Source : Lobe Log, le 14/09/2016
Publié le 14 septembre 2016 par Eli Clifton
Selon des mails piratés analysés par LobeLog, l’ancien secrétaire d’État Colin Powell a reconnu l’existence de l’arsenal nucléaire d’Israël, un secret connu que les politiques américains et israéliens refusent d’admettre comme faisant partie de la stratégie nucléaire ambigüe d’Israël. Powell a également rejeté les affirmations que l’Iran, à l’époque, n’était qu’à « une année » seulement de disposer d’une arme nucléaire.
Les e-mails, diffusés par le groupe de hackers DCLeaks, révèlent un Powell évoquant le discours controversé du Premier ministre Benjamin Netanuyahu avant une rencontre au Congrès avec son partenaire en affaires, Jeffrey Leeds.
Leeds résume les paroles de Netanyahu en disant « qu’il avait dit tout ce qu’il fallait au sujet du président et tout ce qu’il a fait pour aider Israël. Mais (Leeds) a dit que ce contrat était foireux dès le début, sous-entendu que vous êtes un imbécile de ne pas l’avoir vu. »
Powell a répondu que les négociateurs américains ne peuvent pas obtenir tout ce qu’ils attendent d’une négociation. Mais en faisant écho à un point que de nombreux faucons iraniens ont soulevé, Powell a dit que l’arsenal nucléaire israélien et l’instinct de conservation rationnel rendent très peu probable pour les leaders iraniens le choix de produire et d’essayer une arme nucléaire.
Les négociateurs ne peuvent obtenir ce qu’il souhaite. Cependant, les Iraniens ne pourront pas en utiliser une s’ils arrivent, au final, à en produire une. Les gars à Téhéran savent qu’Israël en compte 200, toutes pointées sur Téhéran, et que nous en avons des milliers. Comme Akmdinijad (sic) (l’a dit), « Que ferons-nous d’une seule bombe, la lustrer ? » J’ai discuté publiquement avec les deux, nK et l’Iran. Nous balayerons la seule chose qui les intéresse, la survie du régime. Où, et comment pourraient-ils en tester une ?
Israël, qui n’est pas signataire du traité de non-prolifération nucléaire, a depuis longtemps maintenu une ambiguïté au sujet de la taille et même de l’existence de son programme d’armes nucléaires.
Plus tard, dans l’échange de mails, Powell a reconnu le droit de l’Iran à enrichir de l’uranium à titre d’énergie nucléaire, disant que les seules sanctions ne seraient pas suffisantes pour « casser » l’Iran, soulignant que l’affirmation selon laquelle l’Iran se précipiterait pour obtenir la bombe et construire une arme nucléaire dans l’année était exagérée.
Powell a écrit :
Ils disent, avec raison, qu’ils ont tous les droits pour enrichir dans un but énergétique. Les Russes les ont aidés à construire un réacteur à Busher. Toutes nos sanctions ne seront pas suffisantes pour les briser. Beaucoup de conneries sur leur avancement. Bibi aime dire « dans un an », comme nos gars des services secrets. Ils le disent depuis des années. Ce n’est pas si facile à faire.
Powell a finalement approuvé l’accord nucléaire obtenu par l’administration Obama, affirmant, le 6 septembre 2015, lors d’un « Meet the Press » (rencontre avec la presse) que « c’est plutôt un bon accord. » Dans son intervention, Powell a eu des mots durs pour les experts de politique étrangère qui sont restés silencieux ou se sont opposés à l’accord.
Le 30 août 2015, Powell a écrit à Ken Duberstein, l’ancien chef de cabinet du président Ronald Reagan, qui avait suggéré que Powell devrait s’abstenir de saluer l’accord lors d’un entretien télévisé durant lequel il aurait à faire face à des questions concernant les emails d’Hillary Clinton.
Powell a répondu qu’il pourrait gérer les questions politiques, prenant la défense de l’accord face à Duberstein car « c’est un bon accord pour le pays », se montrant cinglant pour Richard Haass, président du Conseil des Affaires étrangères, et le général à la retraite David Petraeus, pour être publiquement restés tous deux indécis au sujet de cet accord. Powell a dit à Duberstein :
L’accord iranien est bon pour le pays et nos alliés. Les généraux et amiraux retraités ont réagi. J’ai étudié cela de près… J’ai fait des emails avant la télé. On doit s’occuper de l’EI. Haass, Petraeus et les autres ont affirmé être indécis. Des conneries, ils protègent juste leur avenir. Je n’en ai pas et n’en veux pas. Baker, Shultz savent ce qui est bien, comme Henry. Brent a montré qu’il en a.
Mais même Duberstein, qui avait enjoint Powell à éviter une forte approbation du contrat et ne l’a pas évoqué publiquement, n’a pu s’empêcher de partager avec Powell l’affirmation de l’ancien ambassadeur des Nations Unies de l’administration George W. Bush, John Bolton, qui décrit dans un mail l’accord nucléaire comme « la crise la plus importante en terme de sécurité mondiale. »
Duberstein a transmis cet email à Powell, ajoutant ce simple message en en-tête : « Ha ha ! Mais que fume-t-il ? »
Source : Lobe Log, le 14/09/2016
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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