a derrière.
+3
AlerterLes commentaires sont fermés.