Interrogations sur le PIB de la Russie
La croissance russe pour 2022 pourrait-elle avoir été sous-estimée ?
Jacques Sapir, Directeur d’Études (Économie) à l’EHESS, Directeur du CEMI, Membre étranger de l’Académie des Sciences de Russie
On a quelques raisons de s’interroger sur la grandeur exacte du PIB de la Russie en 2022 et 2023. Non que les données de ROSSTAT soient truquées. J’ai, à de nombreuses reprises expliqué pourquoi une manipulation des données était difficile et contre-productive pour des données qui sont couramment utilisées par les administrations et les entreprises[1]. Mais, les « estimations » pour 2022 et les prévisions pour 2023 sont naturellement discutables. Après tout, l’INSEE corrige bien ses données[2]. Dans la présente note, on va donc tenter de faire le point sur les différentes interrogations que suscitent les différents chiffres.
1. Le PIB pour 2022 a-t-il été sous-estimé ?
Le PIB russe pour 2022 a été estimé par l’agence statistique russe ROSSTAT comme ayant baissé de -2,1%[3]. Ce chiffre correspond à peu de choses près à celui qui a été fourni par le FMI (-2,2%)[4]. Mais, ces chiffres sont des premières estimations, et n’intègrent pas encore la totalité des informations nécessaires au calcul du PIB. Il est donc très probable que ces chiffres seront corrigés à la fin du 1er semestre 2023 puis encore sans doute en 2024. Quelle pourrait être l’ampleur de ces corrections ? Pour comprendre ce qui pourrait se passer, il est nécessaire de rappeler ce qu’est le PIB et comment il se calcule[5]. Le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées produites (prix de vente diminué des consommations intermédiaires) moins la valeur ajoutée des importations. Le PIB peut se calculer de trois manières distinctes, qui doivent nécessairement aboutir au même résultat.
- Dans l’optique de la production, en faisant la somme des valeurs ajoutées de toutes les activités de production de biens et de services et en y ajoutant les impôts moins les subventions sur les produits.
- Dans l’optique des dépenses, on fait alors la somme de toutes les dépenses finales (consacrées à la consommation ou à l’accroissement de la richesse) comme la dépense finale des ménages et des administrations, l’investissement, et on y ajoute les exportations moins les importations de biens et services.
- Dans l’optique du revenu, en faisant la somme de tous les revenus obtenus par les agents économiques dans le processus de production de biens et de services (revenus salariaux, excédent brut d’exploitation et profit, et revenu mixte) et en y ajoutant les impôts sur la production moins les subventions et les exportations diminuées des importations.
Tableau 1
PIB par dépenses ou par utilisation
2022 | 2021 | |||
Milliards de rouble | En %* | Milliards de rouble | En % | |
PIB | 151 455,6 | 100,0 | 135 295,0 | 100 |
Dont:Dépenses de consommation finale | 100 922,0 | 65,0 | 90 044,3 | 67,3 |
Dont:Ménages | 72 966,1 | 46,9 | 65 812,1 | 49,2
|
Administrations | 27 104,4 | 17,6 | 23 445,8 | 17,5 |
Organismes à but non lucratif au service des ménages | 851,5 | 0,5 | 786,4 | 0,6 |
Investissement | 34 427,8 | 22,2 | 31 395,7 | 23,4 |
Dont formation brute de capital fixe (FBCF)** | 31 968,7 | 20,6 | 26 623,4 | 19,9 |
Variation des stocks et fonds de roulement | 2 459,1 | 1,6 | 4772,3 | 3,6 |
Exportations nettes (moins importations) | 19 762,4 | 12,8 | 12 489,3 | 9,3 |
Écart statistique | – – 3656,6 | 1365,7 |
*En % du PIB calculé selon la méthode des revenus (hors écart statistique)
**FBCF nette, y compris l’acquisition moins l’amortissement
Sources : ROSSTAT, О производстве и использовании валового внутреннего продуĸта (ВВП) в 2022 году , p. 1, https://rosstat.gov.ru/storage/mediabank/22_20-02-2023.html
Tableau 2
PIB par revenus
2022 | 2021 | |||
Milliards de rouble | En % | Milliards de rouble | En % | |
PIB | 151 455,6 | 100,0 | 135 295,0 | 100 |
Dont : Salaire des employés (y compris salaires et revenus mixtes non directement observables par les méthodes statistiques) | 59 914,5 | 39,6 | 54 210,5 | 40,1 |
Impôts nets sur la production et les importations | 12 435,3 | 8,2 | 13 510,8 | 10,0 |
Profits bruts de l’économie et revenus mixtes bruts | 79 105,8 | 52,2 | 67 573,8 | 49,9 |
Source : Idem tableau 1
On constate plusieurs points intéressants. Dans le PIB par utilisation d’une part les écarts statistiques sont en diminution du PIB apparent alors qu’ils étaient en excédent pour l’année 2021. D’autre part, la FBCF nette a bien augmenté mais c’est l’accroissement des variations de stocks et des fonds de roulement qui s’est fortement contracté (passant de 3,6% du PIB 2021 à 1,6% du PIB 2022). Ceci peut, en partie, s’expliquer par la nature particulière de l’année 2021 où s’est effectué un rattrapage important par rapport à l’année 2020 marquée par la Covid-19, ce qui a entraîné une reconstitution massive des stocks. Néanmoins, l’importance des écarts statistiques, et surtout leur changement de sens interpelle.
Si l’on regarde maintenant le PIB par source de revenus, on constate une baisse relative importante des impôts (de 10% du PIB de 2021 à 8,2% du PIB de 2022). Ceci est peut-être, en partie, attribuable aux exemptions fiscales dont ont bénéficié des entreprises dont les responsables étaient partis combattre en Ukraine ainsi que la baisse des importations. Mais, il est peu probable que cela explique la totalité de la différence. Il est aussi probable que les entreprises n’aient pas déclarées la totalité de leurs résultats (ceux du 2ème semestre 2022 ne le seront qu’au printemps 2023) et que les profits, sur lesquels sont basés une partie des impôts n’aient pas été évalués à leur juste hauteur.
C’est pourquoi Oleg Bakun, dans un texte posté le 23 février, estimait que le PIB pour 2022, tel que présenté par ROSSTAT dans ses estimations initiales, était en réalité sous-évalué[6]. Il écrit ainsi :
« La différence de chiffres de près de 3,7 billions peut indiquer que les revenus annuels pour 2022 (ainsi que les déductions fiscales pour le 4e trimestre 2022) pourraient intervenir non seulement au cours du premier trimestre 2023, mais bien plus tard. Les décisions sur le paiement des dividendes par la société d’État sont prises sur la base des résultats des assemblées annuelles des actionnaires, qui peuvent se tenir d’avril à juin 2023. En 2022, de nombreuses sociétés d’État ont enregistré des bénéfices records, par exemple Rosneft et GAZPROM. La plupart des entreprises du complexe militaro-industriel et des secteurs stratégiques de l’économie ont reçu le soutien du gouvernement de la Fédération de Russie. »
Si l’on suit son raisonnement, le PIB réel pour 2022 aurait été de 100,4% par rapport à 2021 et non de 97,9% comme indiqué, soit une différence de 2,5 points.
C’est une possibilité, mais – à l’heure actuelle – rien qu’une possibilité. Le changement de normes fiscales, l’introduction de nouvelles règles, ont pu contribuer à des erreurs qui pourraient expliquer une partie au moins de la différence. De même, et on l’a dit, le régime réel de taxation des importations a pu varier. On ne peut pas suivre Oleg Bakun aveuglément sur le terrain où il s’engage, du moins pas pour l’instant. Mais, son raisonnement nous interpelle a l’intérêt de soulever un problème qui est bien réel. Il ne serait donc pas si surprenant que cela que les chiffres du PIB pour 2022 soient, d’ici la fin de l’année 2023, révisés à la hausse et ce sans qu’il y ait besoin pour l’expliquer d’invoquer la main politique du gouvernement.
2. Quelle sera la croissance pour 2023 ?
Une deuxième interrogation surgit alors au sujet de la croissance hypothétique pour 2023 et 2024.
Le FMI prévoit ainsi une légère croissance de +0,8% pour 2023 et une croissance plus nette de + 2,1% en 2024[7]. L’institut de Prévision de l’Économie (IPE-ASR) prévoit, pour sa part, une poursuite de la contraction de l’économie de -1,3% pour 2023. Mais, cette estimation date du bulletin n°56 de décembre 2022[8]. Or, outre un problème dû au délai dans l’estimation (qui fut faite à partir des données d’octobre et novembre au mieux) se pose celui du modèle d’estimation.
Le modèle QUMMIR de l’IPE-ASE[9] est un modèle de type matériel-monétaire, dérivé lointain du modèle « FiFi » des années 1960 et 1970 en France[10]. Dans ce type de modèle, les relations entre la consommation finale (des ménages ou des administrations) avec le PIB ainsi que celle entre l’investissement et le PIB sont centrales[11]. Si la préférence pour l’épargne a augmenté durant le premier semestre 2022, elle semble s’être stabilisée et pourrait, dans la mesure où il y a une « acclimatation » à la guerre, diminuer en 2023[12]. De même, dans une économie qui semble de plus en plus être limitée par l’offre et non par la demande, les investissements, qu’ils soient publics ou privés, vont avoir un effet de levier plus fort que dans la période précédente sur la production[13]. Les collègues de l’IPE-ASR et auteurs de QUMMIR sont parfaitement conscients de cette instabilité du modèle de prévision face à des chocs exogènes massifs. Ils reconnaissent l’importance d’intégrer l’expérience des grandes crises dans la construction du modèle[14].
Compte tenu de l’importante hausse des investissements (au sens FBCF), les résultats de décembre 2022 doivent incontestablement être révisé à la hausse. Sur la base des investissements on arrive, avec une boucle réduite du modèle, à un résultat compris entre -0,5% et +1%. Pourtant, ce résultat pourrait même se révéler pessimiste si l’on incorpore les annonces économiques et sociales faites par Vladimir Poutine dans son discours du 21 février dernier[15].
C’est ce qui a conduit Marat Uziakov, qui fut membre de l’IPE-ASR (et qui est devenu directeur de l’Expert and Analytical Group de Rosneft) et qui a été un des auteurs de QUMMIR à faire des prévisions relativement optimistes pour 2023. Il écrit ainsi :
« Paradoxalement, nos principaux problèmes et difficultés, y compris l’ampleur et les résultats de la confrontation militaire, ainsi que les sanctions, peuvent devenir des facteurs de notre avantage économique. La mobilisation du potentiel de l’industrie de la défense peut assurer une croissance du PIB de 1,5 à 2 % en 2023. Les nouveaux territoires russes peuvent fournir une croissance du PIB de 0,5 à 1,0 %. La substitution des importations, qui affecte non seulement les flux de produits de base, mais aussi les stocks d’importations accumulés par les entreprises et la population, peut apporter 2,0 à 3,0 % de croissance supplémentaire à l’économie russe.
Dans les conditions de certaines restrictions technologiques causées par les sanctions, le moteur le plus important de la croissance économique de la Russie dans les années à venir devrait être la construction de logements, de routes, de toute la gamme d’infrastructures industrielles et sociales. Un volume record de mises en service de logements en 2022 (plus de 100 millions de mètres carrés) et une augmentation significative de la formation de capital fixe en fin d’année prouvent qu’il existe ici d’importantes opportunités de croissance. Le potentiel de croissance global de l’économie russe en 2023 est estimé entre 4,0 et 6,0 %. [16]»
Si l’on excepte la contribution des « nouveaux territoire » (i.e. les régions annexées) le potentiel de croissance de la Russie ne s’en trouve pas moins compris entre 3,5% et 5% pour l’année 2023. Naturellement, il est rare qu’une économie atteigne son plein potentiel de croissance, d’où la notion de « l’écart de croissance » ou « output gap », sauf dans une situation où la politique budgétaire est très largement expansive[17]. La notion d’output gap a d’ailleurs engendrée des débats importants en ce qui concerne la prévision en économie[18]. Mais, compte tenu des mesures annoncées par Vladimir Poutine lors de son discours du 21 février, on peut penser que les conditions pourraient être remplies pour que l’économie russe atteigne les 2/3 de son potentiel, soit entre 2,3% et 3,3% de croissance.
Dans leur article du 26 février, publié dans le n°9 de l’hebdomadaire Ekspert[19], Tatiana Gurova et Pietr Skorobogatyj indiquent que : « Le programme économique annoncé par Vladimir Poutine dans son message crée une opportunité pour l’économie russe de passer rapidement à des taux de croissance de 7 à 10% par an. De plus, nous pensons que déjà en 2023-2024, notre économie peut afficher une croissance du PIB de 4 à 6 %, dépassant les prévisions actuelles du gouvernement dans une fourchette de -1 à +1 % en 2023 et les prévisions encore plus optimistes du FMI de 0,8 % croissance en 2023 et croissance de 2,1 % en 2024 ».
Les raisons de cet optimisme sont aujourd’hui les suivantes :
« De manière générale, le président a annoncé un programme de soutien actif et systématique de l’État aux changements structurels déjà en cours dans l’économie russe, sans détruire la nature marchande de ces changements. En eux-mêmes, les changements structurels de notre système économique sont évidents.
Il s’agit d’une substitution active des importations dans le secteur manufacturier de l’économie. Elle (…) a pris un rythme incroyable, encore inconcevable l’an dernier.
Le deuxième décalage est un virage vers l’Est. Il y a aussi une augmentation évidente des flux d’exportation vers l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient.
Le troisième changement est moins perceptible – qui n’a commencé qu’au second semestre 2022, le changement de la structure du revenu intérieur du pays en faveur d’un large éventail de citoyens. Elle est principalement associée à une forte augmentation de la demande de ressources de travail et à l’augmentation subséquente des salaires.
Enfin, la quatrième source de mutations structurelles est l’adhésion de nouvelles régions, l’investissement dans ces régions et le développement de leur industrie et de leur agriculture ».
Le raisonnement se distingue ici de celui tenu par Marat Uziakov en ce qu’il intègre le volet « social » de soutien à certaines catégories de la population annoncé par Vladimir Poutine dans son discours du 21 février dernier. Ces mesures que l’on peut rattacher à une forme de Keynésianisme militaire » pour reprendre l’expression du sociologue ukrainien Volodimir Ischenko[20], auront certainement un impact important sur les comportements des différents agents économiques.
Cet effet sera-t-il sensible dès 2023 ou se manifestera-t-il plutôt sur 2024 et 2025 ?. Tout dépend de la rapidité avec laquelle l’administration russe mettra en œuvre les mesures annoncées. On doit ici se souvenir que lors de la crise de 2008-2010, les mesures annoncées par le gouvernement, en particulier celles concernant le soutien à l’industrie automobile, mirent près de 11 mois à être réellement appliquées. La situation actuelle est naturellement différente, tant du fait de la guerre que de la nécessité pour la Russie de changer de modèle économique du fait des sanctions et de son pivotement géostratégique. Mais, une incertitude quant à l’efficacité administrative perdure.
Ces questionnements recouvrent donc une réalité plus générale : nous avons, au sein de « l’occident collectif » pour utiliser un terme très en vogue actuellement à Moscou, tendance à dénigrer ou a sous-estimer les capacités de l’économie russe. En particulier, il y a une sous-estimation constante de la capacité de l’économie russe à évoluer et à changer de modèle. Or, cette sous-estimation peut conduire à des choix stratégiques et des décisions inadaptées et peu judicieuses. En particulier, elle aboutit à minorer le soutien accordé par la population au gouvernement ainsi que les capacités productives de l’économie. Il convient de sortir des clichés et des stéréotypes véhiculés par une idéologie très russophobe afin de se confronter au monde réel.
Notes
[1] Voir la note publiée le 6 octobre 2022, https://www.les-crises.fr/la-situation-de-l-economie-russe-debut-septembre-et-les-perspectives-pour-2023-jacques-sapir/
[2] Voir INSEE, Les comptes de la Nation en 2021, n°1904, 31 mai 2022, https://www.insee.fr/fr/statistiques/6447881 ou INSEE Politique Générale de révision de l’INSEE – en synthèse, 30 septembre 2019, N°:2019_33557_DG75-L201
[3] ROSSTAT, О производстве и использовании валового внутреннего продуĸта (ВВП) в 2022 году , p. 1, https://rosstat.gov.ru/storage/mediabank/22_20-02-2023.html
[4] https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2022/01/25/world-economic-outlook-update-january-2022
[5] INSEE, Produit Intérieur Brut aux prix du marché/PIB, notice publiée sur le site INSEE le 28 janvier 2021, https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1365
[6] Bakun O. Les Statistiques Primaires de ROSSTAT Montrent que le PIB de l’Économie russe pourrait être positif pour 2022, 23 février 2023, https://dzen.ru/a/Y_efs_g8ijHjSAGZ
[7] https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2022/01/25/world-economic-outlook-update-january-2022
[8] https://ecfor.ru/publication/kvartalnyj-prognoz-ekonomiki-vypusk-56/
[9] Décrit dans Shirov A.A., Brusentseva A.R., Savchishina K.E., Kaminova S.V. (2022). Predictive and analytical capabilities of macroeconomic models in conditions of crisis economic development (using the example of the QUMMIR model). Economic and Social Changes: Facts, Trends, Forecast, 15(6), 35–51.
[10] Voir Aglietta M., Courbis R., « Un outil du Plan : le modèle Fifi », In: Economie et statistique, n°1, Mai 1969. pp. 45-65.
[11] Savchishina K.E. (2008). Forecasting of indicators of the fiscal sphere within the framework of the quarterly macroeconomic model QUMMIR. Nauchnye Trudy, 225–241.
[12] Hausman D.M. (2011). Mistakes about preferences in the social sciences. Philosophy of the Social Sciences, Vol. 41, n°1, pp. 3–25
[13] Klepach A.N (2022). Macroeconomics in the context of a hybrid war. Nauchnye trudy Vol’nogo ekonomicheskogo obshchestva RossiiI Vol. 235/ n°3, pp. 63-78
[14] Drobyshevskii S.M., Kadochnikov P.A. (2003). Econometric analysis of the 1998 financial crisis. In: Ekonomika perekhodnogo perioda: sb. izbr. rabot 1999–2002 gg. , Moscou, Delo
[15] http://en.kremlin.ru/events/president/news/70565
[16] Uziakov M., « Императивный прогноз: год 2023-й », in Ekspert, n°9, 26 février 2023, https://expert.ru/expert/2023/09/imperativniy-prognoz-god-2023-y/
[17] Voir Grigoli F, Herman A, Swiston A et Di Bella G, “Output gap uncertainty and real-time monetary policy”, Russian Journal of Economics,Volume 1, Issue 4, 2015, Pages 329-358. Voir aussi, Alpysbaeva SN, Shuneev SZ, Zhanakova NN, Bakdolotov AA, « Potential GDP Modeling and Output Gap Estimation as a Basis for Countercyclical Fiscal Policy in Kazakhstan” in Studies in Russian Economic Development, 2021; vol. 32, n°4, pp. 445-453
[18] Ince O., Papell D.H., “The (un)reliability of real-time output gap estimates with revised data”, in Economic Modelling, Volume 33, juillet 2013, Pages 713-721,
[19] Gurova T. et Skorobogatyj P., « A Dalshe : Borba i Yekonomitchekij Rost » [Au-delà : la lutte et la croissance], Ekspert n°9, 26 février 2023, https://expert.ru/expert/2023/09/a-dalshe-borba-i-ekonomicheskiy-rost/
[20] https://www.aljazeera.com/opinions/2022/10/26/russias-military-keynesianism
Commentaire recommandé
Ce que j’ai compris du dernier paragraphe, c’est que l’ Occident collectif sous-estime systématiquement le soutien des Russes envers leur gouvernement et la capacité de la Russie à s’adapter et modifier son modèle économique. D’où des « choix stratégiques et des décisions inadaptées et peu judicieuses » de la part de l’Occident, à l’instar des sanctions européennes qui selon Bruno Le Maire devaient mettre à genoux la Russie et détacher les Russes de leurs dirigeants… et qui au final font aussi mal – sinon plus – à l’Europe qu’à la Russie.
11 réactions et commentaires
Trés instructif.
Mais excusez moi, je ne comprends pas cette phrase:
« En particulier, elle aboutit à minorer le soutien accordé par la population au gouvernement ainsi que les capacités productives de l’économie »
Quelle population, la Russe ou celle d’occident?
Quelle capacité productive, la Russe ou celle de l’Occident?
Si c’est la Russe, je ne comprends pas pourquoi notre vision occidentale devrait influer sur le soutien populaire russe.
Si c’est l’occidentale, je ne vois pas pourquoi sous-estimer la Russie devrait faire baisser notre confiance en nos gouvernants et notre capacité productive.
Dans un cas comme dans l’autre, il manque un chaînon logique entre cette phrase et la précédente.
+1
AlerterCe que j’ai compris du dernier paragraphe, c’est que l’ Occident collectif sous-estime systématiquement le soutien des Russes envers leur gouvernement et la capacité de la Russie à s’adapter et modifier son modèle économique. D’où des « choix stratégiques et des décisions inadaptées et peu judicieuses » de la part de l’Occident, à l’instar des sanctions européennes qui selon Bruno Le Maire devaient mettre à genoux la Russie et détacher les Russes de leurs dirigeants… et qui au final font aussi mal – sinon plus – à l’Europe qu’à la Russie.
+12
AlerterMerci.
Jusque là du paragraphe j’avais compris. Mais après, c’est l’histoire du soutien populaire et de la productivité que je ne comprends pas. Vous auriez une idée? 🙂
+1
Alerter« En particulier, elle aboutit à minorer le soutien accordé par la population au gouvernement ainsi que les capacités productives de l’économie »
Je comprends cette phrase ainsi :
« En particulier, [cette sous-estimation par les Occidentaux de la capacité des Russes à changer leur modèle économique] aboutit à minorer le soutien accordé par la population [russe] au gouvernement [russe] ainsi que les capacités productives de l’économie [russe] ».
Pour résumer, les occidentaux pensent que les Russes sont incapables de s’adapter et vont donc voir leur modèle économique imploser du fait des sanctions, d’où un mécontentement de la population russe, d’où révoltes, d’où…
Sinon, je laisse l’auteur du billet vous répondre lui-même.
+4
AlerterMerci, il me semblait aussi avoir compris comme ça. Mais alors, en ce cas, j’aimerai savoir ce qui permet à l’auteur de sauter ainsi du coq à l’âne.
Je ne vois pas en quoi
« En particulier, [cette sous-estimation par les Occidentaux de la capacité des Russes à changer leur modèle économique] aboutit à minorer le soutien accordé par la population [russe] au gouvernement [russe] ainsi que les capacités productives de l’économie [russe] ».
C’est selon moi, le chaînon logique qui manque et qu’il faut établir.
Pourquoi une perception d’occidentaux perturberait-elle la perception du public russe?
Le public français se moque comme d’une guigne de la perception de leur système par les USA, les Russes, les Chinois ou les Papous. Il me semble que le paysan de Perm, le plombier de Smolensk ou l’informaticien de Briansk s’en moque de savoir ce qu’un Français pense de son système.
Je me trompe peut-être. Mais alors ça impliquerait un sacré complexe d’infériorité chez les Russes.
+0
Alerterminorer = sous-estimer, méjuger.
Les occidentaux sous-estiment la capacité des russes à modifier leur fonctionnement ce qui entraîne ces mêmes occidentaux à croire/espérer que les russes vont se retourner contre leur gouvernement. C’est la façon de penser des occidentaux qui est ici mise en cause.
+6
AlerterBonjour! Je suis d’accord que l’augmentation du PIB russe en 2022 est du dans une grande partie aux entreprises millitaires dont la production avait accrue lors de la guerre en Ukraine. Cependant cela ne se traduit pas par l’amélioration de la vie quotidienne. On voit l’inflation qui fait rage le temps dernier et on tient le coup tant bien que mal.
+5
AlerterBen l’inflation, en UE aussi ça dérouille. Malgré un endettement massif pour subventionner les coûts de l’énergie.
+3
AlerterEncore une fois, il me semble que si on ne prend pas en compte l’importance stratégique (et historique) des eaux territoriales respectives (russes, ukrainiennes, roumaines, bulgares, turques et…géorgiennes) de la Mer Noire (autant pour les marines marchandes que militaires), on ne comprendra pas les causes profondes de la situation actuelle, autrement dit les réactions apparemment « impulsives », « irrationnelles », de Vl.Poutine.
Comme si l’économie russe n’avait pas besoin, comme les autres, d’un accès sûr à la Mer méditerranée… et à l’Afrique …
+5
Alerter« Interrogations sur le PIB de la Russie – La croissance russe pour 2022 pourrait-elle avoir été sous-estimée ? »
Quand aurons-nous droit à l’article titré :
« Interrogations sur le PIB de la zone €uro – La croissance zone €uro pour 2022 pourrait-elle avoir été sur-estimée ? »
Bien qu’étant nul en économie, je me rends bien compte que dans le cas des « gueux » dont je fais partie c’est plus que catastrophique malgré les effets de manches des dirigeants et des « experts de plateaux médiatiques » qui nous inondent de propagande de plus en plus nauséabonde.
Pendant que l’immense majorité de la population française sombre dans la
pauvreté« baisse subie de ses sources de revenus » et que l’ensemble des biens publics sont en cours de pillage, « notre » Bernard Arnault national (cocorico) est devenu l’homme le plus riche de cette planète…Un type dont la seule véritable source de revenus est le pillage, l’esclavagisme et les « retours sur investissement » de la corruption des « élites ».
Vous ne croyez pas qu’il serait temps de cesser les débats stériles sur « le sexe des anges » et se concentrer sur les causes réelles de la chute violente des revenu de la majorité de la population ?
Simplement par la cupidité infinie des oligarques occidentaux qui pillent chaque jour encore plus l’ensemble des ressources disponibles qui, si elles étaient décemment partagées, permettraient à toute la population mondiale de vivre et non pas de crever pour engraisser ces oligarques.
Oh pardon, je critique la « Sainte Liberté d’Entreprendre », ce qui m’expose aux foudres de la « Sainte Inquisition ».
+3
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