Point de vue. Crash du vol MH17 : un an après
Pour beaucoup, juillet est le temps joyeux des vacances. Pour d’autres, juillet restera – pour toujours – une période de deuil.
Une année après le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu au-dessus de l’Ukraine, les membres des familles et leurs amis de nombreux pays pleurent encore la perte de leurs proches. Ils ne sont pas seuls dans la souffrance et le deuil. Les Ukrainiens, qui perdent leurs proches chaque jour depuis le début de la guerre, sont avec eux en esprit. Ils se tiennent à leurs côtés, solidaires, réclamant justice et aspirant à la paix. Mieux que quiconque, ils peuvent comprendre la signification profonde du lourd tribut exigé au-dessus de la région de Donetsk, voici un an.
Une atroce vérité s’est fait jour depuis. Des milliers de gens avaient déjà été tués en Ukraine, en conséquence de l’agression russe. Le danger d’une invasion étendue grandissait, et pourtant la réaction internationale était indécise et inefficace.
Et puis sont apparues les images dévastatrices du 17 juillet. Dans les semaines et mois qui suivirent, il s’est avéré que le meurtre insensé des 298 passagers du MH17 avait, en fin de compte, sauvé des vies innombrables. C’est un fait indéniable : leur mort a eu un impact profond. Car, c’est seulement après cette indicible tragédie, que la communauté internationale a pris des mesures plus sérieuses pour ralentir l’avance de l’invasion de Poutine. La ralentir, mais pas l’arrêter…
Un Charlie Hebdo quotidien
L’Ukraine a été traumatisée par l’annexion de son territoire, l’agression étrangère et la guerre. Chaque jour, cinq, dix, vingt personnes ou plus sont tuées ou meurent de leurs blessures. Et cela, jour après jour.
L’Ukraine subit une attaque terroriste de l’ampleur du massacre de Charlie Hebdo sur une base quotidienne, depuis plus d’un an. Déjà 7 000 tués selon les statistiques officielles. C’est sans compter, 1,8 million de réfugiés ou de personnes déplacées à l’intérieur du pays ; des dizaines de milliers blessés et estropiés, paralysés, sans jambes, sans bras, sans yeux. Des centaines de milliers souffrent de choc post-traumatique.
Toute l’économie – c’est-à-dire les moyens d’existence d’un pays de 45 millions d’habitants – a été délibérément saccagée. Combien de temps encore le peuple devra-t-il endurer cela ? Combien de vies seront encore détruites ? Combien de millions d’Européens de plus seront-ils forcés de fuir leur maison et leur pays natal ?
Et pourtant tout aurait pu être bien pire. Sans le vol MH17 ignominieusement abattu et le massacre cruel de 298 innocents voyageurs qui a réveillé le monde. Aurait-il pu se réveiller plus tôt et empêcher cet acte terroriste et ceux qui continuent de se produire tous les jours en Ukraine, au Moyen Orient et dans le monde ?
De tels sacrifices sont-ils nécessaires pour que les sociétés et leurs leaders politiques réagissent enfin à l’insoutenable souffrance humaine ? Pourquoi tolérer l’injustice quand les faits sont connus et que l’on a les moyens d’arrêter les massacres, petits et grands ? Pourquoi la réponse aux crises humanitaires est-elle si faible ?
Face à de telles tragédies, prions pour avoir la force de rejeter la violence, l’agression et la haine, de prêcher la réconciliation, de chercher la justice et la vérité, de pardonner et de guérir. Prions pour avoir le courage d’agir, de stopper le carnage actuel en Ukraine et dans tant d’autres pays dans le monde !
Source : Mgr Borys Gudziak, Évêque de l’Éparchie Saint Volodymyr-le-Grand de Paris des Ukrainiens pour la France, le Benelux et la Suisse, Président de l’Université Catholique d’Ukraine à Lviv, pour Ouest France, le 29 juillet 2015.
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