Excellente interview de l’Express
A 78 ans, le légendaire défenseur des consommateurs et de l’environnement, quatre fois candidat à la Maison-Blanche, a encore son mot à dire. Aujourd’hui, si son jugement est sévère à l’égard du président, il récuse surtout le défaitisme idéologique des élus démocrates du Congrès.
En 2008, vous étiez l’un des rares à exprimer des réserves à propos d’Obama. Que pensez-vous maintenant de son premier mandat?
Il a dépassé mes prévisions les plus pessimistes. En particulier en opérant une parfaite reconduction des politiques de George W. Bush en matière militaire et diplomatique. Une politique marquée par l’agression, et -ce qui est surprenant venant d’un ancien prof de droit constitutionnel sorti de Harvard- par le mépris de la Constitution et du droit international. En voulant jouer les durs, il est même allé plus loin que Bush, élargissant le conflit au Pakistan, à la Libye, à la Somalie sans égard pour les prérogatives du pouvoir législatif en matière d’engagement militaire. Quant à sa guerre des drones, elle ne fait qu’accroître le ressentiment des populations civiles de ces pays, et l’influence des extrémistes.
Parlons de son bilan intérieur. Il ne vous inspire aucun commentaire positif? Vous le renvoyez dos à dos avec Mitt Romney?
On ne me voit que comme l’éternel gâcheur d’élections. Mais je dis seulement qu’Obama a été élu trop facilement après l’ère Bush, et sans vrai mandat des électeurs. Je ne nie pas pour autant sa bonne volonté en 2008, ni le sincère enthousiasme qu’il suscitait. Sauf bourde énorme, il devrait être réélu cette année parce que son adversaire, Romney, est poussé par une mouvance trop extrémiste. Mais regardons la réalité de la campagne: Obama et Romney sont unis par le pacte silencieux des tabous mutuellement consentis. Leur débat évite des sujets de première importance pour l’avenir du pays. Le discours d’Obama se résume pour l’instant à ceci: « Ne votez pas pour Romney, car il appartient au camp qui a contribué au désastre actuel. » J’ai parlé récemment avec des leaders démocrates qui m’assurent que l’homme de la rue n’a aucune idée de leurs projets politiques. Tout cela parce qu’Obama n’a pas su marquer sa différence.
Qu’espérez-vous l’entendre dire?
[…]
Source : l’Express, propos recueillis par Philippe Coste, publié le 06/09/2012
21 réactions et commentaires
Ralph Nader est un homme déraisonnable.
«J’ai toutes les raisons de t’aimer. Il me manque la déraison. »Le poète Robert Mallet
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AlerterRalph Nader est un politicien sous sa couverture d’avocat et malheureusement nous ne sommes plus dans le contexte des années 70.
Il cherche depuis 2010 qui peut défier Barack Obama.
Il mène la campagne présidentielle 2012 depuis 2010.
Je trouve un peu dommage qu’il se confine toujours dans le même registre celui qui est contre.
Contre le nucléaire, contre la guerre.
Demain si Ralph Nader devient président des Etats-Unis.
Que fera-t-il ?
Il défendra toute attaque contre son pays au détriment de ses convictions personnelles car il n’aura pas le choix et la « constitution » des Etats-Unis ne lui laissera pas le choix.
Cet homme déraisonnable, aura-t-il l’audace et le pouvoir de tout casser?
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AlerterLe cas de la Somalie est bien plus complexe que la simple phrase de Ralph Nader.
Nous ne pouvons pas le réduire en une simple phrase générale.
Il faut suivre le chemin du train d’Addis-Abeba pour y puiser la richesse (non pécuniaire) de la population et le mystère de la Corne de l’Afrique.
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AlerterExcellente interview en effet. Je n’ai pas été déçue par B. Obama : il s’est bien révélé tel que je l’imaginais avant qu’il soit élu, a fake president. La question cette fois ci est « lequel entre lui et Romney est le moins pire ? ». Pas facile à trancher.
Et je suis en phase avec le constat de M. Nader qui me semble singulièrement lucide et juste.
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AlerterBizarre, ça ressemble à une description du PS….
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AlerterLes US sont ingouvernables. C’est ca le vrai constat.
Le CMI (complexe militaro industriel) est très puissant la bas. Les élus sont ballottés, les institutions en deadlock, les politiques tiraillées.
Le problème est beaucoup plus profond. C’est notre manière même de réfléchir sur le monde qu’il faut revoir.
Je vais prendre l’exemple du salaire minimum.
Sur le papier, monter le salaire minimum pour plus de redistribution et moins de pauvreté, j’applaudis. Mais les économistes nous disent : attention, ça ne marche pas, ça crée du chômage massif, baisse la productivité, empêche l’innovation, etc…
Au final, on a un bienfait suivi de tout un tas de problèmes. Et la situation semble-t-il s’équilibre.
Déjà il faut reconnaitre que ne nous n’avons pas forcément d’emprise sur tout, et que ce n’est pas à l’état de régler tous les problèmes statistiques. Attention, je dis bien statistiques. L’état règle ce qu’il voit avec sa grille de lecture.
Donc, déjà peut-être faut-il revoir cette grille de lecture.
Ensuite, je pense qu’il faut revenir a des fondamentaux et cesser de se perdre dans les labyrinthes de lois, traités, règles de la complexité moderne.
On veut faire quoi au juste ? faire baisser la pauvreté ET les inégalités ?
Qu’a cela ne tienne !
La pauvreté, on peut la définir, non pas comme un seuil de dollar par jours mais : ne pas manger à sa faim, ne pas pouvoir se laver, avoir froid, ne pas pouvoir inviter d’amis. Et quelques critères de ce style la. On peut dire que la pauvreté est un absolu indépassable, sans critère de mérite personnel. Tout le monde a le droit de ne pas être pauvre, mais la plus feignasse des feignasse, même les vieux, les idiots, les rebelles, etc…
Les inégalités : il ne faut pas tuer le mérite et l’effort personnel, ni encourager la paresse. Il faut donc un mécanisme redistributif. C’est ce qu’est censé être a la base les impôts. Mais il faut un mécanisme simple et compréhensible, et non pas un bousin qui permet au plus malins de « surfer » et d’éviter de payer et de s’enrichir sans produire ni innover.
Il faut rétablir la justice et le sentiment de justice.
Et la, le salaire minimum mis dans ce contexte est juste une aberration, car en plus d’être inefficace à protéger les plus faibles, il ne sera même pas financé correctement, distillant un sentiment d’injustice et incitant de plus en plus de monde a « frauder » l’impôt !
L’un des plus gros problème de notre société est sa trop grande complexité. La complexité on s’en accommode quand on a confiance les uns dans les autres. On se dit « c’est pas grave si je ne comprends pas ce qu’il fait parce que j’ai confiance en lui ». Mais cette confiance est en train de s’éroder, et la complexité devient un obstacle insurmontable avec le temps.
Il faut donc d’urgence simplifier et revenir au fondamentaux.
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AlerterC’est pour cela qu’un revenu universel de base(à définir) serait plus efficace, libre à ceux qui veulent gagner davantage de travailler, et pour d’autres de s’investir dans les associations bénévoles. Mais le problème le plus urgent est plutôt la répartition très inégalitaire des patrimoines et des revenus du capital, bien moins taxés que ceux du travail.
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Alerter[Modéré : pas de fables nimportnawak ici svp]
Voici un petit extrait de discours qui résume parfaitement les choses :
« Vous ne pouvez pas apporter la prospérité au pauvre en la retirant au riche.
Tout ce qu’un individu reçoit sans rien faire pour l’obtenir, un autre individu a dû travailler pour le produire sans en tirer profit.
Tout Pouvoir ne peut distribuer aux uns que ce qu’il a préalablement confisqué à d’autres. Quand la moitié d’un peuple croit qu’il ne sert à rien de faire des efforts car l’autre moitié les fera pour elle, et quand cette dernière moitié se dit qu’il ne sert à rien d’en faire car ils bénéficieront à d’autres, cela mes amis, s’appelle le déclin et la fin d’une nation.
On n’accroît pas les biens en les divisant. »
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AlerterOh la jolie fable libérale…
Le problème actuel est, je pense, dans la dernière phrase : « on n’accroît pas les biens en les divisant ». Nous ne sommes plus dans une ère de croissance mondiale, européenne ou même nationale. La croissance, c’est fini. Le gâteau qui grossit, c’est fini.
Alors si, le problème fondamental maintenant est de répartir les richesses produites. Si qqu’un s’enrichit, c’est qu’un autre s’est appauvri. Cela fait bondir, mais dans un système sans croissance, c’est bien cela qui se passe. Je n’ai rien contre les gens qui s’enrichissent au mérite, les récompenses sont en effet indispensables (votre fable ne confondrait pas communisme, socialisme et égalitarisme ?). Mais, comme le dit yoananda avec qui je suis d’accord, tout le monde a le droit de ne pas être pauvre, dans le sens : tout le monde a le droit de manger à sa faim, d’avoir un toit pour dormir, d’avoir accès à l’eau potable, etc., même le moins méritant. Alors votre fable, il faudrait un peu l’actualiser au monde moderne, celui sans croissance…
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AlerterL’exemple pèche par son orientation subjective? Il parle d’une classe ET de contrôles.
S’il fallait le comparer au système actuel, cela reviendrait à dire que le seul modèle de société acceptable serait celui du travail et de la récompense: »travailler plus, pour gagner plus »…
Il doit être possible de bâtir un autre concept de société que celui se basant uniquement sur la répartition des « récompenses » par un système… socialiste ou pas!
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AlerterBonjour,
Vous avez raison dans le cadre de notre société actuelle, pourtant, il existe d’autres modes de fonctionnement. Je suis artiste musicien, ceci explique probablement ma réaction épidermique. NON, tout n’est pas quantisé, Non, tout le monde ne profite pas de manière éhontée ( c’est même une minorité). Donnez un but à atteindre à la classe de votre exemple, et vous verrez les résultats, valorisez chacun pour ce qu’il sait faire ( je sais , c’est difficile ). Soyez psychologue, et vous verrez que des miracles peuvent se produire. Si je me permet d’être aussi catégorique, c’est parce que j’ai la chance d’être au contact ( le public) des gens, et que j’ai une très forte croyance dans le potentiel de l’humanité.
Utopique, je suis, j’admet, mais quand je parle ou joue pour les gens avec mon utopie, je les fais rêver et ils me le rendent bien.
Il est malsain pour soi-même de critiquer Pierre ou Paul.
PS: Je ne suis pas socialiste plus que ça,
et, je suis désolé, mais, avant de crever, le plus on a rêvé, le mieux c’est.
Avec tout mon respect.
Jean-Louis
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Alerter@jean-louis juste une question avec tout le respect que j’ai pour vous. Nombreux de vos collègues (vous ?) profitent d’un régime de chomage plus qu’avantageux qui coute une fortune à la collectivité (soit chacun d’entre nous). Seriez vous prêt à y renoncer par principe d’équité envers tout vos consitoyent ? Ou est ce à la collectivité de financer votre passion ?
@Valérie
Il ne s’agit pas de libéralisme mais de simple logique. Si l’effort n’est pas récompenser tout le monde devient feignant et le système s’écroule de lui même.
C’est d’ailleurs à mon avis une des causes (conséquence ?) de la crise actuelle.
Les oligarques en places « confisquent » les richesses créées et peu import que vous travailliez beaucoup, bien … ou pas vous n’avez que gel des salaires et coup de bâton fiscal comme récompense.
De l’autre coté, le contrôle des fraudeurs aux aides sociales est tabou dans ce pays car on part du principe que les « pauvres » sont honnêtes. Mais cette dernière n’est ni la panacée des riches ou des pauvres. Ma femme avocat voit passer tout les jours des personnes soit disant sans ressources profitant de toutes les aides possibles (RSA, allocations diverse, Aide juridictionnelle…) alors qu’elles gagnent correctement leur vie en travaillant au noir. Du coté des « riches » c’est pareil, avec de riches anglais déclarés comme auto-entrepreneur pour bénéficier d’une assurance maladie gratuite alors qu’ils payent l’ISF !!!
Tout le monde essaie plus ou moins à son échelle et avec ses moyens et gagner / profiter le plus possible sans rien faire pendant que d’autres travaillent pour tout le monde. L’idée du revenue universelle est pour cela une aberration car il n’y aura rapidement plus personne pour la financer.
Il y a toujours eu des pauvres et des riches et malheureusement ça sera toujours le cas. A mon humble avis, il faut surtout garantir à tout ceux qui veulent s’en sortir les même chances de réussir peut import leurs moyens. Et l’école Française reste encore (pour combien de temps ?) un modèle qui fonctionne pas trop mal. Toute personne peut devenir médecins, avocat, ou polytechnicien si elle en a les capacités.
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Alerter[Modéré : moi aussi je peux écrire des fables nimpornawak, genre le méchant ultralibéral qui mange les enfants, mais on arrête sur ce sujet, c’est pour cela que je les modère, svp 🙂 Consacrons notre temps à des analyses qui reposent sur quelque chose ou aux échanges d’opinion constructifs]
Pour faire le parallèle d’une société idéale sans croissance, la récompense collective serait de vivre en sécurité, avec une justice efficiente, etc. Encore une fois, je crois que vous confondez le partage des richesses avec l’égalitarisme !!!
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AlerterValéry,
Sur le principe votre vision est celle qui devrait être la ligne de conduite générale avec quelques adaptation pour prendre en compte les aspirations de chacun. Cependant, ma courte et incomplète expérience des Hommes m’a prouvé qu’ils sont instinctivement et profondément malhonnêtes. Ils feront dans leur grande majorité tout ce qu’ils peuvent pour profiter / exploiter leur voisins, le système à leur avantage.
La seule civilisation qui avait réussi dans une organisation équitable et respectueuse ce sont les aborigènes. Plusieurs millénaires d’histoire sans consumérisme, sans monnaie mais avec une incroyable spiritualité. Malheureusement les exactions et les vices occidentaux ont raison de leur culture qui est en train de disparaître dans l’alcool et l’argent inutile.
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AlerterEn faisant des recherche sur les systèmes de société du passé, un sociologue américain s’était aperçu, que, plus un système de société est complexe, plus son effondrement est rapide est brutal.
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AlerterDis moi qui finance ta campagne et je te dirai de quel bord tu es réellement…
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AlerterIl y a deux problèmes avec les USA, c’est qu’ils veulent être les maîtres du monde.
Qu’import le Président, il est « briefé » par l’armée et la finance.
Le seul souci des USA, c’est qu’ils n’ont pas d’autres alternatives au consumérisme et à l’individualisme.
Alors ils se doivent de se laisser un accès aux ressources limitées et accélérer la vitesse de leurs extractions.
Seul compte l’instant présent et la continuation du profit immédiat … Egoïstement, l’avenir ne nous appartient pas …
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AlerterJ’ai beau ne pas partager toutes les opinions de Nader (en particulier sa croyance dans la relance keynésienne et la régulation), mais au moins c’est un bonhomme qui montre que l’association libre des citoyens est en mesure de fournir une régulation sociale et environnementale spontanée, plus efficace que la bureaucratie et l’administration.
Et je rejoins aussi son opinion sur l’état de la politique américaine : les partis démocrate et républicains ont le même programme et les mêmes soutiens. Et je lui suis gré également d’avoir eu la délicatesse de ne pas amalgamer les libertariens aux républicains/néocons, et de reconnaître que la mouvance Tea Party à l’heure actuelle a été siphonnée par les néocons, et n’a plus grand-chose à voir avec le mouvement original.
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Alertertu en viendrais presque à dire qu’il y a des gens biens à gauche ?
Pour revenir sur un détail d’une de tes phrases, la régulation est spontannée mais la structuration des individus en association libre elle, ne l’est pas. Par défaut les gens sont formés à l’individualisme, il faut leur faire désaprendre ce défaut qui empeche une société plus évolutive. Heureusement, pour nous, on peut désaprendre cela.
Cordialement.
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AlerterBen oui, je suis pas sectaire hein. De toutes façons la droite n’est pas spécialement reluisante non plus. Frédéric Bastiat siégeait à gauche à l’assemblée. Et Proudhon n’est pas réputé de droite (ou alors il aurait basculé quand il a dit « la propriété c’est le vol mais la propriété c’est la liberté » ?). Göran Persson aussi est de « gauche ». Roger Douglas aussi.
Je pense que la structuration des individus en association libre peut très bien être spontanée. S’il n’y a aucune structure existante pour organiser la société, les gens en créent spontanément, ne serait-ce que par pur intérêt et souci de protection personnelle. La preuve, les syndicats et les sociétés de secours mutuel au XIXe siècle.
Mais on ne va pas rouvrir le débat : on est d’accord sur le fait que dans notre société française moderne, les gens ne le font pas (peu importe la raison profonde), et que oui, ils peuvent réapprendre à le faire.
Cordialement
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AlerterMort de l’ambassadeur américain en Libye et mort de trois américains
C’est un événement d’une grande gravité. La dernière fois qu’un ambassadeur américain a été tué remonte à 1979 en Afghanistan. Voilà qui risque de mettre la diplomatie américaine en difficulté, sans toutefois provoquer de bouleversement.
La marge de manœuvre de Barack Obama est en effet très restreinte. En pleine campagne électorale, son adversaire Mitt Romney ne va pas manquer d’utiliser cette crise pour lui reprocher sa tiédeur à défendre les intérêts américains, comme il l’a déjà fait dans un premier communiqué.
Cette attaque révèle aussi la fragilité de la Libye…
Depuis l’intervention de l’Otan en 2011, la Libye est devenue le champ de manoeuvre de quantité de groupes non étatiques dont des salafistes et des réseaux proches d’Al Qaïda. Reste à savoir si ceux qui ont attaqué le consulat savaient que l’ambassadeur était présent et si celui-ci a été volontairement visé ou non. Dans un cas, il s’agirait de l’accomplissement d’une stratégie témoignant d’une escalade anti-américaine, dans l’autre de la dramatique conséquence d’une émeute. S’agit-il d’un pion avancé pour faire passer un message, dans une région où l’antiaméricanisme reste virulent, alors que l’Occident met la pression sur la Syrie et l’Iran?
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/mort-d-un-ambassadeur-americain-frapper-la-libye-serait-se-tromper-de-cible_1160294.html
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