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19.novembre.202419.11.2024 // Les Crises

Quand le Pentagone rentre dans les écoles américaines

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Les campagnes de désinvestissement [Les étudiants demandent à leurs universités de « divulguer et désinvestir » leurs placements dans des entreprises et des organisations liées à Israël et à sa guerre contre Gaza, NdT] lancées au printemps dernier par les étudiants protestant contre les massacres perpétrés par Israël à Gaza ont remis sur le devant de la scène la question de la militarisation de l’enseignement supérieur américain.

Source : TomDispatch, William D. Hartung
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Bien entendu, les liens financiers entre le Pentagone et les universités américaines ne sont pas nouveaux. Comme l’a souligné Stuart Leslie dans son ouvrage de référence sur le sujet, The Cold War and American Science (La Guerre Froide et la science américaine), « Dans la décennie qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, le ministère de la défense est devenu le plus grand mécène de la science américaine. » Certes, à mesure que des institutions civiles telles que le National Institutes of Health ont pris de l’ampleur, la part du Pentagone dans la recherche et le développement fédéraux a diminué, mais il est resté une source de financement de milliards de dollars pour la recherche universitaire.

Aujourd’hui, la recherche financée par le Pentagone est à nouveau en hausse, en raison de l’importance accordée récemment par le ministère de la défense au développement de nouvelles technologies, telles que les armes basées sur l’intelligence artificielle (IA). Si l’on ajoute à cela l’intensification des efforts pour recruter des ingénieurs diplômés et l’établissement de partenariats entre les professeurs et les entreprises d’armement, on obtient une situation dans laquelle de nombreux techniciens talentueux pourraient passer toute leur carrière à servir les besoins de l’État belliqueux. Le seul moyen d’éviter un tel « Meilleur des mondes » serait que l’opinion publique s’oppose davantage à la conquête militaire (pour ainsi dire) des programmes de recherche et de sécurité des États-Unis, en partie grâce à la résistance des scientifiques et des ingénieurs dont les compétences sont essentielles à la construction de la prochaine génération d’armements de haute technologie.

Le Pentagone entre à l’école

Oui, le financement des universités par le Pentagone augmente à nouveau et va bien au-delà des suspects habituels comme le MIT ou l’université Johns Hopkins. En 2022, l’année la plus récente pour laquelle des données complètes sont disponibles, 14 universités ont reçu au moins – et tenez-vous bien – 100 millions de dollars de financement du Pentagone, de l’étonnant 1,4 milliard de dollars de Johns Hopkins (non, ce n’est pas une faute de frappe !) à l’impressionnant 100 millions de dollars de l’État du Colorado. Et voici une surprise : deux des universités ayant les liens les plus étroits avec notre armement du futur se trouvent au Texas : l’université du Texas à Austin (UT-Austin) et l’université du Texas A&M.

En 2020, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, et l’ancien secrétaire d’État à l’armée, Ryan McCarthy, sont apparus sur scène lors d’une cérémonie organisée à l’UT-Austin pour commémorer la création d’un laboratoire de robotique, dans le cadre d’un nouveau partenariat entre l’Army Futures Command et l’école. « C’est le point de départ de notre recherche sur les systèmes d’armes que nous allons développer dans les décennies à venir », a déclaré McCarthy.

Pour ne pas être en reste, Texas A&M est discrètement en train de devenir la base du Pentagone pour la recherche sur l’hypersonique (des armes censées se déplacer à une vitesse cinq fois supérieure à celle du son). Doté d’un tunnel d’un kilomètre de long pour tester les missiles hypersoniques, le Consortium universitaire pour l’hypersonique appliqué de cette école a pour mission explicite de devancer les rivaux mondiaux de l’Amérique dans le développement de cette technologie militaire de nouvelle génération. Texas A&M fait également partie de l’équipe qui dirige le laboratoire national de Los Alamos, l’installation célèbre du Nouveau-Mexique où les premières armes nucléaires ont été développées et testées dans le cadre du projet Manhattan sous la direction de Robert Oppenheimer.

Parmi les autres acteurs majeurs figurent l’université Carnegie Mellon, centre de recherche de l’armée sur les applications de l’IA, et l’université Stanford, qui alimente les entreprises californiennes de tous types de la Silicon Valley. Cette école gère également le programme de transfert de technologie pour la défense (TT4D), qui vise à faire passer les technologies universitaires du laboratoire au marché et à explorer les applications militaires potentielles des produits technologiques émergents.

En outre, le Pentagone travaille activement à l’intégration de nouvelles universités. En janvier 2023, le secrétaire à la défense Lloyd Austin a annoncé la création d’un centre de recherche financé par la défense à l’université Howard, le premier du genre dans un établissement universitaire historiquement noir.

Compte tenu des manifestations du printemps dernier sur le campus de Gaza, vous ne serez peut-être pas surpris d’apprendre que la récente augmentation des dépenses du Pentagone fait l’objet de critiques croissantes de la part des étudiants et des professeurs. Parmi les cibles des protestations figure le programme Lavender, qui a utilisé l’IA pour multiplier le nombre de cibles que les forces armées israéliennes peuvent atteindre dans un laps de temps donné. Mais au-delà des entreprises qui soutiennent l’effort de guerre d’Israël, les activistes actuels s’intéressent également au rôle plus large de leurs universités dans le système de guerre américain.

Par exemple, à l’université de l’Indiana, les recherches sur les liens avec les entreprises qui alimentent les tueries à Gaza se sont transformées en une étude sur le rôle plus large des universités dans le soutien au système militaire dans son ensemble. Les étudiants activistes ont découvert que le lien le plus important concernait les liens de cette université avec le Naval Surface Warfare Center, Crane Division, dont la mission est de « fournir l’acquisition, l’ingénierie […] et le soutien technique pour les capteurs, l’électronique, la guerre électronique et les armes de guerre spéciale ». En réaction, des étudiants activistes ont lancé une campagne intitulée « Keep Crane Off Campus. » (Pas de Crane sur le campus) [Crane est la troisième plus grande installation navale au monde en termes de superficie et emploie environ 3 300 personnes, NdT].

Une science de la mort ou de la vie ?

Les étudiants diplômés en sciences et en ingénierie sont de plus en plus souvent confrontés à un dilemme moral : veulent-ils mettre leurs compétences au service du développement d’instruments de mort ? La journaliste Indigo Olivier a saisi ce conflit dans une série d’entretiens avec des étudiants en ingénierie en fin d’études. Elle cite un étudiant de l’université de Floride occidentale qui s’oppose fermement à cette façon de travailler dans le domaine de l’armement : « En matière d’ingénierie, nous avons une responsabilité […] Chaque outil peut être une arme […] Je n’ai pas vraiment l’impression que je doive mettre mes talents au service de la fabrication de nouvelles bombes. » En revanche, Cameron Davis, diplômé en génie informatique de Georgia Tech en 2021, a parlé à Olivier du dilemme auquel sont confrontés de nombreux ingénieurs en fin d’études : Beaucoup de gens à qui je parle ne sont pas très à l’aise à l’idée de travailler sur des contrats de défense, de travailler sur des choses qui vont tuer des gens. Mais il a ajouté que les salaires élevés des entreprises d’armement « font disparaître une grande partie de vos désaccords moraux avec la défense ».

Le choix auquel sont confrontés les diplômés en sciences et en ingénierie d’aujourd’hui n’est pas nouveau. L’utilisation de la science à des fins militaires a une longue histoire aux États-Unis. Mais il existe également de nombreux exemples de scientifiques qui ont résisté à des projets militaires dangereux ou apparemment irréalisables. Lorsque le président Ronald Reagan a annoncé son plan de défense antimissile « Guerre des étoiles » en 1986, par exemple, il a promis, de manière tout à fait improbable, de mettre au point un bouclier impénétrable qui protégerait les États-Unis de tous les missiles à tête nucléaire. En réponse, les physiciens David Wright et Lisbeth Gronlund ont fait circuler un engagement à refuser de travailler sur ce programme. Cet engagement sera finalement signé par plus de 7 000 scientifiques. Ce document a contribué à briser le mythe du projet « Guerre des étoiles », rappelant que les protestations contre la militarisation de l’éducation ne sont pas toujours vaines.

Les scientifiques ont également joué un rôle de premier plan dans la promotion du contrôle des armes nucléaires et du désarmement, en fondant des organisations telles que le Bulletin of the Atomic Scientists (1945), la Federation of American Scientists (1945), le mouvement mondial Pugwash (1957), le Council for a Livable World (1962) et l’Union of Concerned Scientists (1969). Aujourd’hui encore, toutes ces organisations continuent à œuvrer pour réduire la menace d’une guerre nucléaire qui pourrait détruire cette planète en tant que lieu habitable pour l’humanité.

L’une des figures centrales de ce mouvement est Joseph Rotblat, le seul scientifique à avoir démissionné du projet Manhattan pour des raisons morales liées à l’impact potentiel de la bombe atomique. En 1957, il a participé à l’organisation de la réunion fondatrice de la conférence de Pugwash, une organisation internationale consacrée au contrôle et à l’élimination finale des armes nucléaires. À certains égards, Pugwash a été le précurseur de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), qui a fait pression avec succès pour obtenir le traité des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires, qui est entré en vigueur en janvier 2021.

Permettre une guerre sans fin et une torture généralisée

Les sciences sociales ont également une longue histoire conflictuelle de liens avec le Pentagone et les services militaires. Deux exemples marquants du début de ce siècle sont le Human Terrain Program (HTS) du Pentagone et le rôle des psychologues dans l’élaboration des programmes de torture associés à la guerre mondiale contre la terreur, lancée après les attentats du 11 septembre 2001 avec l’invasion de l’Afghanistan.

Le HTS était initialement destiné à réduire le « déficit de connaissances culturelles » dont souffraient les troupes américaines engagées dans des opérations de contre-insurrection en Afghanistan et en Irak au début de ce siècle. La théorie était que le personnel militaire ayant une meilleure connaissance des normes et pratiques locales serait plus efficace pour gagner les « cœurs et les esprits » et ainsi vaincre des ennemis déterminés sur leur propre territoire. Le plan prévoyait le déploiement de psychologues, d’anthropologues et d’autres spécialistes des sciences sociales au sein d’équipes d’intervention sur terrain (Human Terrain Teams) aux côtés des troupes américaines sur le terrain.

Lancé en 2007, le programme a suscité de vives protestations au sein de la communauté universitaire, avec un débat particulièrement acrimonieux au sein de l’American Anthropological Association. Ed Liebow, directeur exécutif de l’association, a affirmé que ce débat avait « convaincu une très grande majorité de nos membres que ce n’était tout simplement pas une façon responsable pour des anthropologues professionnels de se conduire ». Après une histoire nettement sinistre comprenant des « rapports de racisme, de harcèlement sexuel et de gonflement des salaires », ainsi que la conviction de nombreux commandants que les Human Terrain Teams étaient tout simplement inefficaces, l’armée a discrètement abandonné le programme en 2014.

Une utilisation encore plus controversée des sciences sociales au service de la machine de guerre a été le rôle des psychologues en tant que conseillers des programmes de torture de la CIA à Abu Ghraib en Irak, au centre de détention de Guantánamo Bay à Cuba et dans d’autres « sites noirs » de cette agence. James E. Mitchell, psychologue sous contrat avec les services de renseignement américains, a participé à l’élaboration des « techniques d’interrogatoire renforcées » utilisées par les États-Unis dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » après le 11 septembre, assistant même à une séance au cours de laquelle un prisonnier a été torturé à l’aide de la planche à eau. Ce programme d’interrogatoire, mis au point par Mitchell avec le psychologue John Bruce Jessom, comprenait le recours à « la violence, la privation de sommeil et l’humiliation ».

Le rôle des psychologues dans l’élaboration du programme de torture de la CIA a suscité de vives critiques au sein de la profession. Un rapport publié en 2015 par des critiques indépendants a révélé que les dirigeants de l’American Psychological Association avaient « secrètement collaboré avec l’administration du président George W. Bush pour étayer une justification légale et éthique de la torture des prisonniers impliqués dans la guerre contre le terrorisme qui a suivi le 11 septembre ». Au fil du temps, il est apparu de plus en plus clairement que le programme de torture était non seulement immoral, mais aussi remarquablement inefficace, puisque les victimes de ces tortures disaient souvent aux interrogateurs ce qu’ils voulaient entendre, que leurs aveux correspondent ou non à la réalité.

C’était à l’époque, bien sûr. Mais aujourd’hui, la résistance à la militarisation de la science s’est étendue à l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle et d’autres technologies militaires émergentes. Par exemple, en 2018, un vaste mouvement de protestation a eu lieu chez Google lorsque les employés ont appris que l’entreprise travaillait sur le projet Maven, un réseau de communication conçu pour permettre des frappes de drones plus précises. Plus de 4 000 scientifiques et ingénieurs de Google ont signé une lettre adressée à la direction de l’entreprise leur demandant de se tenir à l’écart des travaux militaires, des dizaines de personnes ont démissionné à ce sujet et les protestations ont eu un effet distinct sur l’entreprise. Cette année-là, Google a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas son contrat pour le projet Maven et s’est engagée à « ne pas concevoir ou déployer d’IA » pour les armes.

Malheureusement, l’attrait du financement militaire était tout simplement trop fort. Quelques années seulement après les protestations contre le projet Maven, Google a recommencé à travailler pour le Pentagone, comme l’indiquent Daisuke Wakabayashi et Kate Conger dans un article publié en 2021 par le New York Times. L’article souligne la « poursuite agressive » par Google du projet Joint Warfighting Cloud Capability, qui tentera de « moderniser la technologie cloud du Pentagone et de soutenir l’utilisation de l’intelligence artificielle pour obtenir un avantage sur le champ de bataille ». (La technologie en nuage est le terme qui désigne la fourniture de services informatiques sur l’internet).

Entre-temps, une cohorte de travailleurs de Google a continué à s’opposer à de tels projets militaires. En octobre 2021, une lettre publiée dans le Guardian britannique et émanant de « travailleurs de conscience de Google et d’Amazon » appelait les entreprises à « se retirer du projet Nimbus [un contrat de 1,2 milliard de dollars portant sur la fourniture de services d’informatique en nuage à l’armée et au gouvernement israéliens] et à couper tous les liens avec l’armée israélienne. Ce contrat a été signé la semaine même où l’armée israélienne a attaqué les Palestiniens dans la bande de Gaza, tuant près de 250 personnes, dont plus de 60 enfants. La technologie que nos entreprises se sont engagées à développer rendra la discrimination et le déplacement systématiques effectués par l’armée et le gouvernement israéliens encore plus cruels et mortels pour les Palestiniens. »

Bien sûr, leur demande semble encore plus pertinente aujourd’hui dans le contexte de la guerre contre Gaza qui n’avait alors pas officiellement commencé.

L’avenir de la science américaine

Il est évident que de nombreux scientifiques effectuent des recherches très utiles sur des sujets allant de la prévention des maladies à la création d’options en matière d’énergie verte, qui n’ont rien à voir avec l’armée. Mais l’augmentation actuelle de la recherche en armement pourrait nuire à ces efforts en absorbant une part de plus en plus importante des fonds disponibles, tout en attirant de plus en plus de talents vers la sphère militaire.

Les enjeux sont particulièrement élevés aujourd’hui, étant donné la ruée actuelle vers le développement d’armes pilotées par l’IA et d’autres technologies émergentes qui présentent toutes sortes de risques, depuis les massacres involontaires dus à des dysfonctionnements du système jusqu’à une guerre plus probable, étant donné la capacité (au moins théorique) de limiter les pertes du côté de l’attaquant. En bref, il sera difficile d’inverser le flux de financement de la recherche militaire et de l’armement par le Pentagone et les principales sociétés de capital-risque. Après tout, l’IA accomplit déjà un large éventail de tâches militaires et civiles. L’interdire complètement n’est peut-être plus un objectif réaliste, mais mettre des garde-fous à son utilisation militaire pourrait encore l’être.

En fait, de tels efforts sont déjà en cours. Le Comité international pour le contrôle des armes des robots (ICRAC) a appelé à un dialogue international sur « les dangers pressants que ces systèmes représentent pour la paix et la sécurité internationale et pour les civils ». L’ICRAC précise la nature exacte de ces risques : « Les systèmes autonomes ont le potentiel d’accélérer le rythme et la cadence de la guerre, de saper les contrôles et les réglementations existants en matière d’armement, d’exacerber les dangers de la guerre asymétrique et de déstabiliser la sécurité régionale et mondiale, [ainsi que de] favoriser l’utilisation aveugle et disproportionnée de la force et d’obscurcir la responsabilité morale et juridique des crimes de guerre. »

Le Future of Life Institute a souligné la gravité du risque, notant que « Plus de la moitié des experts en IA pensent qu’il y a une chance sur dix que cette technologie provoque notre extinction. »

Au lieu d’écouter presque exclusivement les discours enthousiastes sur la valeur militaire de l’IA tenus par des individus et des organisations qui ont tout à gagner à son adoption, n’est-il pas temps de commencer à prêter attention aux sceptiques, tout en freinant le déploiement des technologies militaires émergentes jusqu’à ce qu’il y ait une discussion nationale sur ce qu’elles peuvent et ne peuvent pas accomplir, les scientifiques jouant un rôle central pour ramener le débat sur terre ?

*

William D. Hartung, un collaborateur régulier de TomDispatch, est chercheur principal au Quincy Institute for Responsible Statecraft et l’auteur de la note d’information à paraître de cet institut, « Inside the ICBM Lobby : Special Interests or the Public Interest ? ». Il est également l’auteur de Prophets of War : Lockheed Martin and the Making of the Military-Industrial Complex (Prophètes de guerre : Lockheed Martin et la création du complexe militaro-industriel).

Source : TomDispatch, William D. Hartung, 29-09-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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1 réactions et commentaires

  • Libvert.fr // 19.11.2024 à 08h53

    9 chances sur 10 que l’IA puisse nous être utile (voir très utile) est une information positive et constructive, merci.

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