Du social à la souveraineté
Réflexions sur la campagne des présidentielles
Alors que cette rentrée 2021 est encombrée des déclarations et des postures prises en fonction de l’élection présidentielle à venir, peut-on déjà discerner les thèmes possibles de cette campagne ?
A l’évidence, trois sujets majeurs s’imposeront aux divers candidats : le Social, la Sécurité et la Souveraineté. La sécurité restera un sujet central, qui va bien au-delà des questions policières, des tendances au séparatisme et de la question du terrorisme. Elle va inclure aussi les conséquences du dérèglement climatique, comme le montrent les inondations dans le Gard de la mi-septembre. La souveraineté émerge déjà comme le confluent des questions sociales et sécuritaires.
La déclaration du 9 septembre à Nîmes de Michel Barnier, oui, du très européiste Michel Barnier, le négociateur pour l’UE du Brexit, selon qui il faudrait «un bouclier constitutionnel» pour «retrouver notre liberté de manœuvre » autrement dit «garantir que les dispositions prises […] ne pourront être écartées par une juridiction française au motif des engagements internationaux de la France» ce qui implique que «Nous ne pouvons pas faire tout cela sans avoir retrouvé notre souveraineté juridique, en étant menacés en permanence d’un arrêt ou d’une condamnation de la Cour de justice européenne ou de la Convention des droits de l’homme, ou d’une interprétation de notre propre institution judiciaire », montre s’il en était besoin à quel point la question de la souveraineté sera centrale.
Ces trois « S » n‘épuisent pas les possibles sujets qui seront abordés dans divers débats. Mais, ils seront, à n’en pas douter, au centre des affrontements. Tout candidat qui espèrera être crédible devra en faire les axes de son discours et de ses propositions.
Aujourd’hui, pourtant, c’est le Social qui est de première importance. Le Social s’incarne notamment dans le pouvoir d’achat. Or, nous sommes confrontés à un phénomène de hausse des prix global qui vient peser sur les conséquences de l’épidémie de la Covid-19.
1- La hausse des prix
Cette hausse des prix est manifeste. C’est évidemment un phénomène mondial. Les Etats-Unis connaissent ainsi un taux d’inflation de 5,4%, et la hausse des prix à la production en Chine est spectaculaire. C’est aussi un phénomène européen. En juillet 2021, par rapport à juin 2021, les prix à la production industrielle ont augmenté de 2,3% dans la zone euro et de 2,2% dans l’UE selon les estimations d’Eurostat. C’est enfin un phénomène français, comme l’indique l’INSEE. L’inflation, qui s’était effondrée en 2020 avec l’impact de la crise sanitaire et les 2 premiers confinements a fortement repris depuis le début de l’année, en dépit du 3e confinement, et s’est accélérée en août.
Graphique 1 – Inflation en France
Source : INSEE
Si cette hausse des prix concerne les produits industriels, elle ne s’y limite pas. Les produits alimentaires ont aussi, comme l’indique l’INSEE, fortement contribué à l’inflation. Et encore, les chiffres de l’INSEE ne prennent pas en compte le mois d’août. C’est donc bien d’un phénomène général dont il s’agit. Un phénomène dont on peut penser qu’il va durer au moins jusqu’à la fin de l’année.
Graphique 2 – Évolution des prix alimentaires
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation à l’échelle mondiale. On a tout d’abord des problèmes récurrents de pénurie liés à un redémarrage de la demande plus rapide que celui de l’offre à la suite de la pandémie. C’est le cas, par exemple, dans les semi-conducteurs. Mais, ces pénuries sont cumulatives car elles restreignent à leu tour l’offre alors que la demande repart.
On a, aussi, une hausse importante des matières premières qui affecte tous les secteurs, des métaux aux produits agricoles, en passant par l’énergie, pétrole et gaz naturel. Certaines de ces hausses sont directement reportées sur les consommateurs, comme on l’a vu avec la hausse des prix du gaz ou la hausse de l’électricité. On a, enfin, des perturbations importantes dans le système de transport qui viennent provoquer de nouvelles hausses de prix, voire des pénuries passagères. Il y a bien un contexte inflationniste caractérisé depuis la fin de l’été.
Ajoutons à cela une hausse sensible des biens patrimoniaux. Cela se voit sur l’immobilier, et en particulier sur le prix des maisons individuelles. Avec des taux d’intérêt très bas, de nombreux ménages se décident à acheter. Et, comme ils se souviennent des confinements, ils préfèrent une maison, si possible avec un jardin, à un appartement.
Cela peut expliquer la baisse conjoncturelle du prix des appartements. Mais, il faut savoir que la hausse du prix des maisons fera tâche d’huile sur le prix des appartements d’ici peu. De même, la hausse des prix à l’acquisition se traduira vraisemblablement par une hausse des loyers.
Alors, bien sûr, on dira qu’une telle hausse se traduit dans la richesse des ménages. Mais, le coût du service de logement, exprimé en charges d’emprunt mensuelles, a aussi tendance à monter, accroissant les effets de la hausse des autres prix. Cette hausse tend à diminuer le « reste à dépenser », autrement dit ce qui est sensible aux autres hausses.
Graphique 3
Source : INSEE
Il est clair que cette inflation pénalise le pouvoir d’achat, et surtout celui des travailleurs les plus pauvres qui ont déjà souffert avec la crise sanitaire. Il sera difficile au gouvernement de ne pas augmenter substantiellement le SMIC, voire réintroduire un mécanisme d’indexation des salaires sur les prix. Et, c’est là où se pose un problème pour l’ensemble des candidats, et ce d’autant plus que la pandémie de la Covid-19 s’est traduite par une détérioration de la condition des plus pauvres qui, par ailleurs, ont été plus frappés par l’épidémie.
2- L’impact de la Covid-19 : une baisse de revenu des plus pauvres
En effet, la Covid-19 a eu des effets très délétères sur la condition des français les plus modestes. Cela a été tout d’abord, un effets des confinements. Les personnes en emploi ont réduit leur temps de travail hebdomadaire de 34 % en moyenne par rapport à. la même période en 2019, avec de fortes disparités selon les secteurs et les catégories socioprofessionnelles[1]. Les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (surtout de PME, de micro-entreprise et les auto-entrepreneurs) ont été les plus touchés (– 48 %) avec les ouvriers (– 48 %) et les employés (– 41 %).
Ce sont ces catégories qui ont le plus réduit leur durée travaillée, étant plus présents dans les activités les plus touchées par le confinement ou qui étaient difficilement réalisables à domicile comme dans l’hébergement et la restauration, les arts et spectacles et les activités récréatives, ou encore la construction, les services à la personne et le transports.
Les cadres ont nettement moins réduit leur temps de travail (– 17 %), tandis que les agriculteurs ont travaillé autant qu’à la même période en 2019. La durée travaillée a baissé dans des proportions comparables pour les hommes et les femmes.
Au deuxième trimestre 2020, la perte de revenu disponible brut des ménages est la plus forte sur un trimestre depuis 1949 (– 2,7 % après – 0,8 % au premier trimestre) selon les statistiques de l’INSEE. Dès le début du premier confinement, les pouvoirs publics ont mis en place des mesures d’urgence à destination des entreprises, des travailleurs indépendants et des ménages[2]. Malgré ces mesures exceptionnelles, les populations les plus fragiles économiquement et socialement ont été durement touchées au cours de la période[3].
En mai 2020, 23 % des ménages interrogés par l’INSEE avaient déclaré que leur situation financière s’était dégradée avec le confinement[4]. Parmi eux, 42 % estimaient que leur situation financière était juste et qu’il fallait « faire attention », 27 % que leur situation financière était « difficile » et 7 % qu’ils ne pouvaient pas s’en sortir sans s’endetter.
Cette dégradation était d’autant plus forte que les revenus des ménages étaient initialement faibles. Parmi les 10 % de ménages les plus pauvres, 35 % ont perçu une dégradation de leur situation financière. Cette proportion est deux fois plus faible pour les 10 % de ménages les plus aisés.
La chute de l’activité économique est naturellement la cause principale de la perte financière subie par les ménages. En effet, 53 % des artisans et commerçants (professions non-salariées) et 37 % des ouvriers (profession salariée) déclarent que leur situation financière s’est détériorée, soit les deux catégories pour lesquelles la durée travaillée s’est le plus réduite.
Les télétravailleurs, qui ont pu maintenir au moins partiellement leur activité, déclarent au contraire moins souvent que leur situation s’est dégradée (de 19 % à 22 % selon la part de télétravail), et ce, même une fois tenu compte notamment de leur catégorie socioprofessionnelle. Les personnes passées par le chômage technique ou partiel déclarent aussi plus souvent une perte financière liée au premier confinement[5]. Bien que certaines entreprises aient complété l’indemnité de chômage partiel[6], le maintien total de la rémunération n’était pas garanti au‑delà du Smic.
Même à caractéristiques identiques, notamment l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau de vie, ou encore le fait d’être passé par le chômage partiel ou de télé-travailler, la présence d’un enfant de moins de 3 ans augmente d’un quart le risque de dégradation de la situation financière[7]. La hausse des charges due au confinement a pu être ressentie plus fortement par ces ménages. En particulier, les repas pris à domicile ont pu s’avérer coûteux pour les enfants qui fréquentent habituellement une cantine scolaire ou un centre de loisirs, dont les tarifs sont souvent modulés en fonction des ressources.
3 – La réaction des politiques et les problèmes qu’elle pose
Il est donc compréhensible que les acteurs politiques se soient émus de cette situation. Même si les réactions sont venues au départ de la « gauche », il faut noter que Valérie Pecresse a fait des déclarations qui vont dans le sens d’une prise de conscience que la question sociale sera centrale.
Ainsi Mathilde Panot, députée LFI et présidente du groupe LFI à l’Assemblée Nationale, parlant ainsi au nom de J-L Mélenchon, propose de passer le SMIC net à 1400 euros par mois, soit une augmentation de 13,7% (ou de 10,7% si le SMIC est revalorisé en octobre 2021 de 35 euros). Fabien Roussel, le candidat du PCF propose à peu près la même chose, mais exprimé en SMIC brut (qui passerait à 1800 euros). Madame Hidalgo, qui vient de se déclarer candidate, propose, elle, de doubler en 5 ans le salaire des enseignants.
La liste n’est certainement pas close. On ne peut que souscrire à cette volonté même si certaines annonces, comme celle de Mme Hidalgo, apparaissent quelque peu démagogiques et clairement électoralistes. Arnaud Montebourg a certainement été le plus clair en envisageant un hausse de 10% de l’ensemble des salaires inférieurs à la médiane. Retenons cette idée.
Quelles en seraient les conséquences sur l’économie française ? En moyenne, pour les secteurs exposés à la concurrence internationale, les salaires représentent environ 20% du coût final du produit. Or, si l’on en croit l’édition de 2021 de l’External Sector Report publié récemment par le FMI, l’écart de compétitivité de la France avec le reste du monde est de +8% (à notre désavantage), de 9,8% par rapport à la moyenne de la zone euro et par rapport à l’Allemagne de +17%[8]. Une hausse des salaires les plus bas de 10% porterait donc ces chiffres à 10%, 11,8% et 19% respectivement. La surévaluation de notre taux de change réel s’accroîtrait d’un quart par rapport au monde, de 20% par rapport à la moyenne de la zone euro et de 11% par rapport à l’Allemagne.
On voit donc clairement le piège que constitue l’euro. En gelant les taux de change de manière absolument indépendante du taux de change réel (qui implique la prise en compte des mouvements de productivité et de prix) il condamne la France à se désindustrialiser tant et plus. Nul ne conteste aujourd’hui qu’une hausse massive des salaires les plus bas est nécessaire. La solution que propose Valérie Pecresse, supprimer les cotisations retraites, ne fait que reporter le problème sur le financement des retraites. C’est un tour de passe-passe typiquement politicien.
On doit donc se rendre à l’évidence : aucune hausse massive des salaires n’est possible tant que la France restera dans la zone euro. Cette réalité est le non-dit majeur de tous ceux qui prétendent défendre l’idée d’une hausse massive des bas salaires. Or, cette hausse est aujourd’hui absolument nécessaire. Prétendre que l’on peut le faire tout en restant dans l’euro revient soit à mentir à ses futurs électeurs, soit à préparer une nouvelle catastrophe économique.
L’euro n’est pas une monnaie mais un mode de gouvernance économique qui pousse les pays dans la voie de toujours plus d’austérité ais-je écrit avec de nombreux collègues. Nous en avons une démonstration parfaite aujourd’hui.
C’est donc ici que nous voyons comment la question sociale conflue avec la question sécuritaire sur la question de la souveraineté. Tant que la France n’aura pas recouvrée sa souveraineté face à l’UE et à la zone euro nous ne pourrons pas régler ni la question sociale ni celle de la sécurité.
Ces trois S, le social, la sécurité et la souveraineté, seront donc bien les enjeux de l’élection présidentielle à venir.
[1] Jauneau Y., Vidalenc J., « Durée travaillée et travail à domicile pendant le confinement : des différences marquées selon les professions », in Insee Focus n° 207, octobre 2020.
[2] Pénicaud E., « L’année sociale et législative en quelques dates », in France, portrait social, coll.
« Insee Références », édition 2020.
[3] Haut Conseil pour le financement de la protection sociale (HCFiPS), « 2020 : une rupture sans précédent pour la sécurité sociale », Note du HCFiPS, mai 2020.
[4] Givord P., Silhol J., « Confinement : des conséquences économiques inégales selon les ménages », in Insee Première n° 1822, octobre 2020.
[5] Bajos N., Warszawski J., Pailhé A., Counil E., Jusot F., Spire A., Martin C., Meyer L., Sireyjol A., Franck .‑E., Lydié N., « Les inégalités sociales au temps du Covid‑19 », in Questions de santé publique n° 40, Iresp, octobre 2020.
[6] L’indemnité correspondait au cours de la période du confinement à 84 % du salaire net.
[7] [7] Givord P., Silhol J., « Confinement : des conséquences économiques inégales selon les ménages », op. cit..
[8] Voir le tableau 1.1.4 de la p. 37.
Commentaire recommandé
Étranges paradoxes économiques : il parait que la reprise économique est mondiale mais les prix ne cessent d’augmenter sous prétexte de pénuries de main-d’œuvre, de ressources énergétiques ou minières
Ainsi les prix de l’énergie flambent en raison de la demande / mais qui a constaté leur baisse avant cette fameuse prétendue reprise ?
Les pseudo lois du marché sont à sens unique selon les intérêts des possedants et les réponses à apporter à cette pseudo crise sont de l’ordre de choix politiques et non économiques
8 réactions et commentaires
On sait comment ça se passe : le candidat promet puis, devenu président, il explique que ce n’est pas possible étant donné la conjoncture mais que, grâce à l’UE, « demain on rase gratis ».
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AlerterÉtranges paradoxes économiques : il parait que la reprise économique est mondiale mais les prix ne cessent d’augmenter sous prétexte de pénuries de main-d’œuvre, de ressources énergétiques ou minières
Ainsi les prix de l’énergie flambent en raison de la demande / mais qui a constaté leur baisse avant cette fameuse prétendue reprise ?
Les pseudo lois du marché sont à sens unique selon les intérêts des possedants et les réponses à apporter à cette pseudo crise sont de l’ordre de choix politiques et non économiques
+23
AlerterLes politicards parlent beaucoup de leur « inquiétude » sur le pouvoir d’achat des plus démunis…
Ils en parlent, particulièrement en période électorale et pré-électorale, mais se foutent totalement du sort des plus démunis.
Tout ce qui compte pour eux, c’est l’évolution de leur propre statut et le reste n’est que de l’enfumage.
Comme je le répète à l’envi, ils en sont que des marchands d’aspirateurs qui vous fourgueront l’appareil sur lequel ils obtiendront la plus grosse commission.
Pendant ce temps, et sur le LONG TERME, l’évolution des titres financiers du Caca-rente (et les dividendes associés – sinon les cours s’effondreraient car ils sont le moteur de la spéculation) dépasse largement le taux d’augmentation des rémunérations des « moins que rien » qui sont pourtant à la base de la société.
Ouvrez par exemple le graphique suivant et cliquez sur le bouton [10a] (10 ans) en haut à gauche et vous verrez que la crise du Covid19 n’a en rien perturbé la croissance de la finance.
https://www.boursier.com/indices/graphiques/cac-40-FR0003500008,FR.html
En 2012 l’indice le plus bas était à 2773 et il y a quelques jours il était de 6831 (presque X3)
En avril 2020 il est tombé à 3641 mais depuis il grimpe, il grimpe (presque X2) alors que le pouvoir d’achat s’est effondré.
Et nos « chers » (très chers) dirigeants ont apposé leur veto sur une proposition du parlement €uropéen (sorti de sa torpeur) visant à taxer les transactions financières pour financer la « transition écologique » (l’Allemagne était pour !!!).
Allez voter petits moutons, vous ne serez que mieux tondus.
+12
AlerterNe pas voter fait exactement le même effet que de voter pour le gagnant. Alors soit chacun fourbi ses armes et on va au casse-pipe, soit on vote pour le moins pire (et on pousse derrière après). Dans tous les cas de figure, l’avenir s’annonce difficile, mais il est plus facile de rester à flot avec une bouée autour de la taille qu’avec des chaines aux pieds.
+8
AlerterQuel remède utilisez-vous pour lutter contre la nausée ?
Il doit être bougrement efficace !!!
+0
AlerterIl a un avis positif sur Montebourg. :o)) Donc Montebourg président et Delphine Batho , 1ère ministre. :o))
Mais ceux pour qui tout va bien continueront à voter pour les hauts fonctionnaires pantouflards.
Ps: Rgt, c’est un peu normal que la bourse monte, les banques centrales, Fed et Bce font marcher la planche à billet pour que l’ensemble du dispositif ne s’effondre pas. C’est juste une énorme machine à Ponzi. Sauf que pour les états c’est légal.
Je remets ce petit documentaire « sans lendemain » qui commence à dater (2013) mais qui est souvent prophétique sur ce qui est en train d’arriver en 2021.
https://www.youtube.com/watch?v=a0J2gj80EVI
+3
Alerter« Aucune hausse massive des salaires n’est possible tant que la France restera dans la zone euro »: je serais pour ma part moins affirmatif; J. Sapir reconnait lui même qu' »en moyenne, pour les secteurs exposés à la concurrence internationale, les salaires représentent environ 20% du coût final du produit ». 80% ne sont donc pas imputables au « coût du travail » (je déteste cette expression de la novlangue libérale qui renverse la réalité puisque c’est le travail et lui seul qui crée la richesse). Pourquoi alors ne pas s’attaquer au coût du capital dont on ne parle jamais? Je pense en particulier aux frais financiers des entreprises (intérêts d’emprunts auprès des banques), aux dividendes versés aux actionnaires (toujours les premiers servis quelle que soit la situation), aux gâchis capitalistes (mise au rebut d’unités de production viables pour insuffisance de rentabilité financière, dépenses démesurées en fusions/acquisitions, 3600 milliards de dollars au niveau mondial, dans une logique folle de concurrence et de gigantisme en lieu et place de coopération mutuellement avantageuse. Evidemment, prétendre augmenter le pouvoir d’achat en baissant ou supprimant les cotisations sociales pour faire croître le salaire net est une imposture qui ne fait que reporter le problème sur le financement de la protection sociale.
Je suis résolument pour le retour à la souveraineté monétaire, budgétaire, politique du pays, mais même en cette absence, je reste persuadé que des marges de manœuvre existent, ce qui manque, comme toujours, c’est la volonté politique.
+11
AlerterD’accord avec vous Ernesto, il est tout à fait possible d’augmenter les salaires sans sortir de la ZE, sans perdre en compétitivité et surtout en rétablissement des concurrences loyales au niveau du commerce international.
Sapir est d’autant plus dans les solutions magiques, inopérantes et mensongères qu’il oublie juste de préciser que sa solution (retour au franc et dévaluation) diminuerait de facto le pouvoir d’achat des Français et n’apporterait quasiment aucune compétitivité supplémentaire puisque nous sommes tellement dépendants des importations pour absolument tout (matières premières, énergies, produits manufacturés, et cetera) que le gain de compétitivité serait totalement absorbé par le surcoût monétaire d’acquisition de ces produits.
C’est un simple problème de vases communicants qui semble totalement lui échapper… sans oublier que nous nous remettrions sous la coupe des spéculateurs financiers monétaires qui ont démontré depuis 1971 qu’ils sont beaucoup plus forts que nous pour nous faire mettre les deux genoux à terre.
Si vous voulez savoir comment par la fiscalité on augmente les salaires d’en moyenne 25 % (pour le net reçu), on rétablit une concurrence loyale, on fait échec à l’évasion fiscale et on rétablit une équité fiscale (tout en restant dans l’UE), c’est à partir du chapitre 8 et jusqu’au 14 : http://incognitototo.eklablog.com/ ; et effectivement c’est juste une question de volonté politique…
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