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2.décembre.20242.12.2024 // Les Crises

Prévenir le changement climatique coûte moins cher que de ne rien faire

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Le prix à payer pour mettre en œuvre les mesures les plus élémentaires qui seraient nécessaires pour atténuer le changement climatique peut sembler élevé – jusqu’à ce que l’on se rende compte du coût dévastateur des catastrophes naturelles exacerbées par le changement climatique, qui se produisent déjà et continueront de se produire dans le futur immédiat.

Source : Jacobin, Branko Marcetic
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Une maison endommagée par l’ouragan Milton le 13 octobre 2024 à Manasota Key, en Floride. (Joe Raedle / Getty Images)

Il n’y a pas d’autre moyen de le dire : il est tout à fait absurde de craindre que le coût de la prévention des catastrophes climatiques ne soit trop élevé.

C’est absurde dans un système politique où l’argent surgit de nulle part et où des billions de dollars sont injectés dans le puits sans fond de gabegie qu’est le Pentagone. Et c’est absurde lorsque l’enjeu est la survie de la civilisation elle-même, auquel cas le déficit n’a pas vraiment d’importance.

Mais jouons à ce jeu pendant un moment, puisque ce discours axé sur le déficit continue d’être l’une des principales armes du lobby des combustibles fossiles et de ses proxies au Congrès et dans les médias. Même si ce discours ridicule est accepté tel quel, les destructions infligées à la côte Est le mois dernier par les seuls ouragans Hélène et Milton – tous deux rendus encore plus destructeurs par le réchauffement rapide du climat – montrent qu’il est bien plus coûteux de ne rien faire face au changement climatique que d’investir dans l’atténuation de ses effets et dans la prévention de l’aggravation de la situation.

Prenons l’exemple de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA), principale avancée de l’administration Biden en matière de lutte contre le changement climatique et dernière cible en date de cette crainte du point de vue des coûts. Estimé dans un premier temps à 370 milliards de dollars, les crédits d’impôt illimités qu’il prévoit ont conduit certains économistes à revoir cette estimation à la hausse et à la situer dans une fourchette allant de 500 milliards de dollars à plus de 1000 milliards de dollars. Et ça, c’est beaucoup d’argent.

Penchons-nous maintenant sur les dégâts causés par les ouragans lors de ces deux événements survenus au cours du mois dernier. L’évaluation la plus récente des dégâts causés par Helene, réalisée par les experts d’AccuWeather, estime le total des dommages et des pertes économiques – c’est-à-dire la désorganisation des voyages et des affaires, et l’impact de l’ouragan sur le tourisme futur et sur les autres secteurs d’activité – à 225-250 milliards de dollars

Une estimation différente de la société d’analyse CoreLogic, qui ne prend en compte que les dommages matériels, évalue ceux-ci à un montant compris entre 30,5 et 47,5 milliards de dollars. Moody’s Analytics estime le coût de la reconstruction à un montant de 34 milliards de dollars. Seule une petite partie de cette somme sera en fait prise en charge par les assureurs, car peu de gens dans les régions touchées sont assurés pour les dommages causés par les inondations.

Nous attendons encore des chiffres plus précis concernant les dégâts dus à Milton, mais selon le président Joe Biden, une première estimation les évalue à 50 milliards de dollars. Moody’s les évalue à un montant situé entre 50 et 85 milliards de dollars, en conjuguant les dégâts matériels et les pertes économiques, tandis que d’autres analystes les évaluent à 175 milliards de dollars dans le scénario du pire pour la seule région de Tampa.

Ces chiffres seront très certainement révisés dans les mois à venir. Mais nous pouvons d’ores et déjà constater qu’au bas de l’échelle, ces seules deux catastrophes – qui, rappelons-le, deviendront la nouvelle réalité à mesure que le climat se réchauffe – totalisent approximativement un douzième des estimations les plus élevées de ce que l’IRA dépensera sur dix ans. Si nous prenons la version la plus haute des estimations des dommages, soit environ 335 milliards de dollars, cela représente environ un tiers de ce même total, et cela équivaut presque au montant initial de l’IRA, qui, encore une fois, est la dépense prévue pour la prochaine décennie.

Et il ne s’agit là que de ces deux ouragans. Sans compter que les six autres ouragans les plus meurtriers de ce siècle ont causé plus d’un demi billion de dollars de dégâts. Les données de la National Oceanic and Atmospheric Administration montrent que le nombre de catastrophes météorologiques majeures augmente régulièrement d’année en année. L’an dernier, 28 catastrophes ont coûté plus d’un milliard de dollars chacune, tel l’incendie de Maui, qui a causé 5,5 milliards de dollars de dégâts. Sans compter non plus les dommages et les pertes économiques causés par des incendies de forêt plus destructeurs, des sécheresses plus intenses, une multiplication des inondations non liées aux ouragans et la multitude d’autres catastrophes et perturbations liées au climat qui deviendront de plus en plus fréquentes si nous ne faisons rien – ou, pire encore, si nous attisons sciemment le problème, ce que les deux candidats à l’élection présidentielle promettent de faire.

Les analystes ont déjà chiffré le coût économique du changement climatique. En 2021, la compagnie d’assurance Swiss Re a prédit que le changement climatique réduirait la production économique mondiale de 11 à 14 % d’ici à 2050, soit une réduction stupéfiante de 23 000 milliards de dollars, dont un recul de 7 % de l’économie américaine. (À titre de comparaison, l’économie américaine a reculé de 4,3 % lors de la Grande récession de 2007 à 2009). Une étude plus récente de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat, en Allemagne, prévoit que d’ici 2049, le changement climatique réduira le revenu mondial de 19 %, soit 38 000 milliards de dollars, et que les ménages américains verront leurs revenus diminuer de 11 %.

Mais je le répète, même parler du coût financier du changement climatique est quelque peu absurde en comparaison des gigantesques conséquences sur le plan humain : la mort, la maladie, la famine, la guerre, l’instabilité politique et les déplacements considérables de population, non seulement en provenance d’autres pays, mais aussi à l’intérieur des États-Unis. La chose la plus intelligente à faire, et la plus rentable pour le contribuable américain, serait de commencer à faire des investissements sans précédent – des investissements beaucoup plus importants et plus diversifiés – dans les infrastructures, la technologie, les ressources logistiques et le filet de sécurité renforcé dont nous aurons besoin pour résoudre cette crise qui s’accélère et s’assurer que le niveau de vie des Américains soit sauvegardé.

Le moyen le plus simple d’y parvenir est de détourner la majeure partie du plus de 1000 milliards de dollars que les États-Unis consacrent déjà chaque année au domaine militaire, une somme gargantuesque qui n’est pas seulement un gaspillage, mais alimente la crise climatique (puisque la guerre et l’armée comptent parmi les pires pollueurs de la planète en matière de combustibles fossiles), tout en mettant régulièrement les Américains en danger. Le coût est tout simplement trop élevé pour ne pas faire ce choix.

*

Branko Marcetic est un des rédacteurs de Jacobin, il est aussi l’auteur de Yesterday’s Man : The Case Against Joe Biden (L’homme du passé, le dossier contre Joe Biden, NdT). Il vit à Chicago, dans l’Illinois.

Source : Jacobin, Branko Marcetic, 18-10-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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1 réactions et commentaires

  • Sylphe // 02.12.2024 à 11h50

    Tous ces ouragans et autres catastrophes auraient de toute façon eu lieu, avec mettons, 10% de force en moins.
    Alors les calculs sont tous faussés, et on se demande qu’elles préventions on peut mettre contre de telles forces de la nature. A part peut-être éloigner les constructions des côtes, et imposer des normes plus robustes aux bâtiments. Ce qui comme toujours se fera au détriment des plus pauvres.

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