L’avenir dira si ce choix était simple soumission ou véritable courage…
La promotion 2015-2016 de l’Ena se baptise « George Orwell »
Source : Le Point, 17/01/2015
« Les élèves avaient à coeur de réaffirmer leur attachement à la liberté d’expression » en honorant l’auteur de « 1984 », a précisé l’école.
La promotion 2015-2016 de l’Ena a choisi d’adopter le nom de l’auteur de « 1984 ». © AP/SIPA
Marqués comme tout un chacun par les attentats qui ont meurtri la France, les élèves de l’École nationale d’administration (Ena) ont décidé de baptiser leur promotion 2015-2016 du nom de George Orwell, journaliste et écrivain anglais (1903-1950). C’est ce qu’indique samedi la prestigieuse école qui forme les hauts fonctionnaires. Il ne faut évidemment pas y voir un signe d’allégeance à Big Brother, comme pourraient le faire des esprits trop pressés : « George Orwell appelle à une conciliation vigilante entre la préservation des libertés et les exigences liées à la sécurité des citoyens », explique l’école dans un communiqué, qui s’ouvre par une citation de l’écrivain : « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux autres ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. »
Point d’ambiguïté, donc : c’est en défense de la liberté d’expression que le nom de Orwell est sorti du chapeau : « Fortement marqués par les attentats récents, les élèves avaient à coeur de réaffirmer leur attachement à la liberté d’expression et, de manière plus générale, aux libertés qu’il appartient avant tout aux pouvoirs publics de protéger », souligne encore l’Ena dans son communiqué.
Devant « liberté d’expression » et « Gandhi »
Les élèves de la promotion 2015-2016 ont choisi collectivement ce nom dans la nuit du 16 au 17 janvier après d’âpres (et traditionnels) débats qui ont duré de 23 heures à 6 h 30 du matin. Orwell l’a emporté devant « liberté d’expression », immédiatement clair, mais peu élégant, et « Gandhi », peut-être jugé trop consensuel. Sur Twitter, d’aucuns ont ironisé sur ces « futurs politiciens » menés à prôner la généralisation de la vidéosurveillance.
L’ENA va appeler sa promotion George Orwell. Les futurs politiciens qui mettront de la video surveillance partout.
— Vogelsong (@Vogelsong) 17 Janvier 2015
Une autre s’interroge malicieusement : ces étudiants modèles ont-ils vraiment lu les charges anti-totalitaires de l’écrivain, allusion à l’aveu de Fleur Pellerin qui n’a pas lu Modiano.
La dernière promotion de l’Ena a donc choisi son nom de promotion : George Orwell. L’histoire ne dit pas s’ils ont lu ses œuvres.
— Ludivine Bénard (@Ludivine___B) 17 Janvier 2015
George Orwell, le journalisme appliqué à la littérature
Source : Ludivine Bénard , Le Comptoir, 23/01/2015
Si George Orwell est principalement connu en France pour « 1984 » et « La ferme des animaux », il paraît impossible, au vu de la diversité et de la qualité de ses autres écrits, de le réduire au statut de romancier. Car c’est une somme d’articles en tout genre que l’homme nous aura laissés à sa mort, le 21 janvier 1950. Des reportages, des chroniques, des analyses politiques… Toute cette production journalistique a nourri les romans et essais du socialiste mais ne semble pas avoir passionné ses biographes, Bernard Crick ou Simon Leys par exemple, qui ont eu plus largement à cœur – et on les comprend – de rendre compte des combats politiques de l’écrivain, contre l’impérialisme et le totalitarisme, pour le socialisme et l’avènement d’une société décente. Pourtant, la carrière journalistique d’Orwell, véritable témoin de son époque, qui a vécu l’impérialisme anglais en Birmanie, la guerre d’Espagne et la Libération de Paris, se révèle un outil précieux pour comprendre, au plus près, l’homme et sa pensée.
« Quand les Français lisent Orwell, c’est généralement dans une optique digne du Reader’s Digest : son œuvre est alors réduite au simple 1984 privé de son contexte et arbitrairement réduit aux dimensions d’une machine de guerre anticommuniste. »
Simon Leys, Orwell ou l’horreur de la politique
George Orwell. C’est le nom que vient de se choisir la promotion 2015 de l’École nationale d’administration. « Fortement marqués par les attentats récents, les élèves avaient à cœur de réaffirmer leur attachement à la liberté d’expression et, de manière plus générale, aux libertés qu’il appartient avant tout aux pouvoirs publics de protéger », souligne l’Ena dans un communiqué. Grand bien leur fasse. Mais, dans ce sursaut plein d’orgueil face à l’atrocité de l’actualité, on peut déplorer qu’ils n’aient malheureusement retenu des merveilleux 1984 et Animal Farm que la partie émergée de l’iceberg, la lecture simpliste et arrangeante que la doxa en a fait : l’affreux danger du –isme (le totalitarisme hier, l’islamisme aujourd’hui) et l’urgente nécessité de le combattre. En occultant que, tel le ruban de Möbius, le combat d’Orwell contre le totalitarisme est aussi un combat contre le capitalisme et pour le socialisme.
« D’après tout ce que je sais, il se peut que, lorsque ce livre [Animal Farm] sera publié, mon jugement sur le régime soviétique soit devenu l’opinion généralement admise. Mais à quoi cela servirait-il ? Le remplacement d’une orthodoxie par une autre n’est pas nécessairement un progrès. Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai qu’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment. »
Orwell, 1945
Or, l’œuvre orwellienne est impressionnante. En cumulant les carrières d’écrivain et de journaliste dans une sorte de paranoïa artistique, Orwell s’est livré, comme foule de monstres sacrés de la littérature avant et après lui, du comte de Mirabeau à Romain Gary, en passant par Émile Zola, Antoine de Saint-Exupéry ou Albert Camus, à un exercice périlleux. Si la mission du journaliste, dans une définition très péguyste, doit se limiter à « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste », la littérature ne saurait se subordonner à telles considérations et peut, à tout loisir, explorer l’imaginaire et en faire ressortir les plus grandes fantaisies. Deux missions que tout oppose, a priori. Pourtant, le plus grand écrivain du XXe siècle, comme il est qualifié au Royaume-Uni, sut se faire l’un et l’autre, à chaque fois brillamment. Et bien que son biographe le plus célèbre, Bernard Crick, voie en lui un romancier et un essayiste hors pair mais un journaliste quelconque, certains, à l’instar du journaliste Marc Mentré, qui a largement inspiré cet article, estiment que c’est le travail colossal sur chacun de ses articles qui a permis au socialiste d’affiner son style mais aussi ses idées. Le journaliste Eric Blair et le romancier George Orwell n’ont donc rien d’un docteur Jekyll et M. Hyde. Mieux, Blair veut être Orwell, comme le souligne Bernard Crick : « Cette part d’Orwell de lui-même était pour Blair une image idéale qu’il devait essayer d’atteindre : une image faite d’intégrité, d’honnêteté, de simplicité, de conviction égalitaire, de vie frugale, d’écriture dépouillée et de franc-parler ; en un mot, l’idéal d’un homme déterminé à tout prix à énoncer des vérités pas bonnes à dire. »
Carte de presse de George Orwell
« Orwell était foncièrement vrai et propre ; chez lui, l’écrivain et l’homme ne faisaient qu’un – et dans ce sens, il était l’exact opposé d’un « homme de lettres » »
De l’amour de la langue anglaise à la théorie de la « vitre transparente »
Orwell a toujours su qu’il serait écrivain. Mais, pendant longtemps, non seulement il ne sut pas COMMENT écrire mais pire, il ne sut même pas QUOI écrire. Il apprit donc, comme on apprend à jouer d’un instrument. Inlassablement, il écrivait et réécrivait, revenant sans cesse sur chaque mot, chaque phrase. Il apprit avec les autres écrivains, se forçant à apprendre par cœur des passages entiers qu’il recopiait. Avec, toujours, un seul but : parvenir à un style d’écriture limpide, clair, précis, débarassé de toute fioriture inutile. Orwell, l’amoureux de la langue anglaise, a vite compris que la simplicité de cette langue, qui a peu de conjugaisons et pas de déclinaisons, est à double tranchant. Voilà pourquoi Orwell se fera le chantre d’une écriture aseptisée, luttant « sans cesse contre l’approximation, contre l’obscurité, contre le leurre des adjectifs décoratifs, contre l’invasion des racines latines et grecques et, surtout, contre les expressions toutes faites et les métaphores éculées qui encombrent la langue ». Il a longuement abordé ces problèmes dans Pourquoi j’écris (1946), à l’époque où il commence la rédaction de 1984 et où l’idée de novlangue germe en lui.
Le langage, vecteur de la pensée, ne peut être abîmé sans que celle-ci n’en pâtisse. Maltraiter la langue, c’est tuer la pensée. Dans Two Cheers for Democracy, l’écrivain E. M. Forster rappelle à quel point Orwell est attaché à un usage correct de la langue : « Orwell avait une passion pour la pureté de la prose. […] Si la prose se dégrade, la pensée se dégrade, et toutes les formes de communication les plus délicates se trouvent rompues. La liberté, disait-il, est liée à la qualité du langage, et les bureaucrates qui veulent détruire la liberté ont tous tendance à mal écrire et à mal parler, à se servir d’expressions pompeuses ou confuses, à user de clichés qui occultent ou oblitèrent le sens. » Des propos qui ne sont pas sans rappeler le fameux « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » d’Albert Camus.
« Une chose particulièrement frappante dans l’article du Pr Bernal, c’est l’anglais à la fois pompeux et avachi dans lequel il est écrit. Ce n’est pas par pédantisme que je le signale : les relations qu’il y a entre les habitudes de pensée totalitaires et la corruption du langage constituent une question importante qui n’a pas été suffisamment étudiée. »
L’écriture orwellienne visera donc, dans une éthique très journalistique au fond, la simplicité, la force, la vérité et la clarté. « Bannir le pittoresque au profit de l’exactitude. […] La bonne prose est comme une vitre transparente », assène-t-il. L’art de l’auteur culmine dans son propre effacement, le style orwellien s’oublie : ne reste que le propos, froid comme l’acier. Ce style naît avec son premier roman, Dans la dèche à Paris et à Londres (1933), témoignage de ses expériences dans la misère sociale et la précarité du sous-prolétariat. Pour Simon Leys, « Orwell a créé là une forme neuve qu’il devait dans la suite porter à sa perfection […] et qui demeure, dans l’ordre purement littéraire, sa contribution stylistique la plus originale : la transmutation du journalisme en art, la recréation du réel sous le déguisement d’un reportage objectif, minutieusement attaché aux faits. »
Il poursuit, dans ce qui s’avère être les plus belles pages de sa biographie : « Ce que l’art invisible et si efficace d’Orwell illustre, c’est que la « vérité des faits » ne saurait exister à l’état pur. Les faits par eux-mêmes ne forment jamais qu’un chaos dénué de sens : seule la création artistique peut les investir de signification, en leur conférant force et rythme. L’imagination n’a pas seulement une fonction esthétique, mais aussi éthique. Littéralement, il faut inventer la vérité. »
Orwell, critique littéraire qui dégaine plus vite que son ombre
En 1928, George Orwell, rentre de Birmanie, où il s’était engagé dans la police impériale des Indes — une expérience qui fera de lui un anticolonialiste convaincu. C’est le début de son activité de critique littéraire, qui le mènera entre autres à la BBC, où il diffuse des émissions culturelles, puis à la direction des pages littéraires de l’hebdomadaire de gauche travailliste The Tribune. Si certains écrits l’enthousiasment, ceux de Henry Miller lui donnant par exemple « envie de tirer une salve d’honneur de vingt-et-un coups de canon », d’autres au contraire l’exaspèrent au plus haut point, jusqu’à tirer, à balles réelles, sur certaines revues. « Il l’accrochait à un arbre et vidait le chargeur de son pistolet sur cette cible improvisée jusqu’à ce qu’il n’en restât plus rien. » Et les coups n’étaient pas moins forts quand le critique trempait la plume dans la plaie. En témoigne par exemple cet extrait : « A Hind Let Loose est, comme tous les livres de Montague, ennuyeux et creux. Encore une de ces auteurs « pétillants d’esprit » — tout en bulles et rien en goût, comme l’eau de Seltz. » Ou celui-ci, à propos d’Angel Pavement, un roman de J.B. Priestley, écrivain connu, primé et adulé à l’époque : « Il suffit de comparer ces six cent pages honnêtement ficelées aux autres romans de Londres pour se demander aussitôt avec incrédulité s’il est vrai que quelqu’un a réellement pu prendre un jour M. Priestley pour un maître. Si rien dans son œuvre n’est rédhibitoire, on cherche en vain la lueur de beauté, le moindre semblant de profondeur de beauté, le moindre semblant de profondeur de pensée, le brin d’esprit, capable de laisser une trace dans la mémoire. »
Orwell, contrairement à foule de ses confrères, ne mâche pas ses mots. Une franchise qu’il expliquera une dizaine d’années plus tard, à la BBC. Pour lui, durant les années 1930, la « critique vraiment judicieuse, scrupuleuse, honnête, traitant l’œuvre d’art comme une valeur en tant que telle, a vu son exercice devenir à peu près impossible ». Et Orwell de pointer une seule raison à cette déroute : l’écrasement de la littérature par la propagande. « Dans un monde où fascisme et socialisme se livraient un combat sans merci, tout individu conscient devait choisir son camp, et ses convictions devaient inévitablement se refléter dans ses écrits mais aussi dans ses jugements littéraires. » En ressort une mise en garde, plus qu’actuelle si on en croit les réactions après la sortie de Soumission, de Michel Houellebecq : « Nos jugements esthétiques sont toujours affectés par nos croyances et nos préjugés. »
Tout homme qui voudra émettre un jugement sur une oeuvre devra au préalable s’affranchir de tous ses poncifs. Et c’est parce que l’honnêteté d’Orwell est d’abord intellectuelle que l’écrivain pourra affirmer sans crainte : « Le péché mortel, c’est de dire : « X est un ennemi politique donc c’est un mauvais écrivain » ». Conscient (et donc libéré) de ses préjugés, Orwell expliquera ainsi, dans Politique contre littérature, qu’entre « l’approbation des opinions d’un écrivain et le plaisir que procure son œuvre », il faut savoir raison garder : « Si l’on est capable de détachement intellectuel, on peut apprécier les mérites d’un écrivain avec lequel on est en profond désaccord, mais cela est tout autre chose que d’éprouver du plaisir. […] Si un livre vous irrite, vous heurte ou vous alarme, vous n’y trouverez aucun plaisir, quels qu’en soient les mérites. S’il vous semble réellement pernicieux, susceptible d’exercer une quelconque influence dangereuse, vous serez probablement porté à élaborer une théorie esthétique lui déniant tout mérite. La critique littéraire actuelle consiste dans un large va-et-vient frauduleux entre deux systèmes de valeurs. Et cependant le phénomène opposé peut également se produire : le plaisir peut l’emporter sur la désapprobation, même si l’on reste parfaitement conscient de son désaccord avec ce qui le procure. »
Orwell reporter : la nécessité de la vérité
Si l’écriture d’Orwell est sans cesse tiraillée entre l’exercice politique et l’exercice stylistique, l’homme est plus prompt à l’action dès que l’urgence se fait sentir. Ainsi, en 1937, il rejoint les milices du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste) pour combattre les nationalistes de Franco. S’il y était en simple citoyen et qu’il n’a absolument rien écrit sur place, c’est son retour en Angleterre, où la désinformation circule éhontément, qui le poussera à témoigner. Aucun mot, aucune parole ne circule en effet pour expliquer à quel point les soviétiques ont trahi la cause républicaine en Espagne, les commissaires politiques du Komintern ayant été sur le front pour assurer la répression au sein des forces communistes dissidentes, telles que les trotskistes et les militants du POUM. Orwell, qui aura été grièvement blessé par une balle fasciste, manqua ensuite de peu la répression soviétique. Celle-ci le poursuit à Londres, où les publications progressistes bien-pensantes censurent ses commentaires, participant de la réécriture de l’Histoire. Pour la première fois, Orwell est directement confronté au mensonge totalitaire, qui lui fera dire ces mots : « L’Histoire s’est arrêtée en 1936. »
Comme François Bordes le décrit dans les pages qui lui sont consacrées dans Radicalité : 20 penseurs vraiment critiques, Orwell est « animé par la volonté d’écrire et de raconter, de témoigner et de dénoncer ». Qu’étaient ces plongées dans les bas-fonds du prolétariat sinon les prémices d’enquêtes diverses, de reportages ? Comment ne pas rapprocher cette volonté de savoir, de connaître et de dénoncer avec la volonté des reporters de guerre, entre autres, dont le métier, souvent vécu comme une passion, consiste à informer ceux qui justement n’y sont pas, de donner à voir et à comprendre ? En mai 1945, l’occasion fait le larron : il devient envoyé spécial de l’Observer et couvre la Libération de la France et l’avancée des troupes alliées en Allemagne. Son travail, excellent, est méticuleux et argumenté, ses reportages, dix-neuf au total, sont poussés et prolongés par des essais et des tribunes. Le journaliste Marc Mentré rapporte, très justement, l’avis du biographe d’Orwell, Bernard Crick, quant à son activité de reporter. Un avis plus que mitigé : « Écrire des reportages et écrire des essais sont deux choses très différentes. Il est curieux que les journaux fissent appel à lui plutôt pour les pages d’actualité que pour des articles moins fréquents mais de facture plus longue. Orwell accomplit ce travail avec sérieux, mais sans mettre en jeu sa propre personnalité […] le résultat final était une colonne qui, bien qu’écrite avec professionnalisme, aurait tout aussi bien pu être faite par beaucoup d’autres. Il mérita son salaire mais ne fut pas particulièrement brillant. » Un avis que Mentré remet en cause avec moult arguments, et on ne saurait que lui donner raison.
Fac-similé d’un reportage d’Orwell en Allemagne pour l’Observer
De l’enquête journalistique au roman
« Lorsqu’on lit les reportages d’Orwell sur la France, on est frappé par l’excellente connaissance qu’il avait du contexte politique français, et des enjeux qui se posent au pays à la Libération, ainsi que sa capacité à expliquer une situation complexe à ses compatriotes. […] Il s’avère être un excellent reporter. Il sait raconter, mais aussi distancier et contextualiser, comme dans cet étonnant article Les paysans bavarois ne connaissent pas la guerre où il décrit d’abord un paysage rural et tranquille […] avant d’enchaîner : « une question se pose encore et encore. Dans quelle mesure ces paysans, de toute évidence simples et doux, qui se rassemblent à l’église le dimanche matin habillés sobrement de noir, sont-ils responsables des horreurs des Nazis ? » »
De la destruction des villes par les bombardements aux problèmes logistiques entraînés par l’accumulation des prisonniers de guerre, Orwell se montre lucide et visionnaire. Allant jusqu’à envisager la future division de l’Allemagne.
« Aujourd’hui, l’idée que la Russie, la France et les Anglo-Américains sont plus ou moins hostiles les uns envers les autres et veulent des politiques différentes semble largement répandue. Il est très dangereux de laisser cette idée s’ancrer, et l’échec dans le fait de définir à l’avance les zones d’occupations, ainsi que la pratique des différentes armées de lever leur drapeau national dans les zones qu’ils occupent, l’a encouragée. »
Si Crick estime que « jouer au correspondant de guerre fut […] dangereux pour sa santé et d’aucune aide véritable pour son œuvre », Mentré note avec justesse que toutes ces expériences ont forcément eu un impact sur son œuvre, allant jusqu’à rapprocher la description du corps de Winston Smith, après ses interrogatoires dans 1984 — « Ce qui était vraiment effrayant, c’était la maigreur de son corps. Le cylindre des côtes était aussi étroit que celui d’un squelette. Les jambes s’étaient tellement amincies que les genoux étaient plus gros que les cuisses. » — à ceux des rescapés des camps.
Ou encore, cet exemple d’article, Vers l’unité européenne, paru dans le numéro de juillet-août 1947 de Partisan Review, où il analyse ce que serait, selon lui, le monde avec des superpuissances dotées de l’arme atomique, un monde qui ressemble trait pour trait à celui dépeint dans 1984, où Oceania, Eurasia et Estania ne peuvent se vaincre.
« Le monde partagé entre deux ou trois super-États, dont aucun ne pourrait l’emporter sur les autres et qu’aucune rébellion interne ne saurait renverser. Selon toute probabilité, leur structure serait hiérarchisée, avec une caste de demi-dieux au sommet et des esclaves à la base ; l’anéantissement complet des libertés dépasserait tout ce que le monde a connu jusqu’ici. Au sein de chaque État, on créerait le conditionnement psychologique approprié en coupant toutes les relations avec le monde extérieur et en simulant une guerre permanente avec les États rivaux. Des civilisations de ce type pourraient rester statiques pendant des milliers d’années. »
« Un pays a les journaux qu’il mérite »
On a vite fait de dire qu’Orwell est d’actualité. Simon Leys, en commençant sa biographie, estime que « ce mort continue à nous parler avec plus de force et de clarté que la plupart des commentateurs et politiciens dont nous pouvons lire la prose dans le journal de ce matin ». S’il est un domaine où l’homme s’est particulièrement montré visionnaire, et pour rester dans la droite ligne de cet article, c’est celui de la presse, et plus particulièrement sur la liberté d’expression.
Déjà, il remarque que la presse de qualité est beaucoup moins lue que les tabloïds et autre presse racoleuse. Comment ne pas penser à toutes les aides à la presse déversées chaque année lorsqu’on lit ces lignes, vieilles pourtant d’il y a plus d’un demi-siècle : « Aucune commission royale ne parviendra à améliorer sensiblement la presse à gros tirage, quels que soient les moyens de contrôle dont elle se dote. Nous aurons une presse populaire et sérieuse et véridique le jour où l’opinion publique l’exigera activement. » ? L’écrivain en arrive à cette conclusion, implacable : « Ce qu’on ne dit pas assez souvent, c’est qu’un pays à les journaux qu’il mérite. » Un véritable appel, plus qu’actuel, à pousser les gens à aller s’informer pour de vrai, sans jamais se laisser aller à la facilité du prêt-à-penser que certaines rédactions servent aux lecteurs sur une assiette.
Déjà, il note que la liberté d’expression sera protégée par le peuple, et non par la loi. Comment ne pas penser à tous ces chiens de garde du système, détenteurs (et cumulards) des titres de presse français ? « Le fait que la presse soit aux mains d’un petit nombre de personnes a des effets très semblables à ceux d’une censure étatique. » Comment oublier que les lois d’après 1945 interdisant la concentration des titres de presse ont toutes été bafouées et oubliées en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire ? Quelle presse aujourd’hui peut affirmer être totalement indépendante et ne pas être totalement soumise aux difficultés économiques ?
Et pour conclure, ces quelques lignes, où chacun y verra l’actualité qu’il voudra. Orwell revient sur l’arrestation et la condamnation de cinq vendeurs de journaux et de revues de gauche pour entrave à la circulation. Ce qui lui fait dire ces quelques mots : « Aucun vendeur de journaux et de brochures ne devrait en aucun cas être inquiété. Que telle ou telle minorité soit en cause — qu’il s’agisse des pacifistes, des communistes, des anarchistes, des Témoins de Jéhovah ou de la Légion des réformateurs chrétiens, qui a récemment déclaré que Hitler était Jésus-Christ — est une question secondaire. »
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Commentaire recommandé
« Si les gens honnêtes ne veulent pas faire de politique, ils sont punis en étant gouvernés par ceux qui le sont moins » (autre version : « Ceux qui sont trop intelligents pour entrer en politique sont punis en étant gouvernés par ceux qui le sont moins ») – Platon, La République
“L’enfer réserve ses flammes les plus ardentes à ceux qui restent neutres dans les temps de grande crise morale” ― Dante Alighieri, Inferno
65 réactions et commentaires
Ah ben, ça alors ! Il reste un vrai journaliste au Point ?
Et il l’ont laissé écrire ? Avec le cerveau allumé ? Ils l’ont publié ?
Le Point ?
Bon, encore ça va, c’est pas Le Monde, la terre va pas disparaître sous nos pieds tout de suite.
Mais quand même. Le Point !
+10
AlerterJe te rassure tout de suite, le deuxième article proposé ici ne vient pas du Point.
Sinon, sur le fond, Orwell est très bien comme nom de promotion. Par contre s’ils l’ont choisi en réponse aux attentats de janvier, c’est regrettable à mon avis. En effet, à mon sens, la liberté d’expression n’est vraiment pas la question centrale soulevée par ce genre d’attentat. On ne doit pas condamner ces attentats car on est pour la liberté d’expression, mais car on est contre la violence physique.
Moi j’aurais voté Gandhi.
+8
Alerter« Si les gens honnêtes ne veulent pas faire de politique, ils sont punis en étant gouvernés par ceux qui le sont moins » (autre version : « Ceux qui sont trop intelligents pour entrer en politique sont punis en étant gouvernés par ceux qui le sont moins ») – Platon, La République
“L’enfer réserve ses flammes les plus ardentes à ceux qui restent neutres dans les temps de grande crise morale” ― Dante Alighieri, Inferno
+42
AlerterPlaton, « la republique » est votre ideal politique ?
on peut dire du penseur platon qu’il a jamais fait parti du camp democratique, je suppose que ce fait n’est pas etranger au fait qu’on lui a donné autant de place dans notre culture.
+4
AlerterPour ce qui est de la démocratie grècque, lire Démosthène, il jugeait sur pièces, lui.
+8
Alerter« Bannir le pittoresque au profit de l’exactitude. […] La bonne prose est comme une vitre transparente ».
Dans le monde du « politiquement correct », on sent bien que la lumière a disparu.
+3
AlerterEt la prochaine promotion s’appellera…. Terry Gilliam, en hommage à son film Brazil, une histoire d’amour impossible entre un fonctionnaire incompétent et sa maman.
+4
AlerterC’est un drôle de résumé du film. Il s’agit plutôt d’une allégorie du totalitarisme, un univers proche du Procès de Kafka…
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19352259&cfilm=142.html
+9
AlerterJe pensais que Brazil était une satire de 1984, mais, je peux me tromper
+0
Alerterl’année de l’affaire d’Outreau,la nouvelle promo de l’école de la magistrature voulait s’appeler « promotion juge Burgaud » ,à rapprocher du think tank récent qui inspire les nouvelles lois liberticides sous l’égide de Jean Jaurès .(Rhone Poulinc sponsorisait « Ushuaïa » )
Que dire du cynisme de ceux qui se prétendent notre élite (ou pire ,future élite) et sur l’ivresse dantesque (ou faustienne )qui les habite dans leur froide entreprise à nous enfermer dans un cadre totalitaire (eux y compris) cadre s’inspirant des enfers d’Orwell,d ‘Huxley, voire de Houellebeck .
cette élite qui décline et martèle ,sous toutes ses anaphores , la liberté de pensée et d’expression,l’éducation pour un meilleur libre arbitre,le respect de l’autre et donc de sa vie privée .
oui ,la vérité,c’est le mensonge, ….la paix c’est la guerre…enfin ,j’en revenais au sujet de cette promotion de l’ENA dont le qualificatif choisi est de mon point de vue de « candide à sa fenêtre » une « soumission « intellectuelle à l’univers « 1984 « vers un « meilleur des mondes » pour une civilisation « big brother ».
+3
Alerter« Les conséquences d’un acte sont incluses dans l’acte lui-même. »
je me demande si les énarques seront d’accord?
+3
AlerterCeux qui s’apprêtent à asservir la France et les français ont trouvé leur bible.
« les élèves avaient à coeur de réaffirmer leur attachement à la liberté d’expression »
Pour ça, le mieux est de quitter l’ENA
+32
AlerterAldous Huxley eut été plus dans l’air du temps…
Sauvons ce pays, fermons cette pouponnière à tarés hydrocéphales, bradeurs des principes qui faisaient notre identité et notre goût du vivre ensemble…
+18
AlerterOh ! je suis rudement content d’être un Bêta !
Ah non, je ne serais pas assez intelligent pour être un Alpha, ils sont bien meilleurs que moi. Et je ne serais pas plus heureux d’être un Delta; qu’ils sont bêtes les Delta !
Oh oui, je suis bien content d’être un Bêta…
+9
AlerterIl semble que tu confondes « le meilleur des mondes » et « 1984 ».
+1
Alerter…Et qu’a donc écrit M.Huxley, cité dans le post auquel je répond ?
+6
AlerterOn peut clairement remarquer une combinaison des prophéties d’Orwell et d’Huxley, plutôt qu’une « victoire » unilatérale. Il y a matière à réfléchir pour chacun d’entre eux.
Ci-joint une petite illustration comparative de leurs propos, que j’avais trouvé plutôt bien faite, même si loin d’être exhaustive : http://www.anorak.co.uk/wp-content/uploads/2013/06/huxley-orwell-amusing-ourselves-to-death.jpg
+2
AlerterTrès intéressant effectivement, voilà qui clarifie le sujet (voir lien ci-dessus)
Et effectivement, à l’issue de la comparaison, j’ai eu le sentiment que nous étions en train de tomber dans un mix des deux apocalypses.
effrayant
+1
AlerterBrezinski inspiré par Orwell?
« Vers 2050, plus tôt probablement, toute la connaissance de l’ancienne langue aura disparu. Toute la littérature du passé aura été détruite. Chaucer, Shakespeare, Milton, Byron, Hume, Smith n’existeront plus qu’en version novlangue. Ils ne seront pas changés simplement en quelque chose de différent, ils seront changés en quelque chose qui sera le contraire de ce qu’ils étaient jusque-là. Même la littérature du Parti changera. Même les slogans changeront. Comment pourrait-il y avoir une devise comme La liberté c’est l’esclavage alors que le concept même de liberté aura été aboli ? Le climat total de la pensée sera autre. En fait, il n’y aura pas de pensée telle que nous la comprenons maintenant. »
1984 Georges Orwell
Il n’est pas étonnant que l’ENA choisisse le créateur de la novlangue comme enseigne.Le message est clair.
cette phrase » “Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux autres ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre.” est bien restrictive pour ce qui est de liberté; perso, la liberté n’est pas de dire aux autres ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre mais bien plutôt de trouver des compromis vecteurs de bien être général.
Ma liberté s’arrête là où celle d’autrui commence, « ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerai pas qu’ils te fassent ».
Comment la liberté de dire aux autres ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre peut être une condition sine qua non????
Il y a des choses bien plus importantes que ça concernant la liberté.
Le respect par exemple sans lequel toute relation humaine à petite ou grande échelle est vouée à dépérir.
+9
AlerterGeorge, je t’aime. Et toi aussi Franz, je t’aime.
+0
AlerterOn aura une pensée pour les hauts fonctionnaires d’après guerre, qui avaient résisté durant l’occupation nazi, et les hauts fonctionnaires actuels, qui ne résistent même pas à veolia.
+27
AlerterVous voulez parler des Papon, Bousquet et de tous les magistrats sauf un?
+4
AlerterOrwell avait tout prévu : le télécran c’est internet, la novlanqe c’est la pauvreté du discours politique, la double-pensée c’est notre schizophrénie morale, Goldstein c’est la figure de l’islamiste, les trois grands empires que sont l’Eurasia, l’Oceania et l’Eastasia ressemblent beaucoup aux alliances qui se forment aujourd’hui… Je rappelle les trois slogans du Parti : la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force, la guerre c’est la paix.
voilà où nous en sommes. parfois je me demande si 1984 ne sert pas finalement de modèle aux dictateurs qui ont perverti le message d’alerte d’Orwell pour en faire une méthode de système autoritaire « idéal », ce qui expliquerait le fait que l’ENA salisse la mémoire d’un homme qui aurait craché à la figure de ses membres…
Pour connaître mieux la pensée d’un tel homme il y a les « essais, articles, lettres » publiés aux éditions « les nuisances ». un article intéressant sur lui ici : http://www.article11.info/?Bruce-Begout-Les-exemples-de-l
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Alerter» Orwell avait tout prévu : le télécran c’est internet, la novlanqe c’est la pauvreté du discours politique, la double-pensée c’est notre schizophrénie morale, Goldstein c’est la figure de l’islamiste, les trois grands empires que sont l’Eurasia, l’Oceania et l’Eastasia ressemblent beaucoup aux alliances qui se forment aujourd’hui… Je rappelle les trois slogans du Parti : la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force, la guerre c’est la paix. »
Non, le télécran n’est pas internet ! En tout cas pas encore. L’Internet actuel est d’ailleurs notre meilleur moyen de lutter contre. C’est pourquoi Il est primordial de lutter pour la défense de la neutralité du net.
» La novlangue c’est la pauvreté du discours.. » Non ! La novlangue est… La novlangue. Pourquoi chercher des comparaisons approximatives alors que l’on voit bien que ce principe est a l’oeuvre actuellement. (Ne jamais oublier que l’on pense grâce aux mots, pas l’inverse). Voir a ce propos le travail formidable de Franck Lepage). Il y a des centaines d’exemples. Par exemple, on parlait avant de cotisations sociales, qui sont devenu plus tard des charges et on entend partout parler de cout du travail ! Autre exemple. Il y avait, il n’y a pas si longtemps, des « exploités ». Ils ont désormais disparu (dans le discours évidemment) car qui dit exploité, dits exploiteur. Du coup ils sont devenus des défavorisés… Pratique, il n’y a pas de « défavorisateur » qui serait responsables de leur sors… Bref se sont devenus des gens qui n’ont pas de bol…
Goldstein n’est pas non plus l’islamisme… J’ai pas le temps,de développer maintenant, mais je trouve qu’il n’est pas opportun de faire se genre de comparaisons…
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AlerterMoi je pense qu’il faudrait fermer l’ENA, cette école ne forme plus que des bureaucrates déconnectés du peuple.
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AlerterEn même temps, si une école servant à créer de haut fonctionnaire forme par effet ricochet des professionnels de la politique, que ce soit l’ENA ou n’importe quelle autre école spécialisée dans la haute administration vous aurez le même résultat !
Ce qu’il faut c’est contraindre l’exécutif à ne faire qu’exécuter ! La logique même de la séparation des pouvoir étant aujourd’hui corrompue, nous avons des gens chargé d’appliquer les lois qui expliquent également comment il faut les écrire ! C’est là une cause majeure (pas unique, mais majeure, c’est certain) de la déliquescence politique actuelle (l’autre étant bien entendu l’incompétence crasse d’un politicien de métier dans les domaines qui lui sont échu (ministre de [TITRE ALEATOIRE] qui n’a jamais pratiqué une profession en rapport avec son ministère).
+7
Alerter80% de nos lois sont des transcriptions de décisions européennes.
Et attention, ils doivent les transcrire MOT pour MOT !!
Pour recopier mot à mot, cela nous coûterait moins cher de remplacer toute cette machinerie gouvernementale par des photocopieuses…. Au moins tout le monde comprendrait que les décisions se prennent ailleurs et que nous entretenons à grands frais un village Potemkine.
C’est expliqué sur cette vidéo d’une spécialiste de Droit Constitutionnel, Anne Marie le Pourrhiet :
http://www.dailymotion.com/video/xbaum9_democratie-et-europe-anne-marie-le_news
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AlerterBonjour
Pour une fois, je serai en désaccord avec vous. Fermer l’ENA, revient à créer un vide qui sera vite rempli par une autre espèce d’organisation humaine (suivant le principe biologique du biotope … – voir par exemple, comment la rage s’est réintroduite en France pour avoir massacrer les renards de l’est français -)
Il faut reprendre en main l’ENA et sa formation (comment? point ne sait car ce n’est pas mon domaine de travail) pour qu’il redevienne au service du principe latin de « res publica ». Comme les polytechniciens, parmi les étudiants les plus chers du monde, doivent se remettre à servir le peuple et non les riches (voir leur rôle dans l’informatique des banques de nos jours pour bien me comprendre)!
Ne jeter pas le bébé avec l’eau du bain, SVP.
Christian
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Alerter« Monsieur Manuel Valls est Allemand
Si l’on se fait une certaine idée de la France, alors il faut aussi reconnaître que la France est une idée, que l’on peut être français parce que l’on se reconnaît dans des principes, dans des combats, qui ont été, et qui sont encore menés, par les Français. C’est le sens de la chanson « Ma France » que chantait Jean Ferrat[7].
C’est en cela que notre droit de la nationalité s’avère supérieur au « droit du sang ». Et là, il faut reconnaître que Manuel Valls, mais avec lui Emmanuel Macron et François Hollande, ne sont pas, ne sont plus, français tout comme ne l’étaient plus les sinistres personnages de Vichy. Car le problème n’est jamais l’origine.
J.Sapir
http://russeurope.hypotheses.org/3721
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AlerterSapir, Président!!!
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AlerterJ’allais en faire référence ! merci de l’avoir cité – son exposé comme à l’accoutumée est clair et va au cœur du problème – c’est un plaisir que de le lire – Jacques Sapir contribue à cette volonté de « réveiller » non seulement les consciences, mais tout simplement le cerveau du peuple français qui dort, grâce aux discours somnifères quotidiennement administrés par les médias complices de ce gouvernement d’usurpateurs !
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AlerterBonjour.
Un lien un peu hors sujet mais en relation avec une certaine forme de control.
Désolé, c’est en anglais.
http://www.chemtrailsprojectuk.com/
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AlerterLu sur un site brésilien, que ces chemdrails « ensemencés (*) » participeraient en fait à la politique de contrôle et répression des populations.
* par des produits neuro-toxiques mis au point depuis pas mal de temps par nos Zamis US.
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AlerterNous vivons une époque formidable….
Jusqu’où iront tous ces fous ?
Quand allons nous les arrêter ?
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AlerterJ’aurais préféré qu’ils s’appellent la promotion « big brother »
ça se rapproche bien mieux de leur future fonction!
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AlerterC’eut été moins hypocrite effectivement.
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AlerterJe trouve que les néo-ultra-libéraux-fachos sont de plus en plus décomplexés… Il est sur que lorsque le chef suprême provisoire, le Jean-Claude J., affirme qu’« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. », ça aide à vous affirmer, à montrer au monde que le M.O.F. (Morts Aux Faibles) et votre ligne de conduite… C’est bien, les masques des sentiments profonds tombent, nous y verrons plus clair… Et dire que l’on embête un vieillard (à juste titre) sur des propos d’un autre siècle portant sur des détails de l’histoire (soit-disant), alors que les vrais fascistes biberonnent une future classe politique encore plus nocive qu’eux..
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AlerterLes énarques montrent leur allégeance à la culture anglo-saxonne… pourquoi ne pas porter le nom de Céline, bien français lui, qui est tout aussi symbolique de la liberté d’expression !!!
Et quitte à choisir un auteur anglo-saxon, Aldous Huxley aurait été plus approprié à la situation que nous vivons en ce moment !
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AlerterPeu importe qu’une promotion se nomme orwell
Où G. washington ,
L’ENA depuis qu’elle a déménagée à Strasbourg se fait également appeler : école européenne de gouvernance.
Ayant un budget pour 2014 de 33,1 millions d’euros, pour 161élèves , l’état français (nous contribuables) verses par tête 200.000 E à cela rajouter 149 élèves en cycle préparatoire
On arrive à 100.000E par élève soit 10 fois le coût d’un étudiant
À l’université.
Puis n’oublions pas de reporter le nombre de salariés 204
Au nombre d’élèves 161 ce qui donne un ratio de 1,25 enseignant par élève .
Il suffit de transcrire ces chiffres aux universités qui comptent 20.000 étudiants il faudrait alors recruter 24000 fonctionnaires.
Nous avons là la fabrique d’une énarchie ayant pour règle le népotisme inavoué certes .
Ainsi l’ENA ne respecte aucune règle qu’elle veut imposer
Aux autres.
Supprimons l’ENA , 33,1 millions d’économie, sur une institution qui n’a plus aucune raison d’etre sinon de perpétuer
L’oligarchie .
Laissons l’œuvre d’Orwell hors des étiquettes dont ils’ont voulus se référencer ceux là même qui demain feront la promotion de la pensée unique et de la destruction de leur pays en béatifiant une Europe supranationale , en infléchissant la souveraineté des nations à un ordre nouveau européen , en se pliant à la propagande idéologique européiste au détriment du pays,
Et idolâtrer l’Allemagne comme modèle de réussite,
Ce qui les habituent à prendre les ordres de l’instance supranationale (UE) dominé par les allemands.
Dans un tel contexte idéologique, supprimons l’ENA ,
Elle n’a de français que son financement par le contribuable.
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AlerterCalcul tellement simpliste qu’il peut être accusé d’être « simplet ».
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Alerterles millions pillés sont durs à digérer, en effet c’est tellement simple à démontrer
que c’est génant de le cacher aux contribuables .
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AlerterMême en prenant votre simplissime calcul, je puis vous dire, à ce compte, qu’un élève énarque coute le prix de trois cancres de primaires ou de collège en ZEP.
Alors eu égard à ce que payent généralement comme impôt, les géniteurs des uns et des autres, et eu égard, quoiqu’on en dise à l’intérêt de former des gestionnaires de haut niveau, je me permets de dire que le rapport n’est pas mauvais du tout.
Surtout que, comme vous le dites, on n’ a que 160 crânes d’oeuf à former, alors qu’on a quelques millions de futurs chômeurs qui croupissent à grand frais.
Par ailleurs, il serait interessant de voir le coût par étudiant en école ingénieur d’état, et le coût public par étudiant en école PRIVEE de commerce.
Comparons, comparons, il en restera toujours quelque chose.
+0
Alerterrelisez mon post et je vous expose qu’ un énarque coûte déjà 10 fois plus qu’un étudiant d’université .
question : à quel titre ? celui du droit féodal comme autrefois ? et pour quels services
rendus à la nation sinon le leur et aux lobbys bancaires et des multinationales .?
il vous suffit d’etre spectateur les faits et leurs agissements sont devant vous !
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Alerterrelisez mon post, je vous dit qu’un élève du primaire ou du collège en ZEP coute 3 fois plus qu’un étudiant d’université.
Question: à quel titre? Pour quel glorieux résultat? Et surtout, à quel prix?
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AlerterVous savez, il y a près de 100 000 faux étudiants en université qui ne sont là que pour toucher les bourses. Ils viennent au cours une ou deux fois par semestre(ils y foutent d’ailleurs le souk) et aux TD pour ne pas être radiés(ils y foutent d’ailleurs le souk) et ils viennent aussi aux partiels où ils foutent tellement le souk que certaines fac font des locaux spéciaux à part pour eux pour l’examen.
Alors le jour où vous me parlerez d’économiser ces 100 000 parasites ci, je veux bien que vous me parliez de ces 160 privilégiés là.
D’autant plus que je persiste à affirmer que les parents de ces 160 là, paient infiniment plus d’impôts, taxes et chargent que ceux de ces 100 000 là réunis.
Alors si on fait un coût-bénéfice, vive l’ENA.
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AlerterLes hauts fonctionnaires sont au service des Ministres, nommés par un Président élu.
Ils ne sont pas Ministres et ont intérêt à ne pas sortir de clous, sinon, ils sont mis au placard. Pas plus libres que les journalistes…,
Ce sont les buts de l’ Etat qui se sont modifiés dans le temps…
Ils sont passés du service de l’intérêt général, du temps où l’ Etat s’occupait de l’ intérêt général, ( oui, oui, ça a existé, il y a même eu un Commissariat au Plan!) , à leurs intérêts à eux.
Certains font désormais des aller retours entre la fonction publique, les entreprises du CAC40 , la politique et les banques… Bref, ils coûtent un bras aux contribuables, puis certains, pas tous, vont pantoufler dans le privé.
C’est le signe malsain qu’il n’y a plus vraiment de frontières entre le privé et le public.
Le pire sans doute, ce sont certains Inspecteurs des Impôts, une fois bien formés à nos frais, aux arcanes des impôts, s’en vont faire de « l’optimisation fiscale » dans les entreprises.
C’est un symptôme de la dégradation du rôle de l’ Etat qui est en question, faut pas jeter l’enfant et l’eau du bain. Et pour les économistes libéraux, l’Etat, c’est le problème, moins il y en a , mieux ils se portent!
+4
AlerterLe mépris d’Orwell envers ce genre d’individus ne connaissait pas de bornes, et il avait bien raison : ils sont même infichus de comprendre qu’Orwell, dont ils osent se réclamer, représente l’exact contraire de leur charlisme et de leur pensée unique.
Franchement, s’il n’y a pas là de quoi les considérer à juste titre comme des crétins à front bas…
Pour être honnête, il y a une autre possibilité : ils n’en ont pas lu une phrase et ne reprennent son nom que parce qu’il est à la mode, ce qui les signalerait comme des incultes patentés à l’affût de la dernière icône intellectuelle à s’approprier plutôt que comme des imbéciles. Sauf que le résultat est le même.
Et dire que demain, ceux-là vont se mêler de gouverner… aïe.
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AlerterManque pas d’air l’élite de la Nation!!
Je sais bien qu’Orwell n’appartient à personne, mais on en a un peu marre de les voir s’approprier Jaurès, et maintenant Orwell!
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AlerterGeorges « Hollande » Orwell
https://youtu.be/8y4pCLVUTYg
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AlerterBonjour
Que Blair (= Orwell) soit choisi par ces jeunes, est un signe intéressant!
J’aurais préféré qu’ils choisissent les « quais de Wigan » (superbe livre sur la condition des mineurs de GB qui permettront à cette ile de tenir face aux Nazis, car oui, le diable est dans les détails) ou la « Catalogne libre » (magnifique livre sur le POUM et la guerre civile espagnole, qui de nos jours se situe en Ukraine), bien mieux que le tardif « 1984 » sur l’aspect politique. Car du coup, tout le monde fait semblant d’ignorer qu’Orwell a risqué sa vie (et a d’ailleurs failli en mourir) au nom d’une idée de vraie gauche – la défense des démunis qui n’ont que leur force de travail -. C’est donc un grand Monsieur de notre histoire à tous. Si vous en avez le temps et un peu d’argent à perdre, lisez ses « Essais » et vous serez surpris, mais vous comprendrez (I presume) pourquoi je pense que le boss de ce site conduit le même combat (à son niveau et les temps historiques étant différents) et mérite donc notre affection et donc notre soutien.
Christian
+9
AlerterOrwell avait AUSSI de très grandes sympathies pour les anarchistes espagnols qui se sont fait pétér la gueule par :
– Les républicains,
– Les communistes,
– Les franquistes.
Pour résumer, par tout le monde. Ils avaient fait l’unanimité contre eux car les autres avaient bien compris que leurs privilèges allaient s’envoler si les anarchistes prenaient de l’importance.
Je doute que l’ENA soit franchement anarchiste (au sens noble du terme, parce qu’au sens figuré ils sont réellement des experts : Je ne connais pas plus compétent qu’un énarque pour foutre le bordel et dézinguer les trucs qui marchent).
La promotion 2016-2017 s’appelera « Aldous Huxley », et celle de 2017-2018 « Ievgueni Zamiatine ».
La promotion « Pierre-Joseph Proudhon », elle est prévue pour quand ? (on peut toujours rêver).
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AlerterLe principal problème posé par l’E.N.A. est que les les grands « administrateurs » de notre République, ainsi que beaucoup des principaux animateurs des partis politique du centre de l’échiquier sortent du même moule depuis plusieurs générations. Ils ne font que reproduire un mode de pensée figé, qui, malgré les fioritures superficielles spécifiques des individus, est de plus en plus déconnecté des réalités du « monde d’en bas ».
L’attitude politico-socio-économique de la classe dominante, celle qui imagine et accumule des tonnes de réglementations contraignantes et souvent à la limite de l’absurdité opérationnelle, confine de plus en plus à la schizophrénie, l’incapacité de percevoir les réalités objectives. Leur bulle navigue dans les nuages.
La plupart des pays n’ont pas l’équivalent de cette machine à cloner la pensée unique et ils ne s’en portent pas plus mal !
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AlerterLe principal problème posé par l’E.N.A. est que les les grands « administrateurs » de notre République, ainsi que beaucoup des principaux animateurs des partis politique du centre de l’échiquier, sortent du même moule depuis plusieurs générations. Ils ne font que reproduire un mode de pensée figé, qui, malgré les fioritures superficielles spécifiques des individus, est de plus en plus déconnecté des réalités du « monde d’en bas ».
L’attitude politico-socio-économique de la classe dominante, celle qui imagine et accumule des tonnes de réglementations contraignantes et souvent à la limite de l’absurdité opérationnelle, confine de plus en plus à la schizophrénie, l’incapacité de percevoir les réalités objectives. Leur bulle navigue dans les nuages.
La plupart des pays n’ont pas l’équivalent de cette machine à cloner la pensée unique et ils ne s’en portent pas plus mal !
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AlerterAutant pour moi en ce qui concerne le redoublement du commentaire : ma machine avait le hoquet …
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AlerterLes autres pays européens appliquent bien les mêmes politiques sans avoir d’énarques.
Cela prouve bien que ce n’est pas l’ ENA, le problème, mais les politiques suivies…
+2
AlerterL’Europe peut-elle prétendre actuellement être un modèle de développement socioéconomique ?
Comme quoi la pensée unique prégnante montre maintenant au grand jour ses carences, qu’elle soit portée par un microcosme énarchique ou par le fait du système plus large dont l’E.N.A. est une émergence locale emblématique.
Vous me direz « il y a pire », certes, mais cela ne doit pas empêcher de se poser des questions.
Notre prétendue démocratie sociopolitique, par l’absence des débats objectifs sur le fond qu’elle devrait susciter pour exister réellement, est tombée dans les marécages consternants reflétés par l’opinion publique à l’égard du microcosme en question. C’est lui en particulier qui monopolise la communication sur les sujets qui posent problème, et la liste en est longue. Heureusement, les blogs existent ….
Pendant ce temps, « la bulle navigue dans les nuages ».
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AlerterHumour ou double-pensée???
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AlerterAMHA ces gens sont autant attachés à la liberté d’expression que l’UMP est gaulliste et que le PS est socialiste.
+4
AlerterQuel sens de l´humour a froid, ces sciences potaches futurs enanards !
+2
AlerterDans « Les nouveaux chiens de garde », Halimi a cette phrase:
» Le journalisme consiste à rendre intéressant ce qui est important, non pas de rendre important ce qui est intéressant. »
http://www.toupie.org/Citations/Halimi_nouveaux_chiens_garde.htm
+1
AlerterQui gagnera le vote pour être désigné personne de l’année par Time?
Poutine est à la deuxième place, pris en sandwich entre, première place, une chanteuse ado pop Koréene, et troisième place, Lady Gaga. fort russ, anglais:
http://fortruss.blogspot.ch/2015/04/help-putin-get-to-first-place-on-time.html
😉
Je pense que l’ENA na pas lu les écrits de Orwell.
Notamment, The road to Wigan Pier (reportage, je recommande, vie et conditions des pauvres dans un certain environment) et Keep the Aspidistra flying– roman type ‘réaliste’ .. la petite bourgeoisie, ses désespoirs, ses manigances, ses prétensions, ses mensonges. Dans son époque, lieu, bien sur.
Orwell condamne férocement la classe / caste type ENA.
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Alerter» I told you « . Pas mieux. L’inversion des symboles et le vidage complet du sens ont atteint leur apogée, ils appellent une promotion de l’ENA George Orwell.
J’en profite pour citer de mémoire deux passages qui m’avaient marqué (dans Et vive l’aspidistra il me semble).
Le personnage principal s’assoit sur un tabouret dans une brasserie et commande une saucisse. En croquant dedans, il fait la moue en découvrant une « saveur » de poisson. C’est ça le monde moderne, plus rien n’est authentique…
Également ce passage où le personnage observe un panneau publicitaire et pense : derrière ce sourire niais d’un mètre sur un mètre se cachent un tapis de bombes. Ce bouquin a été publié en 36, mais Orwell voyait déjà la guerre arriver.
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AlerterUne chose est sur, qu’elles choisissent de porter le nom de « Voltaire » ou bien d’ « Orwell » les différentes promotions recoivent le même enseignement.
+2
AlerterNous vivons dans un système d’inversion totale. Au 18ème siècle, au siècle des lumières, l’idéologie du système actuel se mettait en place. A l’époque le qualificatif de « démocrate » était une insulte, aujourd’hui on dirait « populiste ». Puis un jour, un escroc plus malin que les autres s’est dit « appelons notre système (basé sur le vote censitaire, c’est à dire des riches) démocratie, ainsi nous auront l’aval idéologique de la populace. » Ca n’a pas changé depuis.
« Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira. » Toqueville.
+1
AlerterVoilà à quoi sert l’ENA :
https://youtu.be/8y4pCLVUTYg
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