Source : Blog Mediapart – Fabien Escalona
Dès 1971, l’économiste postkeynésien Nicholas Kaldor prévenait qu’une union monétaire sans intégration fiscale et politique accentuerait les divergences entre ses membres, au point d’empêcher son parachèvement.
Une petite révolution qui ressemble à une grosse rustine. Ce lundi 18 mai, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont présenté un dispositif pour venir en aide aux États, territoires et secteurs d’activité les plus affectés par la pandémie. En résumé : dans le cadre du budget pluriannuel de l’Union, 500 milliards seraient empruntés par l’UE sur les marchés financiers, puis redistribués comme des aides directes à dépenser. Les remboursements de l’emprunt seraient bien effectués solidairement par les 27 États-membres, et non pas seulement par les consommateurs de ces crédits.
Ce premier pas vers une politique de transferts est analysé comme une concession importante de la part de Berlin. Pour autant, à l’échelle du PIB européen et sur une période s’étalant de 2021 à 2027, on est encore loin de montants qui seraient véritablement significatifs. Si ce n’est pas trop tard, c’est trop peu pour bouleverser la donne. Par ailleurs, rien n’est encore acté. Le projet, bien que soutenu par la Commission, peut encore subir des vétos ou des altérations, notamment de la part des exécutifs autrichien, finlandais et danois, hostiles par principe à des « dons » sans conditions. Bref, un processus « tortueux », comme l’écrit pudiquement Politico.
Cet épisode récent, qui fait suite à la controverse sur les « coronabonds » ainsi qu’à un arrêt très commenté de la Cour de justice allemande à propos de la Banque centrale européenne (BCE), illustre les difficultés insurmontables à rendre « viable » la zone euro. Son intégrité, déjà testée au moment de la crise des dettes souveraines au début des années 2010, va l’être à nouveau dans la débâcle économique et financière qui s’annonce. Le risque est qu’un État, asphyxié par sa dette, s’aventure à recouvrer sa souveraineté monétaire. Moins dramatique mais guère plus riant : que la zone euro continue d’abriter des divergences élevées entre ses membres gagnants et ses membres perdants, nourrissant des divisions politiques entre les peuples, véritable cadeau pour les nationalistes.
Qu’y a-t-il donc de si pourri au royaume de l’euro ? Le défi peut se résumer de la sorte : l’Union économique et monétaire (UEM) consiste en l’adoption d’une même monnaie, dont la gestion a été confiée à une Banque centrale indépendante, par des pays aux structures démographiques, sociales et productives différentes, ayant elles-mêmes produit, sur le temps long, des préférences collectives hétérogènes entre elles. Or, si la politique monétaire de la BCE ne convient pas à un membre de l’UEM, celui-ci n’a d’autre choix que de se soumettre à son cours.
Pour l’instant, cela tient car le coût d’une sortie unilatérale, non préparée et non négociée apparaît exorbitant. Le prix à payer est celui d’arrangements sous-optimaux pour des populations entières, et de replâtrages incessants requérant une énergie politique disproportionnée au regard des résultats.
L’impossible « enchâssement » politique et social de l’euro
On dit parfois que le problème de l’UEM est de ne pas être une zone monétaire « optimale ». Il s’agit cependant d’une vision très économiciste et orthodoxe, qui estime que la mobilité des facteurs de production (travail et capital) doit être la plus élevée possible pour permettre aux agents économiques de s’ajuster aisément à des chocs asymétriques. La chercheuse Kathleen McNamara, dans une contribution à l’ouvrage collectif The Future of the Euro (Oxford University Press, 2015), a remarqué à cet égard qu’« aucune union monétaire dans l’histoire, ayant réussi ou non, n’a véritablement satisfait aux conditions » fixées par cette théorie.
Pour elle, il faut tenir compte du fait que « la monnaie est toujours et partout un phénomène politique ». Le succès d’une zone monétaire dépendrait surtout d’à quel point elle est enchâssée (embedded) dans des institutions sociales. Une monnaie unique peut correspondre à une autorité politique unique (comme dans le cas des monnaies nationales) ; à une autorité politique partagée (comme ce fut le cas pour la couronne austro-hongroise entre 1892 et 1918, et comme c’est le cas pour l’euro actuel) ; ou à de multiples autorités politiques (comme dans le cas des unions oubliées et peu probantes en Scandinavie et entre pays latins à la fin du 19e siècle).
Un enchâssement complet dépend selon K. McNamara de quatre critères, d’après lesquels on peut juger l’UEM. Premièrement, l’existence d’une institution légitime pour agir en tant que prêteur en dernier ressort : la BCE joue ce rôle, mais sa stricte indépendance et les immixtions qu’elle s’est autorisé sur les scènes nationales posent le problème de l’acceptation de sa tutelle et du contrôle de son action. Deuxièmement, l’existence d’une union fiscale, avec une capacité significative à lever l’impôt, s’endetter et effectuer des transferts : on s’en approche avec grande difficulté, et les psychodrames suscités par chaque pas en la matière indiquent assez la difficulté à accorder des préférences dissemblables. Troisièmement, l’existence d’une union bancaire et financière : initiée, celle-ci est encore modeste et probablement sous-dimensionnée en cas de grande crise. Quatrièmement, l’existence d’un consentement suffisant, assuré en contexte démocratique par un gouvernement représentatif à l’échelle de la zone : un élément absent dans l’UEM comme dans l’UE.
Logiquement — comme le pensent les plus attachés à l’idée d’une monnaie unique — il faudrait donc « compléter » cette union monétaire déficiente. Là où les choses se compliquent, et peuvent rendre à bon droit sceptique sur la possibilité que la zone euro devienne un jour fonctionnelle pour tous, c’est que nous n’avons pas affaire à une simple construction inaboutie, dont il faudrait fixer à la hâte les pièces manquantes. En réalité, la façon même dont la zone euro a été édifiée, a sapé les conditions de son achèvement.
Dès 1971, dans un texte publié par le New Statesman et intitulé « The Dynamic Effects Of The Common Market », l’économiste postkeynésien Nicholas Kaldor avait anticipé le problème. « C’est une idée dangereuse qu’une union économique et monétaire puisse précéder une union politique », alertait-il.
Évaluant la pertinence des premières réflexions avancées sur un marché unique et une union monétaire en Europe de l’Ouest, il soulignait qu’une telle union, sans intégration fiscale ni légitimité politique associées, aboutirait forcément à ce que les zones déjà prospères se renforcent au détriment des zones les moins performantes. Or, une fois les divergences accentuées, leur existence découragerait tout consentement populaire à des transferts. Les réticences proviendraient autant des peuples appelés à verser leurs surplus à d’autres, que des peuples receveurs si ces versements sont assortis de conditions draconiennes.
Pour Kaldor, il n’y avait qu’une alternative : soit une intégration complète (économique, monétaire et politique) faite dans le bon ordre, soit un relâchement des contraintes imposées aux États membres (qui devraient notamment disposer de la liberté de fixer le taux de change de leur monnaie). On lira aussi, dans le même esprit, cet entretien de Benjamin Bürbaumer, plaidant pour un rattrapage industriel des pays du Sud, mais constatant l’impossibilité de le réaliser dans les conditions juridiques, économiques et monétaires actuelles.
Qu’est-ce qui pourrait rendre possible une intégration complète ? « La guerre », semble répondre K. McNamara, en s’appuyant sur la construction des États-nations en général, et en particulier l’exemple des États-Unis d’Amérique, qui ne se sont pas dotés d’une monnaie unique avant 1863 alors qu’ils étaient déjà constitués. La date coïncide en effet avec la guerre de Sécession et la montée en puissance du pouvoir fédéral. On pourrait ajouter l’exemple suisse, avec l’introduction du franc en 1850, à la suite d’une guerre civile entre confédérés et insurgés du Sonderbund.
Un genre de scénario dont on ne rêve pas pour l’UEM… tandis qu’un autre type de choc, économique et social, serait plutôt de nature à accumuler des tensions centrifuges. Tant que l’euro vivra, cela pourrait donc être sous un régime dysfonctionnel permanent.
*Fabien Escalona est Docteur en science politique, auteur d’une thèse sur la reconversion partisane de la social-démocratie européenne. Désormais responsable éditorial des entretien vidéo en Live et Studio, et membre du pôle « politique » de Mediapart.
Source : Blog Mediapart – Fabien Escalona
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Commentaire recommandé
« 500 milliards seraient empruntés par l’UE sur les marchés financiers »
Rien que là gît le problème. Non vu.
Pourquoi emprunter un argent que l on peut créer ex nihilo ?
37 réactions et commentaires
»cela tient car le coût d’une sortie unilatérale, non préparée et non négociée apparaît exorbitant. Le prix à payer est celui d’arrangements sous-optimaux pour des populations entières, et de replâtrages incessants requérant une énergie politique disproportionnée au regard des résultats. »
Oui. Mais ce chaos arrange tout le petit monde bien terne des politiciens européens.
Ceux des pays prospères qui voient leurs économies tirer un fort avantage d’une monnaie, pour elles, sous-évaluée.
Ceux des pays en cours de désindustrialisation qui calment leur société malade en s’endettant massivement grâce à la drogue des taux d’intérêts bas induits par la monnaie unique et son pilotage par la BCE.
Aveuglement irresponsable. La cupidité des uns, l’aveuglement idéologique des autres, la lâcheté de tous, autorisent un pressentiment (sinon un pronostic) très sombre. Il y aura une fin de l’Euro. Elle sera dramatique.
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Alerter« Qu’est-ce qui pourrait rendre possible une intégration complète ? « La guerre », semble répondre K. McNamara »
Ca tombe bien, la turquie d’Erdogan pousse fort aux frontieres de la grece…
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Alerter. Je pense que l’article vise plutôt une guerre interne, et non une guerre vis-à-vis d’un pays extérieur à la zone pour laquelle on envisage une création monétaire unique…
+7
Alerterbah,comme si la turquie n’avait pas deja des « soldats » en place dans la plupart des pays europeens. Vous croyez z que les communautes d’origine turque presentes dans les differents pays europeens vont reagir de facon unanime en cas de guerre avec la turquie d’Erdogan?
+2
AlerterChristian Bernard a raison, voyez les deux exemples cités par l’auteur : la guerre de Sécession et la guerre du Sonderbund. Dans les deux cas, il s’agissait de transformer une confédération en fédération.
Dans le monde kafkaïen de l’UE, l’indépendance, c’est pour les banques, pas pour les peuples.
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AlerterTroisième exemple : l’Allemagne.
La Confédération Germanique née après les guerres napoléoniennes (et qui incluait l’Autriche, le Luxembourg, le Liechtenstein), se construisit par une unification des poids et mesures, une union douanière, et une union monétaire. Cette dernière était imparfaite : il en était résulté trois systèmes monétaires (centrés sur le taler prussien, le florin des états du sud, et le florin autrichien), et seule la monnaie métallique (au contraire des billets de banque) était compatible et régulée. Politiquement les conflits étaient nombreux (entre Autriche et Prusse, libéraux et réactionnaires, catholiques et protestants).
Il fallut une guerre civile, connue sous le nom de guerre austro-prussienne, plus correctement appelée Deutscher Krieg dans l’historiographie germanophone, qui opposait aussi les alliés de l’un (Bavière, Hesse, Baden, Württemberg, Liechtenstein, etc) à ceux de l’autre (Hambourg, Brême, Lübeck, Brunswick…) pour aboutir à une unification. L’Autriche en fut expulsée, le Luxembourg et le Liechtenstein se tinrent au dehors.
La guerre civile ayant laissé des traces, il fallut encore une guerre avec la France — et l’annexion des territoires germaniques de celle-ci — pour parachever l’unification allemande — et monétaire avec le Reichsmark (introduit en 1871).
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Alerter« la guerre de Sécession et la guerre du Sonderbund. Dans les deux cas, il s’agissait de transformer une confédération en fédération. »
Vous savez sans doute ce que signifie CH.
Quant à la « guerre » de l’ « alliance spéciale », bof, même pas une centaine de victimes. Plutôt une opération de police. Et en 1850, le Franc suisse a été réintroduit, pas « introduit ». Les cantons suisses gardent énormément de prérogatives: police, instruction, économie, santé, impôts, etc. Avec la possibilité d’un contrôle par le peuple à tous les niveaux. Et le peuple souverain a refusé par une nette majorité l’entrée dans l’Union Européenne (contrairement à la volonté de la classe dirigeante).
+2
AlerterDepuis le temps que la fin de l’Euro est annoncée, prédite… cela commence à être une arlésienne, chacun y va de son pronostic quant à sa fin prochaine. En attendant (10 ans, 20 ans, 100 ans?) l’Euro est là et bien là.
Problème: pour avoir une monnaie forte, il faut avoir une économie forte. C’est le cas de l’Allemagne. La France…
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AlerterLa monnaie et la santé de l’économie sont liées.
Normalement le niveau de la monnaie s’adapte à celui de l’économie. Avec l’Euro nous n’aurons pas d’autre choix que d’adapter notre économie, ça va être long puisqu’il est impossible de procéder à une adaptation rapide ( c’est à dire -30% sur les salaires et les retraites + quelques autres économies ) , il va falloir que l’inflation ait rogné suffisamment tout ça.
Nous nous adapterons par la misère , la crise économique actuelle devrait aider.
+1
Alerter« 500 milliards seraient empruntés par l’UE sur les marchés financiers »
Rien que là gît le problème. Non vu.
Pourquoi emprunter un argent que l on peut créer ex nihilo ?
+49
AlerterTechnique et Communication se marient
Si la BCE monétisait une dette commune, elle ne pourrait le faire que proportionnellement aux actionnaires qui la composent.Ainsi, l’ Allemagne et les Pays-Bas ( au hasard…) se trouveraient favorisés alors que les obligations de ces états sont recherchées et que ce sont plutôt des pays comme l’ Italie qui ont besoin d’une aide ( plus que proportionnelle à leur representation au sein de la BCE).Voilà pour la raison technique ( à préciser ou contester par plus compétent que moi).
Bien évidemment, des objectifs politiques (intérieurs et extérieurs) pour A Merkel et E Macron se superposent à celle-ci.
+5
Alerterhttp://www.lacrisedesannees2010.com/2020/05/bce-et-dettes-d-etats-beaucoup-d-economistes-semblent-ignorer-ce-qu-est-une-banque-centrale.html
+5
AlerterCommunication toujours, le soi disant eurobond n’est qu’un endettement de l’UE à rembourser par chaque état membre proportionnellement à sa participation à l’UE, qui recevra proportionnellement à sa part dans les aides européennes et, pour que ce soit accepté par les gros contributeurs, en contrepartie d’un contrôle sur les dépenses qu’il permettra.
Autrement dit, ce n’est qu’une augmentation de budget de l’UE obtenue par paiement indirect!
+6
AlerterOui cette phrase résume bien l’un des problèmes fondamental. Quelle arnaque tout de même. Le plus triste est que peu de personnes sont au courant de cette « petite » particularité Européenne… Ou pire, elles peuvent l’être mais pensent qu’il s’agit d’une chose « bien normale et naturelle, comme partout ailleurs ». Quelle tristesse.
+4
AlerterPourquoi emprunter ? C’est pourtant simple. L’opération de prêt n’est pas à avantages réciproques. Elle est avant tout dans l’intérêt du prêteur. La chose est inaperçue car c’est apparemment l’emprunteur qui sollicite la passation du marché : mais dans une situation où il est préalablement acculé. Dans le cas des emprunts publics, ils sont consenti par un tiers corrompu pour le compte d’une population qui n’a pas son mot à dire. L’objectif du prêteur n’est pas le gain monétaire. Le prêteur compte bien que l’emprunteur ne pourra pas rembourser, et que l’emprunt débouchera sur un endettement définitif qui sera une dépendance politique. De l’argent est transformé en pouvoir. Dans les situations historiques où les rapports de domination sont moins hypocritement dissimulés, le débiteur défaillant devient légalement l’esclave de son prêteur. Ce n’est pas par hasard que les traditions condamnent le prêt à intérêt, destructeur des sociétés. Ce n’est pas par hasard non plus que les oligarchies mondialisées en font le mécanisme de base des finances publiques. Bismarck a fait l’Allemagne par le Zollverein, et l’Euro ne fait que reproduire ce schéma de construction d’une domination par la dépendance économique. L’euro ne disparaîtra pas car il marche très bien vers son objectif qui n’est pas de nous rendre libres et prospères.
+28
Alerter« Pourquoi emprunter un argent que l on peut créer ex nihilo ? »
J’ai lu je ne sais plus où qu’il y avait deux grandes façons de contrôler -d’asservir- les peuples: par la contrainte physique et par la dette (les deux étant évidemment liés). L’asservissement par la dette peut durer longtemps lorsqu’il est décrété transmissible de génération en génération (le cas actuellement par la dévaluation continue de la monnaie électronique). En attendant un courageux Solon¹.
Henry Ford (1863-1947): « Si la population comprenait le système bancaire, je crois qu’il y aurait une révolution demain matin. »
¹: http://www.cadtm.org/Solon-et-la-crise-d-endettement
+12
AlerterPour des raisons de dogmes économiques, ne reposant sur rien de scientifique (Pas de confirmation par des faits).
Sortir de l’euro pour faire une politique de Franc fort n’aurait aucun effet.
+5
Alerter« Pour des raisons de dogmes économiques, ne reposant sur rien de scientifique (Pas de confirmation par des faits). »
Il faut rappeler de temps à autre cette trivialité : du fait même qu’elle vise à la constitution d’un
savoir commun, la Science est, qu’on le veuille ou non, une entreprise dogmatique, puisqu’elle vise à susciter chez tout observateur la même réaction mentale en face d’un même donné scientifique, fait ou théorie.
+0
Alerterben non , notre problème est que l’Euro est trop fort pour nous. Et les politiques de Franc fort ont toutes échoué puisque notre économie n’est pas bâtie pour une monnaie forte.
Laissons le marché établir la valeur de notre monnaie
+1
AlerterPeut-être parce que tout emprunt revient à créer de l’argent à partir de rien. Est-ce que c’est bien ou pas, je m’interroge. Si vous avez des billes ça m’intéresse. Par contre l’emprunt se fait avec taux d’intérêt, ça ça me parait moins légitime. Peut-être que si on créé de l’argent et qu’on le donne directement aux Etats, ça ne va pas plaire aux banquiers (« c’est le métier qui se perd ») ni aux marchés (« tout l’argent doit passer par NOUS »). ou encore pire, si on créé de l’argent et qu’on le donne directement aux gens…
+2
Alerterje croyais qu’ils étaient en taux négatifs ? on te paie pour emprunter
+1
AlerterJ’y comprends rien, j’ai que des questions. Il y a effectivement des taux négatifs pour certains emprunts à certaines échéances. Mais cet emprunt de 750 milliards, à quel taux l’empruntent les marchés à la BCE? Que fera la banque centrale de l’argent collecté grâce à ces intérêts? A quel taux les marchés vont-ils ensuite prêter cet argent aux Etats? Comment force-t-on les marchés à prêter tant à tel Etat et tant à tel autre, puisque apparemment c’est fléché? Enfin, mais c’est non exhaustif:-), où les états trouvent-ils l’argent pour payer ces intérêts en plus du principal, vu que visiblement ils ne roulent pas sur l’or. Bon plus je cherche moins je comprends.
+1
AlerterA priori ce ne sont pas les états qui emprunteront directement.
C’est l’UE qui emprunte et qui réparti ensuite l’argent.
Bon, ça peut être pratique , si l’UE et l’Euro éclatent , ceux qui ont prêté vont se retrouver le bec dans l’eau.
Inconvénient : les états vont pouvoir continuer à faire n’importe quoi puisqu’il y aura de l’argent !
+1
AlerterC’est à peu près aussi idiot.
Pour la « théorie » économique orthodoxe, la monnaie prêté, est issue de l’épargne et soumise à l’offre et la demande, ce qui signifie que si on donne de la monnaie à l’état, il y en aura moins pour le secteur privé, or le secteur privé est TOUJOURS plus efficace que l’état pour produire des richesses, donc cela signifie moins de création de richesses, donc moins d’emplois.
le circuit orthodoxe est le suivant:
Épargne =》dépôt =》crédit =》investissement
La monnaie n’existe pas dans ce modèle, qui fonctionne comme une économie de troc, la monnaie sert uniquement à fixer les prix.
C’est pour cela que les économistes orthodoxes recommandent de favoriser l’épargne, c’est à dire favoriser les riches (qui épargnent beaucoup).
Sauf que… dans la réalité, on observe pas cela.
Le circuit est plutôt:
Crédit =》dépôt =》investissements ou épargne
Donc, la politique menée depuis 30 ans, favoriser l’épargne de façon excessive, déréguler les marchés, et lutter contre l’inflation, a privée l’économie de sa monnaie, l’épargne est attiré par les marchés secondaires (spéculatifs) dont les rendements sont beaucoup plus attractifs.
La création monétaire va alors gonfler des bulles spéculatives, qui finissent par exploser, comme en 2008.
Des solutions ?
– Taxer l’épargne excessive (impôts progressif)
– Taxer les marchés secondaires
– Pas de libre circulation des capitaux
– Laisser une inflation raisonnable pour diminuer le poids des dettes. (Euthanasie des rentiers)
+9
AlerterUne monnaie est un instrument au service d’une politique.
Oui, pas d’Europe politique, pas d’Euro viable.
Ce qu’il faudrait au-delà de la guerre, ce sont des hommes et femmes politiques de haut vol, genre DeGaulle Churchill Roosevelt, pour faire une Europe politique. Et ça, on ne les voit que dans les crises telles que les guerres. Hélas.
+3
AlerterLes hommes d’exception ( et mon admiration est immense pour ceux que vous citez) ne changent pas la nature des peuples.
Ils ne font, au mieux, que cristalliser leurs espérances profondes. Dans des circonstances le plus souvent dramatiques.
Si les peuples européens veulent s’intégrer, fusionner, se fédéraliser, un jour ils le feront.
S’ils ne le veulent pas, même une férule dictatoriale ne les y contraindra que superficiellement.
Ne jamais éluder la sanglante agonie de la fédération yougoslave.
+8
Alerterchute du mur, unité allemande, et vite reconnaissance des républiques slovènes et croates
puis : bombardement par l’otan de la serbie
qui a dit que l’u e c’est la paix?
ne faudrait-il pas aller azoter la tombe de mitterand?
+13
Alerterbarbe vous avez partfaitement raison ! La Yougoslavie avait un certain équilibre dans des déséquilibres régionaux internes – le problème était surtout au sud mais elle représentait quelque chose et les mécanimes de rééquilibrage existait quand même… Aujourd’hui, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-H , le Montenegro et la Macédoine ne représentent rien -les 2 premières sont des colonies d’investissements allemands, la Macédoine et le Montenegro se soumettent au FMI et à l’UE. En Slovénie, certains en ont conscience et maintiennent d’intenses relations avec la Serbie, dans l’espoir d’exister un peu…Mais ces Slovènes sont sans illusion…La Serbie elle n’a plus d’illusions, elle est consciente de sa faiblesse et cherche une autre voie…
+7
Alerter@EugenieGrandet
L’ euro est au service de la politique et des intérêts allemands.
Aussi, nos grands journaux qui célèbrent ce « grand virage européen » – les fameux 500 Mds – grâce au « couple franco allemand » m’amusent.Pour la très pragmatique A Merkel, il s’agit d’ éviter un effondrement de la zone euro et plus particulièrement de l’ Italie dont l’économie du nord est très intégrée à l’Allemagne.Il ne s’agit donc pas d’un tournant mais de la continuité d’une politique allemande consistant à tenir hors de l’eau la tête de « leurs partenaires », tout en les dominant.
Ce qui fait dire à certains que l’Europe sera allemande ou ne sera pas partageant ainsi votre analyse.
+13
Alerter@lbsso. Oui vous avez raison. C’était la contrepartie pour l’acceptation par l’Allemagne de la création de l’Euro.
Le problème c’est que jusqu’ici l’Allemagne (et les pays du nord) n’a pas joué son rôle vis à vis des pays moins riches (sud comme Grèce, Espagne, Portugal) , la France étant cependant considérée comme au sud pour les pays du nord!
Dans un pays, les régions riches viennent en aide aux moins riches (La France par exemple où les régions à fort PiB permettent à d’autres plus faibles de bénéficier d’une certaine égalité dans les services publics et dans le régalien), idem dans un état fédéral comme les États-Unis où la richesse de certains États (côtes Ouest et Est) compense celle des États moins riches mais néanmoins nécessaires (grandes plaines agricoles du Midwest, etc…)
L’Europe ne peut pas dire, à l’instar de Connaly, Ministre du Trésor US « l’Euro, c’est notre monnaie, c’est votre problème ».
+2
AlerterLe pari de Delors et consort était que en créant une monnaie unique, l’Europe politique devrait nécessairement
suivre. Les deux dernières décennies nous ont démontré qu’il n’en est rien.
Au contraire, les égoïsmes nationaux ne se sont jamais portés aussi bien. En particulier, ceux des pays qui ont le plus profité de la création de cette monnaie unique, dans un cadre réglementaire de « concurrence libre et non faussée » : l’Allemagne en tête, et les pays dits frugaux (Suède, Finlande, Pays-bas, Autriche)
La crise sanitaire du Coronavirus, a bien mis en évidence les lignes de fractures entre l’Europe du Nord, celle du Sud, et celle de l’Est. Les Britanniques ayant quitté le navire bien avant.
L’Europe politique est une chimère, qui a toujours échoué lorsque ce sont les armes qui ont parlé dans l’histoire. En effet, la puissance dominante du moment qui comptait unifier l’Europe derrière sa bannière, s’est toujours heurtée à une coalition adverse qui a toujours fini par terrasser cette puissance, que ce soit la France napoléonienne, ou l’Allemagne hitlérienne. C’est ce qui a amené les « pères fondateurs » de la CEE, à essayer une voie d’unification par le marché, et l’économie, en partant du pré-supposé que le politique suivrait. L’expérience des dernières décennies nous démontre qu’il n’en est rien, l’on ne défait pas impunément des nations pour certaines millénaires. Que cela plaise où non c’est ainsi. Si l’on veut sauver l’Europe des ses vieux démons et de la guerre, il faudra donc revenir à l’internationalisme, cher à Jaurès.
+19
AlerterSouveraineté, légitimité…
Les artisans du démantèlement de la souveraineté du peuple français : Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, et cerise sur le gâteau, le trio infernal -Sarkozy, Hollande, Macron. Trio qui a piétiné sans vergogne le NON français au référendum du 29 Mai 2005. Péché originel, qui est à la source de la crise de légitimité des politiques menées par ces trois présidents.
https://www.youtube.com/watch?v=y3wgKZOjZIM
https://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article1763
Appel à Constituante :
https://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article1764
+15
AlerterLe véritable péché originel a été la violation du traité de Maastricht lors de l’introduction de l’Euro…
Le traité prévoyait CINQ critères pour faire partir de l’Euro :
1) le taux d’endettement de l’Etat;
2) le taux de déficit budgétaire;
3) le taux d’inflation;
4) le taux d’intérêt;
5) la variabilité du taux de change.
Deux ou trois ans avant l’Euro, le journal que je lisais avait présenté un rapport d’étape de la Commission sous forme tabulaire : en ligne, les pays de la Communaute Européenne, en colonne les critères. Un seul pays remplissait les 5 conditions : le Luxembourg; un pays n’en remplissait aucune : la Grèce.
Mais il « fallait » faire l’Euro…
On a d’abord fait sauter les deux dernières conditions. Puis on a triché. La France ne respectait pas la limite de déficit budgétaire : on a fermé les yeux (« il ne fallait pas regarder les décimales… ») La Belgique et l’Italie violaient le critère d’endettement : on a laissé passer — oui, ces pays avaient réussi à réduire marginalement leur dette, mais il aurait fallu 40 ou 50 ans à ce rythme pour atteindre le 60% promis (ils étaient censés « aller rapidement dans la bonne direction »). L’Allemagne a trituré ses comptes. Quant à la Grèce… alors, tout le monde savait que ses chiffres étaient bidonnés.
Les gouvernants et le peuple français étaient solennellement (quoique sans enthousiasme) convenus d’introduire l’Euro à des conditions strictes. Au final, les gouvernants ont violé le traité pour forcer leur objectifs idéologiques.
+7
AlerterJe ne parlais pas de « péché originel » au sens technique, mais au sens politique, au sens de violation de la volonté du peuple de ne pas ratifier un Traité, qui instituait la politique TINA dans le marbre des textes.
Ce qui revenait à abolir tout débat démocratique -pour la suite des événements-, sur le type de société, dans lequel chaque peuple pourrait avoir envie de vivre. Ce qui vidait par avance tout débat électoral, au niveau national, de sujets ayant une importance pour vie quotidienne des gens : quels périmètres pour les services publics, plus ou moins d’Etat social, quelle politique environnementale, etc…
Car ce traité instituait par principe une Europe du marché, seulement fondée sur la concurrence (en fait non loyale, qui plus est, avec l’élargissement à l’Est), entre les nations. Enclenchant une spirale du moins disant salarial, social et écologique dans toute l’UE. Ce traité empêchait toute forme de solidarité entre le peuples constituant l’UE, l’on a pu voir ce que cela donnait concrètement lors de la crise sanitaire du coronavirus, et avant avec le « cas grec ».
L’UE n’est, et encore… une réussite que pour le capital transnational, mais sûrement pas pour les peuples, qui doivent être heureux, c’est vrai, de ne pas avoir connu la guerre depuis 1945.
En somme, les capitalistes disent aux peuples : « Soyez heureux, nous ne vous faisons plus entretuer sur les champs de bataille, mais laissez-nous gérer le marché européen, en toute conformité avec l’intérêt des actionnaires et des propriétaires des moyens de production;
estimez-vous heureux de n’être seulement victimes « que de guerres économiques », et non de guerres conventionnelles.
+10
AlerterJe souscris entièrement à votre analyse.
Notre seul point de divergence concerne l’interprétation du terme « péché originel » — que j’avais compris comme refus de respecter ce qui avait été décidé par le peuple.
En 2005, la volonté populaire — refus d’un traité — a été bafouée; en 1999, la décision populaire — d’accord pour l’Euro aux conditions précises stipulées par un traité — avait déjà été bafouée.
Remarquons que ce procédé a été répété plusieurs fois depuis — le dernier en date : la décision du peuple néerlandais de refuser le traité d’association avec l’Ukraine à la suite d’une demande de référendum — dont on a tenu compte dans la mesure où la loi établissant la possibilité d’un référendum populaire a été promptement abrogée par le parlement néerlandais…
+4
AlerterLors du référendum sur la ratification du Traité de Maastricht, le texte du Traité envoyé par le courrier aux électeurs était un pavé indigeste. J’avais donc acheté un mémento qui faisait une synthèse des enjeux.
Concernant le respect des critères dont vous faites état, j’avais dans ce mémento :
Non respect des critères de convergence économique en 1991 :
Inflation : Espagne, Grande-Bretagne, Grèce, Italie, Portugal
Déficit public : Belgique, Espagne, Grande-Bretagne, Grèce, Irlande, Italie, Pays-Bas, Portugal
Dette publique : Belgique, Grèce, Irlande, Italie, Pays-bas, Portugal
Taux d’intérêts long terme : Espagne, Grèce, Italie, Portugal
Au final étaient déclarés prêts pour l’UEM : l’Allemagne, le Danemark, la France ( à quel pris en terme de politiques d’austérité), le Luxembourg.
Mais, j’avais voté pour la ratification du Traité, davantage au prétexte d’en finir avec les guerres entre pays européens, que par conviction économique. En effet, la guerre provoque toujours un esprit de revanche chez le vaincu.
Revanche côté français, pour reprendre l’Alsace et la Lorraine prises par les prussiens suite à la défaite de 1870.
Revanche côté allemand suit à la défaite de 1918. Esprit de revanche, déjà perceptible en 1919, comme en témoigne, dans ses mémoires, mon grand-père paternel faisant partie des troupes d’occupation dans le Palatinat. il lui était alors arrivé d’échanger avec de jeunes allemands, il disaient : « l’Allemagne n’a pas été battue, et , ici nous sommes tous des soldats ! »
Cet état d’esprit, a permis plus tard à Hitler de mobiliser le peuple allemand, pour la revanche, de Mai-Juin 1940 .
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AlerterUne monnaie factice pour un peuple qui n’existe pas. Franchement, qui peut croire à sa pérennité?
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AlerterLes commentaires sont fermés.