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28.juin.201928.6.2019 // Les Crises

Quand on rampe vers la tyrannie. Par Chris Hedges

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Source : Truthdig, Chris Hedges, 06-05-2019

Mr. Fish / Truthdig

Par Chris Hedges

le 6 mai 2019

La destruction de l’État de droit, une action essentielle à l’établissement d’un État autoritaire ou totalitaire, a commencé bien avant l’arrivée de l’administration Trump. L’invasion de l’Irak et l’application d’une doctrine de guerre préventive par l’administration de George W. Bush étaient des crimes de guerre au regard du droit international. La surveillance continue et généralisée de la population par le gouvernement fédéral, un autre héritage de l’administration Bush, se moque de notre droit constitutionnel à la vie privée. Assassiner un citoyen américain sur ordre du pouvoir exécutif, comme l’a fait l’administration Obama en exécutant le religieux radical Anwar al-Awlaki au Yémen, annule le droit à une procédure régulière. L’annulation constante des droits constitutionnels par décret judiciaire – un tour de passe-passe juridique qui a permis aux entreprises d’acheter le système électoral au nom de la liberté d’expression – a transformé les politiciens des deux partis dominants en outils amoraux du pouvoir des entreprises. Les lobbyistes de Washington et des capitales des États rédigent des lois pour légaliser les boycotts fiscaux, détruire les règlements et la surveillance gouvernementale, injecter des sommes faramineuses dans la machine de guerre et accélérer le plus important transfert de richesse de l’histoire des États-Unis, celui qui a entraîné la spoliation du Trésor américain de milliers de milliards de dollars, à la suite de la fraude financière massive qui a déclenché la crise économique de 2008. Les élites dirigeantes, en défendant servilement les intérêts des entreprises, ont créé un système de gouvernement qui a en réalité refusé au citoyen l’usage du pouvoir de l’État.

Ce mépris de plusieurs décennies de la part des deux principaux partis politiques pour la primauté du droit et la dénaturation du gouvernement en serviteur des entreprises ont ouvert la voie au mépris flagrant de Donald Trump pour la légalité et la responsabilité. Il a rendu inévitable notre kakistocratie, gouvernée par les pires ou les moins scrupuleux (« kakistocratie » est dérivé des mots grecs kakistos, qui signifie pire, et kratos, qui signifie règle).

Les imbéciles, arnaqueurs, escrocs, théoriciens du complot, racistes, membres de la famille Trump, charlatans, généraux et fascistes chrétiens, qui tous voient souvent le pouvoir comme un moyen de s’enrichir aux dépens des contribuables, sont trop nombreux pour être énumérés ici. Il s’agit notamment de l’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux Tom Price, d’Ivanka Trump, de Jared Kushner, du vice-président Mike Pence, du ministre du Trésor Steven Mnuchin, de l’ancien ministre de l’Intérieur Ryan Zinke (qui a accusé des « groupes terroristes environnementaux » des feux de forêt de 2018 en Californie, a loué des jets privés pour s’envoler à travers le pays et a ouvert des terres publiques à l’exploitation minière et gazière), de l’ancien administrateur de l’Agence de protection de l’environnement Scott Pruitt (qui a organisé des dîners somptueux avec les dirigeants des mines de charbon et des entreprises chimiques dont il a ensuite dérégulé les activités) et de Mitch McConnell, chef de la majorité au Sénat. Ce marécage moral contient aussi des personnages bizarres, à l’image de Svengali [personnage extrêmement manipulateur du roman Trilby de George du Maurier, NdT], qui entrent et sortent de l’ombre, comme Stephen Miller, Michael Flynn, Steve Bannon, Kellyanne Conway, Sarah Huckabee Sanders, Anthony « The Mooch » Scaramucci [« La sangsue », NdT] et Omarosa Manigault Newman, sans parler des maîtresses et stars du X payées, des avocats véreux et des directeurs de campagne incompétents et corrompus.

Au centre de cette cour de carnaval se trouve Trump, qui, si la primauté du droit était en place, aurait été destitué le premier jour de son mandat pour avoir violé la clause sur les émoluments de la Constitution ; en violant cette interdiction, ce chef de l’exécutif ratisse des millions auprès de fonctionnaires de gouvernements étrangers et de lobbyistes qui séjournent dans ses hôtels et stations balnéaires et utilisent son golf. Trump non seulement n’essaie pas de masquer le profit qu’il tire de sa charge, mais indique dans le matériel promotionnel de son entreprise que ceux qui séjournent dans ses propriétés peuvent obtenir une photo avec le président des États-Unis. Comme l’illustrent le rapport Robert Mueller et le mépris ouvert du procureur général William Barr pour le Congrès, Trump ne se donne même pas la peine de prononcer de belles paroles sur les exigences de la loi ou de la Constitution.

Les mécanismes qui avaient jadis rendu la démocratie possible ont fané et sont morts. Nous n’avons plus d’élections libres de tout contrôle corporatif, de véritable débat législatif, de presse indépendante fondée sur des faits vérifiables qui fait entendre la voix et les préoccupations des citoyens plutôt que de colporter des théories du complot comme le « russiagate » et faire la promotion d’interventions et occupations militaires désastreuses; nous n’avons plus d’institutions universitaires qui examinent et critiquent avec vigueur la nature du pouvoir, ou de diplomatie, négociation, détente et compromis. Gonflés par le sentiment de leur propre importance, enivrés par la capacité d’exercer le pouvoir policier et militaire, les despotes et leurs courtisans grotesques sont libérés par l’effondrement de l’État de droit pour mener des vendettas sans fin contre des ennemis réels et imaginaires jusqu’à ce que leur propre paranoïa et leur peur définissent la vie des gens qu’ils subjuguent. C’est là que nous sommes arrivés, non pas à cause de Trump, qui est le produit grotesque de notre démocratie en échec, mais parce que les institutions conçues pour empêcher la tyrannie ne fonctionnent plus.

Trump éviscérera le peu de garde-fous juridiques qui reste. Le Parti républicain, qui est devenu un centre de culte de la personnalité de Trump, ne l’arrêtera pas. La direction du Parti démocrate, qui pense que Trump sera une cible facile lors de l’élection présidentielle de 2020, une erreur stupide semblable à celle commise par Hillary Clinton lors de la campagne de 2016, ne le fera pas non plus. Le fait que les élites du Parti démocrate placent leur espoir de reprendre le pouvoir dans Joe Biden, une version masculine loufoque de Clinton, est un autre exemple de l’échec colossal du processus démocratique. Il montre à quel point les élites dirigeantes sont déconnectées des inégalités sociales croissantes, de la stagnation économique, de la souffrance, de l’impuissance et de la rage qui affectent plus de la moitié de la population.

Les anciennes formes de théâtre politique et l’idéologie dominante du néolibéralisme qui ont étayé les élites dirigeantes dans le passé ne fonctionnent plus. Pourtant, les campagnes présidentielles abrutissantes, commencées deux ans avant le vote et dépourvues de contenu significatif, dominent une fois de plus les ondes avec des slogans vides de sens et les postures de personnalités politiques soigneusement présentées. Ce burlesque est de l’anti-politique déguisé en politique. Sa fourberie, évidente pour la plus grande partie du pays, est ce qui a rendu les railleries grossières et le tournage en ridicule du système par Trump si attrayants pour les électeurs trahis. Trump peut être inepte, vil et un escroc, mais dans ce système d’anti-politique, vous ne votez pas pour ce que vous voulez, mais contre ceux que vous détestez. Et les élites établies, les Bush et les Clinton, sont détestés bien plus que Trump par la majeure partie du pays.

Les milliards de dollars en fonds de campagne fournis aux candidats sélectionnés par les riches et les entreprises, comme l’a écrit le philosophe politique Sheldon Wolin, ont créé, avant l’arrivée de Trump dans le paysage politique, « une hiérarchie qui calibre, en termes strictement quantitatifs et objectifs, les intérêts particuliers prioritaires. L’ampleur de la corruption qui se produit régulièrement avant les élections signifie que la corruption n’est pas une anomalie mais un élément essentiel du fonctionnement d’une démocratie gérée. Le système solidement enraciné des pots-de-vin et de la corruption n’implique aucune violence physique, aucun soldat en chemise brune, aucune coercition de l’opposition politique. Bien que les tactiques ne soient pas celles des nazis, le résultat final est l’équivalent inversé. L’opposition n’a pas été liquidée, mais rendue impuissante ».

Depuis des décennies, la culture de masse est inondée de mensonges habilement diffusés par l’industrie des relations publiques et de la publicité. Ces mensonges en appellent à notre vanité et à notre sentiment d’insécurité. Ils sont utilisés pour nous vendre des produits ou des expériences qui promettent un bonheur inatteignable. Ces formes de manipulation, qui confondent ce qu’on nous fait ressentir avec le fait de savoir, ont également été adoptées par les partis politiques avant que Trump ne gagne la présidence. « Le résultat » écrit Wolin dans « Democracy Incorporated : Managed Democracy and the Spector of Inverted Totalitarianism » [« Démocratie SA : La démocratie gérée et le spectre du totalitarisme inversé », NdT] « a été la pollution de l’écologie de la politique par la politique inauthentique d’un gouvernement faussement représentatif, prétendant être ce qu’il n’est pas, à savoir compatissant et conservateur, pieux et moral ».

Le film d’Armando Iannucci « La mort de Staline », une brillante comédie noire, capture ce qui se passe lorsque des narcissiques, des bouffons et des gangsters intéressés font la loi et gouvernent un État. Une fois que le pouvoir est basé uniquement sur la loyauté aveugle à l’égard d’une personne et sur les caprices, tout, y compris le meurtre en bloc, devient possible. Les droits sont transformés en privilèges qui peuvent être révoqués instantanément. Les mensonges remplacent la vérité. Les opinions remplacent les faits. L’histoire est effacée et réécrite. Le culte du leadership remplace la politique. La paranoïa s’empare d’une élite dirigeante qui se nourrit de théories du complot, voit des ennemis mortels partout et vit de plus en plus dans un univers hermétiquement clos et non réel. La force devient le seul langage utilisé par les despotes pour communiquer avec une population rétive et le monde extérieur.

Les régimes despotiques ne s’intéressent pas aux nuances, à la complexité et aux différences et sont souvent incapables de les comprendre. Ils se perpétuent à travers des drames constants et des croisades sans fin contre des ennemis internes et externes qui sont présentés comme des menaces existentielles pour la nation. Quand on ne trouve pas de vrais ennemis, on les invente. La persécution des éindésirablesé commence avec les diabolisés – les immigrés, les sans-papiers, les pauvres de couleur et les musulmans, ainsi que les personnes sous occupation au Moyen-Orient ou les socialistes au Venezuela – mais ces éindésirablesé ne sont que le début. Bientôt, tout le monde sera suspect.

Les décisions capricieuses et arbitraires de Trump de retirer ceux qui l’entourent du pouvoir maintiennent ses courtisans constamment sur le fil du rasoir. L’instabilité alimente les intrigues vicieuses de cour qui caractérisent tous les despotismes. Le cercle intime de Trump, conscient que le seul critère pour rester au pouvoir est une loyauté exagérée et obséquieuse, en parfaite harmonie avec ses humeurs lunatiques et ses crises de colère, base toutes ses décisions sur le plaisir du despote. Cela conduit à une mauvaise gestion extrême et à la corruption.

Les capitalistes industriels qui détiennent le pouvoir réel considèrent Trump comme un embarras. Ils préféreraient donner un visage plus digne à l’empire américain, un visage comme celui de Biden, qui fera leur jeu avec le décorum d’un président traditionnel. Mais ils travailleront avec Trump. Il leur a accordé d’énormes réductions d’impôt, il sabre dans ce qui reste de la surveillance et de la réglementation gouvernementales et il a augmenté les budgets de la sécurité intérieure et de l’armée. C’est peut-être une relation inconfortable, comme c’était le cas entre les industriels allemands et les dirigeants bouffons du parti nazi, mais pour les élites du monde des affaires, c’est de loin préférable à une relation avec un Bernie Sanders ou une Elizabeth Warren. Tout au long de l’histoire, les capitalistes ont soutenu le fascisme pour contrecarrer même les formes les plus tièdes du socialisme. Toutes les pièces sont en place. Le démantèlement de nos institutions démocratiques, qui ne peut être imputé à Trump, rend la tyrannie inévitable.

Source : Truthdig, Chris Hedges, 06-05-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Alchimiste // 28.06.2019 à 07h29

« Assassiner un citoyen américain sur ordre du pouvoir exécutif, comme l’a fait l’administration Obama en exécutant le religieux radical Anwar al-Awlaki au Yémen, annule le droit à une procédure régulière. »

Ah bon, parce que s’il n’avait pas été Américain, cela n’aurait pas été si grave et n’aurait pas annulé le droit à une procédure régulière? Parce que Guantanamo, les prisons secrètes, la tortures, les assassinats par drones, les agressions continuelles (Afghanistan, Irak, Libye, Ukraine, Syrie, Yémen, Iran) respectent le droit?

25 réactions et commentaires

  • Duracuir // 28.06.2019 à 07h07

    Le fascisme est l’aboutissement du capitalisme.

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    • cedivan // 28.06.2019 à 10h18

      et du socialisme un peu non ? Politiquement parlant, le fascisme est né du socialisme, a trouvé son paroxysme avec le national socialisme. Le capitalisme n’est pas une idéologie politique à proprement parler. Le capitalisme n’a pas de convictions, il n’a que des intérêts. Ce qui explique sa connivence avec tout et n’importe quoi.

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      • Nico // 28.06.2019 à 11h21

        Non c’est tout le contraire il faut lire l’Histoire avant d’en parler

        C’est de plus en plus fréquent ce genre de « raisonnement » : nazi ou part national-socialiste donc les nazi sont des socialistes… hum bon.

        Comment dire. Ça ne s’est pas passé il y des siecles hein, juste il y a moins de 100 ans (si on remonte aux années 30). Cette période est archi-connue point de mystéres. Seulement depuis que en gros ceux qui ont bien connus cette période sont presque tous morts de vieillesse (j’en connais encore qquns) on voit sortir un paquet d’àneries de cet accabit.

        Pour vous faire réflechir 2 min :
        – le parti nazi a toujours été a l’extréme droite il n’y jamais eu la moindre ambiguité là-dessus surtout pour les contemporains qui ont vecus tout ça, eux…
        – une des premiéres action du parti nazi au pouvoir : embastiller, tuer, interdire tout ce qui a un rapport avec les socialistes (partis, militants, journalistes etc.)
        – on peut citer laval même « je souhaite la victoire de l’Allemagne nazi car c’est le seule moyen de protéger l’Europe des bolchéviques » (l’URSS)
        – le propagande nazi contre les « judéo-bolcheviks », la « peur des rouges » etc.

        Et ne repondez-pas que socialistes et bolchéviks ça n’a rien à voir. À titre personnel quand je ne connais bien un sujet je me tais et j’ecoute ou je lis

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        • Sandrine // 28.06.2019 à 14h52

          Oui mais n’empêche qu’il y a le mot « socialisme » dans « national-socialisme » donc c’est pas si simple que vous le dites.
          Et comme vous le mentionnez vous-même, les nazis en avaient surtout après les » bolcheviques « , c’est à dire le marxisme.

          Vous oubliez qu’il y a une tradition socialiste anti-marxiste (ou tout au moins non marxiste) qui débute avec le Saint-Simonisme et qui s’épanouira dans toutes les variantes réformistes du socialisme.

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          • Sam // 29.06.2019 à 10h08

            Les nazis (et l’oligarchie) sont internationalistes et radicalement anti socialiste. Les mots ont été choisi pour séduire l’électorat, une fois en place, il n’était plus question de national socialisme mais bien de nazi.
            C’est eux qui firent l’Europe autour de l’Allemagne.
            Les nationalistes et les socialistes sont leurs ennemis, mais s’ils ont le malheur de s’unir, alors il suffit de crier : des national socialistes !
            Les mots, vraiment, on leur fait dire n’importe quoi…

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        • Chris ATHOME // 28.06.2019 à 23h03

          A l’attention du donneur (donneuse ?) de leçons d’histoire
          Tout à fait d’accord avec Sandrine Il n’y a pas qu’une forme de socialisme
          Quelques exemples
          Le Congrès de Tours
          L’Histoire des différentes Internationales
          Et sans remonter très loin les différentes versions de partis socialistes (ou s’en réclamant) en Europe et dans le monde.
          Encore plus près les évolutions politiciennes et idéologiques de notre PS
          Je n’en sais rien et je m’en moque

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  • MDacier // 28.06.2019 à 07h07

    Article juste.
    A vrai dire on peut être certain que la vie privée des citoyens américains (et du Monde) et l’engagement dans des guerres illégales et illégitimes auraient étés identiques voire pire sous l’administration Hillary Clinton !

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  • Alchimiste // 28.06.2019 à 07h29

    « Assassiner un citoyen américain sur ordre du pouvoir exécutif, comme l’a fait l’administration Obama en exécutant le religieux radical Anwar al-Awlaki au Yémen, annule le droit à une procédure régulière. »

    Ah bon, parce que s’il n’avait pas été Américain, cela n’aurait pas été si grave et n’aurait pas annulé le droit à une procédure régulière? Parce que Guantanamo, les prisons secrètes, la tortures, les assassinats par drones, les agressions continuelles (Afghanistan, Irak, Libye, Ukraine, Syrie, Yémen, Iran) respectent le droit?

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  • Bayard // 28.06.2019 à 08h47

    Article de tendance gauchiste que l’on pourrait lire à l’envers pour passer à droite.

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  • Kokoba // 28.06.2019 à 09h25

    Il y a une phrase importante : « L’opposition n’a pas été liquidée, mais rendue impuissante ».

    De la même manière, il n’y a plus d’opposition en France.
    Et un pays où il n’y a pas d’opposition ne peut pas être une démocratie.

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  • nemo // 28.06.2019 à 09h29

    Trés bonne base du processus de déconstruction de toute représentation démocratique .
    Il peut s’entendre sous tous les horizons .
    Seul compte le résultat , la maniére n’est que le chaos .
    Nous avons abandonnés les principes de base comme la souveraineté , continuons gaillardement !!!

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  • Kokoba // 28.06.2019 à 10h04

    Il fut un temps où la république romaine s’est transformée en empire romain.
    Peut être que nous assistons à un tel changement.

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    • Sandrine // 28.06.2019 à 11h28

      L’empire est né contre la guerre civile ; et il a coïncidé avec la longue période dite de « pax romana ».
      Dans le cas de l’empire américain, c’est plutôt l’inverse qui se passe

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    • Casimir Ioulianov // 28.06.2019 à 12h10

      L’empire Américain n’est pas la résultante d’une expansion face à des « menaces » militaires externes , il se construit plutôt contre des menaces politiques internes et dans une phase de déclin.
      C’est pas les imperators ou les consuls qui partent « assurer la sécurité de Rome » en allant collecter des esclaves celtes de l’autre côté des Alpes à leur frais ; c’est plutôt les patriciens qui envoient les légions piller pour leur compte au frais du contribuable dans le cas des US.
      Le seul truc qui ne change pas dans les deux cas , c’est que la citation de Brennos est toujours vrai : Vae Victis.

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      • Sandrine // 28.06.2019 à 14h45

        « Assurer la sécurité de Rome à leurs frais » heu… aux frais du contribuable vous voulez dire.
        Et contrairement aux Américains, les Romains ne se sont jamais embarrassés d’argument hypocrites du style : on fait des conquêtes pour apporter la paix et la civilisation romaines aux barbares, blabla ; le but de l’expansion c’était l’enrichissement par le pillage et l’agrandissement du cheptel d’esclave. Le rôle de l’empereur c’était d’éviter que les romains libres bénéficiaires du système ne se mettent trop dessus… rien de très évangélique… ni de très différent de ce que nous connaissons aujourd’hui en fait… même si aujourd’hui c’est très mal vu de reconnaître qu’on fait la guerre pour s’en mettre plein les poches

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  • Sandrine // 28.06.2019 à 11h58

    @ Cédivan n’a pas tort, le socialisme a souvent débouché sur le fascisme. Il faut cependant préciser socialisme « réformiste », c’est à dire celui, précisément, qui pense pouvoir composer avec le capitalisme.

    Le capitalisme en effet n’est pas une idéologie politique à proprement parler mais plutôt un mode d’organisation de la société fondé sur la propriété privée et une importante division du travail.
    Le fascisme en général prétend s’attaquer au libéralisme, notamment en s’opposant a l’individualisme, mais tout en protégeant en même temps la propriété privée. D’où le biais, car on ne peut pas prétendre mettre au premier plan les intérêts de la société toute entière (objet du socialisme) tout en maintenant en place un système fondé sur l’irresponsabilité individuelle envers la société (principe de l’exploitation capitaliste du travail et des ressources en régime de propriété privée)
    Du coup, le fascisme, pour justifier son pouvoir, doit détourner le regard du public sur des réformes de type sociétal (eugénisme, lutte contre l’emprise de la religion, purification du corps social de ses minorités, ou au contraire lutte contre les mauvaises pensées du corps social comme le racisme ou diverses phobies…)

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    • Sam // 28.06.2019 à 13h23

      Le capitalisme, c’est le mobile : l’accumulation maximale de quelques uns au détriment de tous.
      Le « libéralisme », c’est l’idéologie : faire croire que la somme des intérêts individuels c’est l’intérêt général. Bien sûr, il ne s’agira jamais (et dès le début) que des intérêts individuels de quelques uns.
      « Libéralisme » anti étatique quand il s’agit de vendre les pays à la découpe, mais ultra étatique quand les peuples se doutent de quelque chose. D’où le fascisme d’ailleurs. Mais c’était le projet depuis le début : l’accumulation maximale de quelques uns au détriment de tous.
      Merci les Lumières…
      https://www.legrandsoir.info/main-invisible-ou-le-cote-sombre-des-lumieres.html

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  • aleksandar // 28.06.2019 à 13h22

    Il faut remettre les idées dans leur contexte de l’époque.
    Le fascisme, comme le nazisme ou le communisme est dans le paysage politique de l’après 1er guerre mondiale une doctrine de gauche parce qu’elle prétend dépasser l’individualisme, alors de droite, au nom du peuple, de la patrie ou du prolétariat.
    Et ce par la création de forces politiques opérantes.
    Cette idée de la primauté du collectif sur l’individuel est dans le droit fil du marxisme.
    Elle est aussi dans la continuité des élans patriotiques et donc collectifs de la 1er guerre mondiale.
    Pour l’Italie, sa création récente, et donc la nécessité de créer une cohésion nationale doit être pris en compte aussi. . ( Il ne s’écoule que 60 ans entre la création de celle-ci et l’arrivée au pouvoir de Mussolini )
    Renzo de Felice et Gentile restent les références quand on souhaite dépasser les anathèmes habituels et le simplisme historique.
    C’est d’ailleurs parce que le régime de macron n’a aucunement cet aspect  » collectif  » qu’il n’est qu’un vulgaire totalitarisme rampant.
    Concernant l’article de Hedges…………bof.
    Les 3 premiers paragraphes sont justes, après c’est l’habituel logorrhée anti-Trump des gens de  » gauche  » aux USA.
    Aucun intérêt.

      +4

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    • Sandrine // 28.06.2019 à 15h07

      Vous oubliez que Macron (comme la plupart des dirigeants occidentaux de sa génération, en particulier ceux qui se revendiquent de « gauche ») n’est pas tant influencé par le libéralisme que par le « neo-libéralisme ».
      Et le neo-libéralisme est un mixte entre l’idée socialiste d’encadrement de la société par des politiques intrusives (Walter Lippmann était au début socialiste, membre de la Fabian society) et le mythe de la liberté individuelle.
      Résultat : on cherche à toute force à créer un homme nouveau, individualiste et entrepreneur de lui-même parce qu’on pense que seul ce type d’individu est à même d’aider la société à franchir le cap… En fait, c’est une forme de socialisme, à distinguer du véritable ultra-liberalisme qui lui ne cherche pas du tout à organiser la société ( et qui est souvent d’ailleurs très conservateur sur le plan « societal »)

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    • aleksandar // 28.06.2019 à 22h39

      Précision:
      Cette mise au point sur la filiation socialiste de ces régimes au niveau des idées n’implique nullement qu’ils aient fait par la suite une politique socialiste.

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  • christian gedeon // 28.06.2019 à 13h48

    HUm…l’état de droit serait donc sur le point de mourir. je ne suis pas loin de partager cette constatation,mais pour des raisons qui sonytaux antipodes de celles qu’évoque M. Hedges.L’état de droit vacille,fablit,parce qu’il est remplacé méthodiquement depuis plus nde 40 ans le non état « des droits « On a pondu tellement de droits divers ,variés et multiples qu’ils ont petit à poetit étouffé l’état de droit,comme le liseron étouffe les rosiers.DEs organisations supra étatique dites internationales par dizaines,des « droits  » des « minorités  » devenus tribaux,des droits pour ceci,des droits pour cela…le Droit de l’éEat s’est réduit comme peau de chagrin,assailli qu’il est par les hordes de droits particuliers,commerciaux,financiers,sociétaux et j’en passe. Tout comme La Liberté,et  » libertés  » la réduction au PPCD entraîne automatiquement affaiblissement ,dégénerescence,puis fin.

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    • Thomas Savary // 28.06.2019 à 16h18

      Contrairement à ce qu’on entend ou même lit, parfois, le concept d’État de droit n’est pas nécessairement lié à la démocratie. Pour peu qu’elle respecte le cadre juridique en place, une dictature peut tout à fait être un État de droit : il suffit que ses lois soient bien hiérarchisées et que les attributs du pouvoir dictatorial soient correctement définis.

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      • Sandrine // 28.06.2019 à 17h13

        Une dictature est sensée suspendre les lois en vigueur au profit du seul dictateur qui édicte les lois qu’il veut. Ça ne peut pas être un état de droit où les lois sont sensées être au dessus de tous les citoyens (y compris le chef)

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        • Thomas Savary // 29.06.2019 à 15h25

          Oui, certes, dans un État de droit, par définition, les lois sont au-dessus de tous, y compris des dirigeants, dont elles limitent les agissements. Mais je ne crois pas que vous pensiez que ce sont les citoyens ou même les parlementaires qui ont écrit notre consitution (ce qui suffit à certains pour dire que nous vivons en dictature)… Hans Kelsen lui-même, si je ne m’abuse, considérait que le régime nazi satisfaisait à la définition d’État de droit. Si démocratie implique État de droit, la réciproque est fausse. Jean-Claude Juncker le sait du reste fort bien, et le dit avec une franchise qui force le respect.

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    • Sam // 29.06.2019 à 10h14

      « Plus il y a de lois, plus il y a de voleurs », Lao Tseu.
      Des tas de lois, les tas de droit…

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